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II - Question d’actualité du groupe communiste relative aux interventions policières intervenues devant une école maternelle du 19e arrondissement. III - Question d’actualité posée par Mme Véronique DUBARRY, au nom du groupe “Les Verts”, à M. le Préfet de police, concernant les arrestations à proximité d’établissements scolaires. IV - Question d’actualité du groupe socialiste et radical de gauche à M. le Préfet de police relative aux opérations de police visant à interpeller des personnes d’origine étrangères, dans la rue et plus récemment aux abords d’écoles. V - Question d’actualité du groupe du Mouvement républicain et citoyen à M. le Préfet de police relative à l’arrestation des parents sans papiers à proximité des écoles.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Maintenant, nous avons plusieurs questions d?actualit� qui portent sur le m�me sujet. Dans l?ordre des questions, je vais donner la parole � M. VUILLERMOZ, pour le groupe communiste, � Mme DUBARRY, pour ?Les Verts?, � M. MADEC, pour le groupe socialiste et radical et � Mme CAPELLE, pour le groupe M.R.C., et M. le Pr�fet de police s?exprimera.

Tout d?abord, la parole est � M. VUILLERMOZ.

M. Jean VUILLERMOZ. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet de police, ma question s?adresse � vous deux : un incident tr�s grave s?est produit la semaine derni�re dans le 19e arrondissement. Une intervention polici�re muscl�e s?est produite devant une �cole maternelle et � une heure o� beaucoup d?enfants avec leurs parents �taient pr�sents.

Monsieur le Pr�fet, vous nous dites souvent pour le justifier que les forces de police seraient, dans le cas pr�sent, intervenues sur r�quisition du Parquet. Mais le Parquet infirme cette information et dit, pour aller vite, qu?il n?a fait qu?autoriser l?intervention que vous lui aviez demand�e. Les �lus du groupe communiste demandent donc des �claircissements sur ce point qui me para�t quand m�me important.

Cette intervention des forces de police qui a choqu� les familles et leurs enfants pr�sents s?est conclue par l?arrestation d?un grand-p�re, qui venait chercher ses petits-enfants. Cet acte confirme que la police est actuellement employ�e � traquer les parents sans papier, et dans le cas pr�sent en utilisant les enfants.

C?est une �ni�me provocation, organis�e par le Ministre de l?Int�rieur, candidat � l?�lection pr�sidentielle. Le groupe communiste d�nonce l?utilisation des pouvoirs d?Etat � des fins �lectoralistes. Dans ce contexte, il est logique et salutaire que la population de ce quartier r�siste �nergiquement et s?oppose � de tels agissements qui sont � l?oeuvre depuis plusieurs mois.

Il faut ajouter que l?intol�rable a �t� atteint avec la mise en garde a vu pendant sept heures de Mme Val�rie BOUKOBZA, la directrice de cette �cole maternelle qui se voit menac�e de mise en examen, alors qu?elle a rempli sa mission premi�re, c?est-�-dire celle de prot�ger les enfants de son �cole.

Il est de notre responsabilit� de d�noncer cette d�tention arbitraire et d?exiger l?arr�t des poursuites engag�es � l?encontre de Val�rie BOUKOBZA. J?en profite aussi pour dire que le groupe communiste condamne l?attitude du Rectorat qui, dans cette affaire, se rend coupable de renier ses missions fondamentales en ne soutenant pas la directrice de l?�cole maternelle Rampal, qui n?a fait que remplir son devoir.

Face � une telle situation, le groupe communiste souhaite que notre Conseil exprime sa solidarit� � Val�rie BOUKOBZA et aux parents qui ont agi sainement face � de tels agissements. Et je vous demande, Monsieur le Pr�fet de police, et je demande donc aussi au Maire de Paris, d?intervenir aupr�s de vous pour que cessent les contr�les au faci�s dans Paris, qu?aucune poursuite ne soit engag�e contre Mme Val�rie BOUKOBZA et que notre Municipalit� soutienne la manifestation de protestation qui se d�roulera ce soir lundi 26 mars au Rectorat.

Merci.

(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste, socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Madame DUBARRY, vous avez la parole.

Mme V�ronique DUBARRY. - Merci, Monsieur le Maire.

La semaine derni�re, la police a proc�d� � plusieurs arrestations devant des �tablissements scolaires parisiens. Ces arrestations, qui se sont d�roul�es au moment de la sortie des classes, ont donn� lieu - et les images qui circulent un peu partout l?attestent - � une tr�s grande violence. L?utilisation de gaz lacrymog�nes, de matraques et de chiens d?attaque n?�tait, � notre avis, pas tout � fait adapt�e surtout sous les yeux des parents et des enfants qui ont �t� visiblement choqu�s.

Tous les t�moignages attestent de la violence de ces op�rations et du traumatisme engendr� par l� m�me chez les enfants, qui pour nombre d?entre eux ont d�sormais peur d?aller � l?�cole, craignant � la fois pour eux, pour leurs camarades et pour leurs parents.

En fin de semaine, comme vient de le rappeler M. VUILLERMOZ, la directrice de l?�cole maternelle Rampal qui avait tent�, comme son devoir l?exige, de prot�ger parents et enfants de la violence des policiers a �t� interpell�e puis mise en garde � vue tout de m�me pendant 7 heures pour d�gradation publique et outrage en r�union.

Malheureusement, c?�tait pr�visible. Depuis des mois, la traque aux sans papier s?intensifie dans Paris. Depuis des mois, nous d�non�ons ces rafles. Un pas de plus a �t� franchi, ce qui fait maintenant des �coles de v�ritables pi�ges pour les parents sans papier d?enfants scolaris�s.

Nous ne pourrons pas dire cette fois que nous ne savions pas. C?est pour cela que, contrairement aux propos qui ont �t� tenus ce matin de certains de mes coll�gues, nous pr�nons la d�sob�issance civile. Quand un ensemble de lois est injuste, quand ces lois s?en prennent � des personnes parmi les plus d�favoris�es, oui, nous estimons que notre responsabilit� d?�lus et de citoyens est de s?y opposer et de dire non.

Devons-nous pour prot�ger les enfants et leurs parents leur conseiller de ne plus aller faire leur march�, de ne plus se promener, de ne plus se rendre dans les structures qui peuvent les aider, comme on l?a vu encore r�cemment aupr�s d?une structure de distribution de nourriture, de ne plus envoyer leurs enfants � l?�cole ? En bref, devons-nous leur conseiller de ne plus vivre � Paris et surtout de rester cach�s ? Devons-nous m�me en arriver � les cacher nous-m�mes ?

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Mais, s?il vous pla�t, quelle intol�rance !

Vous semblez oublier qu?il s?est pass� des �v�nements graves dans votre Ville et des �v�nements graves s?en prenant � des enfants.

Poursuivez, Madame DUBARRY, sereinement, quelle que soit cette agitation que je qualifierais de n�gligeable.

Mme V�ronique DUBARRY. - Effectivement l?agitation est totalement d�plac�e.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Ils se posent en politiciens sur ces op�rations, en pleine campagne �lectorale. Politiciens effectivement ! Ceux qui font cela ont des vis�es �lectoralistes pour draguer l?�lectorat d?extr�me droite.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

J?en ai encore d?autres � votre service. Par exemple, sur la r�vocation d?un recteur qui a condamn� les propos r�visionnistes de M. GOLLNISCH.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Et l�, je ne d�fends pas un �tranger ni un recteur de gauche.

La parole est � Mme DUBARRY.

Mme V�ronique DUBARRY. - Je crois effectivement que cette attitude de la part des bancs de droite est d�plac�e, vraiment. Vous oubliez de qui et de quoi on parle. Je vous trouve tr�s politiciens.

Je voulais demander au Pr�fet de police quelles mesures irait jusqu?� prendre la Pr�fecture de police qui soient en correspondance avec les injonctions et les directives donn�es par les Ministres de l?Int�rieur. Qu?il s?agisse de M. SARKOZY ou de M. BAROIN qui le remplace, nous avons � faire face, et c?est ainsi que je l?entends en tant qu?�lue de la Ville de Paris, � une politique du chiffre, � une politique injuste.

Je souhaiterais savoir si celle-ci continuera dans les mois � venir.

(Applaudissements sur les bancs des groupes ?Les Verts?, socialiste et radical de gauche, communiste, et du Mouvement r�publicain et citoyen).

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Roger MADEC.

M. Roger MADEC, maire du 19e arrondissement. - Monsieur le Pr�fet, de nombreuses op�rations de police ont �t� men�es ces derni�res semaines dans les 11e, 13e et 19e arrondissements de Paris visant � interpeller des personnes d?origine �trang�re, en majorit� asiatique, dans la rue et plus r�cemment aux abords des �coles.

Le lundi 19 mars, aux alentours de 18 heures, une parente d?�l�ve, en situation certes irr�guli�re, a �t� interpell�e alors qu?elle venait chercher son enfant � l?�cole du 5, rue Rampal. Cette personne a �t� interpell�e et fouill�e sur le seuil m�me de l?�cole, devant son enfant, d?autres enfants et des parents d?�l�ves.

Le lendemain, mardi 20 mars, un grand-p�re venu chercher ses deux petits-enfants a �t� interpell� dans un caf� du quartier, certes qui pose probl�me, ce qui a provoqu� un mouvement d?indignation de la part de la communaut� scolaire. Le quartier a �t� quadrill�, des chiens et des gaz lacrymog�nes ont �t� utilis�s par les policiers � l?encontre des parents et en pr�sence des enfants qui ont �t� traumatis�s par le climat de violence ainsi engendr�.

Mercredi 21 mars, vers 18 heures, dans le quartier de la porte d?Ivry, plusieurs personnes ont �t� arr�t�es lors d?une op�ration polici�re spectaculaire. Ces personnes ont �t� arr�t�es dans la rue, aux abords d?un centre d?animation o� il y avait des enfants, par les policiers des Renseignements g�n�raux appliquant des m�thodes plus que critiquables. En effet, le quartier a �t� quadrill�, des cordons ont �t� d�ploy�s pour trier la population, utilisant des m�thodes vraiment pas dignes de la police de la R�publique et faisant un contr�le au faci�s.

Le placement en garde � vue, vendredi 23 mars, de la directrice de l?�cole maternelle Rampal, ?coupable? de s?�tre indign�e des interpellations violentes et traumatisantes de parents et de grands-parents d?�l�ves devant l?�cole, a �t� re�u comme une tentative d?intimidation de la communaut� scolaire et citoyenne. Elle a suscit� l?�motion et l?indignation. Mme Val�rie BOUKOBZA n?est pas un dangereux malfaiteur. Quel que soit ce qu?on lui reproche, c?est indigne de la R�publique de la maintenir en garde � vue pendant 7 heures. Parall�lement dans les cit�s, des voyous, connus, fich�s, interpell�s, rel�ch�s, pas inqui�t�s pourrissent la vie des habitants de nos quartiers. C?est inadmissible.

Ce climat de tension cr�� par ces op�rations est devenu insupportable pour les habitants de ces quartiers et pour beaucoup de Parisiens. On peut d?ailleurs s?inqui�ter que le pacte r�publicain et de confiance qui doit lier population et police nationale n?en sorte pas renforc�. En effet, on ne peut que s?interroger sur un tel d�ploiement d?agents de la force de police dans des quartiers populaires o�, parfois, on nous dit qu?il n?y a pas d?effectif pour faire r�gner l?ordre r�publicain.

Que penser du d�ploiement de dizaines d?agents avec des v�hicules dispers�s dans les quartiers environnants pour mener ces op�rations de contr�le d?identit� ? Ce qui s?est pass� est totalement inadmissible. C?est une tr�s mauvaise image que refl�te l?action de la police de la R�publique. Ce n?est pas celle que nous attendons de la police r�publicaine.

Je voudrais dire aussi qu?on ne me mette pas en avant l?application d?une d�cision de justice sans tomber dans les travers, et je n?utiliserais pas le mot de rafle. Je rappellerai qu?en 1942 ce sont les policiers de l?Etat fran�ais qui ont mis en ?uvre des d�cisions critiquables et qu?aujourd?hui ce ne sont pas les policiers qui ont ex�cut�s ces ordres qui sont honor�s. Ce sont ceux qui ont r�sist� et d�sob�i aux lois sc�l�rates qui sont honor�s.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Je sais que, dans un mois, il y a une �lection majeure dans ce pays et que toutes les voix sont bonnes � prendre mais quand on pr�tend incarner la R�publique on ne court pas apr�s l?extr�me droite, on respecte la fonction qu?on occupe.

Monsieur le Pr�fet, ma col�re est grande. Ce n?est pas contre vous qu?elle s?exprime, je vous connais. Vous �tes un fonctionnaire r�publicain. Je vous respecte. Qu?on ne vienne pas dire ici que je porte atteinte � l?image de la police, je suis fils de policier et je sais ce qu?est �tre un policier de base.

Notre question est, Monsieur le Pr�fet : le nouveau Ministre de l?Int�rieur poursuivra-t-il ou mettra-t-il un terme � ces op�rations brutales, inutiles et humiliantes ou va-t-il, au contraire, mobiliser tous les effectifs de police de la Capitale pour prot�ger nos concitoyens ?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur MADEC.

La parole est � Mme CAPELLE.

Mme Liliane CAPELLE. - Merci, Monsieur le Maire.

Je voudrais vous dire, mes chers coll�gues de droite, que je suis atterr�e, le mot n?est s�rement pas assez fort, face � votre attitude. Je vous rappelle qu?il s?agit d?enfants, qui n?ont pas � supporter ce qu?ils supportent actuellement. Moi, j?ai �t� enfant dans les ann�es 50 et je suis all�e � l?�cole. Mes parents n?avaient pas de papiers, je n?ai pas eu peur et mes parents n?avaient pas peur de m?emmener � l?�cole. Ce n?est pas le cas aujourd?hui. J?ai beaucoup de gravit� � m?exprimer et j?ai m�me beaucoup d?�motion parce qu?on ne touche pas � un enfant, jamais.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Quels enfants ont �t� arr�t�s ?

Mme Liliane CAPELLE. - Dans un communiqu� du 22 mars, Georges SARRE demandait au Premier Ministre de donner des instructions n�cessaires pour que cessent les arrestations de demandeurs de titre de s�jour de parents d?enfants scolaris�s. Il semblerait que le Ministre sortant, candidat � la Pr�sidence de la R�publique, ait adress� vendredi une instruction au Pr�fet dans laquelle il rappelle, un peu tard � mon sens, que les mesures d?�loignement de sans-papiers, je cite, ?ne doivent en aucun cas donner lieu � des interpellations dans ou � proximit� des �coles?. Qu?est-ce � dire exactement ? Les interpellations doivent-elles se faire en toute discr�tion au domicile des personnes concern�es ?

Deux choses me choquent profond�ment. La premi�re, la plus �vidente pour moi, est que l?on ne peut faire de l?�cole un guet-apens. C?est pour moi le plus grand contresens que l?on puisse faire en France, pays de l?humanisme et de l?int�gration par l?apprentissage des fondements de notre R�publique dont le meilleur outil est l?�cole.

Je le rappelle, la scolarisation de ces enfants de familles en situation irr�guli�re est le meilleur gage de la volont� de ces parents que leurs enfants restent et grandissent sur le territoire fran�ais et inscrivent leur vie future dans ces cadres, qu?ils soient g�ographiques ou id�aux.

La municipalit� du 11e arrondissement a d?ailleurs vot� un v?u lors de son dernier Conseil pour la r�gularisation de la situation des parents d?enfants scolaris�s et je reprendrai les paroles de Patrick BLOCHE, ?je ne suis pas sur une ligne de r�gularisation de tout le monde?. Donc, je parle de quelque chose de tr�s pr�cis.

Je ne pense pas qu?elle ait dit autre chose.

La seconde est la violence d�ploy�e pour effectuer ces interpellations. J?ai appris avec �motion que des parents d?�l�ves et de jeunes enfants s?unissant pour d�fendre les parents en situation irr�guli�re qui se sont fait arr�ter � plusieurs reprises la semaine derni�re, dans le 19e arrondissement - cela est surtout vrai dans ce quartier que l?on appelle Belleville, qui est une terre d?accueil - ont �t� �loign�s par les forces de police au moyen de gaz lacrymog�nes.

Quand je dis terre d?accueil, c?est qu?au plus fort des guerres qui ont eu lieu au Proche-Orient et au Moyen-Orient, jamais les communaut�s juives et arabes ne s?�taient battues. C?�tait vraiment une terre d?asile. N?allez pas mettre de la guerre l� o� il ne doit pas y en avoir !

Je suis �galement tr�s sensible � l?inqui�tude de ces m�res qui expliquent que depuis ces incidents graves leurs enfants sont terroris�s � l?id�e de se rendre � l?�cole. Les personnes arr�t�es si brutalement sont les parents, les grands-parents de leurs camarades de classe, de leurs amis, et je ne pense pas sans inqui�tude au choc que ces enfants ont certainement ressenti.

Je souhaite apporter tout mon soutien � Mme BOUKOBZA, ainsi que l?a fait le conseil d?�cole de l?�cole Piver, samedi dernier, cette directrice de l?�cole maternelle de la rue Rampal qui a agi pour le bien des enfants et non pas contre le bien des enfants. Elle a fait son devoir d?enseignante et de directrice d?�cole.

Je regrette que l?apprentissage r�publicain de ces enfants se fasse dans ces conditions. Je me f�licite n�anmoins que M. WUANG et Mme SUN aient �t� lib�r�s rapidement, cela constituant pour moi la preuve que la pression exerc�e par des citoyens et des �lus peut, gr�ce � la mobilisation et � la r�sistance, faire revenir � la raison des forces de police parfois incit�es par un responsable ambitieux, oserai-je dire irresponsable, � agir dans le mauvais sens pour des raisons qui n?ont rien � voir avec les int�r�ts de la France.

Je souhaite donc savoir, Monsieur le Pr�fet de police, quelle suite pourra �tre donn�e aux instructions de l?ancien et du nouveau Ministre de l?Int�rieur.

Je voudrais �galement ajouter, puisque je n?ai pas eu le temps, ce matin, que, naturellement, je ne condamne pas les policiers. Je ne condamne pas les policiers puisque dans un �tat de droit la police, l?arm�e et d?autres doivent ob�ir, mais quand le commandement est mauvais, au plus haut, c?est l� qu?il faut condamner.

(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement r�publicain et citoyen, socialiste et radical de gauche, communiste et ?Les Verts?).

M. LE MAIRE DE PARIS. - En r�ponse � ces quatre questions dont je prends acte qu?elles sont issues des quatre groupes de la majorit�, je donne la parole � M. le Pr�fet de police et je dirai ensuite quelques mots, avant Eric FERRAND.

M. LE REPR�SENTANT DU PR�FET DE POLICE. - En r�ponse aux diff�rents points que comportent ces questions, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, je souhaite r�tablir quelques faits.

Tout d?abord, la police effectue en effet, r�guli�rement, � Paris, des op�rations de s�curisation. Ces op�rations visent � renforcer ponctuellement la pr�sence et l?investigation dans des endroits ou sur des objectifs sensibles en termes de d�linquance. Elles contribuent � la s�curit� de Paris et constituent un �l�ment du dispositif de lutte contre la d�linquance, comme j?ai eu l?occasion de le dire tout � l?heure, lorsqu?on a parl� de la d�linquance violente.

Une op�ration de ce type �tait organis�e, le 20 mars dernier. Elle portait, au moment o� les �v�nements dont vous parlez se sont produits, sur un d�bit de boisson situ� � c�t� d?une �cole, dans le cadre d?une recherche d?infraction � la l�gislation sur les armes.

En aucun cas, cette op�ration n?avait pour objectif d�lib�r�, comme vous le soulignez, d?aller proc�der � des interpellations devant et encore moins dans les �coles. La Pr�fecture de police, vous le savez, ne l?a jamais fait et ne proc�de pas de cette mani�re.

D?ailleurs, la veille?

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

? une personne de nationalit� �trang�re contr�l�e dans ce quartier et d�munie de pi�ce d?identit� avait, sur-le-champ, �t� laiss�e libre, d�s qu?il a �t� indiqu� aux policiers qu?il s?agissait d?un parent d?�l�ve se rendant � l?�cole voisine pour chercher son enfant.

Deuxi�mement, les op�rations de s�curisation sont faites sur r�quisition du Procureur de la R�publique. Ces r�quisitions comprennent des mesures de contr�le, notamment d?identit�. C?est � l?occasion du contr�le effectu� dans des conditions parfaitement l�gales des personnes se trouvant dans ce d�bit de boisson que l?une d?entre elles, un homme seul, est apparue comme �tant en situation irr�guli�re.

Il appartient � la police de faire appliquer la loi de la R�publique et en l?esp�ce celle du droit au s�jour. Cette personne a donc �t� interpell�e pour �tre conduite au commissariat.

Troisi�mement, les policiers se sont heurt�s � des comportements d?outrage et de violence � leur encontre. A l?issue de cette op�ration de contr�le, le d�placement des policiers vers leurs v�hicules s?est heurt� � un mouvement de personnes qui s?�taient rassembl�es sur les lieux.

Ce mouvement s?est r�v�l� agressif, voire violent, � l?encontre des forces de l?ordre, tant dans les propos �mis que dans les comportements. Un policier a �t� bless� avec une interruption temporaire de travail de dix jours ; des liquides color�s et irritants ont �t� jet�s sur les forces de l?ordre ; des v�hicules de police ont �t� d�grad�s.

Face � cette situation, les policiers ont us� de moyens strictement n�cessaires et proportionn�s pour se d�gager et assurer le respect de la loi. Ils ont ainsi �t� contraints, par les comportements auxquels ils �taient confront�s, de proc�der en tout et pour tout � trois �missions de leurs a�rosols individuels de gaz lacrymog�ne, apr�s avoir retard� au maximum leur usage.

Quels qu?en soient les motifs, ce genre d?attitude, d?outrage et de r�bellion vis-�-vis des forces de l?ordre d�positaires de l?autorit� publique est condamnable. C?est en ce sens que le Parquet a demand� l?audition de plusieurs personnes impliqu�es dans l?�v�nement. Apr�s cette audition qui a eu lieu vendredi matin, elles ont �t� remises en libert�.

Tels sont, Mesdames et Messieurs les Conseillers, les faits �tablis que je souhaitais porter � votre connaissance en r�ponse � votre question et je vous rappelle que la Pr�fecture de police, vous le savez, ne proc�dera pas � des contr�les d?identit� de parents d?�l�ves devant les �coles de Paris.

(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, avant de donner la parole � Eric FERRAND, je voudrais vous dire d?abord que je me sens plus qu?en harmonie avec cette majorit� municipale, puisque les quatre groupes ont jug� opportun de s?exprimer, avec une certaine solennit�, aujourd?hui, par rapport � des actes que je consid�re comme extr�mement graves.

Vous m?avez demand� d?�tre engag�, et je le suis, depuis plusieurs mois, aux c�t�s de l?association ?R�seau Education sans Fronti�res?. Nous nous sommes mobilis�s. Moi-m�me, au d�but du mois d?ao�t, j?ai �t� aux c�t�s de cette association qui m�ne un combat juste.

D?autre part, la semaine derni�re, apr�s ces incidents particuli�rement condamnables, j?ai �t� heureux de voir que le maire du 19e arrondissement �tait imm�diatement r�actif dans cette circonstance et qu?Eric FERRAND r�agissait rapidement, ind�pendamment de toute consid�ration �lectoraliste, sur un sujet majeur.

Et comme vous le savez, j?ai adress� au Premier Ministre, vendredi, une lettre en urgence car je pense que la situation le justifiait. Je n?ai pas encore de r�ponse. Je peux vous dire que ces actes sont condamnables. Ce qui est condamnable, ce sont les ordres qui sont donn�s par le pouvoir politique et qu?il y a une co�ncidence �lectorale inqui�tante � laquelle je faisais allusion tout � l?heure lorsque vous protestiez.

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

C?est que le Ministre de l?Int�rieur jusqu?� ce matin donne beaucoup de signes qui m?inqui�tent pour la France.

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

Donc nous sommes dans la Capitale de la France et il est de notre devoir d?exprimer des convictions courageuses.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

Et si je ne convainc pas une partie de l?opposition municipale, cela aurait tendance � me conforter dans mes convictions.

Je donne la parole � M. FERRAND.

M. Eric FERRAND, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

Je vais �tre assez court puisque beaucoup de choses ont �t� dites.

Je voudrais dire au Pr�fet de police que je veux bien prendre acte de sa d�claration mais je voudrais faire deux observations.

La premi�re observation, c?est que les �v�nements tr�s graves qui se sont d�roul�s le 20 et le 21 mars dernier ont �t� extr�mement mal v�cus et sont apparus en rupture totale avec les engagements qui avaient �t� exprim�s ici m�me par vous, Monsieur le Pr�fet de Police, indiquant qu?il n?y aurait pas d?arrestation, d?interpellation, de fouille, de contr�le devant l?�cole de la R�publique.

Or, il y en a eu, quelles qu?en soient les circonstances, et c?est ce qui a naturellement traumatis�, choqu� toute la communaut� scolaire.

Je voudrais faire une deuxi�me observation. C?est qu?il a fallu attendre 3 jours pour que le Ministre de l?int�rieur intervienne et parle de cette affaire, laissant naturellement le sentiment que l?on pouvait faire tout et n?importe quoi et qu?il ne s?int�ressait pas � ces �v�nements d?une grande gravit�.

Enfin, je voudrais dire que naturellement, et le Maire de Paris vient de le faire, nous exprimons notre totale solidarit� � la directrice de l?�cole de la rue Rampal.

Je voudrais �galement indiquer que la Ville de Paris accorde l?assistance juridique � cette directrice pour la d�fendre.

(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement r�publicain et citoyen, socialiste et radical de gauche, communiste, et ?Les Verts?).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Je crois vraiment que cet �change qui a eu lieu est clair et exprime bien les convictions. Je pense que ce n?est pas la peine d?y revenir mais je ne l?interdis pas. Je pensais que tout avait �t� tr�s clair, mais vous �tes libres.

Je donne la parole � M. VUILLERMOZ.

M. Jean VUILLERMOZ. - Il y a une question � laquelle il n?a pas �t� r�pondu. M. le Pr�fet parle de : ?r�quisition du Parquet? et le Parquet dit : ?Ce n?est pas vrai, on a simplement apport� notre soutien?. Donc qui croire dans cette situation ?

Et enfin, quand m�me, op�ration de s�curisation pour lutter contre la d�linquance ! R�sultat : un grand-p�re d?arr�t� !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Madame DUBARRY, voulez-vous rajouter un mot ?

Mme V�ronique DUBARRY. - Des termes, des mots, des concepts ont �t� ici agit�s, brandis parfois. Ceux de ?d�sob�issance civile? et/ou de ?r�sistance? me paraissent importants.

Jean VUILLERMOZ a fait, tout � l?heure, et il n?y a pas �t� r�pondu, une demande de suspension de notre s�ance de fa�on � ce que ceux qui le souhaitent puissent se joindre au rassemblement qui a lieu ce soir. Je r�it�re cette demande. Il me semble que lorsqu?on d�sire marquer sa solidarit� avec un mouvement citoyen, eh bien, c?est aussi en �tant � ses c�t�s dans la rue. Donc je r�it�re cette demande si elle peut trouver un accord.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes ?Les Verts?, socialiste et radical de gauche, communiste et du Mouvement r�publicain et citoyen).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Pardonnez-moi, mais cette demande m?avait �chapp�.

Ce que je vous propose, c?est de voir avec Christophe CARESCHE et tous les pr�sidents de groupe par rapport � l?organisation de la s�ance. Je comprends tr�s bien qu?on aille manifester. Moi-m�me, si je ne participais pas � une �mission de t�l�vision, � ce moment-l� j?irais.

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

Excusez-moi mais vous �tes un peu ridicules, d?abord parce que, franchement, je refuse quand m�me beaucoup plus les m�dias que certaines des personnes que vous soutenez localement et nationalement, ensuite parce que c?est plus efficace pour d�montrer ses convictions que dans la manifestation. Je fais donc efficace, excusez moi !

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

D?autant que tout � l?heure, un de mes adjoints r�pondait � quelqu?un qui l?avait interrog� avant et qui n?�tait pas l�.

Alors, pour que nos travaux ne soient pas handicap�s, je propose que Christophe CARESCHE, avec les pr�sidents de groupe, regarde comment peut s?organiser une �ventuelle suspension mais attention, pas des heures, car nous avons beaucoup de travail � fournir pour les Parisiens au cours de cette s�ance.

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.).

Mars 2007
Débat
Conseil municipal
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