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Vœu déposé par Mme BARANDA relatif à la maigreur des mannequins, dommageable à la santé.


M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du v?u r�f�renc� n� 76 dans le fascicule, d�pos� par Mme BARANDA, relatif � la maigreur des mannequins.

La parole est � Mme Violette BARANDA.

Mme Violette BARANDA. - C?est dr�le comme cela fait sourire !

Comme nous le savons tous, Paris est incontestablement une capitale mondiale de la mode. La Ville de Paris joue un r�le majeur dans la promotion de ce statut, notamment en subventionner le Salon des jeunes cr�ateurs, en primant les jeunes talents. Par ces activit�s, la Ville encourage ces nouveaux talents � venir s?installer � Paris. Elle contribue ainsi � d�velopper notre �conomie.

Mais l?�conomie n?est pas une fin en soi : son d�veloppement doit avant tout permettre � l?individu de s?�panouir dans la soci�t�. La Ville de Paris aujourd?hui doit redevenir la premi�re capitale de la mode, � condition d?�tre l?une des pionni�res, � l?instar de Madrid, dans la d�fense des droits des mannequins.

En effet, le 12 f�vrier 2007, des mannequins trop maigres ont �t� emp�ch�s par la r�gion autonome de Madrid de participer aux d�fil�s de mode. Le ministre britannique Tessa JWELL a applaudi cette initiative, rappelant le danger de ces ?images de beaut� filiforme? pour la sant� des jeunes filles. La Ville de Milan a annonc� des mesures analogues.

En effet, certains cr�ateurs, peu scrupuleux, exigent de leurs mannequins de se conformer � des crit�res de maigreur ; ils mettent par la m�me la vie de ces tr�s jeunes filles en p�ril de mort, comme l?a prouv� la mort du jeune mannequin br�silien des suites de son anorexie � la veille de son d�part pour Paris. Ce drame fait rena�tre l?attention sur un des secrets les plus jalousement gard�s dans le monde de la mode, et tout particuli�rement dans les milieux de la haute couture parisienne qui fait, plus que partout ailleurs, le black-out sur le sujet.

Or, le centre de Paris est bien le si�ge de la plupart de ces maisons de couture et des agences qui fournissent ces mannequins. Je dois ajouter que, M. Didier GRUMBACH, Pr�sident de la F�d�ration fran�aise de la Haute couture a d�clar� dans ?Le monde? du 12 septembre : ?C?est aux cr�ateurs de d�cider de quels types de mannequins ils ont besoin. Cela ne se r�glemente pas.? Il a ajout� que : ?si une telle mesure �tait prise en France, tout le monde rigolerait?.

Je ne vois pas du ce qu?il y a d?hilarant � vouloir interdire cela. Je trouve ces propos irresponsables. Les mannequins des d�fil�s du monde sont des �tres humains, celles qui p�sent moins de 56 kilos et mesurent plus de 1,75 m�tre, selon les normes de l?O.M.C., mettent leur vie en danger mais aussi v�hiculent une image de formatage de maigreur qui contribue � renforcer une norme de beaut� unique et impossible � atteindre. Aujourd?hui, la Fran�aise moyenne p�se 62 kilos pour un 1,62 m�tre d?apr�s les normes 2006.

Trop de femmes et de jeunes filles se ruinent la sant� car elles croient que la maigreur est synonyme de beaut�. Et j?ai envie de dire : oui, aujourd?hui, le ridicule tue !

C?est pour toutes ces raisons que je demande que le Conseil de Paris demande aux organisateurs des salons et d�fil�s de mode de refuser d?employer des mannequins trop maigres dont la maigreur peut nuire � leur sant�.

Je vous remercie.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Madame COHEN-SOLAL, vous avez la parole.

Mme Lyne COHEN-SOLAL, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, Madame BARANDA, juste un point d?ordre, vous semblez ignorer que Madrid et la province de Madrid ont organisateurs directement de d�fil�s, ce qui n?est pas du tout la cas � Paris o� les d�fil�s sont organis�s par des maisons de coutures qui sont d?ordre priv�.

Mais au nom de l?Ex�cutif municipal, je donnerai un avis favorable � ce voeu tel qu?il est r�dig� et nous ne manquerons pas de relayer ce message aupr�s des professionnels de la mode.

Pour aller plus loin dans votre sens, je pense que le probl�me de la maigreur des mannequins soul�ve en fait deux questions majeures : d?abord les conditions de travail de ces femmes, souvent tr�s jeunes, et d?autre part du v�ritable probl�me de sant� publique, li� � une fausse image de la femme v�hicul�e souvent par la mode et beaucoup par les m�dias.

La Ville a malheureusement peu de moyens d?action sur les conditions de travail des professionnels. Il faudrait en effet aller plus loin dans la l�gislation du travail et notamment dans l?obligation de pr�senter des certificats m�dicaux r�cents, avant l?embauche, par tel ou tel couturier ou tel ou tel magazine. Il faudrait effectivement renforcer les contr�les en ce qui concerne les tr�s jeunes femmes, qui sont prises de plus en plus jeunes comme mannequins, � 15, voire 14 ans, et qui souvent recrut�es dans les pays de l?Est et viennent d�filer dans la Capitale.

Ce sont d?ailleurs ces jeunes femmes qui posent le plus de probl�mes en termes de sant� ; elles sont souvent pr�pub�res et donc pas encore form�es ; elles vivent mal la transformation de leur corps qui pourrait les emp�cher de travailler et donc de subvenir aux besoins de familles, souvent dans la pauvret�, et qui ont plac� tous leurs espoirs en elles.

De plus, � l?heure o� des �tudes r�centes sur les mensurations du corps ont montr�, comme vous l?avez dit, que les femmes �taient plus grandes et plus rondes qu?avant, il est important que les m�dias relaient une image plus juste de la femme, de toutes les femmes, et non pas d?une ic�ne de minceur non repr�sentative et g�n�ratrice de mal-�tre pour des filles tr�s jeunes.

Nous avons appris qu?un groupe de travail s?�tait r�uni sous l?�gide du Minist�re de la Sant� tr�s r�cemment dans le cadre du plan ?Nutrition Sant�? avec des professionnels de la mode, de la publicit�, de la presse f�minine. Il est dommage qu?il ait fallu attendre la mort de deux jeunes femmes en Am�rique du Sud pour prendre conscience de ce probl�me en France. Mais il en va effectivement de la responsabilit� du Gouvernement de prot�ger cette profession et de prendre en compte les probl�mes de sant� publique qui sont li�s � l?image de la femme.

Nous ne connaissons pas encore les conclusions de ce groupe et la Ville de Paris n?a pas �t� appel�e � participer � ce groupe. Mais je peux vous dire qu?elle sera particuli�rement vigilante � ce que ressortent de ces r�flexions des exigences sur les conditions de travail des mannequins pour que cette profession soit mieux encadr�e par la loi, m�me si certaines dispositions existent d�j� dans notre pays contrairement � d?autres pays, par exemple, sur le travail des mineurs.

En termes de sant� publique, il est n�cessaire que ce groupe de travail intervienne aussi sur la valorisation des femmes. Mais la Mairie de Paris a d�j� pris des mesures dans les �coles. Et mon coll�gue, Alain LHOSTIS, pourrait vous parler longuement de ce qui, dans les �coles, pour pallier les probl�mes alimentaires de certains enfants, concerne l?ob�sit� infantile, et qui donc permet aux enfants d?apprendre � manger correctement.

Le probl�me que vous posez est un probl�me d?adolescents plut�t que d?enfants, mais apprendre � manger correctement d�s l?enfance peut aider � l?adolescence.

Nous nous devons d?�tre exemplaires, et la Ville de Paris qui est la capitale de la cr�ation doit le faire. Je propose que la Mairie de Paris r�unisse assez vite les f�d�rations professionnelles du pr�t-�-porter et de la haute couture ainsi que les organisateurs de d�fil�s afin de travailler ensemble � une charte de d�ontologie de la mode parisienne.

Je ne manquerai pas de vous tenir inform�s, mes chers coll�gues, de l?avanc�e de ce dossier. Merci.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par Mme BARANDA, assortie d?un avis favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e. (2007, V. 119).

Mars 2007
Débat
Conseil municipal
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