7 - 1999, ASES 48 G - Politique de la ville. - Subvention à l'Association culture berbère (20e). - Montant : 20.000 F
M. Philippe LAFAY, pr�sident. - Nous passons au projet de d�lib�ration ASES 48 G relatif � la politique de la ville. Subvention � l'Association culture berb�re, 20e. Montant 20.000 F.
Je donne la parole � Mme DURAND.
Mme Fran�oise DURAND. - Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, vous nous proposez d'attribuer une subvention de 20.000 F � l'association de culture berb�re, 37 bis rue des Maronites, Paris 20e.
Nous sommes, naturellement, favorables � cette subvention mais compte tenu du dynamisme de cette association, de ses projets pour 1999, de son efficacit� dans l'int�gration des populations immigr�es � la soci�t� fran�aise, nous pensons que la subvention devrait �tre plus importante.
La croissance du nombre des adh�rents de l'association de culture berb�re est constante depuis 1994 et son audience d�passe largement le nombre de ses adh�rents. Celle-ci pourrait �tre encore accrue avec plus de moyens, au regard du potentiel d�mographique que repr�sente la communaut� berb�rophone. Les attentes sont nombreuses sur le plan social et culturel et sont li�es, pour certaines, aux cons�quences de la crise alg�rienne.
Si l'association vise � valoriser la culture berb�re, elle entend s'appuyer sur les valeurs r�publicaines et la�ques qui rassemblent dans un contexte de d�rive identitaire et de d�litement du lien social. Elle veut �tre une association citoyenne c'est-�-dire une structure active de la vie d�mocratique locale, qui incite ses adh�rents et les r�seaux d'associations dans lesquels elle s'ins�re � jouer ce r�le.
L'association �dite une publication intitul�e " actualit�s culture berb�re " qui contribue � l'int�gration. Elle offre des informations qui font comprendre la trajectoire migratoire en France et qui permettent � chacun de mieux appr�hender sa propre int�gration. L'objectif est de refuser une logique identitaire exclusive pour vivre des identit�s plurielles, sans contradictions insurmontables. Il s'agit de fournir des exemples d'adaptation, d'ouverture, d'�change.
Les activit�s de l'association sont multiples et convergent toutes vers les objectifs qui viennent d'�tre �nonc�s. Elle anime un atelier de soutien scolaire pour les enfants apr�s l'�cole. Elle leur propose une biblioth�que, des activit�s informatiques, des jeux. Elle dispose d'un club de football qui est fr�quent� par environ 120 membres. Elle organise des soir�es litt�raires, des s�minaires d'histoire de la civilisation notamment sur les femmes, sur le code de la famille, des cours de langues pour les adultes et les enfants. Elle dispose d'un atelier de th��tre, d'un atelier de danse. Elle aide � la cr�ation d'autres associations. Elle m�ne une action sociale pour l'information des jeunes et des adultes par des permanences juridiques, et d'aide � la recherche d'un emploi.
Cette association extr�mement dynamique dans tous les domaines a plus de la moiti� de ses adh�rents qui ont moins de 35 ans et recrute toujours plus parmi les enfants. Elle m�rite donc d'�tre davantage aid�e financi�rement par la Ville ainsi que dans la recherche de locaux plus grands, les locaux actuels �tant devenus trop petits.
Au-del� de l'association de culture berb�re, je terminerai cette br�ve intervention en demandant � nouveau � la Ville une politique coh�rente et d'ensemble pour l'int�gration des populations immigr�es. Il faudrait mener une r�flexion plus g�n�rale sur la politique de la Ville en la mati�re. Il faudrait recenser les besoins, les probl�mes d'alphab�tisation, les probl�mes juridiques, les probl�mes relatifs au statut personnel et familial (d�c�s, mariage, h�ritage, divorce) les probl�mes d'insertion professionnelle.
Un programme et un calendrier devraient �tre mis en place rapidement.
M. Philippe LAFAY, pr�sident. - Je vous remercie, Madame.
Je donne la parole maintenant � M. MESMIN.
M. Georges MESMIN. - Notre position est exactement semblable � celle que je rappelais pour l'association pr�c�dente sur les communaut�s africaines. Nous sommes contre l'engagement de la Ville dans le soutien des associations qui ont un caract�re communautariste car nous pensons que ce n'est pas un bon moyen pour �viter les ghettos, bien au contraire, cela les favorise.
Nous sommes extr�mement sceptiques en entendant parler de la�cit� ou de caract�re citoyen de ces associations qui, en fait, sont l� pour favoriser, au contraire, la cr�ation voire le maintien d'un syst�me de ghetto.
M. Philippe LAFAY, pr�sident. - Merci.
La parole est � M. HUBIN.
M. Jean-Philippe HUBIN, vice-pr�sident. - Entre l'enthousiasme de notre coll�gue qui est intervenue en premier et la position tr�s n�gative de M. MESMIN qui vient d'intervenir, nous, nous avons une position qu'on esp�re �tre un peu interm�diaire parce que, sur le plan personnel (Mme BRAQUY, qui conna�t l'activit� de cette association dans le 20e nous le disait encore), nous ne pouvons qu'�tre tout � fait favorables � ce qu'il y ait des associations qui d�veloppent la culture berb�re, comme d'autres la culture basse-normande ou de haute-Bretagne.... Pardon ? Vache normande ? Non, non, basse-normande.
On n'a absolument rien contre la culture berb�re. N�anmoins, nous trouvons que la Ville de Paris n'a pas vocation � subventionner ces associations de fa�on syst�matique.
Ce qui est ennuyeux dans cette association c'est que, pour moi, une association, ce sont des gens qui se r�unissent b�n�volement et qui contribuent � la promotion de ce qu'ils croient �tre leur id�e, leurs origines, leur culture personnelle. J'insiste sur le mot " b�n�volement ".
En l'occurrence, le b�n�volat, je ne le vois pas beaucoup parce que le budget 1997 de cette association, qui s'�l�ve � 1,5 million de francs, est repr�sent� � plus de 60 % par des frais de personnel. Cela veut dire que l'association consiste � payer des gens.
Je constate, dans le plan qui nous est propos�, que pour 237.000 F de d�penses sp�cifiques que nous voulons soutenir, il y a 60 % de d�penses de personnel �galement. On se demande si cette association vise � aider le d�veloppement de la culture berb�re ou simplement � aider les gens qui la constituent.
A cet �gard, sur le plan strictement financier, je suis un peu inquiet parce que ce n'est pas la vocation normale de la Ville d'aller subventionner de fa�on indirecte des personnes pour avoir une activit� qui s'apparente � une activit� priv�e qui, l�, n'a rien � voir avec les objectifs de la Ville de Paris.
Pour ma part, comme je suis partag�, ne sachant pas tr�s bien comment conclure, j'annonce notre propre abstention sur ce sujet, en souhaitant que la Ville de Paris d�finisse de fa�on claire ses objectifs. Si une association a une activit� sociale, on voit bien pourquoi on peut la subventionner. Si elle a une activit� de d�fense culturelle, on ne voit pas du tout, et je rejoins M. MESMIN, pourquoi il faudrait que nous, nous la subventionnions car, � ce moment-l�, c'est une activit� priv�e.
On est entre les deux et on ne sait pas trop si, v�ritablement, il n'y a pas une petite utilisation un peu abusive des d�penses publiques pour couvrir des activit�s qui sont tout � fait priv�es.
(Applaudissements sur les bancs du groupe "Union pour la D�mocratie � Paris").
M. Philippe LAFAY, pr�sident, au nom de la 5e Commission. - Je vais r�pondre rapidement � l'ensemble des orateurs.
Mme DURAND demande une augmentation de la subvention. Nous verrons d'abord l'activit� de cette association au bout d'un an pour porter un jugement sur une �ventuelle augmentation de cette subvention.
Je r�pondrai, comme tout � l'heure, dans le m�me sens � M. MESMIN. Bien s�r, la voie est �troite par rapport � une action o� l'on doit s'impliquer directement dans la communaut� et donc avoir acc�s � certaines techniques d'entrisme (dans le bon sens du terme) au niveau de cette association.
Je vais r�pondre un peu plus longuement � M. HUBIN en lui rappelant que la subvention est de 20.000 F. C'est donc une somme quand m�me relativement modeste.
La politique de la Ville, loin de s'inscrire dans une logique communautariste de d�veloppement s�par�, consiste au contraire � favoriser r�solument les efforts d'int�gration des minorit�s dans la soci�t� fran�aise.
La communaut� parisienne peut se r�jouir de voir ce souci relay� par des associations � m�me de servir de trait d'union entre les cultures, comme c'est le cas pour l'Association culture berb�re.
L'association anime des services gratuits � caract�re social tels que des permanences sociales assur�es par une ancienne assistante sociale, des permanences juridiques dirig�es par des avocats b�n�voles. Une aide � la recherche d'emploi fonctionne quotidiennement. C'est ainsi que de nombreux C.V. et lettres de motivation sont r�dig�es au secr�tariat de l'association. Des activit�s d'�veil, activit�s destin�es � une centaine d'enfants comme le chant, la danse, la musique sont r�alis�es par l'association en compl�ment d'une aide � la lecture.
L'exc�dent de l'association r�sulte d'une meilleure gestion en mati�re de co�t d'exploitation des personnels.
Cependant, Monsieur HUBIN, la sant� financi�re de l'association reste fragile en raison d'une situation nette n�gative � hauteur de 51.000 F, r�sultat d'ancien exercice comptable d�ficitaire.
Le taux de pourcentage des frais du personnel s'�l�ve � 62 %, soit une proportion tout � fait normale vu l'encadrement n�cessaire pour le bon fonctionnement des actions entreprises par l'association.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration ASES 48 G.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (1999, ASES 48 G).