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2010, I - Question d’actualité posée par le groupe U.M.P.P.A. à M. le Maire de Paris relative à la circulation et à la tarification des transports collectifs.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, nous passons donc aux questions d?actualit�, en commen�ant par celle de Mme Laurence DOUVIN, au nom du groupe U.M.P.P.A.

Mme Laurence DOUVIN. - Merci, Monsieur le Maire.

Deux enqu�tes internationales viennent de d�cerner � Paris le titre de m�tropole la plus embouteill�e d?Europe. Parisiens et Franciliens perdent en moyenne 77 heures par an dans les bouchons, soit l?�quivalent de trois jours entiers. Quel succ�s pour votre politique qui a tout fait depuis 2001 pour dissuader l?usage de la voiture !

Dans Paris, la baisse de 24 % de la circulation que vous indiquez n?a pas am�lior� les choses, puisque les voitures ont �t� remplac�es par l?explosion du nombre des deux-roues motoris�s, aussi polluants et aussi dangereux, sinon plus.

Mais surtout ce chiffre de 24 % ne masque pas l?effet d?entonnoir qui a consist� � provoquer de gigantesques reports vers les voies susceptibles d?accueillir les voitures, qui n?ont pas disparu comme par miracle, comme vous le laissez penser. C?est l� que nous retrouvons les points noirs identifi�s par les enqu�tes, sur le boulevard p�riph�rique : 8 sur 10 sur le boulevard p�riph�rique Sud.

Ce chiffre ne masque pas non plus les gigantesques embouteillages qui se forment � certains moment, comme par exemple mercredi dernier, � proximit� de la place Clichy ou plus r�guli�rement aux abords de la Gare du Nord, deux emplacements qui ont �t� l?objet de travaux consid�rables ; on en voit le r�sultat.

Le besoin de circulation ne diminue pas, il se d�place. Vous refusez toujours et encore de l?admettre. Que va-t-il se passer, Monsieur le Maire, avec la fermeture partielle ou totale des voies sur berges telle que vous la concevez, sinon l?aggravation de la circulation actuelle ? Tous les beaux calculs abstraits de mod�lisation effectu�s par les services pour essayer de faire croire que le projet est viable vont s?estomper devant la r�alit� qui est que la circulation va encore empirer et se d�placer vers les voies de report et engorger Paris et la petite couronne, tant les effets se situent au niveau m�tropolitain.

Une politique de circulation ne peut avoir pour seul but de faire de Paris un ghetto prot�g� par la barri�re du T3. A l?heure du Grand Paris, c?est incompr�hensible. Il faut int�grer tous les d�placements dans une politique m�tropolitaine et pratiquer une tarification incitative et juste.

Dans l?entre-deux-tours des derni�res �lections r�gionales, les listes de gauche se sont livr�es � une v�ritable s�ance de bricolage autour du projet de tarification unique des transports. En fin de compte, les partis se sont accord�s pour mettre en ?uvre une telle mesure en 2012, date qui approche, tout en se gardant bien d?en mentionner le co�t pour les usagers.

R�cemment, le vice-pr�sident de la R�gion en charge des transports a d�clar� qu?un tarif unique de 85 euros serait mis en ?uvre en 2012, sans que le S.T.I.F. se soit encore prononc� � ce sujet. Un Pass Navigo unique � 85 euros, c?est une augmentation brutale de 40 % pour l?abonnement des Parisiens. L?�galitarisme affich� de cette mesure consiste en fait � faire payer beaucoup plus cher les Parisiens, alors qu?ils sont moins consommateurs de transport.

De plus, ils ne sont pas des super-privil�gi�s. Le revenu moyen � Paris est similaire � celui de nombre de villes de la grande ou de la petite couronne et le taux d?effort en mati�re de logement est incomparable avec celui des habitants de la couronne francilienne. C?est bien ce que vit d?ailleurs la classe moyenne parisienne qui est contrainte � d�m�nager en banlieue.

Monsieur le Maire, on ne peut pas d�cemment demander de payer plus sans am�liorer l?existant. Ainsi, devant le silence jusqu?� pr�sent des �lus de votre majorit� sur cette question, qui va �tre bient�t d�battue au niveau du Syndicat des transports parisiens, notre groupe souhaite conna�tre votre position sur ce tarif unique � 85 euros qui, vous l?aurez compris, n?a rien d?une mesure �quitable pour tous les Parisiens.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Madame LEPETIT, vous avez la parole.

Mme Annick LEPETIT, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Madame DOUVIN, je vais r�pondre directement au point que vous avez soulev� que Paris, selon certaines �tudes, serait la capitale des embouteillages. Sachez quand m�me que les comptages effectu�s par un bureau d?�tudes am�ricain, Inrix, l?ont �t� sur les autoroutes franciliennes et le p�riph�rique qui sont de la comp�tence de l?Etat en mati�re de circulation, en l?occurrence de M. le Pr�fet de police de Paris.

L?ensemble des points noirs identifi�s dans cette �tude sont en petite couronne et en grande couronne. Ceci est � mettre au regard de la diminution de moins 24 % du trafic automobile dans Paris.

Et les points noirs en banlieue d�montrent bien le besoin criant d?infrastructures nouvelles de transports publics en Ile-de-France et de la modernisation de l?existant ; je pense au R.E.R. qui figure en priorit� dans le Plan de mobilisation pour les transports en Ile-de-France, que nous avons vot� ici en juillet 2009.

J?ajoute, puisque vous parlez d?�tude, autant parler de toutes les �tudes, qu?il y en a une qui est sortie la semaine derni�re dans le journal ?Auto Plus?, qui montre que, parmi les grandes villes fran�aises, Paris arrive en 13e position en termes d?embouteillages, derri�re Bordeaux et Marseille.

La question des tarifs que vous posez, Madame DOUVIN, des tarifs pour les usagers, est tr�s importante et nous y sommes particuli�rement attentifs. Cependant, on ne peut pas la traiter ind�pendamment du financement global des transports collectifs franciliens. A ce propos, je vous informe que le Pr�sident HUCHON a �crit au Premier Ministre aujourd?hui, pour lui transmettre le plan de financement pr�cis d?un r�seau r�gional de transports comprenant les contributions de l?�tat, des collectivit�s territoriales, ainsi que les nouvelles ressources attendues.

Je pense que Jean-Paul HUCHON a raison d?anticiper, car cela fait plus de deux ans que l?�tat reste muet concernant sa participation au financement des nouvelles infrastructures de transports collectifs.

Alors, vous le savez, Madame DOUVIN, depuis la d�centralisation du S.T.I.F. en 2006, c?est plus de 500 millions d?euros d?offres suppl�mentaires (train, RER, m�tro, tram et bus) qui sont financ�s en plus chaque ann�e et cette offre a b�n�fici� � hauteur de 77 % � la banlieue.

La contribution du D�partement de Paris s?est �lev�e, en 2009, � 344 millions d?euros, soit 49 % du budget en comptant les compensations de l?�tat, ce qui fait de Paris le premier contributeur public au budget du S.T.I.F., alors que sa population ne repr�sente que 19 % de la population r�gionale.

L?effort de solidarit� de Paris � l?�gard du reste de la r�gion n?est donc plus � d�montrer.

Enfin, je vous r�pondrai plus pr�cis�ment sur les tarifs. Certes, nous aurons ces d�bats aussi au Conseil d?administration du S.T.I.F. Vous le savez, une �tude sera lanc�e dans le premier semestre 2011 et plusieurs sc�narii nous serons ainsi propos�s, mais je tiens � dire en conclusion, Monsieur le Maire, qu?il ne faudrait pas que le co�t des mesures tarifaires, dont l?int�r�t socio-�conomique reste � �valuer, gr�ve la possibilit� pour le S.T.I.F. d?am�liorer l?offre de bus, de financer l?exploitation des nouvelles lignes ou de remplacer le mat�riel roulant obsol�te, ce qui reste, bien �videmment, pour nous, une priorit�.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du Parti de Gauche et ?Les Verts?).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Un petit mot suppl�mentaire ?

Vous aviez toutes les deux d�pass� votre temps de parole? N?en abusez pas.

Madame DOUVIN, tr�s bri�vement ?

Mme Laurence DOUVIN. - Je n?abuserai pas, Monsieur le Maire.

Si j?ai parl� de boulevard p�riph�rique, c?est parce que c?est une voie municipale et qu?effectivement, les reports de la circulation Paris intra-muros se font sur le boulevard p�riph�rique principalement. Il s?agit donc bien d?un probl�me m�tropolitain et parisien.

En ce qui concerne la tarification, je ne questionne pas l?�tat, je questionne le Maire de Paris et j?attends donc une r�ponse et, apparemment, la r�ponse, je ne l?ai pas eue, � croire que la question d�range. La contribution de Paris au S.T.I.F., qui est tout � fait respectable et qui existe, ne r�pond en aucune mani�re � la question de la tarification qui va �tre impos�e aux Parisiens.

Il ne faudrait pas que les Parisiens connaissent la double peine. On prend leur argent pour les investissements � travers la contribution au S.T.I.F. et on prend �galement davantage leur argent par une tarification qui serait v�ritablement trop lourde.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je craignais effectivement que notre r�ponse ne vous convainque pas totalement ; j?en suis tr�s triste.

Je me permets, sur les faits, de rectifier : le p�riph�rique est sous l?autorit� du Pr�fet de police, mais, vous savez, que ce soit le p�riph�rique, les voies sur berges, peu importe que ce soient les uns ou les autres, il faut travailler ensemble et nous travaillons ensemble.

Pour le reste, ch�re Madame, je regrette que, de temps en temps, les �lus de l?opposition aient toujours envie de stigmatiser Paris, car d?apr�s cette fameuse �tude, si elle est s�rieuse, je n?en sais rien, sur les embouteillages, ce n?est pas � Paris que les probl�mes se posent, c?est dans la m�tropole parisienne, et c?est pourquoi, depuis 10 ans, nous donnons la priorit� aux transports de banlieue � banlieue, mais j?aurais aim� que vous vous r�jouissiez qu?� Paris intra-muros, au contraire, il y ait plut�t moins d?embouteillages. En tout cas, je n?ai pas besoin d?�tude pour savoir qu?ils sont beaucoup moins nombreux qu?� Marseille et � Bordeaux, mais cela, apparemment, une �tude le confirme en plus.

Novembre 2010
Débat
Conseil municipal
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