retour Retour

2009, DAC 62 - Signature d'une convention relative à l'attribution d'une subvention à l'association Théâtre de la Ville.


M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Nous abordons � pr�sent le projet de d�lib�ration DAC 62 concernant la signature d'une convention relative � l'attribution d'une subvention � l?association "Th��tre de la Ville" pour le montant de 10,4 millions d?euros.

La parole est � M. COUDERT pour cinq minutes.

M. Thierry COUDERT. - Lors de l'installation hier du Conseil pour la cr�ation artistique, le Pr�sident de la R�publique disait que la culture devait �tre une r�ponse � la crise �conomique mondiale.

Visiblement, ce n'est pas la philosophie qui berce votre budget en mati�re culturelle. J'avais d�plor�, voici deux ou trois mois, le fait que la subvention qui �tait allou�e au Th��tre du Ch�telet n'avait gu�re �volu� depuis un certain nombre d'ann�es, et cette fois, on voit que celle du Th��tre de la Ville, qui est la deuxi�me institution culturelle municipale, n'a pas �volu� depuis trois ans, ce qui conduit, avec l'�volution du co�t de la vie � ce que la part consacr�e � la coproduction passe de 840.000 euros � 600.000 euros alors que pr�cis�ment, ce qui est la raison d'�tre d'une institution de cette nature, c'est de contribuer � la cr�ation culturelle.

C'est d'autant plus injuste que ce th��tre a un taux de remplissage proche de 100 %, un nombre d'abonn�s particuli�rement important et que sa politique est reconnue par tout le monde.

A une �poque o� vous augmentez les imp�ts, il e�t �t� peut-�tre utile de r�server une partie de cette augmentation, que nous avons d�plor�e, � ce sujet puisque la culture, effectivement, semble �tre, comme je l'avais d�j� critiqu� lors du dernier budget, une variable d'ajustement.

Si vous pouviez donc faire un petit effort en mati�re de culture en g�n�ral et de grandes institutions culturelles, nous l'appr�cierions.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - La parole est � Mme Danielle FOURNIER pour cinq minutes.

Mme Danielle FOURNIER. - Je vais d�velopper le point de vue inverse, c'est-�-dire que le Th��tre de la Ville, avec ses deux salles, est tr�s appr�ci� des Parisiens. Il est reconnu au plan national, au plan international �galement. Il contribue d'ailleurs � propager une image de la culture � Paris bien vivante, ouverte sur la diversit� des formes, des genres, bref moderne, dynamique et active.

Cela dit, la subvention que nous votons est une subvention tr�s importante, la seconde en importance dans le domaine culturel apr�s le Ch�telet, si je ne fais pas d?erreur.

Dans le contexte de crise qui se d�veloppe et alors que l'on annonce une r�duction des d�penses que chacun consacre � la culture, il est plus que jamais n�cessaire d'�tre attentif � la gestion de ce que l'on appelle les gros �quipements et de veiller � ce que leur d�veloppement ne se fasse pas au d�triment de structures plus petites.

C?est pourquoi, pour le Th��tre de la Ville, le changement de direction r�cent, les �volutions de programmation peuvent �tre l'occasion d'une attention redoubl�e en mati�re de gestion. Pour notre part, nous ne doutons pas que l'�quipe s?y soit d�j� attel�e mais peut-�tre que le contexte actuel peut inciter � aller plus loin. C'est une question que nous voulons poser � Christophe GIRARD.

Merci.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. le pr�sident POZZO di BORGO, pour cinq minutes.

M. Yves POZZO di BORGO. - Une remarque plus g�n�rale sur la politique des th��tres. C'est une question que je pose � l'adjoint au Maire.

Il est vrai que la fr�quentation payante des th��tres, si l?on ne se r�f�re pas aux invitations distribu�es dans tout Paris - je crois que 9.000 sont distribu�es chaque ann�e - n'est pas compl�tement parfaite. Je ne parle pas du Th��tre de la Ville mais c?est un probl�me plus g�n�ral.

La question que je vous pose est qu'il y a eu un rapport g�n�ral de l'inspection g�n�rale en mars 2007. Dans ce rapport g�n�ral, il est indiqu� que la subvention municipale repr�sente l'essentiel des produits - 77 % je crois - les recettes des billetteries ne couvrant m�me pas les co�ts directs des spectacles.

Sur cette affaire, le rapport pr�cise que "cette situation r�sulte essentiellement d?une politique assise sur une pratique d?invitation assez large".

En tant qu'�lu, j'ai droit � des places, je suis pr�t � les payer s'il faut le faire, mais je crois qu?il faut s?interroger sur ce sujet.

Deuxi�me remarque assez courte : je me suis toujours demand� pourquoi des associations pour g�rer le Ch�telet, le Th��tre de la Ville, pour g�rer le Th��tre du Rond-Point, et je me demande si on n'aurait pas int�r�t, dans le cadre de ce rapport, de cette r�flexion sur le th��tre, � r�aliser une sorte de "benchmarking" des th��tres publics, de leur fonctionnement, de leurs sources de revenus dans les m�tropoles internationales ou europ�ennes afin de mieux situer et �ventuellement repenser notre politique envers les th��tres parisiens.

Nous avons une interrogation � ce sujet et je n'ai pas de solution. C'est plus une question que je vous pose � la suite de ce rapport.

Il y aura un jour ou l'autre, au sein du Conseil de Paris, un grand d�bat sur la politique th��trale. Il y a dix ans, nous avions d�j� eu ce d�bat mais cela n'a pas donn� de suite, d'ailleurs, m�me chez vous, cela n'a pas chang� entre th��tres priv�s, publics et autres.

On a vraiment l'impression que les choses n'ont pas boug� depuis dix ans, m�me s'il y a peut-�tre eu une �volution dans certains domaines.

Il serait int�ressant, mais je ne suis pas ma�tre de l?ordre du jour, c?est l?Ex�cutif, qu'on ait vraiment, durant une matin�e de Conseil de Paris, un d�bat � ce sujet.

C'est un �l�ment important, non seulement de l'image de Paris mais aussi de la vie culturelle et �conomique parisienne.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. Christophe GIRARD, pour vous r�pondre.

M. Christophe GIRARD, adjoint, au nom de la 9e Commission. - Merci beaucoup et en particulier pour vos trois interventions, celle de Thierry COUDERT, celle de Yves POZZO di BORGO et celle de Danielle FOURNIER qui vont permettre de vous apporter un peu plus d'�clairage.

Thierry COUDERT a mentionn� la commission pour la cr�ation artistique que le Pr�sident de la R�publique pr�side lui-m�me et qu'il vient d'installer officiellement hier avec une dizaine de membres.

Le r�le de cette nouvelle commission, comme vous l'avez lu ce matin dans la presse, reste encore tr�s flou mais j'imagine �videmment par solidarit� le soulagement de Christine ALBANEL, la Ministre de la Culture, � l'annonce de sa composition qui risque peu de faire de l'ombre � sa mission minist�rielle avec si peu de surprises : quelques personnalit�s pr�visibles, beaucoup de refus, tr�s peu de transfuges et donc de grands absents.

Regrettons n�anmoins que cette commission comporte peu de diversit�, que les nouvelles pratiques artistiques n'y soient pas pr�sentes, qu'une seule femme y si�ge et que les repr�sentants de la France m�tiss�e, les jeunes et les trentenaires en soient totalement absents.

Saluons n�anmoins la pr�sence du remarquable professeur Emmanuel ETHIS dont les travaux sur les publics de la culture nous inspirent et nous orientent r�guli�rement dans nos politiques locales et en particulier � Paris.

Au sujet du Th��tre de la Ville, vous avez entendu deux points de vue int�ressants. D'un c�t�, Danielle FOURNIER, � juste titre, s'inqui�te du non renouvellement des publics, s'inqui�te que le syst�me d'abonnement, c'est ce qui �tait sous-entendu, enferme les publics et emp�che � de nouveaux spectateurs, quels que soient leurs origines et leur �ge, d'aller au Th��tre de la Ville alors que c'est financ� par l'ensemble des Parisiens.

Nous allons travailler en effet � un meilleur acc�s � ce th��tre au sein de l'enveloppe des plus de dix millions d'euros. Ce n'est pas une petite somme, vous savez combien les contribuables Fran�ais sont attach�s � la bonne d�pense de leurs deniers � juste titre, nous avons donc des comptes � rendre.

Nous serons en mesure de r�pondre � Danielle FOURNIER dans les mois � venir puisque Emmanuel DEMARCY-MOTA, le Directeur, travaille � une nouvelle politique des publics.

La Direction du Th��tre de la Ville, apr�s de nombreuses ann�es aux mains de G�rard VIOLETTE, est assur�e depuis septembre 2008 par le franco-portugais et tr�s talentueux Emmanuel DEMARCY-MOTA, acteur, metteur en sc�ne, qui dirigeait le Centre dramatique national de Reims depuis 2002.

Le Th��tre de la Ville est une institution de r�f�rence sur le plan national et international dans les domaines de la danse contemporaine, du th��tre et des musiques du monde.

Le montant de la subvention repr�sente la deuxi�me plus importante subvention accord�e � la Ville � une association, la premi�re �tant le Th��tre du Ch�telet.

Dans un contexte �conomique g�n�ral contraint, une attention particuli�re est port�e sur la stabilit� budg�taire des grands �quipements, recevant les plus importantes subventions au titre de la culture. Je pense que, Thierry COUDERT, politiquement, l� o� il se situe, est en mesure de comprendre non pas la rigueur budg�taire mais en tout cas le s�rieux de la gestion d'un �tablissement culturel.

Pour rappel, la subvention de fonctionnement du Th��tre de la Ville a augment� de 2001 � 2006, passant de 9.756.737 euros � 10.400.000 euros, soit une augmentation d'environ 650.000 euros. Elle s'est stabilis�e � 10.400.000 euros depuis 2006.

Quant aux subventions d'�quipement accord�es au Th��tre de la Ville, elles varient entre 243.000 et 373.000 euros selon les ann�es depuis 2001.

Il faut savoir que la subvention de 10.400.000 euros du Th��tre de la Ville permet de couvrir 74 % de ses d�penses.

Par ailleurs, les bons r�sultats comptables de 2007, li�s notamment � un d�gr�vement fiscal obtenu avec le concours du d�put� Patrick BLOCHE, ont permis de d�gager un b�n�fice de 300.000 euros.

En 2008, le th��tre a pu augmenter de 100.000 euros les avances de coproduction artistique de l'ann�e suivante.

Vous avez une bonne gestion et en m�me temps des r�sultats qui montrent que l'augmentation n'est pas vraiment n�cessaire.

Pour 2009, en ce qui concerne les recettes, les pr�visions de billetterie sont bonnes. Pour les d�penses, les engagements artistiques sont � montant constant et la masse salariale devrait conna�tre une l�g�re inflation.

Le Th��tre de la Ville pourra donc, avec une subvention stable, continuer � mener sa politique artistique et la gestion �quilibr�e de son fonctionnement g�n�ral.

La subvention permet au th��tre de mener une politique artistique ambitieuse pour la cr�ation, tout en maintenant des tarifs accessibles au plus grand nombre.

J'ai bien entendu ce que Danielle FOURNIER disait, n�anmoins je crois que Emmanuel DEMARCY-MOTA, lorsqu'il aura totalement mis au point son plan d'action pour les ann�es � venir pour le th��tre, sera en mesure de nous donner des pr�cisions sur les tarifications et sur les abonnements.

La politique tarifaire du Th��tre de la Ville est en effet tr�s avantageuse. Le prix des places hors abonnement s'�chelonne de dix � 30 euros. Pour les jeunes de moins de 30 ans, de nouvelles formules ont �t� mises en place par Emmanuel DEMARCY-MOTA.

Les tarifs propos�s sont compris entre huit et 12 euros. En coproduisant la majeure partie des spectacles programm�s, le Th��tre de la Ville est l'un des rares � Paris � pouvoir financer tr�s en amont des projets qui ne pourraient pas �tre r�alis�s sans son intervention financi�re et artistique.

Cette particularit� fait de ce haut lieu de spectacle vivant une sc�ne unique o� se produisent � la fois des artistes de renom et de nouveaux talents.

Quelques chiffres : pour la saison 2007-2008, 95 spectacles, 34 cr�ations, 400 repr�sentations, 250.000 spectateurs, C'est-�-dire quasiment 10 % de la population parisienne. La fr�quentation est donc excellente avec un taux de 90 %. Un renouvellement s'est op�r� avec l'arriv�e d'Emmanuel DEMARCYMOTA.

Les grands axes de son projet sont les suivants : ouvrir davantage le th��tre � l'international avec la programmation de spectacles en langues �trang�res, le renforcement des liens avec des th��tres �trangers et que l'�tranger dans notre esprit nous devienne le familier.

Donner une place importante aux auteurs contemporains, mettre plus en valeur la po�sie dans la programmation, d�velopper des r�sidences d'artistes en partenariat avec le "104" et nos fameux th��tres d'arrondissement et ceux de la proche couronne.

D�velopper des actions d'�ducation artistiques pour les enfants, maintenir des prix accessibles au plus grand nombre et particuli�rement aux plus jeunes avec notamment des abonnements simples et ouverts.

Pour r�pondre � M. POZZO di BORGO, je crois qu'on peut dire que concernant la politique d'invitation des th��tres municipaux, ce n'est malheureusement ou heureusement pas un probl�me sp�cifique aux th��tres municipaux.

Tous les th��tres parisiens, publics comme priv�s, pratiquent une politique d'invitation, notamment aupr�s des journalistes, la concurrence � Paris �tant particuli�rement rude.

Pour d�gager plus de recettes de billetterie, il faut plus de communication et avoir plus d'articles dans la presse qui fait venir un plus grand public. Il est important d'accorder des invitations dans ce but.

Je suis d'accord sur le fait, je l'ai d'ailleurs r�clam� d�s 2001, que nous devons revoir la politique men�e sur les invitations faites aux �lus car souvent, ils ne se d�placent pas ou se font remplacer.

Il m'est arriv� d'avoir une demande pour le Ch�telet, avant l'�lection pr�sidentielle de 2007, d'un conseiller du Pr�sident de la R�publique pour une place et, finalement, les deux personnes qui se sont pr�sent�es n'avaient rien � voir avec celui et celle qui avaient demand� ces places.

On peut en effet �tre plus s�v�re avec l'utilisation des places gratuites. Je suis pour qu'il y ait un d�bat l�-dessus. Je suis pr�t � avoir avec M. Yves POZZO di BORGO un �change.

Il m'arrive souvent de demander des places que je paie, je trouve cela tout � fait normal.

En ce qui concerne la politique g�n�rale des th��tres municipaux, je vous propose, comme � Genevi�ve BERTRAND de votre groupe et Pr�sidente de la 9e Commission, que vous puissiez �tre associ�s � la r�flexion que nous menons sur les th��tres.

En effet, personne ne d�tient la v�rit�, en particulier dans une ville o� il y a le plus grand nombre de th��tres au monde avec de vraies difficult�s pour les th��tres priv�s qui se voient mis en concurrence avec des th��tres subventionn�s, soit par l'Etat soit par la Ville.

Les r�gles ne sont pas les m�mes pour tous les th��tres. Une bonne discussion de fond, non partisane, mais qui cherche � inscrire la place du th��tre dans les 20 ans � venir serait une tr�s bonne chose pour la Ville.

Je remercie Yves POZZO di BORGO de bien vouloir me soutenir dans cette d�marche que j'ai entreprise d�s 2001.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur GIRARD.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 62.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2009, DAC 62).

Février 2009
Débat
Conseil municipal
retour Retour