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14 - 2003, DAUC 108 - Attribution de la dénomination "place Ginette Hamelin" à une place du 12e arrondissement


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DAUC 108. Ce projet concerne l'attribution de la d�nomination "place Ginette Hamelin" � une place du 12e arrondissement.
Je donne la parole � M. Jos� ESPINOSA.
M. Jos� ESPINOSA. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, en attribuant le nom de "Ginette Hamelin" � une place du 12e arrondissement, le Conseil de Paris rend hommage � une r�sistante, une femme et une communiste.
N�e en 1913 sous le nom de Jeannine SIVERE, sa jeunesse est marqu�e par la crise �conomique et sociale des ann�es 30 qui s�vit, ainsi que par la mont�e du fascisme en Europe, notamment en Allemagne avec le triomphe de Hitler.
Apr�s de brillantes �tudes scientifiques, elle obtient son dipl�me d'�cole sup�rieure des travaux publics en 1935, et devient ainsi la premi�re femme architecte dipl�m�e de ce niveau. Tout en suivant son cursus scolaire, Ginette s'int�resse vivement au monde qui l'entoure, aux �v�nements qui ne peuvent laisser indiff�rent sa curiosit�, sa soif de connaissances, ses id�es de justice, d'�galit� et de libert�. Les �v�nements de f�vrier 1934 la conduisent � militer au sein des jeunesses communistes. Ses activit�s politiques vont s'intensifier avec la mont�e du Front populaire. La victoire de juin 1936 va d�cupler ses efforts politiques pour rassembler la jeunesse, notamment pour soutenir le Gouvernement de la R�publique espagnole �trangl�e par la coalition de l'arm�e rebelle franquiste, alli�e � l'Allemagne nazie et � l'Italie fasciste.
C'est �galement en 1936 qu'elle �pouse Jacques Hamelin, polytechnicien, dont elle aura une fille l'ann�e suivante. Avec son mari, Ginette travaille aux �tablissements Barbet dans le 12e arrondissement.
D�s septembre 1939, Ginette est attentive au d�veloppement de ce que les historiens nommeront "la Dr�le de guerre". Les activit�s communistes ayant �t� interdites d�s 1939, Ginette poursuit son travail militant clandestin. Son mari, lieutenant, est tu� sur le front le 15 mai 1940 lors de l'invasion allemande et recevra � ce titre la L�gion d'honneur � titre posthume.
Les Allemands occupent Paris et la moiti� du pays. Ginette, fid�le � ses id�aux communistes et r�publicains, entre avec sa famille en r�sistance contre l'ennemi. Elle rejoint les francs-tireurs et partisans fran�ais. Agent de liaison et de renseignement d�but 1941, elle n'en demeure pas moins militante des comit�s f�minins mis en place par les communistes avec l'objectif de rassembler les femmes autour de revendications mat�rielles.
Le 31 mai 1942, on la retrouve rue de Buci � la manifestation des comit�s f�minins dirig�s par Madeleine Marzin et Lise London. Quelque temps avant, Ginette, qui travaillait au Minist�re de la Construction, avait dessin� le titre de "l'usine nouvelle" ron�otyp�e qui devait ressembler parfaitement � celui du p�riodique patronal d'avant-guerre pour essayer de p�n�trer les milieux d'affaires fran�ais. Elle avait aid� Jean J�r�me � p�n�trer ces milieux pour y collecter l'argent n�cessaire aux F.T.P. Elle est devenue responsable des services de renseignement aupr�s du comit� national des F.T.P., avec le grade de sous-lieutenant. Ses parents habitent un immeuble situ� 5, avenue Courteline, porte de Saint-Mand� depuis 1938. C'est l� que le 13 avril 1943, sur d�nonciation, les policiers fran�ais arr�tent Ginette, sa m�re et sa demie s?ur jumelle.
Apr�s un passage � la 2e Brigade de la Pr�fecture de police puis par la Conciergerie de Paris, elles sont remises aux autorit�s nazies rue des Saussaies. Le calvaire commence.
Elles connaissent la prison � Fresnes puis � Romainville.
Le 29 ao�t 1943, immatricul�e 22.385, Ginette se retrouve avec le convoi des 22.000 qui part de la gare de l'Est et qui a pour destination le sinistre camp de Ravensbr�ck. C'est dans ce camp qu'elle contracte la tuberculose. Elle est admise au "revier". Une femme, se disant Suisse et pr�tendant �tre m�decin qualifi�, se met en t�te de faire des pneumothorax sur les femmes du block 10. Ginette est la premi�re choisie pour ces essais.
Le 14 octobre 1944, mortellement bless�e � la pl�vre, Ginette agonise dans la douleur et les r�les, entour�e de ses camarades de d�tention qui br�leront ce jeune corps de trente et un ans.
Jusqu'� la fin de sa vie, ses lettres confirment ses espoirs et sa certitude d'une France lib�r�e dans une Europe pacifi�e.
Cinquante-neuf ans apr�s, presque jour pour jour, nous saluons sa m�moire et son courage. C'est avec une grande �motion que les �lus du groupe communiste voteront le projet de d�lib�ration qui nous est pr�sent� aujourd'hui.
(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - M. Jean-Pierre CAFFET a la parole.
M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Madame le Maire, je n'ai rien � ajouter � la tr�s belle intervention de M. ESPINOSA.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Paris s'honorera en effet d'avoir une rue au nom de Mme Hamelin et, de plus, c'est une femme.
Vous savez que nous souhaitons accro�tre le nombre de rues de Paris portant des noms de femmes puisque nous n'avons aujourd'hui que 2,5 % de rues qui portent des noms de femmes.
Je crois que nous pouvons �tre doublement heureux aujourd'hui du vote sur ce projet.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAUC 108.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2003, DAUC 108).

Octobre 2003
Débat
Conseil municipal
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