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2010, Intervention de M. le Maire de Paris.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vais vous donner un peu mon sentiment sur ce budget.

Mes chers coll�gues, un budget, c'est d'abord une hi�rarchie des priorit�s, c'est-�-dire des choix assum�s.

En vous pr�sentant ce matin le projet de budget de notre collectivit� pour 2011, je renonce donc d'embl�e � l'exhaustivit�. Je tiens en revanche � tracer quelques grandes lignes qui identifient notre politique et qui peuvent s'exprimer en quatre mots : solidarit�, diversit�, dynamique, exigence.

J'ai envie de rajouter silence, mais bon.

Solidarit�, diversit�, dynamique et exigence.

Solidarit� d'abord. L'effort social de notre collectivit� a augment� de pr�s de 75 % depuis 2001 pour s'�lever aujourd'hui � plus de 2 milliards d'euros.

Cet �lan sera acc�l�r� parce que la crise n'est pas finie et que les Parisiens en subissent de plein fouet les cons�quences.

Dans ce contexte, la solidarit� passe notamment par des moyens pour aider au retour � l'emploi.

Certes, depuis bient�t deux ans, le taux de ch�mage parisien est pass� pour la premi�re fois depuis 20 ans en dessous du taux national, il s'�tablit � 8,7 % contre 9,3 % au plan national.

Mais cela reste �videmment trop �lev� et nous devons continuer � mobiliser tous les instruments disponibles.

Au-del� m�me de l?augmentation des cr�dits attribu�s aux allocations R.S.A. qui passent � 310 millions d?euros, nous renforcerons les moyens du plan d�partemental d'insertion et nous intensifierons notre action dans le secteur de l'�conomie sociale et solidaire.

Dans la mesure de ses comp�tences et parfois m�me au-del�, la collectivit� parisienne, et ce budget l?atteste, veillera donc � �tre pr�sente aupr�s de tous ceux qui attendent d'elle protection et soutien.

Mais la solidarit�, c'est aussi plus simplement encore, prot�ger les plus vuln�rables, et je pense en particulier aux enfants en situation de solitude ou de d�tresse sociale.

Les cr�dits de l'Aide sociale � l'enfance, qui soutiennent

26.000 jeunes, seront ainsi sensiblement augment�s, avec notamment une hausse de plus de 8 % des sommes destin�es aux mineurs �trangers isol�s.

Ces enfants, de plus en plus nombreux dans notre ville, sont en effet dans une situation souvent dramatique et l'�tat, sur ce sujet comme sur tant d'autres, n'assume pas ses responsabilit�s.

Mais au-del� m�me de la solidarit�, Paris doit �tre une ville diverse.

Car la vie d'une m�tropole, c'est une multiplicit� d'origines, de g�n�rations et de cultures.

Cette diversit� doit d'abord �tre sociale, et la r�alisation de cet objectif passe par une politique d�termin�e en faveur du logement.

Je r�affirme ici notre volont� d'atteindre en 2014, en 2014, les 20 % de logements sociaux, soit avec six ann�es d'avance sur les �ch�ances fix�es par la loi S.R.U.

En 2011, 6.000 logements suppl�mentaires seront bien financ�s, et nous renforcerons les moyens du dispositif "Louer Solidaire", de m�me que ceux de "Paris Logement", qui soutient sous condition de ressources les Parisiens qui consacrent plus de 30 % de leurs revenus � leur loyer.

Comme je vous l'avais annonc� lors de notre pr�c�dente s�ance, ce dispositif, qui est venu en aide � 35.000 foyers en 2010, sera �tendu aux retrait�s et aux personnes handicap�es.

Nous en d�battrons lors de notre prochaine s�ance, mais pour amorcer d�s maintenant cette nouvelle mesure, 2 millions d'euros suppl�mentaires ont �t� inscrits � cette fin dans le budget primitif.

Car le probl�me du logement dans notre ville, qui compte plus de 60 % de locataire, c'est bien s�r avant tout l'envol�e des loyers.

Aussi, je le r�p�te, nous souhaitons exp�rimenter dans la Capitale un dispositif d'encadrement des loyers � la premi�re location et au changement de locataire. Il faut pour cela que l'Etat prenne les dispositions l�gislatives et r�glementaires n�cessaires.

De m�me, nous attendons du Gouvernement qu'il d�bloque les emprises fonci�res qui permettraient de construire plus de 5.000 logements avant 2014.

Cette d�cision, que je r�clame avec insistance, aurait une influence tr�s positive sur l'offre de logements alors que la sp�culation immobili�re se nourrit pr�cis�ment de la raret�.

Cela contribuerait aussi � renforcer la diversit� sociale de Paris.

Mais la diversit� est aussi celle des g�n�rations. Nous voulons une ville pour tous les �ges de la vie. Ainsi, en 2011, 55 millions d'euros seront investis dans les cr�ches. Et en 2014, Paris comptera bien 10.300 berceaux de plus qu'en 2001, ce qui repr�sente une augmentation de plus de 50 % par rapport � 2001.

Quant aux �coles, 108 millions d'euros leur seront consacr�s l'ann�e prochaine en investissements, notamment pour la restructuration des groupes scolaires Binet, dans le 18e, Keller-Bullourde dans le 11e, et Olivier-de-Serres dans le 15e.

A l'autre bout de la vie, pour le soutien � nos a�n�s, le C.A.S.-V.P. ouvrira en 2011 trois nouveaux �tablissements pour les personnes �g�es d�pendantes. Car c'est bien notre ambition : faire de Paris une ville accueillante pour tous sans distinction d'aucune sorte.

Solidaire, diverse, notre Capitale doit aussi �tre dynamique, et le budget 2011 traduit pleinement cette part de notre identit�.

Dynamique urbaine avant tout.

Parmi la quarantaine de projets importants engag�s, je citerai les Halles, mais aussi Boucicaut, Saint-Blaise, et les op�rations dans les Z.A.C. "Batignolles", "Paris Rive gauche" et "Paris Nord-Est", et bien s�r, le r�am�nagement des voies sur berges, qui restituera � tous les amoureux de Paris ce site unique entre tous.

Oui, Paris aura chang� en 2014, dans le respect scrupuleux de son patrimoine mais avec le souci de l'avenir, c'est-�-dire notamment la prise en compte du d�fi climatique.

Dans cet esprit, nous continuerons de cr�er des espaces verts, et 46 millions d'euros sont pr�vus � cet effet pour 2011.

Dans cet esprit toujours, nous intensifierons notre politique de diversification des moyens de transport, qui a d�j� produit des effets tr�s concrets.

Nous voulons que chacun ait le choix de son mode de d�placement. En dehors du tramway, dont la prolongation se poursuivra �videmment, 2011 sera l'ann�e d'Autolib'.

Cette v�ritable nouveaut� dans la fa�on de concevoir la m�tropole moderne est men�e en partenariat avec 38 collectivit�s voisines, qu'elles soient socialistes, communistes, Nouveau Centre ou U.M.P. Seuls les �lus de la Droite parisienne ont choisi, et je le regrette, de rester en dehors de cette dynamique.

Il est vrai qu'ils �taient aussi contre le tramway, contre "Paris M�tropole" et qu'ils sont aujourd'hui contre le projet des voies sur berges que nous menons l� encore avec des �lus de l'agglom�ration venus de toutes les familles politiques.

Mais chacun est libre de choisir comme il l'entend, ce que je crois �tre le vrai choix, entre l'immobilisme et le mouvement, l'anachronisme et l'innovation.

Et on peut toujours aller chercher son inspiration � l?�lys�e plut�t qu'aupr�s des Parisiens.

(Applaudissements).

Non, je ne suis vraiment pas jaloux.

Mes chers coll�gues, puisque je parle?

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - C'est toujours la m�me chose.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Restez d�tendus : il y en aura d?autres. Comme j?essaie d?�tre d�tendu parfois pendant vos interventions, et j'y ai quelque m�rite.

Mes chers coll�gues, puisque je parle d'innovation, l'examen de ce budget est pour moi l'occasion de faire un point sur un sujet o� j'ai �t� souvent contest� par l'opposition, c'est l'un des engagements importants que j'avais pris devant les citoyens avant les derni�res municipales.

Entre 2008 et 2014, nous aurons bien consacr� un milliard d'euros � la recherche, aux universit�s et aux entreprises innovantes.

D'ailleurs, la moiti� de cette somme est d�j� engag�e � ce moment de notre mandat.

Avec l'impulsion donn�e � de grands �quipements comme l'Institut de la vision ou l'Institut du cerveau et de la moelle, ou avec le soutien aux P.M.E., des p�pini�res et des incubateurs continuent en outre � ouvrir leurs portes. Ce sera le cas en 2011, entre autres, rue des Poissonniers ou rue du Chemin-Vert.

Et nous maintiendrons bien s�r notre contribution au dynamisme universitaire de Paris et � la recherche sous toutes ses formes, en particulier en menant � bien le projet de l'Institut d'�tudes avanc�es et en poursuivant le grand chantier de r�novation de la biblioth�que de la Sorbonne.

Bien entendu, l'ensemble de ces projets co�te cher, et rien ne serait possible sans une gestion tr�s s�rieuse de nos finances.

C'est pourquoi, au service de la solidarit�, de la diversit� et de la dynamique de Paris, nous mettons une tr�s grande exigence.

Celle-ci s'applique d'abord � nos d�penses de fonctionnement.

Les charges � caract�re g�n�ral seront ainsi en 2011 en l�g�re diminution, ce qui repr�sente un effort consid�rable, si l'on consid�re l'ensemble des �quipements et services qui seront ouverts.

Quant aux emplois, ils seront stabilis�s, les besoins nouveaux �tant pourvus par red�ploiement. A l'heure o� le Gouvernement g�le la valeur du point Fonction publique, nous voulons pr�parer, au terme d'une n�gociation que j'ai confi� � Ma�t� ERRECART - elle est d'ailleurs d�j� lanc�e avec les syndicats - un train de mesures destin�es avant tout � renforcer le pouvoir d'achats de nos agents dont les revenus sont les plus bas, et � am�liorer les conditions de travail de tous.

De m�me, nous poursuivrons, sous l'autorit� de la Secr�taire g�n�rale, les r�formes structurelles de notre administration. A cet �gard, je rappelle que la mise en place de la Direction des achats a permis des �conomies de quelques 15 millions d'euros sur les march�s pass�s entre octobre 2009 et octobre 2010. Cette impulsion se poursuivra.

Mes chers coll�gues, ce budget a �t� �tabli dans un contexte de tr�s grande incertitude, li�e notamment au comportement de l'Etat. D'abord, celui-ci s'obstine � refuser aux Parisiens un droit constitutionnel : la compensation int�grale de toutes les d�penses correspondant aux comp�tences transf�r�es aux collectivit�s locales.

La dette de l'Etat envers de Paris s'�l�ve aujourd'hui � 470 millions d'euros et il a fallu que nous allions devant la Justice pour que l'Etat consente enfin � prendre sa part du financement de la Maison d�partementale des personnes handicap�es.

Mais il faut ajouter � cela la suppression de la taxe professionnelle, qui est conduite d'une fa�on extr�mement confuse. Les entreprises parisiennes devront, au titre du nouveau dispositif envisag�, verser une contribution deux fois sup�rieure - je dis bien : deux fois sup�rieure - � ce qu'elles acquittaient jusqu'� pr�sent, et ce matraquage ne profitera �videmment pas aux finances de la Ville.

Je ne suis pas s�r que les acteurs �conomiques parisiens aient clairement pris conscience de ce danger et je souhaiterais que les parlementaires, qui ont vot� cette r�forme, ne fuient pas leurs responsabilit�s. Non seulement donc l'Etat affaiblit les collectivit�s locales, mais ils bride la comp�titivit� des entreprises de Paris.

En d�pit de ces r�alit�s, notre budget se veut volontariste et s�rieux. Il est �difi� sur trois principes.

Premi�rement, nous ne toucherons plus au taux des imp�ts locaux. Les hausses de 2009 et 2010 auront donc �t� les seules en treize ans.

Rappelez-vous de ce que je viens de dire sur la taxe professionnelle et sur l'effet sur les entreprises parisiennes : un doublement de leur contribution ! Ce qui permet de relativiser les deux ann�es d'augmentation d'imp�ts locaux � Paris en treize ans et qui permettent � Paris de rester la ville o� les contribuables sont les moins impos�s de toutes les grandes villes de France.

Deuxi�mement, nous maintiendrons un endettement mod�r�. D?ailleurs, je lisais ce matin dans un journal que nous n'�tions pas assez endett�s. Et la semaine derni�re, je lisais dans un autre journal que nous �tions vraiment dans une situation catastrophique !

Nous devons �tre, cher Bernard GAUDILL�RE, sur l'�quilibre du s�rieux. Nous allons donc maintenir un endettement mod�r�. Le plafond d'emprunt pr�vu au budget 2011 s'�l�vera � 770 millions d'euros. M�me s'il �tait int�gralement utilis�, cela laisserait notre ville � un niveau d'endettement tr�s raisonnable : 45 % de nos recettes de fonctionnement contre 80 % en moyenne dans les grandes villes.

Troisi�me principe, nous investirons encore de fa�on r�solue. L'investissement avait doubl� entre 2001 et 2008. Il a augment� depuis de 18 % en moyenne annuelle, et il s'�l�vera en 2011 � pr�s de 1,7 milliard d?euros. Nous ne rel�cherons pas cet effort parce que c'est, pour Paris, un gage de progr�s.

Mes chers coll�gues, le budget qui vous est pr�sent� ce matin exprime dans sa diversit� le dynamisme de notre Ville.

Je tiens � remercier toutes celles et tous ceux qui y ont contribu�, au premier rang desquels tous les agents de notre collectivit� et bien s�r la Direction des finances.

J?exprime une nouvelle fois ma gratitude � l'ensemble de l'Ex�cutif, qui a contribu� � l'�laboration de ce budget, et bien s�r tout particuli�rement � Bernard GAUDILL�RE, qui comme toujours a conduit la pr�paration de ce budget avec beaucoup d'intelligence, de discernement et de sens des priorit�s.

(Applaudissements).

Et � vous tous, mes chers coll�gues, je veux dire, sans aucun spleen, ma confiance totale dans le mouvement de Paris.

Merci.

(Applaudissements).

Décembre 2010
Débat
Conseil municipal
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