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2010, DF 37 - Bail emphytéotique administratif - concession de travaux pour la rénovation et l'exploitation du Palais Brongniart, place de la Bourse (2e).


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Nous passons � la 1�re Commission en examinant le projet de d�lib�ration DF 37.

Je donne la parole � M. Jacques BOUTAULT.

(Mouvements divers dans l'h�micycle).

(M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, remplace Mme Anne HIDALGO au fauteuil de la pr�sidence).

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t ! Ceux qui veulent sortir de la salle pour aller au bistrot, ils peuvent y aller? De mani�re � laisser la parole au maire du 2e arrondissement.

Vous avez la parole, Monsieur.

M. Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement. Merci, Monsieur le Maire.

La d�cision de la commission sp�ciale, compos�e � la proportionnelle du Conseil de Paris, qui fait l'objet du projet de d�lib�ration qui nous est soumis et qui est destin� � choisir le concessionnaire pour le Palais Brongniart ressemble � un rendez-vous manqu�.

L'op�ration avait pourtant bien commenc�. En 2004, je m'�tais inqui�t� du devenir de ce site historique situ� en plein coeur de la Capitale. G�r� par Euronext, un consortium international de soci�t�s de bourse, cet �difice municipal faisait figure de bunker imp�n�trable au public, tourn� vers lui-m�me, ferm� sur la ville et prot�g�e par ses hautes grilles et ses vigiles.

J?avais �mis l?id�e d?y implanter une activit� ouverte sur son environnement dans le domaine de l'�conomie num�rique, le d�veloppement durable et l'�conomie sociale et solidaire alors qu?on s'en souvient, l'U.M.P. locale voulait transformer l?�difice en un casino.

Entam�e d�s 2008, la tr�s large consultation men�e par �ric FERRAND, mandat� par le maire de Paris, avait abouti � une id�e proche visant � faire du Palais Brongniart le Palais de la Terre.

Il s'agissait d'y implanter des activit�s reposant sur les trois piliers du d�veloppement durable : l'environnement, le social et l'�conomique, et de transformer l'�difice en un b�timent exemplaire en mati�re de consommation �nerg�tique avec, par exemple, l'implantation de panneaux solaires.

Malheureusement, la promesse n'a pas �t� tenue. Le processus s'est par la suite d�grad�. Dans le cahier des charges de l'appel � projets, �labor� sans que les �lus soient consult�s, toute r�f�rence au d�veloppement durable a �t� gomm�e. De plus, la composition de la commission sp�ciale charg�e d'�clairer la d�cision du Conseil de Paris a �t� strictement proportionnelle au Conseil de Paris, niant l?importance de l?aspect local de la d�cision. Si j'ai pu si�ger au sein de cette commission, c'est uniquement comme repr�sentant de mon groupe politique. Je regrette enfin, malgr� mes demandes, que la commission n?ait pas jug� bon de prendre le temps de consulter les conseils de quartier.

� ces deux rendez-vous manqu�s, le premier avec le d�veloppement durable, le deuxi�me avec les �lus locaux, les conseillers de quartier et les riverains, s?en ajoute un troisi�me : celui de l'audace.

Bien s�r, nous nous r�jouissons de l?�viction du gestionnaire actuel, qui n'a jamais su faire du Palais Brongniart un lieu attractif et ouvert sur son environnement.

Pourtant, nous sommes convaincus qu?un choix plus audacieux que celui qui nous est propos�, celui de GL Events, �tait possible. Certes, cette entreprise cot�e en bourse pr�sente un projet solide, ax� sur les nouvelles formes entrepreneuriales avec un zeste d'�conomie sociale, auquel s'ajoute une structure d'emploi pour les personnes handicap�es, un restaurant de luxe et des locations de bureaux. Son coeur de m�tier, l'organisation de salons professionnels, garantit sans doute que le site sera anim�.

N�anmoins, il ne faudrait pas que le Palais Brongniart abrite le m�me type d?activit�s que les hangars de la Porte de Versailles ou de Villepinte. Son id�e de cr�er un comit� de site est toutefois bonne.

Une inqui�tude majeure cependant se fait jour ; les accords commerciaux que GL Events serait en train de nouer avec Euronext pour une gestion d'une partie du site ; � peine �vinc� par la porte, il ne faudrait pas que ce dernier rentre � nouveau par la fen�tre.

Mais le projet pr�sent� par le groupe SOS avait une tout autre allure. Particuli�rement abouti et coh�rent, op�rant une rupture radicale avec l'existant, il aurait permis de faire entrer une grande entreprise de l'�conomie sociale et solidaire dans l'ancienne bourse de Paris.

Avec ce projet r�ellement novateur, la Ville avait une occasion en or de promouvoir une autre vision de l'�conomie, une �conomie dont le but n'est pas de faire du profit.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Chut ! Continuez.

M. Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement. En outre, le projet S.O.S. �tait le plus ouvert sur son environnement car il pr�voyait, outre une programmation �v�nementielle ax�e sur l'�conomie solidaire, une p�pini�re d'entreprises d�di�e aux entrepreneurs sociaux, un centre consacr� aux nouvelles technologies, mais aussi un piano-bar, une cr�che, un espace am�nag� pour recevoir et redistribuer les projets des A.M.A.P.

Ce projet �tait aussi le plus cr�ateur d'emploi et offrait la meilleure rente � la Ville parmi les trois propositions : 2,5 millions d'euros de redevance forfaitaire annuelle et une part variable d'un montant de 30 � 45 % du chiffre d'affaires, contre 3,2 millions de redevance et 3 % sur le chiffre d?affaires propos� par GL Events et 1,4 millions et 14 % sur le chiffre d'affaires par Euronext.

Alors, qu'est-ce qui a manqu� � S.O.S. ? Sans doute, d'apr�s la commission, des garanties hypoth�caires et une solidit� financi�re caract�ris�e par plus de fonds propres aurait donn� plus de confiance.

Mais peut-on juger une entreprise de l'�conomie sociale et solidaire avec les crit�res de l'�conomie traditionnelle ?

De plus, ces garanties sont utiles uniquement en cas d'�chec du projet, ce que rien ne laisse supposer.

Avec GL Events, je conclus, le choix de la Ville est le choix d'une gestion en bon p�re de famille, au d�triment, h�las, de l'audace et de l'innovation.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs du groupe "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je donne la parole �galement pour cinq minutes � Mme Sylvie WIEVIORKA.

Mme Sylvie WIEVIORKA. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, Monsieur le Maire, je suis conseiller de Paris du 2e arrondissement, o� est situ� le Palais Brongniart, et c'est � partir de la connaissance de mon arrondissement d'�lection que je veux situer cette intervention.

Les habitants du 2e, tout comme les Parisiens dans leur immense majorit�, connaissent l?existence du Palais Brongniart sous le nom de "Bourse de Paris", mais ils ne savent absolument pas � quoi cet �difice peut bien �tre employ�. Seuls les plus inform�s comprennent que les transactions boursi�res ne se font plus l� comme par le pass�. Il y a une absence de visibilit� de ce qui s?y fait ou du moins de ce qui s'y faisait ; les nombreuses soir�es et r�ceptions mondaines qui y sont organis�es donnent � penser que c?est un lieu myst�rieux, r�serv� � une �lite parisienne, impression d?ailleurs confort�e par les grilles qui l?entourent.

Les Parisiens ne savent sans doute m�me pas que ce b�timent est propri�t� de la Ville de Paris.

Depuis plusieurs ann�es, alors que s'annonce la fin de la convention qui lie la Ville � Euronext, des suggestions plus ou moins fantaisistes ont circul�, surtout en p�riode �lectorale, sur la future affectation du Palais Brongniart, qui sont all�es de l'installation d'un casino pour l?�lu U.M.P. local � une super �cole d?informatique pour "Les Verts" � une certaine p�riode.

D�s notre �lection en 2001, nous nous sommes int�ress�s � la question de son devenir.

L'id�e d?ouvrir le Palais Brongniart sur le quartier et sur la ville m?a d?ailleurs amen�e � proposer aux conseils de quartier du 2e d?y organiser chaque ann�e un bal : le bal des conseils de quartier. C'est ainsi que depuis 2002, les habitants du 2e, mais pas seulement, viennent tous les ans plus nombreux et sont enchant�s de pouvoir p�n�trer dans un b�timent qui leur est ferm� le reste de l'ann�e. C?est, en quelque sorte, un avant-go�t de ce que pourrait offrir l'ouverture au public d'un tel �quipement.

Lors de la campagne des municipales de 2008, j?ai rencontr� divers acteurs �conomiques du centre de Paris, qui avaient, d�j� � cette �poque, tous plaid� pour que le Palais Brongniart soit affect�, lors de la nouvelle convention, � des activit�s �conomiques innovantes et compatibles avec un centre-ville hyper dense.

En vue du renouvellement de l'attribution de la concession, le Conseil de Paris a approuv� la cr�ation d?une commission charg�e d'�tudier et de classer les r�ponses � l'appel d'offres. J?ai �t� charg�e par Bertrand DELANO� d?en assurer la pr�sidence, le maire du 2e, Jacques BOUTAULT, comme il l?a dit, a �t� d�sign� par son groupe pour en �tre membre.

Je voudrais, � cette occasion, remercier l?ensemble des membres de la commission pour la qualit� de leur travail, ainsi que les services qui nous ont accompagn�s pendant tous nos travaux.

Les candidats ont �t� invit�s � proposer un projet d?exploitation et de r�novation selon trois axes : une ouverture au public tout au long de l'ann�e et sur l?ensemble des espaces du Palais susceptibles de s'y pr�ter, l'optimisation, la mutualisation, la valorisation des espaces de r�ception comme des espaces de travail, notamment les bureaux, la cr�ation d'un ou plusieurs espaces commerciaux, notamment de restauration ou de service.

Il �tait, en outre, pr�cis� dans le cahier des charges que ces activit�s devaient s?inscrire dans un sch�ma d?ensemble coh�rent, alliant innovation et �conomie sociale et solidaire et que le projet devait �tre fortement cr�ateur d'emploi.

Il est apparu � la majorit� des membres de la commission que le projet de GL Events, centr� autour des nouvelles formes entrepreneuriales, r�pondait le mieux � l'ensemble des crit�res de l'appel d'offres.

L'identit� financi�re du b�timent sera pr�serv�e, mais avec d?importantes �volutions. Concr�tement, le visiteur trouvera r�unis dans ce lieu les principales associations d?aide � la cr�ation d?entreprise (boutique de gestion, France Initiative, France Activit�, etc.) et aussi les acteurs du micro-cr�dit tels que l?A.D.I.E.

Les entrepreneurs en herbe pourront gagner du temps dans leurs d�marches gr�ce � un r�seau permanent d?aide aux cr�ateurs d?entreprise, que ce soit au niveau de la conception ou du financement.

Parall�lement, cet espace sera un lieu d?�change pour les "start-up".

Embl�matique de cette volont�, l?installation sur place de l?association Silicon Sentier, bien implant�e dans le 2e arrondissement, qui regroupe une centaine de jeunes pousses dans le champ des nouvelles technologies. Un incubateur destin� � aider les cr�ateurs d?entreprises pendant les premi�res ann�es de leur parcours s?implantera �galement sur place.

L'ancienne Bourse h�bergera �galement Vigeo, l?agence de notation sociale de Nicole NOTAT, le r�seau Gesat des organismes ?uvrant pour le travail prot�g� des handicap�s.

Le lieu sera ainsi positionn� comme une r�f�rence en mati�re de finance responsable.

Enfin, GL Events compte programmer des expositions, des colloques et des conf�rences, avec pour objectif d'accueillir 160.000 visiteurs par an, un "fast food" bio du grand cuisinier Marc VEYRAT accueillera les visiteurs.

Au-del� d'un projet novateur, mais qui respecte l?histoire de ce lieu prestigieux, GL Events a l'avantage de ne pas �tre n�ophyte en mati�re de gestion de gros �quipements. La soci�t� g�re d�j� 33 grands �quipements dans le monde, notamment le Parc d'expositions de Budapest, le Palais des congr�s de Barcelone, le Z�nith de Clermont-Ferrand, le Palais de la Mutualit� � Paris.

GL Events est en capacit� de financer les importants investissements n�cessaires au renouveau de la Bourse.

Je suis convaincue que le Palais Brongniart va devenir une vitrine de l?innovation et de la nouvelle �conomie, un lieu d'attractivit� et d'animation pour les Parisiens comme pour les visiteurs de Paris.

GL Events s'est engag� � informer et consulter les riverains sur les am�nagements autour du Palais Brongniart. Symbole important, les grilles, qui transforment la Bourse en un v�ritable bunker� devraient tomber.

Un espace de plusieurs centaines de m�tres carr�s sera r�serv� pour y accueillir � terme le laboratoire Paris R�gion Innovation.

Enfin, un Comit� consultatif des usagers du Palais Brongniart devrait voir le jour, auquel j'ai sugg�r� que le pr�sident du conseil de quartier concern� soit associ�.

L'implantation dans le 2e d'entreprises d'�conomie sociale et solidaire, en compl�ment des activit�s traditionnelles de confection du Sentier, mettra un peu de couleur et de diversit� dans cet arrondissement fortement touch� par la monoactivit�.

La Bourse va changer de visage, devenir un lieu attractif, dynamique et moderne, tout en retrouvant les liens avec le quartier. Les habitants et les �lus du 2e ne peuvent que s'en r�jouir.

(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s).

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme Val�rie SACHS.

Mme Val�rie SACHS. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, le groupe Centre et Ind�pendants votera contre votre choix de confier � la soci�t� GL Events la destin�e du Palais Brongniart, pour les m�mes raisons que celles que j'ai r�guli�rement exprim�es lors des r�unions de la commission sp�ciale.

Il ne s'agit en aucune fa�on de douter des capacit�s de GL, capacit�s financi�res ou en mati�re �v�nementielle, ou de remettre en cause les comp�tences techniques du groupe. Il s'agit de s'opposer � l'erreur strat�gique de la Ville de Paris d�s l?appel � projets, dans sa volont� de rompre avec l?image historique de Brongniart, qui a �t� comprise comme une volont� de la Ville de Paris � nier sa place financi�re, alors qu?elle a tant besoin du soutien des politiques, au-del� de la p�riode de crise que nous traversons.

Voulant rompre avec un symbole qui, mat�riellement, au sens strict, n?existe plus depuis une dizaine d?ann�es alors que le quartier reste dans l?inconscient collectif celui de la Bourse et que se cr�e un nouvel �cosyst�me de P.M.E. financi�res, innovantes et dynamiques, votre choix de trouver � tout prix une identit� nouvelle � ce lieu aboutit finalement � une non-identit�, tout cela pour satisfaire les exigences d'un cahier des charges instituant une coproduction fade quand il faudrait une identification forte.

GL, un groupe lyonnais � l?assaut de Paris, a su pr�senter un dossier irr�prochable, peut-�tre trop. F�d�rateur jusqu'� l'exc�s, trop lisse, en ad�quation parfaite aux demandes de la Ville, mais pas forc�ment avec la vision des �lus, m�mes certains issus de l'Ex�cutif qui se sont n�anmoins pli�s � l'exercice de la majorit� municipale.

A ce sujet, je ne peux me d�faire d?un sentiment de malaise face aux commissions sp�ciales qui sont, sur le papier, une excellente initiative, mais qui laissent l'impression, pour un �lu d?opposition, m�me se voulant constructif, que les d�cisions sont d�j� prises et que la commission comme le Conseil ne feront qu'ent�riner.

La commission a choisi la forme plus que le fond. Quand vous trouvez que Viparis-Euronext n'a pas trouv� le bon �quilibre entre r�affirmation de l?identit� du Palais Brongniart et nouvelle orientation souhait�e par la Ville, c'est faux, mais c'est l'illustration de votre a priori n�gatif vis-�-vis du monde de la finance.

Quand vous consid�rer que le projet GL Events r�pond parfaitement � l?ambition politique de la Ville en d�veloppant soi-disant de nouvelles formes entrepreneuriales, je n'y vois que faiblesse conceptuelle et m'inqui�te pour l?avenir de Paris.

Sur le plan patrimonial et financier, GL Events semble avoir l?offre la plus attractive pour la Ville, mais le groupe a-t-il le recul n�cessaire pour conna�tre les difficult�s d'exploitation rationnelle des lieux class�s, n?est-il pas victime de son inexp�rience de la gestion du lieu ?

J?esp�re que l?avenir financier ne sera pas trop compliqu�.

Votre choix est celui de la forme. Or, il fallait au projet du fond. Un projet industriel que seuls Euronext et Paris Europlace, qui disposent d'une exp�rience reconnue, peuvent r�aliser.

Paris Europlace, l?organisation en charge de promouvoir Paris place financi�re aupr�s des investisseurs internationaux, est devenu un benchmarker mondial, apte � monter des op�rations de tr�s haut standard.

Paris est la seconde place financi�re europ�enne derri�re Londres. Son poids �conomique est consid�rable : 15 % du PIB r�gional et 4,4 % du PIB national. Le secteur financier emploie plus de 270.000 salari�s, soit davantage que les secteurs de l?agroalimentaire et de l?automobile r�unis, dont 150.000 sont Parisiens, ce qui repr�sente 11 % de l'emploi parisien, auquel il convient d'ajouter les emplois indirects.

Moins expos�e, plus rigoureuse aussi, Paris semble avoir moins souffert que ces concurrentes de la crise financi�re. Et dans la temp�te, elle s'est montr�e plus s�re, plus efficace. Elle a une carte � jouer et a besoin du soutien actif des politiques.

Avec l'avenir du Palais Brongniart, c'�tait l'occasion d'un geste fort. Encore un rendez-vous rat� et pour trente ans. Laissez partir Euronext hors de Paris intra-muros serait une erreur lourde de cons�quences.

Aussi j'esp�re la presse bien inform�e quand elle �voque l'ouverture de n�gociations entre Euronext et Olivier GINON, patron de GL.

Je vous remercie.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - La parole, pour cinq minutes, est � M. Jean-Fran�ois LEGARET.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je voudrais, apr�s ce que vient de dire Val�rie SACHS, dire que notre Assembl�e prend aujourd'hui une lourde responsabilit�.

Parce que finalement il s'agit de mettre le march� financier � la porte du Palais Brongniart, au moment o� les march�s financiers s'effondrent � l'�chelle plan�taire, en provoquant � l'�chelle plan�taire d?innombrables drames.

Je pense que, effectivement, la Ville de Paris, capitale de la France, avait l'occasion de t�moigner de son int�r�t et de son investissement r�el dans cette responsabilit�, qui est indissociable de son statut de ville capitale dans notre pays.

C'est aussi une lourde responsabilit� parce qu'il s'agit d'une convention de trente ans. Je me suis toujours efforc� de limiter les dur�es des conventions. D'ailleurs, nous �tions plut�t partis sur vingt-cinq et c'est parce que le candidat, qui est propos�, a finalement fait monter les ench�res sur le montant des investissements que l'on aboutit � trente ans.

Franchement, trente ans, c'est trop long. Nous n'aurons pas la possibilit� de changer le titulaire au cours de cette mandature. Ce ne sera pas possible non plus apr�s les �lections municipales de 2014, ni apr�s celle de 2020, ni apr�s celle de 2026, ni apr�s celle de 2032 !

Ce n'est qu'apr�s les �lections municipales de 2038 que notre assembl�e sera saisie � nouveau du choix du titulaire de ce bail emphyt�otique administratif avec le Palais Brongniart. Je consid�re que c'est une dur�e qui est vraiment d�raisonnable, m�me au regard des investissements � r�aliser.

Alors, c'est vrai que la commission s'est r�unie. Elle a tenu quatre r�unions int�ressantes. Je pense que la d�marche est bonne d'avoir finalement un appel � candidatures qui permette � tous les repr�sentants des groupes de travailler sur les projets. Il est dommage que cette proc�dure ne soit pas g�n�ralis�e. On aurait eu cette proc�dure � Jean-Bouin, par exemple, on n'en serait pas l�.

En tout cas, c'est bien de l'avoir fait pour le Palais Brongniart et cela a d?ailleurs permis de montrer que ces trois candidats, une fois que le quatri�me s'�tait retir� de lui-m�me, avaient tous des qualit�s. La preuve d'ailleurs, les votes ont �t� partag�s, ce qui d�montre que chacun des candidats a recueilli des suffrages et que chacun de ces candidats pr�sentait un dossier qui avait des qualit�s.

Je n'aurais rien � critiquer sur le titulaire qui est propos�, GL Events, que l'on conna�t bien d'ailleurs, qui g�re convenablement des salons � Paris et qui fait aujourd'hui les travaux de la Mutualit�.

Je pense que l'on a voulu un peu trop vite �vincer la candidature de Viparis-Euronext et Unibail.

On a dit que ce candidat n'avait pas �t� particuli�rement performant et actif au cours du bail qui vient aujourd'hui � �ch�ance. Je ferai observer que la Ville de Paris n'a pas �t� tr�s active non plus sur la m�me p�riode. La Ville de Paris disposait en effet d'un droit en application de cette convention, lui permettant d'utiliser le Palais Brongniart, un mois par an, pour y faire des expositions.

A ma connaissance, cette facult� n'a �t� utilis�e que deux fois au cours de la d�cennie pass�e, ce qui est, vous l'avouerez, fort peu et qui n'a pas rempli la possibilit� qui �tait offerte pas la convention.

Deuxi�mement, il faut savoir que cette convention avait �t� resign�e avec le responsable du march� financier, qui ne s'appelait pas � l'�poque Euronext, mais justement pour une p�riode de transition, pendant laquelle la Ville de Paris et ce titulaire devaient travailler � la reconversion du b�timent.

Je ne sache pas que la Ville de Paris ait �t� particuli�rement active pour proposer des solutions permettant de concevoir un projet d'avenir sur la reconversion de ce lieu.

Voil�. Je regrette vraiment la d�cision symbolique dans le contexte actuel, qui est prise.

Je regrette la dur�e qui me para�t v�ritablement excessive, m�me au regard des investissements consentis.

Je regrette enfin que les arguments sonnants et tr�buchants, et au regard des investissements r�alis�s et au regard de la redevance, aient finalement �t� l'argument manifestement dominant.

Je pense que le Palais Brongniart m�ritait mieux que le ramener � une pure et simple mise en concurrence, une pure et simple adjudication de ce lieu, qui est effectivement un symbole et qui le restera.

Pour toutes ces raisons, les �lus du groupe U.M.P.P.A. s'abstiendront sur le projet de d�lib�ration.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � M. Alain LHOSTIS, pour cinq minutes.

M. Alain LHOSTIS. - Merci, Monsieur le Maire.

Le Palais Brongniart, ancienne bourse des valeurs, propri�t� de la Ville de Paris, d�sert� depuis des ann�es en tant que lieu d'activit� de la finance, accueille un certain nombre d'activit�s tourn�es vers l'�v�nementiel mais isol�es par les grilles du reste du quartier.

L'appel � projets lanc� par la Ville de Paris a laiss� esp�rer qu'en plein coeur de la capitale, dans un espace de grandes dimensions, et compte tenu des �l�ments du cahier des charges qui pr�voyaient une ouverture large au public tout au long de l?ann�e et sur l?ensemble des espaces du Palais, qui pla�ait �galement au centre l'innovation et l'�conomie sociale et solidaire ainsi que la forte cr�ation d'emploi, que la symbolique ancienne du lieu serait donc investie par la symbolique d'un changement radical et novateur, tout particuli�rement au regard des objectifs sociaux et solidaires.

La commission pluraliste, dans laquelle je repr�sentais le groupe communiste et les �lus du parti de gauche, a pu examiner s�rieusement trois projets, y compris par une audition des candidats. Je remercie d'ailleurs de ce point de vue la pr�sidente.

Tous les participants ont reconnu la qualit� du projet, au regard de la th�matique solidaire du groupe S.O.S., acteur reconnu de ce secteur. Aucun des deux autres participants ne s'appuyait sur cette dimension, qui devrait �tre pourtant majeure pour une Municipalit� comme la n�tre.

En d�finitive, le choix qui a pr�valu est celui affirm� de la s�curit�, notamment dans le rendement du retour financier. Il est certain que la plupart des membres de la commission n'ont pas voulu examiner concr�tement ce qu?�tait le mode de fonctionnement d?un groupe non capitalistique.

Il est �vident que le Groupe GL Events, qui p�se aujourd'hui 600 millions d'euros de chiffres d?affaires, dont 35 % � l'international, et qui n'est pas le petit groupe provincial, tel que pr�sent� en commission par un membre de l'Ex�cutif, ce groupe, pour ceux qui ont une lecture lib�rale, pr�sente beaucoup d'int�r�t.

D'ailleurs, le m�me �lu a �galement d�clar� : le pire, c?est de perdre l'image de place financi�re pour Paris.

Pour ma part, si l?image de place financi�re de Paris est celle qui a �t� donn� ces derniers mois par les traders, Goldman Sachs, les sp�culateurs contre les Etats grec, espagnol ou portugais, je pense que cette image est d�testable, et que nous aurions pu au contraire, en choisissant un intervenant reconnu et qualifi� du secteur de l?�conomie sociale et solidaire, faire en quelque sorte un pied de nez � l?histoire de ce lieu, ou autrement dit oser le social et solidaire.

Cette image de place financi�re est d?ailleurs tr�s bien symbolis�e hier soir dans le billet du pol�miste d?un grand quotidien du soir qui �crit : "Les march�s sont volatils, et m�me volages. Mais ils ne font pas dans le sentiment. Ils se fichent �perdument du March� commun, qu'on appelle aujourd'hui l'Union europ�enne. Leur seul souci est de s'en mettre plein les poches. Et si, pardessus le march�, on entrave leurs sp�culations, bonjour les d�g�ts ! Les march�s sont exigeants : ils marcheraient sur le corps de leur m�re pour gagner quelques millions. D�s l'ouverture des cours, ils manifestent leur humeur et sont capables de transformer ce bazar en grand souk."

Je laisse donc � chacun ses symboles : "Paris, place de la finance" ou "Paris solidaire".

Si l'on prend le second crit�re, le plus important � nos yeux, normalement, celui de l'emploi, je me permets de lire une phrase dans la note de la Direction du D�veloppement �conomique et de l'Enseignement sup�rieur de la Ville de Paris. Il est �crit : "Un d�faut est cependant commun � ces trois contributions : aucune n'a raisonn� en cr�ation nette d'emplois. Les �l�ments fournis sont donc difficilement exploitables." Donc, la qualit� de l'emploi pour GL Events laisse un peu � d�sirer !

M�me si l?on prend le crit�re de la redevance, cela a �t� rappel� par le maire du 2e, le groupe SOS a apport� une proposition �quivalente � celle de GL Events. Certes, ce dernier groupe a pris des engagements au regard d?une certaine ouverture sur la vie associative du quartier, mais que p�seront ceux-ci face aux objectifs de rendement des actionnaires de ce groupe ? Ce lieu restera donc, en r�alit�, ferm� sur lui-m�me, au sens qu'il sera ouvert � un public plus familier du CAC40, de la restauration certes de qualit� avec Marc VEYRAT mais de luxe. Du point de vue de l'ouverture vers l'ext�rieur, je note que le seul candidat � avoir propos� une ouverture des grilles dans la journ�e �tait le groupe SOS.

Pourtant, le cahier des charges pr�cisait que "chaque candidat est invit� � pr�senter un projet ayant vocation � animer, sur l'ensemble de l'ann�e, la vie du quartier et � s'ouvrir autant que possible sur son environnement en s?int�grant dans le contexte urbain du Centre de Paris".

De ce point de vue, si nous votons pour le projet de GL Events, c'est rat� !

Nous allons donc avoir un nouveau lieu �v�nementiel, plus prestigieux au sens clinquant du terme. Au lieu d'un espace au c?ur de Paris, certes d'accueil d'�v�nements, mais qui aurait pu �tre largement ouvert � la population qui en a bien besoin, dans des quartiers o� les m�tres carr�s de d�ambulation, de rencontre, de solidarit� sont si rares.

La Commission s'est prononc�e majoritairement, ainsi que le Conseil du 2e arrondissement, favorablement pour ce projet. Notre groupe ne peut cependant donner quitus d'une d�marche inaboutie, au plan de ces objectifs affirm�s sociaux et solidaires. En cons�quence, le groupe Communiste s'abstiendra.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � M. Bernard GAUDILL�RE.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, au nom de la 1�re Commission. - Merci, Monsieur le Maire.

Je trouve que ce d�bat a �t� tr�s int�ressant et je vais essayer de r�pondre � chacun des orateurs.

Un mot d'histoire peut-�tre.

Tout le monde sait que le Palais dit de la Bourse est la propri�t� de la Ville de Paris depuis l'origine, c'est-�-dire depuis sa construction au tout d�but du XIXe si�cle, mais que la suppression des cotations boursi�res, il y a plus d'une quinzaine d'ann�es, a cr�� une situation nouvelle que l'on peut r�sumer par une formule toute simple : quelle vocation pour ce magnifique b�timent situ� au c?ur de Paris et qui �tait en fait, soulignons-le, d�sert� par les activit�s boursi�res ?

La nouvelle Municipalit� de 2001 �tait tout � fait consciente de la sous-utilisation du Palais Brongniart, pour employer un terme mod�r�, mais elle ne pouvait �videmment se saisir de ce dossier que lorsque serait expir�e la concession dont Euronext �tait titulaire. Nous avons entam� ce processus de renouvellement lorsque l'expiration de la concession a �t� proche et nous avons fait d�lib�rer le Conseil de Paris d�s septembre 2009 sur le lancement d'un appel � projets et sur la cr�ation d'une commission d?�lus, destin�e � analyser les diff�rentes offres, comme cette Municipalit� le fait depuis 2001 pour nombre de dossiers importants.

D'ailleurs, avant d?en venir au fond des projets, je voudrais insister, Monsieur le Maire, sur la qualit� des d�bats de cette commission. Nous avons tous, �lus de la majorit� et de l'opposition, examin� ce sujet, sous la pr�sidence �clair�e de notre coll�gue Sylvie WIEVIORKA, avec la plus grande honn�tet� intellectuelle, sans a priori. Le choix majoritaire de la commission s?est fait, je crois, sans aucune tension, sans aucun esprit politicien, apr�s des auditions et des discussions de haute tenue. Je le dis sous le contr�le de tous les �lus et de toutes les �lues qui si�geaient avec nous.

A dire vrai, le choix n'�tait pas �vident, et je rejoins la totalit� des orateurs qui viennent de s'exprimer sur le fait que nous nous trouvions devant trois projets de qualit�, qu'il a donc fallu classer en fonction de crit�res aussi rigoureux que possible, entre autres : le contenu des projets, la cr�ation d'emploi, le montant des investissements et de la redevance, la place faite � l'innovation �conomique, puisque c'�tait une des contraintes du cahier des charges, enfin, la solidit� financi�re des candidats.

C'est � la suite de cette comparaison rigoureuse que s'est d�gag�e une majorit�.

Je r�ponds au passage � Jacques BOUTAULT et Alain LHOSTIS. Ils savent, parce qu'ils si�geaient � la commission d?�lus, que nous pensions tous, comme eux, que le dossier SOS pr�sentait d'incontestables qualit�s. Mais, il se trouve que la situation financi�re du candidat et le dossier d'investissement qu?il pr�sentait ont �t� quasi unanimement jug�s comme extr�mement fragiles. La d�monstration, ou plus exactement les d�monstrations d�taill�es que la commission a entendues � cet �gard �taient h�las tr�s probantes et nous avons pratiquement tous pens�, � l'exception de Jacques BOUTAULT et Alain LHOSTIS, que nous ne pouvions prendre ce risque.

Donc, la majorit� de la commission s'est d�gag�e au profit du dossier de GL Events.

GL Events, je le signale, et d'ailleurs Sylvie WIEVIORKA a �voqu� ce sujet tout � l'heure, a f�d�r� autour de son projet des acteurs de premier plan. J'y reviens juste un instant :

- France Initiative, r�seau dont chacun conna�t le retentissement dans le monde des relations sociales, avec Bernard BRUNHES ;

- Vigeo, l'agence de notation sociale de Nicole NOTAT ;

- le GESAT, organisme central dans l'emploi des personnes en situation de handicap, et je pense que chacun dans cette Assembl�e reconna�tra la priorit� absolue que nous conf�rons depuis 2001 � ce sujet ;

- enfin, Silicon Sentier, association bien connue dans le domaine des nouvelles technologies.

Ces comp�tences vari�es et f�d�r�es autour GL Events sont une garantie, � notre sens, une garantie de succ�s d'un projet moderne, dynamique, faisant du Palais Brongniart un lieu d'innovation autour de nouvelles formes entrepreneuriales, en m�me temps ouverts sur son environnement gr�ce � un comit� de site, et c'est une forme de r�ponse aux remarques du maire du 2e arrondissement, et redonnant � ce palais un lustre et un grand retentissement autour de certains �v�nements th�matiques.

J'ajoute, et on ne s?en �tonnera peut-�tre pas forc�ment compte tenu de mes responsabilit�s, que la solidit� financi�re du projet de GL Events est incontestable :

- financement de 20 millions d'euros d'investissement � 80�% par fonds propres, et je r�ponds au passage � M. LEGARET, la dur�e de 30 ans est une dur�e qui a �t� effectivement jug�e comme n�cessaire pour l'amortissement de ces 20 millions d'euros d'investissement ;

- redevance de 3 % du chiffre d?affaires, avec un minimum de 3,4 millions d'euros.

En conclusion, mes chers coll�gues, je dirai que nous avons certes attendu longtemps, puisque nous avons attendu, et nous y �tions contraints, la fin de la concession pr�c�dente, mais je pense vraiment que la proc�dure d�mocratique et r�fl�chie, que nous avons suivie, aboutira � une v�ritable r�surrection de ce lieu historique, dont nous avions bien conscience qu'il �tait �troitement li� � l'image de Paris et offrira au Palais Brongniart une deuxi�me existence au service de l'�conomie et du rayonnement de la Capitale.

C'est la raison pour laquelle je ne doute pas du vote de notre Assembl�e.

Merci, Monsieur le Maire.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci, Bernard GAUDILL�RE, pour toutes ces explications. Maintenant, je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DF 37.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2010, DF 37).

Mai 2010
Débat
Conseil municipal
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