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2010, II - Question d'actualité posée par le groupe Centre et Indépendants à M. le Maire de Paris relative au "104" face à son avenir.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Maintenant, pour le groupe Centre et ind�pendants...

(Brouhaha).

Vous n'avez plus la parole, notamment M. GOUJON dont je connais parfaitement le nom et m�me le timbre de la voix !

(Brouhaha).

Pour le groupe Centre et Ind�pendants, un monsieur, un coll�gue, dont le nom est tr�s connu - mais il �tait connu avant d'�tre conseiller de Paris : la parole est � M. CAVADA.

M. Jean-Marie CAVADA. - Je vous remercie. Je ne vais pas vous faire le coup, Monsieur le Maire, de : quel est mon troisi�me pr�nom ?!

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne connais m�me pas le deuxi�me.

Si, Jean-Marie, mais c'est un pr�nom compos�.

Ce n'est pas dans son temps de parole encore.

Remettez le compteur � z�ro pour M. CAVADA !

En g�n�ral, j'entends le son de sa voix le lundi en d�but d?apr�s-midi.

(Brouhaha - protestations).

Mais c'est un plaisir sans cesse renouvel� !

Tr�ve de plaisanterie, la parole est � M. CAVADA.

(Brouhaha).

M. Jean-Marie CAVADA. - J'ai entendu le contralto de M. DESTREM, donc maintenant je vais modestement faire mon petit travail.

Faisant partie du conseil d'administration, j'ai, au nom de notre groupe, soutenu l'id�e que "Le 104" �tait un �tablissement qui avait pour vocation d'�tre embl�matique d'une politique culturelle de la Ville. Au d�part, cr�� dans un quartier peu dot� en espaces de culture et en lieux de rencontre, cet �tablissement devait �tre d�di� � "l'art en train de se faire", si je reprends l'expression de la pr�sentation en son temps. C'�tait donc pour le moins un projet ambitieux.

Nous continuons � vouloir le succ�s de cette op�ration, mais aujourd'hui malheureusement la gestion de ce projet, en elle-m�me, montre un certain nombre de difficult�s et il y a quelques points d'interrogations sur lesquels il serait vraiment tr�s important d'avoir des r�ponses.

Premi�rement, quid de la situation financi�re r�elle ? Je dis bien "r�elle".

Deuxi�mement, quid du co�t de fonctionnement r�el ?

Troisi�mement, quelle est la strat�gie culturelle que la Ville assigne � cet �tablissement ?

Enfin, o� en est la fameuse "short list" des candidats � la direction qui doit nous �tre pr�sent�e en juin ?

Malgr� nos nombreuses questions et interventions sur ce sujet, nous estimons qu'il y a encore un certain flou. Il est � pr�sent l?heure de mettre r�ellement en place une large concertation avec les administrateurs, qui a d�j� un peu commenc� mais un peu seulement, les �lus de la Ville de Paris et notamment les �lus du 19e arrondissement, la 9e Commission du Conseil de Paris, qui est pr�sid�e par ma coll�gue Mme BERTRAND, mais aussi des artistes qui sont tout de m�me les mieux appropri�s pour d�finir ce projet.

Nous n'avons, � mon avis, plus le droit � l'erreur, vu la taille des lieux, vu les travaux effectu�s qui ont atteint une somme de pr�s de 100 millions d'euros et le co�t de fonctionnement annuel du "104" actuellement d?environ 8 millions d'euros par an, sans compter la subvention exceptionnelle que, en effet, nous avons d� voter en d�cembre.

"Le 104" p�se lourd sur le budget culturel de la Ville de Paris et c'est pour cela qu'il faut avoir un r�sultat clair. S�curit�, gardiennage, travaux, personnels : tout cela a un co�t alors que plusieurs th��tres risquent de mettre la cl� sous la porte, faute de subventions suffisantes.

Une question est importante : ne vaudrait-il pas mieux � l'heure actuelle, Monsieur le Maire, revoir explicitement la strat�gie du "104" avant de mettre en place une nouvelle direction ? Il s'agirait :

- d'avoir une vision claire � moyen terme des diff�rentes utilisations artistiques et sociales de ce "104" ; cet �tablissement ne doit pas �tre une simple offre culturelle suppl�mentaire, il doit s'inscrire, vous l'aviez d'ailleurs dit en son temps, dans une politique globale culturelle de la Ville ;

- enfin, d'en garantir durablement son financement et donc sa p�rennit�.

Monsieur le Maire, pouvez-vous donc nous pr�ciser votre strat�gie pour "Le 104" � l'heure o� la situation financi�re de cet �tablissement est dangereuse et m�me extr�mement p�nible, et avant qu'une nouvelle direction surtout ne prenne les commandes de l'�tablissement ? J'insiste sur le fait que ces travaux seraient utiles avant que la nouvelle direction ne prenne ses fonctions.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs du groupe Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � Christophe GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Apr�s avoir d�battu pendant de nombreuses semaines sur le jeune pass� du "104", nous ne pouvons que nous r�jouir d'aborder enfin la question de son avenir.

Depuis un an et demi, "Le 104" a accumul� les preuves de sa vitalit� et de sa pertinence mais parfois par intermittence.

Je vous renvoie, par exemple, aux magnifiques op�rations qui s?y sont d�roul�es, comme l'installation de la Villa Arpel de Jacques Tati avec une foule de spectateurs,ou le festival N�mo d�di� aux arts num�riques, ou encore aux tr�s nombreux artistes accueillis en r�sidence dans des conditions exceptionnelles.

Parions �galement que les 110 projets artistiques - j'ai bien dit 110 ! - programm�s cette ann�e, comme les festivals "Paris en toutes lettres", "Paris Cin�ma", qui investiront prochainement "Le 104", rencontreront le m�me succ�s populaire.

Aujourd'hui, "Le 104" conna�t un tournant essentiel avec la proc�dure de renouvellement de son �quipe de direction qui arrivera � terme avec le vote d'une liste restreinte de deux, trois ou quatre candidats au prochain Conseil de Paris, puis l'audition des derniers candidats et la nomination de la nouvelle direction par le conseil d'administration du "104" au plus tard � la mi-juin 2010.

Dans ce cadre, le nouveau cahier des charges de l'�tablissement, adopt� � l'unanimit� du Conseil d'administration du 5 janvier dernier, a pu �tre affin� collectivement, red�finissant ainsi nos esp�rances pour les Parisiens, les Franciliens et les habitants des 18e et 19e arrondissements.

Comme vous le savez, en tant que pr�sident du "104" et de son Conseil d'administration, et comme je m?y �tais alors engag� lors du dernier Conseil de Paris, j'ai entrepris depuis quelques semaines de rencontrer aussi bien les acteurs �conomiques et sociaux de l'�tablissement, le caf� du "104", la "Maison des petits", le "5", la librairie "Le merle moqueur" et le futur restaurant "Les tables du "104"" que ses administrateurs, qu'ils soient �lus, personnalit�s qualifi�es et repr�sentants du personnel.

Nous avons ainsi pu �changer de mani�re constructive et affiner les enjeux et les nouvelles orientations que nous souhaitons donner au "104" pour les ann�es � venir, tout en maintenant notre exigence d'un lieu de cr�ation, de diffusion et de r�sidence, qui ancre l'art dans le quotidien d?un quartier et d?une m�tropole.

Aujourd'hui, il semble n�cessaire d'aller encore plus loin. Plut�t que de revoir � la baisse tout ce qui n'aurait pas march� assez vite et assez bien, nous avons le devoir de faire mieux et diff�remment. La culture se construit, en effet, avec le temps et pas contre lui. Nous n'exigerons pas des artistes de travailler plus et de co�ter moins.

En revanche, les Parisiens m�ritent que le "104" se retourne r�solument vers eux et corresponde � leur soif de culture et de cr�ation.

Le manque de visibilit� de l'�tablissement et certaines erreurs av�r�es doivent �tre corrig�s. Je pense, par exemple, aux panneaux et fl�chages aux sorties de m�tro et arr�ts d'autobus.

Cependant, plut�t que de d�plorer le vide de la Nef curial, il faut le combler tous les jours. Cela passe par un �change entre le public et les artistes et la pr�sentation des ?uvres. La cr�ation et la diffusion doivent y rester indissociables : laboratoire artistique, le "104" doit devenir un laboratoire populaire.

A l'heure o� la crise �conomique et la r�forme des collectivit�s territoriales fragilisent les politiques culturelles, nous avons plus que jamais le devoir de r�ussir le r�ve du "104". Nous y parviendrons, car nous avons la conviction qu'il est possible d'implanter durablement un �quipement culturel ouvert et g�n�reux, au sein d?un quartier comme le 19e arrondissement, proche du 18e arrondissement trop longtemps d�laiss�.

Nous n'�couterons pas les Cassandre qui consciemment ou non veulent l?�chec du "104" et qui pensent que le d�sert culturel est une fatalit�.

Pour ce qui est des finances, Monsieur CAVADA, vous savez que, pour un E.P.C.C., les comptes sont valid�s et contr�l�s par la Recette g�n�rale des finances (R.G.F.) et que nous aurons les comptes fin mai.

Il appara�t d'ores et d�j� que le d�ficit qu'un certain prestataire de services, provisoirement employ� par le "104" et ses directeurs 'avait annonc�, que ce d�ficit est faux et qu'il sera sans doute nul.

Faisons en sorte et en responsabilit� que le fruit tienne la promesse de la fleur.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci � M. CAVADA et � Christophe GIRARD.

Mai 2010
Débat
Conseil municipal
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