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2010, VI - Question d'actualité posée par M. Georges SARRE à M. le Maire de Paris relative à la solidarité de Paris avec le peuple grec.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Je passe � la question suivante, qui est de M. Georges SARRE.

M. Georges SARRE, adjoint. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, Paris est la capitale de la France. Ce rappel presque tautologique �nonce un r�le particulier pour notre ville, donc notre collectivit�. Si comme le disait le G�n�ral de Gaulle, "il existe un pacte vingt fois s�culaire entre la grandeur de la France et la libert� du monde", alors ce pacte existe entre Paris et le monde, a fortiori entre Paris et l'Europe.

Hier, le 9 mai, notre collectivit� c�l�brait le r�ve europ�en selon les uns, le mythe europ�iste selon les autres. Aujourd?hui, on ne peut pas s'affranchir de regarder en face la r�alit� europ�enne.

Une digue a d� �tre �rig�e hier face � un tsunami sp�culatif contre l'euro, tant sont b�antes les fissures d'un �difice europ�en b�ti cul pardessus t�te, sans les peuples.

Ceux qui voulaient faire porter aux seuls Grecs la responsabilit� de la crise qui les frappe sont ainsi d�mentis par l?ampleur europ�enne de ce coup de semonce.

"Le peuple grec se sent humili�, victime d'une injustice flagrante ; on les accuse de tous les maux : fain�ants, fraudeurs, irresponsables..." a d�clar� mon ami COSTA-GAVRAS.

Il faut, chers coll�gues, r�parer ce sentiment d?humiliation. Il faut redoubler de fraternit� avec le peuple grec. Parce que c?est un peuple fr�re, comme tous les peuples, et de surcro�t le d�positaire d?une part consid�rable de notre civilisation. La sensibilit�, l?imaginaire du peuple fran�ais, et de nos voisins, sont nourris de mythes grecs : Ulysse, Th�s�e, ?dipe?

La bravoure grecque est continue � travers les �ges, depuis L�onidas et ses 300 Spartiates, jusqu?� la r�sistance h�ro�que des Grecs en 1940 qui, six fois moins nombreux que les Italiens, repouss�rent pourtant les l�gions mussoliniennes.

Et l?h�ritage culturel contemporain : Manos HADJIDAKIS, Katina PAXINOU, Ir�ne PAPPAS, Melina MERCOURI, Maria CALLAS !

Alors quoi, Paris, la ville lumi�re, la capitale politique et culturelle de la France, resterait muette au cri de douleur du peuple grec ?

J?ai appris que le v?u que j?avais d�pos� ne serait pas vot�. Nous en reparlerons. Mais il ne sera pas dit, au moins, que des paroles de respect et de solidarit� envers le peuple grec n?auront pas �t� prononc�es dans l?h�micycle du Conseil de Paris.

En ce 10 mai, vingt-neuvi�me anniversaire de l?�lection de Fran�ois Mitterrand, je d�die cette question � notre ami Mikis THEODORAKIS, qui composa la musique de "Changer la vie", l?hymne du parti socialiste.

Que les Grecs et tous les Europ�ens gardent l?espoir : un jour, l?id�al de fraternit�, d?�galit�, de justice, l?id�al r�publicain et socialiste, soufflera � nouveau sur l?Europe, une Europe des peuples, une Europe de progr�s partag�s.

J?aimerais que ce souffle se l�ve � Paris. Pouvez-vous y concourir ?

Telle est ma question, Monsieur le Maire.

M. LE MAIRE DE PARIS. - M. SCHAPIRA va r�pondre, mais si j'ai bien compris, vous me lancez un d�fi : relever le souffle socialiste et tout cela, d?autant que j?ai bien, comme vous, connu Mikis THEODORAKIS, mais je ne voudrais pas rallonger nos travaux qui doivent �tre consacr�s aussi � la vie quotidienne des Parisiens.

Pierre SCHAPIRA ?

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - Monsieur le Maire, j'ai bien �cout� Georges SARRE. Il a notamment remu� notre nostalgie, qu'un certain nombre d'entre nous ne peuvent pas conna�tre? Ceux qui ont moins de 30 ans, �videmment !

(Rires).

Mais, si je comprends bien l'essentiel de notre v?u, vous aspirez principalement � l'expression d'une solidarit� r�elle avec le peuple grec, dans une grande crise qu'il subit d�j� depuis plusieurs mois et, de mani�re tragique, depuis quelques jours avec la mort de 3 personnes.

Chers coll�gues, sachez que le Maire de Paris s'est d�j� adress� � son homologue d'Ath�nes, Nikitas KAKLAMANIS, en lui exprimant dans une lettre l'enti�re solidarit� de Paris. Paris n'est donc pas rest�e muette.

Je r�v�lerai �galement que nous avons un accord d'amiti� et de coop�ration, sign� en l'an 2000 avec le maire d'Ath�nes et nous avons eu des liens notamment culturels avec par exemple la grande exposition au Grand Palais sur le mont Athos, que le Maire de Paris a inaugur�e avec le Premier Ministre de l?�poque et la Ministre des Affaires �trang�res, ancienne maire d?Ath�nes. Lors de son dernier voyage, le Maire de Paris a propos� au maire d'Ath�nes de travailler � la restauration de l'ancien Jardin royal mais, compte tenu des �v�nements de d�cembre 2008 d�j�, les Grecs, la mairie d'Ath�nes a suspendu nos projets.

Nous avons donc la base pour relancer des coop�rations mais � la demande �videmment de la Municipalit� d'Ath�nes quand celle-ci sera de nouveau en situation de faire des propositions. Comme vous le savez, ce qui guide la coop�ration, c'est toujours l'appropriation et le partenariat.

Pour le reste, et vous l'avez soulign�, c'est un d�bat qui concerne l'Europe toute enti�re, l'ensemble des Etats qui la composent, son organisation. Il faut souligner le fait que ses d�cideurs ont, cette nuit, commenc� � montrer des signes d'un retour � un volontarisme politique que nous avons attendu trop longtemps. Je rappelle que c'est par plus d'Europe qu'on r�soudra les crises et pas par moins d'Europe, et que les p�res fondateurs nous disaient que c'est par des r�alisations concr�tes que nous obtiendrons une solidarit� de fait.

Voil� ce que je voulais vous dire.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, M. LELLOUCHE, qui est conseiller de Paris, mais qui est Ministre des Affaires europ�ennes me demande la parole. Ce qui prouve que, quand le Conseil de Paris se prend pour l'Assembl�e nationale, on ne s'occupe pas du stationnement ou des logements sociaux !

Je vais, parce que je ne peux pas le refuser � M. LELLOUCHE, lui donner la parole une ou deux minutes, mais il faut que nous soyons � notre niveau, si cela ne vous d�range pas.

(Brouhaha).

Et voil� ! Mais non ! Ce n?est pas possible !

Qu?est-ce qu?il y a encore ?

Non, je ne t?ai pas donn� la parole.

M. Sylvain GAREL. - Ce n?est pas parce qu?il est Ministre qu?il peut prendre la parole.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Il est Ministre des Affaires europ�ennes !

(Brouhaha).

Soyons un peu?

Tout � l'heure, j?ai bien donn� la parole � une maire d?arrondissement !

(Brouhaha).

Vous savez que cette assembl�e...

Cela ne me fait pas rire du tout !

J'ai demand� vainement aux pr�sidents de groupe, � tous, de prendre leurs responsabilit�s par rapport � ces d�rives. Je redis � l'adjoint charg� de ces questions, mon ami Fran�ois DAGNAUD, et aux cinq pr�sidents de groupe : "Proposez-moi en responsabilit�, tous les six, des r�gles de vie qui font qu'on traitera des sujets dont on doit traiter". Mais reconnaissez que tout le monde prend sa part, tout le monde sans exception, � parfois des d�placements d'orientation de nos sujets.

Donc, Monsieur LELLOUCHE ? Rapidement.

M. Pierre LELLOUCHE. - Merci, Monsieur le Maire.

Je ne suis vraiment pour rien dans les d�rives que vous d�noncez. Puisque la question a �t� soulev�e et qu'elle est en plein dans l'actualit�, je pense que M. SARRE a raison quant � ce qu'il a dit sur la n�cessaire solidarit� avec la Gr�ce.

Je voulais simplement dire � M. SARRE et � M. SCHAPIRA que, si la Ville est solidaire par l'interm�diaire de ses �lus, le Gouvernement, depuis plus de trois mois et demi, a tout fait pour mobiliser le reste de l'Union europ�enne dans un geste de solidarit� avec la Gr�ce, ce qui a �t� obtenu puisque le paquet de soutien a �t� mis en ?uvre il y a plus d'une dizaine de jours d�j� et hier, en effet, comme le rappelait M. SCHAPIRA un m�canisme beaucoup plus large a �t� mis en place.

M. LE MAIRE DE PARIS. - N?entrez pas dans le d�tail, Monsieur !

M. Pierre LELLOUCHE. - Je voulais simplement dire, puisque la question de la Gr�ce a �t� soulev�e � ce moment et que nous venons ensemble, Monsieur le Maire, de c�l�brer le soixanti�me anniversaire de la d�claration Schuman, que le Gouvernement a aussi sa part dans la solidarit� avec le peuple grec.

(Applaudissements).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Chers coll�gues, merci � tous.

Je vous en supplie, cette assembl�e, le Conseil de Paris aura toute sa force s'il ne se prend pas pour l'Assembl�e nationale. A l'Assembl�e nationale et au S�nat ...

(Brouhaha).

Pourquoi vous agitez-vous ? Pourquoi ? S'il y en a un qui ne confond pas les r�les, c'est bien moi qui ai refus� de cumuler ma fonction municipale avec une fonction de parlementaire !

Mai 2010
Débat
Conseil municipal
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