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24- II - Question d'actualité de M. Jean-François BLET, élu de " Paris écologie, solidarité et citoyenneté ", à M. le Maire de Paris relative à la Z.A.C. " Didot " et à l'assignation en justice de l'association " Urbanisme & démocratie " par la S.A.G.I.



M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Nous passons � la deuxi�me question d'actualit� qui nous est pos�e par M. Jean-Fran�ois BLET, � qui je donne la parole.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, le projet d'am�nagement de la Z.A.C. " Didot " dans le 14e arrondissement suscite en permanence critiques et contestations de la part des riverains et de leur association. Il a pour particularit� de synth�tiser toutes les tares des Z.A.C. parisiennes des ann�es 1980.
En effet, 230 logements prennent place dans une tour et des barres d'immeubles de sept �tages � l'architecture hideuse, aucun �quipement scolaire, aucun L.A.S.C.ART (local associatif, sportif, culturel et artistique), la destruction du Paris village, la n�gation d'un urbanisme convivial.
Depuis six mois, les habitants du quartier regroup�s autour de l'association " Urbanisme & d�mocratie " r�clament une r�orientation de la Z.A.C.
Lors de la s�ance de notre Conseil du 3 f�vrier 1997, je vous avais alert� sur la n�cessit� de pr�server le quartier " Didot ", et vous vous �tiez engag� � r�habiliter les 69 et 71, rue Raymond-Losserand et le 36, rue Pernety. Qu'en est-il advenu ? Pouvez-vous nous le confirmer ?
Les travaux de la tour et des deux barres ont d�marr� au d�but du mois de mars, entra�nant une vague de contestations sans pr�c�dent dans le quartier. Des po�mes fleurirent sur les murs, un myst�rieux personnage se proclamant ZACMAN accrocha une immense banderole " Non � la Z.A.C. " tout en haut de la grue, les riverains occup�rent les entr�es du chantier, manifest�rent devant la mairie du 14e.
Mais leurs voix furent entendues. Il est vrai tardivement. Lors d'une r�union consacr�e, le 3 avril 1997, � l'am�nagement du secteur " Bauer-Thermopyle ", le principe d'une concertation sur la Z.A.C. " Didot " fut �voqu�. Mais il fallut attendre les �lections, soit un mois et demi, pour qu'enfin une r�union de concertation se tienne le 15 mai � l'H�tel-de-Ville, entre les associations, les services de la Ville et le Maire repr�sent�s par une pl�iade de directeurs, M. Olivier NICOULAUD, M. Jacques MARVILLET, un repr�sentant de la S.A.G.I., une de la S.E.M.I.R.E.P. et l'architecte coordonateur.
Vous y avez annonc� l'arr�t des destructions et une r�orientation du P.A.Z. de la Z.A.C. Prenant en consid�ration la bonne volont� exprim�e par la Ville de Paris, les riverains d�cid�rent alors de suspendre leurs actions. Depuis, les travaux se d�roulent normalement.
Mais quelques jours apr�s les �lections, la S.A.G.I., S.E.M. dont la ville est actionnaire principal, vient d'assigner l'association " Urbanisme & d�mocratie " devant les tribunaux, demandant sa condamnation et une forte demande de dommages et int�r�ts.
Cette d�claration de guerre est sans pr�c�dent. M�me sous la mandature chiraquienne, la Mairie de Paris et ses S.E.M., lors de conflits plus aigus s'inscrivant dans la dur�e, n'ont jamais assign� la moindre association sur Paris.
Des blocages de chantier, il y en a eu, et il y en aura, tant que les projets d'urbanisme seront impos�s aux habitants, tant que la concertation en amont � laquelle vous vous essayez trop rarement, mais parfois avec un certain bonheur il est vrai, en restera aux balbutiements.
Vouloir r�duire les habitants au silence, choisir d�lib�r�ment l'intimidation et la r�pression contentieuse sous couvert de concertation, ce double langage est inacceptable.
De gr�ce, foin d'hypocrisie, ne vous d�faussez pas sur la S.A.G.I. en pr�textant de son autonomie, vous feriez rire tout Paris. Elle n'est que votre oblig�e, votre ombre port�e, l'instrument privil�gi� de votre gestion urbaine.
Nous ne laisserons pas b�illonner les associations de quartier !
Je vous demande en cons�quence d'intervenir aupr�s de la S.A.G.I., afin qu'elle mette un terme � son action judiciaire, et que ce petit quartier villageois de Paris puisse retrouver sa s�r�nit�.
Il serait temps enfin de communiquer � l'association " Urbanisme et D�mocratie ", le plan modificatif du P.A.Z. que vous lui avez pr�sent� lors de la concertation du 15 mai et qui ne lui a toujours pas �t� transmis en d�pit de ses demandes r�it�r�es.
Je vous demande aussi de proc�der au r�examen des constructions en cours en les d�densifiant et en y incluant notamment des �quipements de proximit�.
La Z.A.C. " Didot " ne deviendra pas la " Cit� Didot ".
Messieurs qu'on nomme grands
Ecoutez tous ces gens
Qui depuis des semaines
R�clament par centaines
D'arr�ter ce chantier.
Vous devez �tudier
Avec les riverains
La ville de demain.
Ils la veulent vivante,
Ils la veulent riante.
Le logement social
Ne peut �tre banal
Ils veulent l'int�grer
A la vie de quartier
Ils veulent l'habiter
Et non �tre entass�s
Ils veulent un jardin
Pas des cages � lapins
Ils veulent une �cole
Voyez leurs banderoles ! ...
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Mon cher coll�gue...
M. Jean-Fran�ois BLET. - Ne censurez pas les po�tes, de gr�ce !
Je termine :
La pierre a une histoire
Le quartier sa m�moire
Avant de d�molir
Pensez � r�fl�chir.
Vous devez le savoir
Vous �tes dans l'impasse.
Vous avez le pouvoir
De contenter les masses
L'unique solution
C'est la concertation !
Veuillez consid�rer
Leur premi�re requ�te
Etudiez leur enqu�te
Venez les rencontrer
Ouvrez la discussion.
Et de gr�ce, laissez fleurir les associations et les po�tes en paix !
(Applaudissements).
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Sans briser l'envol�e lyrique de notre coll�gue BLET, je donne la parole � Mme COUDERC pour lui r�pondre.
Mme Anne-Marie COUDERC, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire. Je ne r�pondrai pas en vers, mais je dirais que le projet de la Z.A.C. " Didot " ne correspond en rien aux formules excessives de M. BLET. Et je voudrais apporter quelques pr�cisions � cet �gard.
Contrairement � ce que M. BLET affirme, cette op�ration, tout d'abord, mes chers coll�gues, comporte de nombreux �quipements : un local P.M.I., une cr�che, un terrain de sports, un jardin, un parc de stationnement.
Elle n'a pas non plus port� sur la destruction du Paris pittoresque, comme M. BLET le pr�tend, puisque l'essentiel de ces emprises correspondaient aux anciens garages des Transports automobiles municipaux, et que, sur les quelques immeubles anciens concern�s, des hypoth�ses de r�habilitation sont aujourd'hui � l'�tude.
Par ailleurs, la " tour " et les " barres " �voqu�es � cette occasion sont en fait, soyons r�alistes, des immeubles de cinq �tages plus combles ou six �tages, et non pas davantage comme M. BLET l'affirme de mani�re inexacte. Ces hauteurs sont tout � fait comparables � celles des immeubles anciens aux alentours. C'est d'ailleurs la hauteur d'un des immeubles dont les possibilit�s de r�habilitation sont � l'�tude dans la partie sud de la Z.A.C.
A ce sujet, rien n'est d�cid�, j'aimerais le confirmer � M. BLET, mais il est vrai que nous avons bien mis ces r�habilitations � l'�tude, et c'�tait pr�cis�ment l'objet de la premi�re r�union de concertation.
Cette r�union de concertation n'a pas eu lieu non plus, Monsieur BLET, quelques jours avant les �lections pour le plaisir de la faire. Elle r�pondait � une demande explicite des associations au cours d'une pr�c�dente r�union qui s'est tenue le 7 avril sur le secteur " Didot-Bauer-Thermopyles ". Cette r�union �tait d'ailleurs pr�sid�e par mon conseiller d�l�gu�, M. Xavier-Marie BORDET, que vous auriez pu avoir la politesse, Monsieur BLET, de ne pas oublier.
J'ajoute encore, contrairement � ce que vous indiquez, qu'il n'y a pas une seule association int�ress�e par cette op�ration, comme vous l'avez r�p�t�. Vous auriez d� avoir le souci, Monsieur BLET, de citer �galement " SOS-Paris ", " Paris Oxyg�ne ", " Acadidot " et " Monts 14 ". Quand on parle de m�pris des associations, Monsieur BLET, faites donc attention � ce que vous exprimez.
Vous savez tr�s bien pourquoi en fait, dans le d�roulement de cette concertation, nous avons proc�d� de la sorte. Cette r�union du 15 mai, Monsieur BLET, �tait primitivement pr�vue pour analyser l'op�ration " Bauer-Thermopyles ". Elle a d� �tre report�e parce que l'architecte coordinateur que nous avions retenu n'�tait pas disponible. C'est pourquoi, et pour ne pas d�ranger de multiples fois les associations, nous avons pr�vu de lui substituer une premi�re r�union sur la Z.A.C. " Didot ". Vos propos sont donc dans tous leurs termes, et j'ai le regret de le dire, totalement malvenus !
S'agissant des comportements d'une association qui a bloqu� le chantier de la Z.A.C. � plusieurs reprises, je voudrais �galement souligner deux choses.
Tout d'abord, le chantier a �t� bloqu� alors m�me qu'une concertation �tait engag�e, comme l'avait annonc� le Maire au cours de sa visite dans le quartier d�s fin janvier, et comme moi-m�me je l'ai rappel� lors d'une r�union publique avec le Maire du 14e arrondissement au d�but du mois de f�vrier.
C'est dans ce contexte, le 7 avril, qu'il avait �t� d�cid� de monter cette r�union. Une association, " Urbanisme et D�mocratie ", a pourtant invit� ses adh�rents � venir p�riodiquement bloquer les acc�s du chantier de la S.A.G.I. Je ne sais pas ce qu'on entend lorsqu'on parle de concertation et lorsqu'on agit de cette mani�re.
Fin avril, une banderole a m�me �t� install�e sur une grue, avec tous les risques que cela comportait. Puis ces manifestations se sont poursuivies parall�lement � la concertation.
Face � cette situation, la S.A.G.I., en sa qualit� de ma�tre d'ouvrage et devant les plaintes formul�es par les entreprises, a averti le Pr�fet de police le 22 mai en lui demandant d'intervenir, et elle s'est vue contrainte d'engager une proc�dure par voie de r�f�r� d'heure � heure.
La S.A.G.I. agit comme une entreprise responsable de chantiers parfaitement autoris�s sur laquelle la Ville n'a pas � intervenir, car nous ne sommes pas sur le secteur de la Z.A.C. dont le parti d'am�nagement est en cours de r�examen.
J'ajoute que le Conseil de l'association a demand� un report, compte tenu du court d�lai donn�e � l'association, pour pr�parer sa d�fense. Ce rapport a �t� accept� par la S.A.G.I. sous r�serve d'un engagement formel de ne plus manifester et le vice-pr�sident du Tribunal de grande instance de Paris a accept� ce report aux m�mes conditions. La date d'audience n'est pas fix�e � ce jour, � ma connaissance.
J'aimerais dire �galement, et pour conclure, que bien entendu, la concertation sur cette op�ration se poursuit. Et j'aimerais confirmer � M. BLET qu'une r�union est fix�e avec toutes les associations le 18 juin prochain ; ce sera l� une nouvelle occasion d'examiner ensemble un certain nombre de plans et de documents alternatifs et de prendre les d�cisions qui s'imposent pour les phases suivantes. Mais il serait tout de m�me important que lorsqu'on est dans des phases de concertation, la bonne foi soit �quitablement r�partie et que les r�gles du jeu soient respect�es par les uns et par les autres.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je remercie Mme COUDERC.

Juin 1997
Débat
Conseil municipal
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