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2007, DU 149 - Attribution de la dénomination “Carrefour du Général Jacques Pâris de Bollardière” à une emprise des 7e et 15e arrondissement de Paris.


M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DU 149 relatif � l?attribution de la d�nomination ?Carrefour du G�n�ral Jacques P�ris de Bollardi�re? � une emprise des 7e et 15e arrondissement de Paris.

Monsieur MORELL, vous �tes inscrit, vous avez la parole.

M. Alain MORELL. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, j?ai aujourd?hui l?honneur de m?exprimer devant vous pour me r�jouir, avec vous tous je l?esp�re, de la d�nomination d?un carrefour du nom du g�n�ral P�ris de Bollardi�re.

Plaisir un peu personnel et corporatif, je le confesse d?abord, � honorer un soldat l�gionnaire, r�publicain et humaniste, pour moi qui suis issu d?une longue tradition militaire, fils de l�gionnaire, l�gionnaire moi-m�me et p�re de parachutiste.

Mais surtout, de mettre en lumi�re le parcours d?un homme qui a fortement marqu� de sa force d?�me ma jeunesse. Je l?ai connu personnellement, et il m?a fascin� durant quelques dimanches pass�s � l?�couter, � observer sa lucidit�, sa douceur, sa tol�rance alors qu?on continuait � le salir et � l?attaquer. Il faut se rappeler, en effet, de la duret� des r�actions de certains, face � son refus de la torture en Alg�rie, face � son courage et � son honneur, face � ses �crits, ses prises de position, plus tard encore.

Claude DARGENT retracera tout de suite, il parle mieux que moi, sa trajectoire mais permettez-moi pour conclure de lire la conclusion d?un article qu?il publia dans la revue ?Les �tudes? en 1972. J?attire votre attention sur l?actualit� extraordinaire de ce texte.

Il �crivait : ?On ne construit rien dans la violence. J?opposerai toujours un non cat�gorique � cette perversion, n�gation de l?esp�rance humaine. Dans la torture, le bourreau en vient � d�truire son humanit� en s?acharnant � d�truire l?autre. Notre soci�t� industrielle cr�e � l?int�rieur de chaque pays des situations de violence que nous refusons de voir, que nous n?avons plus le courage de surmonter : violence dans le monde du travail, violence dans la comp�tition et la fr�n�sie de poss�der et de consommer, violence entre les g�n�rations?. Je vous l?ai dit, c?�tait en 1972.

Plus loin, il poursuit : ?Le souffle de l?esprit anime le monde. Une seule cause peut le sauver, c?est celle de l?homme lib�r� de lui-m�me, vainqueur de la haine et du m�pris.? Fin de citation.

Le g�n�ral P�ris de Bollardi�re fait partie de ces officiers qui furent l?honneur de l?arm�e fran�aise durant cette p�riode. Il est d?autant plus juste que ce soit un lieu � proximit� de l?�cole militaire qui porte son nom, pour ce mod�le de l?arm�e r�publicaine que nous aimons, et que ce soit un exemple pour les jeunes officiers qui y sont form�s.

Je vous remercie, mes chers coll�gues, de votre soutien � ce projet de d�lib�ration.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur MORELL.

Monsieur DARGENT, vous avez la parole.

M. Claude DARGENT. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, ce projet de d�lib�ration propose de donner le nom de Jacques P�ris de Bollardi�re � une place qui est situ�e � la fronti�re des 15e et 7e arrondissements.

Ce projet de d�lib�ration est d?abord venu en Conseil d?arrondissement, comme c?est de droit, et l?adjoint charg� de cette question, M. HUE, a rappel� un v?u du Conseil de Paris, demandant qu?un espace fut d�di� � Roger Cahen, doyen des v�t�rans de la Premi�re guerre mondiale et habitant le 15e arrondissement, disparu il y a peu.

Ce combattant est �videmment d?une valeur tout � fait incontestable et il faudra lui rendre justice dans un avenir proche. Mais arguant du v?u du Conseil de Paris, M. HUE a alors propos� au Conseil d?arrondissement de substituer M. Cahen au g�n�ral de Bollardi�re, ce que ce conseil accept�.

En fait, le dossier est bien plus complexe que l?expos� que nous en avait fait alors l?adjoint charg� de ces questions dans le 15e arrondissement. Et apr�s avoir eu le temps de l?�tudier dans l?intervalle, il nous para�t indispensable de revenir � la proposition initiale, telle que contenue dans ce projet de d�lib�ration.

Quels que soient les m�rites de M. Cahen, la r�gle de cinq ann�es entre le d�c�s d?une personnalit� et la d�lib�ration qui permet l?attribution de son nom � une emprise de notre ville pr�vaut. En l?occurrence, elle ne serait pas respect�e si le Conseil de Paris suivait le Conseil d?arrondissement, puisque cette personnalit� a disparu en juillet 2003.

En revanche, Jacques P�ris de Bollardi�re, d�c�d� quant � lui en 1986, soit depuis plus de vingt ann�es, n?a toujours pas d?emplacement d�di� dans notre ville, et c?est l?objet de ce projet de d�lib�ration.

Or, son itin�raire, comme l?a soulign� � l?instant M. MORELL, honore ceux qui, � l?instar des socialistes parisiens et de l?ensemble de la gauche, se font une id�e exigeante de la mise en conformit� des actes avec les valeurs qui sont celles du pays des Droits de l?Homme.

Rappelons en quelques mots cet itin�raire. En 1940, Jacques P�ris de Bollardi�re se rallie imm�diatement aux Forces fran�aises libres. C?est un peu curieux d?ailleurs que l?U.M.P. ne pr�te pas plus d?attention � ce genre de choses. Cela lui vaut une condamnation � mort par le r�gime de Vichy.

Engag� dans les F.F.L., il passe par la L�gion �trang�re, puis par le Bureau central de renseignements et d?action (B.C.R.A.). Il est fait Compagnon de la Lib�ration, Grand Officier de la L�gion d?honneur, Croix de Guerre 39/45, Croix de Guerre des th��tres d?op�rations ext�rieures avec palmes, m�daille de la R�sistance, plus des d�corations �trang�res. C?est l?officier le plus d�cor� de la deuxi�me guerre mondiale.

Tous ces titres justifieraient � eux seuls que lui soit d�cern�e une emprise dans l?espace public parisien.

Mais, surtout, Jacques P�ris de Bollardi�re restera dans l?Histoire pour avoir d�nonc� l?usage de la torture en Alg�rie, lors de la guerre d?Ind�pendance.

En mars 1957, en effet, le G�n�ral demande � �tre relev� de ses fonctions car il refuse de r�pondre � l?ordre du G�n�ral Massu d?appliquer la torture dans les op�rations en cours.

De retour en France, il soutient publiquement Jean-Jacques Servan-Schreiber, � ce moment-l� inculp� pour atteinte au moral des arm�es, qui avait servi sous ses ordres en Alg�rie. Dans une lettre publi�e dans l?Express, Jacques P�ris de Bollardi�re explique qu?il refuse cette abomination, je cite, ?au nom de l?effroyable danger qu?il y aurait � perdre de vue les valeurs morales qui seules ont fait jusqu?� pr�sent la grandeur de notre civilisation et de notre arm�e?.

Il est alors sanctionn� et condamn� � soixante jours d?arr�t.

Chers coll�gues, il s?agit de l?unique g�n�ral fran�ais � avoir eu le courage de d�noncer la pratique de la torture en Alg�rie. Il d�missionne apr�s le putsch des g�n�raux (1961).

A l?occasion de la loi de r�habilitation des militaires putschistes de 1982, certains officiers ayant r�sist� au putsch sont �galement r�int�gr�s dans les cadres. Trouvant ce geste bien tardif et ce parall�lisme d�plac�, le g�n�ral Jacques P�ris de Bollardi�re refuse. Il devient alors le seul officier sup�rieur qui n?ait pas �t� r�int�gr� dans ses droits.

Au vu de cette vie exemplaire, il est indispensable que Paris honore sans attendre cette grande figure de notre histoire. Le carrefour qui nous est propos�, � l?angle de l?Ecole Militaire, est parfaitement indiqu�. Ce g�n�ral a en effet puissamment contribu� � sauver une partie de l?honneur de cette arm�e contre ses responsables de l?�poque.

Quand on conna�t l?itin�raire singulier de ce personnage, le fait que cela n?ait pas �t� encore fait constitue une anomalie qui, si elle perdurait, chers coll�gues, redoublerait, apr�s sa mort, l?injustice que ce h�ros a subie de son vivant.

Il y a urgence � donner le nom du g�n�ral P�ris de Bollardi�re � cette place parisienne.

Je vous remercie.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur DARGENT.

La parole est � Mme de CLERMONT-TONNERRE.

Mme Claire de CLERMONT-TONNERRE. - Je voudrais simplement faire une tr�s courte intervention et deux observations.

Puisque M. DARGENT vient de donner des le�ons � propos de la r�gle des cinq ans, je voudrais rappeler que ce projet de d�lib�ration n?est pas pass� devant la Commission d?examen des projets de d�nomination de sites, places, voies et espaces verts, comme cela est suppos� �tre la r�gle, que cette commission n?a pas si�g� depuis dix-huit mois et que, Conseil apr�s Conseil, on voit des projets de d�lib�ration qui nous sont soumis et qui contournent la commission.

Soit elle est utile et, � ce moment-l�, il faut la r�unir normalement. Soit elle ne sert � rien, auquel cas il faut la dissoudre.

Deuxi�me observation, j?avais propos�, en f�vrier 2004, un v?u pour que nous rendions un hommage � Jean Gabin. Deux ans et demi plus tard, ce v?u a bien �t� suivi d?une d�lib�ration que nous avons vot�e, en septembre 2006. Depuis, plus rien ne s?est pass�. Et comme l?hommage devait �tre localis� dans le 18e arrondissement, Monsieur CAFFET, je me tourne vers vous pour vous demander si vous pourriez interc�der aupr�s du Maire de Paris pour que nous puissions rendre cet hommage � Jean Gabin, comme notre Conseil l?avait souhait�.

Merci.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame.

La parole est � M. CAFFET.

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Que puis-je r�pondre � cette question ? J?aurais pr�f�r�, franchement, que l?hommage que nous allons rendre, en tout cas je l?esp�re, au g�n�ral P�ris de Bollardi�re, soit un peu plus solennel que ce que j?ai pu entendre, cet apr�s-midi.

Je vous dis cela, Madame de CLERMONT-TONNERRE, car, tr�s franchement, quand on honore quelqu?un de cette ampleur, on �vite - c?est ma philosophie mais vous faites ce que vous voulez - de poser des questions subalternes de proc�dure � propos d?une commission qui ne s?est pas r�unie depuis dix-huit mois et de faire l?amalgame entre le g�n�ral P�ris de Bollardi�re et Jean Gabin.

Si la famille de ce g�n�ral regardait nos d�bats, je ne sais pas ce qu?elle en penserait. Cette discussion et les arguments qui sont employ�s par certains ne rel�vent pas le d�bat et rel�vent plut�t d?un camouflet � la famille de ce g�n�ral.

C?est ce que je tenais � dire.

Claude DARGENT a retrac� la vie de ce personnage. Il a indiqu� que c?�tait l?officier le plus d�cor� de la seconde guerre mondiale.

Je veux rappeler, Madame de CLERMONT-TONNERRE, cela devrait vous aller droit au c?ur, qu?il �tait Compagnon de la Lib�ration. Mais vous pr�f�rez des pol�miques totalement subalternes sur des questions de proc�dure.

Pour ma part, j?avais compris de ce dossier que le maire du 15e arrondissement et le maire du 7e arrondissement avaient donn� leur accord pour cet hommage rendu � ce g�n�ral.

Je constate par ailleurs que le Conseil du 7e arrondissement a adopt� � l?unanimit� ce projet de d�lib�ration et, encore une fois, mais je ne sais pas pourquoi, le probl�me vient du 15e arrondissement o�, tout d?un coup, surgit un h�ros de la premi�re guerre mondiale qui devrait remplacer l?hommage rendu au g�n�ral P�ris de Bollardi�re.

Franchement, o� en somme-nous ? Cessez de r�gler vos probl�mes internes au 15e arrondissement sur le dos de la m�moire de l?officier le plus d�cor� de la seconde guerre mondiale !

Vous �tes d?accord avec moi, Monsieur GOUJON. Je le sens bien.

De plus, un site a �t� identifi� pour M. Cahen et il sera prochainement honor� dans un lieu qui est tr�s proche de celui o� il a v�cu, dans le 15e arrondissement.

Le Conseil de Paris ne pourrait-il pas se r�unir sur ce projet de d�lib�ration - je le r�p�te pour la troisi�me fois -, pour l?officier le plus d�cor� de la seconde guerre mondiale, un compagnon de la Lib�ration plut�t que de? ?

Je m?arr�te l�...

M. Philippe GOUJON. - Vous vous engagez dans des voies qui ne sont pas celles?

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Je constate, Monsieur GOUJON, comme il �tait convenu, que ce projet de d�lib�ration a �t� adopt� � l?unanimit� par le Conseil du 7e arrondissement et que, contrairement � ce qui avait �t� convenu, il ne l?a pas �t� par le Conseil du 15e arrondissement.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Nous allons passer?

M. Philippe GOUJON. - Je voudrais faire une explication de vote.

Je ne m?engagerai pas dans un d�bat aussi passionn� que le souhaite M. CAFFET parce qu?il n?y a pas de raison de s?enflammer, alors que nous sommes, en r�alit�, tous d?accord sur le m�me sujet.

Je voudrais simplement r�tablir une certaine v�rit� et non pas laisser dire n?importe quoi sur un sujet que, visiblement, vous n?avez pas bien �tudi� car ce n?est pas du tout cela qui s?est pass� au Conseil du 15e arrondissement.

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - On ne sait jamais ce qui s?y passe.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Excusez-moi, c?est une explication de vote. Ce n?est pas une intervention.

Vous venez de?

M. Philippe GOUJON. - Je voudrais dire en trente secondes ce qui s?est pass�, si on me le permet.

Il n?est pas question de remettre en cause l?attribution de cette d�nomination qui refl�te effectivement la tr�s grande honorabilit� du g�n�ral P�ris de Bollardi�re qui a su servir tout � fait dignement son pays, comme s?�lever contre l?emploi de la torture.

(Mouvements divers sur les bancs de la majorit� municipale).

On a l?impression, quand on entend M. CAFFET, qu?on porte tous les p�ch�s du monde !

Ce qui s?est dit au Conseil du 15e arrondissement, c?est que nous avions vot� � l?unanimit� en notre Conseil quelque temps auparavant la d�nomination d?une place pour Roger Cahen qui est le doyen des poilus de la premi�re guerre mondiale. Il n?y a pas de probl�mes ; il n?y a pas de crise. Tout va bien, Monsieur CAFFET, nous voterons ce projet de d�lib�ration qui ne m�ritait sans doute pas cet exc�s d?indignation que vous avez eu et qui ne correspondait � rien !

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur GOUJON?

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Il a �t� refus� par le Conseil du 15e.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Une explication de vote du groupe ?Les Verts?.

Monsieur GAREL, vous avez la parole.

M. Sylvain GAREL. - Merci, Monsieur le Maire.

Nous allons bien entendu voter avec enthousiasme ce projet de d�lib�ration. Je voudrais simplement ajouter un �l�ment sur la fin de la vie de P�ris de la Bollardi�re.

Apr�s avoir quitt� l?arm�e, il est devenu l?un des principaux militants du ?Mouvement pour une alternative non violente?, mouvement qui a beaucoup compt� pour les �cologistes et avec lequel nous travaillons beaucoup. Je pense que cela devait �tre dit dans cette enceinte. Merci.

M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur GAREL.

Il n?y a pas d?autres explications de vote ?

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DU 149.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2007, DU 149).

Je vous remercie.

Octobre 2007
Débat
Conseil municipal
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