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2007, Voeu déposé par MM. Denis BAUPIN, Sylvain GAREL, René DUTREY et les membres du groupe “Les Verts” relatif à un hommage aux “mutins du Chemin des Dames”.


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du v?u r�f�renc� n� 9 dans le fascicule, d�pos� par le groupe ?Les Verts?, relatif � un hommage aux ?mutins du Chemin des Dames?.

La parole est � M. BAUPIN.

M. Denis BAUPIN, adjoint. - Il n?y a pas de probl�me, je ne consid�re pas que c?est une insulte.

Bien, je reviens sur ce dossier qui a d�j� �t� �voqu� lors du pr�c�dent Conseil de Paris. Nous sommes en 2007, au 90e anniversaire de ce que l?on a appel� les Mutins de 1917.

Tout le monde �videmment conna�t leur histoire, les boucheries de l?ann�e 1917, notamment celles du Chemin des Dames qui avaient entra�n�s dans l?arm�e fran�aise des refus de se battre, des mutineries. Face � ces mutineries l?arm�e fran�aise avait r�agi avec brutalit� en condamnant des dizaines de militaires, pour l?exemple, comme il fut dit alors.

Depuis ces morts sont enferm�s sous une chape de silence. Ils n?ont jamais �t� r�habilit�s, leur souvenir n?a pas �t� perp�tu�, parfois uniquement par leur famille. Pourtant � bien des �gards nous les consid�rons comme des h�ros qui ont tent� de s?opposer � la folie meurtri�re de la guerre et des Etats Majors.

Au pr�c�dent Conseil de Paris lorsque nous avions propos� d?apposer une plaque en souvenir et en hommage � ces mutins de 1917, vous nous avez r�pondu, Mme CHRISTIENNE, qu?il n?y avait pas de raison de distinguer ces soldats qui avaient �t� fusill�s pour l?exemple des autres morts pour la France. Sauf que justement, ceux-l�, ils n?ont jamais �t� reconnus comme mort pour la France et en plus ils ne sont pas morts pour la France, ils ont �t� tu�s par la France. Ils ont �t� fusill�s pour l?exemple par l?arm�e fran�aise.

Vous nous aviez dit aussi qu?il n?y avait pas de raison de distinguer ces fusill�s pour l?exemple de 1917 des autres qui avaient �t� fusill�s � d?autres ann�es pendant cette guerre. Sauf que l�, on est dans une situation terriblement diff�rente. On est dans une situation de mouvement collectif, de volont� de nombreux hommes de r�sister � la barbarie et � la boucherie. C?est donc en quelque sorte comme un mouvement syndical cr�� au sein de l?arm�e fran�aise, en temps de guerre c?est vrai, mais avec courage de la part de ces soldats qui refusaient de poursuivre � l?�poque cette guerre. On leur proposait de mourir pour la France, ou plus pr�cis�ment de tuer pour la France, puisque c?�tait le r�le des soldats qu?on envoyait dans ces boucheries. C?�tait non seulement de mourir mais aussi tuer pour la France et ils refusaient qu?en face il y en ait qui meurent pour l?Allemagne, d?autres qui tuent pour l?Allemagne, et finalement que tout ces gens meurent pour rien.

Alors face � ces mouvements nous consid�rons que nous avons un hommage � rendre � ces personnes, qui ont �t� fusill�es pour l?exemple. Je rappelle d?ailleurs que le Premier Ministre, il y a 10 ans, Lionel JOSPIN, avait propos� que ces soldats soient r�int�gr�s dans la Nation.

Et donc nous proposons qu?une gerbe, en hommage � ces mutins de 1917, soit d�pos�e le 11 novembre prochain � l?occasion des c�r�monies du 11 novembre pour honorer la m�moire de ces jeunes hommes assassin�s par l?arm�e fran�aise. Nous consid�rons qu?une m�moire qui ne glorifie que la guerre et ses mythes et pas ceux qui ont tent� de s?y opposer serait une m�moire h�mipl�gique.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur BAUPIN.

Je donne la parole � Mme CHRISTIENNE.

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe. - Pour tout un d�velopp� je vous renvoie � ma r�ponse des 16 et 17 juillet. Je ne recommencerai pas, sauf qu?�videmment, heureusement, vous avez rappel� que le Premier Ministre Lionel JOSPIN avait effectivement r�habilit� les mutins de 1917. Mais je voudrais rappeler le sens du 11 novembre et r�pondre s�par�ment aux deux points que vous �voquez. Le 11 novembre est une des grandes dates de la vie comm�morative fran�aise, jour de m�moire qui ne comm�more pas uniquement l?armistice de 1918. Le 11 novembre 1920 est une date importante pour la IIIe R�publique qui f�te son cinquantenaire et y associe pour la premi�re fois l?hommage � un soldat inconnu mort pendant la Grande Guerre, repr�sentant anonyme de l?ensemble impressionnant des Poilus. Le 28 janvier 1921 le Soldat inconnu est inhum� sous la vo�te de l?Arc de Triomphe. Le 24 octobre 1922 une loi �tablit le 11 novembre f�te nationale. Le 11 novembre 1923, Andr� Maginot, Ministre de la Guerre et des Pensions, allume une flamme du souvenir. Mais le 11 novembre prend une dimension singuli�re en 1940.

A l?approche de cette date les autorit�s allemandes et la Pr�fecture de police interdisent toutes les manifestations comm�moratives, les proviseurs re�oivent une circulaire demandant d?emp�cher les �l�ves de se rendre � cette c�r�monie. Le 30 octobre le physicien Paul Langevin est arr�t�, les jeunes sont une fois encore les premiers � r�agir.

A l?approche de cette date, plusieurs cort�ges de lyc�ens et d?�tudiants convergent vers l?Arc, la r�pression est brutale.

Pour la premi�re fois depuis juin 1940 les Fran�ais se heurteront aux forces d?occupation.

Ainsi le 11 novembre 1940 est devenu le symbole non seulement de la R�sistance parisienne, mais aussi pour les Fran�ais libres, la radio de Londres en ayant soulign� l?importance par la voix de Maurice Schuman : ?pour la premi�re fois, la jeunesse d?un pays occup� offre l?exemple d?un double sursaut de l?honneur et de l?esp�rance?.

En 1945, le 11 novembre, 15 cercueils sont d�pos�s � l?Arc de Triomphe en pr�sence des combattants des trois arm�es, des personnes d�port�es, hommes et femmes. Ils symbolisent les diff�rents lieux de souffrance et l?unit� nationale.

Ainsi, le 11 novembre nous parle d?autres m�moires que celle de la Grande Guerre.

Comme je l?ai rappel� lors des s�ances des 16 et 17 juillet, le tombeau du Soldat inconnu a pour vocation de rappeler le souvenir de tous les soldats tomb�s pour la France. Et si ce symbole patriotique et publicain unique a permis � notre Nation depuis 1920 de faire son travail de deuil, il est devenu le lieu o� l?on rappelle l?absurdit� de la guerre et la n�cessit� de se mobiliser pour le maintien de la paix dans le monde.

Le 11 novembre, � l?Arc de Triomphe, se d�roule une c�r�monie nationale, rendant hommage � tous les morts, y compris aux mutins, car on ne s�pare pas dans ces manifestations m�moriels les fusill�s de leurs fr�res d?arme, et je le redis.

En conclusion, pour cette partie-l�, d?une part, il n?est pas possible d?introduire une quelconque modification dans le d�roulement d?une c�r�monie nationale ; d?autre part, le geste que vous proposez, alors que l?hommage � la Nation est rendu � l?ensemble des soldats morts pour la France, dont les fusill�s du Chemin des Dames, ne se justifie pas ce jour-l�.

Je vous rappelle d?ailleurs que le 11 novembre, le Maire de Paris se d�place pour d�poser une gerbe devant la plaque comm�morative du 11 novembre 1940, avant de se rendre � la c�r�monie de l?Arc de Triomphe.

En revanche, concernant l?exposition rappelant l?�pisode particulier des mutins du Chemin des Dames et, bien s�r, les raisons de leur refus et de ce qui leur est arriv�, de leur malheur, je dois dire que, si g�n�ralement les expositions de l?H�tel de Ville ont trait � des �v�nements dans lesquels la Capitale est impliqu�e, on accueille �galement, en fonction de la disponibilit� des locaux, des expositions mont�es par des associations. Nous avons, par exemple, accueilli une exposition sur la guerre d?Alg�rie, exposition maintenant itin�rante et pr�sent�e dans les lyc�es et dans les mairies d?arrondissement.

La proposition d?exposition concernant les mutins pourrait �tre examin�es par le Comit� d?histoire, r�cemment cr��, mais il faudrait au pr�alable d�finir le contenu et pr�ciser la surface n�cessaire.

Il est impossible mat�riellement de d�poser encore une gerbe dans la c�r�monie officielle, nationale. En revanche, il est possible d?envisager une exposition sur les mutins.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Bien.

Je pense, Monsieur BAUPIN, que vous maintenez votre v?u, malgr� cette r�ponse tr�s compl�te ?

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de voeu d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?...

Donc, 20 voix pour.

15 voix contre.

La proposition de v?u est adopt�e. (2007, V. 240).

Octobre 2007
Débat
Conseil municipal
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