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2007, DEVE 164 - Attribution de la dénomination “Square Roger Stéphane” à l’espace vert situé dans le prolongement de la rue Récamier (7e).


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DEVE 164 relatif � l?attribution de la d�nomination ?Square Roger St�phane? � l?espace vert situ� dans le prolongement de la rue R�camier (7e), sur lequel l?amendement n� 8 a �t� d�pos� par le groupe ?Les Verts?.

Monsieur MORELL, vous avez la parole.

M. Alain MORELL. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, il y a une �motion un peu particuli�re et vraiment du plaisir � appuyer cette d�lib�ration d?attribution de la d�nomination de Roger St�phane � un espace public parisien, en l?occurrence un square.

D?abord, c?est une �motion quant au lieu choisi qui convient si bien � l?humanisme, � la fois r�veur et engag� de Roger St�phane. Je pense qu?en allant d�sormais se promener dans ce lieu, on pourra y retrouver un peu de l?esprit des conversations qu?il pouvait avoir avec Jean Cocteau, avec Andr� Malraux et tant d?autres. Et avec mon p�re, �galement, avec qui, � Combat, il travaillait.

Roger St�phane �tait un homme, je le cite, qui croyait � ?l?av�nement et � la vertu de l?homme nouveau?. Mais, en m�me temps, et je le cite � nouveau, ?comme la plupart des hommes?, disait il, ?j?ai, au cours de mon existence, vari�, mais une �vidence ne m?a gu�re abandonn�, celle de l?�galit�, plus pr�cis�ment de l?�galit� des �mes, comme disent les chr�tiens. Je crois qu?un homme en vaut un autre, que l?�quilibre des vices et des vertus, des qualit�s et des d�fauts, est � peu pr�s constant chez tous les �tres. Rien ne m?est plus �tranger qu?une sociologie de la hi�rarchie ou une psychologie du m�pris?.

Et puis, il y a une �motion particuli�re � le faire ici, en tant qu?�lu, dans cette salle o� nous si�geons et o� il s?illustra avec tant de simplicit� et d?ardeur, mais �galement de lucidit� et de d�termination durant la lib�ration de l?H�tel de Ville. Car il eut � ce moment-l� un regard d�tach� et plein d?humour sur cette s�quence tr�s connue de la prise de l?H�tel de Ville.

Je ne r�siste pas pour finir au plaisir de le citer � nouveau : ?Oserai-je �crire qu?acc�der le jour de son 25e anniversaire au commandement de l?H�tel de Ville de Paris insurg�e a quelque chose de grisant ? Quoi qu?il en soit, je fus gris�?.

Plus loin, il pr�cise : ?Je n?avais b�n�fici� d?aucune formation militaire. Je demandais si parmi les hommes qui m?avaient accompagn� ne se trouvait pas par hasard un officier de r�serve qui put m?aider. Quelqu?un se pr�senta. C?�tait Jacques Kosciusco-Morizet qui �tablit un tir de barrage.

Puis, au cours de ces p�rip�ties, j?avais compl�tement perdu ma voix, mais il est difficile de commander en �tant aphone. Alors, je choisis, parmi le groupe de gar�ons qui m?avaient accompagn�, le plus avenant pour me servir de porte-voix. Il ne me quitta plus d?une semelle. Son charme fit merveille. C?�tait G�rard Philipe que la gloire n?avait pas encore atteint?.

Donnons un peu � Roger St�phane de cette reconnaissance car la gloire lui importait peu. Mais je ne doute pas que dans notre Assembl�e se dessinera une large majorit� pour adopter ce projet de d�lib�ration.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur MORELL.

Je donne la parole � M. DUMONT.

M. Michel DUMONT, maire du 7e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire.

Ma br�ve intervention d�butera par la lecture d?une lettre que j?ai adress�e � M. Bertrand DELANO�, Maire de Paris, le 19 septembre, rest�e sans r�ponse � ce jour.

Cette lettre est la suivante.

?Le Conseil du 7e arrondissement a �t� saisi d?un projet de d�lib�ration visant � attribuer le nom de Roger St�phane � l?actuel square R�camier.

Je tiens � vous faire part de la r�probation de notre Conseil qui a fait siens les motifs que je vous exposais dans mon courrier du 5 janvier 2007 rest�, lui aussi, sans r�ponse, quant au choix de l?emplacement.

Vous avez souhait� ne pas r�pondre � ma lettre et aux arguments qu?elle contenait, comme vous ne tiendrez tr�s probablement pas davantage compte de l?avis du Conseil du 7e arrondissement.

Je regrette vivement cet abandon de tout dialogue de votre part et ce passage en force sur un sujet qui ne peut �tre que consensuel. L?hommage qu?il convient de rendre � la m�moire du grand r�sistant que fut Roger St�phane m�riterait d?autres m�thodes. Elles ne sauraient pourtant l?entacher?.

Notre position de principe est de ne pas substituer le nom d?une personnalit� � une autre et de rechercher syst�matiquement un site non d�nomm� pour honorer la m�moire d?une personnalit� disparue. C?est dans cet esprit que j?avais propos� d?honorer la m�moire de Roger St�phane en donnant son nom � diff�rents sites sans nom du 7e arrondissement.

Pour la deuxi�me fois au cours de cette mandature, je suis contraint d?�lever une telle protestation. Le groupe ?Les Verts? propose deux autres sites d�j� d�nomm�s, dont le square Boucicaut. Assur�ment, vous allez vous obstiner dans votre position en arguant que le square R�camier ne porte pas officiellement le nom de R�camier. Il s?appelle pourtant ainsi depuis qu?il a �t� cr��, il y a plus de soixante-dix ans, par l?un de mes pr�d�cesseurs.

Il demeurera sous cette appellation connue de tous, malgr� la plaque que vous ferez apposer sur sa porte. C?est dommage pour Roger St�phane qui sera, de votre fait, priv� d?une reconnaissance tout � fait justifi�e.

En cons�quence, je m?abstiendrai sur la mise en ?uvre de cet hommage au square R�camier.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur DUMONT.

Quelqu?un veut-il d�fendre l?amendement n� 8 ?

Non, je consid�re qu?il est d�fendu et je donne la parole � Mme CHRISTIENNE pour r�pondre aux deux orateurs et peut-�tre donner le point de vue de l?Ex�cutif sur l?amendement n� 8 qu?elle peut n?�voquer que bri�vement car personne ne l?a plaid�.

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe, au nom de la 9e Commission. - Il a �t� partiellement �voqu� par M. le Maire. Donc, je vais y r�pondre.

Evidemment, comme vous l?avez dit, Monsieur le Maire, d�baptiser un square ou une rue dont les noms font revivre le Paris du XIXe ou du d�but du XXe si�cle me para�t difficile.

Aristide Boucicaut qui figure m�me dans le plus petit dictionnaire des noms propres fut un n�gociant qui cr�a le Bon March�, le plus grand magasin de Paris sous le Second Empire et fut �galement connu pour ses nombreuses activit�s philanthropiques.

La d�nomination fut attribu�e au square par un arr�t� pr�fectoral du 28 octobre 1912 et cet arr�t� fait au demeurant r�f�rence non pas � un homme, mais � un couple et le monument qui orne le square honore une femme, Mme Boucicaut.

Quant � la rue Velpeau, elle a �t� cr��e par un trait� entre l?Assistance publique et la Ville de Paris. En 1868, quand l?Assistance publique a vendu le terrain de la Ville sur lequel est install� le square Boucicaut, elle a exig� que le nom de Velpeau, chirurgien c�l�bre du XIXe si�cle qui a form� des g�n�rations de praticiens, soit attribu� � la rue longeant le square.

Donc, on ne pouvait pas toucher � ces noms qui font partie int�grante de la m�moire de Paris. Et cela se justifierait d?autant moins que rien ne s?oppose � ce que l?on attribue le nom de Roger St�phane au square qui est propos� car ce dernier n?a jamais re�u de d�nomination officielle, comme en t�moigne le cadastre, la nomenclature officielle des voies de Paris, la nomenclature des espaces verts.

On ne l�se personne. Mme R�camier ? Je vous avoue que le nom a fait surgir imm�diatement le portrait d?une jolie femme peinte par le baron G�rard, puis je me suis souvenue de son salon o� se r�unissaient d?abord les opposants � Bonaparte et, ensuite, une soci�t� brillante sous la Restauration. Cela justifiait qu?une rue porte son nom, comme ce fut le cas pour Mme de Sta�l, mais pourquoi lui attribuer un square ?

La r�f�rence aux d�nominations abusives d?espaces dans Paris n?est pas un argument recevable. L?�criture sur des documents commerciaux d?appellations visant � faciliter des rep�rages g�ographiques ne doit pas tenir lieu d?actes officiels. Savez-vous comment le guide priv� le plus consult� indique ce square sur le plan ? Le square Chaise R�camier. Cette �trange appellation, peu �l�gante, est une r�f�rence pratique, le square jouxte la rue de la Chaise et la rue R�camier. Et avouez que cet amalgame n?a aucun sens pour la m�moire de Paris. Par contre, il y a du sens dans le choix de ce square pour honorer un homme dont on s?�tonne qu?il n?ait pas encore eu la reconnaissance des Parisiens. Tout d?abord pour son r�le dans la R�sistance et la Lib�ration de Paris. Comme l?a �voqu� Alain MORELL, dans la nuit du 19 au 20 ao�t 1944, tout jeune, il prend possession de l?H�tel de Ville au nom du Gouvernement de la France Libre et il est charg� d?en assurer la d�fense.

C?est un homme qui, r�sistant, �crivain, journaliste, fut le conseiller d?hommes politiques et non des moindres dirons-nous, le Ministre de l?Int�rieur Adrien Tixier, Edgar Faure, Pierre Mend�s France et surtout le G�n�ral de Gaulle.

Un homme qui a fond� aux c�t�s de Michel Debr�, Louis Joxe et Pierre Messmer l?association ?Pr�sence du Gaullisme?, un homme qui a fond� ?France Observateur?, un homme qui en 1958 � R.T.F. produit des �missions auxquelles collaborent Andr� Malraux et Georges Duby, un homme qui en 1969 cr�e l?Agence fran�aise de l?Image.

Peut-on oublier sa collaboration r�guli�re au journal ?Le Monde?, � d?autres journaux bien entendu, et surtout le courage dont il fit preuve pour d�fendre des valeurs qui lui valurent la prison ?

Si ce square a �t� choisi, c?est en raison de la proximit� d?un lieu o� il tenait des r�unions avec les personnalit�s du monde politique, litt�raire, artistique et des m�dias. Cela a �t� �voqu� par Alain MORELL. Il est donc bienvenu d?attribuer le nom de Roger St�phane � ce square.

Comme une pr�c�dente Municipalit� avait honor� Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, en donnant leur nom � la place jouxtant le Caf� de Flore, nous esp�rons qu?apr�s ces informations donn�es (l?amendement n?est pas valable, il n?a donc pas besoin d?�tre retir�), qu?il ne soit d�sormais plus fait injure � cet homme par des tergiversations.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Madame CHRISTIENNE, pour cette tr�s belle r�ponse.

Monsieur DUMONT, c?est une explication de vote ? Il m?en semble que vous l?avez d�j� donn�e mais je suis tellement indulgent. Allez y.

M. Michel DUMONT, maire du 7e arrondissement. - Juste un mot. Je crois que Mme CHRISTIENNE, avant de prononcer le mot d?injure, n?a pas �cout� avec attention.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Il ne s?agissait pas de vous.

M. Michel DUMONT, maire du 7e arrondissement. N�anmoins dans toute son intervention il �tait uniquement question de Roger St�phane. Nous sommes tous d?accord pour honorer la m�moire de Roger St�phane. Je l?ai dit dans mon intervention et dans ma lettre au Maire de Paris. La seule chose que nous souhaitons est de ne pas choisir un lieu d�j� d�nomm�. Il existe des tas d?autres lieux, j?en ai propos�, malheureusement le Maire de Paris ne m?a pas r�pondu.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Les choses sont tout � fait claires.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition d?amendement n� 8 d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition d?amendement n� 8 est repouss�e.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DEVE 164.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2007, DEVE 164).

Octobre 2007
Débat
Conseil municipal
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