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54- 1997, DASCO 25 - Octroi de la garantie de la Ville de Paris pour le service des intérêts et l'amortissement d'un emprunt de 20.000.000 F à contracter par l'association " Jeunesse Loubavitch " afin de financer la construction des établissements du premier degré du complexe scolaire " Beth Haya Mouchka " situé dans la Z.A.C. " Manin-Jaurès " (19e).



M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Mes chers coll�gues, nous passons au projet de d�lib�ration DASCO 25 portant sur l'octroi de la garantie de la Ville de Paris pour le service des int�r�ts et l'amortissement d'un emprunt de 20 millions de francs � contracter par l'association " Jeunesse Loubavitch ".
Je donne la parole � Mme BILLARD.
Mme Martine BILLARD. - Je suis d�j� intervenu � deux reprises dans ce Conseil pour expliquer le refus des Verts de voter des subventions ou des garanties d'emprunts au mouvement Loubavitch, premi�rement par conviction la�que, deuxi�mement compte tenu de ce qu'est le mouvement Loubavitch.
En octobre 1995, des coll�gues nous ont expliqu� que s'agissant d'une garantie d'emprunts, on n'avait pas � s'interroger sur ce qui se d�roule dans ce type d'�cole.
En tant qu'�lu, je pense au contraire que notre responsabilit� est bien de v�rifier le contenu des projets que nous soutenons.
L'autre argument consiste � dire qu'il ne faut pas �tablir d'exception discriminatoire � l'�gard d'une �cole confessionnelle, juive de surcro�t. Il ne s'agit pas d'un probl�me de discrimination. Il s'agit en tant que collectivit� d'apporter prioritairement notre aide � l'�cole publique la�que et obligatoire.
Je rappelle que le lyc�e public demand� par les familles dans le nord de Paris n'existe toujours pas.
Ensuite, il ne s'agit pas de discrimination � l'�gard d'une confession pr�cise mais de la prise en compte au sein de cette confession de la nature d'un mouvement, le mouvement Loubavitch qui est d�nonc� au sein m�me de cette communaut� pour son extr�misme. La politisation de ce mouvement et son parti pris a �t� d�nonc� en France et en Isra�l en d�cembre 1996. Il a �t� interdit d'entr�e dans les casernes de l'arm�e d'Isra�l en d�cembre 1996.
Le journal " Le Monde " du 16 d�cembre 1995 indiquait qu'il avait fr�l� des poursuites en justice pour racisme anti-arabe av�r�.
Pendant ce temps l�, la Mairie de Paris apporte son soutien sans faille � ce mouvement sous forme de garanties d'emprunts pour ce complexe �ducatif du 19�me ou sous forme de subvention � celui du 18e, ce qui pose probl�me d'ailleurs puisque ces �coles accueillent des enfants de Paris mais aussi de nombreux enfants de banlieue. Est-il normal que la collectivit� parisienne finance la scolarit� d'enfants qui pourraient �tre scolaris�s sur leur lieu d'habitation.
Apr�s mon refus de voter les subventions de " Sina� ", j'ai �t� harcel�e au t�l�phone par des repr�sentants du mouvement de Loubavitch, j'ai �t� visiter l'�cole Sina� qui accueille les enfants de la cr�che au Bac, j'en suis ressortie encore plus convaincue du refus de subventionner ce type d'�tablissement.
Il s'agit en effet d'�tablissements enti�rement religieux non mixtes sauf pour la cr�che. je pense qu'ils devraient aller voir du c�t� de chez Freud ! - enti�rement d�di�s au Rabbi de Loubavitch.
Je ne vois pas comment des enfants qui passent toute leur vie de quelques mois � 18 ans, dans une telle ambiance peuvent avoir une vision ouverte de la soci�t� dans laquelle ils vivent.
Nous voterons contre cette garantie d'emprunt.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. DELANO�.
M. Bertrand DELANO�. - Monsieur le Maire, nous d�battons d'une demande de garantie d'emprunt relative � la construction d'une �cole de la communaut� Loubavitch dans le 19e arrondissement. C'est un sujet difficile puisqu'il m�le deux aspects distincts et incontournables mais qui peuvent conduire � des conclusions contradictoires. D'un c�t�, c'est vrai, se pose la question des enfants et des besoins qui existent dans le 19e en termes notamment de s�curit� des personnes. De ce point de vue, je comprends parfaitement que le Maire et beaucoup d'�lus du 19e arrondissement aient choisi, � travers leur vote au Conseil d'arrondissement de privil�gier la r�alit� que je viens d'�voquer. Nous la prenons �galement en consid�ration. Mais d'un autre c�t� comment ne pas s'interroger sur ce que doit �tre l'attitude de notre collectivit� face aux orientations de certains mouvements religieux - et disant cela je ne limite �videmment pas mon propos � telle ou telle communaut�. Nous sommes face � un vrai probl�me. Certaines d�rives �manant de communaut�s spirituelles ou religieuses caract�risent aujourd'hui le monde dans lequel nous vivons. Elles heurtent l�gitimement la conscience de citoyens soucieux de d�fendre les valeurs r�publicaines et la�ques tout particuli�rement en ce qui concerne la place des enfants dans la soci�t�.
Bien entendu la contradiction que je souligne et que je soul�ve ne saurait trouver d'issue dans une r�ponse simpliste. Un vrai d�bat sur l'ensemble de ces sujets n�cessiterait du temps, beaucoup d'attention et beaucoup de dialogue. Mais dans l'�tat actuel de ce dossier, nous choisirons ce que j'assumerai personnellement avec lucidit� comme la solution la moins imparfaite. Et c'est pourquoi le groupe socialiste et apparent�s s'abstiendra sur ce projet de d�lib�ration.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Donc...
M. DESTREM, adjoint. - C'est tr�s courageux !
M. Bertrand DELANO�. - Je tiens � l'assumer comme tel puisque M. DESTREM vient de me dire que ce n'�tait pas courageux.
M. Alain DESTREM, adjoint. - J'ai dit que c'�tait tr�s courageux.
M. Bertrand DELANO�. - Je n'avais pas compris que c'�tait votre intention.
A cette heure, on peut se parler franchement, je viens de d�crire une situation contradictoire ; face � une contradiction, je pr�f�re une solution que je sais imparfaite et que j'assume ici comme la moins imparfaite.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens et communiste).

M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. TUROMAN.
M. Michel TUROMAN. - Monsieur le Maire, je voudrais faire quelques remarques sur ce sujet difficile et r�affirmer en quelques mots la position des �lus communistes.
Il me semble que le rassemblement de 1.500 �l�ves au m�me endroit dans le 19e est loin d'�tre une bonne chose pour les enfants concern�s et pour le quartier.
Cela favoriserait ce qu'on appelle l'enfermement communautaire et entra�nerait plus encore des r�flexes, des assimilations, des d�rives que nous redoutons et combattons. On mesure tous les jours les dangers des tentations int�gristes.
La Mairie de Paris nous demande, avec cette garantie d'emprunts qui n'est pas indispensable, un acte politique d'approbation. Cela va contre notre conception de la la�cit� et du r�le de l'�cole, contre les valeurs r�publicaines et la coh�sion de la soci�t� � laquelle nous tenons. C'est pourquoi, comme nous l'avons fait pour la premi�re demande de garantie d'emprunts, nous ne pouvons faire d'autre choix que de voter contre ce projet.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. Claude-G�rard MARCUS.
M. Claude-G�rard MARCUS, adjoint. - Je crois qu'il faut �viter les chasses aux sorci�res et la mythification des probl�mes.
Je rappelle d'abord qu'en France il y a des lois et que ces lois pr�voient que les �coles priv�es sous contrat participent au service public. Or, ces �tablissements sont des �coles sous contrat, ce qui veut dire que l'enseignement qui y est dispens� est soumis au contr�le de l'Education nationale et selon des programmes conformes � ceux de l'Education nationale. Que les mati�res religieuses soient enseign�es en plus, c'est un fait, mais il n'emp�che que le contr�le de l'Education nationale s'exerce pleinement.
Deuxi�mement, est-ce que ces �coles appellent � ne pas respecter les devoirs de citoyens, � refuser l'autorit� de l'Etat fran�ais ? En aucune mani�re.
Ce que je vous dis n'est pas une adh�sion � toutes les th�ses des Loubavitch. Chacun, dans toutes les communaut�s religieuses, peut avoir ses tendances, mais je constate une r�alit� objective : ce sont des gens tr�s dynamiques qui ont la vocation de l'enseignement, qui sont passionn�s et qui veulent multiplier les �coles.
Les r�sultats de leurs �coles sont excellents au niveau des examens, ce qui veut dire que l'enseignement qui est dispens� n'isole pas du reste de la soci�t� fran�aise.
Enfin, il y a la r�alit�, M. DELANO� l'a justement �voqu�. Je ne parle pas du complexe Sina� qui fonctionne depuis longtemps, et a aussi d'excellents r�sultats mais de cette �cole pour laquelle est demand�e une garantie d'emprunt. Cette �cole n'est pas encore construite mais les �l�ves existent. Ils sont r�partis dans des locaux provisoires " Algeco " depuis des ann�es ; ils y travaillent dans des conditions �pouvantables, difficiles � admettre et pourtant, malgr� cela, ils ont d'excellents r�sultats.
Je crois qu'il ne faut pas se livrer � une pol�mique et relancer des guerres de religion, ni voir des int�grismes l� o� ils ne sont pas.
Que demande-t-on � l'enseignement priv� en France, quel qu'il soit ? C'est de se conformer � la loi et d'avoir des programmes d'enseignement qui sont ceux de l'Education nationale. C'est le cas et je ne vois pas pourquoi on ne voterait pas cette garantie d'emprunt.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je remercie M. MARCUS. Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASCO 25, mes chers coll�gues.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � la majorit�, M. MADEC n'ayant pas pris part au vote, les autres �lus du groupe socialiste et apparent�s s'�tant abstenu, le groupe communiste, Mmes SCHNEITER, SILHOUETTE, BILLARD, SCHERER, TAFFIN, MM. BLET, DUMAIT, MESMIN et M. REVEAU ayant vot� contre. (1997, DASCO 25).

Septembre 1997
Débat
Conseil municipal
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