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7 - Communication de M. le Maire de Paris relative à la politique de la Ville de Paris en matière d'urbanisme. 1996, D. 440- Projet de Z.A.C. "Porte d'Asnières" (17e).- Approbation du dossier de création de la Z.A.C.- Création de la Z.A.C.- Arrêt du dossier de réalisation comprenant : le projet de Plan d'aménagement de zone ; le programme des équipements publics ; les modalités prévisionnelles de financement échelonnées dans le temps.




M. LE MAIRE DE PARIS.- Mesdames, Messieurs, le d�bat sur l'urbanisme que nous engageons aujourd'hui est tr�s attendu par les Parisiens. Ce d�bat, c'est celui de leur ville, de son avenir, de son �volution et de son d�veloppement.
Ce qui a �t� accompli par la Ville ces derni�res ann�es est consid�rable. Le parc de logements anciens parisiens s'est profond�ment modernis�, et notre Capitale s'est enrichie de grandes r�alisations, que ce soit � son initiative ou � celle de l'Etat. Au travers de travaux exemplaires, de la rue Saint-Charles � Bercy et de Chevaleret au bassin de la Villette, elle a su montrer le chemin d'un nouvel urbanisme proche des Parisiens, de tous les Parisiens et de leurs pr�occupations de chaque jour.
C'est dans cette voie que je vous propose de poursuivre. Les citadins ont aujourd'hui de nouvelles pr�occupations, celle de l'am�lioration de leur cadre de vie, qui implique moins de grands travaux, mais plus d'op�rations de proximit�, la pr�occupation permanente aussi de l'environnement et de la pollution. En v�rit�, mes chers coll�gues, les temps ont chang�. Je crois qu'aujourd'hui Paris veut souffler un peu, prendre le temps d'une r�flexion pour retrouver ses rep�res et assurer ses grands �quilibres.
Je propose ainsi que nous renforcions cet urbanisme tout entier au service des Parisiens, de leurs activit�s, de leur quotidien, un urbanisme qui puise directement ses forces aux racines m�mes des quartiers, dans leur m�moire, leur histoire et leur g�ographie.
Si l'urbanisme parisien a naturellement vocation � renforcer le d�veloppement de la Capitale, � cr�er encore des logements, � favoriser davantage l'emploi, il doit s'accompagner d�sormais d'une attention toujours plus grande apport�e aux questions de cadre de vie et de protection des quartiers.
Paris construit son avenir sur tout ce qui fait sa force et son rayonnement, et d'abord sur sa vocation de grande capitale intellectuelle, scientifique, m�dicale, universitaire et �conomique. Paris est la capitale de la France. Une �conomie parisienne prosp�re, c'est toute la France qui se porte bien. Paris est aussi capitale r�gionale : la vitalit� de l'Ile-de-France, c'est la bonne sant� de Paris.
Or, l'�conomie parisienne a connu ces derni�res ann�es d'importantes transformations qui ont des r�percussions sur la vie de ses quartiers, sur son urbanisme et plus g�n�ralement sur son �conomie : comment ne pas remarquer la multiplication des bureaux vides et les difficult�s que rencontrent certains grands projets d'urbanisme ?
Cette situation est comparable � celle que connaissent de nombreuses capitales �trang�res. J'ai d�cid� de convier les Maires des autres capitales europ�ennes � un "Sommet des Capitales", dans le courant de l'ann�e prochaine. J'ai �voqu� cette possibilit� avec le Maire de Rome. Cela nous permettra de confronter nos exp�riences, et d'engager de nouvelles coop�rations. Paris sera une force de proposition dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres.
Nous connaissons bien les probl�mes de l'�conomie parisienne. Des �volutions pr�occupantes menacent par exemple les activit�s industrielles et artisanales, et le petit commerce. J'ai d�j� �voqu� cela et des dispositions ont �t� d�cid�es avec la Chambre de commerce et d'industrie.
Mais l'emploi dans Paris est d'abord un emploi tertiaire. Or, le march� des bureaux conna�t des difficult�s, chacun le sait. J'ai d�cid� de cr�er un observatoire de l'�volution des bureaux pour que nous puissions suivre la situation pratiquement en continu.
Les dix derni�res ann�es ont �t� marqu�es par une forte croissance de la construction de bureaux au niveau r�gional. Le parc s'est accru de 12,5 millions de m�tres carr�s, dont moins de 600.000 dans Paris. La plupart de ces immeubles se sont implant�s en proche banlieue, � l'Ouest de la Capitale. Et ce mouvement para�t devoir se poursuivre.
Ce basculement �conomique a des cons�quences tr�s lourdes sur la vie de l'agglom�ration et sur l'environnement quotidien des Parisiens. Il cr�e un d�s�quilibre dont souffrent quotidiennement des milliers de personnes. Nous vivons un engorgement, matin et soir, des voies de circulation et des principales lignes de transports en commun. Ces encombrements quotidiens ont des effets graves sur la vie des Franciliens en termes de pollution et de qualit� de la vie.
Paris aujourd'hui doit r�agir. Paris et sa R�gion ne peuvent supporter que s'inscrive ainsi durablement dans leur territoire et leur �conomie, un tel d�s�quilibre. Je r�affirme haut et fort la n�cessit� de poursuivre la constitution d'un nouveau p�le � l'Est de Paris et de la R�gion, qui permettra de contrebalancer en termes d'emploi, d'activit�s et d'environnement, le p�le de La D�fense et de ses communes limitrophes. La r�alisation de ce bip�le est une ardente obligation pour Paris et sa R�gion. Pour retrouver des �quilibres r�gionaux indispensables et pour lutter contre la pollution, nous favoriserons donc l'implantation des nouveaux emplois � l'Est de l'agglom�ration, c'est-�-dire, en ce qui concerne directement Paris, dans le secteur Paris-Seine-Sud-Est.
Mes chers coll�gues, je sais que vous soutiendrez tous cette entreprise, et nous la conduirons et la r�ussirons avec la R�gion et avec l'Etat.
J'ai bien conscience, ce faisant, que nous allons � l'encontre de la tendance actuelle du march�, qui veut que les emplois s'installent toujours � l'Ouest. Mais il nous revient aussi de prendre des positions d'int�r�t collectif. L'Est de la Capitale offre des terrains extr�mement bien situ�s, en bord de Seine, proches du centre de l'agglom�ration, qui sont tr�s bien desservis par les transports en commun : ils peuvent r�pondre aux besoins des investisseurs.
La r�ussite de ces op�rations parisiennes est �videmment ins�parable de celle du secteur de Seine-Amont. Je me propose de rencontrer l'ensemble des Maires de ce secteur pour que nous puissions r�fl�chir ensemble aux actions communes � entreprendre.
J'ajoute que les bureaux modernes sont maintenant plac�s par les promoteurs dans des immeubles dits intelligents, qui r�pondent � des exigences d'espace et de fonctionnalit� auxquelles ne s'adaptent plus les immeubles anciens des quartiers centraux.
C'est pourquoi une op�ration comme "Paris-Seine- Rive gauche" est n�cessaire : ce nouveau quartier est pr�t � accueillir cette g�n�ration d'immeubles.
Le moment me para�t venu d'aborder sereinement et lucidement la question des bureaux dans Paris. Je souhaite que nous y apportions une r�ponse aussi claire que possible et que cette r�ponse simplifie durablement notre d�bat.
Dans les quartiers centraux, la Ville n'emp�chera �videmment pas la modernisation des bureaux existants, mais elle encouragera la transformation des locaux qui restent vides en logements. Plus de 100.000 m�tres carr�s ont d�j� �t� reconvertis gr�ce � la Ville. Nous poursuivrons cette action qui sera encore intensifi�e. Par ailleurs, la Ville de Paris emp�chera d�sormais qu'un immeuble construit � l'origine � usage d'habitation puisse �tre reconstruit en immeuble de bureaux.
En un mot : les quartiers anciens de Paris ne peuvent plus accueillir de bureaux neufs, et nous orienterons les entrepreneurs vers les nouveaux quartiers de l'Est de la Capitale.
Par ailleurs, je vous le rappelle, la Ville de Paris encouragera les programmes de restructuration du Parc des expositions de la porte de Versailles et du Palais des congr�s. Et je vous propose �galement de constater avec moi que le projet de la porte Maillot ne peut finalement d�marrer.
Enfin, je tiens � d�velopper la vocation universitaire, scientifique et m�dicale de la Capitale. Paris est une ville intellectuelle, une ville de recherche, de r�flexion, de cr�ation, capable de rayonner en Europe et dans le monde. M�me si la construction et le fonctionnement des universit�s et des centres de recherches ne sont pas de sa comp�tence, la Ville peut, par des mesures appropri�es, favoriser � la fois leur installation et leur d�veloppement dans Paris. Je propose que les services municipaux de l'am�nagement urbain entreprennent une �tude sur l'environnement urbain des principaux sites universitaires parisiens, afin de chercher � am�liorer, lorsque cela sera n�cessaire, leur insertion dans leur quartier. Le Comit� d'expansion �conomique que nous venons de cr�er s'attachera pour sa part � d�velopper les liens entre le monde et la recherche et le monde de l'entreprise. Une telle concentration de mati�re grise est aussi un atout �conomique �vident que nous devons savoir mettre � profit.
La deuxi�me grande pr�occupation des Parisiens est le logement : l� encore, je souhaite aborder cette question en toute transparence.
Cela nous conduit tout d'abord � nous interroger sur l'avenir des op�rations publiques d'am�nagement en cours et sur l'engagement de nouvelles op�rations.
Je vous propose de confirmer notre d�cision de poursuivre rapidement le r�examen, arrondissement par arrondissement, de tous les secteurs d'am�nagement d�j� lanc�s tant des Zones d'am�nagement concert� de r�novation que des p�rim�tres de pr�emption ou d'expropriation qui pr�sentent des difficult�s d'avancement.
Je souhaite que ces r�examens aboutissent dans les prochains mois, car les probl�mes de relogement qui y sont li�s sont particuli�rement aigus. Dans la conjoncture immobili�re difficile que nous connaissons, nous arr�terons leur calendrier pr�visionnel en mesurant l'effort d'am�nagement que chacune de ces op�rations repr�sente. Je vous propose que nous nous donnions un an pour faire le point sur les op�rations � engager, sur celles qu'il conviendra �ventuellement d'abandonner et sur celles que nous choisirons de terminer sans d�lai au cours de la prochaine d�cennie.
J'insiste sur ce point : pour la plupart, ces op�rations devront �tre men�es � terme. Elles repr�sentent d'importants investissements pour la Ville qui, depuis de longues ann�es parfois, s'efforce, au rythme des pr�emptions ou des acquisitions, de pr�parer la transformation de ces �lots qui sont souvent parmi les plus d�grad�s de la Capitale. Mais elles repr�sentent aussi les derniers terrains sur lesquels la collectivit� peut construire des logements pour toutes les cat�gories de Parisiens, y compris les plus d�munis, en pratiquant un v�ritable urbanisme de proximit�.
Vous savez que nos besoins sont consid�rables, ne serait-ce que pour reloger les Parisiens. Un seul exemple : nous nous sommes fix�s la r�sorption, d'ici � l'an 2000, des 132 immeubles compl�tement insalubres de Paris. C'est une t�che prioritaire � laquelle je tiens. La Ville vient d'acqu�rir l'ensemble 23-29, rue de Nantes, dans le 19e arrondissement : � lui seul, il repr�sente 143 logements, soit environ 400 personnes...
Enfin, faut-il ou non que la Ville engage des op�rations nouvelles ? Mon point de vue est que Paris a besoin de faire une pause, au terme de trois ou quatre d�cennies de transformations rapides. Les grands terrains sont de plus en plus rares dans Paris et de moins en moins bien situ�s.
En tout �tat de cause, ce n'est pas sans raisons que l'opinion publique conteste aujourd'hui la forme d'urbanisme op�rationnel que repr�sente la Z.A.C. : m�me si elle a donn� dans certains quartiers de bons r�sultats, son image n'est pas tr�s bonne � Paris. Je vous propose donc que nous ne lancions plus de nouvelles Z.A.C. sans avoir pris le temps d'examiner si d'autres proc�dures ne r�pondraient pas mieux aux voeux des Parisiens, en int�grant plus de concertation.
Cette pause nous permettra de lancer une grande politique de reconqu�te de l'espace urbain. Les nouveaux enjeux de l'urbanisme concernent la r�partition de l'espace public entre les diff�rents usagers et la mise en valeur du patrimoine urbain au b�n�fice de tous.
Nous devons retrouver la "rue" parisienne, avec sa vie, ses atmosph�res, ses commerces de proximit�, ses �quipements publics de quartier. C'est la trame du tissu urbain. C'est ce que les Parisiens veulent trouver � leur porte.
Il s'agit moins de r�aliser de grands travaux que d'utiliser autrement les espaces publics de la Capitale pour que nos concitoyens puissent se les approprier. Dans cette perspective, un grand nombre de sites sont � privil�gier : les bois, les berges de la Seine, les grands boulevards m�ritent une attention nouvelle.
Les Parisiens doivent en particulier retrouver, le long des berges de la Seine, une promenade continue et agr�able. Je souhaite que la r�alisation des quartiers tranquilles se poursuive et que nous mettions en chantier un plan de remise en valeur des grandes promenades parisiennes. Les bois, r�am�nag�s, doivent redevenir des r�serves de verdure et d'oxyg�ne ouvertes aux Parisiens.
Les grandes capitales europ�ennes redeviennent progressivement des villes pi�tonnes ou cyclables, des villes vivantes o� le mot de proximit� a un sens, des villes de plus en plus habitables.
Je propose que la Ville pr�pare dans cette perspective un guide de l'espace public. Un nouveau catalogue du mobilier urbain sera �galement publi�.
L'ensemble de ces orientations nouvelles constituent un programme ambitieux qui donnera un nouveau visage � Paris et renforcera le rayonnement de notre Capitale au seuil du XXIe si�cle. Une ville humaniste, c'est une ville o� l'on respire, o� l'on se sent chez soi, c'est aussi une ville o� on se sent en harmonie avec son histoire.
Un nouvel urbanisme doit aussi se traduire par de nouvelles m�thodes. Je souhaite faire �voluer profond�ment nos moyens d'intervention en mati�re d'urbanisme.
J'ai demand� � la Direction de l'Am�nagement urbain et � l'Atelier parisien d'urbanisme d'�tudier, sur tout Paris, l'ensemble des quartiers qui ont une identit� affirm�e, certains villages, tissus des faubourgs ou lieux de charme pour lesquels il conviendra d'�tablir des P.O.S. particuliers, plus ajust�s que le P.O.S. g�n�ral de Paris. Je souhaite que ce travail soit r�alis� d'ici � un an. Certains P.O.S. de quartier ont d�j� �t� mis au point, comme celui de Montmartre, d'autres vous seront pr�sent�s prochainement. Ainsi, nous d�battrons, d�s le prochain Conseil, du P.O.S. du Faubourg Saint-Antoine, qui porte sur un p�rim�tre de 80 hectares, dans les 11e et 12e arrondissements.
Les quartiers anciens constituent encore � Paris l'essentiel du paysage urbain. Les deux tiers des logements ont �t� construits avant 1949. Ils repr�sentent un capital culturel, historique et affectif auquel les Parisiens tiennent particuli�rement. Je vous propose que nous en d�cidions la protection en utilisant des dispositions l�gislatives nouvelles de protection, auparavant du seul domaine de l'Etat. De m�me, je souhaite que des actions soient entreprises pour le renforcement des centres de quartiers qui jouent un grand r�le dans l'animation, la qualit� de la vie, la convivialit�, par la pr�sence de nombreux commerces, de march�s ou d'�quipements publics de proximit�...
L'effort de pr�servation des quartiers se traduira par la cr�ation d'une section d'architectes-voyers sp�cialis�s dans le domaine de la protection du paysage et du patrimoine des quartiers de Paris. Ils constitueront l'�quivalent, au sein de la Ville, des architectes des B�timents de France. Ce sera aussi une mani�re de marquer le centenaire du corps des architectes-voyers de la Ville de Paris, tout en faisant oeuvre de pr�curseur.
Je souhaite �galement que les r�gles architecturales qui assureront une meilleure protection du patrimoine parisien soient �tablies avec le concours �troit de la profession des architectes. Les r�gles actuelles figurant au P.O.S. datent pour l'essentiel de 1977. Je demande � mes adjoints, Anne-Marie COUDERC, Michel BULT� et Yves GALLAND, de prendre toutes dispositions dans ce sens.
Il ne s'agit pas d'abandonner une d�marche architecturale contemporaine mais de l'adapter toujours mieux aux paysages urbains parisiens, notamment en ce qui concerne la hauteur et les toits des immeubles, les terrasses, les rez-de-chauss�e, les d�cors, etc.
Enfin, nous abordons le volet m�thodologique le plus important de nos nouvelles orientations en mati�re d'urbanisme, je veux parler de l'ouverture d'un r�el dialogue entre les Parisiens, les �lus et les services techniques de la Ville. L'urbanisme parisien se fera, toujours plus, dans la clart� et la transparence, pour que chacun ait son mot � dire.
Nous organiserons chaque ann�e ou tous les 18 mois, une "conf�rence de la qualit� de la vie � Paris". Elle traitera de toutes les questions relatives au cadre de vie des Parisiens, de l'urbanisme, de la construction, des espaces publics, de la voirie, des jardins, des questions de pollution �galement. Nous pourrions avoir ce premier rendez-vous d�s la rentr�e d'automne. Il nous permettra de conclure le premier cycle des orientations nouvelles de la Ville en mati�re d'urbanisme.
Le travail de cette conf�rence devra �tre appuy� et enrichi par la cr�ation d'une Commission extra-municipale consacr�e au cadre de vie. Elle sera pr�sid�e, selon le sujet �voqu�, par les adjoints aux Parcs et Jardins, � l'Environnement, � la Voirie, � l'Architecture, � la Construction et �videmment � l'Urbanisme.
Je souhaite �galement d�velopper largement notre syst�me de concertation avec les associations et les habitants en posant le principe d'une information sur les �tudes pr�alables au lancement des op�rations. J'estime normal et n�cessaire que les principales �tudes d'urbanisme, qu'elles traitent d'un sujet g�n�ral ou d'un projet localis�, soient rendues publiques car elles contribuent � alimenter la r�flexion collective. Nous pourrons profiter des r�actions qu'elles susciteront parfois pour faire �voluer les projets, dans le sens de ce que souhaitent vraiment les Parisiens.
Je vous propose, mes chers coll�gues, une derni�re d�cision pour parachever notre effort d'information sur les projets d'urbanisme : celle d'ouvrir la documentation de l'Atelier parisien d'urbanisme aux arrondissement et aux �lus, en actant le principe de sa mise � disposition pour la recherche d'informations sur les op�rations de la Ville et sur les quartiers. Je propose que les demandes soient adress�es � Mme Anne-Marie COUDERC, adjoint � l'Urbanisme, ou � moi-m�me.
Mes chers coll�gues, nous ouvrons aujourd'hui une nouvelle �poque de l'urbanisme parisien, celle d'un urbanisme humaniste.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
Nous mettons au service de notre ambition des outils adapt�s et une r�elle volont� de concertation. L'urbanisme parisien sera toujours plus attentif au d�tail urbain et � la qualit� de la vie.
Un Paris plus vivant, c'est un Paris mieux � m�me de relever les d�fis des prochaines d�cennies, en mati�re de croissance �conomique, en mati�re de logement, en mati�re d'environnement, en mati�re de qualit� de la vie.
Par notre engagement nous donnons � Paris tous les atouts d'une capitale de l'avenir car c'est bien ce que nous avons la volont� de pr�parer ensemble.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
Le d�bat est ouvert.
La parole est � M. Vincent REINA.

M. Vincent REINA.- Monsieur le Maire, je vous remercie.
Je vous remercie en premier lieu pour cette communication sur l'urbanisme qui aujourd'hui nous dit l'ambition de la politique que nous allons mettre en oeuvre � Paris.
Apr�s les premi�res touches apport�es sur le logement et l'emploi, cette communication les organise, les relie, leur donne leur assise et leur coh�rence.
Je vous remercie aussi, Monsieur le Maire, de nous rappeler que la majorit� municipale est toujours anim�e par le m�me esprit, le m�me engagement, le m�me souffle, la m�me volont� de mieux servir Paris et les Parisiens, en tenant compte de mani�re concr�te des difficult�s du contexte, notamment �conomique et social dans lequel nous vivons.
C'est ainsi que je comprends et partage votre volont� d'engager une nouvelle p�riode de l'urbanisme parisien, dans la continuit� de l'action que m�ne depuis toujours la majorit� municipale.
Je parlais � l'instant de coh�rence : l'urbanisme c'est en effet l'art d'organiser dans l'espace les activit�s humaines pour offrir une ville o� chacun trouve ce dont il a besoin.
Ceci est bien vaste en effet, Monsieur le Maire, car vous venez de nous indiquer l'essentiel.
Votre ambition est que Paris soit une ville o� on se sente bien, qu'on y travaille ou qu'on la visite. Une ville o� on a envie de vivre, de rester, de se promener, d'y �lever ses enfants, d'y faire ses achats, bref une ville dont on est fier, une ville capitale.
Faire de l'urbanisme c'est aussi pr�voir et accepter que ce qui est d�cid� ne se verra pas imm�diatement. Dois-je vous rappeler que ce que nous voyons sortir de terre aujourd'hui est le r�sultat de nos d�lib�rations pass�es ?
Avant les d�cisions, il y eut l'�laboration des projets, des �tudes et les concertations. En fait, il faut modestement le dire, nous devons avoir en t�te qu'un projet d'urbanisme c'est parfois une d�cennie d'attente.
Nous avons fait ensemble le pari de l'urbanisme en faisant de Paris la capitale qui s'est la moins d�peupl�e dans les derni�res d�cennies, car en stabilisant le nombre d'habitants depuis 1980, nous avons su garder une ville vivante, riche de son tissu social. En veillant � la qualit� de vie de ses personnes �g�es, Paris a su garder sa m�moire. Aujourd'hui, dans tous les quartiers, nous rencontrons des a�n�s d�sireux de raconter leur enfance � Paris. En donnant aux familles la possibilit� de se loger, et je pense aux programmes de l'Est parisien, Paris a assur� sa vitalit� d�mographique. En construisant des �quipements de petite enfance, Paris a offert aux parents une qualit� d'accueil pour leurs enfants, et ce de fait leur a permis de rester dans la Capitale.
C'est tout cela aujourd'hui qui forge notre ville. C'est pourquoi les Parisiens sont � juste titre exigeants. Ils nous demandent encore plus de qualit�, plus de services, plus d'�coute, et peut-�tre de prendre le temps au terme de 3 ou 4 d�cennies de transformations profondes.
Les techniques, l'acc�l�ration des circuits de l'information, ont modifi� les aspirations et conditions de vie de la population. En contrepartie de cette vague d'images et d'informations venues du monde entier, nous avons tous envie de reconqu�rir notre quotidien, nos quartiers, nos rues.
Les conditions �conomiques rendent �galement la vie plus difficile. Nous devons �tre plus attentifs au quotidien des Parisiens. Cette attention � la vie quotidienne des Parisiens, cette volont� de garder des quartiers vivants, qui offrent aux promeneurs de Paris, une ville � nulle autre pareille, a d�j� commenc�. Il faut la continuer et la renforcer.
D�s 1977, en exigeant des services de reprendre ce qui pouvait l'�tre dans les op�rations en projet, la Municipalit� parisienne a permis que les ann�es 1980 et 1990 ne soient la poursuite des op�rations con�ues dans les ann�es 60-70.
C'est pourquoi, Monsieur le Maire, je vous remercie d'affirmer r�solument aujourd'hui votre attachement aux quartiers constitu�s, en proposant de travailler dans le d�tail � l'�laboration des P.O.S. de quartiers.
C'est pourquoi, Monsieur le Maire, je vous remercie d'affirmer votre volont� d'un urbanisme mesur�, d'une architecture fine et int�gr�e pour les nouveaux quartiers.
L'urbanisme est aussi ce qui lie le b�ti et les hommes et, parce que Paris comme toutes les grandes m�tropoles accueille les personnes plus fragiles socialement, la Municipalit� parisienne, en accord avec l'Etat, a mis en place un dispositif de d�veloppement social urbain. C'est un engagement fort pour assurer un accompagnement au quotidien des quartiers sensibles et des habitants les plus modestes.
Cette politique volontariste est une garantie de ne pas voir se former dans notre corps social et urbain des zones de ghettos et, par l�, de non-droit.
Paris, capitale du pays des Droits de l'Homme, doit conserver ses fonctions d'int�gration. C'est par les choix d'urbanisme qu'est maintenue la coh�sion du territoire municipal. C'est par les choix d'accompagnement social que se r�alise le coeur de cette coh�sion. Cela nous demandera � tous des efforts et une pr�sence accrue et vous savez qu'� titre personnel, je ne m�nagerai pas les miens aupr�s de vous, Monsieur le Maire, et aupr�s d'Anne-Marie COUDERC.
Un citadin qui vit pleinement sa ville est un habitant qui se d�place, qui se d�place � pied. Une des �chelles des plans d'urbanisme, c'est le pi�ton.
Un pi�ton parcourt la ville. Il faut lui r�server des trottoirs, des travers�es faciles et s�res. Il regarde les b�timents. La vari�t� qu'offrent les fa�ades sur des parcelles de taille raisonnable est un des �l�ments � part enti�re du plaisir esth�tique. Il faut donc les conserver.
En tant qu'�lu du 9e arrondissement, je me r�jouis, Monsieur le Maire, que vous ayez d�cid� d'organiser la reconqu�te des grands boulevards afin de leur redonner la vie et l'animation qu'ils ont perdues, poursuivant ainsi la mise en valeur des grandes promenades de la Capitale, apr�s les Champs-Elys�es et le boulevard Richard-Lenoir.
Un �l�ment fort structure le paysage de Paris. Il va �tre totalement reconquis : la Seine. J'attends avec impatience les r�sultats des trois �tudes que le Maire de Paris a d�j� engag�es. Elles nous permettront de r�aliser l'objectif de faire de la Seine notre fleuve symbole, la promenade et l'axe de d�placement que les Parisiens esp�rent.
Les commerces sont un �l�ment de la vitalit� de notre ville. Ils sont aussi un �l�ment de s�curit�. Leur diversit� et leur dynamisme sont le gage d'art�res vivantes, fr�quent�es par tous. Il faut veiller � leur maintien et leur bonne insertion dans la ville.
Les �l�ments du mobilier urbain facilitent la vie du pi�ton parisien. Il faut les am�liorer, les entretenir, en concevoir de nouveaux. Tel est l'objectif du concours de mobilier urbain qui a �t� r�cemment lanc� et l'ambition du guide de l'espace public.
Cet environnement de qualit� fait du Parisien un habitant attach� � sa ville, s'identifiant � son quartier, fier de sa capitale.
Mais, il ne faut pas l'oublier, Paris est le coeur de la r�gion et la capitale du pays. Paris doit rester fort. Si Paris est d�prim� ou d�faillant, appauvri ou sensiblement malade, la R�gion et la Nation en p�tiront elles-m�mes. Le corps ne peut �tre prosp�re si la t�te est malade. Paris est un coeur actif qui ne laisse de c�t� ni les communes de la R�gion ni celles de l'ensemble du pays.
En y contribuant gr�ce � la richesse produite par les Parisiens et les entreprises install�es dans notre ville, nous assurons notre devoir de solidarit� urbaine. De plus, en participant aux trois grands syndicats intercommunaux que sont le S.I.A.A.P., le SYCTOM et l'I.R.B.R.B.S., nous sommes quotidiennement aux c�t�s des communes voisines.
Pour renforcer la r�gion capitale nous avons devant nous le d�fi europ�en d'attirer les implantations d'entreprises et de maintenir celles qui sont install�es. Les choix d'urbanisme jouent un r�le essentiel dans le maintien des emplois de Paris.
Vous nous avez d�montr�, Monsieur le Maire, la n�cessit� de d�velopper un bip�le �conomique, � l'ouest La D�fense et son arri�re-pays, � l'est, et c'est l� le pari, la r�ussite de "Paris-Rive gauche", t�te de pont du d�veloppement de Seine amont.
Cette concertation renforc�e avec les communes riveraines que, Monsieur le Maire, vous appelez de vos voeux, donnera � notre projet de d�veloppement plus de force. Ce projet francilien deviendra aussi celui des Parisiens gr�ce au dialogue et � la concertation. Des Parisiens entendus, des Parisiens �cout�s, c'est le gage d'un urbanisme o� chacun se reconna�t.
La concertation en urbanisme, ce ne sont pas seulement les proc�dures l�gales mais surtout un dialogue quotidien avec tous les habitants, des rencontres avec les associations, des objectifs construits ensemble et par cons�quent des d�cisions assum�es par ceux qui repr�sentent, par leur �lection, le corps social.
Sur ces bancs nombreux sont mes coll�gues qui ont une exp�rience quotidienne et pragmatique de ces questions urbaines. Il est ais� de d�monter la logique des grands projets, il est ardu de r�aliser un consensus autour d'op�rations qui semblent modestes.
L'urbanisme, c'est aussi construire des projets quartier apr�s quartier, en respectant le patrimoine ou ce qui en tient lieu dans le coeur des Parisiens. Les conf�rences de la qualit� de vie et la Commission extra-municipale du cadre de vie seront les rendez-vous n�cessaires pour harmoniser et construire ensemble sur le territoire de Paris le projet d'urbanisme pour la ville du troisi�me mill�naire.
Gr�ce � tous les objectifs d�clin�s par M. le Maire de Pairs, la coh�sion de la Capitale sera maintenue. Paris restera attractif et attachant, gardera sa place dans le concert des capitales. Ainsi, notre ville restera le p�le d'excellence qui, au-del� de ses fonctions politiques nationales, a fait d'elle dans le pass�, la Capitale de l'esprit. L'objectif que nous a fix� le Maire de Paris de renforcer la pr�sence des grandes...

M. LE MAIRE DE PARIS.- Je vous en prie, mes chers coll�gues, vous ne vous rendez pas compte que ce fond sonore g�ne beaucoup l'orateur.

M. Bertrand DELANO�.- C'est vrai, M. le Maire a raison.

M. Vincent REINA.- Je vous remercie, Monsieur le Maire. Je crois que c'est un d�bat suffisamment important pour que chacun y consacre un peu de son temps et de son attention.
L'objectif que nous a fix� le Maire de Paris de renforcer la pr�sence des grandes institutions universitaires et de recherches doit �tre r�solument tenu. Les emprises n�cessaires � leur activit� seront r�serv�es afin qu'elles ne quittent pas le berceau des universit�s.
L'urbanisme que nous souhaitons et que le Maire de Paris a d�crit est donc un urbanisme � l'�coute des hommes, � l'�coute des Parisiens. Jamais notre attachement aux quartiers n'a �t� aussi grand. Les Parisiens se reconnaissent comme acteurs de la ville, de leurs quartiers. Dans la ville, le quartier est le lieu premier de vie et d'�changes, il est aussi le lieu o� doivent s'exprimer toutes les solidarit�s.
Paris a plusieurs fois au cours de sa longue histoire su anticiper les mutations in�vitables qui accompagnent la marche de l'humanit� vers le progr�s. Conjuguons le poids de l'Histoire et des histoires avec le Paris du XXIe si�cle.
Merci, mes chers coll�gues.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci, Monsieur REINA.
La parole est � M. SARRE, Pr�sident du groupe du Mouvement des citoyens.

M. Georges SARRE, maire du 11e arrondissement.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, le discours de la Municipalit�, aujourd'hui, convertie � un urbanisme humaniste, est d'abord une critique explicite de la politique conduite ant�rieurement. Apr�s 18 ann�es d'absence de concertation, de destruction du patrimoine architectural urbain et de l'habitat modeste, de priorit� aux bureaux, au logements de standing et aux logements interm�diaires P.L.I., vous tentez, Monsieur le Maire, de gommer les aspects les plus n�gatifs d'une politique d'urbanisme.
Pendant 20 ans, Paris a �t� immerg� dans l'urbanisme secret et brutal. La Municipalit� et l'A.P.U.R. n'�taient pas � l'�coute des quartiers, des arrondissements. Les associations n'�taient pas consid�r�es comme des partenaires ou de simples interlocuteurs, mais comme des adversaires.
Aujourd'hui, Monsieur le Maire, votre choix est-il un projet de ville, d'urbanisme doux et d�mocratique ? Analysons cela.
A partir des ann�es 80, l'absence de planification et d'intervention de l'Etat � Paris li�e � la d�centralisation et � la vague ultra-lib�rale tenant lieu de pens�e dominante, a laiss� � la Municipalit� parisienne une grande marge de manoeuvre. Celle-ci en a abus�.
La politique men�e alors a suivi un projet unique : faire de Paris une ville tertiaire, une cit� financi�re peupl�e de m�nages ais�s habitant dans des logements libres ou des appartements faussement sociaux de type P.L.I.
Dans les faits, elle s'est caract�ris�e par un urbanisme sans concertation, au service de la fracture urbaine et sociale.
Les choix ont �t� simples : le tout bureaux au d�triment d'autres activit�s �conomiques et du logement, le tout automobile avec la pollution qui l'accompagne.
Il r�sulte de ces choix politiques un d�s�quilibre structurel : 3 millions de m�tres carr�s de bureaux sont vides tandis que demeurent 60.000 demandeurs prioritaires de logement. Manque d'�quipements publics, disparition du commerce de proximit� et de l'artisanat, cadre de vie d�grad� par la circulation automobile, des projets d�mesur�s et aventureux, Z.A.C. "Bercy", "Paris-Seine-Rive gauche".
Les op�rations vitrines co�teuses ont �t� privil�gi�es, certaines au risque d'ob�rer l'avenir des finances municipales.
Qu'en est-il des op�rations les plus r�centes ?
Le projet de Z.A.C. de la porte d'Asni�res qui est aujourd'hui soumis � notre Assembl�e illustre la tendance actuelle, quelques progr�s formels en mati�re de concertation et l'int�gration architecturale qu'il faut imputer, semble-t-il, davantage aux qualit�s de l'architecte charg� de l'op�ration, Christian de PORTZAMPARC, qu'aux services de la Ville, mais aucun changement sur le fond.
En effet, le programme de cette op�ration, qui pr�voit 40 % de logements P.L.A., 40 % de logements P.L.I. et 20 % de logements libres, s'inscrit dans la stricte continuit� de la politique municipale ant�rieure dans ce domaine.
Le logement social, r�ellement social P.L.A., reste le parent pauvre de cette politique malthusienne du logement, qui nous a �t� confirm�e d'ailleurs pour les ann�es � venir lors de la pr�sentation du programme local de l'habitat en novembre dernier.
Alors que la Municipalit� parisienne s'est d�fendue pendant des ann�es de ne pas disposer de terrains pour la construction de logements sociaux, aujourd'hui, Monsieur le Maire, vous continuez � utiliser les emprises publiques dans le cadre du protocole Etat-Ville pour favoriser le logement libre et interm�diaire.
C'�tait bien la peine � chaque discours de reprendre l'antienne sur les promesses non tenues par le premier ministre d'alors, Michel ROCARD !
Ce choix privil�gie les classes sociales favoris�es et s'effectue au d�triment de la demande sociale, lorsque l'on sait que la Capitale comporte plus de 117.000 logements libres vacants et pr�s d'un millier de P.L.I. vides.
Monsieur le Maire, d'une certaine mani�re il est bien tard pour vaincre le mal ! On ne reviendra pas sur la destruction du parc social de fait ni sur les expropriations, ni sur les 15.000 logements anciens d�molis, ni sur les 12.000 arr�t�s d'expulsion prononc�s chaque ann�e.
La composition sociologique est elle aussi durablement alt�r�e. C'est un Paris � plusieurs vitesses que vous avez cr��, avec un hyper centre vou� aux activit�s et aux logements libres, des quartiers p�riph�riques qui perdent des emplois et accueillent une population plus modeste.
De cette s�gr�gation spatiale, vous convenez, d'ailleurs, puisque vous pr�cisez que ce sont les constructions nouvelles surtout regroup�es dans les arrondissements p�riph�riques qui ont accueilli les habitants suppl�mentaires.
Vous omettez cependant de dire, Monsieur TIBERI, que vous refusez � ces arrondissements du Nord et de l'Est les moyens financiers et les �quipements publics auxquels ils ont droit.
Bref, il semble que vous n'ayez pas compris le message des Parisiens. Nos concitoyens attendent un changement de cap, pas une modification de fa�ade des orientations municipales.
Paris ne sera une ville forte par sa population qu'� trois conditions :
- la ma�trise des constructions de bureaux ;
- la priorit� donn�e � l'am�lioration du parc ancien sur la d�molition reconstruction ;
- la construction de logements r�ellement sociaux de type P.L.A.
Monsieur le Maire, il faut notamment que cesse la surproduction de P.L.I. qui restent inaccessibles aux m�nages modestes et vous devez veiller � ce que la transformation n�cessaire de bureaux en logements n'aboutisse pas � la mise en place sur le march� de P.L.I. suppl�mentaires.
Vous devez enfin mettre rapidement en pratique votre intention de revenir � l'agr�ment pr�fectoral pour les bureaux, syst�me qui devrait � mon avis �tre �tendu � l'ensemble de la R�gion d'Ile-de-France.
Ensuite, l'urbanisme de proximit� que vous souhaitez conduire doit, certes, pr�server le patrimoine architectural, mais �viter de transformer Paris en une ville mus�e, car notre objectif principal doit �tre de conserver sur place les habitants et les activit�s.
C'est en principe le but des O.P.H.
Cependant, nous savons que la pratique des O.P.H. simples qui sont la r�gle � Paris aboutit de plus en plus souvent � la mise en oeuvre d'importantes hausses de loyer en fin d'op�ration, donc au d�part des occupants modestes, alors que rien n'est fait non plus pour pr�server le tissu artisanal et commercial confront� � la sp�culation sur les baux commerciaux.
C'est pourquoi j'accueille avec un certain scepticisme votre proposition d'action sur le Faubourg Saint-Antoine, parce que d'abord je ne vois pas la r�alit� de la large concertation locale que vous annoncez.
J'ai demand�, depuis septembre 1995, la transformation de l'O.P.H. simple du Faubourg en O.P.H. cibl�e, c'est-�-dire � caract�re social, et je dois constater que la mairie d'arrondissement d�tient toujours, s'il y en a un, le processus d�cisionnel.
Le vote d'un P.O.S. particulier dans ce quartier est insuffisant, raison pour laquelle, d'ailleurs, le Conseil du 11e arrondissement demande la cr�ation d'une Z.P.P.A.U. dans ce secteur.
Et qu'on ne vienne pas nous dire que ce serait introduire le loup dans la bergerie, autrement dit l'Etat dans la Ville ; vous ne voulez pas de Z.P.P.A.U. car vous voulez op�rer une transfusion sociale et changer la tradition du Faubourg. Oui, il ne faut pas uniquement pr�server un b�ti qui perdra sa vocation sociale de fait pour �tre transform� en locaux tertiaires ou en immeubles de luxe.
L'action de la Ville, quitte � utiliser la pr�emption, doit permettre aux artisans et commer�ants ind�pendants de poursuivre plus largement leur activit�.
Cette priorit� donn� au b�ti n'a pas �t�, c'est le moins qu'on puisse dire, au coeur de la politique d'am�nagement de la Ville.
Pour ce qui est des Z.A.C., votre changement d'attitude r�sulte largement de la pression exerc�e par les Parisiens et les associations qui, multipliant les recours contentieux et les contre-projets, ont prouv� que la concertation restait formelle dans un certain nombre de cas pr�cis. Je prendrai comme exemple les Z.A.C. "Pajol" et "Al�sia-Montsouris".
Votre majorit� a fait passer en force ses projets d�ficients en �quipements publics et en logements sociaux.
Cette politique du passage en force, vous l'avez aussi utilis�e pour favoriser des initiatives priv�es, comme l'op�ration de BOUYGUES sur les terrains de la S.F.P., en utilisant une proc�dure d'urbanisme assez cocasse � Paris, celle du lotissement, pour favoriser le logement haut de gamme dans un quartier traditionnellement populaire.
Il faut donc en finir avec les projets sortis des cartons de l'A.P.U.R. plaqu�s artificiellement et favoriser une large concertation. Les mairies d'arrondissement, les associations doivent �tre associ�es au r�examen des p�rim�tres de pr�emption et d'expropriation afin que les familles soient relog�es d�cemment, rapidement et dans leur quartier lorsque c'est possible.
Cette concertation, je souhaite en outre qu'elle se mette rapidement en place dans le p�le de d�veloppement social, urbain que vous vous �tes enfin d�cid� � mettre en oeuvre des ann�es apr�s les autres villes.
J'en viens maintenant, Monsieur le Maire, � une question de fond : se concerter pour quoi faire ? Quel est votre projet pour Paris dans les ann�es qui viennent au-del� des g�n�ralit�s que vous �noncez ?
Je n'en trouve pas trace ! Lorsque le baron Haussmann prend en charge Paris, il a bien un projet global en t�te, si fort que nous en vivons encore ! Lorsque M. Delouvrier, apr�s 1962, se met au travail, il prend en compte l'ensemble de l'agglom�ration parisienne et l'organise.
Paris doit �tre, Monsieur le Maire, pens� simultan�ment � plusieurs �chelles : celle des quartiers, celle de la ville avec sa proche couronne et celle de l'agglom�ration enfin, et bien s�r celle du r�seau de grandes villes qui se constituent par les communications rapides, notamment par les T.G.V. et l'avion.
Vous �tes d'ailleurs conscient du probl�me, puisque vous parlez de dialoguer davantage avec les autres communes. Mais est-ce par la simple vertu du dialogue que seront rendus coh�rents les objectifs de la Z.A.C. "Paris-Seine-Rive gauche", de La D�fense, de l'am�nagement de Billancourt ? Certainement pas.
En l'�tat actuel, c'est le march� qui tranchera, qui d�cidera de l'urbanisme r�el. Or, il ne peut prendre en compte tous les aspects de l'urbanisme. Il se moque pas mal de dialoguer.
Pour que le dialogue sur les bureaux en particulier, mais aussi sur la politique de d�placement, aboutisse, il faut un cadre des proc�dures et une sanction r�elle. Rien de cela n'est propos�. Il n'y a que deux solutions, Monsieur le Maire : cr�er une institution comme le Grand Paris ; je l'ai propos� au Parlement, ou bien que l'Etat se remette � faire son travail en faisant pr�valoir l'int�r�t g�n�ral sur les int�r�ts particuliers ou locaux, fussent-ils l�gitimes.
Je ne vois pas d'autres solutions au niveau de l'agglom�ration. En l'absence de telles dispositions, le dialogue sera vain, � supposer qu'il existe !
Plus grave encore, il y aura des espoirs d��us et de l'argent gaspill�.
Je ne vois pas, en effet, par quel miracle la demande de bureaux s'ajusterait � des offres aussi massives. Vous objecterez peut-�tre qu'il n'appartient pas au Maire de Paris de d�cider pour l'Etat ou le Parlement. C'est exact, mais je trouve �trange que le Maire d'une aussi grande ville soit si timor� en mati�re de proposition.
Monsieur le Maire, �tes-vous le responsable d'une grande ville de l'Europe ou simplement celui d'une quantit� de quartiers �pars ? D'autant plus que vous pouvez en fait agir. Vous le pouvez publiquement et politiquement, car il me semble que le Pr�sident de la R�publique et le Premier ministre sont proches de vous et connaissent bien Paris.
Vous le pouvez pratiquement : rien ne vous emp�che, au-del� d'une conf�rence avec les Maires de Londres, Berlin ou Bruxelles, introduite tardivement dans votre conf�rence de presse, de relayer un v�ritable mouvement de r�flexion europ�en et international sur l'avenir de Paris. Ce serait bien plus utile que de cr�er un nouvel observatoire sur les bureaux et les logements.
Entre l'A.P.U.R. et les services de la D.R.E., les moyens d'observation, Monsieur le Maire, existent et sont de qualit�. Pourquoi, sauf pour un effet d'annonce, ajouter une nouvelle structure � tout ce qui existe ? Il suffirait d'�tablir, comme on le fait en mati�re de recherche, un programme th�matique de coop�ration entre ces organismes.
A la v�rit�, vous ne pensez pas globalement et en perspective l'avenir de Paris !
Comment, par exemple, isoler l'urbanisme de la politique des d�placements ? Ici encore, vous m�connaissez l'enseignement des travaux de r�flexion men�s dans les ann�es 1960 sous la houlette et l'autorit� du g�n�ral de Gaulle.
De ce fait, vous ne traitez pas r�ellement d'urbanisme ni d'avenir.
Parlons maintenant des activit�s, car elles conditionnement l'emploi et l'avenir m�me de l'urbanisme.
Monsieur le Maire, il faut en urgence que soient prises des mesures pour maintenir en activit� les commer�ants et artisans victimes de la sp�culation sur les loyers commerciaux.
Vous le savez, Monsieur TIB�RI, le Gouvernement va pr�senter dans quelques semaines un projet de loi concernant les P.M.E., le commerce, l'artisanat. A cette occasion, je ferai � l'Assembl�e nationale des propositions pr�cises et concr�tes pour soutenir les commerces de proximit� et l'artisanat.
Que ferez-vous ? Quelles mesures pr�conisez-vous pour ma�triser l'extension incontr�l�e du commerce textile de gros dans certains quartiers, qui entra�ne la disparition des boucheries, �piceries, poissonnerie, etc ?
A cet effet, j'ai d�pos� deux propositions de voeu, Monsieur le Maire, et je voudrais vous pr�senter ainsi qu'� tous nos coll�gues, une carte du 11e arrondissement qui montre ce qui se passe en ce moment dans ce secteur. Les points rouges, mes chers coll�gues, ce sont les commerces de gros qui s'installent depuis quelques ann�es et quelques mois. Tous les commerces de proximit� disparaissent !
Je d�poserai des amendements, Monsieur TIB�RI, et j'aimerais que nos 19 autres coll�gues, d�put�s de la Capitale, soient pr�sents dans l'h�micycle pour se battre et pour qu'� se moment-l�, des mesures �nergiques soient prises.
Monsieur le Maire, qu'allez-vous entreprendre avec la Pr�fecture de police et les services de l'Etat pour arr�ter la multiplication des ateliers clandestins et r�sorber les taudis, pour am�liorer de toute urgence la situation actuelle, o� les ateliers clandestins sont diss�min�s parmi les habitations, dans lesquels les conditions �l�mentaires de s�curit� et d'hygi�ne sont ignor�es ?
Il faut disposer rapidement, Monsieur le Maire, d'un inventaire pr�cis des ateliers et de leur implantation.
J'ajoute qu'une Inspection du travail dot�e de moyens r�els d'accomplir ces missions, une Pr�fecture de police mobilis�e autour de cette question du travail clandestin permettraient d'agir, de faire reculer l'esclavagisme des temps modernes et de r�duire les risques inacceptables auxquels sont expos�s les Parisiens.
L'incendie qui s'est produit le 6 avril faubourg Saint-Martin peut se d�clencher dans beaucoup d'autres quartiers.
Pour que l'urbanisme ne conduise pas � une coquille vide, Monsieur le Maire, deux actions sont indispensables. La premi�re est de s'adapter aux besoins des entreprises. Celles-ci compriment leurs co�ts fixes, � commencer par celui de l'immobilier en �volution permanente. Elles ont besoin de m�tres carr�s moins chers, bien �quip�s et flexibles dans les usages possibles.
Ceci doit gouverner la construction de nouveaux bureaux.
La seconde condition est de transformer la politique fiscale de la Ville. Je l'ai propos� � notre dernier Conseil, je n'ai pas �t� entendu. Pourquoi ? Je le regrette.
Monsieur le Maire, votre nouveau discours s'inscrira-t-il dans les faits ? L'�volution que vous annoncez saura-t-elle triompher du poids des pratiques anciennes et des int�r�ts financiers et immobiliers ?
Nous le saurons tr�s vite, en fonction des r�ponses apport�es aux projets-tests pour lesquels nous demandons une nouvelle orientation.
Aujourd'hui, nous prenons acte, Monsieur le Maire, et nous serons vigilants.
Vous le savez, Monsieur le Maire, dans mon D�partement natal, la Creuse, il y a un vieil adage qui dit- et ils �taient bien plac�s pour le savoir : "C'est au pied du mur qu'on voit le ma�on". Nous vous y attendons.
Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement des citoyens, socialiste et communiste).

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci.
La parole est � M. PICOURT.

M. Patrick-Olivier PICOURT, adjoint.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, Monsieur le Maire, vous nous annoncez aujourd'hui- je cite- "un fort infl�chissement de l'action de la Municipalit�" en nous proposant de mettre en oeuvre "un urbanisme qui soit tout entier au service des Parisiens, de leurs activit�s, de leur vie quotidienne."
Le groupe "Paris-Libert�s" tient � vous en remercier et � vous rendre hommage.
Vous remercier, tout d'abord, d'avoir ainsi pris en compte et mis en oeuvre les orientations qui sont les siennes et qui constituent un de ses apports essentiels � l'action de la majorit� municipale que vous conduisez.
Vous rendre hommage, ensuite, car cette r�orientation politique illustre bien la compl�mentarit� de nos approches et l'enrichissement qui en r�sulte pour l'action de la Municipalit� et des �l�ments qui la composent. Tous ensemble, nous faisons ainsi la preuve que notre majorit� unie et solidaire, mais cr�atrice et moderne, peut ais�ment d�velopper sa l�gitimit� aupr�s des Parisiens.
Il �tait important que cette d�monstration f�t faite lors d'un d�bat sur l'urbanisme. En effet, ce sujet incarne ce qu'il y a de plus profond dans les aspirations des Parisiens et illustrera sans doute l'action de notre Municipalit� dans la m�moire des g�n�rations futures.
Des troubles, des interrogations et des errances de nos soci�t�s contemporaines, c'est sans doute l'urbanisation qui supporte le plus grand nombre de stigmates. Elle symbolisera l'av�nement du XXIe si�cle et sa nouvelle organisation sociale, prolongeant ainsi le r�le jusqu'alors d�volu � l'architecture.
D�j� dans "Notre-Dame de Paris", Victor Hugo d�crivait une forme architecturale en la peuplant non seulement des �tres, mais encore des syst�mes de pens�e qui l'ont engendr�e et puis la rendront caduque. Lire et dire l'architecture de Notre-Dame de Paris, c'est comprendre quelle fronti�re �tait en train de se dessiner entre deux �ges de l'humanit�, c'est voir comment l'homme, ali�n� par la superstition et la soumission politique, a laiss� la place � l'individu et au citoyen moderne.
Quelle �trange modernit� !
Monsieur le Maire, notre grande m�tropole �merge d'une p�riode de quarante ans d'obscurantisme qui a enserr� la Capitale, exer�ant une pression devenue aujourd'hui insupportable.
En effet, on a connu un urbanisme fortement impr�gn� de la philosophie primaire de l'offre d'infrastructure en vogue dans les ann�es 60. La technique permettait de mettre une offre sp�cialis�e en face de chaque demande. On a cr�� des zones : des zones d'habitation, des zones industrielles, des zones d'activit�s, des zones de bureaux. Chaque activit� �tait sortie de son contexte, isol�e et repli�e sur elle-m�me. Ainsi a �t� �rig� l'urbanisme concentrationnaire de bo�tes : bo�tes verticales, appel�es "tours", pour le bureau, bo�tes horizontales, appel�es "barres", pour l'h�bergement, bo�tes cubiques, appel�es "grandes surfaces", pour le commerce. Il a fallu relier ces zones de rocades en grands axes, encourageant les moyens de transport individuel. Notre Capitale �tait au centre de ce tissu, lieu de passage, centre d'activit�s et de loisirs.
Le modernisme infrastructurel est alors entr� dans Paris.
Georges Pompidou, � l'origine de la r�novation du centre de Paris et de la voie express qui porte son nom, disait alors : "Il faut adapter la ville � la voiture", il faut bien le dire avec l'assentiment du plus grand nombre, � une �poque o� le progr�s technique masquait l'�volution humaine ; la gauche faisait alors du progr�s technique un instrument de progr�s social, et c'�tait en partie vrai.
Il y a encore tr�s peu d'ann�es, le Pr�fet Directeur r�gional de l'�quipement d'Ile-de-France d�clarait : "Le taux de motorisation arrivant � son maximum, une fois que les infrastructures seront agrandies au n�cessaire th�orique, tout ira bien." Voil� bien les ann�es du "n�cessaire th�orique" !
Il y a quelques mois, s'achevait la derni�re tour du front de Seine. Ce n'est que depuis peu qu'a cess� la transformation d'immeubles de logement haussmanniens en bureaux. La population parisienne se stabilise, mais le centre historique d'activit�s s'est d�peupl�.
Si j'insiste sur le pass�, Monsieur le Maire, ce n'est pas pour le rejeter ou pour mettre en cause ses acteurs. De r�els progr�s sociaux ont eu lieu. Au contraire, c'est pour en tirer les le�ons dans notre action future.
Les premi�res le�ons portent sur la forme et tiennent en quelques mots : humilit�, �coute, concertation, transparence, humanit�.
L'humilit� de ne pas d�tenir la v�rit� doit entretenir l'�coute et le dialogue dans le respect de l'int�r�t g�n�ral.
Votre volont� affich�e est la bonne, Monsieur le Maire. Il faut aller � l'�coute de la population, il faut dialoguer avec les associations, il faut entendre l'opposition, il faut enfin confronter les exp�riences et les autres cultures par des rencontres internationales.
Rassembler, c'est respecter les diff�rences, r�unir et relier.
Apr�s concertation, les d�cisions doivent �tre prises en totale transparence et appliqu�es avec beaucoup d'humanit�.
Oh ! Certes, Monsieur le Maire, ce ne sont l� que des mots, mais les mots m�ritent bien qu'on leur accorde un peu d'attention et de cr�dit lorsqu'il s'agit d'organiser la vie des hommes.
D'autres le�ons que nous devons tirer du pass� portent sur le fond et tournent notamment autour de quatre grands th�mes que j'aborderai successivement :
- la diversit� ;
- la taille ;
- la modernit� ;
- l'�quilibre ;
- la diversit� tout d'abord :
L'�chec des zones est d� essentiellement � la d�composition spatiale et temporelle des activit�s humaines. La ville est un lieu de vie avec sa diversit�, sa multiplicit�, sa richesse, son foisonnement m�me. L'urbanisme citadin doit �tre � l'image de la diversit� et de la complexit� des activit�s humaines. Cette recherche doit sous-tendre notre r�flexion, notamment dans les diff�rentes pistes que j'�voquerai par la suite concernant les �volutions du P.O.S., du C.O.S., et une vision moderne et harmonieuse de l'immeuble, de la rue, du quartier, de la ville.
- la taille ensuite :
Vous pr�nez, Monsieur le Maire, un urbanisme � taille humaine. C'est l� une r�ponse majeure dans un monde o� le nombre secr�te le gigantisme et o� le gigantisme g�n�re le nombre.
La limitation de la taille d�coulera tout naturellement du respect de la diversit�. Plus une structure est complexe et plus elle doit �tre d�concentr�e.
- la modernit� ensuite :
Paris n'est pas une ville morte, elle doit �voluer en harmonie et dans le respect de son h�ritage architectural et social. L'�coute, la concertation et surtout beaucoup d'imagination seront n�cessaires. Adapter sans d�truire, cr�er sans renier, pr�server sans figer, voil� quelques axes fondamentaux.
- l'�quilibre enfin :
Paris est une mosa�que, un ensemble complexe qui n�cessite dans tous les domaines le maintien des �quilibres et le d�veloppement des harmonies. Vous indiquez que le souci des �quilibres doit rester une constante de la politique d'urbanisme de Paris. L� aussi, l'imagination et la concertation sont fondamentales, l� aussi, Monsieur le Maire, rassembler, c'est respecter les diff�rences, les r�unir et les relier.
Tout en gardant � l'esprit ces quatre principes, j'insisterai encore sur l'imagination n�cessaire dans tous les domaines.
Les grandes orientations que vous pr�sentez aujourd'hui repr�sentent les fondements d'une action qui va s'�tendre sur de nombreuses ann�es et pour laquelle notre capacit� d'innovation doit jouer d�s maintenant � tous les niveaux.
Permettez-moi de vous proposer quelques pistes de r�flexion par ordre de complexit� croissante.
Tout d'abord, l'immeuble.
La technique et les modes de vie ont �volu� depuis Haussmann. Autrefois, il n'y avait pas d'ascenseur et les premiers et deuxi�mes �tages �taient les �tages nobles, avec de grands appartements. Les derniers �tages �taient r�serv�s � ce que l'on appelait les chambres de bonnes.
Aujourd'hui, les �tages �lev�s permettent de fuir le bruit et de trouver la lumi�re. Les chambres de bonnes sont regroup�es, les grands appartements morcel�s.
Autrefois, les immeubles bourgeois se devaient d'�tre r�serv�s � l'habitation. Aujourd'hui, la mixit� est source d'�quilibre. Pour respecter la volont� de complexit� et d'harmonie, il faut permettre la mixit� d'activit�s avec, dans le m�me immeuble, des activit�s commerciales, du logement et des professions lib�rales.
En mati�re de s�curit�, l'activit� assure une pr�sence le jour, l'habitation une pr�sence la nuit. Un m�decin qui habite sur le lieu de son cabinet est un m�decin qui sera plus facile � joindre la nuit.
Bien s�r, il y a eu des exc�s consid�rables en mati�re de transformation de logements anciens en bureaux, et j'y reviendrai, mais c'est parce que justement la mixit� n'a pas �t� mesur�e et contr�l�e. La crise du march�, l'inad�quation technique de l'offre et la volont� publique se chargeront d'y rem�dier.
C'est essentiellement lors du retour au logement ou lors de grands programmes nouveaux que cette mixit� doit jouer. Gardons-nous de passer d'un exc�s � un autre. Encore une fois, recherchons l'�quilibre et l'harmonie.
Dans cet esprit, pr�servons les petites surfaces de logement pour assurer la mixit� sociale, et notamment l'h�bergement des jeunes. Pr�servons aussi les grandes surfaces pour assurer l'accueil des familles. Il faudrait ainsi �tudier une r�forme du P.O.S. pour permettre une approche urbanistique dite en mille-feuilles.
De m�me, de nouvelles approches de la collectivit� doivent prendre en compte les �volutions contemporaines, que ce soit au niveau de l'am�nagement des petits espaces, tels que jardins ou courettes, ou que ce soit sur le plan technique pour l'�vacuation et le tri des d�chets.
Enfin, l'esth�tique doit revenir en force apr�s une longue p�riode o� le conceptuel et le fonctionnel ont �t� les seuls fondements de l'apparence.
Cette esth�tique doit permettre la cr�ation, mais doit respecter ce qui caract�rise l'urbanisme parisien dans son unit� et dans son histoire.
Ceci est particuli�rement vrai pour les toits qui constituent une caract�ristique parisienne tr�s forte et qui n'existent plus dans l'architecture moderne.
Il ne s'agit pas, Monsieur le Maire, de rajouter encore et toujours de nouvelles r�glementations. Au contraire, il faut moderniser, simplifier et r�introduire un �tat d'esprit qui valait avant que les lois et les r�glementations ne s'accumulent.
Ensuite, la rue et l'espace publique.
L'espace public est le lieu d'�changes et de circulations par essence, mais il doit aussi redevenir un lien et un lieu de rencontres.
Pour ce faire, il faut redonner une convivialit� qui a disparu au cours des derni�res ann�es. Il faut r�inventer l'urbanisme de rez-de-chauss�e, que ce soit en termes d'activit�s ou en termes d'infrastructures et de voirie.
Tout d'abord, un urbanisme de proximit� implique des commerces de proximit�. Les petits commerces de base, notamment alimentaires, ont tendance � dispara�tre, que ce soit dans les quartiers tr�s bourgeois ou plus populaires.
L'intervention r�gulatrice de la Ville contre les exc�s du lib�ralisme �conomique existe pour le logement. Pourquoi ne pas imaginer une action de la Municipalit� pour le petit commerce, avec un office ou des soci�t�s d'�conomie mixte pratiquant des loyers modul�s en fonction de l'int�r�t public de l'activit� ? L'exemple existe en France, et il n'y a pas de tabou en mati�re d'int�r�t public. Je suis convaincu qu'une analyse macro-�conomique d�montrerait la rentabilit� d'une telle action pour la collectivit�.
Je n'insisterai pas sur les probl�mes de circulation et de voirie, qui seront �voqu�s par ma coll�gue Laurence DOUVIN, sauf pour indiquer, Monsieur le Maire, que r�glementer c'est interdire ou mettre en place des crit�res de s�lection.
Je crois que si une priorit� doit �tre accord�e, c'est aux riverains, et qu'un �quilibre harmonieux doit �tre trouv� entre la voiture, le pi�ton ou le v�lo. L'id�al serait de ne rien interdire totalement, de tout moduler en ayant la volont� de l'accessibilit� la plus ais�e pour le plus grand nombre d'habitants.
En termes d'animation, vous souhaitez, Monsieur le Maire, d�velopper les grandes promenades � l'image des Champs-Elys�es. Il est certain que la fr�quentation des Champs-Elys�es conna�t un certain succ�s, mais il est vrai aussi qu'il n'y a plus de riverains aux Champs-Elys�es et que les promeneurs sont loin d'�tre tous Parisiens.
Monsieur le Maire, Paris, le long des rues, est une �ternelle promenade. Il faut beaucoup d'humilit� et de prudence avant de transformer les fl�neries individuelles en circuits touristiques. D�j� certains hauts lieux, comme Saint-Germain-des-Pr�s, se transforment en parc d'attractions chaque fin de semaine et m�ritent l'�tude de quartiers tranquilles tels que vous les pr�nez.
Notre Capitale est le centre d'une agglom�ration de 10 millions d'habitants. Trop encourager cette population � rechercher une animation parisienne con�ue pour le plus grand nombre comporte des risques. Risque, tout d'abord, d'emp�cher le d�veloppement de l'activit� en p�riph�rie, risque, ensuite, de provoquer des nuisances majeures pour les riverains. L� encore, l'humilit� d'approche et la concertation seront n�cessaires pour assurer une animation harmonieuse et � taille humaine.
En revanche, votre volont� d'entreprendre l'am�nagement global des berges de la Seine est une oeuvre de salubrit� publique. La patrimoine mondial de l'humanit� d�j� peu glorieux devient d�potoir au-del� de la Tour Eiffel. L'envergure de la t�che et son ampleur m�ritent bien la consultation que vous annoncez. Peut-�tre m�rite-t-elle un concours d'id�es, s�rement un large d�bat au Conseil de Paris le moment venu ?
Enfin, le quartier.
Autant de quartiers, autant de facettes de la Capitale. Chaque quartier de Paris poss�de son intensit�, sa vie, son �me. Il faut prot�ger le centre, conserver leur identit� aux quartiers en �volution, donner une �me aux quartiers en cr�ation.
Le coeur de Paris a �t� marqu� par la transformation de logements en bureaux aujourd'hui obsol�tes et hors march�. Le difficile retour doit �tre amplifi� et acc�l�r�, et la Municipalit� plus pr�sente dans l'action.
Les grands institutionnels et les banques ont constitu� des soci�t�s fonci�res ou des structures dites de "d�faisance".
Nous devons engager un dialogue avec eux sur le mode et le rythme de remise � disposition du march� de ce colossal ensemble immobilier aujourd'hui neutralis�. Nous devons inciter les organismes cr��s par l'Etat, tels l'O.I.G., � trouver des solutions rapides et socialement acceptables. Il ne peut �tre tol�r� que ces organismes g�lent toute �volution dans le seul but de se p�renniser et de s'auto-alimenter. Le pouvoir du Maire de Paris est suffisant en ce domaine pour qu'une concertation fructueuse s'�tablisse rapidement.
Par ailleurs, il existe un grand nombre de bureaux non fonctionnels �tablis par l'administration ou le secteur public dans des immeubles anciens. T�t ou tard, une �volution est � pr�voir, et il faut anticiper l'application du droit commun en cas de privatisation. L'Etat ne doit pas participer � la sp�culation immobili�re, m�me s'il s'agit de financer une am�lioration de son patrimoine.
Sur ces deux derniers points, le dossier de l'Institut g�ographique national dans le 7e arrondissement est exemplaire. Privatis� il y a quelques ann�es pour y r�aliser des bureaux contrairement au plan de sauvegarde, d�sormais sans permis de construire, cet ensemble immobilier unique � Paris est aujourd'hui la propri�t� d'un organe de "d�faisance" qui le conserve vide et ferm�.
Comme dans bien d'autres cas, la Municipalit� se doit d'agir pour faire bouger les choses.
D'ailleurs, Monsieur le Maire, pourquoi la Ville n'engage-t-elle pas un dialogue avec l'Etat pour envisager le d�placement de certaines administrations vers de nouveaux quartiers plus adapt�s ?
Cela a �t� fait pour les Finances. Des �tudes ont �t� men�es pour le Minist�re de l'Int�rieur et pour le Minist�re de l'Equipement.
Une mission interminist�rielle pour les d�localisations vient d'�tre cr��e. Pourquoi n'�tudierait-elle pas des mouvements dans Paris intra-muros au lieu de contribuer � l'affaiblissement �conomique de la Capitale ?
Enfin, au-del� des P.O.S. particuliers que vous nous proposez et qui sont une excellente chose pour les quartiers en �volution, il faudrait r�fl�chir � une possible extension des "secteurs sauvegard�s" � d'autres secteurs de Paris, peut-�tre dans les 5e, 6e, 8e et 9e arrondissements.
La miniaturisation et la mixit� du P.O.S. devraient pouvoir s'accompagner de C.O.S. tr�s variables, selon le principe de la "peau de l�opard", dans les nouveaux quartiers en �dification.
Il existe des exemples d'urbanisme m�langeant de mani�re harmonieuse des immeubles de tailles tr�s contrast�es, r�pondant � des fonctionnalit�s tr�s diff�rentes.
Enfin, Paris capitale.
Monsieur le Maire, nous partageons votre approche de Paris, capitale internationale, culturelle et �conomique ; ce n'est pas votre adjoint en charge de l'international qui dira le contraire.
Je souhaiterais toutefois insister sur le d�veloppement de Paris, capitale �conomique. Le d�veloppement �conomique est n�cessaire pour l'accomplissement de la Capitale, mais c'est cet accomplissement qui permettra ce d�veloppement. Les entreprises �trang�res s'installeront dans Paris, capitale europ�enne, sous trois conditions.
Un rayonnement international r�el dans tous les domaines, un exemple montr� par les entreprises fran�aises et des infrastructures modernes adapt�es � leurs besoins, respectant l'image et la complexit� de notre Ville.
Un rayonnement r�el de Paris dans tous les domaines : c'est �vident. Il ne faut pas croire que notre d�veloppement repose sur une simple d�marche commerciale, n�cessaire, mais pas suffisante. Comme toujours, la qualit� du produit pr�c�de la vente.
Un exemple montr� par les entreprises fran�aises : que penseraient les �trangers s'ils voyaient les grands acteurs fran�ais quitter la Capitale pour des lieux proches et mieux adapt�s ?
Monsieur le Maire, c'est un domaine o�, non seulement, votre action personnelle sera fondamentale, mais encore, l'implication de toute la Municipalit� est n�cessaire.
Enfin, des infrastructures modernes adapt�es � leurs besoins, respectant l'image et la complexit� de notre Ville : depuis 20 ans, un p�le �conomique de bureaux s'est d�velopp� � La D�fense, con�u sans mixit� d'activit�s, sans urbanisme de rez-de-chauss�e. La zone de La D�fense est aujourd'hui urbanistiquement obsol�te et se d�veloppe en arri�re-couronne. Paris se doit de d�velopper une nouvelle offre, r�unissant la complexit� qualitative de la vie urbaine et les techniques d'avant-garde des bureaux modernes. Ceci est possible gr�ce au projet "Paris-Seine-Rive gauche". La question n'est plus aujourd'hui de savoir s'il faut faire "Paris-Seine-Rive gauche", mais de savoir comment r�ussir ce formidable pari. La r�alisation d'une ville de 25.000 habitants au coeur de Paris, � 2 kilom�tres de Notre-Dame, est l'enjeu majeur de notre Municipalit�. C'est lui qui d�terminera la r�ponse qui sera faite lorsque les g�n�rations futures nous demanderont : "qu'ont-ils fait de l'an 2000 ?"
Cette ville dans la ville doit comporter les infrastructures modernes qui manquent au reste de la Capitale, et notamment un grand lyc�e international et multilingue pour accueillir les enfants des cadres d�cisionnaires de l'implantation de leur entreprise.
Voil�, Monsieur le Maire, quelques �l�ments de r�flexion pour soutenir et prolonger votre action.
Permettez-moi, pour terminer, au moment o� une campagne scandaleuse de b�tise est men�e contre Paris, de vous rappeler les propos de Gustave Flaubert dans ses carnets : "Critiquer Paris est � la mode parisienne, ne plus l'aimer est signe de d�dacence".

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Paris-Libert�s" et "Rassemblement pour Paris").

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci, Monsieur PICOURT.
La parole est � M. MALBERG.

M. Henri MALBERG.- Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, les �lus communistes prennent tr�s au s�rieux le d�bat d'aujourd'hui.
Le temps est compt� : 15 minutes devant un document de 40 pages dont la lecture attentive prend plusieurs heures. On comprendra donc ce que peut avoir de sommaire une intervention si courte sur un sujet si vaste.
Vous parlez, Monsieur le Maire, d'un urbanisme � visage plus humain, de nouvelle page de l'urbanisme parisien.
D'abord un constat : ce texte a int�gr�, parfois mot � mot, des th�mes, des mots-cl�s, des id�es avanc�s par les �lus communistes depuis longtemps. Et c'est vrai pour le programme de la liste "Paris s'�veille".
Nous sommes loin du triomphalisme habituel de la droite parisienne selon laquelle vous seriez les meilleurs et savez ce qu'il faut faire. Les �lections municipales et l'avertissement qu'elles repr�sentaient sont pass�s par l�. Par exemple, le mot "diversit�" pour la Ville, les activit�s, la population, l'architecture, le mot "�quilibre" sont � toutes les pages.
Je voudrais rappeler que c'�tait le th�me central d'un point de vue des �lus communistes de Paris dans "Le Monde" en novembre 1983. Il y a 13 ans, on n'entendait pas beaucoup � l'�poque, dans cette Assembl�e, ces mots-l�.
Donc il y a dans le document de M. TIBERI les mots qu'il faut pour �tre entendus par les Parisiens. Mais, s'il y a les mots, y a-t-il la r�alit� ? La r�alit�, justement, voil� le probl�me.
A la lecture de votre document, Monsieur le Maire, une chose saute aux yeux : il n'y a nulle part de r�flexion critique, d'analyse de la situation actuelle � Paris. O� en est la Capitale ? Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Quel est le bilan des 18 derni�res ann�es, depuis que Paris a un Maire ? Rien que cela. C'est un document sans pass�.
Vous proclamez un urbanisme � visage humain. Est-ce � dire que jusqu'� pr�sent, ce n'�tait pas le cas ?
Et, contradiction visible, vous d�clarez votre fid�lit� aux documents majeurs qui ont produit la situation actuelle, sch�mas directeurs, P.O.S., plans de l'Est parisien, plans de la Couronne. Ces plans, nous les avons combattus et ils ont produit ce que vous d�plorez aujourd'hui.
Et puis, il n'y a pas qu'hier. Il y a aujourd'hui et demain. Il y a un gouffre entre nombre de vos objectifs et la r�alit� concr�te de la politique qui est mise en oeuvre. Depuis l'�lection municipale, ni sur le logement ni sur l'emploi, encore moins lors du d�bat budg�taire, il n'y a eu l'infl�chissement permettant de mettre en oeuvre vos projets.
Nous venons de discuter d'un budget qui est en r�gression dans les domaines que vous proclamez essentiels. Du coup, ce texte appara�t comme un recueil de bonnes intentions, sans analyse d'hier, sans moyens budg�taires pour demain.
Vous d�finissez l'urbanisme, je vous cite "comme la mise en coh�rence dans la dur�e des diff�rentes fonctions qui se m�lent dans la Ville". D'accord. Mais l'urbanisme n'est pas neutre. Un projet urbain a toujours un contenu de classe, ne vous en d�plaise. Au sens social et �conomique. L'urbanisme, c'est de la politique urbaine, de la politique au plein sens du terme.
Il y a, derri�re les conceptions urbaines, dans une soci�t�, des choses qui ont � voir avec des gens riches, des gens pauvres, des couches dirigeantes, des couches rel�gu�es, des gens qui sont � la p�riph�rie, d'autres au centre, des activit�s favoris�es, d'autres repouss�es.
Or, Monsieur le Maire, le manque central de votre texte, c'est de ne pas prendre acte de ce que le mouvement spontan� � Paris, formidablement fort, c'est l'�viction des moins riches, le d�part du moins rentable, la pression de l'argent. Vous avez encourag� ou laiss� faire pendant 20 ans ceci. Il est pass� comme une tornade sp�culative sur la Ville. La loi du plus fort, de l'argent a pr�valu en tout. On voit le r�sultat, mais c'est ce domaine central que vous n'infl�chissez pas. Ce qui m'am�ne � aborder trois ou quatre questions concr�tes.
Le logement.
Dans les 20 ann�es �coul�es, le nombre de logements en loyers abordables, en y incluant le parc social, la loi de 1948, les h�tels meubl�s a diminu� de 300.000 unit�s. Le nombre de logements du secteur cher a augment� de 300.000 unit�s. On ne peut pas parler d'urbanisme sans poser cette question.
Aujourd'hui un jeune couple salari�- et encore plus s'il y a un ch�meur ou s'il s'agit d'une femme avec un enfant- ne peut pas vivre dans cette ville, ou alors il le peut au prix de sacrifices qui rendent la vie intenable. Il faut donc tordre le b�ton dans l'autre sens et envisager tout le d�veloppement urbain, en fonction de ce besoin de tirer les loyers vers le bas, d'encourager la construction � loyers abordables. On est ici au coeur du d�bat P.L.I.-P.L.A. Je n'y reviendrai pas... un �lu communiste en parlera cet apr�s-midi.
Je prends un chiffre qui explique tout. Dans le 19e arrondissement, il a �t� propos� 78 P.L.I. Il y a eu 65 refus. Et le logement social, c'est �videmment aussi des r�habilitations aboutissant � des loyers raisonnables.
Autre question : l'urbanisme et l'�conomie.
Vous avez con�u tout l'avenir �conomique de Paris dans la perspective d'un d�veloppement massif du secteur tertiaire des affaires et de la finance.
Aujourd'hui encore "l'affrontement" avec d'autres m�tropoles europ�ennes se fait sur la base de la volont� d'attirer les �tats majors des multinationales.
D'ailleurs � cet �gard, vous affichez maintenant ouvertement la concurrence Paris-La D�fense.
Or, la crise de la fonction bureau est structurelle et non pas passag�re comme je l'ai entendu dire ici. Une multinationale, aujourd'hui, cela peut �tre 5 cadres et 50 salari�s en liaison informatique avec des lieux-dits de production diss�min�s dans le monde. Ce n'est pas cela qui r�glera la question de l'emploi. En v�rit�, la seule carte � jouer pour une grande ville comme Paris, c'est la diversit� des fonctions, c'est un ensemble complexe, subtil, d'activit�s productives, de recherche, de vie universitaire, de commerces diversifi�s, grands, moyens et petits, de services, d'artisanat, de vie de grands services publics : transport, sant�, �nergie, communication, de fonctions financi�res, de fonctions �tatiques, de culture, etc.
Vous n'avez pas mis ce projet-l� au coeur de votre document. Vous �tes obnubil�s par un lib�ralisme, par la loi de l'argent, etc. Le profit a eu carte blanche comme moteur de l'urbanisme, de l'habitat, de l'�conomie. C'est une faute historique de la majorit� de droite. Nous le payons aujourd'hui.
J'en viens au rapport Paris-R�gion. Nous ne concevons pas l'�mulation naturelle dans la r�gion et dans le pays en terme de guerre �conomique avec Paris. Si les conflits existent, c'est la vie ! Ils ne peuvent �tre r�gl�s que par la concertation et la coop�ration.
Ni le grand Paris, qui serait catastrophique parce qu'il serait une r�gression par rapport � l'existence des d�partements, et peut-�tre m�me des communes, ni le m�pris grand Parisien � l'�gard des banlieues ou du reste de la France ne sont une issue.
La France, la Nation, c'est une communaut� humaine forte, compl�mentaire, qui doit vivre et peut vivre en coop�ration.
Il n'y aurait rien de pire que la r�partition spatiale : Paris coeur noble, banlieue servante. A cet �gard, je confirme l'opinion des communistes selon laquelle il ne faut pas concentrer dans Paris les �quipements majeurs.
La R�gion parisienne doit �tre polycentrique. Des activit�s dites nobles doivent se d�velopper partout. Elle ne doit pas �tre concentrique : au centre, le plus noble, le plus cher, le plus beau, vers la p�riph�rie, le secondaire voire le ghetto.
Paris et l'Europe.
Paris doit jouer ses propres cartes et non pas se banaliser sous la pression d'un europ�anisme niveleur. La pression du capitalisme international, tend � tout appauvrir selon des crit�res �triqu�s. Toutes les villes doivent se ressembler avec des cha�nes d'h�tel normalis�es, avec des magasins qui vendent les m�mes produits, avec des centres d'affaires identiques. C'est un standard affreux qui rabote le vivant.
Cette pseudo-modernit� d'un go�t unique ne nous pla�t pas. Rester un Paris populaire, c'est aussi agir pour l'autorit� internationale de la Capitale.
Il ne faut pas qu'elle devienne une ville mus�e, une ville de bureaux et de commerces de luxe. L'authenticit� devient un atout sur le plan �conomique. Or c'est toujours dans le peuple, au sens large, que se trouve l'authentique. Et puis il faut r�sister � la tentation d'une certaine conception de l'Europe o� trois ou quatre m�gap�les reli�es entre elles par des faisceaux fulgurants de transports rapides et de communications dominent tout. Le reste des pays, le reste des nations �tant rel�gu�.
Paris et les quartiers.
Vous accordez, Monsieur le Maire, une place essentielle, � la question des quartiers de Paris. Vous reconnaissez l�- c'est dit en toutes lettres dans votre conf�rence de presse- un des enseignements de la p�riode �coul�e, et de la critique de masse faite par les Parisiens. Combien symptomatique et agr�able pour moi est le fait que tous les noms cit�s- Belleville, Moscowa, porte Maillot, Amandiers et d'autres - soient toujours des noms de luttes men�es contre vos projets par les habitants. Luttes dans lesquelles les communistes s'honorent d'avoir tenu honn�tement leur place. Bien des �lus de droite, pr�sents d'ailleurs en ce moment, ont rican� � l'�poque. "Ces gens d'en bas qui pr�tendaient y conna�tre quelque chose !" Eh bien nous y voil�. Votre argumentation de fond est la suivante : vous dites que dans ce monde difficile, les gens sont moins qu'avant des Parisiens, et plus qu'avant des habitants de tel ou tel quartier. C'est "identitaire" dites-vous... d'accord. Il ne faudrait pas que cela devienne l'�loge de la d�politisation � l'am�ricaine. On s'int�resse � sa rue, et on se fiche de la Ville et du monde qu'on abandonne aux classes dirigeantes.
Ceci dit, c'est vrai, je parle ici comme un enfant de Belleville : l'amour pour cette immense capitale a toujours �t� en m�me temps ancr� � l'endroit o� l'on est n�, en quelque sorte o� l'on vit comme dans son village.
C'est d'autant plus vrai- et je vous rejoins en partie- qu'on a le sentiment que cette ville est trop ch�re, trop lointaine, trop friqu�e. On s'accroche d'autant plus � celle qui, au moins, vous est proche... votre rue, vos maisons, votre place, votre m�tro. On ne fera jamais trop pour une vie humaine et proche dans la ville immense, mais l'ambigu�t� de votre d�marche, c'est que vous avez en l'occurrence d'autres choses en t�te !
Par exemple la volont� de faire face � la baisse massive et durable des ressources de la Ville qui conduisent � l'abandon de toute ambition pour Paris. Et cela d'autant plus que vous ne voulez pas- on l'a vu le mois dernier- faire payer ceux qui peuvent, ni r�clamer � l'Etat ce qu'il doit.
D'o� la r�vision des Z.A.C.- que nous souhaitons dans un sens plus social- des projets de constructions nouvelles. La pause, comme vous dites, devient peut-�tre aussi une certaine fa�on de marcher � l'�conomie et de faire "profil bas".
Nous avons bien l'intention de profiter du nouveau rapport de force pour obtenir que la population s'investisse encore plus dans une r�novation ma�tris�e, conforme aux int�r�ts de la population et des quartiers de Paris et en m�me temps, de ne pas renoncer � une construction sociale et � une r�habilitation certes plus respectueuse de la Ville, de ses �chelles, mais r�pondant aux besoins. Il ne faut pas que la pause devienne le pr�texte pour �trangler le logement social.
Je veux ici dire quelques mots de l'immense question de l'enfance, des cr�ches, des maternelles, de l'�cole, de la jeunesse.
Je trouve surprenant qu'une partie substantielle d'un tel document ne pose pas la question des rapports de la Ville avec ces questions vitales. Comment par exemple l'enfance trouve-t-elle sa place dans la ville, surtout � Paris o� tant de familles monoparentales et tant de femmes travaillent ? La question de l'�cole, de la jeunesse. Comment faire pour que cette ville soit hospitali�re aux jeunes et non pas hostile est une des grandes questions de l'urbanisme de demain.
Deux mots de Paris et de l'op�ration "Paris-Seine-Rive gauche".
Vous ne pouvez nier, Monsieur le Maire, les difficult�s de l'op�ration. Le d�sastre plane quelque part. Mais il faudrait en changer le contenu et ce serait une nouvelle chance pour Paris.
L'op�ration souffre de sa dominante bureaux, 900.000 m�tres carr�s, c'est insens� ! Et elle souffre de la crise du logement de standing. Vous aviez b�ti l'�quilibre l�-dessus, la r�ponse n'est pas au rendez-vous.
Nous ne renon�ons donc pas, la vie y aidera, � changer de fond en comble ces orientations.
J'en termine avec les probl�mes de la d�mocratie et de la concertation.
Monsieur le Maire, vous avez consacr� et c'est bien, presque 5 pages � la concertation en affirmant votre volont� d'instaurer un nouvel �tat d'esprit dans la pratique, dans l'�coute, dans le dialogue sur l'urbanisme. C'est vrai qu'il n'y en avait pas beaucoup.
Nous y retrouvons des id�es fortes du programme sur lequel les listes de gauche ont �t� �lues, voici un an.
Vous prenez acte de la critique faite par nous-m�mes et par les Parisiens selon laquelle la concertation ne s'engage que lorsque les projets sont d�j� tr�s avanc�s. Ou encore l'aspiration des Parisiens � pouvoir discuter de plusieurs variantes. Ou le fait, comme je l'ai dit ici plusieurs fois mot � mot, que les habitants et les associations se sentent �cout�s mais pas entendus.
Permettez-moi un rappel. Le 30 mai 1994, dans cette salle, il y a donc 2 ans, au nom des �lus communistes, je d�clarais : "Il n'est pas acceptable que l'opinion publique et les �lus qui sont responsables devant elle prennent connaissance des choix d�cid�s par la mairie, avec tout l'environnement d'id�es que cela suppose, sans conna�tre les diff�rentes variantes possibles et au moins le cheminement de pens�e qui a men� � ces choix".
J'ajoutais : "Il faut prendre le temps n�cessaire, chaque fois qu'un probl�me se pose, pour une concertation m�ticuleuse, v�ritable des habitants et des associations. Il faut renoncer au projet tout ficel� �tabli bureaucratiquement et qui bloque toute proposition venue d'en bas".
Nous verrons si ces id�es qui sont les n�tres, que vous �noncez au moins verbalement, seront mises en oeuvre. Par exemple, nous verrons comment vous pouvez concilier de telles d�clarations avec le refus de d�centraliser l'A.P.U.R. et le rejet quasi syst�matique de toutes les propositions des Conseils d'arrondissement qui ne font pas partie de votre majorit�.
Avant de conclure, je souhaite rappeler le r�le central et structurant de la question des d�placements, des transports, li�e d'ailleurs � la pollution. Nous notons que vous annoncez un d�bat. C'est en effet indispensable.
Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, je voudrais terminer d'un mot. Il serait bien p�rilleux pour la majorit� de chercher � tricher avec certains des engagements qu'elle prend aujourd'hui, en tout cas nous y veillerons.

(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste, socialiste et du Mouvement des citoyens).

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci.
La parole est � M. DELANO�, Pr�sident du groupe socialiste.

M. Bertrand DELANO�.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, une r�flexion sur l'urbanisme couvre pratiquement tout le champ de l'organisation collective. Elle nous conduit � r�fl�chir � la fois � la configuration urbaine, � son �chelle et � son ad�quation avec une r�alit� sociale et historique. Elle nous invite �galement � explorer les pistes d'un dialogue tr�s large, associant tous ceux qui vivent la Ville et ses �volutions.
L'organisation sociale et �conomique des villes a �t� le ferment de la d�mocratie. C'est l�, en effet, que sont n�s la plupart des mouvements contre l'obscurantisme. Nul ne peut donc pr�tendre penser la Ville loin de ce brassage culturel et sociologique qui caract�rise le monde urbain.
J'ai d�j� eu l'occasion de m'exprimer vendredi � propos de l'exercice limit� que r�v�le votre communication. A l'aube du XXIe si�cle, est-ce l� tout votre projet pour la cit� de demain ?
Cette cit� de demain, elle implique tout d'abord une autre �chelle dans la r�flexion, o� Paris appara�trait bien comme le centre d'une agglom�ration de 10.000.000 d'habitants. Or, je constate que votre raisonnement se limite, pour l'essentiel, � une approche g�ographiquement restreinte. Vous ne faites que survoler les enjeux politiques et administratifs li�s � l'intercommunalit�. Ces enjeux d�signent pourtant une question fondamentale pour l'avenir.
Par ailleurs, Monsieur le Maire, votre logique est parcellaire l� o� les Parisiens attendent une vision globale. Vous tentez de masquer un immobilisme regrettable par un discours � tonalit� r�formiste, mais, fondamentalement, les actes ne suivent pas.
J'y vois deux raisons, d'une part la crise financi�re actuelle, qui vient sanctionner 20 ans de choix politiques erron�s et limite vos marges de manoeuvre, d'autre part, culturellement, vous avez tendance � privil�gier un parti-pris trop conservateur.
Vous semblez envisager l'avenir sans enthousiasme alors qu'il r�v�le des potentialit�s stimulantes � travers lesquelles chacun devrait pouvoir apporter sa contribution au r�ve.
Alain HUBERT reviendra plus pr�cis�ment sur les limites de votre document. Pour ma part, je voudrais proposer quelques axes de r�flexion autour d'un projet urbain pour le Paris qui s'appr�te � aborder le troisi�me mill�naire.
Cette tentative ne d�signe pas un simple exercice intellectuel car le Paris du futur se dessine maintenant, en fonction des d�cisions que nous devrions prendre d�s aujourd'hui, en m�lant ce que l'on sait concr�tement des attentes actuelles des Parisiens et l'id�al qui peut inspirer une ambition forte pour l'avenir.
Le XXIe si�cle sera citadin. La ville de demain constitue bien le lieu o� vont s'�tablir les relations sociales et �conomiques, se d�velopper de nouvelles pratiques, de nouvelles activit�s. La Ville d�finit une sph�re difficile � cerner dont les mutations en cours, notamment technologiques, s'effectuent � un rythme intense.
Vous abordez d'ailleurs cette question � la page 11 de votre communication o� vous affirmez, je vous cite : "Tout se passe en fait comme si les facilit�s accrues d'�change � distance rendaient plus difficiles les relations de proximit� et plus incertain dans la vie quotidienne, le sentiment d'appartenance � une communaut� de vie, � un quartier".
Je pense cependant que vous oubliez un �l�ment essentiel, en l'occurrence les effets produits depuis pr�s de 20 ans par la politique d'urbanisme men�e dans la Capitale.
Si les Parisiens, aujourd'hui, aspirent � la revalorisation de l'environnement identitaire de leur quartier, de leur arrondissement, n'est-ce pas pr�cis�ment parce que cette politique a largement remis en cause la diversit� sociale, ethnique et culturelle du Paris d'hier ?
Bien s�r, l'isolement et l'individualisme constituent des composantes de la r�alit� urbaine et il est exact que les changements technologiques pourraient exacerber une telle tendance. Mais elle n'est pas in�luctable. La soci�t� de demain offre, en effet, de formidables potentialit�s au service d'une aspiration � la renaissance locale. Le mouvement vers une r�duction du temps de travail, l'assouplissement des rythmes de l'individu peuvent lib�rer du temps en faveur d'une vie sociale accrue.
Vie familiale, vie de quartier, engagement associatif peuvent s'en trouver renforc�s, � condition bien s�r de concevoir l'environnement urbain en fonction de cette �volution.
Quelle est, Monsieur le Maire, votre r�ponse � cet enjeu majeur ?
Nous pensons, pour notre part, que la restauration de la qualit� de vie urbaine devrait �tre au coeur d'un vrai projet d'avenir.
Par exemple, vous formulez la proposition de red�couvrir de grandes promenades � Paris. Mais un tel objectif ne peut avoir de sens que si vous r�duisez consid�rablement la place accord�e aujourd'hui � l'automobile.
D�s maintenant, des mesures concr�tes devraient �tre prises pour remodeler la Ville dans ce sens, une ville o� les transports en commun permettraient des d�placements rapides et efficaces, une ville dont l'espace serait largement reconquis au profit des pi�tons et des v�los, un r�seau vert en continu sur l'ensemble du territoire parisien et ferm� � la circulation automobile pour r�pondre � cette pr�occupation et offrir aux Parisiens une autre fa�on d'appr�hender leur ville.
L'urbaniste Michel CANTAL-DUPART souligne que la ville se d�couvre � la mesure du pas de l'homme. "Si elle colle au mien- dit-il- j'entends son rythme. Si elle me distance, le d�calage me la rend inhumaine".
L'enjeu est l� ! Inverser la tendance actuelle pour �viter l'inhumanit� de la cit� de demain, une cit� qui risque de diviser, de rejeter, d'agresser toujours un peu plus.
L'ambition urbaine implique donc aussi d'am�nager le cadre citadin pour le rendre plus convivial, plus tol�rant.
Or, dans votre communication, Monsieur le Maire, vous n'�voquez pas une seule fois la situation des personnes � mobilit� r�duite, qu'il s'agisse d'ailleurs des personnes �g�es, des enfants en bas �ge ou des handicap�s.
C'est pourquoi nous vous proposons le lancement d'une charte de d�veloppement urbain pour les personnes � mobilit� r�duite �tablie en concertation avec les associations. Elle permettrait de prendre en consid�ration la situation de ces personnes dans tous les grands projets d'urbanisme.
R�fl�chir � la civilisation urbaine du XXIe si�cle implique �galement de favoriser dans la cit� l'expression libre, qu'elle soit culturelle, ludique ou sportive.
Ateliers d'artistes, terrains de jeux, espaces verts manquent cruellement � Paris.
Est-il utopique d'imaginer que demain de nombreux espaces ou parcs publics actuellement cloisonn�s soient enfin ouverts � la libre activit� des habitants ? Des sortes de petits "central park" � la parisienne o� il ne serait plus interdit de fouler les pelouses ?
Monsieur le Maire, un vrai mal-vivre existe � Paris. Il ne suffit pas de d�noncer de soi-disant campagnes de presse sens�es nuire � l'image de la Ville. Encore faut-il tenter de comprendre l'origine du mal pour mieux le traiter.
L'essentiel n'est-il pas de permettre aux Parisiens de se r�approprier une ville dont ils ont trop souvent le sentiment qu'elle leur �chappe ?
Cette r�appropriation passe notamment par la rediversification de la sociologie et sa r�partition plus harmonieuse.
Nous vous avons d�j� propos� � plusieurs reprises l'introduction d'un coefficient de logement social dans le P.O.S. parisien s'appliquant aux constructions neuves de logements.
Puisque vous reconnaissez enfin aujourd'hui que la mixit� sociale a �t� gravement atteinte � Paris, prenez en compte cette suggestion.
L'enjeu est � la fois humain, social et culturel.
Cette triple dimension renvoie d'ailleurs directement au th�me de la d�mocratie urbaine. C'est un v�ritable d�fi pour la ville de demain.
Souvenons-nous que dans l'Antiquit�, le titre de citoyen romain valait passeport universel. On �tait citoyen parce que citadin. Les temps ont certes bien chang�. Le rapport � la ville rel�ve trop souvent d'une approche centralisatrice o� les choix politiques �chappent aux habitants.
Dans votre communication, Monsieur le Maire, le th�me de la concertation revient pourtant comme un leitmotiv. Pour la premi�re fois vous donnez acte du fait que le pluralisme constitue un "plus" au service de la vie quotidienne des Parisiens.
C'est vrai, vous avez r�cemment c�d� � la pression politique et citoyenne qui s'exprimait dans plusieurs arrondissements � majorit� de gauche. Cependant, cette prise de conscience demeure faible. Le principe du dialogue reste limit� et trop ponctuel � Paris.
Tant que la concertation ne s'appliquera pas syst�matiquement dans les vingt arrondissements de la Capitale, vos proclamations ne pourront convaincre.
La concertation implique plus de transparence, la reconnaissance des consultations locales d'initiative populaire ainsi qu'une information accrue du public.
Mais � ces grands principes, je voudrais ajouter deux propositions.
Afin de donner un sens concret � votre volont� affirm�e de revaloriser la dimension locale, nous r�it�rons notre proposition de cr�er dans chaque arrondissement un atelier local d'urbanisme plac� sous la responsabilit� du maire d'arrondissement, associant les �lus, le monde associatif, les habitants, des urbanistes, des repr�sentants de l'administration. Il garantirait le respect d'un principe que vous �voquez, la concertation en amont.
En outre, nous pensons que le droit au contre-projet sur tout dossier d'urbanisme doit �tre respect�.
Cela implique de d�gager des moyens pour subventionner les associations comp�tentes qui actuellement en manquent cruellement.
Monsieur le Maire, ces propositions sont r�alistes et il serait possible de les mettre rapidement en oeuvre.
Donnerez-vous un contenu concret � vos d�clarations d'intention en prenant en compte ces mesures novatrices que nous vous proposons ?
S'il est un sujet o� les mots ne suffisent pas, c'est bien celui de l'urbanisme. On ne b�tit pas le th��tre de l'avenir en couchant simplement des lettres sur du papier.
La ville est palpable, concr�te, vivante. La ville a un parfum, la ville a une sonorit� qui lui est propre.
Mais la ville a aussi une m�moire. Ne croyez pas que les promesses puissent s'�vaporer. Les murs de cette cit�, les femmes et les hommes qui y vivent sauraient toujours faire ressurgir les espoirs trahis.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens et communiste).

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci.
La parole est � Mme SCHNEITER.

Mme Laure SCHNEITER.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, vous imaginez ais�ment ma frustration quand vous savez le temps qui m'est imparti pour parler d'un sujet aussi important que l'urbanisme.
Dans Paris, parler des op�rations d'urbanisme, c'est surtout parler de destructions. Pour ce qui est des constructions, elles n'ont pas la marque d'une �poque. Elles sont ce que les grands et petits int�r�ts, les partages et les arbitrages, les app�tits et les contraintes permettent.
Il n'y a jamais eu � Paris de politique d'urbanisme pens�e globalement.
Votre communication, Monsieur le Maire, m'a surprise, car d'une certaine fa�on, elle est la condamnation de beaucoup de ce que vous avez fait par le pass�. Elle est aussi bourr�e de bonnes intentions.
Mais comment vous croire alors que voil� vingt ans que la majorit� municipale d�cide sans prendre en compte les pr�occupations sociales et humaines incompatibles avec la rentabilit� et le profit ?
Les beaux discours du Parti socialiste m'�tonnent �galement, car il n'a jamais eu de ligne de conduite coh�rente en mati�re d'urbanisme. Pendant des ann�es, il a vot� pour la plupart des Z.A.C. Puis il s'est mis � s'abstenir avant de voter contre d'autres Z.A.C. au gr� du m�contentement montant de la population.
J'appelle cela du client�lisme et non pas des objectifs, encore moins des convictions.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
Je rappelle aux socialistes que c'est M. FABIUS qui a d�clench� l'explosion de la construction des bureaux � Paris...

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
... et que c'est M. QUIL�S, avec M. CHIRAC, qui a aboli les trois lois prot�geant la Ceinture verte de Paris.
R�serves en espaces verts abandonn�es, jardins priv�s d�truits, bourrages de terrains, cela ne fait pas plus peur � votre majorit�, Monsieur le Maire, qu'aux socialistes qui, au nom du "social", sont pr�ts � fermer les yeux. Ils n'ont toujours pas compris que la densification autant que la destruction est source de bouleversement de l'�quilibre social. On peut construire sans tout b�tonner ; j'y reviendrai.
Comment pouvez-vous dire, Monsieur le Maire, que la forme g�n�rale de notre ville s'est au total peu modifi�e ? Le centre de Paris est encore ce qu'il est gr�ce aux luttes que de nombreux Parisiens ont men�es et gagn�es, �lections � la cl�, contre le saccage du centre de Paris. Les arrondissements p�riph�riques, eux, ont �t� ravag�s, et je vous assure qu'il est moins agr�able d'y vivre que dans le 5e arrondissement.
Je prends acte de vos d�clarations visant � am�liorer le cadre de vie des Parisiens et vous f�licite d'all�ger de grandes op�rations d'urbanisme, mais ce que vos d�cisions sous-entendent est plus complexe que vous ne le dites. Vous voulez renoncer aux grandes op�rations. S'agit-il d'une conversion r�elle ou plut�t du r�sultat de vos difficult�s financi�res engendr�es par les Z.A.C. et la crainte des am�nageurs devant les proc�dures de concertation qui conditionnent les grands am�nagements ? L'article 300-2 du Code de l'urbanisme- vous le savez- est la terreur des promoteurs. Vous dites que dans le P.O.S., les dispositions relatives aux constructions seront am�lior�es. Il est effectivement heureux que la "loi paysages" de janvier 1993 vous force � corriger certains effets n�gatifs du P.O.S.
Je salue votre �tude sur la protection du Faubourg Saint-Antoine, mais pourquoi est-elle rest�e dix ans dans des tiroirs, alors que la moiti� de ce quartier a, h�las, disparu ?
Le concept de "nouveaux P.O.S. particuliers de quartier" est par d�finition tr�s insuffisant, car, d'une part, c'est compliqu� et il concerne un nombre trop limit� de secteurs.
Quelques r�alisations exemplaires pour cacher le reste : ainsi dans le 15e arrondissement, Monsieur le Maire, la rue Blomet, la rue du Commerce, une des derni�res rues style "Faubourg du 15e", tr�s commer�ante, pleine de charme, tombera compl�tement avec le P.O.S. actuel.
Comment arriver � favoriser la r�habilitation, renforcer la protection du patrimoine immobilier, pr�server les ensembles architecturaux homog�nes ?
Si vous voulez vraiment donner des gages cr�dibles aux Parisiens, c'est le P.O.S. entier qu'il faut r�viser, et s�rieusement "� la baisse", tant pour les hauteurs que pour les densit�s, renoncer aux d�rogations autoris�es par l'article 14 concernant les C.O.S. de fait et � l'article 15, supprimant syst�matiquement les dents creuses et facilitant les surdensit�s. Il devra �tre repens� en concertation r�elle avec les habitants.
Il faut arr�ter de bourrer le nouveau terrain S.N.C.F. et arr�ter cet urbanisme de l'exclusion, inhumain, qui condamne des gens � vivre en bordure de voies ferr�es avec ou sans mur antibruit, et la pollution de l'air engendr�e par la circulation en prime.
Savez-vous, Monsieur le Maire, que dans le 17e arrondissement, pr�s des p�riph�riques, la cour d'une �cole devait �tre nettoy�e au jet tous les matins � cause des retomb�es de la pollution !
Ce sont d'�quipements, de jardins, d'implantations d'activit�s dont les habitants ont besoin, une grande patinoire � Paris, un lyc�e dans le 18e, un espace vert et des activit�s dans le 13e, etc.
Renoncez d�finitivement � l'urbanisme sur dalle, aussi co�teux dans sa r�alisation que pour son entretien, surtout � la dalle de la Z.A.C. "Paris-Seine-Rive gauche" puisque son Plan d'am�nagement de zone n'a pas �t� rejet�.
En ce qui concerne l'am�nagement de l'espace public, tant que la Direction de la Voirie n'aura pas de directives pr�cises de votre part pour inverser les priorit�s actuelles en faveur de l'automobile, il n'y aura pas de r��quilibrage possible et de ce fait, pas de lutte efficace contre la pollution.
Quant � la disparition des m�tres carr�s d'espaces verts int�rieurs et les nombreuses lev�es de r�serves en espaces verts, elles repr�sentent certainement une superficie sup�rieure aux jardins cr��s depuis vingt ans � Paris.
Emp�cher la construction d'une �glise en plein milieu d'un square promis au habitants du 15e, alors que l'on pouvait la construire 300 m�tres plus loin sur la Z.A.C. "Vaugirard".
Avec le nouveau P.O.S. que je vous propose, il faut prot�ger tous les espaces verts � partir de 300 m�tres carr�s, cr�er de grands jardins sur les terrains S.N.C.F., la Z.A.C. "Paris-Seine-Rive gauche", amorcer l'�laboration du R�seau vert et pr�voir de grandes zones pi�tonnes.
Puisque vous dites �tre pr�t � plus de concertation et de transparence, rendrez-vous publique l'�tude de l'A.P.U.R. qui comptabilisait tous les espaces verts int�rieurs, parcelle par parcelle, en 1980 ? Ce document avait �t� refus� � Jean-Louis VIDAL qui l'avait demand�.
J'aimerais �galement un vrai bilan des constructions d�j� engendr�es par l'approbation de la loi "LAFAY", qui touche 120 hectares de ce qui reste de la Ceinture verte de Paris.
Enfin, si vous voulez favoriser le logement social, la priorit� doit devenir la transformation de bureaux en logements et la r�habilitation ; vous avez un autre moyen d'action non n�gligeable : baisser partout le C.O.S. habitat � Paris, mais permettez 20 % de densit� en plus lorsqu'il s'agit de constructions sociales. C'est la loi "CARREZ" du 21 janvier 1995. Elle commence � s'appliquer partout en France. Pourquoi pas � Paris ?
En conclusion, j'ajouterai que les probl�mes d'urbanisme, de d�placements, d'espaces verts, de logement, ne pourront se r�gler harmonieusement � Paris qu'� l'�chelle de la R�gion, si l'on fait tomber les barri�re �lev�es par les oppositions politiques, les ambitions �lectorales ou les particularismes fiscaux.
Est-ce que je dis un mot maintenant de la Z.A.C. de la "Porte d'Asni�res" ?

M. LE MAIRE DE PARIS.- Si vous le souhaitez.

M. Laure SCHNEITER.- Je dirais tr�s bri�vement que la Z.A.C "Porte d'Asni�res" est justement l'illustration de ce que l'on ne doit plus programmer � Paris.
Il faut absolument que vous reportiez cette d�cision de Z.A.C. en concertation non seulement avec les habitants, mais avec les communes aux alentours, afin de ne pas continuer � poursuivre l'�dification d'une muraille faisant de Paris une forteresse.
M. CHIRAC effectivement avait souhait� des liaisons avec la proche banlieue et les communes voisines. Il faut maintenant mettre cet objectif en oeuvre.
Sur ce projet, j'ajouterai que la question des d�placements est � revoir, les voitures sont toujours reines, les pi�tons pourront se d�placer dans une zone sans lien avec les quartiers alentours, et il n'y a pas de plan v�lo ici, alors que vous �tes tr�s attach� au v�lo, Monsieur le Maire !
Ne pers�v�rez pas dans la construction de logements coinc�s entre le p�riph�rique et les boulevards des Mar�chaux, ainsi que des voies ferr�es.
Je d�poserai un amendement en ce sens.

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci, Madame.
La parole est � M. BOULENGER de HAUTECLOCQUE.

M. Jean-Marc BOULENGER de HAUTECLOCQUE.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je voudrais revenir sur un volet de votre communication qui me para�t particuli�rement important pour le bien-vivre de nos concitoyens ; je veux dire celui portant sur l'am�lioration de la qualit� de la vie par l'action men�e sur les espaces publics.
C'est, en effet, � partir de l'espace public, celui des rues, des avenues, des boulevards ou des places, que se constitue ou se per�oit l'image que la ville projette.
Dans la cit�, l'espace public est le lieu d'expression de la libert�, celui de l'affirmation des multiples diff�rences, et donc celui de la reconnaissance mutuelle. Nul doute qu'aujourd'hui, face aux �volutions de notre soci�t�, un nouvel espace public porteur de socialit� reste � inventer. L'avenir de la cit� est entre nos mains et il nous appartient de construire les formes urbaines de notre temps susceptibles de s'adapter aux transformations ult�rieures.
Les �volutions sans rupture que vous venez de nous exposer, cette nouvelle page du grand livre de l'urbanisme parisien que nous allons �crire, participent pleinement de l'absolue n�cessit� de rendre l'urbanisme accessible et compr�hensible aux Parisiens.
L'espace public leur appartient. Vous avez raison de le souligner, il est de notre devoir de le reconqu�rir � leur profit en agissant sur tous les fronts, du mobilier urbain aux activit�s commerciales, en passant par les am�nagements d'espaces de d�tente, la protection des modes de d�placement les plus vuln�rables et la r�duction des pollutions diverses.
L'espace public, c'est d'abord la rue.
La rue parisienne est imm�diatement identifiable, notamment par son mobilier urbain, composante essentielle du cadre de vie de nos concitoyens. Mais on doit rester vigilant face � une multiplication qui pourrait vite devenir anarchique. Autant il importe de refuser une image pass�iste, autant il faut se garder de multiplier � outrance les exp�riences dans le traitement des espaces publics. C'est en cela que le Guide de l'espace public que vous avez voulu, Monsieur le Maire, se r�v�lera pr�cieux.
Le catalogue du mobilier urbain, qui vient d'�tre approuv� par la Commission municipale du m�me nom, sera un outil de premier ordre pour ma�triser l'�volution d'un secteur en constante mutation en d�finissant des r�gles pr�cises d'agr�ment et d'implantation, et en permettant de constituer des gammes de mobiliers adapt�s aux diff�rents quartiers.
Vous avez aussi �voqu�, Monsieur le Maire, l'engagement d'une r�flexion sur la qualit� des enseignes et leur adaptation aux contraintes du paysage des rues de Paris, en particulier dans les secteurs qui ne sont pas couverts par des dispositions aussi restrictives que les quartiers historiques. Il suffit de se promener dans bien des quartiers de la Capitale pour comprendre la n�cessit� pour notre collectivit� d'agir en ce domaine.
On pourrait ainsi citer la prolif�ration des rideaux de fer qui, n'�tant plus int�gr�s � la structure de la devanture, mais simplement plaqu�s sur cette derni�re, se r�v�lent particuli�rement inesth�tiques, ou encore la multiplication de ces enseignes lumineuses ou fluorescentes qui rivalisent de m�diocrit�.
Cet �tat de fait nuit ind�niablement au commerce, la laideur n'ayant jamais fait vendre quoi que ce soit.
Quelles solutions peut-on apporter ?
Faut-il �noncer des servitudes esth�tiques et renforcer les dispositions existantes ? Sans aucun doute. Mais peut-�tre serait-il opportun de cr�er une structure de conseils aux commer�ants comme il en existe dans d'autres collectivit�s ? La r�flexion que vous avez engag�e le dira.
J'en arrive au renforcement de la vie locale � travers le soutien aux activit�s en rez-de-chauss�e, th�me que je voudrais privil�gier dans mon intervention tant il me para�t essentiel pour la qualit� de la vie, que ce soit en termes d'agr�ment, de dynamisation de la vie �conomique et d'emploi, c'est-�-dire de maintien de la coh�sion du tissu social parisien. Il nous faut en effet r�inventer l'urbanisme de rez-de-chauss�e.
La pr�sence de commerces vacants contribue ind�niablement � donner � certains quartiers une image n�gative en termes de commercialit�. C'est aussi le risque de l'installation d'un cercle vicieux dans lequel la fermeture d�finitive d'un commerce entra�ne celle de ses voisins. C'est en offrant une alternative � cet effet "boule de neige" que l'id�e que vous soutenez, Monsieur le Maire, de transformer un certain nombre de ces locaux en p�pini�res d'entreprises me para�t particuli�rement int�ressante.
Effectivement, une p�pini�re d'entreprises ne n�cessite pas obligatoirement des locaux d'un seul tenant. De plus, la diversit� de la taille des locaux commerciaux concern�s permettrait de r�pondre � la difficult� que rencontrent les entreprises qui recherchent des surfaces inf�rieures � 50 m�tres carr�s. 16.000 entreprises ont �t� cr��es � Paris en 1994, soit 5 % de plus qu'en 1993. Or, si la loi permet de domicilier une nouvelle entreprise pendant vingt-quatre mois au domicile de son cr�ateur, cette situation devient vite pr�judiciable � son d�veloppement.
On peut estimer que 10 � 20 % de ces cr�ateurs d'entreprises exerceront dans des locaux ext�rieurs � leur domicile, ce qui constitue un potentiel susceptible d'alimenter une p�pini�re de ce type. Je tiens aussi � saluer, Monsieur le Maire, l'appui que vous donnez � l'initiative en mati�re �conomique dans le 18e arrondissement � travers l'exp�rience de p�pini�re d'entreprises de ce type que vous avez d�cid� de mener dans le quartier "Ch�teau-Rouge". Sa conception sera tr�s diff�rente de celle de la p�pini�re "Soleillet", dans le 20e arrondissement, dont je veux rappeler ici le remarquable bilan.
La p�pini�re "Ch�teau-Rouge" pourra accueillir une vingtaine d'entreprises dans autant de locaux de 20 m�tres carr�s en moyenne, les services communs et les salles de r�unions disposant de 100 m�tres carr�s. Dans un souci de rentabilit�, ces derniers pourront d'ailleurs �tre utilis�s par les entreprises et cr�ateurs de l'arrondissement n'envisageant pas de s'installer dans la p�pini�re.
Vous avez �galement rappel�, Monsieur le Maire, votre volont� d'adopter des strat�gies de commercialisation globale des locaux commerciaux en pied d'immeubles dans les op�rations nouvelles, et notamment pour "Paris-Seine-Rive gauche". C'est en effet l� le meilleur moyen de r�pondre aux besoins des habitants et d'�viter le "syndrome du carreau de pl�tre". Permettez-moi, Monsieur le Maire, de rendre ici hommage � votre adjoint G�rard LEBAN qui s'est battu pour que, dans toute op�ration, il y ait d�sormais un coordinateur de commercialisation d�sign� par l'am�nageur.
Il faut �videmment que les bailleurs consentent des loyers acceptables et similaires pour ces locaux commerciaux. Je veux saluer ici la politique suivie en ce sens par l'O.P.A.C. sous votre impulsion, Monsieur le Maire. Dans le m�me secteur, je rappellerai votre d�cision, �nonc�e devant notre Assembl�e en octobre dernier, de mettre � la disposition de clubs de cadres cr�ateurs d'entreprises, des locaux vacants en pied d'immeubles dans le cadre de baux pr�caires. Faudra-t-il explorer d'autres voies de recherche, comme la division de la propri�t� en volumes dans le sens horizontal, afin de faciliter les �volutions souhaitables, ou encore trouver d'autres solutions de reconversion de locaux qui ne peuvent plus avoir de vocation commerciale ? L'avenir le dira.
Enfin, vous vous proposez d'�tudier, en relation avec les organismes consulaires, les activit�s et les flux commerciaux afin de concevoir des sch�mas de r�activation du commerce et de l'artisanat. La revitalisation et la redynamisation du commerce parisien passent par l'�laboration de sch�mas � l'�chelle des arrondissements. Cette op�ration de cartographie commerciale, qui va commencer par le Nord-Est de la Capitale, est une oeuvre de premi�re importance. En connaissant les motivations de la client�le, ses flux et d�placements, en d�finissant avec pr�cision les zones de chalandise, en d�signant les grands secteurs marchands de la Capitale et leur fonction, on pourra d�terminer les actions de r�activation � mener, fixer la client�le et la d�velopper. L'�laboration de documents de r�f�rence de ce type permettra ainsi d'accompagner les mutations et les �volutions au lieu de les subir.
Je vous remercie, Monsieur le Maire.

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci.
La parole est � Mme BRAQUY.

Mme Arlette BRAQUY.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, l'urbanisme, nous le savons, est l'ensemble des m�thodes permettant d'adapter l'habitat urbain aux besoins des hommes. Or, les besoins des hommes sont multiples dans les grandes villes et ils �voluent avec l'acc�l�ration des technologies et de la science, la transformation de la soci�t� et la mutation constante des moeurs et des coutumes. C'est dire qu'il convient de consid�rer l'urbanisme � Paris de mani�re attentive, car ce que nous sommes d�pend essentiellement de ce que nous avons �t�.
L'urbanisme est donc, dans un premier temps, l'�pure m�me de l'histoire de la ville, de la transformation, de l'adaptation, l'ossature de ce qui fait la vie des quartiers, l'originalit�, l'attrait, la magie, la beaut� de Paris.
En second lieu, il importe de souligner que la Ville de Paris s'inscrit dans une r�gion dont on ne peut la dissocier et qu'elle repr�sente une Capitale �conomique, culturelle, financi�re, un p�le international qu'il convient de prot�ger, d'adapter et de moderniser dans le respect de la tradition.
C'est ainsi que l'�criture architecturale que nous avons � d�finir doit �tre respectueuse de l'environnement, de la vie des quartiers, de leur pittoresque, de leur originalit� et qu'il me para�t essentiel de prot�ger le patrimoine architectural, de sauvegarder le caract�re particulier du b�ti parisien.
C'est la raison pour laquelle je voudrais insister sur la n�cessit� de d�velopper le plus souvent possible des op�rations de r�habilitation de l'habitat ancien afin de r�nover, de moderniser des quartiers, notamment sur l'Est parisien, tout en leur conservant l'originalit� � laquelle les habitants sont si souvent attach�s.
Prenons l'exemple de la r�novation du quartier Saint-Blaise dans le 20e arrondissement, avec la reconstitution de la vie de ce quartier. Voil� une op�ration de l'O.P.A.C. remarquable, dont il convient de s'inspirer. Il faut conserver � Paris l'image d'une capitale culturelle et moderne afin que perdure l'attrait que la Ville a toujours affirm� sur le monde.
Pour r�nover les quartiers, moderniser la voirie, les grands axes, fleurir et embellir la cit�, il importe d'engager le dialogue et la concertation avec des associations qui, localement ou plus largement, d�fendent et prot�gent l'environnement, mais seulement des associations responsables qui font passer l'int�r�t g�n�ral avant leur int�r�t particulier, des associations capables de s'indigner encore sur les colonnes de Buren.
Monsieur le Maire, la communication sur l'urbanisme que vous nous avez pr�sent�e aujourd'hui me para�t ainsi fondamentale, et le groupe "Paris-Libert�s" est attach� � la pr�occupation de l'identit� des quartiers, des rues, � la mise en valeur des paysages urbains ainsi qu'� la redistribution de l'espace public qui doit rendre la vie plus agr�able, plus disponible, et doit privil�gier le maintien d'une qualit� de vie vraiment optimale.
Je voudrais �galement, mes chers coll�gues, rappeler les difficult�s rencontr�es par les commer�ants, notamment des quartiers p�riph�riques dont les baux qui arrivent � terme subissent des augmentations souvent consid�rables. Cela entra�ne le d�part de nombreux petits commerces, implique des licenciements et provoque l'abandon, la d�saffection et le d�peuplement de zones devenues sensibles.
Il me semble donc essentiel de permettre l'implantation de commerces de proximit� b�n�ficiant de loyers � prix r�duit afin de redynamiser, de r�nover et d'assurer la vie, voire la survie de ces quartiers. Il faudrait peut-�tre revoir le prix de ces baux en fonction des quartiers.
L'urbanisme doit �tre aussi � l'�chelle des plus fragiles, des plus vuln�rables avec un urbanisme de proximit�.
J'insisterai enfin sur l'int�r�t de multiplier les promenades, les sites prot�g�s, les circuits p�destres et cyclables, de penser la Ville pour tous, les jeunes, les personnes �g�es, mais aussi et surtout les handicap�s car l'espace urbain doit s'exprimer dans sa diversit� au service de tous sans exclusive.
C'est alors que s'affirmant essentiellement comme un v�ritable humanisme, urbanisme et urbanit� seront deux valeurs confondues dans une n�cessit� commune : la ville au service de tous.
Le groupe "Paris-Libert�s" s'associe pleinement, Monsieur le Maire, � votre pari de ce grand Paris. Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Paris-Libert�s" et "Rassemblement pour Paris").

M. LE MAIRE DE PARIS.- Merci, Madame.
Madame MARCHIONI, vous avez la parole.

Mme Mireille MARCHIONI.- Je souhaite intervenir sur le projet de la Z.A.C. "Porte d'Asni�res".
Avec le projet de Z.A.C. qui nous est propos�, on retrouve exactement les m�mes sch�mas qui ont pr�valu et pr�valent encore dans vos Z.A.C.
En effet, nous sommes dans ce cas sur des terrains publics qui reviennent donc beaucoup moins chers que ceux du march�. Dans ce cas, il n'y a pas de locataires � reloger, ni de propri�taires � indemniser. Or, sur ces terrains publics, vous continuez � construire 40 % de logements priv�s sp�culatifs.
De plus, sur les 60 % de logements sociaux, il y aura 20 % de P.L.I. qu'on ne parvient pas � attribuer du fait de leur loyer tr�s �lev�. Ce n'est pas la baisse d�risoire du prix du m�tre carr� des P.L.I. qui va modifier les choses.
Vous annoncez aussi 15.000 m�tres carr�s � usage d'h�tels, d'�quipements collectifs priv�s et de locaux destin�s � accueillir des emplois.
Ce dernier terme est trop impr�cis et nous fait craindre de nouvelles implantations de bureaux qui viendront grossir le nombre de bureaux vides alors que les besoins en logements sociaux sont criants.
S'il n'y a pas de modification significative du projet de cette Z.A.C., les �lus communistes seront amen�s � voter contre.

(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).

(M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, remplace M. le Maire de Paris au fauteuil de la pr�sidence).

M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident.- La parole est � M. HUBERT.

M. Alain HUBERT.- Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, chers coll�gues, comme nous, dans votre communication vous faites le constat que l'urbanisme parisien est en crise. Vous faites ce constat, m�me si chez vous, il est �dulcor� et feutr�. Et, vous vous en doutez, mon constat sera moins �dulcor� et moins feutr�.
Si l'urbanisme parisien est en crise, c'est bien parce que les objectifs qui lui �taient assign�s par vous depuis 19 ans n'ont pas, pour l'essentiel, �t� atteints. Ces fameux �quilibres auxquels font r�f�rence tous les documents d'urbanisme et tous vos programmes municipaux depuis 19 ans n'ont �t�, selon les cas, ni pr�serv�s, ni r�tablis.
L'�quilibre entre bureaux et logements ? Nul besoin de commentaire, l'�chec est l� si patent qu'il s'affiche aujourd'hui sur des centaines d'immeubles parisiens.
L'�quilibre entre divers types de logements ? Pour un nombre total de logements inchang�, le nombre de logements � vocation sociale, publics ou priv�s a au moins �t� divis� par 2 en 19 ans.
L'�quilibre entre les diverses cat�gories sociales ? Dans une population d�sormais arithm�tiquement stable, seule subsiste une d�population s�lective parce que la plupart des op�rations immobili�res se soldent par le d�part des plus faibles, des plus d�munis. Et au total, Paris subit de mani�re continue une d�perdition de diversit� sociale.
L'�quilibre entre quartiers ? On a laiss� se d�grader certains quartiers � tel point qu'ils rel�vent aujourd'hui de proc�dures D.S.Q. et D.S.U. qu'on pouvait croire r�serv�es aux banlieues en p�ril, et vous parlez m�me d'abandonner aujourd'hui le r��quilibrage � l'Est alors qu'il n'est en rien accompli.
L'�quilibre entre les divers modes de d�placement ? Le d�s�quilibre est d�sormais tel en faveur de l'automobile qu'on est parvenu � une situation o� la sant� publique est menac�e.
Pourtant, la Municipalit� parisienne avait les moyens d'atteindre ses objectifs. Les outils conceptuels, r�glementaires et op�rationnels � sa disposition sont innombrables, m�me si je ne cite que l'A.P.U.R., le P.O.S., les soci�t�s d'�conomie mixte.
Il faut donc croire que les lobbies financiers immobiliers et automobiles ont su mieux se faire entendre de vous que les Parisiens, les associations et l'opposition municipale. Et que Jacques CHIRAC s'est laiss� facilement convaincre que le souhait d'�riger une place forte financi�re et tertiaire de niveau mondial devait tout emporter des bonnes r�solutions si souvent �crites et r��crites par vous.
Comment s'�tonner qu'aujourd'hui la crise de confiance soit telle que vous-m�me ressentiez le besoin d'un changement face � des Parisiens dont beaucoup ont eu, ont ou auront � souffrir de ce qui a �t� fait ou pas fait en 19 ans.
Voyons un peu en quoi consiste cet urbanisme "plus humain" que vous nous proposez. M�me si l'expression est un peu coluchienne : "plus humain qu'humain", je me demande ce que cela peut vouloir dire, force nous est d'admettre qu'il y a dans la communication un ton nouveau ! Sans doute est-il quelque peu emprunt� � l'air du temps et aux propos de la gauche et des �cologistes.
Mais le fait est l� que pour vous, tout semble devoir �tre plus local, plus concert�, plus d�mocratique, plus �tudi�, plus transparent. Bravo ! Vous d�couvrez les faubourgs, les villages de Pairs qui, h�las bien souvent n'en ont plus que le nom. Un peu comme le PASQUA de l'am�nagement du territoire d�couvrait la France rurale !
En bref, vous nous proposez un urbanisme "relook�" fa�on "small is beautiful"...

(Mouvements divers sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
Devant tant de bonne volont�, c'est � peine si on ose formuler quelques critiques secondaires.
L'urbanisme est pour vous une tranche de la politique municipale, comme le sont par ailleurs le logement, l'environnement, les transports, alors que selon nous il s'agit plut�t de ce qui assure la coh�rence de toutes ces politiques dans l'espace et dans le temps.
Tout ce qui concerne le contenant, le patrimoine, la forme urbaine, a semble-t-il recueilli votre attention de mani�re un peu disproportionn�e par rapport au contenu, et le contenu, en l'esp�ce, ce sont les gens.
On peut aussi vous reprocher un aspect fourre-tout dans votre communication qui nous fait passer agr�ablement de "Paris-Seine-Rive gauche" � la s�lection des mod�les de cand�labres ou de la concurrence internationale au prolongement des pistes cyclables, non pas jusqu'� la mer, mais jusqu'en Ile-de-France ! Somme toute, ce discours de rupture dans la continuit� est assez roublard, et on peut se demander si le Maire de Paris n'est pas � la crise urbaine ce que Jacques CHIRAC est � la fracture sociale !
Mais l'essentiel � retenir de votre texte n'est h�las pas ce qui est sympathique et m�diatique. Ce qui manque et qui n'y est dit qu'� mots couverts pr�pare pour l'urbanisme parisien un avenir des plus sombres. En effet, sont absentes des probl�matiques majeures pour l'avenir de Paris et de sa r�gion � propos desquels des choix d�cisifs seront � faire, je n'en citerai que cinq, mais il y en aurait d'autres.
Premi�rement, les probl�mes urbains essentiels ont pour fronti�re les limites d'une agglom�ration qui concerne dix millions d'habitants. Quand la Ville, la R�gion, l'Etat, vont-ils affronter ouvertement la question d'une assembl�e repr�sentative �lue pour d�cider de ces questions � l'�chelle de l'agglom�ration, c'est-�-dire de la Ville r�elle ?
Deuxi�me question non pos�e ou effleur�e : est-il intangible et n�cessaire, pour des raisons autres que l'apport aux finances de la Ville, que chaque jour pr�s d'un million de banlieusards rallient un poste de travail situ� � Paris ? Quelle autre r�partition des emplois dans l'agglom�ration permettrait d'am�liorer la vie des gens ?
Troisi�me question qui n'est qu'effleur�e : le risque de voir Paris se transformer en une sorte de mus�e et de centre administratif est sans doute conjur�, mais celui d'en faire une sorte de r�serve pour privil�gi�s, un Neuilly � plus grande �chelle, ne l'est pas. Comment mettre fin � la d�population s�lective avant qu'il ne soit trop tard ?
Quatri�me question : oui ou non, et dans quelle proportion, veut-on r�duire la place de l'automobile dans la cit� et comment ? La question n'est pas v�ritablement pos�e.
Cinqui�me question : ne faut-il pas r�viser la loi P.L.M., notamment dans le sens d'une plus grande implication des mairies d'arrondissement dans la politique urbaine ?
Il y a plus grave que l'absence de ces probl�matiques, toute une panoplie s�mantique de votre communication "mises � l'�tude", "r�examens "�tude de longue haleine"", la volont� de substituer aux Z.A.C. l'action priv�e � travers les O.P.A.H., l'abandon d'op�rations et vos d�clarations du type : "Il faut souffler un peu", nous font consid�rer que la principale novation de votre communication, c'est l'annonce d'un d�sengagement, l'amorce d'une mise en l�thargie de l'urbanisme parisien.
Votre budget d'investissement le laissait pr�voir, l'argent va manquer. Et s'y ajoute sans doute la conviction qu'en mati�re d'urbanisme, agir suppose une prise de risque politique, tant en terme �lectoral que dans la gestion quotidienne. Et � ce risque, vous allez d�sormais, Monsieur le Maire, pr�f�rer l'immobilisme.
A l'heure o� pour Paris, beaucoup est � recommencer, beaucoup est � commencer, nous ferons toutes les propositions utiles pour que votre volont� de d�sengagement ne soit pas suivie d'effet.
Pour conclure, et d�s lors que cette communication ne se voudrait pas un acte d'autorit�, mais le point de d�part d'un vrai d�bat entre la Municipalit� et les Parisiens, entre la collectivit� publique et les Parisiens, je voudrais �voquer trois propositions, sans entrer dans les d�tails.
Premi�rement, la d�mocratie urbaine, Monsieur le Maire, n'est pas la cerise sur le g�teau. Elle doit �tre le principe refondateur de l'urbanisme parisien.
La d�mocratie participative n'a de sens que si elle pr�c�de et pr�pare les d�cisions de la repr�sentation �lue. C'est dire qu'� l'avenir, aucune communication majeure ne devrait faire l'�conomie d'un d�bat de quelques mois port� devant l'ensemble des Parisiens.
Deuxi�me proposition : d�finir un urbanisme de l'urgence pour une ville en crise, et d'abord pour les Parisiens qui souffrent, � des titres divers, de cette crise. La politique de logement des plus d�munis fait partie de cet urbanisme de l'urgence, appartiendrait selon nous (et la liste n'est pas exhaustive) � cet urbanisme de l'urgence des d�cisions imm�diates : des restrictions suppl�mentaires pour les bureaux dans certains quartiers. Un programme d'affectation temporaire du domaine priv� intercalaire de la Ville, l'abandon d'une bonne part des P.L.I. au profit des P.L.A., des mesures provisoires pour limiter l'usage de la voiture, la liste pourrait �tre longue de cet urbanisme de l'urgence, h�las car les d�g�ts provoqu�s par la gestion pr�c�dente sont innombrables.
Troisi�me proposition : personne ne peut donner du Paris de l'avenir une vision pr�cise, cl� en main. Il est cependant de notre responsabilit� de dessiner quelques lignes de force, ce qui ne sera pas fait en esquivant les probl�matiques que j'�voquais tout � l'heure. Et ces lignes de force seraient � mettre en d�bat public. Cela devrait �tre possible � condition de voir loin, contrairement au march� qui, lui, voit court, de voir large, parce que la Ville, la M�tropole, la Capitale, ce sont les dix millions d'habitants qui nous entourent.
Si vous ne le faites pas, nous essaierons de le faire avec ces dix millions d'habitants.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).

M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident.- Je remercie M. HUBERT et je donne la parole � M. BLET.

M. Jean-Fran�ois BLET- Paris bless�, Paris outrag� par des ann�es de folle sp�culation immobili�re et de destruction.
Triste bilan, Monsieur le Maire. C'est dire combien votre contribution au d�bat sur l'urbanisme, maintes fois report�e, �tait esp�r�e. Il faut le reconna�tre, honn�tement, elle marque un tournant.
Oui, il y a un changement, et nous le saluons. Changement de discours, proposition de nouvelles pratiques.
Mais l'essai sera-t-il transform� ? C'est une autre histoire, nous y veillerons, les r�centes op�rations pass�es en force incitant � la circonspection.
Apr�s ces quelques fleurs, permettez-nous, Monsieur le Maire, un bref "flash back".
Qu'est-ce qui caract�risait l'urbanisme parisien sous les pr�c�dentes mandatures ?
Tout d'abord le refus de remettre en �tat des immeubles certes v�tustes et insalubres, mais parfaitement r�habilitables.
Une fr�n�sie de destruction, la politique de la table rase.
Les arrondissements p�riph�riques du 17e au 15e ont �t� saccag�s � coup de Z.A.C., de secteur plan masse, par 70 op�rations publiques. Seul, le 16e arrondissement a �t� �pargn�, mais peut-�tre �tait-ce un oubli.
C'est le Paris village des quartiers anciens et populaires qui f�t agress�, avec pour corollaire l'exclusion sociale, l'exode du petit peuple de Paris vers les banlieues.
La destruction des tissus urbains, de la trame villageoise, des parcellaires anciens, de la rue, facteur d'int�gration, de convivialit�, de vie, ont profond�ment meurtri notre ville.
Et que leur a-t-on substitu� ? Des morceaux de banlieue implant�s en plein Paris, dont l'architecture criminog�ne est d�nonc�e par les plus hautes autorit�s de l'Etat, des ersatz de grands ensembles, porteurs de violence.
C'est aussi le coeur de Paris qui fut atteint, les arrondissement centraux, 1er, 2e, 8e, 9e, d�vast�s par l'immobilier de bureaux. Avec le C.O.S. de fait, incitation directe � la destruction du patrimoine noble parisien, les paquebots haussmanniens et les immeubles restaurations sont d�soss�s, vandalis�s, et seule, leur fa�ade a pu parfois �tre pr�serv�e par les Architectes des B�timents de France, nous l�guant un d�cor de carton p�te � la Disney world, un centre d�sert� de ses habitants, une ville morte.
Ce fut enfin et surtout une m�thode liberticide- le culte du secret- un urbanisme autoritaire et clandestin, excluant le Parisien du processus de d�cision d'am�nagement urbain et traitant les associations de quartier en ennemies. Et ce, jusqu'� l'arbitraire, jusqu'� la chasse aux sorci�res, jusqu'au licenciement brutal d'Eric GALMOT, �narque et architecte, urbaniste � l'A.P.U.R., coupable d'�tre citoyen, d'�tre membre d'une association de quartier, d'�tre Pr�sident de "Onze de pique".
Et c'est alors, que de Villemin � la Moskowa, de la porte Maillot � Belleville, de Saint-M�ri- Saint-Martin � Tolbiac-Austerlitz-Mass�na, des Parisiens se sont dress�s pour mettre en �chec cette furia destructrice.
Ils se sont constitu�s en association, ils se sont f�d�r�s en coordination. La C.L.A.Q. rencontrait un �cho croissant aupr�s des habitants des quartiers traumatis�s par la destruction de leur cadre de vie, de leurs rep�res identitaires si essentiels en ces temps de crise. Ce mouvement social a su mettre en �chec les op�rations les plus scandaleuses.
L'un apr�s l'autre ces projets ont �t� annul�s par le Tribunal administratif.
La Cour d'appel de Paris enfin vient de rendre justice � Eric GALMOT, jugeant que l'A.P.U.R., "ne peut reprocher � M. GALMOT d'avoir agi d'une mani�re incompatible avec ses obligations de discr�tion et de secret professionnel et qu'il convient en cons�quence de dire que M. GALMOT a �t� licenci� sans cause r�elle ni s�rieuse".
Pour nous, la page est tourn�e et nous approuvons les nouvelles orientations que vous avez enfin donn� � l'A.P.U.R.
Les �lecteurs enfin sanctionn�rent en juin dernier ces d�rives.
Un candidat � la pr�sidentielle notait judicieusement : "l'environnement ce n'est pas deux arbres plant�s entre deux tours, c'est une conception de la vie, c'est une forme d'exigence morale, c'est l'affaire du citoyen."
Discours de M. Jacques CHIRAC, le jeudi 13 avril 1995.
D�s lors que faire, apr�s tant d'errements pour restaurer et accro�tre la qualit� de vie des Parisiens, pour assurer le rayonnement de Paris � l'aube du troisi�me mill�naire.
Pour changer Paris il faut prendre les probl�mes � bras le corps et fuir comme la peste les demi-mesures qui laissent insatisfait tout le monde.
Pour restituer la parole au citoyen, il faut d�finir un cadre m�thodologique pr�cis et rigoureux permettant une concertation en amont.
Tel est le sens des 100 propositions qui ont �t� �labor�es pour changer Paris par les troisi�mes assises de la C.L.A.Q. qui se sont tenues les 30 et 31 mars.
Tout d'abord, il faut changer le P.O.S. de Paris.
Il ne peut pas y avoir de changement v�ritable sans changement du cadre de r�f�rence, sans changement du P.O.S. de Paris.
En effet, le Plan d'occupation des sols de Paris de 1989 est un mauvais P.O.S. Avec des densit�s trop �lev�es, il encourage les op�rations immobili�res et la sp�culation � outrance. Avec des r�gles de construction issues des ann�es 60 et la priorit� donn�e � l'automobile, il provoque la disparition d'un tissu urbain finement ramifi�, constitu�, de rues, ruelles, passages, cours, jardins, ateliers.
En effet, l'�largissement des rues �troites et la construction syst�matique de parkings r�sultent des principes fondateurs du P.O.S. actuellement en vigueur. Ils favorisent l'invasion automobile, vecteur � 80 % de la pollution de l'air.
Pour que Paris et les Parisiens soient respect�s, une r�vision fondamentale du P.O.S. s'impose.
Mais surtout, une r�flexion s'impose, il faut arr�ter la densification de Paris. Avec ses 240 habitants par hectare, Paris est la ville la plus dense de France, trois fois plus que Lyon, quatre fois plus que Marseille.
Paris est la ville la plus dense d'Europe : Paris est trois fois plus dense que Londres, � superficie �quivalente Inner London abrite 80 habitants par hectare contre 240 � Paris.
Il faut abaisser le C.O.S. de 3, d'environ 20 %, et revenir aux faibles densit�s du P.O.S. de 1977.
Paris ne pourra pas accueillir les 300.000 mal-log�s d'Ile-de-France, alors que des communes limitrophes ont un C.O.S. de 0,2 %.
La croissance en t�che d'huile de la m�galopole Ile-de-France doit aussi �tre stopp�e, avant que ne s'aggravent les probl�mes de transport, de pollution et de qualit� de vie dus aux encombrements et � l'entassement.
Il faut changer le P.O.S. pour respecter les �quilibres parisiens et supprimer les articles 14 et 15 dont les effets sont d�vastateurs.
Etes-vous d�cid�, Monsieur le Maire, � supprimer le C.O.S. de fait (article 14 du P.O.S.) qui est une incitation permanente � la destruction des beaux immeubles haussmanniens ?
Etes-vous d�cid� � supprimer l'article 15 du P.O.S. qui autorise la surdensit� et uniformise le paysage urbain afin de maintenir "les dents creuses" et les b�timents d'angles bas � l'intersection de deux rues, espaces de respiration indispensables dans le tissu urbain ?
Il faut pr�server ce pluralisme volum�trique qui laisse entrevoir le ciel et refuser dans le tissu faubourien toute homog�n�isation par le haut de type haussmannien.
Pour changer Paris il faut arr�ter les destructions et supprimer les proc�dures traumatisantes et mutilantes sur les tissus urbains constitu�s, il faut leur substituer un P.O.S. qualitatif, plus affin�, respectueux du caract�re et de la sp�cificit� des quartiers et des faubourgs.
Il faut r�habiliter les quartiers populaires en maintenant les habitants sur place. C'est une exigence primordiale. Et il faut reloger prioritairement les familles dont les enfants sont atteints de saturnisme.
Il faut enfin sauver le patrimoine menac�.
Bref, notre ambition pour la Capitale, c'est une grande politique de petits travaux.
Elle implique une d�marche simple mais rigoureuse : �tablir des diagnostics, puis appliquer une th�rapeutique appropri�e.
Nous avons besoin de visibilit�, d'inventaires divers et vari�s : inventaire du patrimoine, inventaire des bureaux vides, des espaces priv�s (cour, jardins) etc., d'audits, de diagnostics urbains sociaux, �conomiques et culturels, d'�tudes pr�op�rationnelles, qui sont d'ailleurs pr�vues par la loi dans le cadre des O.P.A.H. Quand seront-elles r�alis�es � Belleville o� les retards s'accumulent ?
La th�rapie ensuite, c'est utiliser les outils d'urbanisme existants, tels qu'ils sont appliqu�s dans toutes les villes de France.
Pour maintenir les habitants sur place dans le cadre des O.P.A.H., il faut mettre en oeuvre les outils appropri�s, O.P.A.H. cibl�es ou complexes, les P.S.T. (programmes sociaux th�matiques) que la Ville de Paris a ignor�s jusqu'alors.
De m�me pour sauvegarder le patrimoine, il faut recourir aux Z.P.P.A.U.P. (zones de protection du patrimoine artistique urbain et paysager), qui fleurissent sur tout le territoire national sauf � Paris l� o� les plans de sauvegarde ou les P.O.S. de quartier seront moins protecteurs, excluant l'intervention des A.B.F. et �tant susceptibles d'�tre remis en cause � tout moment par une modification, m�me partielle du P.O.S.
Vous vous plaisez, Monsieur le Maire, � nous rappeler l'unit� de Paris par del� la diversit� politique des arrondissements, faudra-t-il alors vous rappeler l'unit� de la R�publique, de son territoire, de ses lois face au particularisme de la Capitale ?
Il faut calmer l'ing�niosit� des techniciens qui s'�chinent � r�inventer des outils d'urbanisme pr�vus et d�finis par notre l�gislation.
Ainsi de feu les programmes de r�f�rence ex�cut�s au S�nat nagu�re avec une maestria ravageuse par le pr�c�dent adjoint � l'urbanisme lors du d�bat sur la loi "BOSSON". Abrogeant ainsi un des outils d'urbanisme les plus pr�cieux qui avait fait ses preuves dans une dizaine de villes en France.
Nous ne pouvons que nous r�jouir, Monsieur le Maire, de le voir rescucit� par vos soins. Il ne saurait en effet y avoir d'am�nagement urbain sans l'�tablissement de diagnostics, de constats, d'audits avant toute intervention. Pas de th�rapie sans diagnostic pr�alable.
Pour une architecture de qualit�.
Oui, il faut bannir d�finitivement cette architecture de promoteurs fabriqu�e � la cha�ne, en s�rie, cette architecture asservie aux int�r�ts sp�culatifs, d'une m�diocrit�, d'une rare indigence esth�tique qui a enlaidi notre ville.
Par l'�laboration de cadres de prescriptions architecturales et urbaines permettant de d�velopper une architecture de qualit�, mais aussi en respectant le Code des march�s publics par la mise en place de concours d'architecture pour la r�alisation d'op�rations publiques, proc�dure qui vient encore d'�tre ignor�e par l'O.P.A.C. dans l'op�ration "Basfroi-Dallery" dans le 11e arrondissement.
En mati�re de concertation il faut redonner la priorit� aux citoyens. Les tentatives pourtant r�elles, je le reconnais, men�es sur la Z.A.C. "Al�sia-Montsouris" et sur la Z.A.C. "Pajol", n'ont pas abouti, celles initi�es sur la Z.A.C. "Moskowa", par contre, semblent plus prometteuses.
La participation des riverains et des associations n�cessite en effet un cadre pr�cis et une m�thode rigoureuse.
Elle doit prendre place totalement en amont, d�s les premi�res �tudes, permettre un d�bat sur l'opportunit� de l'op�ration, puis sur l'hypoth�se, le processus ensuite doit �tre totalement transparent tout au long du phasage de l'op�ration.
Nous ne pouvons reprendre ici en d�tail les propositions des associations de la C.L.A.Q. que nous avons fait parvenir � tous les conseillers.
Toutefois nous voudrions insister sur un point qui pourrait compl�ter d'une mani�re d�cisive vos propositions. Il faut en effet cr�er un dispositif de proximit�. Nous proposons d'instituer un atelier d'urbanisme dans chaque quartier et dans un premier temps dans chaque arrondissement o� chacun, association ou simple citoyen pourra trouver une documentation compl�te sur l'histoire du quartier, la r�glementation (P.O.S., cadastre, manuels juridiques), sur les projets en cours (permis de construire et de d�molir, op�rations publiques).
Ces ateliers d'urbanisme seront le lieu d'un dialogue d�concentr�. Citoyens et associations pouvant y rencontrer une ou deux fois par mois sur des th�mes choisis des repr�sentants des services techniques de la Ville, architectes-voyers, urbanistes et architectes des b�timents de France.
De telles dispositions sont appliqu�es � Amsterdam, Francfort, Zurich, Bologne, en Ecosse, � Montr�al, en Californie, etc.
Elles sont conformes aux articles L. 123-3, L. 311-4, L. 300-2 du Code de l'urbanisme qui pr�voit que la Municipalit�, "peut associer pendant toute la dur�e d'�laboration du projet les associations ayant comp�tence en mati�re de construction, d'am�nagement et d'urbanisme".
Les services techniques de la Ville, Directions de l'Am�nagement urbain, de la Construction et du Logement, de la Voirie, l'A.P.U.R., deviendront gr�ce aux ateliers d'urbanisme des lieux d'�coute et de proposition. Ils seront un vecteur de dialogue, un interface entre la Municipalit� et les associations de quartier, permettant l'�laboration d�mocratique de projets transparents et publics �tablis � partir de diagnostics pr�cis, proches de la r�alit� vivante des quartiers.
Transparence et r�forme, tels sont les ma�tres mots. Glasnost et perestro�ka. Monsieur le Maire, soyez le GORBATCHEV de Paris, mais m�fiez-vous des ELTSINE qui r�dent aupr�s de vous !
Enfin, et ce sera notre conclusion, Monsieur le Maire, pour que le changement que vous proposez soit r�el, il faut donner un signal fort sur quelques dossiers signifiants.
Premi�rement les bureaux vides. On ne peut rendre vie au coeur de Paris � dose hom�opathique. Il faut un plan d'ensemble massif. C'est une op�ration de salubrit� publique qu'il faut mener avec l'aide de l'Etat.
Rapprochez-vous du Gouvernement, Monsieur le Maire. C'est l� que r�side le vrai gisement de logements sociaux. Transformer 1 million de m�tres carr�s de bureaux vides, c'est cr�er 13.000 logements. Si vous en transformez 2 millions, c'est 26.000 logements qui seront cr��s.
Deuxi�mement, il faut en finir avec les Z.A.C. pollu�es, mettre � l'abri des nuisances leurs habitants en engageant les travaux de protection phonique, la couverture du p�riph�rique notamment, ainsi que vous l'ont d�j� demand� � l'unanimit� les 19e et 14e arrondissements.
Troisi�mement, un pas important vient d'�tre franchi sur la Z.A.C. "Moskowa", pr�servant le coeur villageois de ce quartier malmen�. Ne restez pas au milieu du gu�, surmontez les r�ticences des services et modifiez le P.A.Z. qui permettra, en d�pla�ant l'�cole pr�vue et sans cr�er de voirie transversale, de pr�server pr�s de 50 logements.
Ensuite, sur le jardin Villemin, seul jardin d'un arrondissement de 90.000 habitants, achevez l'oeuvre de votre pr�d�cesseur en agrandissant le jardin jusqu'au canal par le rachat de la petite parcelle de 2.000 m�tres carr�s que la S.I.N.V.I.M. veut construire, ou en proc�dant � un �change de parcelle avec l'Assistance publique impliqu�e dans l'op�ration, les friches �tant nombreuses aux alentours. Ce proc�d� a d�j� �t� utilis� dans le pass�.
Sur la Z.A.C. folle enfin, sur la Z.A.C. "Paris-Rive gauche", gare aux grands �carts !
L'urbanisme � visage humain de Jean TIB�RI se doit d'apprivoiser la Z.A.C. "TOUBON". Il vous faudra r�soudre cette contradiction et modifier le P.A.Z. en profondeur.
Oui, il faut r��quilibrer � l'Est et contrer le d�veloppement continu de La D�fense et des Z.A.C. adjacentes.
Mais � vrai dire la Z.A.C. "Paris-Rive gauche" n'est pas une Z.A.C., mais une op�ration d'une toute autre dimension. Par son ampleur, c'est, en fait, la cr�ation d'une ville nouvelle qui marquera profond�ment le visage du Paris du troisi�me mill�naire. En implantant un p�le universitaire et de recherche autour de la Biblioth�que de France, un quartier latin de l'an 2000. En mixant ces activit�s avec le logement, les commerces de proximit�, en ouvrant le Paris de demain � l'art et � la culture.
Oui, Monsieur le Maire. Oui, mes chers coll�gues. Oui, nous changerons Paris en construisant dans nos quartiers une d�mocratie directe, de proximit�.
Oui, changer Paris, c'est donner la parole aux Parisiens par un urbanisme r�solument citoyen.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens, communiste et des �lus de "Paris, �cologie, solidarit� et citoyennet�).

M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident.- Merci, Monsieur BLET.
La parole est � M. ANDRIEUX.

M. Jean-Jacques ANDRIEUX.- Merci, Monsieur le Maire.
Dans votre intervention liminaire, vous avez pr�sent� "Paris-Seine-Rive gauche" comme un �l�ment essentiel pour l'avenir de la Capitale et de notre R�gion, et je voudrais y revenir quelques instants.
L'urbanisme, en effet, n'est pas un art de l'imm�diat. Il consiste � poser des principes et � prendre des d�cisions qui produiront leurs effets loin dans l'avenir. Il est en cela �minemment politique, et c'est la raison sans doute pour laquelle le d�bat sur l'urbanisme est souvent empreint de passion car il engage la vision que chacun se fait de son propre devenir.
Vous avez rappel� le volontarisme avec lequel, depuis plusieurs ann�es, le Conseil de Paris a men� une politique d'urbanisme fond�e sur la recherche des �quilibres indispensables � notre cit� et � la R�gion dont elle est le moteur.
"Paris-Seine-Rive gauche" est un �l�ment qui contribue de mani�re moderne et durable � cette volont� d'�quilibre, � la fois dans son rapport � l'environnement et dans son �volution interne.
Cet am�nagement s'inscrit en effet dans une politique qui, de longue date, a concern� Paris intra-muros, c'est la politique dite de r��quilibrage � l'Est de Paris mise en oeuvre, il faut le rappeler, il y a pr�s de vingt ans et qui, aujourd'hui, fait sentir son rayonnement au-del� des murs de la Capitale.
Cette politique a produit son plein effet avec le grand programme de l'Est parisien, qui a �t� articul� autour du double p�le Paris-Bercy et "Paris-Seine-Rive gauche" et, dans les deux cas, il s'agissait de revitaliser des territoires de friches industrielles h�rit�es du XIXe si�cle, aujourd'hui inadapt�es et en grande partie en �tat d'abandon, et c'est pour notre Capitale une chance formidable que de pouvoir disposer de grands espaces pour cr�er de nouveaux quartiers, qui peuvent r�pondre aux besoins du XXIe si�cle.
"Paris-Seine-Rive gauche" constitue, de ce point de vue, un enjeu fondamental pour les Parisiens et, plus largement, pour tous les habitants de la r�gion parisienne. Vous l'avez soulign�, les entreprises, grandes et petites, recherchent d�sormais des implantations adapt�es � un cadre de travail diff�rent et exigeant des locaux fonctionnels �quip�s de moyens de communication �labor�s et situ�s dans un environnement professionnel imm�diatement accessible.
Entre les deux grands p�les qui se sont construits � l'Ouest, de La D�fense jusqu'� Cergy-Pontoise, et � l'extr�mit� Est de la R�gion, Marne-la-Vall�e, Paris va d�velopper au cours de ces vingt prochaines ann�es, � un rythme et dans des conditions adapt�es et adaptables � l'�volution de la demande, un p�le �conomique dont les atouts, il faut le rappeler, sont majeurs.
Construit quartier par quartier, il offre imm�diatement un environnement achev� � ceux qui y travaillent et qui y vivent. Reli� au coeur de la Capitale d�s 1998 par "METEOR", il est proche de nombreuses communes d'Ile-de-France, � l'Est comme � l'Ouest, avec lesquelles il partage la ligne C du R.E.R., et enfin il est directement desservi par deux grandes gares parisiennes et � proximit� directe de l'a�roport d'Orly.
Il faut � Paris ce p�le moderne qui nous placera en bonne position de concurrence face aux m�tropoles europ�ennes pour accueillir les entreprises. Assurer � Paris un d�veloppement d'activit� �conomique, c'est garantir � notre Capitale la possibilit� de cr�er les services, les �quipements, les logements, les espaces que demandent les Parisiens, et de le faire avec une plus grande libert�, avec une plus grande ind�pendance parce qu'elle en aura les moyens financiers.
On ne peut pas raisonnablement pr�tendre faire une ville plus humaine, plus fonctionnelle, plus agr�able � vivre, plus belle, ce qui a un co�t, et s'interdire de le faire en laissant partir, par manque d'ambition ou par c�cit�, les entreprises, les commerces, les services porteurs d'emploi et de taxe professionnelle vers d'autres cieux.
On ne peut pas d�pouiller ou laisser d�pouiller Paris de son r�le et de ses atouts, atouts qui sont pour les Parisiens des emplois et des services.
On ne peut pas imaginer que Paris, qui est le point de convergence et de coh�sion de la r�gion la plus importante de notre pays, se tienne � l'�cart du mouvement de modernisation �conomique qui caract�rise cette R�gion et devienne un �comus�e que l'on viendrait visiter le dimanche.
Car il ne faut pas se tromper. Paris est, et restera, le coeur de l'Ile-de-France et si demain, Paris s'essouffle, c'est l'Ile-de-France qui est paralys�e et qui perd son rang de grande r�gion �conomique europ�enne. C'est aussi la France qui perd une grande part de son image et de sa comp�titivit�.
Chacun doit bien comprendre qu'il n'y a qu'un seul ensemble �conomiquement et socialement solidaire autour de Paris et qu'en �touffant Paris, on porte un mauvais coup � l'ensemble de notre pays. Vous permettez aussi un r��quilibrage en all�geant la pression de demande de bureaux sur les quartiers qui pr�sentent des caract�ristiques historiques, culturelles, particuli�res. A l'exemple de ce qui a �t� fait, se fait dans le 13e � la Butte-aux-Cailles, � la villa Daniel, dans le quartier du Ch�teau-des-Rentiers, ces quartiers pourront b�n�ficier de P.O.S. particuliers, adapt�s � leur originalit� et � leur sp�cificit�.
"Paris-Seine-Rive gauche" s'inscrit dans une politique coh�rente qui consiste � promouvoir un �quilibre social et humain dans la Capitale. C'est une question de logique.
En construisant un nouveau plateau d'activit�s, vous acc�l�rez la possibilit� de r�habiliter, en particulier dans le Centre de Paris, de nombreux bureaux qui sont devenus obsol�tes et en faisant des logements pour les Parisiens.
C'est une question d'atmosph�re. En renfor�ant la possibilit� de localiser les emplois � l'Est de Paris, vous redonnez du souffle � tout l'Est de la R�gion. Pour de nombreux Franciliens de l'Est, trouver un emploi sans traverser toute l'Ile-de-France, ce sera en fait moins de temps, moins de d�penses et moins de fatigue en transport et, pour tous, la rationalisation des d�placements trans-r�gionaux signifie une utilisation plus harmonieuse des moyens de transport et, ainsi, une contribution � la diminution de la pollution.
C'est une question de rythme. Le choix de d�veloppement de "Paris-Seine-Rive gauche", selon un phasage adapt�, est pour ceux qui vivront l�, et contrairement � ce qui s'est pass� dans un certain nombre de villes nouvelles, une garantie de ne pas subir un chantier permanent.
C'est enfin une question de choix. Vous-m�me et le Maire du 13e arrondissement, Jacques TOUBON, avez voulu que "Paris-Seine-Rive gauche" soit un centre �conomique, mais aussi un quartier de Paris o� trouvent leur place l'universit�, les grands services publics comme les services de proximit�, des commerces, des logements, des �coles, des cr�ches, des jardins, c'est-�-dire non pas un univers de bureaux qui meurt � 5 heures du soir, mais un quartier qui vit et qui bouge.
C'est l�, je crois, une image symbolique de la politique d'urbanisme que vous nous proposez, r�aliste, humaine et r�solument moderne. En agissant ainsi, vous dessinez, j'en suis convaincu, le Paris du XXIe si�cle. Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").

M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident.- Je remercie M. ANDRIEUX.

Avril 1996
Débat
Conseil municipal
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