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2007, DASES 20 G - Autorisation à M. le Président du Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil général, de signer une nouvelle convention avec 11 associations de quartier au titre de l’animation et de la prévention précoce.


Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DASES 20 G relatif � la signature d?une nouvelle convention avec 11 associations de quartier au titre de l?animation et de la pr�vention pr�coce.

Vous avez la parole, Madame DUBARRY.

Mme V�ronique DUBARRY. - Merci, Madame la Pr�sidente.

Oui, il s?agit d?un projet de d�lib�ration qui porte sur le renforcement des actions de pr�vention en direction des jeunes en difficult�.

Or, l?Assembl�e nationale a adopt� en premi�re lecture le 5 d�cembre dernier le projet de loi relatif justement � la pr�vention de la d�linquance, projet pr�sent� par Nicolas SARKOZY.

Ce projet est actuellement en cours de deuxi�me lecture � l?Assembl�e et devrait �tre adopt� d�finitivement le 22 f�vrier prochain.

Ce texte a un caract�re particuli�rement r�pressif, s�curitaire et liberticide - je l?ai d�j� dit ici � plusieurs reprises - et il met � bas, par ailleurs, les principes fondamentaux de la protection de l?enfance et l?�loigne toujours un peu plus de la pr�vention dont il semblait pourtant qu?il pr�tendait traiter.

En voulant faire des travailleurs sociaux, des auxiliaires de police par la remise en cause du secret professionnel par l?obligation de signalement qui leur est faite ; en faisant des maires les pivots de la politique de pr�vention en leur donnant le pouvoir de condamner les familles � des stages de responsabilit� parentale, de les convoquer devant un conseil des droits et devoirs, de proc�der � des rappels � l?ordre, d?acc�der � des donn�es confidentielles sur les personnes ; en s?attaquant au droit des mineurs, en alignant des proc�dures concernant les mineurs sur celle des majeurs, en donnant la possibilit� de placement d�s 10 ans en �tablissement sp�cialis� ; en s?attaquant aux droits des malades, en renfor�ant la simplification des proc�dures d?hospitalisation d?office confi�es aux maires ou aux commissaires de police � Paris, en renfor�ant les injections th�rapeutiques et en aggravant les sanctions p�nales pour des d�lits commis sous l?emprise de drogue, ce texte ?fourre-tout? menace directement la pr�vention, le droit du travail, l?�ducation, l?acc�s au soin et les libert�s individuelles.

Toutes ces mesures confirment que ce projet est en r�alit� un v�ritable choix de soci�t� qui rompt avec tout ce que j?estime �tre les principes de solidarit� de notre R�publique.

De nombreuses voix se sont faites entendre contre certains de ces dispositifs.

Nous avons eu l?occasion d?�voquer le fichier ?Eloi? qui �tait la cr�ation d?un fichier national de patients psychiatriques r�put�s dangereux qui a �t� finalement abandonn�.

Le Comit� consultatif national d?�thique s?est prononc� la semaine derni�re contre le d�pistage pr�coce � des fins pr�ventives qui est pr�vu dans ce projet de loi. Il a pr�conis� la plus grande prudence devant la tentation risqu�e de recourir trop fr�quemment aux traitements psychopharmacologiques. Par ailleurs, il s?oppose � toute m�dicalisation de probl�mes qui rel�vent, selon lui, de facteurs li�s � l?environnement social, �conomique et culturel. Bien �videmment, vous vous en doutez, je partage totalement cet avis.

Il s?agit, dans ce projet de loi, finalement d?ent�riner une politique de s�curit� fond�e sur une id�ologie ultra lib�rale de responsabilisation � outrance des individus. Cette id�ologie d�douane notre syst�me social de toute responsabilit� en �vitant consciencieusement de s?interroger sur ce qui fait norme dans notre soci�t� et sur la question de la production des r�gles sociales.

C?est vrai qu?il est tellement plus simple de m�dicaliser un sympt�me plut�t que de remettre en cause le syst�me qui l?a produit. Quand une soci�t� va mal, quand la paix sociale, l?�galit� des chances ne sont plus garantis par un syst�me suffisamment efficace de solidarit� et de redistribution des richesses, quand la souffrance, la col�re s?exprime de fa�on parfois brutale et violente, soit on se donne les moyens d?�couter cette souffrance, comme nous le faisons aujourd?hui en adoptant cette d�lib�ration, soit on fait taire ceux qui souffrent en les enfermant dans une identit� de malades sociaux et bien �videmment, on les r�prime � outrance.

Cette vision du monde, ce projet de soci�t�, je l?ai d�j� dit et je crois que vous partagez cette opinion, ne sont pas les n�tres et c?est pour cela que nous n?aurons de cesse de combattre sans rel�che les postes avanc�s de cette id�ologie. Parler de pr�vention et de s�curit� n?est pas anodin, c?est parler d?un mieux vivre ensemble, c?est parier sur un projet de soci�t� fond� sur l?�galit� des chances, une soci�t� qui accepte l?autre et les autres dans sa diff�rence et dans leurs diff�rences, une soci�t� qui ne stigmatise pas les plus fragiles d?entre nous.

Je l?ai dit, ce projet de loi sera adopt� dans le courant de la semaine prochaine. Je crois qu?� ce moment-l�, il faudra, Madame la Pr�sidente, d?abord que nous apportions tout notre soutien aux professionnels qui manifesteront d?ici l� - cela me para�t �vident, nous l?avons d�j� fait - et par ailleurs que nous devrons � un moment donn�, lorsque cette loi sera vot�e, �galement faire savoir comment nous rentrerons en r�sistance par rapport � ce texte - je l?ai dit et je le r�p�te - liberticide et, � mon avis, d�shonorant franchement notre soci�t� et notre R�publique.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes ?Les Verts?, socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen).

Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente, au nom de la 6e Commission. - Madame DUBARRY, je partage compl�tement ce que vous avez dit � propos de ce texte.

D?ailleurs, tr�s r�cemment, des psychiatres des h�pitaux faisaient gr�ve pour demander le retrait des articles qui font un amalgame inacceptable entre la maladie mentale et la d�linquance.

Je pense que ce texte est tr�s nocif et, qui plus est, inefficace dans ses principes. Il est aux antipodes de notre vision de la soci�t� et de l?action que nous conduisons � Paris.

Nous avons �t� pr�sents aux c�t�s des professionnels pour d�noncer la nocivit� de ce texte, � diff�rentes occasions.

Je veux simplement indiquer que la d�lib�ration dont nous parlons est plus positive, dans la mesure o� elle porte sur le conventionnement de 11 associations de quartiers qui font un excellent travail, en compl�ment de celui des centres sociaux et des clubs de pr�vention sp�cialis�e. Ces associations offrent de nombreuses activit�s en faveur des pr�adolescents et des familles : loisirs, accompagnement scolaire, sorties familiales, sport, culture. Ce sont des associations de proximit� bien implant�es dans les quartiers et dans la vie locale.

C?est ainsi que nous concevons le soutien que la Ville apporte � la jeunesse parisienne. Dans ce pays il y a une grande m�fiance qui s?exprime � l?�gard de la jeunesse alors que nous devons lui donner tous les moyens d?entrer dans la vie active, ce qui n?est pas le cas aujourd?hui, de pouvoir acqu�rir son autonomie, de se r�aliser. C?est cela que les jeunes demandent avec pugnacit� et pers�v�rance. Je trouve que les adultes doivent leur faire leur place et leur ouvrir les portes.

Je vous remercie de votre attention.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 20 G.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2007, DASES 20 G).

Février 2007
Débat
Conseil général
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