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2008, VI - Question d'actualité déposée par le groupe U.M.P.P.A. à M. le Maire de Paris relative à la reconstruction du stade Jean Bouin.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. GOASGUEN pour le groupe U.M.P.P.A.

M. Claude GOASGUEN, maire du 16e arrondissement. Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, ma question va se pr�senter sous la forme d'une devinette. Pas un conte de Perrault, rassurez-vous !

Figurez-vous que mon premier, c'est une augmentation fiscale de 9 % qui rapporte probablement, selon toutes les estimations, 400 millions d'euros.

Mon second, c'est un stade de 20.000 places qui est construit en 1989 et qui, � cette �poque, remplit d'enthousiasme les milieux sportifs. Je tiens d'ailleurs, � la disposition de l'adjoint aux sports, qui dit "ah non", une petite collection d'articles, 80 en tout.

J'ai 80 articles qui disent en France que c'est un tr�s beau stade, 30 au niveau international qui s?esbaudissent sur l'architecture. C?est mon second.

Mon troisi�me, c'est un club sportif qui se trouve � Jean Bouin, � propos duquel un Maire de Paris - je n'ai pas r�ussi � trouver exactement qui c'�tait ! - le 18 octobre 2003 disait : "Vous �tes un club d'avenir", entre autres remarques laudatives.

Le quatri�me, c'est une Ville, Lille, particuli�rement c�l�bre, qui est ch�re au c?ur de beaucoup d'entre nous, qui construit un stade en partenariat public/priv�.

Et, enfin, le point 5 de la devinette, c'est une grande association sportive, l?Olympique Lyonnais, qui, � Lyon, d�cide sur ses fonds propres et avec sa comptabilit� propre d'acheter son propre stade.

Voil� les cinq points pr�alables qui auraient pu intervenir dans un choix, qui reste un choix embl�matique et curieux.

Pourquoi ?

Parce qu'� partir de ces cinq points, il �tait �vident que nous pouvions faire un certain nombre de choses qui n'auraient pas lest� le budget des 400 millions d'euros suppl�mentaires, qui auraient pu faire du partenariat, qui auraient pu �ventuellement installer un club qui est une entreprise financi�re, comme sont maintenant tous les clubs sportifs.

Et bien, non ! La cons�quence de tout cela, c?est qu'on d�cide de budg�tiser directement 150 millions d'euros pour un stade qui existe et que l'on veut d�molir, plus 5 millions d'euros � peu pr�s pour r�parer un stade qui existe mais qu'on ne veut pas occuper, et puis, on s'acharne dans ce choix, qui para�t curieux quand m�me dans une situation financi�re difficile.

Ce choix signifie en clair qu'on fait un choix politique et un choix politique, cela s'assume. Pour vous donner un ordre d'id�e qui est, je crois, tr�s significatif, 150 millions d'euros, mais on ira probablement au-del�, cela repr�sente en chiffres globaux 12.000 places de cr�che.

Et on choisit de construire un stade dont on n'a pas besoin en lieu et place d'une politique dont on a furieusement besoin dans un certain nombre d'arrondissements, c'est-�-dire 12.000 places de cr�che � 11.300 euros la place de cr�che. C'est le chiffre qui nous a �t� donn� par le Minist�re comp�tent.

Alors, vous comprenez que les Parisiens se posent des questions.

D'abord, pourquoi ce projet ?

Pourquoi cette pr�cipitation ?

Pourquoi, alors que nous sommes dans une situation financi�re g�n�rale difficile, qui pousse de votre part � l'augmentation d'imp�t, veut-on passer en force ?

Pourquoi nous oblige-t-on � poser des questions, qui sont des questions d�sagr�ables et que les Parisiens ne manqueront pas de se poser ?

Car il est bien �vident qu'avec de telles sommes, entre 150 et 200 millions d'euros, il est clair que les Parisiens ne manqueront pas de se poser des questions.

Ces questions, bien entendu, il faudra les d�baller sur la place publique. C'est la raison pour laquelle, comme nous n'avons pas de r�ponse satisfaisante, nous avons interpell�, comme la loi nous le permet, la Commission nationale du d�bat public qui sera amen�e � juger en toute s�r�nit�, si ce choix d'investissement, s'il se maintenait, �tait compatible en r�alit� avec un choix d'int�r�t g�n�ral.

Voil� la vraie question. C'est une question qui n'a rien � voir avec le sport, qui n'a rien � voir avec qui que ce soit, c'est une question d'int�r�t g�n�ral et c?est une question de choix sur lequel il va bien falloir quand m�me que les Parisiens aient des r�ponses, car ils se posent beaucoup de questions.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Jean VUILLERMOZ.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

Je crois qu'il faut commencer par rappeler pourquoi le Conseil de Paris a d�cid� de doter la Capitale d'un stade de rugby digne de ce nom.

C'est la question fondamentale.

D'abord, Monsieur GOASGUEN, quand m�me, un peu de m�moire ! Un peu de coh�rence ! Le principe de la reconstruction du stade Jean Bouin a fait l'objet d'un consensus dans le cadre du dossier de la candidature de Paris � l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2012.

A l'�poque, tout le monde �tait d'accord pour consid�rer qu'apr�s les jeux, il fallait offrir au Stade Fran�ais un stade digne de ce nom, digne de son niveau et digne de Paris. Vous avez le droit de changer d'avis, mais ne soyez pas amn�sique !

Nous avons choisi nous-m�mes d'�tre coh�rents. Comme pour d'autres projets olympiques, c'est le cas par exemple du stade nautique d'Aubervilliers, nous avons l'intention de mener � bien ce projet. C'est pourquoi le Conseil de Paris, je le rappelle, a vot� en f�vrier 2007 la r�novation du stade Jean Bouin.

Je vais donner deux raisons : la premi�re, c'est que Paris a besoin, au m�me titre que Toulouse, Montpellier ou Clermont-Ferrand, d'un vrai stade de rugby. Ce n?est pas le cas aujourd'hui. Franchement, ceux qui vont voir les matchs de rugby du Stade Fran�ais, savent que les conditions actuelles de jeux au stade Jean Bouin ne sont pas dignes d'un club de rugby de haut niveau. Je rappelle que ce club a �t� cinq fois champion de France, deux fois finaliste de la coupe d'Europe en dix ans et qu'il est aujourd'hui en t�te du Top 14. Oui, il est deuxi�me ou troisi�me et il a regagn� cette fois-ci. Je vous fais le pari qu'il finira dans de tr�s bonnes conditions le Top 14 cette ann�e.

Mais seulement, il y a 12.000 places aujourd'hui, et une partie importante du public n'est m�me pas prot�g�e de la pluie. Monsieur GOASGUEN, venez au stade. Aucune autre ville qui �volue dans le Top 14 ne fait jouer son �quipe dans de telles conditions.

Vous parlez de Charlety, j'y viens, Monsieur GOASGUEN. Vous dites qu'il faut transformer le stade Charlety en stade de rugby, mais soyons clairs, aucun stade de rugby aujourd'hui n?a une piste d'athl�tisme. Mais non ! Ce n'est pas vrai. Aucun club de rugby n?est en capacit� de faire jouer son �quipe de rugby dans un stade o� il y a une piste d'athl�tisme. Cela voudrait dire qu'on serait oblig� de casser la piste d'athl�tisme pour faire jouer le Stade Fran�ais. Et donc apr�s reconstruire un stade d'athl�tisme. Qui a construit le stade d'athl�tisme de Charlety ? Vous l?avez dit, ce n'est pas nous. Et donc ce stade a �t� mal con�u. Il l?a �t� seulement pour l'athl�tisme. Ne demandez pas � un club de rugby de venir jouer � Charlety, ce n?est pas vrai ! Ou alors, vous ne connaissez pas du tout le rugby. J'esp�re que ce n'est pas le cas.

Apr�s, je continue. Vous avez �voqu� un certain nombre de choses.

Concernant le co�t de l'op�ration et la construction de Jean Bouin, qu?en est-il ? Le co�t de l'op�ration a �t� approuv� en d�cembre 2007 par le Conseil de Paris. Il est de 77 millions d?euros pour le stade lui-m�me, auxquels s'ajoutent 24 millions d?euros pour la construction d'un parking et 18 millions d?euros pour des surfaces d�di�es aux activit�s �conomiques.

Pour ce qui concerne le stade, comme pour les autres �l�ments de programme, il est faux de pr�tendre que les co�ts auraient explos�.

Ce co�t sera �videmment actualis� jusqu'� sa livraison, comme pour n'importe quel autre projet d'investissement, afin de tenir compte de l'�volution des prix de la construction.

Mais une fois encore, je le redis : il est faux de pr�tendre que le programme aurait d�riv�, par rapport � ce qui a �t� vot� au Conseil de Paris. Je vous livre un �l�ment de comparaison, que vous n'avez peut-�tre pas, sur les co�ts. Le stade de Montpellier a co�t� 63 millions d?euros, et je rappelle qu'il ne fait que 12.000 places. Il faut donc le comparer aux 77 millions d?euros de Jean Bouin pour 20.000 places.

J'en profite pour dire que des recettes sont attendues pour le budget municipal, provenant � la fois de la concession du parking souterrain et de la commercialisation des 9.000 m�tres carr�s de surface �conomique, et en plus de la future redevance que versera le Stade Fran�ais. Evidemment, comme pour toute op�ration, des discussions sont actuellement en cours avec l'architecte pour d�terminer le co�t d�finitif du stade et des modifications mineures de programme. En gros, ce n'est pas cela qui changera grand-chose et vous le savez bien.

Vous comparez � Lyon, qui est quand m�me un club de football, dont le budget, je le rappelle si vous ne le savez pas, est de 150 millions d?euros. Vous nous dites que le club, le Stade Fran�ais rugby aurait pu financer son stade. Franchement, mais non ! C'est une plaisanterie. Encore une fois, vous le savez, Monsieur LAMOUR, l'�conomie du rugby aujourd'hui ne permet � aucun club de rugby de financer son stade. Aucun ! Nous verrons ce qu?ils feront. Pour l?instant, ce que je sais, Monsieur, c?est qu?il y avait un stade possible aupr�s de l'US M�tro et que pour l'instant, un Secr�taire g�n�ral de l'U.M.P., qui est maire de cette ville, a refus� de le laisser jouer l�.

Pour en rester encore � ce club du Stade Fran�ais, je voudrais rappeler l'exemple de Montpellier : le stade de Montpellier a �t� financ� exclusivement par les collectivit�s publiques. Il en a �t� de m�me � Toulouse, qui a modernis� son stade de rugby r�cemment. Et m�me dans le football, ce sont souvent les collectivit�s locales qui financent les abords de stade et les transports en commun pour les desservir.

Vous avez abord� une derni�re question, et j'en finirai l�, concernant l'�ventuelle saisine de la commission nationale du d�bat public. C'est votre droit, mais cela rel�ve une fois de plus d'une m�connaissance totale du dossier. Savez-vous, Monsieur GOASGUEN, qu?en juin 2007, ladite commission saisie sur le futur stade de l'Olympique lyonnais, celui que vous avez cit�, a estim� qu'il n'y avait pas lieu d'organiser un d�bat public.

Franchement, toute votre argumentation, � mon avis est une argumentation politicienne. A un moment donn�, ce que vous voulez, c?est refuser au Stade Fran�ais un stade de rugby digne de ce nom !

(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste, socialiste, radical de gauche et apparent�s, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. LE MAIRE DE PARIS. - Rien � rajouter.

Nous pouvons passer au Conseil g�n�ral.

Novembre 2008
Débat
Conseil municipal
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