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8- 1997, DAUC 168 - Communication de M. le Maire de Paris sur la mise en valeur de la Seine dans toute la traversée de Paris.



M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous allons passer maintenant � l'ordre du jour concernant la mise en valeur de la Seine.
Mes chers coll�gues, lors de la communication sur l'urbanisme, je vous avais fait part de mon intention de fixer de nouvelles orientations pour la mise en valeur du site de la Seine dans Paris. Nous avons maintenant d�fini de nouveaux objectifs en mati�re d'urbanisme, de d�placements, de lutte contre la pollution ; le moment est donc venu d'aborder ce projet.
Le site de la Seine dans Paris est l'un des plus beaux du monde. Depuis des ann�es, la Ville de Paris, les Services de l'Etat et du Port Autonome conjuguent leurs efforts pour poursuivre sa mise en valeur. Des progr�s importants ont �t� r�alis�s ces derni�res ann�es, par exemple, les ports de la Rap�e et Henri-IV ont �t� lib�r�s de leurs d�p�ts, mais la promenade reste presque toujours difficile, � l'exception de la partie centrale qui a �t� restaur�e ces derni�res ann�es.
Les berges accueillent toujours sur de longs itin�raires des d�p�ts de construction et des d�charges de gravats et le site reste encore souvent investi par les voitures et les autocars.
Je vois � cela deux raisons principales :
La premi�re tient �videmment au partage peu clair des comp�tences et des obligations entre la Ville, l'Etat et le Port Autonome de Paris. Le Pr�sident du Port si�ge dans notre assembl�e. La Ville et le Port travaillent dans d'excellentes conditions, dans la m�me direction, mais il faut encore, sans aucun doute, am�liorer la gestion des berges.
Le pr�c�dent Ministre de l'Equipement, M. Bernard PONS, que je remercie - nous avions longuement dialogu� sur ce sujet, il avait des id�es correspondant aux souhaits de la Ville, il y avait une coop�ration efficace - avait �labor� un projet de modification des comp�tences et d'un certain transfert de propri�t� au profit de la Ville. Je vais saisir l'actuel Ministre pour �tudier comment nous pouvons poursuivre car les probl�mes restent pos�s. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant des discussions.
La seconde est plus importante : Paris doit se doter d'un projet de mise en valeur de la Seine qui traite du site dans son entier. Ce site forme un tout, il comprend le fleuve, les berges, les quais et les compositions urbaines qui l'entourent. C'est d'ailleurs ce qu'a consid�r� l'UNESCO lorsqu'il a class� sa partie centrale patrimoine mondial en 1991.
En particulier, il faut examiner comment mieux mettre en valeur les quais hauts, les rues, les berges qui longent le site, en tenant compte des attentes et des besoins des Parisiens et en se projetant sur le XXIe si�cle, en attendant d'appr�hender ce que seront les modes de vie, les besoins et les aspirations dans dix ou vingt ans.
Les Services de la Ville et de l'Etat font un certain nombre de propositions. J'ai demand� � l'Architecte, Paul ANDREUX, et � l'Historien, Jean FAVIER, membres de l'Institut tous les deux, et au g�ographe connu, Jean-Robert PITTE de nous apporter leur concours. Ils travailleront avec M. Pascal VIVIEN et M. Jean-Fran�ois BERAUD. Je leur demande d'appr�cier l'ensemble des travaux propos�s et d'�tablir, sur la base d'orientations que j'ai arr�t�es, les cahiers des charges des diff�rentes consultations d'architectes qui doivent �tre lanc�es.
Avant de lancer ces diff�rentes consultations, j'organiserai avec les �lus des quartiers concern�s, les associations, les habitants, une tr�s large concertation. Je vous avais fait part de cette intention d�s ma communication sur l'urbanisme en avril 1996. Comment ne pas associer les Parisiens � notre ambition ?
La Seine et les quartiers qu'elle traverse doivent retrouver leur unit� de composition. Partout, il faut casser l'impression d'axe automobile que donnent les berges et les quais du fleuve et cr�er des continuit�s entre la Ville et la Seine, que ce soit devant les principaux monuments, au niveau des jardins, des stations de transport en commun ou encore, bien entendu, dans le Bois de Boulogne. Il faut d�sormais que la Seine soit bord�e par une promenade sur les 12 kilom�tres de son parcours parisien. Les ouvrages de liaison n�cessaire seront r�alis�s. Nous adopterons une unit� de conception et des principes communs d'un bout � l'autre du site pour les jardins, le mobilier, les plantations.
Gr�ce � un nouveau plan de propret�, l'entretien des berges sera mieux pris en compte.
Enfin, un sch�ma lumi�re sera d�fini d'amont en aval pour l'ensemble des berges, des quais hauts et des espaces b�tis riverains.
Objectif de longue haleine, la qualit� de l'eau du fleuve va continuer d'�tre am�lior�e, la construction de bassins de stockage des eaux de pluie dans Paris doit �tre poursuivie et amplifi�e, comme cela avait �t� indiqu� lors d'une pr�c�dente communication.
Notre objectif est que les bords de Seine dans Paris redeviennent des espaces qui comptent vraiment dans la vie de chaque jour des Parisiens, en offrant la possibilit� de pratiquer des activit�s sur les berges, soit en leur permettant de red�couvrir le site dans des conditions bien meilleures.
Vers la Biblioth�que Nationale de France, la Seine offre le plus large bassin de Paris. Un embarcad�re pour les bateaux a �t� r�cemment install� du c�t� de Bercy. J'ai annonc� la construction prochaine d'une passerelle pi�tonne sur la Seine. Je souhaite que les architectes r�fl�chissent � la r�alisation, sur la berge de la rive droite � un ensemble paysager permettant un accueil de qualit� des touristes.
Sur la berge rive gauche, je demande que soient �tudi�s des am�nagements permettant l'animation culturelle et sportive. La Seine doit, dans la capitale, �tre un bassin d'une qualit� exceptionnelle o� seront de nouveau donn�s de grands spectacles.
Dans le centre historique, les am�nagements doivent mettre en valeur le site, les grands monuments, les rues et ruelles, les places et jardins des �les et des quartiers anciens. La r�flexion doit �galement se prolonger le long du Canal Saint-Martin et les canaux parisiens dont l'histoire et la g�ographie sont indissolublement li�s � celles de la Seine.
Entre le Pont de la Concorde et le Pont d'I�na, la remise en valeur n�cessaire des berges doit permettre d'offrir dans Paris des espaces nouveaux pour des installations temporaires li�es aux grandes manifestations qui rythment la vie parisienne. L'Etablissement Public des Voies Navigables de France poursuit sa r�flexion dans ce sens. J'�cris � son Pr�sident pour lui faire conna�tre l'int�r�t que la Ville porte � ce projet, en proposant que la Ville prenne en gestion des berges dont la concession actuelle arrive � �ch�ance.
Enfin, sur les berges rive gauche, dans la partie aval de la Seine, je demande qu'on r�fl�chisse � la cr�ation d'un lieu de d�tente et d'activit�s sportives comprenant �galement des installations pour les plus jeunes, comme un roller parc, qui manquent dans Paris. Je souhaite que soient engag�es des �tudes pour la r�installation d'une piscine d�couverte comme l'�tait la piscine Deligny. Le cas �ch�ant, elle pourrait �tre localis�e dans cette partie de la Capitale.
Dernier �l�ment pour mettre la Seine au coeur de la vie des Parisiens, il faut des temps forts : d'abord une nouvelle manifestation, la f�te du fleuve, qui donnera lieu � toute une s�rie de manifestations li�es � la Seine. Je propose de la situer le premier dimanche de septembre ; mais aussi des concerts et des spectacles � Tolbiac et des grandes expositions et de nouveaux �v�nements sportifs dans le quartier des Champs-Elys�es.
Ce projet doit redonner une place centrale au fleuve dans les quartiers qu'il traverse. Le r�examen de la place de la voiture et des autocars sur l'ensemble du site est d'autant plus �vident, mes chers coll�gues - j'attire votre attention l�-dessus -, que la Seine elle-m�me peut �tre utilis�e comme une voie de circulation, tout sp�cialement pour les d�placements touristiques. Il ne s'agit pas de penser qu'on va r�gler la circulation par ce moyen, mais on peut apporter une am�lioration sensible.
Depuis longtemps je souhaite que des navettes touristiques viennent desservir les principaux monuments que longe la Seine dans Paris. Deux gares fluviales, en relation avec les parcours d'autocars, seront cr��es � Bercy et � la Tour Eiffel.
Enfin, je demande � M. le Pr�fet de police, et je sais que c'est sa volont�, nous en avons parl�, d'examiner avec les services concern�s de la Ville la mise en place, en concertation bien entendu avec les professionnels du tourisme, de nouvelles r�gles pour la d�pose des touristes tout le long du parcours de la Seine dans Paris. La Ville s'est �quip�e en bord de fleuve de parcs de stationnement pour autocars, � Bercy, au Louvre et � Beaubourg. Ils doivent, � pr�sent, �tre mieux utilis�s. J'ajoute qu'il me para�t indispensable qu'on aille rapidement vers une suppression totale du stationnement des autocars sur les berges. Le d�veloppement des bateaux-bus et des navettes touristiques devrait beaucoup faciliter ces changements d'habitudes.
Voil�, mes chers coll�gues, la grande ambition de reconqu�te du site de la Seine que nous pouvons afficher aujourd'hui, tous ensemble. Je souhaite qu'au cours de ce projet, une dynamique se cr�e.
D�s 1998, un cr�dit de 20 millions de francs sera inscrit au budget de la Ville, d'une part pour la r�alisation de la jonction entre les berges de la Seine et le parc Citro�n et pour la jonction avec le jardin des Tuileries, d'autre part pour la mise en valeur des berges du bois de Boulogne, enfin pour le concours de la passerelle de Tolbiac.
Jusqu'� la fin de la mandature, je souhaite que soient consacr�s � ce projet environ 15 millions, chaque ann�e, hors gros travaux.
Nous ferons le point sur le programme et son avancement tous les ans. C'est, je crois, un projet � la dimension de notre Capitale. Demain, la Seine doit redevenir le poumon de Paris, pr�servant sur ses berges des lieux de repos et de calme et des lieux pour des loisirs culturels, sportifs comme pour de grands �v�nements pour les Parisiens et les touristes.
C'est un enjeu qui, je le sais, doit nous rassembler et saura nous mobiliser tous, unis. C'est ce que les Parisiens attendent aujourd'hui de nous.
Je vous en remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
La parole est � M. G�NY.
M. Pierre G�NY. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, la Ville de Paris, notre cit�, est n�e de la rencontre de la terre et des eaux, plus sp�cialement d'une terre, l'�le de la Cit�, entour�e des eaux protectrices d'un fleuve, la Seine, que nous avons invit�e gr�ce � vous, Monsieur le Maire, � la s�ance de ce jour.
Je ne doute pas qu'erre aujourd'hui entre nos trav�es la d�esse Sequana, venue de Langres au fil de l'eau. Elle accompagnera, nous n'en doutons pas, tout au long de ses travaux, la prestigieuse mission que vous venez de cr�er.
Nous ne pouvons ignorer, nous, les successeurs des �chevins et du pr�v�t des marchands, que notre pouvoir a pris ses assises sur la valorisation de notre capital fleuve. En cela, monsieur le Maire, vous vous situez dans la droite ligne de vos pr�d�cesseurs les plus illustres et notamment de celui sous le mandat duquel fut approuv�e la charte d'utilisation � long terme du fleuve, je veux dire Jacques CHIRAC, en 1978.
Savez-vous qu'un arr�t du Parlement du 7 septembre 1770 rappelait que " le pr�v�t et les �chevins sont maintenus et gard�s dans le droit et possession pour tous les usages que l'on peut faire de la rivi�re et de ses berges et bords, et qui peuvent int�resser la police de la navigation, le commerce et l'approvisionnement de Paris en eau " ?
Vous conviendrez donc, mes chers coll�gues, que notre Maire est au coeur des responsabilit�s h�rit�es de l'histoire lorsqu'il nous propose, en cette s�ance, un plan d'ensemble pour notre fleuve s�quanien.
Depuis 1988 donc, et tous les amoureux de Paris ont pu en mesurer les effets, notre ville a pris en charge, en partenariat avec l'Etat, l'am�nagement des berges et la r�novation des ponts dont la propri�t� lui a �t� transf�r�e.
Le b�ti riverain a �t� int�gr� dans les r�glements de P.O.S. et un effort a �t� engag� de mani�re � circonscrire sans les supprimer les activit�s industrielles et portuaires.
De tout cela nous pouvons mesurer avec satisfaction les effets mais, comme vous le soulignez, le site de la Seine � Paris, class� par l'U.N.E.S.C.O. l'un des 552 sites mondiaux et des 23 sites fran�ais, ce site est unique au monde. Il n'est pas tol�rable que, de mani�re d�finitive ou bien m�me momentan�ment - je pense au stationnement des autos et des cars - il lui soit port� atteinte.
Paris, capitale culturelle, se doit de donner un exemple universel par l'attention qu'il portera au joyau du patrimoine mondial qu'il d�tient avec les bords de la Seine.
Il y a un peu plus d'un si�cle, en 1889; l'historien Louis Baron dans son ouvrage tout entier consacr� � la Seine, �crivait, abordant le chapitre parisien : " Mais la Seine nous porte dans la ville, la Seine qui est un peu son �me et � laquelle elle doit un peu la vie "
Reconqu�rir la Seine pour les Parisiens, voici, Monsieur le Maire, aujourd'hui un d�fi majeur que vous lancez. Ce d�fi, vous l'avez d�j�, vous et vos pr�d�cesseurs, affront� car, depuis plusieurs ann�es, nous avons vu reconqu�rir des morceaux de berge et le plus important projet d'urbanisme de l'an 2000 de notre Capitale, le projet " Paris-Rive gauche " a fix� comme tout premier objectif l'ouverture des quais de la Seine aux Parisiens, et en particulier aux citoyens du 13e.
L'esplanade et l'emmarchement grandiose de la Biblioth�que nationale de France ne sont-ils pas d�sormais des belv�d�res superbes pour accueillir en notre capitale le fleuve roi ?
Pourquoi la Seine, aujourd'hui, est-elle au centre de votre pr�occupation, Monsieur le Maire, et pourquoi les �lus de notre Assembl�e, unanimes, sont-ils pr�ts � vous suivre ? Tout simplement, je l'ai d�j� dit et je me r�p�te, parce que le fleuve et la Ville sont indissociables.
Je voulais vous le rappeler, le fleuve, c'est non seulement le miroir de nos monuments, mais c'est un milieu vivant, et s'il devient � nouveau agr�able de se promener sur ses berges, c'est qu'il est redevenu plus vivant que nagu�re, ceci gr�ce aux efforts des syndicats et ententes qui d�sormais veillent � la qualit� de ses eaux et � la r�gularit� de son d�bit.
La Seine est encore pollu�e, mais ce n'est plus un �gout. Les poissons qui remontent son cours le savent bien et les Parisiens qui se prom�nent sur les quais et les berges, en toute saison, le savent bien aussi. Sans S.I.A.A.P., sans Grands Lacs de Seine, il n'y aurait pas de reconqu�te attrayante des bords de Seine possible. C'est pourquoi ce projet vient aujourd'hui devant nous en temps opportun, couronnement de nombreux efforts pr�alables de notre collectivit�.
Monsieur le Maire, dans votre communication, je me permettrai d'insister sur plusieurs points qui me semblent fondamentaux.
Le premier est celui de la reconqu�te pi�tonni�re des berges, car seul le pi�ton est pleinement � m�me de jouir du spectacle et de l'environnement que lui offre la Seine. Ce Paris construit, pour l'essentiel, durant les trois si�cles pr�c�dents l'a �t� pour l'homme circulant � pied ou au pas du cheval. Il faut marcher � la vitesse de l'eau ou presque pour appr�cier la saveur et la douceur de la promenade au bord de Seine.
Cela �tant, le fleuve, s'il est un morceau de nature - et sa qualit� restaur�e permet de le qualifier ainsi -, est aussi nourricier en terme d'emplois, d'�changes, d'approvisionnement.
Laissez-moi vous dire que je suis plus �mu lorsque je vois passer sur la Seine des chalands charg�s de denr�es que lors du passage d'�blouissantes et tonitruantes embarcations touristiques. Souvenez-vous, chers coll�gues, du nom de notre parvis, la place de Gr�ve, cette gr�ve �tait le port initial de notre ville, celui o� arrivaient marchandises et mat�riaux, lieu de travail et lieu d'emploi et m�me d'embauche comme le retrace une gravure reproduite dans la station de m�tro " H�tel-de-Ville " sous nos pieds.
Mais vous avez pleinement raison, Monsieur le Maire, lorsque vous voulez que la Seine soit aussi un lieu ludique, un lieu festif, un lieu de comm�morations nationales et un lieu de communication.
Lieu ludique certes, toutes les f�tes des Parisiens, toutes les grandes heures historiques se sont d�roul�es sur la Seine ou � proximit� imm�diate. Dans un pass� r�cent comment ne pas �voquer les c�l�brations nationales des grandes dates de la Deuxi�me Guerre Mondiale, appel du 18 juin 1940, c�l�bration de la victoire, etc., c�l�brations durant lesquelles, �blouis, nous avons partag� les m�mes �motions.
La Seine est un plateau et, oserais-je cette mauvaise homonymie, une " sc�ne " incomparable. Merci de l'avoir compris et de pr�parer ces f�tes qui illumineront, je n'en doute pas, l'arriv�e de l'an 2000.
La Seine nous a beaucoup donn�, mais nous attendons encore beaucoup d'elle, elle est vivante et libre et ne doit pas �tre asservie pour mieux nous servir en toute libert�. Ce ne doit �tre ni une autoroute urbaine, ni un Luna Park bruyant.
Quand on parle de Paris et de la Seine, on parle de s�duction, un dialogue s'est instaur� entre la Ville et son fleuve, seule la fr�quentation du fl�neur est � m�me de la saisir et les exclamations de nos grands auteurs sont � l'image de ce rapport amoureux.
" Ma grande, ma seule, mon absorbante passion, pendant dix ans ce fut la Seine. Ah ! la belle, calme et vari�e, puante rivi�re pleine de mirages et d'immondices ! Je l'ai tant aim�e, je crois, parce qu'elle m'a donn�, me semble-t-il le sens de la vie. " Ainsi s'exprime par la voix de " Mouche ", Guy de Maupassant.
Ou encore : " C'est vrai, j'aime Paris d'une amiti� malsaine,
J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je r�ve d'un faubourg plein d'enfants et de jeux
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ou d'un coin pour p�cher dans l'�le de Grenelle ".
C'est l� Fran�ois Copp�e qui nous entra�nait dans ses promenades.
Oui, la Seine doit �tre tout cela et m�rite tout cela. Comment ne pas �tre sensible au fait que vous vouliez mettre la culture sous ses quais et sur ses ponts, face � la Biblioth�que nationale de France, mais n'oublions pas sa vie propre et, r�pondant � Fran�ois Copp�e, vous imaginez quelque part, vers l'aval de Paris, vers Grenelle, l� o� bient�t les premiers Salmonid�s peut-�tre remonteront, un lieu o� la p�che, loisir le plus populaire, et le plus traditionnel de nos concitoyens, sera pratiqu�e.
Je souscris �galement profond�ment � votre projet d'animation des berges qui va, � mon sens, de pair avec le d�sir de r�guler cette animation par respect avec le fleuve, car il doit inspirer d�tente, repos et confiance, et je rel�ve avec beaucoup d'int�r�t votre volont� de diminuer les �clairages violents des bateaux � touristes. Un meilleur �clairage in situ des berges devrait rendre cette disposition plus facile � admettre par les armements de ces vaisseaux et laisserait son myst�re au fleuve pour r�habiliter les secrets de l'homme dans un espace de passion partag�e.
" Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
Et nos Amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
Tandis que sous
le pont de nos bras passe
des �ternels regards l'art si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont, je demeure ".
Voil�, Monsieur le Maire, et c'est pourquoi avec mon groupe " Rassemblement pour Paris " nous approuvons totalement votre d�marche pour une mise en valeur du site de la Seine au b�n�fice des Parisiens.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur G�NY.
La parole est � M. SARRE.
M. Georges SARRE, maire du 11e arrondissement. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, nous attendions depuis plusieurs mois, non sans impatience, ce d�bat sur la mise en valeur de la Seine.
A la lecture de la communication, nous sommes tomb�s de haut. Qu'avons-nous d�couvert ?
Un programme " petits bras ", un essaimage de projets qualitatifs, appr�ciables en eux-m�mes, mais qui appellent � peine quelques remarques, et bien entendu un catalogue de bonnes intentions.
Si vos projets, Monsieur le Maire, sont � la hauteur de l'am�nagement des berges, d'un canal Freyssinet, ils sont loin de correspondre � l'�chelle d'un plan de mise en valeur de l'axe central d'une capitale.
Il est vrai que vous avez d�cid� de ne plus investir. Je me demande m�me si vous n'avez pas d�cid� aussi de ne plus vous investir.
Que dire de ce catalogue de petits projets ?
Diverses activit�s industrielles seront red�ploy�es. Quand et o� ?
Vous n'en dites rien, ou si peu, except� pour le port de la Concorde, mais celui-ci est g�r� par l'Etat � travers Voies navigables de France.
Quant � la cr�ation d'une zone sportive et de loisirs sur la berge, entre l'Alma et la tour Eiffel, je voudrais vous dire que l'id�e est bonne, mais la localisation pr�occupante, car c'est une des zones qui affiche le niveau de pollution le plus �lev�.
Un cheminement pi�ton sera am�nag� entre les parcs Citro�n et de Bercy. Il est difficile de proposer un projet moins ambitieux. Je constate d'ailleurs � propos de l'am�nagement des berges qu'il ne s'est presque rien pass� depuis vingt ans hormis la remise en �tat des perr�s financ�s en partie par l'Etat, ainsi que la passerelle Solf�rino, dont je me r�jouis de voir les travaux commencer enfin.
Une passerelle entre le parc de Bercy et la Z.A.C. " Paris-Rive gauche ", projet certes indispensable mais qui n'est pas en soit un �l�ment de mise en valeur des berges.
Une foule de petits am�nagements dont je vous �pargnerai la critique d�taill�e. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour ces menues am�liorations n�cessaires ?
Ce catalogue d'annonces viserait-il � nous faire oublier l'essentiel de la situation pr�sente, � savoir la circulation de transit sur berges v�ritable autoroute urbaine et la circulation automobile d'une fa�on g�n�rale que vous projetez de r�duire de 10 % sans pr�ciser par quels moyens.
A moins que vous n'envisagiez toujours d'utiliser ces fameux clapets que vous n'avez pas os� mettre aux entr�es du p�riph�rique, je doute que la r�duction du stationnement sur berge soit d'un quelconque effet sur cette circulation.
La politique du tout automobile a sacrifi� les berges, il est temps d'y rem�dier. La r�alisation parall�lement � la Seine d'une v�ritable muraille de bureaux d'une hauteur de 35 m�tres sur la dalle de la Z.A.C. " Paris-Rive gauche ", je ne vois rien d'ici, Monsieur le Maire, qui renforcera les liens entre la Ville et son fleuve, bien au contraire. L'absence de dispositif efficace pour ma�triser les d�placements touristiques des cars, est renforc�e de l'utilisation de la Seine pour le transport de groupes, l'absence de projet de loisirs culturels susceptible de donner vie r�ellement aux abords du fleuve.
Votre communication, je le regrette, ne r�pond pas � ces probl�mes, ne s'attaque � rien d'important. C'est pourquoi nous proposons un autre programme moins diffus, plus ambitieux, certes mais correspondant � l'importance de la Seine pour Paris.
Il ne s'agit d'ailleurs pas de le substituer � vos petites projets mais de leur donner une v�ritable colonne vert�brale qui lui manque cruellement.
La Seine, rappelons-le, est un axe de part et d'autre duquel s'est d�velopp� Paris, mais dont le coeur historique tend � se d�vitaliser et � perdre de ses habitants. Les 1er, 2e, 4e et 5e arrondissements ont perdu pr�s de 20.000 habitants entre 1975 et 1990. Partons du centre pour d�velopper un projet de couverture des voies sur berges qui pourrait se prolonger par la suite et recevoir des �quipements l�gers de loisirs ou de restauration. Sans travaux gigantesques, plus de 2.000 m�tres carr�s d'espaces publics pourraient �tre r�cup�r�s en couvrant la voie sur berge rive gauche du pont Royal au pont de la Concorde, mais aussi la rive droite au moins partiellement du pont au Change au souterrain Mazas.
Le co�t de cet am�nagement serait de l'ordre de 1 milliard 500 millions de francs, ce qui est modeste au regard des 3.100 millions de francs emprunt�s pour l'op�ration " Paris-Rive gauche " et les 800 millions de francs consacr�s au pont Charles-de-Gaulle au seul b�n�fice des automobilistes.
Utilisons l'espace ainsi gagn� pour revitaliser le centre de Paris comme bien des villes portuaires ont su le faire.
D�veloppons un syst�me int�gr� pour les d�placements touristiques alliant cars de tourisme et navettes fluviales pour le transport de groupes. Multiplier les parcs de stationnement pour cars ne sert � rien si un dispositif d'ensemble n'est pas mis en place afin de rationaliser leurs d�placements dans Paris. Pour y parvenir, nous proposons depuis deux ans la cr�ation d'un service original, celui des taxis-bus, qui pourrait �tre prolong� par un service de coches d'eau.
Mais vous pr�f�rez, semble-t-il, poursuivre dans ce que j'appelle l'inaction. C'est pourquoi j'ai saisi � nouveau le Ministre des Transports pour lui proposer de mettre � l'�tude un service de bateaux rapides pour le transport des groupes de touristes. Ce dispositif me para�t compl�mentaire des bateaux-mouches et des bateaux-bus actuels dont on conna�t le succ�s et dont les soci�t�s gestionnaires pourraient �tre, si elles le souhaitaient, associ�es par exemple � un G.I.E. comprenant des transporteurs et la R.A.T.P.
Le potentiel de 10 millions au moins de touristes transport�s en cars chaque ann�e dans Paris devrait permettre le d�veloppement d'un tel service saisonnier dans un premier temps. Avec le Mondial, une exp�rimentation pourrait �tre engag�e.
Troisi�mement, cr�ons aussi une ligne r�guli�re de transports publics de voyageurs dans l'int�gralit� du bief de Paris, reliant les �cluses de Suresnes � celles d'Alfortville. Une �tude existe, r�alis�e par la R.A.T.P.
Le Port autonome de Paris pourrait participer au financement des escales. La R.A.T.P. pourrait aussi participer au capital n�cessaire, � hauteur au moins de 20 %. Les collectivit�s riveraines seraient naturellement int�ress�es ainsi que les bateaux parisiens qui g�rent d�j� les bateaux-bus.
En d�pit de plusieurs d�clarations ou annonces, rien ne se fait alors qu'une telle ligne pourrait contribuer � r�duire la circulation automobile tout en rendant la Seine � nouveau famili�re aux citadins.
Am�nageons enfin des p�les de loisirs ou culturels r�partis de fa�on judicieuse, respectant un �quilibre entre l'Est et l'Ouest de Paris pour que les Parisiens puissent davantage vivre au contact du fleuve. Les techniques les plus modernes en mati�re d'�clairage devraient y contribuer, avec subtilit�, une large place devant �tre faite dans ces domaines aussi � la cr�ation.
Quels pourraient �tre ces p�les ? J'en vois au moins trois :
- une plage de 400 m�tres et des piscines flottantes quai de Bercy, face � la Biblioth�que de France qui pourraient �tre r�alis�es pour l'an 2000 ;
- la cr�ation de thermes modernes sur une partie du quai Saint-Bernard par exemple ;
- la cr�ation sur l'�le aux Cygnes d'une promenade d�di�e � la sculpture contemporaine. Les possibilit�s sont nombreuses. Tout est affaire de volont� sinon d'imagination.
Le cheminement pi�ton-v�lo que vous d�signez comme nous l'avions propos� en 1995 entre les jardins Citro�n et de Bercy permettrait de relier l'ensemble, mais il faut aussi �tudier la faisabilit� d'un am�nagement de tramways ou de tramways-bus sur le quai haut, rive droite, pour mieux desservir cet axe en surface, le R.E.R. irriguant d�j� la rive gauche, de v�ritables circuits de bus en site propre pouvant, dans l'imm�diat, �tre am�nag�s en quelques mois de part et d'autre du fleuve. Ce serait une premi�re �tape.
Revoyons enfin le plan-masse de la Z.A.C. " Paris-Rive gauche " pour �viter d'enclore la Seine par la muraille de b�ton que vous projetez de faire. Ce site, rappelons-le, est le dernier grand espace libre de Paris. Il devrait donc �tre am�nag� de fa�on exemplaire. Or, le projet que vous pr�sentez consiste � b�tonner au maximum, avec des conceptions architecturales d�pass�es d'une m�diocrit� affligeante ! Il suffit, pour s'en convaincre, de voir les immeubles d�j� r�alis�s. La municipalit� est en train d'�difier Sarcelles-sur-Seine ! Vous d�figurez ce site ! Sans oublier la catastrophe financi�re qui attend les contribuables parisiens. Mais il est vrai qu'�videmment ceux qui sont ici aujourd'hui ne seront plus l� demain pour assumer les responsabilit�s.
Dans Paris qui, depuis des si�cles, a accueilli le meilleur g�nie architectural fran�ais, il n'est pas possible de poursuivre un projet aussi m�diocre. Il faut revoir le plan-masse, l'ouvrir sur la Seine, all�ger la fa�ade fluviale.
Utilisons la Seine pour c�l�brer l'an 2000. J'aurai l'occasion, comme tous, de revenir sur cet �v�nement, mais il me semble qu'un spectacle reposant sur l'utilisation de la Seine, la cr�ation, les techniques modernes et, bien entendu, les participations des Parisiens doit �tre envisag�, spectacle qui pourrait se d�velopper entre le parc Citro�n et la Biblioth�que de France, �tre suivi par plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis les quais.
Votre projet de f�te s�quanaise est sympathique mais il me fait trop penser � celle du village d'Ast�rix ! Ne croyez-vous pas qu'il faille ailler plus loin pour f�ter l'an 2000 en particulier ?
Paris a la chance d'avoir la Seine, de s'�tre d�velopp� � partir d'elle, ce fleuve constitue, malgr� sa sauvagerie dans les p�riodes de crues, une ouverture, un axe d'�change vers l'ext�rieur.
Nous regrettons, croyez-le bien, que vous n'ayez pas saisi ces dimensions essentielles � l'approche du 3�me mill�naire o� l'eau devrait devenir aussi un enjeu d'importance mondiale.
Pour les c�l�brations de l'an 2000, la Seine ne pourrait elle pas servir de support � des expositions sur ce sujet ? Qu'il s'agisse d'am�nagements durables ou d'animations, vous paraissez avoir fait feu de tout bois pour un r�sultat trop maigre.
Au moins votre pr�d�cesseur faisait preuve d'humour lorsqu'il annon�ait qu'il allait se baigner dans la Seine. Monsieur le Maire, Jean TIB�RI, quand allez-vous plonger dans la Seine ? Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvements des citoyens, socialiste et communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Il est �vident et c'est son droit d'ailleurs, que M. SARRE n'est jamais d'accord sur ce que l'on fait. Ce n'est pas la premi�re fois qu'il le dit, tout ce qui ne vient pas de lui est m�diocre. Il a employ� le mot plusieurs fois. Il pourrait faire preuve d'un peu plus de prudence dans l'expression ! Je ne suis pas s�r qu'en analysant les propositions qu'il a faites sur la Coupe du monde, il ait fait preuve d'une imagination d�bordante !
La parole est � M. GABORIAU.
M. Pierre GABORIAU, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, actrice et t�moin de la Ville, la Seine arrose le destin des Parisiens depuis des si�cles.
Paris est n� de la Seine �crit Jean FAVIER, membre de l'Institut dans son merveilleux livre " Paris, 2000 ans d'histoire ". Sans elle, Paris n'est rien. Un peu d�laiss�e durant ces derni�res d�cennies, la Seine affirme � nouveau son importance pour ceux qui la naviguent, ceux qui la boivent et ceux qui l'aiment.
La Seine fait partie du d�cor, faiseuse d'Histoire, raconteuse d'histoires. Plus que jamais elle impose par sa pr�sence, retrouve sa vigueur �conomique, fait la preuve de sa force.
Les hommes de l'�re industrielle l'avaient boud�e. L'�poque moderne la trouve � son go�t.
Certes, la Seine est immuable et �ternelle mais elle n'arr�te pas de changer. C'est ce changement, Monsieur le Maire, que vous avez d�cid� de conduire avec la r�elle volont� de valoriser, tout en le pr�servant, le site de la Seine et de rendre ce lieu aux Parisiens.
Je me r�jouis de cette l�gitime ambition que le groupe " Paris-Libert�s " partage totalement. Soyez persuad�s que nous contribuerons activement � faire du site de la Seine, comme vous l'avez soulign�, un atout ma�tre pour Paris, certains que la Seine et ses berges rec�lent en leur sein des potentialit�s exceptionnelles pour le d�veloppement et l'image de notre Capitale.
En effet, la Seine, en chiffres, � Paris, c'est 35 kilom�tres de berges confi�es dans leur gestion, plus de 12 kilom�tres sont r�serv�s uniquement � la promenade et plus de 15 kilom�tres � l'accueil des activit�s � caract�re d'animation et de loisirs.
C'est aussi le premier port touristique mondial avec 4 compagnies de bateaux-mouches faisant d�couvrir la Capitale � 5 millions de passagers chaque ann�e.
Avec le Port Autonome de Paris, cr�� il y a 25 ans, la Seine accueille le premier port fluvial de France, et le deuxi�me d'Europe apr�s celui de Duisbourg en Allemagne, totalisant 22 millions de tonnes de trafic par an, soit 15 % de marchandises d'Ile-de-France.
La Seine c'est encore 31 ponts routiers, 4 passerelles et 2 viaducs ferroviaires.
La Seine, c'est enfin chaque ann�e des millions de regards.
Depuis votre �lection, Monsieur le Maire, vous vous �tes fix� des priorit�s qui doivent am�liorer la qualit� de vie des Parisiens. Il faut " veiller chaque ann�e � ce que ces espaces soient organis�s principalement dans le but de pr�server l'environnement des riverains " d�clariez-vous. " Les parisiens auront ainsi vocation d'ici la fin de la mandature � se r�approprier leur espace de vie quotidien ".
La valorisation des berges de la Seine fait bien partie de cet objectif. L� encore, Monsieur le Maire, le groupe " Paris-Libert�s ", toujours soucieux d'une politique de proximit� adapt�e, s'engagera avec vous pour la r�ussite de ce vaste projet. Car ne nous y trompons pas, ce grand plan d'ensemble n�cessitera de tr�s nombreuses comp�tences, qu'elles soient municipales, r�gionales ou nationales.
Formulons le voeu que les multiples structures de l'Etat, intervenant dans ce domaine, s'y associeront �troitement.
D'ailleurs le Pr�fet de la r�gion Ile-de-France d�clarait, il y a quelques mois, " Paris bouge, Paris change, et parce qu'elle est ville capitale, les responsabilit�s de l'Etat, ont toujours �t� � son �gard particuli�res pour ces mutations "Aux traditionnels axes de d�veloppement, s'ajoute un axe pour mieux vivre. L'environnement, avec la poursuite, de l'am�nagement des berges de la Seine et le d�veloppement des transports fluviaux des personnes.
Et puis, si cela s'av�rait vraiment n�cessaire, je suis certain que nos coll�gues de l'opposition sauraient plaider avec conviction aupr�s des autorit�s de l'Etat pour le devenir de cette oeuvre commune en faveur non seulement des Parisiens mais aussi de nos h�tes �trangers, pour le seul b�n�fice de ce site unique et universel class� patrimoine mondial de l'Humanit� par l'UNESCO en septembre 1994.
Quand nous analysons les diff�rents th�mes et propositions concr�tes et r�alistes que vous nous avez pr�sent�s, l� encore le groupe " Paris-Libert�s " ne peut que les encourager, qu'il s'agisse du d�veloppement du transport voyageurs, ou du trafic touristique sur la Seine, ou qu'il s'agisse du transport par voie d'eau dans Paris avec la volont� de r�duire, sans en augmenter le nombre et la taille des installations, par l� m�me un grand nombre de nuisances sonores et olfactives dans l'int�r�t de tous, et dans l'int�r�t des riverains en particulier.
Car, comme chacun le sait, 85 % des sites les plus visit�s � Paris sont facilement accessibles par la Seine. Cela devrait r�duire en partie le probl�me des autocars, tout du moins aux abords de ces lieux. Cela permettra �galement une meilleure fluidit� automobile et des transports en commun.
Nous ne pouvons �galement que soutenir cette belle initiative avec la cr�ation d'une promenade continue de 12 kilom�tres du Parc de Bercy jusqu'au Parc Andr�-Citro�n, ainsi que de l'am�nagement du d�bouch� du parc Citro�n sur les berges de la Seine qui marquera, comme cela a �t� dit, l'ach�vement d'un espace vert remarquable o� s'int�greront des activit�s � vocation culturelle, d'animation ou de loisirs.
Oui, Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, Paris vit, Paris bouge, Paris �volue, Paris s'anime. En effet, l'animation fait partie d'une qualit� de vie � laquelle les Parisiens ont droit, et que les touristes appr�cient particuli�rement.
Il est aussi pr�vu, dans le plan Seine, l'am�nagement sur les Berges du port des Champs Elys�es o� se trouve actuellement la concession du TFC, Touring Club de France, avec la cr�ation d'un second port de plaisance afin de soulager le port de l'Arsenal, ainsi que les zones d'animation destin�es au grand public, avec un lieu d'exposition sur le th�me du fleuve et des activit�s fluviales.
Cela permettra d'offrir un autre lieu d'exception pour les grandes manifestations parisiennes de l'an 2000.
Le lancement d'une consultation internationale pour la conception d'une passerelle pi�tonne, entre le Parc de Bercy, et le quartier " Paris-Rive gauche ", permettra enfin de r�unir deux p�les majeurs de l'est parisien ainsi qu'une desserte renforc�e vers d'autres grands �quipements tels le Palais Omnisports de Bercy et le Centre d'activit�s �conomiques de Bercy, comme vous l'avez soulign�.
La mise en lumi�re des Ponts de Paris renforcera la magnificence des ouvrages, v�ritables monuments historiques, qui sont �galement des lieux de passage quotidien, rythmant d'est en ouest la vie de notre cit�.
L'am�nagement nocturne du site de la Seine qui sera d�velopp� et approfondi permettra, � terme, d'aboutir � un cahier de prescription applicable � tous les utilisateurs ou riverains sans oublier les efforts d�j� entrepris pour les parcs d'autocars souterrains et de surfaces, qui seront �galement d�velopp�s en particulier aux abords de la Tour Eiffel.
Mon coll�gue Jean-Loup MORL� d�veloppera, au cours de la s�ance, tous les points de ce vaste projet et fera �tat de quelques propositions ou suggestions mettant en avant les questions de s�curit�, de propret� ou de circulation que cela induit.
Si le bilan est largement positif, le r�le et l'importance du r�le de la Seine et de ses abords imposent de prendre en compte comme vous l'avez indiqu� dans la pratique de l'�coute et du dialogue l'�volution du contexte parisien.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la Seine a pris toute sa place dans la r�union d'installation de la Commission extra-municipale du tourisme que vous avez pr�sid�e, il y a quelques jours.
Toutes les comp�tences de la Ville d'abord, �lus, directeurs en particulier, mais �galement des professionnels et des institutionnels du tourisme, ont �t� r�unis pour s'associer � ce vaste projet.
Les transports fluviaux seront bien entendu particuli�rement pris en compte dans cette �volution par mon coll�gue Bernard PLASAIT.
Ainsi, Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, notre groupe " Paris-Libert�s ", comme je l'ai indiqu� au cours de mon intervention, ne peut qu'encourager ces orientations que vous nous proposez ce matin qui vont permettre de cr�er et d'am�nager, d'am�liorer, d'animer, d'attirer et de mettre encore plus en valeur notre belle ville, capitale � l'aube du troisi�me mill�naire dans ce souci de modernit� et de coh�rence, sans jamais renier notre pass� et notre histoire.
Vous mettez r�ellement, Monsieur le Maire, " Paris en Seine " et il ne s'agit pas, pour le groupe " Paris-Libert�s ", d'un d�cor, mais d'une volont� politique affirm�e qui honoreront celles et ceux qui participeront � cette grande oeuvre collective afin que dans le respect des droits et des devoirs de chacun, Paris reste le carrefour de l'universel, ou ce grand atelier du g�nie humain.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe " Paris-Libert�s " et " Rassemblement pour Paris ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. La parole est � M. MALBERG.
M. Henri MALBERG. - Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, la Seine nous rend lyriques. C'est plut�t bon signe puisqu'on peut aimer cette ville sur tous les bancs, m�me si l'on ne l'aime pas de la m�me fa�on, c'est �vident.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Cela, c'est le pluralisme.
M. Henri MALBERG. - Bien s�r.
Au nom du groupe communiste, je me r�jouis de cet ordre du jour. La Seine et l'histoire de Paris ne font qu'un. La Seine est pr�sente � chaque moment de notre histoire et forte dans notre imaginaire. Elle est de quelque fa�on la matrice, la m�re originelle, associ�e �troitement � Paris.
Il est donc utile et naturel de faire le point sur la place du fleuve dans la ville, aujourd'hui et demain.
Autre chose est d'�tre d'accord avec les conceptions d�velopp�es dans la communication du maire et, en fin d'intervention, je d�velopperai notre diff�rence d'approche qui est, je pense, fondamentale.
D'abord, une r�flexion g�n�rale. Les rapports de Paris et du fleuve ont beaucoup chang� au cours du temps. Par rapport au Moyen Age certes, puisqu'il y a eu une �poque o� la Seine �tait au centre de toute la vie de la ville, bord�e de ports, de march�s, d'une activit� grouillante et inlassable.
D'ailleurs, " les marchands de l'eau " qui avaient pratiquement le monopole des �changes �taient au coeur de la naissance d'une bourgeoisie remuante, contestant le pouvoir des rois.
Et puis les routes, les chemins de fer, l'extension de la ville, de la r�gion, les a�roports, les autoroutes, les camions ont presque compl�tement annihil� ce r�le �conomique. Pourtant, voici qu'� Paris comme � Londres ou � Rome, le fleuve reprend un sens.
On prend conscience que le fleuve pourrait jouer partout, de fa�on moderne, un nouveau r�le dans l'�conomie, dans les transports, dans la vie culturelle, dans le tourisme. Tant mieux. Les �lus communistes soutiennent et soutiendront tout ce qui peut aller dans ce sens.
Je voudrais reprendre les choses. D'abord, s'agissant de mettre en valeur la Seine. Il faut certainement lui redonner sa place dans la conscience des parisiens. La seine dans Paris, c'est en effet cette incroyable beaut�, la force d'un sentiment.
Quand on pense � la Seine, les vers les plus fabuleux, comme les rengaines montent aux l�vres :
" ...sous le pont Mirabeau coule la Seine, et nos amours... ",
" ...A Paris sur les bords de la Seine, quand un amour fleurit... "
" ... sous les ponts de Paris... ",
" ... Si par hasard, sous le pont des Arts... ".
Ici, les si�cles sont comme pr�sents, � toucher.
Et qui n'a r�v�, sur le pont Marie, devant la silhouette massive et myst�rieuse du chevet de Notre-Dame, face au soleil couchant ?
Qui n'a admir� la tour Eiffel vue de la Seine avec, en fond, Beaugrenelle qui s'installe maintenant si bien dans le paysage ?
Qui n'a �t� boulevers�, le soir en longeant le Louvre et en d�couvrant l'alignement des quais de la conciergerie ?
Cette beaut�, cette entente quasi charnelle entre une des plus belles villes du monde et son fleuve doivent �tre valoris�es.
Cette avenue, puisque la Seine peut �tre consid�r�e comme une des plus belles avenues du monde, vient d'�tre d�clar�e par l'UNESCO, ce qui nous r�jouit : patrimoine de l'humanit�.
Cette avenue doit �tre plus belle et plus vivante. Vous dites, je vous cite et je r�sume : " mise en valeur du site, lib�ration des berges du stationnement, plan d'�clairage, cr�ation d'une vaste promenade pi�tonne de Bercy � Citro�n, liaison directe des quais de la Seine avec les transports publics, cr�ation d'une ligne de bateau bus et deux nouvelles gares fluviales, transport fluvial de marchandises, et activit�s industrielles, initiatives culturelles, commerciales, sportives, deuxi�me port de plaisance... "
Tout cela s'encha�ne et se tient tout au long de 45 pages de votre communication. Mais je veux d'abord vous faire remarquer que nombre de ces objectifs �taient d�j�, voici 20 ans, dans le plan dont le Conseil a discut� le 11 septembre 1978.
Je voudrais ensuite faire deux remarques. D'abord sur la zone culturelle. Nous sommes �videmment d'accord pour une vaste zone culturelle d'animation. Indiscutablement, il existe une sorte de coupure entre la ville et son fleuve, la ville et les quais.
En prot�geant la ville contre l'eau, en cherchant � discipliner la Seine, � l'encadrer, on a fini par la murer tout au long ou presque; je suis d'accord avec M. Sarre quand il dit qu'il ne faudrait pas continuer dans la Z.A.C., " Paris-Rive gauche ". Il faut d�passer cet obstacle, faire descendre la ville vers la Seine, et faire descendre les parisiens. D'o� l'int�r�t de reconstituer un cheminement continu le long des rives, l'int�r�t d'instaurer une relation directe entre les transports publics et les quais, l'int�r�t de cr�er une animation et de multiplier les passages entre les quais hauts et les quais bas.
Je ferai une mise en garde :
Attention aussi bien � l'�litisme bien l�ch�, au " clean ", comme � d�cha�ner le fric-roi, la facilit� des " Mac Do " et compagnie.
C'est un sacr� travail � entreprendre et � ma�triser.
Il faut que la jeunesse, les familles parisiennes, les amoureux de la ville trouvent leur place. Il faut �galement veiller � la dimension de la promenade du dimanche et du dimanche matin. Au printemps et en �t�, beaucoup de parisiens, de jeunes couples avec leurs enfants, � pied ou en v�lo, vont dans la ville et se prom�nent. Il faudrait que la Seine dans Paris, au milieu de ce formidable patrimoine et de cette beaut�, redevienne un lieu d'attraction du dimanche pour les habitants de la ville et de l'Ile de France.
Marcher, s'y promener, faire du v�lo, admirer. Il y a un processus de reconqu�te de la Seine � entreprendre. Pour les Parisiens et la r�gion parisienne.
Dans la deuxi�me partie de mon intervention, je veux parler de la mise en valeur de la richesse �conomique dont peut �tre porteur le fleuve.
A cet �gard, ce que vous en dites est formellement et dans les mots, exact. Mais, � y regarder de plus pr�s, votre communication est absolument sans ambition dans ce domaine.
On sent dans ces 45 pages, la tentation du " tout tourisme ". Comme en dit famili�rement " n'en parlons jamais et pensons-y tout le temps ".
Or, si le tourisme est essentiel � Paris avec ses 20 millions de visiteurs, avec son r�le �conomique pour l'emploi, avec son r�le politique, avec ce qu'il induit fondamentalement de relations et de connaissances, on ne peut pas construire tout l'avenir de la Capitale sur cette base. Ce serait une faute capitale. Il faut r�sister � cette facilit� que la ville paierait cher. Venise n'est pas la capitale de l'Italie et la tentation de Venise, la tentation du " grand canal " pour Paris serait mortelle.
D'o� quelques remarques.
D'abord sur le r�le de la Seine, pour le transport quotidien des parisiens. La seine est notoirement sous-employ�e dans les d�placements quotidiens. Il y a d'�normes possibilit�s non employ�es. Et vous les sous-estimez.
Vous dites vous-m�me que la Seine n'est emprunt�e � l'heure actuelle qu'au tiers de ses possibilit�s. Or vous n'envisagez en d�finitive, le bateau bus, que pour les d�placements touristiques. Ici, effectivement, le r�le de la Seine peut �tre majeur. On ne parle pas ici des Bateaux-mouches, ce qui est autre chose; en effet, quasiment tous les grands monuments visit�s � Paris sont sur l'axe et � la proximit� de la seine : le Louvre, Notre Dame, l'Ile Saint-Louis, Beaubourg, Orsay, la Tour Eiffel, le Trocad�ro...
Y aboutissent aussi et peuvent �tre coordonn�s : R.E.R., M�tros, Autobus. On pourrait pratiquement interdire tout stationnement de cars de tourisme dans Paris en utilisant � fond le fleuve pour les d�placements des touristes � partir de parking de proximit�.
Mais il y a aussi la Seine pour le d�placement quotidien de la population.
En deux semaines de gr�ve en 1995, 400.000 voyageurs ont utilis� la voie fluviale entre Ivry et Boulogne. On peut int�grer au plan de circulation de la Ville et dans le cadre du service public la seine entre Suresnes et Alfortville, avec des objectifs ambitieux.
Vous dites que c'est plus cher que le m�tro et le R.E.R. A voir parce que la voie est gratuite.
On voit bien que cette id�e pleine d'avenir n'est chez vous qu'�bauch�e.
Et puis il y a le transport des marchandises. Tout votre raisonnement sur le transport fluvial des marchandises est vici� � la base parce que vous ne l'envisagez que pour les pond�reux du b�timent, les gravats, les mat�riaux. Il nous semble qu'il faut �largir cette conception aux marchandises de toute sorte.
R�ellement, on pourrait soulager Paris chaque ann�e de centaines de milliers de parcours de camions en faisant arriver par la Seine nombre de marchandises.
A l'heure actuelle, les deux plates-formes multimodales rail-route-eau se trouvent trop loin du p�riph�rique, � chacun des bouts de la Seine.
Paris est le premier port fluvial de France, le deuxi�me d'Europe, avec 20 millions de tonnes de marchandises. Il y a encore dans Paris aujourd'hui des ports par lesquels transitent quand m�me 4 millions de tonnes de mat�riaux, c'est-�-dire l'�quivalent de 200.000 tourn�es de camion.
Il y a d'�normes raisons �conomiques et �cologiques � ne pas renoncer � ne pas consid�rer le port autonome de Paris comme une brebis galeuse, � maintenir et d�velopper une conception de transport de marchandises par la Seine.
Il faut savoir qu'un seul convoi fluvial de 5.000 tonnes, c'est 200 camions.
Vous dites vous-m�me - je vous cite - qu'il faut red�finir les activit�s portuaires, que le transport fluvial doit continuer � jouer sont r�le, en permettant d'�viter les transports routiers, etc., mais cela ressemble � un " coup de chapeau ", et non pas � une conviction v�ritable avec modalit�s concr�tes pour Paris. D'ailleurs, nous continuons de penser que la gare d'Austerlitz est une chance.
La coordination fer-fleuve-route, c'est-�-dire une plate-forme multimodale, reste � nos yeux une des grandes questions pos�es dans le cadre de la Z.A.C. " Paris-Rive gauche ".
Quelques mots de conclusion...Hier, le fleuve - il n'est que de regarder les gravures du temps pass� - �tait le v�ritable acteur �conomique de la Ville. La vie de la Ville s'organisait autour. Il reste quelque chose � relancer de ce c�t� l�.
Non pas pour faire bien dans le paysage, mais pour des raisons profondes. La Ville a � gagner � ne pas se sp�cialiser dans le seul rapport " pass� histoire " vieilles pierres, mus�es, beaut� un peu froide des temps pass�s, mus�es, tourisme. Nous ne voulons pas n'�tre que le " patrimoine de l'humanit� ". Paris doit continuer - la Seine a un grand r�le � jouer - � avoir une ambition d'activit� moderne et de vie d'aujourd'hui. Le renouveau de la Seine en fait partie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, la parole est � M. DELANO�.
M. Bertrand DELANO�. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, Paris est n�e de la Seine. C'est en effet autour de son fleuve tut�laire que Paris s'est dessin�e, transform�e et m�me enrichie. Le d�veloppement d'un commerce batelier sous Tib�re - la phon�tique est parfois malicieuse ! - a d'ailleurs �t� source de prosp�rit� durable.
La valorisation du site de la Seine constitue donc un enjeu culturel, sociologique et �conomique majeur, ce qui aurait d'ailleurs justifi�, Monsieur le Maire, que vous r�serviez la primeur de vos r�flexions aux �lus de cette Assembl�e plut�t qu'� une conf�rence de presse mardi matin.
Au cours de ce d�bat, Dominique BERTINOTTI, Fran�oise DURAND aborderont plus pr�cis�ment les aspects �conomiques et touristiques li�s � l'am�nagement du fleuve.
Dans votre communication, Monsieur le Maire, vous rappelez les grands principes de la Charte d'utilisation � long terme de la Seine que nous avons adopt�e au Conseil de Paris en 1978. Pourtant, les �volutions socioculturelles propres � la Vie parisienne - vous y faites allusion - auraient justifi� que notre Assembl�e se penche plus t�t et plus souvent sur le sujet puisque c'est d�s les ann�es 1980 que s'est manifest�e l'expression citoyenne en faveur d'une autre conception de la Ville.
De la m�me fa�on, vous �voquez la n�cessit� de simplifier le dispositif juridique applicable au fleuve et � ses berges et vous insistez sur la responsabilit� de l'Etat.
Il vous aura donc fallu attendre 1997 pour d�couvrir cette r�partition des comp�tences et engager la concertation souhait�e.
Mais ne cherchez pas � travers cet argument syst�matiquement � vous d�charger sur l'Etat de vos propres responsabilit�s.
Par ailleurs, il ne nous a pas �chapp� que dans votre communication, vous reprenez un certain nombre de dispositions qui existent d�j�. Je pense, par exemple, � l'interdiction de stationner sur les berges de la Seine.
Je vais donc m'attacher aux propositions nouvelles et plusieurs vont dans le bons sens.
L'am�lioration de l'�clairage, par exemple, ou bien la promenade pi�tonne en continue de Bercy � Citro�n, nous souhaitons cependant que dans ce dernier espace, une possibilit� de circuler soit propos�e aux cyclistes gr�ce � l'am�nagement d'une piste prot�g�e.
Nous approuvons �galement l'id�e d'un d�veloppement de la circulation fluviale, mais � ce sujet, il me semble que nous aurions tort de minorer le r�le du transport de marchandise car celui-ci offre de r�elles perspectives pour d�sengorger le centre ville et agir en faveur de la qualit� de l'air.
Il figure, en outre, parmi les solutions alternatives les plus cr�dibles au transport routier par container, qui aujourd'hui est effectu� par des v�hicules encombrants et tr�s polluants.
Voil� incontestablement, Monsieur le Maire une piste � ne pas n�gliger mais cela suppose, bien s�r, une red�finition de l'activit� ponctuelle.
De la m�me mani�re, nous avons d�couvert avec int�r�t votre intention de convier les Parisiens � f�ter leur fleuve.
Pour ma part, en octobre dernier, j'ai pr�sent� un certain nombre de propositions pour les pr�parations de l'an 2000 � Paris et � cette occasion, j'ai mis l'accent sur la n�cessit� pour notre Ville de renouer avec la tradition de la f�te et j'avais �galement souhait� valoriser le r�le essentiel que la Seine peut jouer dans le cadre de ces manifestations et des potentialit�s qu'offre ce site incomparable, parcours historique d'amont � aval, am�nagement d'exposition sur les ponts ou sur les berges, mise en service de navettes �cologiques, installation d'une oeuvre artistique majeure.
Si cette contribution a un tant soit peu inspir� votre r�flexion, je m'en r�jouis, et je souhaite d'ailleurs que les propositions que vous rendrez publiques demain montrent une r�elle volont� d'entendre aussi largement que possible tous les Parisiens dont l'esprit cr�atif peut �tre mis au service d'un tel projet.
Si les points de convergence peuvent donc �tre observ�s autour de certaines initiatives, votre communication ne me para�t pas aller au bout d'une logique qui pourrait �tre tr�s stimulante. Il s'agirait de concevoir ce vaste chantier comme l'un des fondements de la ville de demain. Je n'en prendrai qu'un seul exemple.
Parmi les pr�alables que vous posez � la renaissance de la piscine Deligny, figure la recherche d'une nouvelle offre de stationnement alentour. N'est-il pas un peu anachronique de conditionner une fois de plus un am�nagement urbain aux possibilit�s d'acc�s qui, dans ce secteur, seront offertes � l'automobile ? Le projet que vous �voquez pourrait, au contraire, ouvrir des perspectives de d�veloppement au transport en commun dont j'avais cru comprendre qu'il �tait devenu prioritaire � vos yeux. C'est le type m�me de raisonnement qui limite la port�e de votre projet.
Ainsi, j'ai not� des formulations tr�s prudentes : " Il convient de d�finir " dites-vous, ou bien : " ces dispositions sont � l'�tude ", et je ne voudrais donc pas que tout cela se r�sume � de simples effets d'annonce. Bien des pr�c�dents, des vannes de r�gulation automobile au tramway sont l� pour nous rendre tr�s m�fiants, surtout en l'absence de tout calendrier pr�visionnel et de tout plan de financement pr�cis.
A l'heure o� la Ville remet en cause tant d'investissements, et la s�ance d'aujourd'hui va h�las le confirmer, nous ne voudrions pas, si je peux dire, que votre plan tombe � l'eau !
En outre, le manque d'ambition est �vident sur deux points pourtant essentiels : les voies sur berges et la propret� de la Seine.
Vous ne consacrez qu'un tr�s court paragraphe, tr�s g�n�ral � vrai dire, aux voies sur berges. Les confirmer dans un statut d'axe routier me para�t, � terme, contestable dans une Ville o� l'objectif d'une diminution de 10 � 20 % de la circulation automobile est d�sormais admis, non sans mal.
Je vous demande donc, Monsieur le Maire, d'engager une r�flexion sur le sujet afin d'envisager pour l'avenir un nouveau mode d'utilisation de ces espaces.
Dans cette perspective, l'ouverture des voies sur berges aux promeneurs, aux cyclistes, aux adeptes du skate-board chaque dimanche matin livre des enseignements int�ressants.
Mais d'autres hypoth�ses sont envisageables, celle par exemple d'une ligne de bus compos�e de navettes non polluantes et pouvant assurer une liaison avec les bateaux-bus.
Deuxi�me point : l'assainissement de la Seine. Si j'ai bien compris, personne ici, du moins pour le moment, ne pr�tend s'y baigner l'�t� prochain. Et je note, Monsieur le Maire, que vous �tes assez prudent pour ne pas prendre d'engagement trop intempestif. Faudrait-il pour autant renoncer d�finitivement � associer le fleuve � un v�ritable objectif de propret� ?
Vous l'effleurez certes, mais nous souhaiterions qu'un v�ritable plan pluriannuel d'assainissement soit �labor� afin que cette avenue, ainsi que vous l'appelez joliment, donne vraiment envie d'�tre fr�quent�e.
J'ajouterai enfin qu'un dialogue et une concertation approfondis avec les communes concern�es me paraissent �tre un pr�alable aux d�placements programm�s de certains sites industriels qui, chaque ann�e, recueillent plusieurs millions de tonnes de gravats. Et sur ce point, nous n'avons rien lu de concret qui, dans votre communication, puisse nous �clairer.
Evoquer la Seine, c'est se pencher sur l'un des organes vitaux de notre cit�. Lien intemporel en m�me temps qu'historique avec celle et ceux qui ont b�ti Paris, son cours invite � d�couvrir le g�nie cr�atif de notre ville. Son am�nagement, sa valorisation, participent de la volont� collective de r�inventer un espace urbain r�ellement adapt� aux attentes citoyennes du XXIe si�cle, attentes qualitatives, esth�tiques, identitaires, mais aussi �conomiques et culturelles.
De ce point de vue, votre communication traduit une prise de conscience, mais encore beaucoup trop floue, et donc nous aimerions surtout qu'elle soit suivie de r�alisations concr�tes car finalement, au coeur de ce chantier, il y a la vie des Parisiens, leur vie de demain, mais aussi d'aujourd'hui, � travers d'autres dossiers que nous traiterons aujourd'hui et qui sont nettement moins consensuelles, les S.E.M., les annulations de cr�dits pour le logement social, par exemple, ce qui explique sans doute qu'aujourd'hui comme hier, vous les rel�guiez � une heure plus tardive dans nos d�bats.
Mais, Monsieur le Maire, quelle que soit l'heure, une chose est claire, comme la Seine, la d�mocratie suivra son cours, inexorablement.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je n'ai pas tr�s bien compris, mais enfin, il y a s�rement une astuce qu'on comprendra plus tard.
La parole est � Mme SCHNEITER.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, la reconqu�te des berges de la Seine est l'une des revendications les plus anciennes de toutes les grandes associations parisiennes, les amoureux de Paris et les Ecologistes d�s les ann�es 1970, � l'�poque ou le Pr�sident Pompidou s'�tait mis en t�te " d'adapter Paris � l'automobile ". Les Parisiens s'y �taient oppos�s.
Il n'emp�che qu'� part l'abandon de la voie expresse rive gauche, rien de significatif n'a �t� fait depuis vingt ans, quoique vous en dites.
Votre communication montre, et c'est peut-�tre la premi�re fois, votre volont� de commencer � valoriser un site dans sa globalit�.
M�me si, avec le court temps de parole dont je dispose, je me concentre sur les critiques et les am�liorations qu'il faut apporter � ce projet, je tiens � souligner l'�tape positive que marque ce d�bat. Vous pouvez, si vous le voulez, transformer ce site laiss� pour compte depuis tant d'ann�es en l'un des plus beaux du monde, mais il vous faudra aller jusqu'au bout. Si c'�tait le cas, r�vons du jour o� " la voie expresse Georges-Pompidou " deviendra " la promenade Jean Tib�ri ".
La reconqu�te des berges :vous dites, Monsieur le Maire, " vouloir rendre la Seine aux Parisiens " en leur offrant une promenade de 12 kilom�tres de long entre Bercy et le parc Andr�-Citro�n. C'est d�j� un bel effort, puisqu'il faut lib�rer le site d'Austerlitz, d�barrasser les berges des voitures en stationnement, d�placer deux sites industriels du Port autonome... ; mais la pr�sence des voies expresses complique tout et aboutit � la cr�ation d'itin�raires fractionn�s qui ne servira gu�re � l'usager qui voudrait traverser � pied facilement Paris. Vous ne parlez pas non plus d'y int�grer des pistes cyclables, notamment, comme cela avait �t� d�j� envisag�, le long du parc Andr�-Citro�n. Comment les promeneurs appr�cieront-ils le cheminement pi�tonnier " en dents de scie ", � grand renfort de passerelles et de passages souterrains pour passer d'une rive � l'autre ? Il ne faudrait pas que cette promenade se transforme " en parcours du combattant ".
Dans le 13e, � quel niveau partira la nouvelle passerelle reliant le parc de Bercy � la Biblioth�que Nationale de France ? Du quai Fran�ois-Mauriac ? Mais cela ne sera pas facile avec la circulation. En haut des marches de la Biblioth�que ? La passerelle serait alors � une hauteur vertigineuse.
Il faut reconqu�rir les berges, les voies expresses et les quais hauts.
Les voies expresses sont des erreurs historiques, mais r�parables. Elles ont d�valoris� le patrimoine le plus prestigieux que poss�de Paris. Elles n'ont servi � rien, pas m�me � lib�rer les quais hauts qui sont encore plus notoirement embouteill�s aujourd'hui qu'avant leurs constructions. De plus, elles co�tent cher en entretien.
Vous d�plorez " les files ininterrompues de voitures qui roulent le long de la Seine, sources d'�normes nuisances " et promettez maintenant de " mettre un frein � l'envahissement de la voiture sur les berges, mais aussi sur les quais hauts ", sans nous donner les solutions pour y parvenir.
Or, la valorisation passe, � court terme, par la red�finition du partage de la voirie sur les quais hauts et, � plus long terme, par la suppression de la circulation sur les voies expresses. C'est un tout. Vous ne pouvez pas isoler chaque partie du probl�me en esp�rant le r�soudre enti�rement.
La proposition de M. SARRE de couvrir la voie sur berge rive gauche du pont Royal � celui de la Concorde montre bien qu'il n'a rien compris aux probl�mes fondamentaux de la circulation :
- il ne s'agit pas, Monsieur SARRE, de cacher la vue des voitures aux passants ou de permettre � des pi�tons de se promener sur une dalle le long de la Seine ;
- il s'agit de faire rouler moins de voitures, notamment dans le centre, en contribuant � dissuader la p�n�tration automobile dans Paris et ne pas d�finitivement condamner les Parisiens � la pollution, au stress, aux embouteillages.
L'objectif que vous devriez vous fixer d�s aujourd'hui, Monsieur le Maire, avec toutes les autres bonnes mesures que vous proposez, est une reconqu�te rapide des quais hauts, avec une circulation lente, des couloirs-bus-v�los �largis en site propre sur toute la longueur des quais sur les deux rives, ou bien un tramway. Plus encore que des berges, ce sont des quais hauts que le promeneur peut contempler tous les monuments dans leur plus grande beaut�. Les quais pourraient devenir la plus grande richesse touristique et �conomique de Paris si une circulation intense et rapide ne les d�valorisait plus.
Nous attendrons le Plan de D�placement Urbain pour mettre tout cela au point. En attendant, il faut r�viser l'ensemble des circuits de d�placements dans les secteurs aux alentours de chaque voie expresse pour commencer � d�gager les quais hauts.
Concernant la mise en valeur du site, vous soulignez � diff�rentes reprises la n�cessit� de satisfaire aux crit�res d'authenticit� exig� par l'U.N.E.S.C.O. Une politique d'am�nagement comprenant trop d'animations � grand spectacle, de manifestations, de grandes expositions, en faisant de la Seine, selon vos propres termes, " une avenue qui, le soir, ruissellera de lumi�re " est contradictoire avec ce crit�re. A trop �clairer tous les ponts, les berges, les immeubles, on ne verra plus rien.
Dans un avenir proche, vous envisagez de rendre d�finitivement impossible l'extraordinaire lumi�re naturelle de Paris au cr�puscule qui a inspir� tant de po�tes, d'�crivains, de peintres et de photographes. Les ponts qui ont �t� �clair�s sont une r�ussite, sauf l'extravagant pont Charles-de-Gaulle, mais il faut respecter le paysage nocturne des quais de Paris. Vous voulez r�tablir des lieux de promenade. On pourra dire " adieu aux promenades romantiques " si tous les ponts sont �clair�s. Sachez m�nager des coins d'ombre et de myst�re. Ainsi, le Pont-Marie est si beau le soir, tel qu'il est d�j�, �clair� par les lumi�res de la ville. Trop de f�tes bruyantes, sauf �v�nement exceptionnel, trop de manifestations, trop de mises en sc�ne, trop de lumi�res artificielles ne respecteront pas l'authenticit� des berges. Il ne faut pas faire du site de la Seine un " Luna Park ".
En revanche, les activit�s li�es au sport, � la p�che, � la d�tente, une ou deux piscines, un march� aux fleurs, des restaurants seront les bienvenues si elles ne s'accompagnent pas de cr�ation de parkings.
Pour les restaurants, j'insiste sur le fait qu'il faut leur garder un c�t� " guinguette ". Si vous commencez � encourager des op�rations lourdes, trop luxueuses donc co�teuses, � quelques concessionnaires, les Parisiens � revenus modestes ne pourront venir s'y d�tendre.
A propos du trafic fluvial, la Seine est un axe majeur...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Ma ch�re coll�gue, ce que vous dites rejoint quelque peu mes pr�occupations, je ne suis donc pas hostile � ce que vous dites, mais vous avez nettement d�pass� votre temps de parole, � moins que votre coll�gue M. BLET n'abandonne le sien.
Mme Laure SCHNEITER. - Je crois que tous mes coll�gues ont d�pass� leur temps de parole. Je n'en ai plus pour longtemps.
Je disais que la Seine �tait un axe majeur de d�placement qui a permis l'essor de Paris ; malheureusement, le transport des personnes et des marchandises a quitt� la voie d'eau et privil�gi� la route. L'augmentation des escales des bateaux-bus est une bonne chose. Ils doivent �tre plus nombreux et plus accessibles aux Parisiens, qui devraient pouvoir l'emprunter avec une simple carte orange. Alors seulement, il deviendra un nouveau mode de d�placement compl�mentaire.
Le transport de marchandises doit se red�velopper sur la Seine, en aval bien s�r avec le port de Gennevilliers mais aussi dans Paris. Il permettrait de r�duire, tout comme le rail, la place des camions dans Paris et l'agglom�ration.
Concernant les bateaux, deux questions m'inqui�tent. Les " bateaux d'habitation " seront-ils des p�niches traditionnelles ou seront-ils remplac�s par des " floating-homes " qui ressemblent � des appartements modernes ?
Quant aux bateaux-mouches actuels, ils ressemblent � des salles de cin�ma � ciel ouvert, aux �clairages dont la violence est attentatoire � la qualit� du site et � la tranquillit� des riverains. Ils sont une v�ritable injure � la beaut� de Paris et n'ont d'�quivalent nulle part ailleurs en Europe. Comment les faire remplacer par des bateaux moins grands et plus esth�tiques ?
En conclusion, la r�novation des berges doit s'accompagner de l'am�lioration du programme Seine propre. Malgr� les milliards d�pens�s, les eaux de la Seine restent encore sales et pollu�es. Il ne vous suffira pas de multiplier des investissements de plus en plus co�teux ; il vous faudra mener des actions pr�ventives et non curatives en r�duisant toutes les sources de pollution.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.
Monsieur BLET, il vous reste deux minutes... non, ce n'est pas M. BLET, c'est pour tout � l'heure.
Vous avez le temps de r�fl�chir � un r�tr�cissement.
La parole est � Mme BOUVELOT.
Mme Dani�le BOUVELOT. - Merci, Monsieur le Maire.
Tous les historiens de Paris ont intuitivement per�u l'�norme importance de la Seine dans l'histoire de la Ville.
Ses fonctions r�elles sont apparues avec Lut�ce.
Lointain descendants des " Nautes " de l'antiquit�, " les marchands de l'eau " forment, d�s le XIe si�cle, un corps organis� qui est � l'origine de la Municipalit� parisienne � laquelle il donne son blason.
Paris m�di�val et moderne contraste fortement avec Lut�ce par une unit� transfluviale qui na�t du rapprochement des 3 agglom�rations antiques, la cit� dans son �le, l'universit� sur la rive gauche, la ville sur la rive droite.
Du IXe au XIXe si�cle, la ville investit la rivi�re, (le vieux mot de " rivi�re " est toujours employ� par les gens de l'eau, du marinier � l'administration, et non celui de fleuve que les g�ographes ont impos� au grand public au XIXe si�cle).
L'une des caract�ristiques les plus importantes du Paris d'autrefois est qu'il s'agit d'une ville � 2 niveaux : celui de l'eau et celui des rues.
Tout les s�pare : leurs dimensions vastes pour la rivi�re, �troites pour les rues, la nature des transports qui s'effectuent par bateaux charg�s de quelques dizaines de tonnes ou � dos d'homme portant chacun quelques dizaines de kilos.
Le port de Paris d'autrefois �tait divis� en courtes sections destin�es � recevoir une marchandise d�termin�e : bois � br�ler, tuiles, foin, fleurs, etc.
Le rivage portuaire est utilis� comme lieu de d�p�t et de distribution. C'est essentiellement un march� public. Il en est de m�me pour certains espaces proprement fluviaux r�serv�s aux march�s flottants. La rivi�re sert aussi aux mariniers et aux marini�res qui se livrent � des joutes nautiques, les bateaux-lavoirs bruissent de vie, les p�cheurs et les barques sont nombreux.
Les relations de Paris avec la Seine ne sont plus maintenant ce qu'elles �taient au pass�.
Ce constat avait conduit le Pr�sident Jacques CHIRAC, alors maire de Paris, � engager une profonde r�flexion autour de cette question essentielle.
Vous avez, Monsieur le Maire, dans vos objectifs, tenu compte de l'�volution de notre soci�t�, car les besoins des hommes ont chang� : les questions d'ordre culturel, d'environnement, l'utilisation du temps libre ont pris une part important et essentielle dans vos pr�occupations. C'est avec, � la fois, ambition et pragmatisme et dans la concertation avec les Parisiens que vous l'abordez.
L'action engag�e ces 20 derni�res ann�es pr�sente un bilan positif. La charte d'utilisation - approuv�e en 1978 - d�finit des orientations principales :
- vocation des rives de la rivi�re comme espace de promenade.
- confirmation du r�le industriel et portuaire de Paris, proposition du regroupement et de modernisation des installations dans des sites plut�t propices.
Cette lib�ration permettra la reconqu�te et l'am�nagement d'une large partie des berges situ�es en amont et en aval du centre historique de Paris, pouvant ainsi accueillir des activit�s de loisirs et favoriser l'attractivit� pour les Parisiens et les touristes.
Ainsi une r�alisation tr�s prochaine d'une promenade continue de 12 kilom�tres permettra aux promeneurs du Parc de Bercy jusqu'au jardin Andr�-Citro�n de red�couvrir la Seine dans toute la travers�e de Paris.
S'il faut souligner le travail accompli, il ne faut pas s'en satisfaire. Mais votre d�termination, Monsieur le Maire, sera pour qu'au XXIe si�cle, la Seine � Paris soit le lieu central de vie, de loisirs et de culture, et l'on pourra dire comme :
Guillaume Apollinaire (po�mes retrouv�s)
" Ah la charmante chose
Quitter un Paris morose
pour Paris
Paris joli. "
Merci, Monsieur le Maire.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.
La parole est � M. MORL�.
M. Jean-Loup MORL�, adjoint. - Monsieur le Maire, tout d'abord bravo pour avoir donn� un nouvel �lan � l'action de mise en valeur de la Seine.
C'est une action tenace et de longue haleine qui a certes d�j� trouv� des concr�tisations remarquables, notamment � l'Est et dans la partie centrale de la capitale; mais chacun a bien conscience qu'il faut aller encore plus loin.
Il fallait un nouvel �lan. Vous vous y �tiez engag� dans votre programme de mandature, une fois de plus vous tenez votre promesse.
L'am�lioration du cadre de vie des Parisiens, la protection de l'environnement constituent, vous le savez, Monsieur le Maire, un des th�mes majeurs du groupe " Paris-Libert�s ", l'am�nagement du fleuve et de ses berges y participent directement.
Aussi comme vous l'a dit mon coll�gue Pierre GABORIAU, nous approuvons sans �tat d'�me vos orientations, d'autant plus que celles-ci s'inscrivent dans une vision d'ensemble de valorisation du patrimoine pour la qualit� de vie des Parisiens et dans toute sa dimension �conomique et touristique.
Vos propositions, vous les formulez aussi sans d�magogie et avec raison, c'est aussi votre m�rite, en n'occultant aucun probl�me, m�me si certains d'entre eux vont demander du temps pour �tre r�solus.
La concertation que vous souhaitez organiser avec les Parisiens pour les associer � votre d�marche sera � cet �gard bien utile, comme il sera utile, pour leur faire bien comprendre l'enjeu, de les informer encore plus, sur les calendriers des concertations que vous envisagez, et sur ses modalit�s, sur l'�ch�ancier pr�visionnel des actions � mener et des r�alisations � obtenir m�me si vous avez d�j� propos� un certain nombre d'objectifs pour l'an 2000 et la fin de l'actuelle mandature.
Quant aux d�penses, vous en avez fix� les grandes lignes, il faudra bien s�r tenir compte d'une participation de la R�gion qui est directement concern�e dans ses comp�tences.
Nous avons bien conscience des difficult�s de l'entreprise et en particulier de celle qui a trait � la multiplication des intervenants, Ville, Port autonome, voies navigables de France, brigade fluviale de la Pr�fecture de Police, service de la navigation de la Seine.
Et pour nous, groupe " Paris-Libert�s ", qui sommes attach�s aux libert�s municipales, donc au plein exercice de la responsabilit� des �lus pour plus d'efficacit�, il est indispensable de r��quilibrer au b�n�fice de la Ville, les comp�tences Etat-Ville, en donnant notamment � la Ville la pleine propri�t� de ses berges, donc la pleine responsabilit� de leur gestion.
Nous souhaitons que la n�gociation que vous allez engager avec l'Etat soit � cet �gard concluante en nous f�licitant des bonnes relations que nous avons �tablies avec le port autonome, bonnes relations qui doivent �tre dans cette n�gociation un atout.
Monsieur le Maire, en lan�ant le grand chantier de la Seine, vous avez voulu valoriser le caract�re exceptionnel d'un paysage urbain unique au monde, essentiellement pr�serv�, qui associe l'esth�tisme et le charme de la promenade aux besoins �conomiques et de communication.
J'esp�re que les uns et les autres sur les bancs de cette Assembl�e sauront avec raison, au-del� de leurs effets de manche politique, vous en donner acte.
L'inscription en 1991 du secteur historique du site fluvial de Paris sur la liste du patrimoine mondial, par l'UNESCO, t�moigne � l'�vidence de l'int�r�t universel que suscite notre ville et son fleuve ainsi pour partie distingu�e et juridiquement prot�g�e, mais c'est la totalit� de la travers�e de la Capitale, avec aussi son histoire contemporaine, qui doit faire l'objet de notre part d'une protection particuli�re.
Mais prot�ger le patrimoine, c'est aussi en faire profiter directement les Parisiens. C'est pourquoi nous approuvons totalement le projet d'assurer une continuit� des promenades pi�tonni�res entre le Parc de Bercy et le Parc Andr�-Citro�n ; une promenade d�barrass�e � terme des voitures, des autocars, et agr�ment�e d'espaces verts.
Si la Seine est un miroir que l'on nous envie, encore faut-il que les images qui s'y r�fl�chissent en soient dignes.
C'est le plan lumi�re que vous avez pr�vu, l'�clairage des ponts, la mise en valeur des monuments et des ouvrages d'art, mais c'est aussi permettre la pleine utilisation d'un parcours r�nov� par la mise en oeuvre compl�te d'un plan d'�clairage public qui permette � chacun de se promener le soir en toute s�curit�.
La s�curit� c'�tait, et c'est toujours, une pr�occupation. Il y a d'ailleurs un point sur ce sujet qui m�rite d'�tre bien �tudi� et qui a trait aux travaux envisag�s pour la transformation de la gare R.E.R. Champs-de-Mars-Tour Eiffel.
Il est inenvisageable que le quai ne soit pas prot�g� et qu'il reste ouvert sur le r�seau, engendrant ainsi ins�curit� et vandalisme.
Pensons � ce qu'il adviendrait du site si le flot continuel des voyageurs se d�versait directement sur la berge.
En outre, le projet implique la destruction d'un tunnel surplomb� d'un jardin, de la terrasse arbor�e et paysag�e dominant le port de Suffren le long du quai Branly. Il ne faudrait pas que l'am�lioration de la fluidit� du trafic R.E.R. et la modernisation de la gare entra�nent des nuisances insupportables et l'annulation des efforts engag�s pour la protection du site et des berges.
Justement les Parisiens aiment fl�ner sur ces berges.
L'ouverture aux pi�tons et aux cyclistes de la voie expresse les dimanches en est un bon exemple.
C'est une initiative heureuse largement pl�biscit�e. Mais animer le paysage exceptionnel de la Seine, c'est aussi veiller � la qualit� culturelle des structures implant�es.
L'ouverture du Mus�e de la marine sur l'eau, me semble �tre une bonne id�e et l'exp�rience du Belem, ancienne corvette, fantastique invitation au voyage, devrait �tre renouvel�e.
Des bateaux de la Royale pourraient mouiller au coeur m�me de Paris, t�moins d'une histoire fabuleuse et d'un prestige aujourd'hui trop vite oubli�s.
Quant � la Maison de la po�sie, elle devrait tout naturellement pouvoir se nicher sur les berges du fleuve qu'elle a si souvent chant�.
Comment enfin ne pas approuver toutes ces mesures � caract�re festif et d'animation que vous envisagez.
La promenade, la vocation ludique, ces principes chers aux Parisiens, ils �taient implicites dans le cadre du Plan d'occupation des sols de 1989, qui pr�voyait un red�ploiement des activit�s industrielles du port en aval et en amont.
Depuis, beaucoup a �t� fait, mais des verrues subsistent qui d�naturent le site et gr�vent sensiblement l'environnement des riverains.
Vous avez rappel� vous-m�me, Monsieur le Maire, les ports de la Bourdonnais, de Javel-Bas, d'Austerlitz, de la Conf�rence... autant d'interruptions, d'obstacles � la continuit� des cheminements qu'il faut supprimer.
Mais il ne faudrait pas pour autant cr�er de nouvelles contraintes, et l'�lu du 16e que je suis, ne peut que vous rappeler l'opposition des �lus de cet arrondissement � toute extension du port du Point-du-Jour comme � l'installation d'une centrale � grave qui dans un milieu urbanis� de logements sociaux viendrait cr�er de nouvelles nuisances pour l'environnement.
Mais ce qui b�n�ficie aux Parisiens, la mise en valeur et le respect d'un site unique au monde, doit pouvoir aussi s'affirmer comme un attrait suppl�mentaire pour les nombreux touristes qui fr�quentent chaque ann�e la Capitale.
C'est un enjeu culturel, touristique et donc �conomique que mon coll�gue Pierre GABORIAU a largement d�velopp� dans son intervention. Mais il ne faudrait pas non plus que le tourisme de masse, sa rentabilit� ne nous conduisent � transformer les rives en un doucereux Disneyworld.
Il est donc n�cessaire de veiller � la qualit�, � l'esth�tisme, � la s�curit� des bateaux-logements qui jalonnent les rives d'amont en aval et qui repr�sentent � l'�vidence une animation sympathique, traditionnelle des berges parisiennes.
Il convient de surveiller l'entretien et l'exploitation des bateaux pour touristes qui pour certains, par leur vitesse excessive, laissent le long des quais � chaque passage un chaos de bateaux en folie qui tirent sur leurs amarres, risquent de se percuter et heurtent violemment les perr�s.
Il faut contr�ler les autorisations accord�es g�n�reusement � des �tablissements dont le d�cor, l'exploitation et la qualit� rel�vent parfois plut�t de l'insipide restauration internationale que de la tradition et du bon go�t fran�ais.
Enfin, nous ne pouvons qu'approuver votre volont� d'accentuer la vocation de la Seine � �tre une voie naturelle des transports urbains.
C'est l� un souhait exprim� depuis longtemps par le groupe " Paris-Libert�s ", Jean-Pierre PIERRE BLOCH comme Patrick TR�M�GE s'en sont fait largement l'�cho pour compl�ter heureusement et soulager les transports traditionnels de surface, transports qui pourraient, apr�s concertation avec les communes int�ress�es, d�passer les limites de Paris en amont et en aval.
Le d�veloppement des bateaux-bus, que vous pr�conisez, est l'une des solutions et, l� aussi, dans le cadre de la lutte contre la pollution mise en oeuvre par votre adjoint Patrick TR�M�GE, il nous faudra encourager la propulsion �lectrique.
Bref, le chantier est lanc�. Les objectifs, les projets, les id�es ne manquent pas. Il demandera du temps, de l'argent, de nouveaux moyens juridiques, de l'imagination mais, d'ores et d�j�, des am�liorations rapides peuvent �tre apport�es.
D'abord, faisons en sorte que la r�glementation soit mieux respect�e quant � la vitesse et � l'entretien des bateaux, quant � l'encombrement inadmissible de certaines berges qui rendent toute promenade impossible.
Assurons encore mieux la propret� des cheminements existants, comme la plantation et l'entretien d'espaces verts. Regagnons quelques lin�aires de berges en supprimant certains bateaux de taille impressionnante, � vocation d'animation qui sont en fait des bateaux ventouses et qui ne fonctionnent plus depuis des ann�es.
Mais, sachez, Monsieur le Maire, que nous serons � vos c�t�s pour promouvoir le projet ambitieux que vous nous proposez pour faire de la Seine, comme vous le souhaitez, la plus belle avenue du monde !
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Libert�s de Paris " et " Rassemblement pour Paris ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est � Mme BERTINOTTI.
Mme Dominique BERTINOTTI. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, comme l'ensemble des �lus, je me r�jouis qu'apr�s que ce site ait �t� heureusement class� par l'UNESCO, vous nous proposiez enfin un d�bat sur la mise en valeur de la Seine.
Elue du 4e arrondissement et moi-m�me riveraine du fleuve, je ne peux qu'�tre particuli�rement sensible � une volont� affich�e de r�am�nager et de valoriser les abords du fleuve.
Croyez, Monsieur le Maire, que les �lus socialistes parisiens souhaitent �galement voir r�aliser les am�nagements n�cessaires, en vue d'une parfaite int�gration de l'ensemble des berges de la Seine dans une ville moderne pr�te � entrer dans le 3e mill�naire.
Mais cela suppose que votre communication et vos propositions r�pondent � la question suivante : les objectifs que vous d�finissez, les moyens que vous y assignez permettent-ils d'adapter le patrimoine portuaire ainsi que celui des berges aux �volutions de l'�conomie et de l'urbanisme actuelles et futures ?
En d'autres termes, donnez-vous � Paris, � travers l'am�nagement de ce site, la capacit� � s'adapter � l'�volution �conomique des moyens de transport � Paris et dans la R�gion parisienne ? Donnez-vous � Paris la capacit� � s'adapter � son devenir �conomique ainsi qu'� celui de la R�gion parisienne ?
Eh bien, � la suite de la lecture de votre communication, nous pouvons avoir quelques raisons d'�tre inquiets. En effet, nous regrettons que votre d�claration qui peut sembler, � vous lire, ne pas manquer, sinon d'une certaine ambition, du moins d'une r�elle grandiloquence, ne masque en r�alit� l'absence de moyens r�els de mise en oeuvre d'une politique claire et coh�rente des transports d'une part et d'un am�nagement urbain et commercial des rives de la Seine d'autre part.
Tout d'abord, am�nagement des rives de la Seine dans le cadre d'une politique globale des transports. Dans votre propos introductif, Monsieur le Maire, vous nous indiquez qu'il faut mettre un frein � la pollution automobile, redistribuer l'espace public, favoriser les bus, les v�los, les pi�tons.
Qui ne serait pas d'accord avec cette p�tition de principe ? Personne bien �videmment. Mais le flou de votre proposition ne nous permet pas de voir en quoi votre politique va favoriser bus et v�los et r�duire le trafic automobile.
On peut donc regretter � cet effet que cette r�flexion n'int�gre pas celle d'une concertation n�cessaire avec les communes riveraines avoisinantes.
Dans ce domaine, la politique parisienne ne peut pas rester prisonni�re des choix de votre majorit� depuis trente ans qui n'ont fait qu'encourager le tout-automobile. En tout cas, nous sommes r�solument hostiles � la poursuite de ce choix politique.
La perspective de la r�alisation d'une promenade pi�tonni�re continue de 12 kilom�tres n'aura de r�el int�r�t que si dans le m�me temps ce projet est accompagn� d'une vraie r�duction de l'engorgement automobile et du trafic automobile des voies sur berges.
Ainsi, une vraie politique d'ensemble visant � r�duire consid�rablement la circulation automobile, une politique novatrice, ambitieuse qui tienne tout particuli�rement compte du caract�re central des berges de la seine et de la circulation de transit est un pr�alable n�cessaire.
Par ailleurs, il faut que l'am�nagement des berges soit l'occasion de r�gler d�finitivement le probl�me de circulation des cars. Il y a en service actuellement 3 parcs de cars souterrains, celui de Beaubourg qui est ferm� et 2 parcs de surface. Ces parcs offrent une capacit� d'accueil pour seulement 200 cars alors que l'on sait qu'en p�riode de pointe, ce sont jusqu'� 1.500 cars qui peuvent circuler dans Paris.
Nous savons tous, Monsieur le Maire, les nuisances occasionn�es pendant les p�riodes touristiques par la circulation de ces v�hicules et par leur stationnement anarchique le long des berges de la Seine et sur l'�le de la Cit�.
Vous le dites vous-m�me, il convient que les parkings p�riph�riques soient plus utilis�s. Mais pourquoi ne pas commencer par faire respecter et renforcer la r�glementation concernant les interdictions de stationner de ces v�hicules au centre de Paris ou bien trouver des formules bien plus souples que celles de ces immenses cars ?
Enfin, vous nous faites part de votre souhait de voir renforc� le transport des passagers sur la Seine et vous fixez un objectif de 200.000 personnes utilisant ce mode de d�placement, soit un doublement de la situation actuelle. On peut se poser raisonnablement la question de savoir si ce n'est pas un objectif illusoire.
La plupart des passagers transport�s sur la Seine sont aujourd'hui des touristes. Le peu d'arr�ts existants, la fr�quence trop longue des passages et surtout le co�t d'utilisation sont dissuasifs pour des personnes qui travaillent et qui vivent � Paris.
Cependant, durant les gr�ves de 1995, ce mode de transport avait trouv� sa client�le. Si nous voulons donc que le transport fluvial ne se r�sume pas uniquement � la circulation de bateaux-mouches touristiques, mais r�ponde r�ellement aux besoins des Parisiennes et Parisiens, vous devez rem�dier � ces inconv�nients. Pourquoi ne pas pr�voir un accord avec la R.A.T.P. en permettant l'acc�s gr�ce � la carte orange ?
Second point : l'am�nagement des rives de la Seine doit pour nous s'inscrire dans un v�ritable projet urbain, �conomique et commercial. De prime abord, vous annoncez, Monsieur le Maire, que l'�volution de la Soci�t� conduit � organiser l'activit� �conomique des berges de la Seine autour du tourisme et c'est sur ce principe que vous construisez l'ensemble des propositions pr�sent�es aujourd'hui : red�ploiement des activit�s industrielles en p�riph�rie, d�veloppement des zones ludiques ou de d�tente, encouragement aux activit�s touristiques. Cette seule finalit� ne manque pas de susciter des inqui�tudes quant au devenir �conomique de Paris, de sa capacit� � rester une capitale dynamique, novatrice, � la pointe de l'�volution technologique et �conomique.
Comme �lue du 4e arrondissement, je mesure trop les effets de votre politique qui fait de notre arrondissement, et c'est une expression que l'on trouve aujourd'hui dans de nombreux guides, un quartier-mus�e, avec toutes les cons�quences que cela suppose : augmentation du co�t du m�tre carr�, disparition d'activit�s �conomiques, notamment commerciales et artisanales, diminution de la population r�sidente. Bref, dans notre arrondissement, nous tendons � n'�tre plus qu'une vitrine que l'on visite ! Nous nous battrons contre cette �volution du centre de Paris. Nous ferons de m�me si tel devait �tre le cas pour les berges de la Seine.
Elus parisiens, nous devons veiller � garder, � promouvoir la diversit� des activit�s �conomiques, en un mot, d�velopper le dynamisme de cet axe central qu'est le fleuve.
Vous proposez, par exemple, de lib�rer les portes de la Bourdonnais, de Javel des activit�s industrielles encore pr�sentes.
Or la majeure partie des activit�s de ces p�les consistent en l'�valuation des pr�-acheminements de mat�riaux de construction. N'oublions pas que chaque barge de transport fluviale repr�sente l'�quivalent de 224 millions. Fermer ces portes am�nerait in�vitablement une augmentation du trafic des camions. Cela n'aura pour effet que de renforcer les probl�mes de circulation et de pollution.
Vous proposez ensuite de favoriser l'ouverture de p�niches assurant les activit�s �conomiques li�es au tourisme qui pourrait s'amasser le long des quais. Nous ne sommes pas hostiles au d�veloppement d'activit�s �conomiques sur l'eau mais encore faudrait-il se donner les moyens de s'assurer que ces activit�s pourront correspondre � de v�ritables besoins, et faire en sorte qu'une r�partition harmonieuse permettra d'�viter la cr�ation de zones sans �mes. C'est � vous, Monsieur le Maire, en tant qu'�lu du 5e arrondissement que je m'adresse directement. En effet, vous mesurez chaque jour les cons�quences des choix op�r�s dans le quartier de la Huchette ou du boulevard Saint-Michel.
Cependant vous prenez le risque - car tel est le sens de vos propos - de cr�er une situation similaire sur les quais. Permettez-moi de m'en �tonner !
Il semblerait pr�f�rable d'engager une v�ritable concertation. En effet, quel dommage de constater, une fois de plus, que les �lus de l'opposition ne participent pas � la commission que vous proposez de cr�er : architectes, g�ographes, historiens vont y participer, c'est tr�s bien, mais l'absence de repr�sentants des diff�rents groupes politiques de la capitale est regrettable. Pourquoi ne pas nous associer au travail en amont et pas simplement au travail en aval ?
Cela �viterait de nombreux conflits.
Je rappelle qu'il appartient aux politiques de d�finir et de fixer les r�gles d'urbanisme commerciales permettent de faire c�toyer en bord de Seine, activit�s touristiques, activit�s de commerce et d'artisanat et activit�s industrielles.
C'est aux politiques d'�laborer un plan d'am�nagement des rives de la Seine qui corresponde � une v�ritable diversit� et compl�mentarit� des activit�s �conomiques et touristiques.
Seules une v�ritable volont� politique, accompagn�e des moyens n�cessaires, et une concertation avec tous les partenaires peuvent conduire � un am�nagement judicieux des berges de la Seine.
Si tel n'�tait pas le cas, nous r�duirions l'am�nagement des Berges de la Seine � la simple protection d'un patrimoine unique, oubliant sa n�cessaire valorisation qui ne peut se r�duire � sa seule fonction touristique et parce que la diversit� des activit�s situ�es sur le fleuve est bien synonyme de dynamisme �conomique; le fleuve doit rester un espace �conomique vital, afin d'offrir de nombreux services permettant l'am�lioration des conditions de vie des parisiens.
Depuis l'Antiquit�, la Seine a toujours �t� un v�ritable carrefour, lieu d'�changes, de transactions �conomiques, lieux de travail, lieux de sociabilit�.
Le fondement de la prosp�rit� parisienne, c'est la Seine. D'autres orateurs avant moi l'ont dit. Paris est n� de la Seine et je voudrais juste rappeler que l'embl�me qui est juste au-dessus de vous, repr�sente un vaisseau. Ce n'est pas par hasard. Il ne faudrait donc pas qu'une vision limitative, somme toute conservatrice, ne fasse qu'au XXIe si�cle, ce soit la Seine qui tue Paris. Merci.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. La parole est � M. LECOQ.
M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, il est important et symbolique que vous ayez voulu consacrer une de nos s�ances � l'�vocation du grand fleuve qu'est la Seine, et qui bien entendu, comme chacun le sait, est � l'origine de notre ville.
Important parce que la Seine conna�t � nouveau, depuis quelques ann�es, une forte activit� �conomique, voyant simultan�ment son trafic se d�velopper par � la mise en oeuvre de nouveaux bateaux et de nouvelles techniques, tandis que le nombre des passagers se d�veloppe !
Symbolique parce que la Seine, c'est Paris, c'est notre fleuve qui fut � l'origine du premier peuplement, qui en grossissant donna naissance � Lut�ce, puis � Paris.
Pendant des si�cles, la vie s'organisait autour du fleuve qui rythmait la majeure partie des activit�s �conomiques et humaines.
Il fallut attendre la seconde partie du XXe si�cle, si�cle que nous avons travers� et qui s'ach�ve, pour voir se distendre la relation entre les parisiens et leur fleuve.
En effet le d�veloppement d'activit�s industrielles li�es au secteur du BTP, l'utilisation d'une partie des berges pour les besoins du trafic automobile et l'enchev�trement des responsabilit�s et des acteurs, agissant sur le domaine fluvial, se traduit par la pr�sence de bateaux et d'activit�s diverses qui, reconnaissons-le, enlaidissent le fleuve et ses berges.
Pendant plus de 30 ans, le lien fort et affectif qui liait les parisiens, et d'ailleurs au-del� souvent des limites de Paris, les habitants du Centre, de la R�gion, ce lien se dissolv�t.
A la fin des ann�es 1970, les parisiens bien souvent n'avaient plus le contact avec leur fleuve qui leur apparaissait domestiqu�, aseptis�, voire lointain tr�s souvent. Ce fut tout l'int�r�t de la Charte adopt�e en 1978 sous l'impulsion de Jacques CHIRAC, pour la premi�re fois, depuis longtemps car Paris affirmait clairement sa volont� de reconqu�rir ses berges tout en organisant le regroupement des activit�s industrielles et portuaires sur certains sites.
D�s cet instant, commen�a un long travail de reconqu�te et d'am�nagement des berges de la partie centrale qui fit rapidement l'admiration de tous et qui trouva sa concr�tisation dans le classement par l'UNESCO, des berges de la Seine dans le patrimoine mondial.
En 1988, autre �tape, la Ville devint propri�taire des ponts, dont l'�tat assurait jusqu'� cette date, la gestion.
Nous nous apercevons, depuis quelques ann�es, que ce fut d'ailleurs une gestion bien l�g�re, puisque tous les ponts de la capitale font, depuis quelques ann�es, l'objet de travaux consid�rables, travaux d'entretien et de confortation.
Aujourd'hui, Monsieur le Maire, vous voulez donner un nouveau d�part � cette politique de valorisation de la Seine et vous attendez de tous les acteurs agissant sur le domaine fluvial une meilleure coop�ration. En effet, si les berges notamment la partie centrale, ont �t� fort bien refaites, en revanche, de part et d'autre, les voies de circulation et surtout les implantations industrielles �parses contrarient la promenade.
Permettre aux parisiens, permettre aux franciliens et aux millions de touristes qui fr�quentent la capitale de pouvoir d�ambuler en toute qui�tude, le long de la Seine, est un objectif ambitieux et qu'il faut s'efforcer de mettre en oeuvre rapidement. Cela suppose bien �videmment un effort financier de la ville, et surtout cela exige que l'ensemble des autorit�s d'administration et d'Etat parisiennes apprennent � travailler ensemble et rapidement.
Vous avez indiqu� tout � l'heure, Monsieur le Maire, les tr�s nombreux endroits o� la situation peut et doit s'am�liorer pour la plus grande satisfaction des parisiens. C'est tr�s bien ! Mais encore faut-il que les Parisiens puissent acc�der aux quais bas, les quais hauts accueillent souvent une circulation importante.
On ne redonnera aux gens l'envie de fr�quenter la Seine que si on leur permet d'y acc�der facilement.
Il y a donc un d�fi tr�s concret � relever : celui de r�ussir � att�nuer et voire � abolir dans certains endroits la coupure repr�sent�e par la circulation des quais, qui trop souvent dissuadent nos concitoyens d'acc�der � la Seine.
S'agissant d'une r�glementation sp�cifique en mati�re d'urbanisme concernant les immeubles situ�s sur les quais, nous ne pouvons que l'approuver et y souscrire dans la mesure o� cela emp�chera toute construction disgracieuse, qui alt�rerait l'harmonie actuelle de leurs fa�ades.
Dans le 6e arrondissement, cette r�glementation pourrait d'ailleurs s'ins�rer dans le P.O.S. sp�cifique que j'ai demand� pour les quartiers nord s'�tendant du boulevard Saint-Germain jusqu'aux Quais de Seine.
Mes chers coll�gues, nous souhaitons tous, je pense, la mise en oeuvre de ce beau programme qui devrait recueillir l'assentiment g�n�ral dans notre Assembl�e. Il est �vident que rien ne se fera rapidement si l'ensemble des acteurs en charge de ces probl�mes ne se mobilisent pas et ne font pas passer l'int�r�t g�n�ral au-dessus des querelles subalternes engendr�es tr�s souvent par des gens incomp�tents.
Chaque autorit�, dans son domaine, ne doit pas h�siter � se transformer, et � se r�former.
Un regrettable incident qui vit, cet �t�, un bateau promenade heurter une pile de ponts, nous a rappel�s que la navigation sur Seine, notamment durant l'�t� doit ob�ir et respecter les r�gles �dict�es par le service de la Navigation. Il lui appartient de prendre les mesures qui s'imposent et, dans ce domaine particulier des bateaux utilisant les projecteurs et les haut-parleurs surdimensionn�s quand ils naviguent dans le centre historique, de leur adjoindre d'y mettre un terme comme, � deux reprises, j'ai pu en parler par le biais des questions �crites sans aucun r�sultat.
Voil� Monsieur le Maire, mes chers coll�gues les r�flexions que je souhaitais d�velopper dans le cadre de ce d�bat que je vous remercie et vous f�licite, Monsieur le Maire, d'avoir bien voulu inscrire � l'ordre du jour de notre s�ance.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Mme DURAND.
Mme Fran�oise DURAND. - Il est certain que la Seine constitue un attrait incontestable pour notre cit�. Elle est un atout majeur pour le rayonnement international de Paris, son rayonnement culturel, mais aussi son d�veloppement �conomique dont le tourisme est devenu l'une des composantes essentielles.
La Seine exerce une fascination qui n'a rien � voir avec la Tamise et ses brouillards ou les berges du Tibre. La Seine est un mythe dans l'imaginaire mondial, qui s'est aussi construit avec les artistes, les peintres, les �crivains, les cin�astes, les photographes et les po�tes et dont Blaise Cendrars disait d'elle " qu'elle est un po�me dans Paris ".
C'est pourquoi l'UNESCO a class� comme patrimoine mondial en 1991 le paysage fluvial compris entre le pont de Sully et celui d'I�na en rive droite et jusqu'au pont Bir-Hakeim en rive gauche.
Vous affirmez, Monsieur le Maire, la double ambition de valoriser le site et de rendre la Seine aux parisiens. Ces deux ambitions sont indissociables. Si elles sont une fin en elles-m�mes, elles ne peuvent que favoriser le tourisme. C'est �vident pour la premi�re, et pour la seconde, il est certain que beaucoup de touristes cherchent � rencontrer les parisiens.
Un fleuve mus�e comme appara�t souvent la Seine lors des croisi�res fr�quent�es par les �trangers, est pour eux d'un int�r�t tout relatif.
Il faut restituer son sens au site originel de Lut�ce qui s'est construite sur les rives de la Seine, mais l� o� l'�le de la Cit� en favorisait le passage et �tait un carrefour, un lieu de rencontres entre la voie fluviale Est-Ouest et la voie terrestre Nord-Sud.
Vous faites, Monsieur le Maire, de belles propositions pour am�nager les berges de la Seine. Ces propositions renforcent la vocation touristique de Paris. L'on ne peut qu'approuver la mise en lumi�re des ponts de Paris et l'�clairage des berges qui, outre l'esth�tique, contribue � en assurer la s�curit�.
Il en va de m�me pour l'am�nagement pi�tonnier des 12 kilom�tres de berges qui s�parent le parc de Bercy � l'est du parc Andr�-Citro�n � l'ouest, allant d'une rive � l'autre en empruntant deux passerelles. Se promener, fl�ner sur les bords de Seine devient possible.
Le d�veloppement du trafic fluvial est positif ainsi que la cr�ation d'un nouveau port fluvial. Vous encouragez le trafic passagers, mais pourquoi s'en tenir aux touristes essentiellement ?
Ne peut-on concevoir des bateaux �cologiques qui seraient utilis�s � la fois par les Parisiens et les touristes, m�me si Paris n'est pas Venise �videmment ?
Ces bateaux seraient plus rentables et favoriseraient la rencontre des �trangers et des parisiens. Le rapport des parisiens � leur ville s'en trouverait modifi�, les rythmes de vie apais�s et plus conformes aux rythmes naturels.
Evidemment, il ne faudrait pas, Monsieur le Maire, que ces projets ne restent que des projets. Le financement de ces travaux s�duisants est pos� avec force quand on prend la mesure des travaux d'art et d'ajustement n�cessaires pour la seule promenade pi�tonni�re, le scepticisme grandit quand � leur r�alisation.
Vous voulez, Monsieur le Maire, rendre la Seine aux parisiens. C'est le gage d'un fleuve vivant, attirant pour les touristes. Vous d�plorez dans votre communication qu'une logique d'isolement, d'indiff�rence se soit progressivement install�e entre le fleuve et ses habitants.
Mis � part les quais hauts, la majorit� porte la responsabilit� en grande partie de cette logique de s�paration. Les voies rapides sur berge install�es dans les ann�es 70 ont transform� la Seine en un axe de circulation pour des milliers d'automobilistes. Tout ce qui faisait les d�lices de l'objectif de Robert Doisneau " les p�cheurs � la ligne ", " les fl�neurs ", toute la vie des berges a �t� balay�e. La pollution de l'air et de l'eau s'est install�e � sa place. Aujourd'hui, Monsieur le Maire, vos propositions ne vont pas dans le sens d'une v�ritable reconqu�te des voies sur berge par les Parisiens et ses visiteurs. Pourtant, le succ�s �vident de l'ouverture chaque dimanche des voies sur berge aux promeneurs indique clairement les aspirations des Parisiens.
L'assainissement des eaux de la Seine est loin d'�tre r�alis�, malgr� le plan adopt� par cette assembl�e en 1978. Des progr�s ont eu lieu, mais il est loin encore le temps o� l'on pourra ouvrir des restaurants de poissons de Seine et les d�guster !
Enfin, votre politique immobili�re qui encourageait la sp�culation et la hausse des loyers a chass� le Paris populaire dans les banlieues. Le Titi parisien dont l'argot enthousiasmait les voyageurs, le Paris Canaille qui �tait un genre litt�raire ou cin�matographique ont disparu des rives de la Seine. Aujourd'hui celle-ci traverse presque exclusivement les beaux quartiers.
Vous tentez, Monsieur le Maire, de r�parer ces outrages ou plut�t de les compenser par des activit�s festives de loisirs, des animations culturelles et commerciales qui attireront la foule et les touristes. C'est une bonne id�e de renouer gr�ce � une f�te annuelle sur la Seine avec la tradition des f�tes du 17e et 18e si�cles sur les berges et les ponts du fleuve.
Le Mondial, les festivit�s pour l'an 2000 sont un moment opportun. Le groupe socialiste, par la voie de M. Bertrand DELANO�, a �mis des propositions � la hauteur de ces �v�nements.
Vous faites d'autre part des propositions sectoris�es le long de la Seine pour des activit�s sportives, culturelles, commerciales de loisir et d�tente, mais elles restent encore bien floues. C'est aujourd'hui l'occasion de faire appel � la concertation de proximit�, � la cr�ativit� des parisiens pour qu'ils renouent avec leur fleuve, se l'approprient et contribuent � l'adapter aux exigences du XXIe si�cle. La Seine, patrimoine mondial suppose la concertation avec la r�gion et l'Etat. Ainsi, le fleuve, la ville et ses habitants trouveront un nouvel �quilibre o� le tourisme trouvera sa place.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur BLET, pour deux minutes...
M. Jean-Fran�ois BLET. - Vous nous pr�sentez une contribution importante, int�ressante. Je souhaiterais pouvoir en d�battre sereinement, dans un laps de temps raisonnable...
Deux minutes, autant se taire !
Les berges de Seine sont tr�s convoit�es. Les parisiens r�vent � juste titre de longues promenades paysag�res r�conciliant la ville avec son fleuve. Le Port Autonome souhaite maintenir des activit�s portuaires, les automobilistes revendiquent d'occuper l'essentiel de ces berges, les ayant transform�es en autoroutes certes panoramiques, mais pestilentielles pour les parisiens.
Aujourd'hui, les voies express repr�sentent un lin�aire de plus de 8 kilom�tres, soit un quart du lin�aire total des berges qui est d'environ 25 kilom�tres, ce qui est consid�rable. Environ 150.000 v�hicules par jour en moyenne y transitent selon vos propres chiffres. Toute reconqu�te des berges devrait donc commencer par la r�duction de l'emprise des voies express qui y constituent la seule v�ritable nuisance. Mais inscrite en d�cembre 1991 par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial, l'essentiel de ces berges est aujourd'hui occup� par de v�ritables autoroutes urbaines sur pr�s de 4,3 kilom�tres.
M. F�d�rico MAYOR, directeur de l'UNESCO, souhaitait-il par ce classement impulser la reconqu�te de ces berges ou bien voulait-il inscrire dans le patrimoine mondial l'existence m�me de ces autoroutes polluantes ?
Loin d'�tre mis en valeur, les quais de pierre et les perspectives visuelles sont aujourd'hui d�natur�s par ces voies express de bitume, encombr�es par un flot continu de carcasses m�talliques.
L'objectif est clair, nous vous demandons Monsieur le Maire, un v�ritable Plan programm� pour la lib�ration totale des berges de la Seine de l'invasion automobile. Le p�rim�tre de protection d�fini par l'UNESCO est d�figur� par 4,3 kilom�tres d'autoroutes sur berges. Elles doivent dispara�tre. Supprimez-les ou enterrez-les, mais d�barrassez en d�finitivement les parisiens.
Mettre en valeur la Seine, c'est en finir avec cette d�chirure b�ante qui d�nature ce site prestigieux. Proc�dez par �tape. D�terminez un calendrier, �radiquez les 2 kilom�tres rive droite, puis les 2 kilom�tres rive gauche, situ�s au coeur de Paris, puis attaquez-vous aux 4 kilom�tres restants situ�s hors p�rim�tre UNESCO.
Vous voulez combattre le stationnement des voitures sur berges. C'est bien, mais quid de la circulation, y compris sur les quais hauts ?
La fr�quentation des bouquinistes n�cessite d�sormais un masque � gaz.
Qu'Airparif installe des capteurs de proximit� sur les trottoirs des bouquinistes, vous mesurerez alors l'�tendue des ravages dus au d�ferlement automobile sur les quais.
Si vous voulez limiter la circulation de transit dans Paris, attaquez-vous aux axes majeurs qui en sont le vecteur. C'est � ce prix que de v�ritables quartiers lib�r�s de l'automobile pourront voir le jour dans tous les arrondissements de Paris. C'est la condition sine qua non d'une mise en valeur de cet espace public fabuleux qu'est la Seine. La Seine ne doit plus �tre une autoroute urbaine.
Le Plan d'occupation des sols de 1989 a repouss� les activit�s portuaires aux extr�mit�s Ouest et Est de la Capitale, en amont du pont de Tolbiac et en aval du pont Garigliano. Il s'agit des secteurs du P.O.S., d�nomm�s UPc.
Il n'est pas question de supprimer totalement ces activit�s, car elles restreignent de mani�re non n�gligeable le transit de camions au travers de la capitale et de sa proche banlieue.
Faut-il pour autant priver les Parisiens de l'acc�s au fleuve ?
Y a-t-il incompatibilit� entre les deux ?
Cette question fondamentale des rapports entre la Ville et son port a �t� abord�e depuis longtemps dans de nombreuses villes du monde et plus tardivement en France. Elle a notamment fait l'objet de plusieurs �tudes de Plan urbain au Minist�re de l'Equipement.
A l'instar de ces projets, Monsieur le Maire, d�finissez un environnement agr�able, subtil et pertinent de la partie en amont du pont de Tolbiac au pied des b�timents des Grands-Moulins, futur site universitaire de la Z.A.C. " Paris-Rive gauche ".
M�nagez une ouverture, un acc�s direct du p�le artistique d�limit� par les Frigos et Mitjaville sur la Seine.
Du pont de Tolbiac au pont Nationale, lib�rez les 800 m�tres de berges. Elles sont l'espace naturel du futur campus, son indissociable poumon. Des milliers d'�tudiants, les rendront � la vie. Lib�rez-les, � d�faut, les �tudiants s'en chargeront et vous nous programmerez l� un bien joli conflit.
Mais le principal obstacle � la mise en oeuvre de votre projet r�side dans le statut particulier de la Seine, espace public relevant du domaine de l'Etat. La v�ritable difficult� est li�e � l'absence de partenariat, l'occulter pour ne pas froisser le Port autonome ne saurait rem�dier � des relations qui reste conflictuelles, le syst�me des amodiations dont b�n�ficie le port autonome s'av�rant tr�s rentable.
Les superpositions de gestion impos�es par l'histoire, paralysent l'action de la Ville. Tant que l'Etat exercera un droit de regard et de souverainet� sur la Seine, la Ville de Paris sera entrav�e.
Le cas de l'�le aux Cygnes situ�e entre les ponts de Bir-Hakeim et de Grenelle est caricatural ; son statut d�pend du Port autonome pour son perr� b�bord, de la Ville pour le jardin am�nag� dessus et de l'Etat pour le perr� tribord.
Une red�finition des comp�tences s'impose.
Il faut �laborer un cadre juridique nouveau, coh�rent et contraignant ; c'est la condition m�me de tout projet durable.
La Mission Seine n'aura d'impact que si par-del� son r�le consultatif, elle devient un v�ritable outil op�rationnel.
La r�vision du P.O.S. de 1989 doit �tre compl�t� en ce sens par l'�laboration d'une Charte op�rationnelle d'am�nagement du fleuve.
Sur l'am�nagement enfin, il importe de valoriser la Seine en tant qu'espace fluvial et non comme un support d'activit�s disparates.
Une v�ritable mise en sc�ne de la Seine doit prendre appui sur la conscience du fleuve, ses fonctions vitales, son imaginaire et non plus se dissoudre dans la repr�sentation d'un fleuve esth�tis�.
Les berges ont une identit� socioculturelle forte qu'il convient de respecter et non de noyer sous un flot d'activit�s disparates -internet, d�fil�s de modes, roller, po�sie, march�s; etc.
Quel est le lien entre ces activit�s sportives, culturelles et commerciales et la Seine ?
Une red�finition rigoureuse des concepts d'animation li�s � l'eau est un pr�alable indispensable.
Un projet d'am�nagement doit valoriser enfin la totalit� d'un site, dans son lin�aire certes, mais aussi dans ses transversalit�s.
La Seine est f�d�ratrice des plus grands monuments et jardins de Paris, historiquement elle est au c?ur de la composition urbaine de la Capitale.
Les Parisiens doivent se r�approprier leur fleuve par des am�nagements et des op�rations ponctuelles qui nourrissent l'imaginaire fluvial. Elle doit aussi �tre pens�e pour les habitants de ses quartiers riverains.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Vous avez largement d�pass� votre temps de parole !
M. Jean-Fran�ois BLET. - Je termine par quelques suggestions que vous aurez certainement l'honneur et le plaisir de r�aliser.
La plaisance doit �tre d�velopp�e, elle est r�serv�e � une �lite : le Touring Club, le grand public ne disposant que de bateaux mouches tapageurs et bruyants.
La p�che, bien s�r, mais au regard de la qualit� de l'eau et des poissons, il convient d'attendre la baignade de Jacques CHIRAC annonc�e en 1977 pour 1987. L'impulser serait prendre un risque sanitaire auquel Jacques CHIRAC se refuse obstin�ment.
Des manifestations nautiques, �v�nementielles, type les voiles de la libert� � Rouen en 1990 et 1994, ou � Brest en 1992 et 1996, de m�me des feux d'artifice sur l'eau � l'image des mariages princiers du XVIIe si�cle, des joutes fluviales, des d�fil�s d'embarcation illumin�es.
Des bains, une, deux, trois, piscines Deligny � l'ouest, mais aussi � l'est, une succession de bains, une v�ritable plage, de Tolbiac � Nationale face au campus universitaire de " Paris-Rive gauche ".
Il faut adapter les propositions de mise en valeur au contexte fluvial et reconsid�rer la Seine non comme un support d'animation et de fonctionnalit�s h�t�roclites, mais comme un espace naturel majeur, l'espace d'un fleuve.
Porteur d'un imaginaire li� � son caract�re naturel aux festivit�s qui s'y d�roulaient jadis, aux bains qui fleurirent au d�but du si�cle. Alors et alors seulement les Parisiens pourront se r�approprier leur fleuve.
Alors et alors seulement, nous l'esp�rons, tout n'y sera qu'ordre et beaut�, luxe, calme et volupt�.
M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. BORDET.
M. Xavier-Marie BORDET. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, � Paris, vous le savez, tout concoure et converge vers la Seine. Ce fleuve a largement fa�onn� l'image de notre cit�.
Evoquer la Seine � Paris, c'est donc d'une certaine mani�re �voquer une �vidence absolue, historique, mais pendant longtemps, pr�cis�ment, cette �vidence a conduit � l'oubli, de sorte que la Ville s'est peu � peu coup�e de son fleuve.
Vous avez rappel�, Monsieur le Maire, cette �volution ancienne, et je dois dire que c'est tout � l'honneur de votre pr�d�cesseur d'avoir, d�s le lendemain de son �lection en 1978, engag� un premier projet de reconqu�te du fleuve et de ses berges au service des Parisiens.
Car, contrairement � ce que j'ai pu lire r�cemment, beaucoup a �t� fait ces vingt derni�res ann�es, et vous vous en souvenez, mes chers coll�gues, sous l'impulsion de la municipalit�.
Des travaux importants ont �t� entrepris sur les berges basses, notamment dans le centre historique.
Les ponts ont �t� r�nov�s, la passerelle des Arts reconstruite et le port de l'Arsenal am�nag�.
Parall�lement, les activit�s portuaires ont �t� redistribu�es de fa�on plus rationnelle et plus ramass�e. 4 hectares de berges ont ainsi �t� ouverts aux Parisiens et ces dispositions ont �t� traduites sous la forme de zones particuli�res dans le Plan d'occupation des sols.
Des op�rations d'urbanisme importantes ont enfin �t� lanc�es sur les rives du fleuve, � l'amont et � l'aval, dans un environnement remarquable qu'il convient d�sormais de parachever.
Tout cela, chacun peut le constater et donc reconna�tre l'effort important que nous avons d�j� engag� le long de cet espace majeur de Paris.
Mais il est vrai que le temps a pass� et que le monde �volue.
Il �tait donc indispensable qu'un nouveau souffle soit donn� � notre action, comme vous l'aviez annonc� dans votre communication sur l'urbanisme en avril 1996.
Les orientations que vous indiquez aujourd'hui, Monsieur le Maire, pour donner corps � cette nouvelle impulsion, sont nombreuses, ambitieuses et pr�cises. Elles me paraissent toutes extr�mement positives et seront, j'en suis convaincue, soutenues par notre assembl�e.
Qu'il s'agisse des r�gles relatives au traitement des berges, de la mise en lumi�re sur site, du fleuve et du renforcement du trafic fluvial de passagers, qu'il s'agisse encore de l'ouverture d'un second port de plaisance, de la cr�ation d'une promenade continue en rive du fleuve et de votre volont� de faire de la Seine un lieu central de vie, de loisirs et de culture. Tous ces objectifs m'apparaissent excellents. Ils sont � la hauteur de l'enjeu et doivent �tre soutenus.
Si vous me le permettez, je souhaiterais d'ailleurs insister sur ce qui me para�t �tre le sens le plus fort de ce projet pour la Seine, comme vous le soulignez dans votre communication.
Toutes ces propositions s'organisent, en effet, autour d'un id�e tr�s juste et tr�s belle, selon laquelle le site de la Seine n'est pas seulement form� des berges et des ponts qui l'encadrent, mais d'un site beaucoup plus large comprenant les quais hauts, les grandes compositions urbaines et, en r�alit�, tous les quartiers qui l'entourent.
La Seine offre, en effet, cette occasion unique de permettre ais�ment de parcourir l'histoire de Paris, depuis son coeur le plus ancien pr�s de Saint-Julien-le-Pauvre, Notre-Dame et le quai de Montebello, jusqu'� ses d�veloppements p�riph�riques les plus r�cents comme Citro�n-C�vennes, Bercy et " Paris-Rive gauche ".
Emprunter la promenade que vous nous sugg�rez, Monsieur le Maire, c'est bien s�r avoir la possibilit� de longer le fleuve sur plus de 12 kilom�tres, mais c'est aussi et peut-�tre surtout, gr�ce � cette coupe temporelle dans l'histoire de notre ville, pouvoir v�ritablement comprendre Paris, saisir la qualit� et la vari�t� de ses quartiers, mais aussi dans certains cas, leurs difficult�s.
La Seine refl�te toute la diversit� des paysages de Paris. Elle doit aussi refl�ter toute la diversit� de ses pratiques.
Elle doit permettre � chaque quartier riverain, d'en tirer le meilleur parti, dans le respect, bien entendu, des exigences qui s'imposent au fonctionnement d'ensemble de la Capitale.
C'est � cet objectif encore que r�pond votre souci de multiplier les activit�s les plus diverses sur les rives et d'y organiser des grandes sites de manifestations, prolongeant ainsi une tradition s�culaire de l'am�nagement de la capitale.
Vous avez, enfin, Monsieur le Maire, soulign� l'importance de la m�thode qu'il convenait de retenir pour r�aliser ce projet ambitieux. Vous avez en particulier rappel� la n�cessit�, � partir du cadre directeur ainsi dessin�, d'adopter une d�marche tout � la fois pragmatique et concert�e.
Ces deux attitudes, qui marquent l'action que vous avez demand�e d'adopter en mati�re d'urbanisme, sont tout aussi essentielles pour mener � bien un tel projet.
La Seine et ses rives sont en effet une art�re vitale pour Paris. Leur r�am�nagement s'accommoderait tr�s mal de l'affirmation de quelques mesures excessivement sch�matiques et co�teuses, appliqu�es de fa�on autoritaire. Les Parisiens, d'ailleurs, ne l'accepteraient pas.
Plusieurs dispositions propos�es sont d'ailleurs, nous le savons, complexes � mettre en oeuvre et demanderont encore de nombreuses �tudes. Nous devons donc nous appuyer maintenant sur les Parisiens et leurs repr�sentants �lus et associatifs, mais aussi sur nos partenaires de l'Etat, de la R�gion et l'ensemble des acteurs �conomiques et institutionnels pour les ajuster avec rigueur et les traduire progressivement dans les faits.
C'est pr�cis�ment cette d�marche tout � la fois volontaire, pragmatique et �volutive que nous avons engag�e dans le Sud-Est de Paris, et particuli�rement � " Paris-Rive gauche ", dans le cadre de la concertation men�e avec les habitants des nouveaux quartiers et les associations concern�es.
Dans de telles occasions, nous devons � la fois aller vite pour ne pas d�cevoir ceux qui attendent les r�alisations annonc�es, mais aussi disposer du temps n�cessaire pour convaincre nos partenaires institutionnels et s'assurer du plus large accord des habitants sur les dispositions propos�es.
Chacun peut l'observer, par exemple, les Magasins g�n�raux sont toujours pr�sents au pied du quai d'Austerlitz. Mais notre volont� est bien de r�am�nager ces berges pour la promenade, comme le pr�voit le plan d'am�nagement de " Paris-Rive gauche ".
C'est pourquoi vous avez tr�s r�cemment d�lib�r�, mes chers coll�gues, sur la signature d'une convention entre la Ville et le Port autonome qui va nous permettre de progresser activement sur cette question. Je trouve d'ailleurs paradoxal que cette convention nous ait valu quelques critiques sur son opportunit� au moment o� elle a �t� pr�sent�e.
Chacun voit bien aussi, aux abords de la Biblioth�que nationale de France, qu'il nous faudra, � court terme, lib�rer les berges basses du stationnement qui l'occupe et ralentir la circulation sur le quai haut.
Nous en discutons, Jacques TOUBON et Anne-Marie COUDERC, aussi bien avec les associations qu'avec les nouveaux habitants des quartiers riverains et des repr�sentants de la biblioth�que. Nous pr�parons ensemble des dispositions n�cessaires pour am�liorer � bref d�lai cette situation, c'est-�-dire l'ouverture de la ligne " METEOR ". C'est une question de coh�rence.
Je dis tout cela, Monsieur le Maire, pour illustrer ces aspects de m�thode qui sont tr�s importants et r�pondre ainsi aux critiques, heureusement rares, sur la mani�re dont nous proc�dons dans ces op�rations qui sont en train de na�tre et ne poss�dent pas encore, pour des raisons de temps - comment pourrait-il en �tre autrement - toutes les qualit�s d'un am�nagement abouti.
En r�alit�, certaines observations mal ajust�es et les critiques excessives ne sont souvent que le reflet d'un manque de pens�e r�elle, de volont� et naturellement d'action et s'opposent totalement � l'int�r�t des Parisiens.
C'est pourquoi le projet que vous proposez m'appara�t tout � la fois parfaitement d�fini dans ses objectifs et bien adapt� en ce qui concerne les moyens d�velopp�s par la Ville.
Il reste maintenant, et vous l'avez soulign� � plusieurs reprises, � poursuivre avec l'Etat et les multiples structures qui en d�pendent, une r�flexion tr�s active sur la simplification du dispositif juridique applicable au site de la Seine.
Des discussions positives avaient �t� engag�es dans ce sens avec le pr�c�dent Ministre des Transports. Il faut aujourd'hui que son successeur accepte cette n�cessaire mise � plat.
Vous souhaitez � cet �gard l'appui unanime du Conseil de Paris.
Pour ma part, je puis vous assurer du soutien total de notre groupe au contenu de ce projet, dans la perspective des discussions que vous allez devoir engager. Il y va en effet de l'avenir de notre capitale.
Voil�, Monsieur le Maire, ce que je voulais vous dire, en vous remerciant encore pour cette ambition renouvel�e en faveur de la mise en valeur de la Seine � Paris.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s).
M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. VIVIEN.
M. Pascal VIVIEN, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Monsieur le Maire, vous voulez faire de la Seine une des plus belles avenues du monde. Paris a les Champs-Elys�es, Paris aura, gr�ce � vous, la Seine.
Soyez assur� que je mettrai tout en oeuvre � vos c�t�s pour mener � bien cet ambitieux projet de valorisation de la Seine et de ses rives.
C'est sous votre autorit�, Monsieur le Maire, avec la mission Seine, qui recevra le pr�cieux concours d'�minents architectes, historiens et g�ographes, que nous travaillerons dans trois directions : � la pr�servation et la mise en valeur de la qualit� de l'espace organis� autour du fleuve, � la mise en oeuvre des meilleurs moyens d'utiliser la Seine, � la recherche des mille fa�ons de renouer, dans une conception nouvelle, avec des activit�s qui redonnent vie aux berges.
La Seine et Paris forment un couple indissociable. Le fleuve est le coeur et l'embl�me de la capitale.
En imaginant un nouvel avenir pour la Seine dans Paris, Monsieur le Maire, vous concevez d'ores et d�j� le Paris de demain, celui du troisi�me mill�naire.
Je vais maintenant r�pondre � tous les orateurs.
Monsieur G�NY, vous avez rappel� avec talent l'histoire de la Seine et de Paris. Paris sans la Seine ne serait pas Paris. Comme vous l'avez dit, le fleuve-roi est le miroir de nos monuments et le sang qui irrigue notre ville.
Quant � la qualit� de l'eau, ce sujet a �t� abord� � plusieurs reprises par notre coll�gue Lucien FINEL, et il aura je crois, l'occasion d'y revenir prochainement.
Je r�ponds en m�me temps � ce sujet � M. DELANO� dont je regrette l'absence. Monsieur DELANO�, la qualit� de l'eau participe de notre souci permanent d'am�liorer le cadre de vie des Parisiens.
Je voudrais �galement souligner qu'aujourd'hui, une vingtaine d'esp�ces de poissons peuplent les eaux de la Seine ; il y a vingt ans, il n'y en avait quasiment plus. Entre 2001 et 2015, 25 milliards de francs seront investis. Mais vous en conviendrez, c'est une question qui d�passe largement les seules comp�tences de la Ville, c'est un probl�me inter-d�partemental et r�gional.
M. SARRE, dont je regrette �galement l'absence, critique, c'est le cas de le dire, l'absence de colonne vert�brale � cette communication. La colonne vert�brale qu'il nous propose c'est la couverture des voies sur berges par des ouvrages qui d�figureraient � tout jamais le site class� par l'UNESCO.
Monsieur le Maire, je suis stup�fait qu'une telle id�e ait pu �tre �mise. Quelle id�e de faire des am�nagements sur dalles ! Couvrir les voies sur berges, c'est renoncer � l'ouverture des berges le dimanche et priver bien entendu les Parisiens d'un lieu de promenade privil�gi�. Les enterrer c'est investir des sommes consid�rables, 2,5 milliards, voire 10 milliards de francs, qui seraient sans doute mieux investies ailleurs.
Monsieur SARRE, je ne m'�tonne pas de votre proposition car vous �tes le mod�le de l'archa�sme et vous �tes aussi le repr�sentant d'un urbanisme d�pass�.
Enfin, Monsieur SARRE, vous avez �voqu� Ast�rix. Que n'avez-vous mis de la potion magique dans vos r�ves, mais ne faisons pas de r�ves m�diocres car ce sont les plus difficiles � r�aliser.
Merci � Monsieur GABORIAU d'avoir exprim� le soutien actif du groupe auquel vous appartenez et d'avoir rappel� les ambitions du Maire. Elles sont fortes, inventives et surtout novatrices. Je souhaite que l'Etat, la R�gion et l'Etat en particulier, ne m�nagent pas leur aide.
Monsieur GABORIAU, vous avez insist� avec talent sur le r�le majeur de la Seine dans le domaine du tourisme. La Seine est effectivement un enjeu majeur, au sens noble du terme, par sa fr�quentation touristique, et par la richesse de ses nombreux p�les d'attraction.
Nous veillerons, sous votre autorit�, Monsieur le Maire, � l'�panouissement de cette fonction touristique de la Seine, mais en faisant en sorte que ce d�veloppement se fasse dans le respect du site et de l'environnement.
Il est d'ores et d�j� pr�vu, comme vous le savez, de d�velopper la flotte des bateaux qui transporteront les touristes pour diminuer les d�placements de cars dans le coeur de Paris. C'est dans ce but qu'a d�j� �t� r�alis�e une escale � proximit� du parc pour autocars de Bercy.
Monsieur MALBERG, vous dites que la Seine a rendu bien des orateurs lyriques. Voil�, avec vous, un point d'accord.
Mais, bien s�r, il y a des points de d�saccord.
Sur l'op�ration " Paris-Rive gauche ", je suis �tonn� de ce que vous dites. Au contraire, les habitants seront reli�s � la Seine. Quant aux immeubles ils ne font pas les hauteurs que vous avez indiqu�es. Je r�ponds d'ailleurs aussi sur ce point � M. SARRE.
Monsieur MALBERG, vous craignez le " tout-tourisme ". Il n'a jamais �t� question de cela. Nous disons simplement que la Seine est un lieu privil�gi� qu'il convient de mettre plus en valeur. Vous souhaitez que les Parisiens aillent sur les berges, qu'ils descendent sur le bord de la Seine. C'est bien l'ambition du Maire de Paris et de la Municipalit� : rendre la Seine et ses berges aux Parisiens, voil� un objectif prioritaire.
La zone portuaire U.P.b a bien pour vocation d'accueillir des espaces libres, des activit�s d'animation destin�es aux Parisiens.
Vous insistez sur le r�le de la Seine comme moyen de transport des marchandises, des pond�reux. Je souhaite vous rappeler que la Seine a �t�, au cours des derni�res ann�es, utilis�e pour le transport des mat�riaux de terrassement de la Biblioth�que nationale de France, du projet " METEOR " et bien d'autres grands chantiers de la Capitale. Cela fait autant de camions en moins dans Paris. Nous continuerons dans cette voie.
Monsieur DELANO� - dont je regrette toujours l'absence - vous avez tenu des propos habituels et convenus sur nos suppos�s " retards ". Je n'ai pas grand chose � vous dire de nouveau. En tout cas, Monsieur DELANO�, nous r�fl�chissons au devenir des voies sur berges. Vous approuvez l'am�lioration de l'�clairage public. Vous approuvez la promenade continue. Vous souhaitez une piste cyclable au droit du parc Citro�n.
Vous �mettez en revanche quelques doutes sur le passage des intentions aux actes. Ne vous faites pas de souci, l'action men�e par la Ville, en particulier au cours de ces derni�res ann�es, pour lib�rer une partie des berges des installations portuaires, est une illustration forte de cette volont�.
Dois-je rappeler aussi qu'au mois de novembre dernier, a �t� ratifi�e par notre Assembl�e une convention avec le Port autonome en vue de la lib�ration des magasins g�n�raux du port d'Austerlitz. Cette convention est aujourd'hui sign�e.
Merci � Mme SCHNEITER. Madame SCHNEITER, vous avez �voqu� la Seine et son paysage avec une vraie po�sie. Je partage largement certains points de vue que vous avez exprim�s. La vision que nous avons de la Seine, de ses abords, de leur �volution, est une vision largement po�tique car le fleuve et son site sont sources de po�sie et doivent le rester.
Je ne peux que partager la critique que vous avez exprim�e sur la proposition de M. SARRE de couvrir les voies sur berge.
Madame BOUVELOT, je vous remercie de votre intervention, ainsi que M. LECOQ. Vous avez brillamment �voqu� l'histoire de Paris, le pr�sent et l'avenir que le Maire nous propose avec sagesse et justesse.
Monsieur MORL�, la gare du Champ-de-Mars-Tour-Eiffel a retenu votre attention. Dans le cadre des travaux de transformation de la gare du R.E.R., il a �t� demand� � la S.N.C.F. d'�laborer un projet de requalification du mur du quai. Ce projet a �t� examin� par les services de la Ville et les services d�partementaux de l'Architecture. Il ne donne pas encore toute satisfaction tant sur le plan de la s�curit� que de l'esth�tique ; vous avez raison. Quand il sera plus abouti, nous le soumettrons � la Commission des sites car, l� comme ailleurs, ce projet doit tenir le plus grand compte de la qualit� du site dans lequel il s'inscrira.
L'axe Trocad�ro-Champ-de-Mars constitue l'une des plus belles perspectives de Paris. Il m�rite toute notre attention. Des �tudes sont en cours pour le garantir et vous avez eu raison de le souligner.
Monsieur MORL�, sur les aspects financiers, comme M. le Maire l'a annonc�, en plus des grosses op�rations, la Ville consacrera, chaque ann�e, 15 millions de francs � la mise en valeur de la Seine � Paris. D'ores et d�j�, l'ann�e prochaine, 20 millions de francs seront consacr�s, sur le seul budget municipal, � l'am�nagement des berges.
Mettre en valeur le fleuve dans Paris est, chacun l'a compris, un enjeu de dimension internationale. C'est donc un enjeu national et r�gional aussi. La Ville, une fois de plus, en prend l'initiative gr�ce au maire de Paris. Elle y contribuera donc d'une mani�re tr�s significative. Nous souhaitons que la R�gion y soit tr�s �troitement associ�e.
Mais � l'heure o� ce grand projet est pr�sent� devant notre Assembl�e, nous attendons de l'Etat, oui, nous attendons de l'Etat, mesdames et messieurs les �lus de la majorit� plurielle, qu'il nous dise tr�s clairement quel sera le montant de sa participation financi�re pour l'avenir. Les Parisiennes et les Parisiens ne comprendraient pas que l'Etat se d�sint�resse d'un site dont une large part est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'humanit�.
Pour ce qui concerne le dossier du Point du Jour, nous en reparlerons, Monsieur MORL�. Je vous dis simplement que ce dossier est � l'�tude et a �t� soumis � l'arbitrage de Mme le ministre de l'environnement.
Quant � la conservation du patrimoine, il nous appartient, et c'est ce que le Maire nous propose, de pr�server, de mettre en valeur le paysage urbain de la m�me mani�re que celui qui est distingu� par l'UNESCO. Pour ce faire, la Ville et le Port autonome - je salue d'ailleurs, � cette occasion, l'excellence des relations entre le pr�sident du Port autonome, membre de notre Assembl�e, et la Ville de Paris - se doteront d'un cahier de prescriptions destin� � encadrer l'�volution du traitement des berges, qu'il s'agisse d'am�liorations locales ou de r�alisations nouvelles.
Bien entendu, ce cahier de prescriptions s'appliquera � l'ensemble des berges de la Seine et s'imposera tant aux gestionnaires du domaine public fluvial qu'aux diff�rents mandataires.
Monsieur MORL�, je vous remercie.
Mme BERTINOTTI regrette que la communication ne soit pas plus explicite sur la fa�on de diversifier � Paris les modes de d�placement en faveur du v�lo et des autobus.
Madame, je vous rappelle que le Maire de Paris a pr�sent�, il y a un an environ, une communication essentielle sur la question des d�placements. Aujourd'hui, nous parlons de la Seine et nous parlons de ses berges. Le r�le que la Seine peut jouer dans le d�placement des personnes n'est aucunement �lud� dans la communication du Maire.
Par ailleurs, je voudrais vous rappeler l'effort consid�rable engag� par le maire de Paris et la Municipalit� en faveur des pistes pour v�lo.
Enfin, vous demandez une consultation des �lus en amont. Eh bien, Madame, que faisons-nous aujourd'hui sinon vous consulter et vous entendre ? Le Maire de Paris le fait aujourd'hui.
Mme DURAND souhaite que se d�veloppe un transfert fluvial o� Parisiens et touristes pourraient se rencontrer. C'est aujourd'hui le cas. Les navettes fluviales peuvent �tre emprunt�es par les Parisiens et les Franciliens pour un forfait annuel de 250 F pendant la p�riode d'exploitation.
Monsieur BLET, vous avez fortement insist� sur la question de la circulation automobile le long de la Seine. Nous en avons parl� l'autre jour en commission.
S'agissant des voies sur berges, des �volutions importantes ont d�j� �t� apport�e avec leur fermeture. Le Maire de Paris a clairement affirm� sa volont� d'att�nuer la pr�sence de l'automobile sur les quais. C'est une question qui est de la comp�tence aussi du Pr�fet de police.
Vous avez souhait� que la mission Seine constitue un outil op�rationnel, c'est la vision que nous avons de cette mission. Elle s'appuiera sur tous les services concern�s.
Monsieur BORDET, je vous remercie de votre intervention dont la richesse et la pertinence des propos permettent de resituer les missions dans l'ensemble de ce projet, et notamment la mission des grands projets d'urbanisme sur les rives du fleuve.
Enfin, je voudrais associer et remercier tout particuli�rement mon coll�gue Alain RIVRON pour le soutien particuli�rement attentif et efficace qu'il m'a apport� depuis que Monsieur le Maire, vous m'avez confi� cette mission.
Pour terminer, je dirai que confondre � nouveau l'histoire de la Seine et l'histoire de Paris constitue en soi un enjeu exaltant.
Avec la conscience de son ampleur et de ses difficult�s, nous abordons cet enjeu, Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, avec enthousiasme. Nous savons que la rivi�re est l�, pr�s de nous, et en nous, avec ses forces vives aujourd'hui cach�es, peut-�tre mais bien r�elles pour aller avec vous, Monsieur le Maire, sur la voie de la r�ussite.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur VIVIEN de votre intervention particuli�rement pr�cise, et de haute qualit�. Je tiens � remercier tous les Conseillers, quelle que soit leur appartenance, qui ont bien voulu participer � ce d�bat avec bien entendu pour certains et c'est bien naturel, quelques aspects n�gatifs et critiques.
Mais j'ai not� sur au moins un certain nombre de points un consensus sur cette �volution, sur notre pr�occupation et nos priorit�s et je vous en remercie.

Décembre 1997
Débat
Conseil municipal
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