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2009, V - Question d'actualité posée par le groupe Centre et Indépendants à M. le Préfet de police relative aux différentes missions de la police à Paris.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Maintenant, je donne la parole au groupe qui n'est pas de droite, au groupe du Centre, qui ne veut pas que je le prenne pour un groupe de droite.

Monsieur POZZO di BORGO, vous avez la parole.

M. Yves POZZO di BORGO. - J?avais raison, Monsieur le Maire : vous �tes en campagne?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je suis toujours en campagne pour Paris.

M. Yves POZZO di BORGO. - Et peut-�tre pour autre chose, aussi?

Le Pr�sident de la R�publique a choisi, dans un souci d'efficacit� et de mutualisation des moyens, de mettre sur pied un Grand Paris de la police pilot� depuis la Pr�fecture de police. Je m'en f�licite, et voyez, Monsieur le Maire, que le Gouvernement va beaucoup plus vite que vous, m�me si c'est son domaine et pas le v�tre.

Cette innovation renforce selon moi la n�cessit� de s'interroger et de r�fl�chir pour mieux distinguer les missions de la police � Paris : mission nationale et mission municipale.

Les �lus centristes sont un peu comme les cabris. En 1962, les centristes avaient quitt� le gouvernement de de Gaulle en disant : "Nous voulons l'Europe". De Gaulle disait : "Ils sautent comme des cabris, ils veulent l?Europe � tout prix".

En ce qui concerne la police municipale, on fait un peu comme des cabris, on dit : on veut une police municipale. En m�me temps, on sait r�fl�chir. C'est la raison pour laquelle nous avons, depuis toujours, le groupe U.D.F. comme nous-m�mes, demand� une police municipale. Je ne sais pas si c'est v�ritablement le d�bat, mais on constate surtout qu'on s'interroge, notamment pour savoir comment seront assur�es les missions nouvelles de la Pr�fecture de police. C'est la question que je pose au Pr�fet de police.

Le Pr�sident de la R�publique y a fait allusion : il y a de grands besoins pour la protection des minist�res, des ambassades, de l?Assembl�e nationale. Vous �tes oblig�s de constater comme nous l?augmentation constante du nombre de manifestations qui se d�roulent quotidiennement sur la voie publique. Entre janvier et juin 2009, elles ont augment� de 31 % par rapport au premier mois de l'ann�e 2008. En 2008, on avait d�j� comptabilis� 2.611 manifestations.

Cette croissance s?accompagne de l?explosion du nombre de participants � des manifestations revendicatives, + 28 % de manifestants sur la m�me p�riode.

Ces missions nationales immobilisent beaucoup de fonctionnaires de police, et il semble qu'elles se fassent quelquefois au d�triment de la police de proximit�. Les habitants le constatent, ils nous en parlent. Le Pr�sident SARKOZY lui-m�me s'est �mu, au d�but de ce mois, du nombre de fonctionnaires immobilis�s par la protection des b�timents officiels � Paris. Il a demand� que les effectifs soient all�g�s et cela va dans le bon sens.

Cette pression sur les missions nationales, que vous assumez tr�s bien, nous vous en f�licitons, semble quelquefois se faire au d�triment des missions municipales.

C'est la raison pour laquelle, Monsieur le Pr�fet, je vous pose une question. C'est vrai qu'on s'interroge. Pour prendre des exemples, comment contr�ler efficacement les march�s ill�gaux du Nord et de l'Est de Paris avec les missions nationales que vous avez ? Comment surveiller les milliers de terrasses qui d�bordent sur la voie publique ? Comment r�pondre aux appels t�l�phoniques des Parisiens qui, par centaines, chaque nuit, se plaignent de tapage nocturne ? Comment r�guler la circulation de carrefours tr�s dangereux et je prendrai celui des avenues de Tourville et Duquesne dans mon arrondissement ?

Si, dans les faits, les choses se passent plut�t bien du fait de la qualit� des services, des hommes et des femmes qui composent la Pr�fecture de police, qui font un m�tier difficile et auxquels je rends hommage, la r�partition actuelle des comp�tences semble complexe et incomprise des citoyens.

La question que je vous pose, Monsieur le Pr�fet, vous pouvez tr�s bien ne pas y r�pondre, mais comme nous avons de bons rapports avec le Conseil de Paris, je souhaite que vous nous fassiez part de votre avis sur le sujet.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Avouez que ce n'est pas commode pour M. le Pr�fet : vous lui posez une question � laquelle il ne peut pas r�pondre... Mais enfin, il r�pondra quand m�me.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers.

Monsieur le Pr�sident, comme je ne peux pas r�pondre, ce sera tr�s rapide.

N�anmoins, vous exprimez une nouvelle fois la position de votre groupe en faveur de la cr�ation d'une police municipale. Je ne me permettrais pas de reprendre les formules gaulliennes que vous avez prises, mais votre position a le m�rite de la constance puisque r�guli�rement, vous nous interrogez. Je respecte tout � fait cette position mais vous savez que je ne la partage pas compl�tement. C'est d'ailleurs le cas du Conseil et du Maire de Paris en l'�tat actuel des choses.

J'ai d�j� eu l'occasion, l'ann�e derni�re, de r�pondre sur la fa�on dont la s�curit� est organis�e � Paris avec la Pr�fecture de police, et comme il ne fait pas toujours bon �tre repr�sentant de l?Etat dans cette maison et, a fortiori membre du corps pr�fectoral, j'esp�re que, l�, c'est un secteur sur lequel la pr�fectorale est moins contest�e.

Parce que, avant de savoir ce qu'on doit faire en mati�re d'organisation, je crois qu?il faut quand m�me regarder les r�sultats. Comme dans cette Assembl�e, il est tr�s fr�quent d'�voquer 2001, j'�voquerai � mon tour 2001, m�me si c'est dans une image renvers�e. Chacun sait que, depuis 2001, la d�linquance a baiss� � Paris, m�me si les chiffres sont contest�s quelquefois pratiquement d'un quart. Surtout, c'est sur quoi j'insiste, le taux d'�lucidation qui �tait de 14 % est aujourd'hui de 38 %. Il est quand m�me assez difficile de dire que les choses ne se sont pas un peu am�lior�es.

Dans ce contexte, aujourd'hui arrive une nouvelle organisation qui est la police d'agglom�ration. Je vous remercie d'ailleurs, puisque ce matin nous avons eu un d�bat sur le Grand Paris, et j'ai bien not� qu'en mati�re de s�curit�, les choses ne doivent pas �tre si mal per�ues, puisqu'il n'y a pas eu d'intervention sur le secteur de la s�curit�, si ce n?est, et il m'avait appel� � r�pondre, M. GOUJON qui a �voqu� cette cr�ation de la police d'agglom�ration le 14 septembre dernier, apr�s qu'on y ait travaill� pendant un an, par le nouveau Ministre de l'Int�rieur.

Puisque c'est dans ce nouveau contexte que vous situez votre question, je voudrais essayer de dissiper la crainte que peut engendrer cette police d'agglom�ration par rapport � ce qui va �tre fait � Paris, car c'est pr�cis�ment en partie pour prot�ger Paris que l'on est amen� aujourd'hui, du fait de l'interd�pendance, � avoir ces nouvelles modalit�s d'intervention.

J'ai eu l'occasion de le dire, et je vous ai fait parvenir � tous une petite plaquette, mais il faut bien voir qu'aujourd'hui, � Paris, moins de 50 % des personnes interpell�es sont originaires de Paris ; le chiffre tr�s pr�cis est 43,2 %. Quand on prend votre arrondissement, l'arrondissement dans lequel vous �tes implant�, 8 % des personnes interpell�es habitent � Paris. Je ne veux pas �tre trop long, m�me si ce serait vraiment l'objet de d�bats int�ressants sur ces probl�matiques de police de proximit�, mais � quoi sert de bien conna�tre les personnes si les d�linquants n'appartiennent pas � l'arrondissement en question, du fait de la mobilit�, du fait de l'�chelle de l'agglom�ration ?

J'avais organis�, � la demande du Ministre, quatre r�unions d'arrondissement dans le 15e, le 17e, le 18e et le 20e arrondissements. J'ai pu constater � cette occasion que nous avons beaucoup de probl�mes qui sont des probl�mes de nuisance, qui sont des probl�mes que certains qualifient d'incivilit� pour lesquels, �videmment, la police n'est pas seule comp�tente. C'est la raison pour laquelle je fonde d'ailleurs beaucoup d'espoir dans la mise en ?uvre du contrat que nous avons sign� avec M. le Maire de Paris, le Recteur, le Pr�fet de Paris, le 3 mars dernier.

On sait que les troubles les plus persistants, dans les halls d'immeuble, les squares, la voie publique, sont souvent le fait de regroupements de gens qui pr�emptent l'espace public, avec les trafics de drogue. Les rapports des agents du GPIS, qui sont souvent, eux aussi, agress�s, en t�moignent.

Dans ce contexte, qu'il s'agisse du Champ de Mars qui vous est cher, de l'avenue de Breteuil, on sait tr�s, tr�s bien que ce n?est pas uniquement une police de proximit� qui pourra �tre efficace mais que, bien au contraire, il faut l� aussi, on l'a v�cu encore au cours du dernier �t�, avoir des forces de projection. Je crois qu'on pourra vous d�montrer que ce n'est pas forc�ment une perte de substance de la police de proximit� et que ce sont d'autres moyens d'intervention qu'il faut mettre en ?uvre.

Pour toutes ces raisons, dans sa construction m�me, la nouvelle police d'agglom�ration pr�servera int�gralement le maillage de s�curit� et de proximit�, le mot d'ordre �tant le maintien de la pr�sence pr�ventive, dissuasive et r�active, ce que nous ferons. Je crois que des v?ux, d?ailleurs, ont �t� d�pos�s, puisque tout � l'heure M. BROSSAT �voquait le caract�re tatillon de la Pr�fecture de police.

Quand vous dites que des milliers de personnes appellent la nuit, fort heureusement, on n'en est quand m�me pas � ce stade, mais on sait tr�s bien qu'il y a ce type de nuisances. J'ai donc pris quelques mesures qualifi�es de "bonnet de nuit". On va regarder, avec le discernement n�cessaire sur certaines fermetures, mais nous sommes oblig�s de trouver les bons �quilibres. Et ce travail de proximit� sera maintenu.

L'apport de la police d'agglom�ration, ce sera la mutualisation des forces, mais ce n'est pas uniquement l'envoi pour renforcer dans d'autres d�partements, dans d'autres secteurs, c'est aussi en mati�re de circulation. Puisque vous avez pos� la question d'un carrefour, j'esp�re qu'on le note, nous avons renforc� de 300 fonctionnaires les compagnies de circulation qu?on a remises en place pour faciliter la circulation. On esp�re qu'on obtiendra des satisfactions.

D'autre part, je suis aussi confront� � une permanence du discours. J'�tais autrefois Directeur g�n�ral de la police nationale et je reprochais beaucoup � la Pr�fecture de police d?�tre tr�s gourmande en mati�re d?ordre public. Je me f�licite - je me fais un petit compliment pour une fois ! - que, depuis trois ans, le recours aux forces mobiles ait baiss� de 10 % chaque ann�e et, cette ann�e encore, avec les chiffres, que vous avez rappel�s, d'augmentation d'un tiers des manifestants, nous demandons encore moins de forces mobiles.

D'autre part, je le dis parce que je r�ponds � moult questions en m�me temps, depuis le d�but de l'ann�e, je n'ai interdit aucune manifestation.

Dans la cat�gorie des brutaux, liberticides, etc., je crois qu'on pourra avoir du mal � nous classer.

J'ai �t� un peu long, Monsieur le Maire, je m'excuse, mais la s�curit� qui est bien per�ue pour le Grand Paris n'ayant occup� aucune seconde ce matin, cela me fait plaisir de voir que l�, dans un partenariat �troit, que je salue, avec la Ville de Paris, nous faisons en sorte de r�pondre � des probl�matiques qui, tr�s souvent, �voluent et qui ne sont pas faciles.

Nous nous efforcerons de continuer ainsi et nous r�pondrons r�guli�rement aux interpellations sur la cr�ation d'une police municipale, avec la constance qui nous caract�rise.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � M. Georges SARRE qui veut ajouter un mot.

M. Georges SARRE, adjoint. - Le groupe Centre et Ind�pendants, dans la droite ligne de l'U.D.F. de nagu�re, nous sugg�re � mi-mots une ancienne r�ponse : celle de la police municipale.

En effet, on lit ais�ment dans la d�marche du s�nateur POZZO di BORGO l?id�e selon laquelle, tout occup� � l'agglom�ration, le Pr�fet de police ne pourra plus se consacrer aux enjeux de proximit� � Paris.

Je crie au casse-cou !

D'une part, les effectifs de la police urbaine de proximit� ne doivent pas diminuer � Paris, vous l?avez confirm�. On ne saurait d�shabiller Paul pour habiller Pierre ou Bertrand pour habiller Jean-Paul !

(Rires).

D'autre part, l'unit� de la Pr�fecture de police a d�montr� son efficacit� et c'est une sp�cificit� qui convient au statut de Capitale de notre ville. Nous ne voulons pas le contester. Donc je le dis clairement, nous ne voulons pas de police municipale.

En revanche, il faut bien entendu, et le Pr�fet de police l?a encore soulign�, que le partenariat soit plus �troit pour bien assumer les missions municipales de police d�volues au Pr�fet de police mais financ�es par la Ville.

D�sormais, par exemple, le Pr�fet de police rend compte aux �lus de l'activit� des A.S.P. Il faut approfondir cette d�marche partenariale de transparence et de recherche commune d?efficience. Il faut aussi penser le partenariat et la coordination des politiques de pr�vention de la d�linquance � l'�chelle de l'agglom�ration de Paris.

Une des pistes serait la cr�ation d'une commission pr�vention s�curit� dans Paris M�tropole. D'ores et d�j�, j'invite tous les maires des arrondissements p�riph�riques � nommer leurs homologues des communes voisines dans leur conseil de s�curit� et � syst�matiser l?�change partenarial au-del� du p�riph�rique.

Chers coll�gues, je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - C'�tait excellent et tr�s bref !

Merci beaucoup.

Septembre 2009
Débat
Conseil municipal
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