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38 - Proposition de vœu n° 4 déposée par M. BLET relative au recours aux aliments biologiques dans les cantines scolaires


M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Mes chers coll�gues, je vous propose de passer � l'examen du v?u d�pos� par M. BLET sur le recours aux aliments issus de l'agriculture biologique dans les cantines scolaires de Paris.
Monsieur BLET, est-ce que vous voulez nous pr�senter votre v?u ? M. REINA y r�pondra.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, le d�veloppement de l'�pid�mie d'enc�phalite spongiforme bovine sur l'ensemble du cheptel europ�en et la multiplication des cas de la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jacob ont port� sur la place publique le d�bat sur la s�curit� et la qualit� alimentaires.
Face � cette crise qui pose un probl�me de Sant� publique majeur, la collectivit� parisienne a en effet r�agi confus�ment. Certaines caisses des �coles ont d�cid� de supprimer le b?uf dans leurs menus et la Mairie de Paris s'est content�e d'adopter un moratoire recommandant la suspension de la viande de b?uf dans les �coles maternelles et l'offre de menus optionnels dans les �coles primaires.
Ces mesures d'urgence sont insuffisantes. Il importe maintenant d'agir sur le long terme et de choisir la solution la plus s�re pour garantir � la fois la s�curit� sanitaire des aliments et leur qualit� dans les cantines scolaires.
Cette solution, c'est incontestablement le recours � la fili�re bio. C'est pourquoi nous pr�sentons aujourd'hui ce v?u.
La fili�re bio pr�sente des garanties de haute qualit� : respect du cycle de croissance des animaux, absence d'O.G.M., absence totale de farines animales dans l'alimentation, absence de contaminations chimiques et absence de prion. Il faut savoir qu'il y a des cahiers des charges tr�s pr�cis, on ne peut faire du bio dans certaines r�gions parce que les nappes phr�atiques, par exemple, sont pollu�es.
Deux arguments peuvent �tre oppos�s au passage au bio. Un argument financier et un argument organisationnel.
Sur le plan financier, le recours � des aliments bio entra�ne effectivement un surco�t. La qualit� se paye. Les exp�riences men�es � Pamiers, en Ari�ge, et dans le Gard, � l'initiative du Conseil g�n�ral, nous montrent que ce surco�t peut �tre �valu� � environ 3 F par repas. 16.693.168 repas ont �t� servis en 1999 par les caisses des �coles de Paris dans les �coles primaires, maternelles, coll�ges et centres de loisirs. Le co�t suppl�mentaire d'un passage � l'agriculture biologique dans les cantines parisiennes peut ainsi �tre estim� � environ 50 millions de francs. Ces 3 F par repas constituent le prix � payer pour pr�server la Sant� des enfants. La Mairie de Paris peut ais�ment assurer cette charge financi�re. 50 millions de francs, c'est 0,14 % du budget municipal, c'est presque deux fois moins que la somme annuelle consacr�e au d�graffitage des murs parisiens. Nous souhaitons voir des murs propres, mais nous souhaitons encore davantage une alimentation saine pour nos enfants.
L'argument financier n'est ainsi en aucun cas r�dhibitoire.
Reste l'argument li� aux difficult�s d'approvisionnement.
Il est �vident que le passage au 100 % bio ne peut se faire du jour au lendemain dans une structure aussi importante que la structure parisienne. Le passage doit �tre progressif en privil�giant d'abord les produits pour lesquels l'offre est la plus importante. C'est le cas des produits d'origine animale. Pour les productions v�g�tales, la transition sera probablement plus longue. Toutefois, affirmer que cela rel�ve de l'impossible est une contre v�rit�. Paris se trouve � proximit� de Rungis o� le march� en gros de produits bio ne cesse de se d�velopper. Gr�ce � Rungis, Paris dispose d'une logistique exceptionnelle apte � traiter � tr�s grande �chelle.
La fili�re biologique est en constante progression en France, un plan pluriannuel de d�veloppement de l'agriculture biologique est d'ailleurs mis en ?uvre depuis 1998 sous l'�gide du Minist�re de l'agriculture et de la p�che. Par ailleurs, le recours � des importations dans le cadre d'appels d'offres europ�ens est tout � fait envisageable. En effet, dans d'autres pays europ�ens, l'agriculture biologique repr�sente d�j� une part cons�quente de la fili�re agricole. En Autriche, cette part atteint d�j� 9 % de la surface agricole utile. En Allemagne, en Italie, en Su�de et en Finlande, le poids de l'agriculture biologique est �galement cons�quent et sup�rieur � 2 %. Le probl�me d'approvisionnement est un probl�me �conomique �l�mentaire d'ad�quation entre l'offre et la demande. Si la demande est faible, l'offre restera faible. Si la demande s'accro�t, l'offre suivra. Le probl�me de l'approvisionnement n'est ainsi qu'un probl�me temporaire d'organisation.
Monsieur le Maire, alors que la qualit� de l'alimentation servie dans les cantines municipales est parfois discut�e et que s'aggravent surtout les menaces sur la Sant� constitu�es par certains produits issus d'une agriculture exag�r�ment productiviste, faire le choix du bio c'est faire le choix de la qualit� et de la s�curit�.
Tout est question de volont� et de volont� politique. Ce choix de l'agriculture biologique est � l'heure actuelle le seul qui garantisse une application optimale du principe de pr�caution car elle �limine de l'alimentation servie � nos enfants, � la fois la contamination par les organismes g�n�tiquement modifi�es, par divers produits chimiques, et par les prions.
Ce choix aura �galement un r�le initiateur et stimulateur pour l'ensemble de cette fili�re qui constitue un formidable outil d'am�nagement du territoire et de respect de l'environnement.
A Pamiers, la fr�quentation des cantines scolaires a augment� de 20 % depuis le passage au bio. La cantine va �tre agrandie. Le succ�s est irr�futable.
La frilosit� n'est plus de mise et les r�actions politiciennes de quelque bord qu'elles soient, n'honorent pas leurs auteurs.
Osez donc ce choix, Monsieur le Maire. Les enfants de Paris s'en r�jouiront. Il en va de la Sant� de nos enfants.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. REINA pour nous donner son avis.
M. Vincent REINA, adjoint. - Je vais r�pondre au long expos� de M. BLET. Dans le v?u qu'il pr�sente, il demande que la Mairie de Paris prenne en charge le surco�t financier afin que les repas servis dans l'ensemble des cantines des �coles maternelles, primaires et des coll�ges de Paris soient dor�navant compos�s � partir d'aliments issus de l'agriculture biologique. Il demande en outre qu'un groupe de travail mette en place ce dispositif sur Paris afin d'obtenir d�s 2001 le passage � la fili�re biologique.
Les caisses des �coles, responsables � Paris de la restauration scolaire, ont servi pr�s de 18 millions de repas, en 1999, dans les �coles et les centres de loisirs et ont toujours eu comme pr�occupation de servir bien s�r des repas de qualit�. Les probl�mes rencontr�s depuis quelques ann�es sur la viande, les organismes g�n�tiquement modifi�s, la dioxine doivent cependant les inciter � r�examiner la composition des repas, � revoir le cas �ch�ant, le cahier des charges qu'elles imposent � leurs fournisseurs et � renforcer les contr�les sur les produits livr�s. Il ne faut d'ailleurs pas se limiter � l'examen de la qualit� sanitaire. La qualit� nutritionnelle des repas, �quilibre et dosage des apports nutritionnels est une composante importante du d�veloppement de l'enfant.
D'ailleurs, sans attendre le pr�sent v?u, ce travail a �t� initi� pour la viande bovine avec mon coll�gue le Professeur Christian CABROL puisque nous avons r�uni r�cemment l'ensemble des maires d'arrondissement sur le probl�me de la consommation de viande bovine dans les restaurants scolaires de la Ville de Paris.
A la suite de cette r�union, vous le savez, la consommation de viande de b?uf a �t� temporairement suspendue dans tous les arrondissements, en attendant de pouvoir disposer de toutes les garanties n�cessaires sur les approvisionnements. Depuis, deux autres r�unions, organis�es par la Direction des Affaires scolaires, ont eu lieu avec les caisses des �coles. Elles ont permis aux caisses des �coles de disposer d'informations pour am�liorer la qualit� de la viande achet�e, renforcer les exigences en mati�re de tra�abilit� et bien s�r augmenter les contr�les.
La Direction g�n�rale de la consommation, de la concurrence et de la r�pression des fraudes ainsi que les services v�t�rinaires ont �t�, bien entendu, convi�s � ces r�unions. La Ville, Monsieur BLET, n' a pas vocation � imposer des directives aux caisses des �coles, �tablissements publics autonomes. Elle ne peut formuler que pr�conisations.
Sur un plan g�n�ral, s'agissant du recours � des aliments issus de l'agriculture biologique pour l'ensemble des produits utilis�s dans la pr�paration des repas, il convient de s'assurer que les fili�res existent, sont suffisamment importantes et surtout fiables.
A l'ensemble de ces questions, nous n'avons pas � ce jour forc�ment toutes les r�ponses. Rien ne permet en effet de penser aujourd'hui que ces fili�res soient en mesure de r�pondre aux besoins des �coles parisiennes � savoir 110.000 repas par jour contre 300 � Pamiers, cit� par l'auteur du v?u.
En attendant la mise en place de ces fili�res, l'utilisation des produits labellis�s que certaines caisses des �coles ont d'ailleurs commenc� � adopter, constitue sans nul doute un progr�s.
Concernant le surco�t, il semble tout � fait hasardeux de le transposer � Paris � partir de la ville de Pamiers. Par ailleurs, pourquoi devrait-il �tre enti�rement support� par la Ville de Paris et donc par le contribuable parisien alors que l'Etat continue � vouloir encadrer les tarifs demand�s aux usagers ? Monsieur BLET, tout � l'heure vous parliez de volont�. La volont� existe � la Ville de Paris, mais en l'�tat actuel des choses et avant de pouvoir avancer dans ce domaine, il y a lieu que l'Etat assume ses responsabilit�s. Aussi, Monsieur le Maire, je vous demande en l'�tat actuel des choses, comprenant n�anmoins la pr�occupation de M. BLET, le rejet de ce v?u.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je remercie Monsieur REINA.
Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u n� 4 d�pos�e par M. BLET relative au recours aux aliments biologiques dans les cantines scolaires.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
La proposition de v?u est repouss�e.

Novembre 2000
Débat
Conseil municipal
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