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59 - 2000, DAUC 159 - Mise à l'étude d'une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (Z.P.P.A.U.P.) sur la partie nord du 6e arrondissement (quartier Saint-Germain-des-Prés)


M. Vincent REINA, adjoint, pr�sident. - Nous passons au projet de d�lib�ration DAUC 159 relatif � la mise � l'�tude d'une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (Z.P.P.A.U.P.) sur la partie nord du 6e arrondissement (quartier Saint-Germain-des-Pr�s).
Je donne la parole � Mme SCHNEITER.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, vous vous souvenez certainement que, face � la d�gradation du quartier Saint-Germain, je vous avais annonc� le 28 avril 1997, la cr�ation d'une association ind�pendante "SOS Saint-Germain-des-Pr�s" avec Juliette GRECO, comme Pr�sidente d'honneur.
Il y avait longtemps que les habitants de ce quartier s'indignaient de voir le glissement des activit�s culturelles ou des commerces de proximit� vers le commerce vestimentaire de marque, la fripe ou la restauration rapide. Ils avaient d�cid� de d�fendre les lieux culturels de Saint-Germain-des-Pr�s : galeries d'art, artisanat, librairies, cin�mas, caf�s et, bien s�r, tous les petits commerces utiles aux habitants et ceux qui faisaient le charme du quartier.
Voil� pourquoi je suis heureuse de constater, plus de deux ans Apr�s, que vous d�cidiez l'�tude d'une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager de ce quartier, proposition que j'avais formul�e alors, en tant que "conseill�re technique", si j'ose dire, de cette association.
Il y a un point tr�s important � garder � l'esprit. Cette Z.P.P.A.U.P. doit n�anmoins avoir des r�gles de protection suffisamment souples pour prendre en compte l'histoire du b�ti. S'il faut respecter des normes de s�curit� dans tous ces endroits, il est bien �vident que l'on ne peut mettre � des normes "modernes" des b�timents anciens. Voil� pourquoi � Saint-Germain-des-Pr�s, il faudrait mener une �tude au cas par cas, rue par rue, immeuble par immeuble, afin de ne pas chasser artisans et commer�ants mais, au contraire, les encourager.
Concernant les commerces, ce sont les r�glements de copropri�t�s qui pr�voient les baux commerciaux � leurs immeubles. Ces baux pr�voient ou �liminent les diff�rentes affectations possibles de commerces. Il est donc important de d�terminer, dans le quartier Saint-Germain-des-Pr�s, les baux commerciaux, immeuble par immeuble, pour savoir s'ils sont "tout commerce" ou non et quels types de commerce doivent �tre encourag�s ou maintenus.
La Ville peut aussi contr�ler directement l'aspect des fa�ades des maisons ; elle peut donc avoir une influence directe sur l'aspect des boutiques... Cela pourrait �liminer le cas �ch�ant un certain nombre de magasins dont les habitants ne souhaitent pas voir s'installer les enseignes.
Nous vous demandons aussi, Monsieur le Maire, d'avoir une politique incitative aupr�s des copropri�t�s pour les informer des probl�mes de changement d'affectation des commerces, comment ils peuvent proc�der afin d'emp�cher ou de permettre la venue de tel ou tel commerce.
Vous l'avez d�j� fait, avec d'assez bons r�sultats, lorsque la rue de la Ga�t�, dans le 14e, a �t� envahie par des projets de sex-shops.
En mettant � l'�tude cette zone de protection, il faudra y inclure les sp�cificit�s du quartier, les immeubles, les activit�s et les commerces existants qu'il serait important de conserver, tout en avertissant les propri�taires d'�tre vigilants, car un bail "tout commerce" qui permet l'installation de n'importe quoi, peut rapporter au d�part plus d'argent mais, � la longue, des magasins et activit�s qui d�naturent des lieux ont �galement une influence sur la valeur immobili�re des immeubles concern�s et sur la r�putation d'un quartier.
Comme vous l'avez r�alis� pour une partie du Faubourg Saint-Antoine, nous vous demandons pour mettre en valeur et pr�server la diversit� de Saint-Germain-des-Pr�s :
- d'adapter le Plan d'Occupation des Sols de Paris, pour prot�ger le b�ti ancien, car la Z.P.P.A.U.P. ne peut pas se substituer au P.O.S., mais le compl�ter ;
- de favoriser le dynamisme et le d�veloppement des activit�s en liaison avec le Fonds d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce (F.I.S.A.C.) ;
- de lancer une op�ration programm�e d'am�lioration de l'Habitat (O.P.A.H.) ;
- de cr�er un Sch�ma directeur d'am�lioration des Espaces publics ;
- d'inaugurer une "Maison de Saint-Germain-des-Pr�s" pour l'information et la concertation.
Ce qui m'inqui�tent, c'est la dur�e de l'ensemble de la proc�dure car, � l'issue du travail d'�tude de la zone, le projet est envoy� au Pr�fet du D�partement, soumis � enqu�te publique puis envoy� au Pr�fet de R�gion, � la Commission r�gionale du Patrimoine, etc...
S'il n'y a pas une r�elle volont� politique d'aller plus vite de la part de tous les protagonistes, des ann�es peuvent passer et, en attendant, Saint-Germain-des-Pr�s continuera � �tre d�natur�, entre la frite, les fripes et les boutiques de luxe style rive droite, fa�on place Vend�me.
Cette r�serve faite, elle ne m'emp�chera pas de vous f�liciter pour cette excellente initiative qui pourra sauver un tout petit peu de ce qui subsiste de l'atmosph�re de ce quartier.
M. Vincent REINA, adjoint, pr�sident. - Merci.
La parole est � M. MORELL.
M. Alain MORELL. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, cette fin de mandature nous r�serve quelques surprises, des surprises de qualit� in�gale parfois : hier matin, un testament : le discours de M. TIBERI, un bapt�me : l'intervention de M. BALLADUR pour la premi�re fois dans cette mandature ; aujourd'hui, nous avons une r�v�lation !
En effet, par cette d�lib�ration, vous d�couvrez les vertus des zones de protection Z.P.P.A.U.P. Vous vous d�cidez tardivement � prendre une mesure que nous vous demandons depuis 1995, depuis le d�but de la mandature.
La sagesse populaire dit bien entendu : mieux vaut tard que jamais, et m�me si vous avez donc laiss� d�grader ce quartier, nous approuvons la cr�ation de cette zone de protection pour le quartier Saint-Germain-des-Pr�s.
Sur le fond, je vais �tre bref, ce sera une d�marche qui va �tre de longue haleine, qui occupera largement la prochaine mandature. Nous en reparlerons beaucoup. Je suis d'autant plus bref que Mme SCHNEITER, au niveau de l'analyse, a dit beaucoup de choses int�ressantes.
Avec mon groupe, j'approuve cette d�lib�ration qui va donner lieu � une large concertation avec l'Etat pour l'avenir. Alors au travail !
M. Vincent REINA, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur MORELL pour votre bri�vet�.
Je donne la parole � M. BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire.
Cette d�lib�ration est en effet � marquer d'une pierre blanche, elle donne naissance � la premi�re Z.P.P.A.U.P. parisienne.
La Ville de Paris a scandaleusement d�laiss�, omis, oubli� tous les outils d'urbanisme protecteurs du patrimoine qui sont utilis�s dans toutes les villes de France, qu'elles soient de droite ou de gauche.
Nous n'avons pas attendu 1995 pour demander cela d�s le d�but des ann�es 1990 en r�ponse aux op�rations de destruction des Z.A.C. lanc�es par Jacques CHIRAC, nous avons demand� aussi de la coordination que soit mises en ?uvre des Z.P.P.A.U.P. et des secteurs sauvegard�s sur Paris.
Quel secteur de Paris a cet insigne privil�ge de se voir de la sorte l'objet de tous les soins ? Le quartier de Saint-Germain-des-Pr�s pour sa partie nord.
Quelle lecture faut-il faire de cette d�cision ?
Une Z.P.P.A.U.P. sur cette partie de Paris est certes une mesure int�ressante. Elle apportera sans aucun doute un plus � ce quartier. Mais vous le relevez vous-m�me, le nombre de b�timents d�j� class�s ou inscrits est tr�s important sur une portion tr�s r�duite de territoire.
deuxi�me particularit� de ce quartier, il est certainement parmi les moins menac�s de Paris puisqu'il est d�j� depuis un certain temps presque totalement fig� dans sa forme. D'une densit� port�e presque partout au maximum autoris� par le C.O.S., il n'offre plus g�re d'opportunit�s de vandalisme aux promoteurs. De m�me, la grande vague d'installation des ascenseurs est derri�re nous et l'irr�parable a �t� d�j� commis certainement maintes fois.
Dans les faits, il est fort � craindre que l'on ne pourra attendre d'une Z.P.P.A.U.P. dans ce quartier que des am�liorations mineures � la marge. Si nous ne contestons pas cette mesure, nous nous interrogeons n�anmoins sur les raisons qui ont pr�sid� au choix de ce quartier, au d�triment du reste du territoire parisien ;
La question qui doit �tre pos�e et qui aurait d� �tre pos�e est celle-ci : �tait-ce la priorit� ?
La r�ponse est clairement non. Le classement de la partie nord du 6e arrondissement n'�tait pas la priorit� ; d'autres s'imposaient de fa�on plus pressante. L'effort doit se porter non pas sur des quartiers d�j� presque totalement fig�s comme l'est Saint-Germain-des-Pr�s, mais plut�t sur des tissus fragiles et toujours sous la menace de d�molitions, de bouleversements brutaux de leur paysage. Paris n'en manque pas.
Pourquoi d�s lors ne pas faire profiter la Butte-Montmartre ou le Faubourg Saint-Antoine de cet outil qu'est la Z.P.P.A.U.P. ? plut�t que d'opter pour ce choix, vous lui avez pr�f�r� le P.O.S. de quartier. Les protections apport�es par le P.O.S. de quartier sont tout � fait insuffisantes, nous l'avons vu pour le P.O.S. Saint-Antoine. Ils se r�v�lent par ailleurs fort fragiles juridiquement. Les P.O.S. de quartier ne font que r�v�ler cr�ment l'inadaptation du P.O.S. de Paris de 1989.
Cette Z.P.P.A.U.P. n'est pas le signe fort d'un changement de politique que nous attendons, elle se contente de privil�gier le tissu noble, fig� dans ses grandes composantes et d�j� � peu pr�s correctement prot�g�.
La logique qui pr�vaut pour le secteur sauvegard� sur l'Ile-Saint-Louis est � peu pr�s similaire. Nous avons affaire � un tissu tout aussi fig� et tr�s encadr�. En sollicitant l'Etat pour la cr�ation d'un secteur sauvegard�, vous ne faites qu'honorer une promesse d�j� fort ancienne faite aux associations. Je rappelle l'esprit qui a pr�valu lors de leur cr�ation en 1962, l'objectif principal qui leur �tait assign� �tait de sauver de la destruction les quartiers centraux des villes. Ce danger ne guette plus depuis des ann�es d�j� l'Ile de la cit�, c'�tait il y a trente ans que le secteur sauvegard� avait toute sa pertinence.
Il s'agit plus aujourd'hui d'op�rer tout d'abord un recensement exhaustif et de r�aliser ensuite un travail fin en portant l'attention sur les int�rieurs d'immeubles et les enseignes commerciales tapageuses.
Monsieur le Maire, vous finirez votre mandat sans qu'aucune Z.P.P.A.U.P. n'ait pu aboutir sur Paris compte tenu des d�lais. Par ailleurs votre politique de P.O.S de quartier pr�sent�e comme la panac�e en mati�re de protection patrimoniale et architecturale aura subi les foudres du tribunal administratif sur le P.O.S. Saint-Antoine.
Autant dire que le bilan en la mati�re est plus que d�cevant. Vous avez �t� incapable de prendre les mesures fortes qui auraient permis de mettre un coup d'arr�t � la formidable danse sp�culative orchestr�e par le P.O.S de 1989.
Ce n'est pas une mais plusieurs Z.P.P.A.U.P. qui auraient d� intervenir depuis des ann�es sur Paris. Mais surtout nous attendons d'un outil comme celui-ci qu'il soit l'instrument de la protection des tissus trop longtemps d�laiss�s. Les mesures de protection doivent aller au-del� du Paris noble constitu� des arrondissements centraux, il doit s'encanailler et �tre �tendu au Paris faubourien.
La priorit� des priorit�s reste aujourd'hui celle du patrimoine en danger. Malraux avait su classer le quartier du Marais en son temps alors qu'il prenait la voie de la taudification, ce classement avait du sens et relevait d'une vraie d�cision politique.
La Ville de Paris doit suivre cette voie en identifiant les quartiers qui, aujourd'hui, sont menac�s, elle doit se pencher sur les tissus constitu�s, sur les anciens villages de faubourgs qui m�ritent tout autant d'�tre prot�g�s que le c?ur de Paris. Parcelle Apr�s parcelle, dent creuse Apr�s dent creuse, ils sont toujours l'objet d'un vaste mouvement pr�dateur qui les mite sans cesse, les d�nature et leur fait perdre toute leur �me. Voil� quelles sont les priorit�s d'aujourd'hui et de demain.
En cela, vous ne feriez que reprendre les orientations � l'?uvre sur tout le territoire national, les secteurs sauvegard�s s'appliquent d�sormais � des tissus beaucoup plus divers et sont loin d'�tre circonscrits aux seuls quartiers historiques.
L'utilisation des Z.P.P.A.U.P. s'est enrichie de ces m�mes �l�ments, sa souplesse en fait un outil tr�s largement utilis�. Il existe � ce jour sur le territoire, 260 Z.P.P.A.U.P. cr��es et quelque 400 sont envisag�es ou � l'�tude.
Deux inflexions majeures ont fait consid�rablement �voluer ces deux outils, elles portent sur l'�largissement de la notion de patrimoine et sur la diversification de leur champ. Ce sont ces pistes que doit explorer la Mairie de Paris et non pas se contenter d'une application stricte et sans imagination.
Ce sont ces types de protection dans les quartiers p�riph�riques, que les parisiens et les "Verts" attendent.
M. Vincent REINA, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur BLET.
Pour r�pondre aux intervenants, je donne la parole � M. BULT� en lui demandant d'�tre bref.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Je vais �tre rapide dans ma r�ponse puisque c'est l'�loge unanime de la politique de la ville de Paris sur l'ensemble des bancs. Je remercie M. MORELL d'avoir rappel� ce grand moment et de nous avoir compar�s un peu aujourd'hui � l'intervention de M. Edouard BALLADUR hier, au moment m�me o� je pr�sente une Z.P.P.A.U.P. Je trouve que c'est vraiment tr�s bien et je m'en f�licite.
Je crois que ce ne sera pas la derni�re Z.P.P.A.U.P. concernant la Ville de Paris.
M. Alain MORELL. - Vous avez �t� verni.
M. Michel BULT�, adjoint, rapporteur. - Nous continuons notre effort et croyez-moi, il y a bien d'autres secteurs qui vont �tre concern�s. Alors merci � Mme SCHNEITER, merci � M. MORELL, merci � M. BLET d'avoir reconnu aujourd'hui tout le talent de l'Adjoint au Maire charg� de l'Urbanisme et par l� m�me du Maire de Paris.
(Rires et applaudissements sur les bancs du groupe "Rassemblement pour Paris").
J'ai ajout� du Maire de Paris, bien s�r.
M. Vincent REINA, adjoint, pr�sident. - Bien, merci Monsieur BULT�, de ces f�licitations � l'�gard du Maire de Paris.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAUC 159.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2000, DAUC 159).

Novembre 2000
Débat
Conseil municipal
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