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7 - Hommage à la mémoire de M. Jacques CHABAN-DELMAS (Suite)


M. LE MAIRE DE PARIS. - M. KASPEREIT veut intervenir.
Vous avez la parole, si vous le souhaitez, sans aucun probl�me.
M. Gabriel KASPEREIT, maire du 9e arrondissement. - Monsieur le Maire, j'ai �t� particuli�rement �mu en vous entendant prononcer quelques paroles en m�moire de CHABAN-DELMAS.
CHABAN-DELMAS, pour moi, c'�tait CHABAN tout court. C'�tait non pas une relation, non pas un copain, c'�tait un ami, un ami au sens le plus profond du terme. Nous avions une confiance mutuelle l'un dans l'autre et on avait ceci de particulier c'est qu'on arrivait � ne pas finir les phrases que nous prononcions, parce que nous sentions imm�diatement tout ce que l'autre voulait dire.
Il avait prononc� une fois une phrase que je n'ai pas oubli�e, quand il a dit "je n'oublie rien mais j'ai choisi de ne rien dire".
Il n'avait certainement pas oubli� son entr�e dans Paris dans la jeep du G�n�ral Leclerc, ni sa pr�sentation au G�n�ral de Gaulle. Ces deux �tres ne se connaissaient point, le G�n�ral de Gaulle un peu ahuri par la jeunesse de CHABAN lui a quand m�me fait une confiance imm�diate.
Il n'a pas oubli� non plus le discours sur la nouvelle soci�t� prononc� le 16 mai 1969 et qui n'a pas eu l'impact qu'il aurait d� avoir. On le regrette maintenant. On en reparle et on a raison, car c'�tait un discours absolument pr�monitoire. Il a souffert de son �chec aux �lections pr�sidentielles, des trahisons qui se sont produites � ce moment-l�. Il en a souffert... si cela vous d�pla�t, je vous le dis quand m�me... Il en a souffert consid�rablement et moi qui ne l'ai pas quitt� � ce moment-l� j'ai pu mesurer dans quel �tat d'esprit il se trouvait.
Monsieur le Maire, CHABAN �tait caract�ris� par une amiti� et une fid�lit� sans limite. Et cela, je crois que personne ne peut l'oublier, cette fid�lit� et cette amiti� reposaient sur un concept : l'amour de la France. Pour lui, l'amour de son pays c'�tait plus que toute autre chose et c'est pourquoi je le redis : je suis tr�s �mu, j'ai �t� tr�s �mu par l'annonce de sa mort, j'ai �t� m'incliner sur son corps et je suis encore terriblement �mu.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci de ce t�moignage.
Monsieur DELANO�, vous avez la parole.
M. Bertrand DELANO�. - tr�s bri�vement. Je n'ai crois� M. CHABAN-DELMAS que lorsque j'�tais parlementaire au d�but des ann�es 80. Je voudrais simplement, au moment o� un grand homme d'Etat de la Ve R�publique nous quitte, dire qu'au-del� de nosdiff�rences politiques, il faut savoir se rassembler sur la m�moire.
Pour moi, Jacques CHABAN-DELMAS c'est un homme associ� � des valeurs, qui, dans les ann�es 40, ont permis aux meilleurs de la Nation fran�aise de se rassembler pour l'essentiel.
A ce titre, j'approuve, Monsieur le Maire, ce qui doit �tre unanime dans ces rangs, la d�cision qu'un lieu de Paris porte son nom sans attendre bien s�r le d�lai de 5 ans.
La vie politique, la d�mocratie, impliquent les contradictions et lesdiff�rences.
Jacques CHABAN-DELMAS avait fait d'autres choix que les miens. Je voudrais dire que dans cette partie du d�bat d�mocratique contradictoire, je n'oublie pas ce que Jacques CHABAN-DELMAS a fait en termes de formation, je n'oublie pas qu'il a �t� le premier homme politique de la Ve R�publique � croire qu'il pouvait y avoir de la Libert� dans l'audiovisuel public et ce qui m'a beaucoup touch� de tous ceux qui l'ont connu et qui lui ont rendu hommage, ces derni�res semaines, c'est le mot d'�l�gance, car effectivement je crois qu'il m�rite ce qualificatif et, au-del� de nosdiff�rences, de la duret� parfois de la vie politique, l'�l�gance est une qualit� majeure en politique.
Je crois aussi que Jacques CHABAN-DELMAS avait une vertu, c'est d'�tre fid�le � ses amis, quelles que soient leurs opinions politiques. Je ne citerai pas de noms mais vous savez auxquels, au pluriel, je pense, et pour cela, sans amalgame politicien je veux m'associer � l'hommage que nous lui rendons car je crois que dans cette vie politique, il a �t� aussi, avec nosdiff�rences, un exemple.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
Monsieur MALBERG, vous avez la parole.
M. Henri MALBERG. - Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, nous avions souhait� cet hommage � Jacques CHABAN-DELMAS et j'associe le groupe communiste � ce qui vient d'�tre dit par M. le Maire de Paris et par Bertrand DELANO�.
Je le fais d'un double point de vue. D'abord comment ne pas rappeler que cet homme jeune s'est engag� aux c�t�s du G�n�ral de Gaulle durant la R�sistance. Au moment de l'insurrection de Paris, dirig�e par Rol-Tanguy et des grandes gr�ves de travailleurs � l'appel du Comit� parisien de lib�ration et des syndicats anim�s par Andr� Tollet. Jacques CHABAN-DELMAS a assum� la liaison entre le G�n�ral Koenig � Londres et � Paris Alexandre Parodi et les forces fran�aises de l'Int�rieur.
En ao�t, il p�n�tre dans Paris aux c�t�s du G�n�ral Leclerc. Avec Rol-Tanguy, avec Tollet, avec CHABAN, chacun � leur fa�on et dans la clart� de leurs options politiques, ces hommes - et ces femmes nombreuses, elles aussi, dans la R�sistance - sont de quelque fa�on l'image de la France.
Et puisque la France est diverse, j'y ajoute Manouchian.
Et puis M. CHABAN-DELMAS �tait un homme politique, pr�sident de l'Assembl�e nationale, Ministre, Maire, militant engag� d'un parti politique. Il a jou� un r�le important avec souvent une recherche d'id�es originales dans la vie de notre pays.
Or, le d�bat politique, la politique, les affrontements sont une chose s�rieuse, tr�s s�rieuse. Avec ses d�fauts, la politique c'est encore la seule fa�on pour une Nation d'�chapper au pouvoir d'un seul. La d�mocratie a beaucoup de d�fauts, c'est connu, mais c'est encore la moins mauvaise fa�on de vivre ensemble. Or, sans vie politique, sans parti politique, pas de d�mocratie. Donc c'est � une personnalit� qui a fait partie d'une g�n�ration courageuse qui a contribu� � lib�rer la France et � un homme qui assumait une vraie fonction politique dans le pays que le groupe communiste du Conseil de Paris a voulu d�dier ces quelques mots.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
M. SARRE a la parole, puis M. DOMINATI.
M. Georges SARRE, pr�sident du groupe du Mouvement des citoyens, maire du 11e arrondissement. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, les �lus du Mouvement des citoyens approuvent votre d�cision, Monsieur le Maire de Paris, de donner le nom de Jacques CHABAN-DELMAS, r�cemment disparu, � un endroit de notre Capitale.
Nous souhaitons d'ailleurs que, dans les limites de ce qui est possible, la place ou la voie qui sera choisie soit � la hauteur de la carri�re exemplaire de ce grand r�sistant, de ce grand r�publicain qui fut l'un des plus jeunes g�n�raux de France, le Maire de Bordeaux, le Pr�sident de l'Assembl�e nationale, puis le Premier Ministre du pays. Jacques CHABAN-DELMAS a �t� d'abord un grand serviteur de l'Etat anim� par le sens du service public et de l'int�r�t g�n�ral. Il fut parmi les grands organisateurs de la R�sistance int�rieure puis de la Lib�ration, nomm� G�n�ral, � titre exceptionnel, � l'�ge de 29 ans. Je tiens � saluer aussi en lui un �lu local de grande envergure, un Pr�sident de l'Assembl�e nationale ouvert � tous ceux qui partageaient son exigence r�publicaine, au Premier Ministre qui sut anticiper dans bien des domaines. Il �tait l'un des derniers grands r�sistants de la fresque h�ro�que de la R�sistance et de la Lib�ration de Paris.
C'est pourquoi nous nous associons pleinement � tous les hommages qui viennent de lui �tre rendus.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
M. Jacques DOMINATI, premier adjoint. - Monsieur le Maire, le groupe "Paris-Libert�s" s'associe � l'hommage rendu � Jacques CHABAN-DELMAS. Pour notre part, nous voudrions retenir l'action de ce jeune G�n�ral de 29 ans qui, avec Rol-Tanguy, ?uvra pour la Lib�ration de Paris.
M. Yves GALLAND. - Monsieur le Maire, le groupe "U.D.F. et Mod�r�s" s'associe comme les autres pleinement � l'hommage de notre Conseil rendu � Jacques CHABAN-DELMAS. La presse titrait ces jours-ci : "CHABAN, une vie au pas de course ; CHABAN, le parti du Mouvement". En tout cas, pour nous tous, Jacques CHABAN-DELMAS est un homme qui a honor� dans tous les sens du terme et tr�s profond�ment son engagement politique et sa vie. Ce n'est pas un hasard si, aussi sinc�rement, une unanimit� se fait sur l'homme, et sur sa vie publique. De la R�sistance dont-il est l'une des r�f�rences, � son action � Matignon pour notre pays, avec cette volont� novatrice de la nouvelle soci�t�, de la Lib�ration de Paris � son engagement total pour Bordeaux, il a toujours privil�gi� la France et l'int�r�t de tous en sachant garder une dignit� constante dans tous les affrontements publics.
Nous saluons, Monsieur le Maire, sa vie et sa m�moire et, naturellement, partageons votre v?u de donner maintenant le nom de Jacques CHABAN-DELMAS � une place ou une voie majeure de notre Capitale.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. La parole est � M. RIOU.
M. Alain RIOU. - Je voudrais intervenir au nom des "Verts" pour dire que les premiers mots que M. BENHAMIAS, Secr�taire national des "Verts", a prononc�s au congr�s de Toulouse qui a �t� ouvert il y a maintenant quelques semaines, c'�tait pour rendre hommage � Jacques CHABAN-DELMAS. Je voulais confirmer notre approbation au fait de donner � une art�re de la Ville le nom de Jacques CHABAN-DELMAS. Simplement, nous voulons insister sur le fait que cet homme, par son courage moral et physique et aux moments importants dans l'histoire de France, a jou� un r�le particulier pour la lutte contre le racisme, l'antis�mitisme, le nazisme et c'est ce que nous voulons principalement retenir.
A ce titre, je voudrais faire une observation.
Jacques CHABAN-DELMAS, en tant qu'homme politique, mais aussi en tant que r�sistant - la r�sistance allant plus haut et plus loin que la simple politique -, m�rite que son nom soit donn� � une art�re de notre ville. Simplement, dans notre ville aujourd'hui, certains noms d�shonorent ces art�res. Il y a aujourd'hui des noms de gens qui sont antis�mites, racistes et qui continuent effectivement � donner des noms � nos art�res.
Je voudrais dire un dernier mot : un grand homme est mort aussi il y a peu de temps ; Th�odore Monod. Il serait bon que nous r�fl�chissions tous ensemble sur le fait qu'il n'y a pas que les militaires, les hommes politiques ou des gens totalement inconnus qui, aujourd'hui, donnent leurs noms aux art�res de la Ville de Paris. Il faudrait parfois tenir compte du fait que certains ont jou� dans l'histoire de ce si�cle un r�le. Certes Th�odore Monod �tait un naturaliste, un �cologiste, un homme de culture, mais je crois qu'en fait nous devrions r�fl�chir plus largement � cette question.
Je vous remercie de votre attention.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Mon cher coll�gue, si vous arpentez les rues de Paris, vous constaterez que les hommages ont �t� rendus non seulement � des hommes politiques, mais � des personnalit�s diverses de toutes origines. Ce n'est pas un fait nouveau. Il y a des hommes politiques, mais il y en a d'autres comme des �crivains, des artistes, des r�sistants qui n'ont pas �t� des hommes politiques. C'est tr�s vari�. Th�odore Monod, sans aucun doute, m�ritera un jour d'avoir une reconnaissance pour l'action qu'il a men�e. Sans aucun doute mais ce n'est pas du tout exclusif. Nous avons termin�.
Merci de votre intervention.

Novembre 2000
Débat
Conseil municipal
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