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2008, VI - Question d'actualité posée par le groupe "Les Verts" à M. le Maire de Paris relative à la crise immobilière.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Ren� DUTREY pour la question d'actualit� du groupe "Les Verts".

M. Ren� DUTREY. - Depuis sept ans, le groupe des �lus "Verts" n'a cess� d'alerter la majorit� municipale sur le risque de financer ses r�alisations par les produits de la sp�culation.

Les droits de mutation repr�sentaient chaque ann�e plus de 15 % du budget de la Ville. Le gel de la fiscalit� parisienne a oblig� la Ville � se lancer dans une course folle pour attirer les entreprises et augmenter ainsi les recettes de la taxe professionnelle.

Le Plan local d'urbanisme, pr�voyant pr�s de deux millions de m�tres carr�s de bureaux et les diff�rents projets de tours dans Paris en sont la cons�quence directe.

Plut�t que d'investir encore plus pour assurer le bien vivre de ses habitants face � la crise annonc�e, Paris a mis� sur la construction de bureaux.

Plut�t que de se r�soudre � intervenir sur un march� immobilier livr� � une sp�culation effr�n�e, Paris a privil�gi� la gestion financi�re et le partenariat public priv�.

Cette politique se voulait de bonne gestion, c'est pourtant du fait de ces choix que la Ville de Paris se trouve aujourd'hui particuli�rement expos�e par la crise.

La crise est clairement devant nous. Sous le coup des d�flagrations boursi�res, les plus grandes banques mondiales font appel aux pouvoirs publics pour �viter la banqueroute.

A Londres, Madrid, Duba�, des projets de tours de bureaux sont abandonn�s. Dans la Capitale, la crise est annonc�e depuis la fin de l'�t�.

La Chambre de commerce et d'industrie de Paris en faisait le constat d�but septembre : sur les 12 derniers mois, le march� des bureaux parisiens a enregistr� une baisse globale de 31 %.

Le spectre de la crise immobili�re des ann�es 1990 se rapproche avec ses millions de m�tres carr�s de bureaux vides.

Il y a aujourd'hui 500.000 m�tres carr�s de bureaux inoccup�s � Paris, l'�quivalent de cinq tours Montparnasse. Les cons�quences pour la Ville se font d�j� sentir. Le ralentissement des transactions immobili�res p�se d'ores et d�j� sur le budget avec la baisse colossale des recettes issues des droits de mutation.

A terme, une d�t�rioration continue de l'immobilier de bureaux remettra en question l'�quilibre financier et donc le devenir de plusieurs zones d'am�nagement concert�es et de projets de tours de bureaux.

Aussi, "Les Verts" demandent au Maire de Paris d'informer l'Assembl�e municipale des cons�quences de la crise financi�re sur la politique de la cr�ation de bureaux, en particulier d'immeubles de grande hauteur ainsi que sur l'�quilibre financier des

Z.A.C. parisiennes.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie.

Madame HIDALGO, vous avez la parole.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe. - Monsieur le Maire, chers coll�gues.

Ce d�bat qui se d�roule sur fond de crise nouvelle est un d�bat que nous avons d�j� eu avec le groupe "Les Verts", notamment � l'occasion du vote du P.L.U. puisque, � l'�poque d�j�, la critique avait �t� faite par ce groupe quant � l'�quilibre que nous avons propos� dans le P.L.U. entre logement et emploi.

Il se trouve que nous consid�rons, puisqu'il est fait r�f�rence dans la question aussi au P.L.U., que cet �quilibre est aujourd'hui toujours d'actualit�.

Bien s�r, la situation �conomique aura sans doute des cons�quences, notamment � court terme, sur les capacit�s d'un certain nombre d'investisseurs.

Le P.L.U., qui est un outil strat�gique, p�renne et destin� � survivre aux diff�rentes crises, est un outil qui nous permet notamment de cr�er des emplois. Je pense aux zones dans lesquelles nous avons d�cid� de faire des secteurs de mixit� habitat emploi, cela correspond essentiellement au Nord, � l'Est, et au Sud-est de la Capitale.

Vous appelez cela des bureaux, cependant cela concerne autant l'artisanat ou les p�pini�res d'entreprises que des bureaux proprement dit.

Nous allons poursuivre la commercialisation dans ces secteurs. Il y a aussi des programmes qui aujourd'hui ne sont pas affect�s, qui sont les programmes dans les secteurs op�rationnels pr�vus notamment dans les Z.A.C.

D'ailleurs, dans les Z.A.C., je pense � Batignolles mais aussi � d'autres secteurs en am�nagement aujourd'hui, concernant les localisations impropres � l'habitation, par exemple � proximit� du boulevard p�riph�rique, nous avons pr�vu des immeubles qui sont destin�s � l'activit� �conomique, � du bureau donc. Sur le plan architectural, ils offriront une protection contre le bruit pour les zones d'habitation dans ces m�mes Z.A.C.

Nous n'avons aucun int�r�t ni aucune envie de revenir sur ces programmes. Pour l'instant nous ne sentons pas d'att�nuation chez les investisseurs quant � leur volont� de venir sur ces secteurs.

Vous avez dit que la crise entra�ne une augmentation du nombre de bureaux vides. On est � peu pr�s sur la m�me proportion qu'en 2007 : entre 500.000 et 600.000 m�tres carr�s de bureaux disponibles aujourd'hui � Paris sur 16 millions de m�tres carr�s de bureaux existants.

On continue sur un taux de vacances relativement faible de 3 %.

La crise, nul doute, sera quand m�me l'occasion pour un certain nombre de groupes immobiliers de proc�der � des arbitrages.

Par exemple, pour des groupes qui sont aujourd'hui install�s dans du b�ti relativement ancien, en gros des bureaux d'avant les ann�es 1970, il est possible qu'ils nous demandent de les aider, ce que nous faisons d�j� aujourd'hui, � trouver des implantations, par exemple sur nos zones d'activit�. La question de la transformation de ces locaux, par exemple en c?ur de ville, aujourd'hui utilis�s � des activit�s �conomiques qui pourraient demain �tre convertis en logements et en logements sociaux, est pour nous une option que nous n'�cartons pas.

Nous accompagnerons les entreprises qui le souhaiteraient. Cela augmentera aussi la proportion de logements sociaux, par exemple dans les quartiers du Centre et de l'Ouest.

Nous serons, en tant que ville, extr�mement vigilants � l'�volution de la conjoncture avec les S.E.M. �galement.

Pour ce qui concerne les immeubles de grande hauteur, puisque vous y avez fait r�f�rence, la premi�re op�ration que nous lan�ons et que nous mettons en d�bat public, qui est celle du Triangle, de la pyramide de la Porte de Versailles sur laquelle nous avons une premi�re r�union publique demain, est une op�ration qui va sur une �chelle de temps bien au-del� de la conjoncture actuelle.

Aujourd'hui, le principal promoteur de cette proposition qu'est le Triangle, � savoir la soci�t� "Unibail", n'est pas dans une situation difficile. On ne peut que se r�jouir qu'un groupe comme celui-ci ait la capacit� de promouvoir ce type d'investissement sur Paris.

Je conclus en disant que, s'il est int�ressant de se poser la question effectivement de l'impact de la conjoncture �conomique et de la crise sur les programmes de d�veloppement �conomique � Paris, il serait aussi int�ressant de se poser la m�me question - je ne doute pas que le groupe "Les Verts" le fera en son temps - si la conjoncture redevient plus favorable. J'esp�re que nous aurons un discours encourageant pour maintenir un �quilibre emploi/logement � Paris qui nous para�t un �quilibre structurant pour notre ville et gage de sa dynamique.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

La s�ance est suspendue.

Octobre 2008
Débat
Conseil municipal
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