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Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à une réflexion sur les modalités de stationnement en surface des résidents parisiens.


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous examinons le v?u n° 70 relatif à une réflexion sur les modalités de stationnement en surface des résidents parisiens. La parole est à M. Vincent BALADI.

M. Vincent BALADI. - Merci, Madame le Maire.

Madame le Maire, chers collègues, je vais commencer mon intervention par un chiffre : 16.474. Il s?agit du nombre de personnes qui ont répondu au questionnaire en ligne des états généraux du stationnement, ouvert entre octobre et décembre 2020. C?est un record pour une consultation de la Ville de Paris, en si peu de temps. Lors de cette consultation, la majorité des répondants parisiens au questionnaire ne souhaitaient pas une diminution du nombre de places de stationnement - ils l?ont dit - non pas parce que ce sont des défenseurs acharnés des véhicules, mais parce qu?ils ont des besoins réels et que la qualité de vie de notre ville tend à se dégrader, malheureusement. Nous sommes pour l?environnement, la limitation de la pollution atmosphérique et de la pollution sonore. Encore hier, nous l?évoquions ici, à ce Conseil de Paris, et je suis intervenu.

Je pourrais aussi rappeler les éléments de mon v?u d?octobre 2020 sur les nouveaux véhicules beaucoup moins polluants : hybrides, électriques et hydrogènes demain. Mais, pour aller au fond des choses, sans caricature, nous ne pouvons pas nous résoudre à vous laisser supprimer brutalement directement 11.000 places de stationnement sans aucune solution et anticipation pour les résidents, les véhicules d?intervention, les livreurs, les médecins, les artisans et tous ceux qui doivent stationner - je dis bien "ponctuellement" - à Paris. Comme le grand débat au niveau national, les états généraux du stationnement n?ont mené à rien. A ce jour, les résidents particuliers parisiens ont des difficultés pour stationner, en particulier dans certains quartiers, nous le voyons, avec une diminution forte du nombre de places autorisées. Ces résidents-là n?ont pas de solutions alternatives. Ainsi, nous proposons des solutions concrètes et nous sommes ouverts à la discussion, notamment pour trouver des solutions pour les familles et les seniors qui ont besoin de se garer. Nous proposons trois réflexions et mesures concrètes. Je demande juste un peu de temps parce qu?il y a beaucoup de bruit, Madame la Maire.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Allez-y, allez-y.

M. Vincent BALADI. - Que la mairie centrale s?engage à étudier un élargissement des zones de stationnement résidentiel. Que la Ville de Paris lance une opération de communication à destination des Parisiens sur la possibilité, selon les services de la Ville, d?utiliser les aires de livraison pour des opérations de manutention ou de montée et descente d?un passager. Et enfin, que la Ville de Paris expérimente des arrêts minutes avec des bornes affichant le temps de stationnement. Ne soyons pas dogmatiques et entrons dans une nouvelle ère. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous, Monsieur BALADI.

Je vais donner la parole à M. David BELLIARD.

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Merci, Monsieur BALADI. Vous m?interpellez sur le fond même de notre politique de stationnement de surface, qui vise, je le rappelle, à rééquilibrer l?espace public pour redonner de l?espace à d?autres usages que celui de la voiture : piétons, vélos, végétalisation. Cette politique accompagne la baisse continue du taux de motorisation des ménages parisiens, pratiquement divisé par 2 en 20 ans à Paris. Aujourd?hui, un résident parisien qui demande à bénéficier du stationnement résidentiel se voit attribuer la zone de stationnement autour de son domicile - je rappelle que Paris est découpé en 160 zones - ainsi que les 3 zones les plus proches. Partout ailleurs, il redevient ce que l?on appelle un "visiteur".

Votre demande d?élargir les zones de stationnement répartirait simplement un même nombre de places entre un même nombre de véhicules, en agrandissant la zone où l?automobiliste peut circuler et stationner à tarif préférentiel. Ce n?est, pour nous, pas une solution pour offrir plus de places de stationnement aux Parisiennes et aux Parisiens. En revanche, cela faciliterait la circulation dans un périmètre plus large, avec pour conséquence des émissions plus élevées de pollution, de l?encombrement et une incitation à des trajets superflus sans véritablement améliorer la qualité d?usage pour les automobilistes.

De même, réserver autant que possible les zones de livraison aux professionnels est pour nous une priorité. C?était d?ailleurs une demande extrêmement forte des états généraux du stationnement. Les particuliers qui souhaitent les utiliser peuvent déjà le faire, conformément au Code de la route. Mais il n?est pas dans l?intérêt de notre Municipalité de les y inciter en communiquant très largement sur le sujet. L?occupation d?une place de livraison par un particulier pénalise de fait la fluidité nécessaire à la logistique urbaine. Résultat, trop souvent l?arrêt des véhicules de livraison se fait sur les trottoirs ou les pistes cyclables.

Enfin, mettre en place une politique de dépose minute irait à l?encontre de la politique de déplacement que nous menons. C?est donc un point de divergence entre nous. Si un automobiliste a besoin de faire un arrêt rapide, et donc, de rester dans son véhicule, la bande de stationnement est déjà tout à fait indiquée et il n?a pas besoin de payer son stationnement. C?est d?ailleurs le principe même d?un arrêt. Par ailleurs, la politique de contrôle du stationnement mise en ?uvre depuis 2018 porte ses fruits. Ce qui se traduit par de plus en plus de places disponibles dans nos rues. Le tarif visiteur est, je le rappelle, fractionnable au quart d?heure partout dans Paris. Cela rend donc très faciles ces arrêts minutes, ou plutôt ces arrêts très courts en fonction des besoins. Pour toutes ces raisons, je vous demande de retirer votre v?u. Sans quoi, j?émettrai un avis défavorable.

Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup. J?ai été saisie d?une demande d?explication de vote de M. Ariel WEIL, maire de Paris Centre.

M. Ariel WEIL, maire de Paris Centre. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, dire un mot sur ce v?u qui m?intrigue un petit peu parce qu?il présente un contresens que je voulais élucider pour que l?on puisse se prononcer tous à ce sujet. D?abord, on a, en effet, je crois, à la Ville de Paris, un double impératif. D?une part, celui d?élargir le stationnement résidentiel en surface pour faciliter la vie des habitants. Et là, à Paris Centre, nous y sommes tout à fait favorables. Cela s?inscrit même dans notre logique de désengorger le c?ur de Paris pour permettre aux riverains d?y rester, ou même de s?y installer, en bénéficiant du stationnement quand ils en ont besoin.

Evidemment, je pense aux personnes en situation de handicap et à mobilité réduite, dont je sais qu?elles sont l?une des priorités de mes collègues, David BELLIARD et Jacques GALVANI, et pour lesquelles nous devons faire preuve d?une grande vigilance, non seulement sur la sanctuarisation, mais aussi sur l?augmentation des places de stationnement. Cette extension dont il est question dans le v?u doit également concerner le stationnement en ouvrage, c?est-à-dire dans les parkings, pour lesquels je réitère le souhait que nous puissions négocier étroitement avec les gestionnaires pour avoir des tarifs préférentiels pour les riverains. Notre autre impératif, c?est de protéger les commerçants et de consacrer leurs espaces de livraison pour pérenniser leurs activités, notamment au c?ur de la ville. C?est là que votre v?u, cher Monsieur BALADI, se perd, à mon sens, en ce qu?il revient à mettre en concurrence les riverains, dont nous tenons à préserver la qualité de vie, et les commerçants, que nous voulons continuer d?accompagner dans le développement de leurs activités, en particulier à l?issue, j?espère, d?une crise quasi sans précédent historique qui les a évidemment fortement fragilisés. Le stationnement en dépose minute sur les aires de livraison ne peut pas être envisagé comme une solution à la question de l?enclavement prétendu de nos quartiers. Favorisons, au contraire, la croissance de l?activité de nos artisans, de nos commerçants, de nos travailleurs locaux. Préservons ces zones de livraison pour éviter les stationnements sauvages qui encombrent les voies et les trottoirs. Comme vous le savez, nous en faisons trop souvent le constat.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

M. Ariel WEIL, maire de Paris Centre. - Sanctuarisons ce qui peut l?être en allant même plus loin : en créant du stationnement réservé aux artisans et aux commerçants. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je vais donc me tourner vers M. BALADI.

Vous retirez le v?u, Monsieur BALADI ?

M. Vincent BALADI. - Je le maintiens. Mais je vois que l?on a répondu juste sur un point de mon v?u. On n?a pas du tout parlé des deux autres points. C?est bien dommage. Je le maintiens. Même s?il n?est pas voté, je le représenterai et retravaillerai avec le cabinet de M. BELLIARD. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 70, avec un avis défavorable de l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u n° 70 est repoussé.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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