retour Retour

V - Question d'actualité posée par le groupe Communiste et Citoyen à Mme la Maire de Paris relative à la dégradation de l'offre Vélib'.


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je donne à présent la parole au groupe Communiste et Citoyen, une question d'actualité posée par Nicolas BONNET-OULALDJ.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Madame la Maire, à Paris, nous engageons parfois des révolutions politiques. C?est le cas de la mise en place de Vélib? que nous avons créé aux côtés de Bertrand DELANOË en 2007. Nous étions précurseurs et, de 2007 à 2017, nous avons assisté à une véritable massification de l?usage du vélo grâce à ce système.

Nous étions satisfaits de ce service public inédit. Pourtant, en 2017, le syndicat Autolib? Vélib? Métropole a fait le choix d?écarter "Cyclocity", filiale de "JC Decaux", pour "Smovengo". Avec les élus communistes, j?avais alors exprimé notre inquiétude et notre désaccord concernant ce choix. L?offre était moins chère et reposait sur des conditions de travail dégradées. Nous craignions des difficultés, nos craintes ont été confirmées.

Déjà à l?époque, l?installation et le raccordement des nouvelles stations avaient duré des mois, la flotte de vélos ne se déployant correctement qu?avec beaucoup de retard. Quatre ans plus tard, qu?en est-il ? Nous ne pouvons que constater que ces vélos en libre-service sont toujours très, très, très loin de satisfaire les usagers. Certes, nous comptons aujourd?hui 360.000 abonnés et des efforts ont été faits en septembre dernier pour améliorer le service avec la livraison de 3.000 vélos à assistance électrique supplémentaire.

Mais nous sommes toujours loin du compte et les usagers en témoignent chaque jour : vélos inutilisables ou défectueux, assistance électrique en panne, stations vides, etc. Les témoignages se succèdent sur le terrain et les réseaux sociaux. Les membres du comité des usagers nous racontent ces vélos bloqués en station, ces pédales se décrochant en pleine course. D?ailleurs, le dernier rapport du comité des usagers insiste sur les difficultés concernant la maintenance et les réclamations non prises en compte.

En août dernier, toujours pas d?amélioration du service, mais une augmentation des prix pour tous les usagers. Une augmentation alors que quelques mois plus tôt "Smovengo" réclamait 240 millions d?euros d?ici 2032, sous menace de mettre fin au contrat.

Aujourd?hui, nous ne pouvons que constater que l?offre de "Smovengo" était une offre low cost, alors que celle de "Cyclocity" et de "JC Decaux" permettait une reprise des salariés qui avaient une expertise réelle sur le sujet et un savoir-faire.

Dans ce contexte, Madame la Maire, quelles sont vos propositions pour une amélioration effective et rapide du service Vélib? ? Est-ce que la mise en régie est une hypothèse étudiée ? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La mise en régie sous les acclamations du groupe Changer Paris. Donc, David, le challenge est certain !

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci, Madame la Maire. Je vois une recomposition politique que je n?avais pas complètement vue venir, effectivement, avec à ma droite le premier lobbyiste pour "JC Decaux" ! Mais je vais, cher Nicolas, répondre sur le fond à votre question sur laquelle je partage certains constats.

Pour rappel, sur Vélib? aujourd?hui, vous avez esquissé quelques chiffres et je voudrais les partager avec vous et avec l?ensemble de l?Assemblée. Quelques chiffres sur Vélib? aujourd?hui : c?est 1.432 stations, 20.000 vélos, 360.000 abonnés, et malgré l?hiver, la pluie, le froid de ces derniers jours, c?est 95.000 courses réalisées quotidiennement la semaine dernière.

C?est peut-être un détail pour vous, mais cela veut dire beaucoup pour nous : la distance parcourue par les Vélib? en une journée est l?équivalent de sept fois le tour de la Terre et nous sommes en période creuse. Tout cela pour vous dire que nous disposons aujourd?hui d?un service public du vélo incontournable pour se déplacer à Paris. Malgré cela, je partage en partie le constat que vous faites. La qualité du service que nous nous sommes fixée?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - David, un instant. Est-ce que l?on peut écouter la réponse sans ce chahut, sans ces blablas ?

M. David BELLIARD, adjoint. - Je crois que cela ne les intéresse pas.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Vraiment c?est étonnant. Il y a des jeunes qui vous regardent et je ne sais pas ce qu?ils doivent penser, mais ils doivent être quand même assez étonnés de ce type de comportement.

David ?

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci.

Oui, je partage en partie le constat que vous faites. La qualité du service que nous nous sommes fixée n?est pas encore au rendez-vous. Trop souvent, trop grande est l?incertitude de ne pas trouver un vélo disponible pour nous emmener d?un point A à un point B et c?est toute la fiabilité du système qui peut être de ce fait interrogée par ses usagers.

Pour autant, permettez-moi de vous le dire, on ne peut pas dire que c?était mieux avant. A l?époque, il n?y avait pas de vélos électriques, pas de stations disponibles pour nos voisins alors que nous avons acquis une dimension métropolitaine, et la demande était moins forte, ce que vous avez rappelé dans votre intervention.

Du fait de la nature même du service délivré, aujourd?hui comme hier, certains vélos sont en effet abîmés, bloqués en station ou indisponibles. Vous le savez, nous portons une politique ambitieuse en faveur du vélo et Vélib? est pour nous une pièce majeure. C?est pour cela qu?avec le S.A.V.M. et son président Sylvain RAIFAUD, nous avons mis du temps, de l?énergie et même de l?argent pour sauver le service qui était en grande difficulté au début du mandat. Ainsi, 3.000 nouveaux vélos électriques ont été injectés dans la flotte. Tout le processus de maintenance a été revu et il est aujourd?hui plus efficace. Nous avons pu aller le visiter avec l?ensemble des élus du bureau du S.A.V.M., toutes couleurs politiques confondues, et la propreté des stations a été grandement améliorée.

Vous posez, à ce titre, la question de la mise en régie du Vélib?. Ce n?est pas le choix qui a été fait par la Ville et le S.A.V.M. en 2017 et 2018. Nous sommes maintenant liés à "Smovengo" pour onze ans et, à échéance du contrat en cours, il faudra à mon sens étudier cette option. "Eau de Paris" est l?exemple même d?une reprise en régie qui n?apporte que du positif, il conviendra alors d?étudier si Vélib? peut suivre ce même chemin.

Mais autant le dire très clairement, la régie n?est pas pour demain. Cela prend des mois et parfois des années pour mettre de tels projets sur pied et les rendre opérationnels. On estime à dix-huit mois minimum d?interruption de service si nous décidions de passer en régie juste aujourd?hui à ce Conseil. Sans compter que casser un tel contrat ne serait pas anodin pour les finances du S.A.V.M. et donc de notre Ville.

J?entends donc votre demande. Je sais la position de votre groupe, mais je sais aussi que vous êtes attachés à la qualité de vie des plus de 360.000 Parisiens qui utilisent tous les jours ce service et que vous ne souhaitez pas, comme nous, les en priver.

Notre objectif est d?abord de faire fonctionner le service Vélib? et de le faire bien fonctionner dans le cadre du contrat actuel avec "Smovengo", en y apportant une réelle amélioration de la qualité de service dans les prochains mois. "Smovengo" travaille actuellement à augmenter son investissement dans la maintenance des vélos et des stations, qui est pour nous un élément clé pour améliorer le service rendu aux usagers, et à renforcer de nouveau sa flotte de 2.000 vélos supplémentaires, afin d?améliorer la qualité des vélos qui sont fournis aux usagers.

Evidemment, chacun devra être au rendez-vous de cet enjeu, en particulier "Smovengo" avec qui les discussions continuent et je vous propose de nous réunir très prochainement, dans le cadre d?une réunion avec l?ensemble des élus, tous groupes confondus, pour partager et mutualiser les informations concernant les évolutions du service, dans une ambiance qui, je l?espère, sera plus constructive et travailleuse. Merci beaucoup.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, David. Nicolas BONNET-OULALDJ, Monsieur le Président.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Ce que nous disions au départ, c?était que la qualité du service Vélib? reposait sur la formation, la qualité et l?expertise des salariés de "Cyclocity". J?étais, avec certains élus qui sont encore élus aujourd?hui, notamment Danielle SIMONNET, aux côtés de ces salariés quand le contrat a été passé à "Smovengo". Ces salariés nous disaient qu?ils avaient été labellisés comme gage de qualité et que tout le service reposait sur leur capacité à déplacer des vélos d?une station à une autre, leur capacité à réparer, leur capacité à anticiper. Et tout cela a été mis à plat par "Smovengo" parce que leur proposition était une proposition low cost, comme je l?ai dit, c?est-à-dire que ce choix a été fait sur le dos des salariés.

C?est pour cela que nous reposons aujourd?hui cette question qui est celle de la qualité. Ce n?est pas le nombre de vélos, ni le fait que ce soient des vélos électriques ou mécaniques, la question centrale porte sur les conditions de travail des salariés dans cette entreprise, comme dans beaucoup d?entreprises. Je considère aujourd?hui que lorsqu?on regarde d?autres services publics, sur la qualité, la formation et le cadre des métiers, c?est le service public qui est toujours le meilleur par rapport à des entreprises privées. C?est pour cela que la question de la remise en régie se pose.

Et je n?ai pas de leçons à recevoir sur de quelconques alliances politiques sur le sujet. Ce n?est pas une alliance politique, si je dis quelque chose qui est vrai, qui est juste, qui est porté par les Parisiens, évidemment d?autres élus rejoignent ce que je dis et je m?en satisfais. Et je note au passage que lorsqu?il s?agit d?urbanisme et de voter des projets de délibération d?urbanisme au Conseil de Paris, jamais le groupe Communiste ne dénonce des alliances de circonstances avec la droite.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mais ce n?est pas vous qui étiez en cause, c?était plutôt la position assez étrange de la droite et non la vôtre qui était assez cohérente, soyons clairs.

Merci beaucoup, Nicolas BONNET-OULALDJ.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
retour Retour