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IV - Question d'actualité posée par le groupe Ecologiste de Paris à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative aux Zones à faibles émissions (Z.F.E.).


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous poursuivons avec la prochaine question d?actualité posée par le groupe Ecologiste de Paris. C?est Sylvain RAIFAUD qui pose cette question. Vous avez la parole.

M. Sylvain RAIFAUD. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Préfet de police, mes chers collègues.

Les dernières semaines ont à nouveau été marquées par plusieurs épisodes de pollution de l?air à Paris. Ces épisodes sont désormais récurrents et les polluants sont devenus de plus en plus persistants. Les écologistes ne cessent de le rappeler, les chiffres retraçant le nombre de décès dus à la pollution atmosphérique chaque année dans notre pays, particulièrement dans la Métropole parisienne, sont alarmants. Ce chiffre, vous le connaissez toutes et tous désormais : 6.600 décès prématurés dus chaque année à la pollution atmosphérique dans la Métropole.

C?est dans ce contexte que nous avons appris par voie de presse la décision unilatérale du Président de la Métropole du Grand Paris, Patrick OLLIER, de reporter la mise en application de la prochaine étape de la zone à faibles émissions de la Métropole du Grand Paris. L?interdiction de circulation des véhicules critère 3 n?aura donc pas lieu le 1er juillet 2022.

Les écologistes désapprouvent cette entorse à notre stratégie collective et ses conséquences sanitaires qui comme toujours impactent davantage les plus défavorisés. Car ce sont bien les habitantes et habitants des quartiers populaires, collés aux infrastructures routières, qui souffrent le plus de la pollution atmosphérique, alors que, faut-il le rappeler, ils sont bien moins motorisés que les plus aisés.

En revanche, lorsque la voiture est nécessaire, les ménages modestes n?ont pas les moyens de s?offrir des véhicules électriques bien plus chers à l?achat. C?est donc la double peine pour eux : air pollué et interdiction de circuler car impossibilité de satisfaire aux nouveaux critères d?émissions.

Si la Métropole du Grand Paris propose des aides à l?achat de véhicules propres, il en faut bien plus pour accompagner les plus modestes dans la mise en place de cette Z.F.E. Mais cela, nous ne pouvons le faire sans l?Etat qui nous abandonne sur le sujet. Au lieu de nous gratifier de vidéos ridicules sur "Tik Tok", M. le Ministre des Transports, Jean-Baptiste DJEBBARI, ferait mieux d?agir pour la santé des Franciliennes et Franciliens qui étouffent. Malgré d?incessantes demandes, le Gouvernement refuse d?intégrer notre territoire à l?expérimentation nationale des Z.F.E., privant ainsi les moins aisés d?un accès au prêt à taux zéro. Les contrôles que nous demandons à cor et à cri depuis des années sont très rares, pour ne pas dire inexistants, car l?Etat tarde également à mettre en place les contrôles automatiques par lecture des plaques d?immatriculation, dispositif qui a pourtant fait ses preuves à l?étranger. C?est pour cela, Madame la Maire, Monsieur le Préfet de police, que le groupe Ecologiste de Paris souhaite aujourd?hui vous interroger sur le bilan des contrôles et verbalisations réalisés par la police nationale afin de faire respecter la Z.F.E. en 2020 et 2021, réaffirmer la détermination de la Ville de Paris à faire respecter le calendrier de mise en place de la Z.F.E., sa volonté d?interpeller l?Etat afin qu?il accélère la mise en place de contrôles assortis de sanctions en cas de non-respect de la Z.F.E., et enfin la volonté de la Ville de Paris de faire pression sur Ile-de-France Mobilités, afin de rétablir la gratuité des transports en commun lors des pics de pollution. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur RAIFAUD.

David BELLIARD, pour vous répondre.

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Cher collègue, cher Sylvain, je vous remercie pour cette question qui a le mérite de bien exposer les raisons de cette première reculade, que j?espère être la dernière dans l?agenda, de la zone à faibles émissions.

Je vous rejoins, l?Etat n?est clairement pas au rendez-vous et je vais le redire ici, il doit se réveiller. Malgré une condamnation du Conseil d?Etat en juillet 2020 pour inaction face à la pollution de l?air, malgré des chiffres toujours catastrophiques - vous les avez rappelés - sur les impacts de la pollution de l?air en termes de santé publique, il reste toujours trop timide à agir.

Je dois bien l?avouer, nous avons eu l?espoir d?une accélération du calendrier avec l?instauration d?un cadre réglementaire, qui a permis d?ailleurs à plus de 40 agglomérations de se saisir de l?outil Z.F.E., mais c?est insuffisant. Un cadre vide, cela reste du vide. Nous avons besoin aujourd?hui de plus d?aides pour celles et ceux qui sont contraints d?utiliser la voiture, qui y sont assignés, pourrais-je dire, et qui ne peuvent pas matériellement investir dans des voitures électriques encore trop coûteuses. De la même manière, nous avons besoin d?amplifier les efforts sur le développement des alternatives à la voiture individuelle et là encore, nous manquons de ressources et de moyens. Oui, nous avons besoin de rendre effective cette zone à faibles émissions avec l?instauration du contrôle sanction automatisé. C?est de la responsabilité de l?Etat et nous continuerons à porter au sein de l?Exécutif ces demandes auprès du Gouvernement. Enfin, je ne peux que regretter avec vous la décision unilatérale de la Métropole de repousser la mise en place de la Z.F.E., alors que Paris est depuis plusieurs années très fortement engagé sur le sujet, au travers des objectifs fixés par le Plan Climat, de sortie du diesel en 2024 et du thermique en 2030. Je dois le dire, cette reculade est un bien mauvais signal pour l?écologie, mais surtout pour notre santé. Soyez assuré, Monsieur RAIFAUD, de notre volonté collective de continuer à nous mobiliser au sein de la M.G.P. et auprès de son Exécutif pour conserver un cap ambitieux à cette politique publique qui est majeure. Votre interpellation me permet de rappeler ici que la pollution de l?air touche d?abord les plus modestes. Ce sont eux qui subissent la majorité des pollutions atmosphériques, ce sont eux aussi qui utilisent massivement notre réseau de transports en commun. C?est pourquoi, non seulement nous continuerons à porter au sein d?Ile-de-France Mobilités la nécessité bien sûr d?un maillage de transports en commun le plus fiable et le plus dense possible, mais nous interpellerons sa majorité pour remettre la gratuité des transports en commun lors des pics de pollution, gratuité qui a été supprimée par sa présidente Valérie PÉCRESSE. Comme vous le voyez, nous sommes plus que jamais engagés dans cette bataille pour la qualité de l?air. Si depuis quinze ans, du fait d?une politique de démotorisation active de nos mobilités dans la capitale, nous constatons une nette amélioration de l?air que nous respirons, il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C?est tout l?enjeu d?une mobilisation générale pour des mobilités plus collectives, moins carbonées, à Paris mais aussi dans toute la Métropole, et très forte pour les professionnels et les plus modestes.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, David BELLIARD.

Je ne peux que confirmer et soutenir. Nous avons pris beaucoup de risques en 2014, lorsque j?ai pris la décision sur la question de la sortie du diesel. D?ailleurs, cela s?est vu que cela ne rendait pas forcément le lobby du diesel très heureux. Toujours est-il que nous avons été précurseurs, nous avons fait bouger les lignes et je pense que notre ville et notre majorité ne peuvent que s?en satisfaire.

C?est montrer aussi ce que nous avons pu faire à Paris, puisque Paris est de ce point de vue une ville qui est bien sûr regardée, mais aussi une ville historique, patrimoniale, où agir sur les déplacements est sans doute plus compliqué que dans d?autres villes. Il y a le fait que l?on a réussi à le faire à Paris et cela marque les esprits. Aujourd?hui, nous sommes une référence mondiale en matière de déplacements et de déplacements qui visent justement à diminuer la pollution atmosphérique et par conséquent les risques pour la santé de nos habitants.

Nous sommes devenus une référence et cela a encouragé beaucoup d?autres villes à le faire. Il y a quelques mois, le Secrétaire d?Etat américain chargé des transports disait : puisque Paris a été capable de le faire, cela veut dire que les autres villes du monde sont capables de le faire. Nous allons donc poursuivre. Il faut convaincre nos collègues et nous le faisons. Nous nous sommes engagés avec la Métropole et c?est une bonne chose. Maintenant la discussion sur les calendriers doit permettre d?accélérer le pas. En tous les cas, c?est là aussi le sens de l?histoire. Nous serons totalement engagés parce qu?on respire déjà un peu mieux à Paris, même s?il nous faut encore aller beaucoup plus loin. Sylvain RAIFAUD, à vous.

M. Sylvain RAIFAUD. - Merci beaucoup, Madame la Maire. Merci, David BELLIARD pour vos réponses. Je voudrais profiter des deux minutes qui sont devant moi pour m?adresser à M. le Préfet.

Je voudrais profiter du temps de parole qui m?est accordé pour aborder un autre sujet que celui de ma question d?actualité : c?est celui de la manifestation, prévue initialement aujourd?hui à 16 heures 30 par les Hijabeuses, pour dénoncer l?amendement interdisant le port du voile pendant les compétitions sportives, manifestations que vous avez interdites.

Le groupe Ecologiste souhaite vous demander une chose.

Laissez-nous jouer ! C?est le cri de jeunes femmes à qui on interdit de jouer au football. Laissez-nous jouer ! C?est une demande toute simple de jouer au foot quand on est une fille, ce qui reste un acte féministe bien éloigné des extrémismes religieux, comme l?ont dit certaines de mes collègues du groupe Ecologiste qui se sont exprimées hier à ce sujet. Ce qui nous préoccupe, c?est que vous avez interdit cette manifestation dans un arrêté préfectoral aux termes particulièrement dangereux. Un arrêté qui s?appuie sur des considérations idéologiques pour stopper ce rassemblement, un arrêté dont le discours éminemment politique reprend la théorie de l?extrême droite. Nous voulions exprimer ici notre colère et réitérer notre soutien aux femmes mobilisées. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Alors, il y a une question d?actualité par groupe et pas deux. Donc, cher Sylvain RAIFAUD, je vous donne rendez-vous pour écouter ma réponse et sans doute aussi celle du Préfet de police sur ce sujet sur lequel j?ai toujours été très claire. En ce qui concerne les manifestations, je ne suis pas pour l?interdiction des manifestations à géométrie variable, disons les choses. Sur le fond, vous connaissez ma position.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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