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Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à la problématique du "crack".


 

Mme Anouch TORANIAN, adjointe, présidente. - Nous examinons le v?u n° 77 relatif à la problématique du "crack".

La parole est à Mme Marie TOUBIANA, du groupe Changer Paris.

Mme Marie TOUBIANA. - Madame la Maire, mes chers collègues, que de temps perdu, que de souffrances que les Parisiens endurent, alors que vous n?avez jamais voulu depuis des mois vous ranger aux solutions que nous vous proposions concernant le "crack".

Face à la misère humaine qui se déploie chaque jour sous nos yeux, il faut à tout prix s?accorder sur un projet commun et unir toutes nos forces pour agir. Ce sont encore au moins 200 personnes qui sont entassées porte de la Villette, dans des conditions sanitaires dramatiques, avec les conséquences que l?on connaît pour les riverains. Ces toxicomanes doivent être pris en charge dans des structures médicales adaptées, et pas dans des salles de "shoot" que certains d?entre vous appellent toujours de leurs v?ux.

Nous nous réjouissons, cependant, que d?autres membres de votre majorité reconnaissent enfin les erreurs passées. M. DAGNAUD a déclaré qu?il refusait ces salles où les gens vont se détruire. Tout comme le maire du 13e arrondissement, M. COUMET, qui a appelé à ce que l?on écoute les élus de tout bord afin de trouver une solution sanitaire.

Aujourd?hui, une fois encore, nous vous tendons la main, nous vous invitons à répondre à l?urgence en optant pour une option consensuelle de prise en charge médicale, sociale et psychologique au sein d?un établissement adapté. C?est la seule solution viable pour arrêter de laisser les toxicomanes dépérir dans nos rues, pour répondre à la colère des Parisiens du Nord et de l?Est de Paris, pour sortir de l?impasse dans laquelle vous vous êtes enfermés et qui conduit à ces déplacements de population répétitifs, inefficaces et désastreux, tant pour les personnes concernées que pour les quartiers visés.

Ecoutez enfin les Parisiens qui nous disent : "Soignez les toxicomanes". Le Préfet de police lui-même vous l?a dit hier : "Essayez de trouver une solution commune, au lieu de chercher un conflit avec l?Etat en saisissant le Tribunal administratif". Il est grand temps de cesser les postures idéologiques et de revenir à la raison. C?est ce à quoi vous enjoint le groupe Changer Paris depuis le début de cette mandature et ce à quoi nous vous invitons toujours aujourd?hui. Je vous remercie.

Mme Anouch TORANIAN, adjointe, présidente. - Merci, Madame TOUBIANA. Pour vous répondre, je donne la parole à Mme Anne SOUYRIS.

Mme Anne SOUYRIS, adjointe. - Merci beaucoup.

Je suis très heureuse, Madame TOUBIANA, de voir que vous avez beaucoup de constance. Les attendus que vous exprimez dans votre v?u ont fait l?objet d?une réponse à la question écrite posée par Changer Paris, qui est disponible sur le Bulletin officiel. Je ne vous le répéterai donc pas. Mais, enfin, j?ai quand même répondu aux questions : souhaitez-vous porter un projet de création de centre de prise en charge globale, médicale, psychiatrique, sociale des personnes toxicomanes, notamment les consommateurs de "crack", dans un lieu éloigné des zones densément peuplées et visant la désintoxication ? Et : pouvez-vous prendre l?engagement d?exclure toute consommation de stupéfiant au sein des CAARUD et des CSAPA ?

Donc, vous me reposez les mêmes questions. Je vois. Je vais donc, moi aussi, de manière très constante, vous répondre de la même manière et vous dire simplement que : non, il n?y a pas d?acte magique. On ne peut pas, d?une part, enfermer les personnes contre leur gré, même pour les soigner, en démocratie. Nous sommes encore en démocratie. Cela n?est donc pas possible. La deuxième solution, c?est de travailler avec ces personnes pour aller vers le soin. Et là, nous sommes à la réduction des risques. Et, dans la réduction des risques, et oui, il y a des espaces de consommation. Cela a été vérifié dans tous les autres pays européens qui ont travaillé sur la question du "crack". Vous pourrez aller voir la littérature. C?est, finalement, la littérature scientifique qui est la plus probante. Je vous y ramènerai. Et donc, je n?aurai pas un avis favorable à votre v?u. Néanmoins, je vous dis, moi non plus, je n?ai pas de solution magique. Nous non plus, nous n?en avons pas. C?est pourquoi nous tentons de travailler de manière extrêmement large et non sectaire avec l?ensemble des intervenants, et que nous demandons aujourd?hui à l?Etat de prendre ses responsabilités pour aller dans ce sens. Je vous remercie. (M. Patrick BLOCHE, adjoint, remplace Mme Anouch TORANIAN au fauteuil de la présidence).

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Anne SOUYRIS.

Le v?u n° 77 est évidemment maintenu. Je pose la question par réflexe.

Je suis saisi d?une demande d?explication de vote de Mme Fatoumata KONÉ, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Fatoumata KONÉ. - Merci, Monsieur le Maire.

Madame TOUBIANA, les élus du groupe Changer Paris, en fait, vous semblez avoir déjà décidé et fait le tri parmi les dispositifs d?accompagnement des usagers de drogue, avec un rejet certain, voire viscéral, des dispositifs incluant des espaces de consommation. Et cela, aux dépens de toutes les études scientifiques sur le sujet et l?avis des professionnels de santé. En résumé, votre message, c?est : trouvez-nous une solution, mais à nos conditions. Evidemment, avec cela, on va bien avancer. Merci.

Bon, bref, à en lire votre v?u, on se demande si vous souhaitez réellement que des solutions adaptées aux besoins des toxicomanes soient trouvées. Car, je tiens à vous le rappeler au passage, on parle avant tout d?êtres humains. Alors, je veux rappeler quand même que c?est important, et cette situation, il y a deux origines : un problème de santé publique, et effectivement, on est d?accord sur ce point, les nuisances insupportables pour les habitants des quartiers concernés. Je vais donc vous redire ce que nous attendons de notre côté. C?est que l?Etat - Anne SOUYRIS l?a dit - prenne enfin ses responsabilités et cesse de se jouer des Parisiennes et des Parisiens, des usagers de drogue abandonnés sur l?espace public, et des élus locaux engagés dans ces quartiers. Il est temps d?y mettre de réels moyens, en investissant dans des lieux adaptés visant à accompagner sérieusement les usagers de drogue, et ainsi, soulager les quartiers concernés, et en créant également des établissements permettant la consommation.

Nous sommes convaincus qu?aucune solution durable aux problèmes de tranquillité et de sécurité publique ne pourra être trouvée dans le déni des droits, ainsi que, surtout, des droits à la santé et au logement des personnes concernées.

C?est d?ailleurs la raison pour laquelle les élus écologistes de Paris, associés aux élus écologistes de Pantin, E.E.L.V. Paris ainsi que des parlementaires écologistes, nous avons saisi la Défenseure des droits concernant l?abandon par l?Etat des usagers de drogue dans le square de la porte de la Villette situé dans le 19e arrondissement, ainsi que l?abandon des habitantes et des habitants des quartiers concernés, du 19e arrondissement, de Pantin et d?Aubervilliers. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Madame la Présidente.

Je mets donc aux voix, à mainlevée, le v?u n° 77 du groupe Changer Paris, avec un avis défavorable de l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u n° 77 est rejeté.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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