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2022 DU 26 - "Ecommoy" (72). - Cession de la propriété 6, rue du Général-Leclerc.


 

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Nous passons à l?examen du projet de délibération DU 26 concernant la cession d?une propriété située dans la commune d?Ecommoy, dans le 72 et de l'amendement n° 86 déposé par le groupe Communiste et Citoyen qui y est rattaché. La parole est à Mme Camille NAGET, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Camille NAGET. - Merci, Monsieur le Maire, chers collègues. Nous sommes appelés à nous prononcer sur la cession du site Ecommoy, propriété de la Ville. Les vacances sont un loisir mais, avant tout, un droit, un droit fondamental qui permet de s?évader du quotidien, de se structurer autrement, de dépasser? De sortir de ses habitudes et de son quotidien. Et la dimension de loisir est très importante. Mais je souhaite aussi... Excusez-moi, c?est très, très bruyant.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Mes chers collègues, merci d?écouter Mme NAGET ou, éventuellement, de quitter l?hémicycle si vous souhaitez discuter en dehors des scrutins publics. Allez-y, Madame NAGET.

Mme Camille NAGET. - Merci, Monsieur le Maire.

Les vacances sont donc un droit, un droit fondamental dont, toutes et tous, nous devrions bénéficier sans exception. C?est un droit, c?est un loisir et nous souhaitons insister sur la dimension sociale des vacances. Sortir du cadre familial, c?est une occasion d?apprendre autrement. Sortir de son domicile, sortir de sa ville, c?est l?occasion de s?évader, de découvrir de nouvelles choses. Chaque année, un tiers de jeunes Parisiennes et de jeunes Parisiens ne partent pas en vacances, et 13 % ne partent jamais en vacances. Ce sont 65.000 jeunes à Paris qui ne quittent jamais la ville.

Depuis 2020, nous souffrons, et particulièrement les jeunes, de la crise du Covid, des contraintes sanitaires, des restrictions de libertés qui nous ont encore plus enfermés. Il y a un fort besoin de reconstruction des liens pour toutes et tous. Les jeunes souffrent de ne pas pouvoir partir en vacances, mais les seniors souffrent aussi de ces difficultés. Combien de seniors n?ont pas quitté Paris depuis des années ? Combien de familles n?ont pas réussi à prendre un temps en dehors de chez eux pour partager des moments différents de ceux du quotidien ?

L?accès aux vacances, c?est un enjeu d?émancipation pour toutes et tous. Nous constatons d?un côté que les Parisiennes et les Parisiens ont besoin de vacances et que, de l?autre côté, la Ville dispose de lieux pour les accueillir. Malheureusement, la Ville décide de les vendre progressivement. Je pense à Notre-Dame du Glandier, mais également au château de Nescus dont le projet de vente a été retiré de l?ordre du jour mais qui devait être soumis au vote à ce Conseil. Pour nous, c?est un non-sens d?avoir ces propriétés qui pourraient accueillir des jeunes, des enfants, des familles, des personnes âgées lors de séjours de vacances et de les céder, de les vendre pour des raisons visiblement avant tout budgétaires.

Nous portons un amendement dans ce Conseil pour faciliter l?accès des jeunes aux vacances en demandant notamment l?accès à "V.V.L.", "Vacances Voyages Loisirs", et nous pensons que plutôt que de vendre ce patrimoine, la Ville pourrait le mutualiser avec d?autres collectivités et faciliter l?organisation de séjours. Cette propriété située à Ecommoy et à 220 kilomètres de Paris appartient à la Ville depuis 1971. C?était un site de la DASES, occupé par les services de la Protection de l?enfance jusqu?en 2018. Il a donc totalement vocation à accueillir du public. Les alentours sont propices à des activités de loisirs, et la Ville de Paris est propriétaire de plusieurs terrains, de plusieurs bâtiments en France dans de multiples endroits, avec des paysages différents. Et cela pourrait et cela devrait faciliter l?organisation de séjours de vacances, de loisirs avec les structures parisiennes et les structures associatives. Je pense notamment au Secours populaire qui organise beaucoup de séjours familles. C?est donc le sens de l?amendement que nous avons déposé, qui demande que la Ville renonce à son projet de cession, en vue d?effectuer des partenariats avec les structures de jeunes et d?aide sociale dans le but d?organiser des vacances et des séjours de loisirs dans les propriétés de la Ville. Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci. La parole est à Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - D?abord, mes chers collègues, j?aimerais connaître la raison qui a fait que le projet de délibération concernant la vente du château de Nescus, situé dans l?Ariège, a été retiré de l?ordre du jour. Je pense que c?est important qu?on nous en explique les raisons, et il est pertinent d?aborder ces deux projets de délibération dans la même intervention.

Evidemment, on pourra nous rétorquer que le projet de délibération sur lequel nous sommes inscrits ne correspondait pas à un bâtiment qui servait de colonies de vacances, puisque ce bâtiment était un service d?accueil départemental, d?accueil familial départemental et que ces bâtiments n?étaient pas, en tant que tels, des lieux de colonies de vacances. Mais le château, lui, pour le coup, l?était complètement, et pendant plus d?une dizaine d?années, il n?a servi à rien. Il s?est passé presque 15 ans sans que la Ville ne s?en soucie, mis à part qu?elle a payé quelqu?un pour faire du gardiennage.

Moi, je suis désolée, mais un "truc" comme cela, ça me rend complètement "dingue". Je me dis qu?on avait un bâtiment dans l?Ariège qui aurait pu accueillir des colonies de vacances, qui aurait pu accueillir des projets associatifs, qui aurait pu accueillir des classes "découverte", des classes vertes pour les scolaires, qui aurait pu par exemple accueillir des femmes en situation de souffrance, victimes de violences, avec des enfants. Elles auraient pu se reconstruire une semaine ou deux au "vert", là-bas, en Ariège. On aurait pu permettre à des mineurs isolés étrangers de passer, allez, une semaine ou deux, coupés du milieu qui parfois les entraîne je ne sais où, et de pouvoir se ressourcer, n?en déplaise aux bancs de l?opposition. On aurait pu imaginer tant de projets d?éducation populaire, tant de projets qui permettaient de se reconstituer un autre rapport à la nature. Non, on n?a rien fait pendant 15 ans. Vous imaginez ? On n?a rien fait de ce bâtiment ! Et ce bâtiment, on va le liquider, on va le brader.

Alors, j?espère que ce sera un beau projet qui pourra naître sur ce lieu-là et qu?on ne cherchera pas à le vendre au plus offrant. Mais quel gâchis. Imaginez si la Ville faisait en sorte de conserver ces lieux, y compris d?y investir les travaux nécessaires, pour que des structures de l?éducation populaire puissent y faire vivre un lieu d?accueil, de séjour vacances. On pourrait aussi permettre, pas seulement à des Parisiens mais aussi à des jeunes d?autres villes de la région parisienne, de communes beaucoup moins riches que les nôtres et qui bien souvent, elles, ne peuvent pas mettre en place les mêmes politiques d?accès aux vacances, eh bien de pouvoir y aller.

On parle beaucoup du partenariat entre Paris et les autres communes, et moi, étant du 20e, je pense au 93. Cela aurait été hyper intéressant de construire cela. Non. Pendant 15 ans, vous savez quoi ? On n?a rien fait, on n?a pas réfléchi. Et on a "claqué", de fait, l?argent public simplement dans l?entretien d?un lieu qui ne servait à personne.

Je ne sais pas ce qu?on pourrait faire par ailleurs sur cet autre bâtiment dont le projet de délibération est l?objet, le site d?Ecommoy. J?avais soutenu les mobilisations des syndicalistes, qui regrettaient le démantèlement de ces services d?accueil familial départemental, parce que quand on les déconstruit et qu?on les regroupe, forcément, cela pose de nombreux problèmes dans le suivi des familles, dans les problématiques de proximité.

Que va devenir ce lieu ? Session après session du Conseil de Paris, on voit des bâtiments, comme cela, qui sont bradés, comme s?il n?y avait pas de réflexion collective sur les besoins à satisfaire. On a vraiment l?impression qu?on passe le matin sur le rapport du Conseil des Générations Futures à entendre, soi-disant, les belles promesses, "oui, oui, vous avez raison, il faut penser à la politique publique dans la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux", et puis une fois que ce projet de délibération-là, ce temps-là, de façade, est dépassé, les projets de délibération, finalement, se suivent et se ressemblent, et c?est la grande braderie. Allez hop, le bâtiment d?Ecommoy aux enchères, le château de Nescus, aux enchères, sans aucune pensée collective sur ce que la Ville pourrait faire.

Il y aurait sans doute aussi des projets en lien avec ces propriétés-là sur la question de la coopérative agricole parisienne. Il y aurait tant de choses à penser et à concevoir.

Je ne peux pas voter pour ce projet de délibération de cession, qui montre juste une chose : c?est qu?il y a un degré zéro de réflexion et d?anticipation.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup. Pour vous répondre, la parole est à Emmanuel GRÉGOIRE.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Merci beaucoup.

C?est dommage, Madame SIMONNET, que votre propos n?ait absolument rien à voir avec l?objet du projet de délibération. Si nous avons retiré l?autre projet de délibération qui était celui de votre propos, c?est à la demande de la collectivité où le bien est situé, et, évidemment, nous aurons l?occasion de revenir vers vous quand nous en saurons plus.

Sur ce projet de délibération relatif à la cession d?une propriété à Ecommoy, j?entends, Madame NAGET, ce que vous avez évoqué, mais cela n?a pas grand-chose à voir avec le sujet. Il est impossible de faire une colonie de vacances. Et avoir des propriétés propres pour y faire des colonies de vacances, est-ce que c?est un modèle encore d?actualité ? Je ne le crois pas et il est d?ailleurs en quasi-abandon partout, car cela ne correspond pas à la demande des familles et de leurs enfants lorsqu?elles partent en vacances, qui ne souhaitent pas être obligées d?aller toujours au même endroit, génération après génération toujours au même endroit.

Vous savez, mais je laisserai Patrick BLOCHE y revenir à d?autres occasions, que c?est un sujet qui nous a plusieurs fois animés ici et combien nous y sommes sensibles, et je ne peux que souligner mon accord avec vous sur cette préoccupation. Mais, en l?occurrence, il s?agit d?un bien qui n?est absolument pas adapté à cela et je crois qu?en modèle de réflexion sur ce que nous faisons de nos biens, on peut difficilement faire mieux. Je rappelle la doctrine. Est-ce qu?on en a besoin ou pas ? Si nous n?en avons pas besoin, on dialogue avec la collectivité ou les collectivités potentiellement concernées pour voir si elles ont un projet directement. Et si ce n?est pas le cas, nous choisissons ensemble le repreneur, et jamais aux meilleures conditions financières pour la Ville, pour souligner l?intérêt que nous attachons au devenir de nos biens dans les autres collectivités territoriales. Là, c?est la commune qui reprend l?équipement et qui va en faire, avec le soutien de la région, du coin et du Ministère de la Culture, un équipement culturel, une médiathèque, une ludothèque. Ce lieu va donc avoir une seconde vie et c?est un motif suffisant pour s?en réjouir.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

L?amendement n° 86 du groupe Communiste et Citoyen est-il maintenu ? Il est maintenu et il reçoit un avis défavorable.

Je mets donc aux voix, à main levée, cette proposition d'amendement n° 86, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif. Qui est pour ? Contre ? Abstentions ?

La proposition d'amendement n° 86 est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DU 26.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2022, DU 26). Je vous remercie.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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