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2022 DASES 10 - Actions d'aide alimentaire (306.500 euros) à destination des personnes en situation de précarité. - Conventions et avenants.


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous allons examiner le projet de délibération DASES 10 : actions d?aide alimentaire, 306.500 euros, à destination de personnes en situation de précarité. Conventions et avenants. Je vais donner la parole à Mme Camille NAGET, puis à Mme Emmanuelle PIERRE-MARIE.

Mme Camille NAGET. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, manger à sa faim, subvenir à ce besoin primaire pour soi, sa famille, reste pour une partie de nos concitoyennes et concitoyens un vrai défi au quotidien. L?accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous, c?est un enjeu majeur mais également complexe à mettre en ?uvre. Cette précarité alimentaire est un fléau qui touche des publics très divers, aux problématiques différentes et parfois multiples. Ce sont autant de nuances qui appellent chacun à des diagnostics ciblés, des réponses adaptées, à une intelligence de politique publique qui s?étend bien au-delà des simples questions logistiques. C?est un travail au long cours qui demande sans cesse de faire preuve d?adaptabilité, d?analyse des contextes et des pratiques pour permettre à chacune et chacun de bien manger, et surtout, de recourir à ces moyens qui leur permettent de manger bien.

L?existence des dispositifs d?aide alimentaire est une chose, mais rendre ces dispositifs visibles et favoriser le recours en est une autre. Ces complexités, notre Ville les a bien comprises. J?en veux pour preuve la très grande réactivité dont elle a été capable dès l?apparition des premiers impacts de la crise sanitaire. Une crise à laquelle personne ne s?attendait, qui s?est rapidement traduite par la fermeture ou une très grande restriction des accueils en présentiel, qui ont compliqué le maintien d?un lien avec les publics déjà suivis. Une crise qui a également généré l?interruption de pans entiers de l?économie et fait sombrer des visages nouveaux dans la précarité. En particulier, plus de 46 % des étudiantes et étudiants contraints de travailler en parallèle de leurs études, qui sont surreprésentés dans les emplois précaires, par exemple, de la restauration et de la grande distribution.

Ce sont autant de nouvelles données qui ont créé un choc des besoins, qui, en réalité, étaient déjà latents, mais elles ont éclaté au grand jour et ont été vraiment décuplées par la crise. En l?espace de quelques mois, les banques alimentaires ont dû faire face à une augmentation de 30 % de la demande. Un bond qui s?explique en particulier par l?arrivée de ces nouveaux bénéficiaires âgés de 18 à 25 ans. Face à tout cela, il a fallu composer et, à l?échelle locale, résorber la demande grâce à l?innovation des collectivités, des bonnes volontés, des associations, sans appui réel du Gouvernement.

La réponse a été presque immédiate à Paris, puisqu?il tient à c?ur à notre Ville, depuis de nombreuses années, de développer son maillage de soutien alimentaire et de travailler à le diversifier. L?actualité sanitaire a donné raison à ce travail en profondeur, en coopération étroite avec tous les acteurs de la solidarité. Les épiceries solidaires et les associations ont été de véritables piliers, des soutiens, des points d?appui dans l?organisation des réponses à apporter dans un temps contraint par l?urgence.

Je tiens ainsi à saluer, pour le groupe Communiste et Citoyen, ce projet de délibération qui permet la reconduite de plusieurs subventions à ces piliers de l?aide alimentaire : les épiceries sociales du C.A.S.-V.P., bien sûr, la mobilisation hors norme du "Secours populaire" qui repose sur beaucoup de bénévoles. Il faut saluer leur mobilisation pendant la crise sanitaire. Le Comité local d?animation et sociale et de solidarité, l?ensemble, je l?ai dit, des épiceries sociales parisiennes, et l?association "Linkee", qui a su être un allié de taille et continue à l?être en plus d?une dimension de lutte contre le gaspillage alimentaire.

Enfin, j?aurai un mot pour saluer la volonté de ce projet de délibération de pérenniser un ensemble d?actions et de dispositifs mis en place pour répondre à l?urgence, notamment avec la volonté d?accompagner le "Secours populaire" dans la pérennisation de son second libre-service dans le 13e arrondissement, en plus de celui dans le 18e arrondissement, rue Montcalm. Cette volonté est vraiment très importante. L?un des enseignements qu?il faut tirer de cette crise, c?est le pic de précarité qui s?est manifesté à Paris, mais pas seulement, qui traduit quelque chose de notre société. C?est ce fil rouge, cette précarité sur laquelle sont des millions de travailleurs et de travailleuses, qu?à tout instant la moindre secousse risque de faire basculer dans la précarité, voire dans la pauvreté. C?est une réalité qui ne pourra changer qu?à l?échelle de politiques publiques nationales. Pour cela, il faut de la volonté politique, que nous n?avons pas ressentie jusqu?à maintenant et qui, nous l?espérons, se fera jour.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup. La parole est à Mme Emmanuelle PIERRE-MARIE.

Mme Emmanuelle PIERRE-MARIE, maire du 12e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, je m?exprime aujourd?hui sur ce projet de délibération pour rappeler le rôle qui fut le nôtre dans la crise que nos concitoyennes et concitoyens les plus fragiles ont traversée avec difficulté. Je souhaite également revenir sur l?engagement que nous devons toujours tenir envers celles et ceux qui souffrent en silence dans un Paris anonyme, où il peut être aisé d?enfouir sa situation de grande précarité. Pour beaucoup, la crise sanitaire s?est transformée en crise alimentaire, et des familles et des jeunes sont venus gonfler les rangs des bénéficiaires des aides de première nécessité.

Deux structures particulièrement actives dans le 12e arrondissement bénéficient de subventions de la Ville pour poursuivre les actions d?aide alimentaire pour les familles et les étudiantes et étudiants, souvent contraints de sacrifier ce poste essentiel à leur santé, à leur bien-être au quotidien. Nombre d?entre nous ont découvert la détresse des étudiantes et des étudiants privés de leurs maigres ressources financières pendant la crise sanitaire, contraints de ne plus vivre à l?euro près, mais bien au centime près pour survivre et étudier, tout en se construisant.

J?ai été profondément attristée par les files de jeunes étudiantes et étudiants dans le besoin devant les locaux de "Ground Control" à l?occasion de grandes distributions portées par "Linkee", mais également enthousiasmée par ce vent de solidarité qui a vu naître cette initiative.

Les familles monoparentales ont été et sont encore frappées par l?instabilité et le déséquilibre auxquels nous sommes tous confrontés depuis deux ans, mais qui peut les plonger, contrairement à d?autres, dans une soudaine précarité qui gravitait déjà autour d?elles.

L?accès à une alimentation de qualité est un enjeu de première importance. A travers les caisses des écoles, nous nous engageons tous et toutes, en tant que maires d?arrondissement, présidentes et présidents, à offrir une alimentation durable, saine et accessible aux jeunes écolières et écoliers. Mais ce travail doit aussi se prolonger au-delà, pour un réel droit à l?alimentation et une sécurité alimentaire pour toutes et tous. Je suis fière d?y prendre part en votant ce projet de délibération. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup.

Pardon, parce que l?on m?avait dit qu?elle n?était pas connectée, mais Alexandra CORDEBARD est donc bien connectée en Webex et peut intervenir sur ce projet de délibération.

Vous êtes là, Madame la Maire ?

Mme Alexandra CORDEBARD, maire du 10e arrondissement. - Je suis là.

Merci de m?avoir ainsi repêchée, Madame la Maire.

Je voulais, même si la collègue avant moi a dit l?essentiel en intervenant sur ce projet de délibération, insister de nouveau sur l?importance du travail de ces associations, celles qui mènent des actions d?aide alimentaire.

Comme le disait ma collègue, nous avons vraiment vu, pendant toute cette période, grandir les files d?attente, grandir les files actives et apparaître dans l?ensemble des files d?attente, notamment des distributions alimentaires de rue, de nouvelles personnes qui se sont trouvées dans la détresse. Les missions que se sont données ces associations sont essentielles. Elles ont été essentielles dans le contexte de crise sociale qui nous a vraiment énormément impactés dans les quartiers populaires. Le soutien de la collectivité à leur fonctionnement est donc forcément très utile. Je veux redire à quel point, comme l?a dit ma collègue maire du 12e arrondissement, il est nécessaire que nous continuions à les soutenir.

Je tiens également à insister sur le travail d?inclusion qui est mené par les 8 associations gestionnaires d?épiceries sociales, qui sont visées par ce projet de délibération. Insertion pour les familles bénéficiaires qui accèdent à ce service essentiel sans se sentir stigmatisées. Elles proposent des fonctionnements bien plus proches des commerces alimentaires classiques, basés non pas sur la perception de colis préconditionnés, mais sur un fonctionnement en libre-service comme dans n?importe quelle épicerie ou supermarché. Leurs modalités de fonctionnement ne sont pas toutes les mêmes. Pour autant, elles ont un point commun ; c?est de proposer aux personnes, familles bénéficiaires, des produits frais et de qualité. Je voulais également souligner le travail mené par l?association "Linkee" qui allie l?action sociale, la solidarité alimentaire à la lutte contre le gaspillage alimentaire, auquel le 10e arrondissement, comme vous tous, mes chers collègues, est particulièrement attaché. Je pense aux quartiers "zéro déchet", au soutien de la Ville à la "Communauté Ecotable" ou à l?action de sa caisse des écoles. De nouveau, ma collègue maire du 12e arrondissement en a parlé. "Linkee" procède pour cela à la récupération d?invendus alimentaires, qu?elle redistribue via d?autres associations partenaires, et cela fonctionne bien puisqu?il y a plus de 8.600 étudiants qui ont pu bénéficier de l?action de cette association en 2021. La proposition de lui attribuer une subvention d?investissement de 100.000 euros lui permettra d?accélérer son développement et de s?adapter à la demande, qui, hélas, nous l?avons dit plusieurs fois, a augmenté ces deux dernières années. Merci, donc, chers collègues, de renouveler le soutien de notre collectivité à ces associations essentielles.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Pour vous répondre, je donne la parole à Mme Léa FILOCHE.

Mme Léa FILOCHE, adjointe. - Merci beaucoup.

Merci, Mesdames les Maires des 10e et 12e arrondissements. Merci, Camille.

Je crois que vous avez dit beaucoup de choses, donc je vais essayer de ne pas répéter.

C?est un projet de délibération qui est important, qui rappelle le fort engagement de la Ville sur la question de l?aide alimentaire. Un sujet que l?on aborde régulièrement dans cet hémicycle. C?est vrai, parce que l?on a bien senti les effets de la crise sanitaire et les effets sociaux sur un certain nombre de nos publics. D?ailleurs, je le rappelais en décembre dernier. La précarité alimentaire touche un nombre croissant de ménages parisiens. Sur le terrain, dans les arrondissements, les acteurs de l?aide alimentaire constatent que les besoins n?ont jamais retrouvé les proportions mesurées avant la crise sanitaire.

Néanmoins, la mobilisation de la Ville et le soutien qu?elle accorde pour améliorer et développer l?aide alimentaire, a permis malgré tout de répondre à la demande inédite que nous avons connue en 2020 et 2021, qui perdure en 2022. Nous avons, par exemple, su adapter nos dispositifs aux nouveaux publics, comme les jeunes, les étudiantes et les étudiants, avec mes collègues Marie-Christine LEMARDELEY et Hélène BIDARD. Nous avons également porté une attention particulière aux seniors, aux travailleurs pauvres et aux familles. Des projets nouveaux ont vu le jour. Des dispositifs municipaux et ceux de partenaires associatifs ont tenu grâce à notre soutien financier, mais aussi - cela a été dit et je le rappelle aujourd?hui - grâce à la mobilisation de la Ville pour coordonner l?aide alimentaire et anticiper au mieux les besoins.

C?est pour cette raison que je vous propose aujourd?hui de renouveler notre soutien à 8 associations qui animent des épiceries sociales et solidaires, réparties sur l?ensemble du territoire parisien, ainsi qu?à l?épicerie sociale gérée par le Centre d?action sociale de la Ville de Paris, dans le 19e arrondissement. Dans le contexte de crise sanitaire, leur action a été très précieuse. Vous l?avez toutes dit. Elle a permis de répondre en quantité à la hausse de la demande sans négliger - c?est important aussi - la qualité des produits proposés. Nous travaillons, avec ma collègue Audrey PULVAR, à l?amélioration de la qualité de ces denrées ainsi qu?à la simplification des circuits d?approvisionnement. C?est aussi un objectif pour les publics. Ce projet de délibération est donc l?occasion d?accompagner l?association "Linkee" dans sa demande de lutte contre le gaspillage alimentaire.

Par ailleurs, chacune de ces structures a développé des partenariats avec des acteurs locaux pour favoriser l?alimentation "bio". Je tiens ici à saluer le travail sans relâche et très qualitatif en faveur de l?alimentation des personnes et des familles les plus démunies. Saluer le travail de ces 8 épiceries sociales et solidaires, de celles et ceux qui les font vivre en tant que salariés et aussi en tant bénévoles. Sans ces épiceries sociales et solidaires, très probablement, une grande partie de nos concitoyens ne trouverait pas de quoi manger chaque jour. Merci encore.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je mets donc aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 10.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de délibération est adopté. (2022, DASES 10).

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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