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2022 DPE 2 - Subventions (53.000 euros) et conventions avec trois associations œuvrant à la réduction des déchets et au développement des territoires zéro déchet.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DPE 2. Ce sont des subventions et des conventions avec trois associations ?uvrant à la réduction des déchets et au développement des territoires zéro déchet.

Vincent BALADI s?est inscrit sur ce projet de délibération et je lui donne la parole.

M. Vincent BALADI. - Monsieur le Maire, chers collègues, nous le savons tous, l?importance de la réduction des déchets est un enjeu capital pour la Ville et chacun de nos arrondissements. Nous devons utiliser les deux leviers pour réduire ces déchets : d?un côté, limiter la production des déchets à usage unique, et de l?autre mieux valoriser nos déchets par le recyclage ou la méthanisation des déchets ménagers, par exemple.

Au niveau local, dans chacun de nos arrondissements, nous menons des actions concrètes et chacun des maires d?arrondissement ici présents le sait bien. A titre d?exemple, dans le 8e, autour de notre maire Jeanne d?HAUTESERRE, nous avons agi concrètement : distribution d?une gourde réutilisable aux enfants de CM2 afin de limiter l?usage des bouteilles en plastique, collecte des biodéchets sur les marchés, distribution de lombricomposteurs, recherche de bénévoles pour la mise en place d?un Repair Café, sensibilisation à la méthanisation dans les cantines auprès des enfants et des cantinières.

Je tenais aussi à rappeler au niveau de la Ville que 25 % des déchets sont encore incinérés dans les centres de recyclage et c?est bien dommage. Je vous remercie pour votre attention.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Et le président de séance vous remercie d?avoir tout dit en 1 minute et 9 secondes. Pas comme moi, pourquoi dire des choses aussi inutiles !

La parole est à Léa VASA, qui est en Webex.

Mme Léa VASA. - Bonsoir à toutes et tous, est-ce que vous m?entendez bien ?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - On ne vous voit pas encore mais on vous entend. Maintenant on vous voit, tout est bon.

Mme Léa VASA. - Merci beaucoup.

A travers ce projet de délibération, on va soutenir de nouveau des initiatives de l?économie sociale et solidaire d?arrondissements de tous bords politiques, et cela a été bien illustré par mon collègue qui vient de s?exprimer, qui contribuent à la dynamique de réduction à la source des déchets.

Cette dynamique collective qui prend de l?ampleur mérite vraiment d?être saluée ici en Conseil de Paris et nous ne manquerons jamais une occasion. Cela montre que l?on dit d?une seule voix qu?une bonne gestion des déchets passe par le fait d?abord de ne pas produire de déchets. Cette idée de l?élimination même du concept de déchets, qui en fait n?a qu?une raison d?être, doit prendre toute sa place dans notre politique.

Si on pousse la réflexion, l?idée est même de viser à terme le démantèlement de certaines infrastructures de traitement, comme a pu le porter le groupe Ecologiste avec d?autres groupes, au SYCTOM par exemple avec des collectifs citoyens et associatifs pour l?incinérateur d?Ivry qui va réduire assez drastiquement ses capacités de traitement dans quelques années. Ces centres de traitement sont un pis-aller, un moindre mal, notamment quand la réalité de l?impact des déchets se rappelle à nous.

Ce que l?on a pu voir depuis quelques jours est assez violent avec ce scandale qui secoue le SYCTOM autour de l?incinérateur d?Ivry-sur-Seine quant aux taux de pollution dramatiques relevés dans son environnement direct. Comme cette situation est particulièrement préoccupante, j?aurais aimé me saisir de cette opportunité pour évoquer un peu le sujet.

Le SYCTOM, notre Syndicat de traitement des ordures ménagères, gère entre autres installations industrielles ce centre d?incinération à Ivry, dont l?exploitation est confiée à "Suez". Un rapport scientifique indépendant de l?institut de recherche en toxicologie "Toxicowatch" a été commandé par le "Collectif 3R" qui met en cause cette usine et la soupçonne de générer un taux de pollution record en Europe, en comparaison d?autres incinérateurs également étudiés. Il s?agit d?émissions de dioxine, de particules très fines particulièrement dangereuses surtout si on est exposé à long terme. Les chercheurs ont réalisé des prélèvements dans des ?ufs de poule, de la végétation et de la mousse, éléments qui captent particulièrement ces minuscules particules polluantes, et les taux sont tellement élevés que si les ?ufs étaient destinés à la vente, par exemple, ils auraient été interdits.

Suite au rapport, le SYCTOM et "Suez" clament leur bonne foi, en affirmant que les résultats et le protocole de mesures qui est réalisé directement par "Suez" respectent la réglementation. D?ailleurs, ils soulèvent certains problèmes, notamment des problèmes signalés à l?Etat sur la réglementation qui est muette au sujet de certains types de dioxines pour lesquels il n?y a pas de seuil réglementaire maximum.

Au-delà de cela, il faut absolument nous assurer que le SYCTOM et "Suez" sont irréprochables sur ces mesures et sur les résultats. Puis il faut pouvoir mener des mesures indépendantes complémentaires, comme proposé par "Toxicowatch". Dans diverses études de cet institut, ils soulèvent que c?est peut-être la méthode même de relevé de mesures qui est problématique. Les prélèvements réglementaires réalisés aujourd?hui sont périodiques, ponctuels et portent sur la qualité de l?air, or il serait recommandé de réaliser plutôt des prélèvements en continu et non ponctuels.

En effet, ces niveaux de dioxine sont déterminés déjà par la composition des déchets qui sont brûlés, ce qui est aléatoire, par les incidents qui peuvent survenir, en sachant que ce sont des installations vétustes et que les incidents restent nombreux notamment lors du redémarrage des fours avec des pics relevés allant au-delà des seuils réglementaires dans les mesures faites par "Suez" à ce moment-là. On voit sur les rapports officiels des pics très importants.

D?autres éléments préoccupants sont relevés dans l?étude de "Toxicowatch", dont le fait que les prélèvements réalisés aujourd?hui par le SYCTOM sont faits plus loin de l?incinérateur que ce qu?a fait "Toxicowatch". Il y a aussi le fait que l?on manque d?un rapport d?analyse détaillée sur la méthodologie employée.

Il faut donc vraiment faire toute la transparence sur cette situation, qui est très préoccupante pour la santé des habitants, comme pour celle des travailleurs qui sont dans l?usine et pour l?environnement en général.

Le groupe Ecologiste n?est pas le seul car d?autres groupes politiques qui siègent également au SYCTOM ont demandé qu?un conseil syndical exceptionnel puisse se réunir en urgence pour faire la transparence sur ces résultats, lancer des analyses complémentaires, mettre en place un plan de travail à la hauteur des enjeux ; ce ne serait pas uniquement sur cet incinérateur mais sur l?ensemble de nos infrastructures, parce que c?est inacceptable et d?autant plus que la France a été condamnée l?année dernière pour son inaction en matière de lutte contre la pollution de l?air.

Après cette longue parenthèse, je reviens finalement au projet de délibération. Il s?agit de se donner véritablement les moyens de notre ambition en matière de réduction à la source des déchets, parce que c?est la première solution : ne pas avoir à produire des déchets pour ne pas avoir à les gérer et à gérer des externalités comme celle-ci. Je vous remercie de votre attention et je m?excuse d?avoir été un peu longue, mais je pense que l?actualité le nécessitait.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Léa VASA.

Je donne la parole à Éric PLIEZ qui s?est inscrit sur ce projet de délibération.

M. Éric PLIEZ, maire du 20e arrondissement. - Mes chers collègues, le budget parisien, que nous avons voté lors du dernier Conseil de Paris, vient renforcer nos moyens, tant pour la propreté que pour la réduction des déchets, et je m?en réjouis. Cela devrait nous permettre de mieux répondre aux enjeux de la transition écologique et de poursuivre nos engagements en faveur de cette réduction des déchets.

Je ferai un petit rappel : en dix ans, la production annuelle des déchets à Paris est passée de 483 kilos par habitant à 403 kilos, soit moins 16 %, ce qui montre une réelle évolution des comportements et des pratiques.

Le but de territoires zéro déchet n?est pas réellement de réduire à zéro la production des déchets, mais plutôt de s?assurer que 100 % des déchets sont valorisés, donc recyclés, transformés, réemployés, compostés. Autrement dit, c?est s?assurer que ces déchets ne s?arrêtent pas au stade de déchets et qu?une seconde vie leur est accordée. Face au défi climatique et à la nécessité de faire évoluer nos modes de production et de consommation, cette démarche est plus que nécessaire. Actuellement, 3.000 tonnes de déchets ménagers sont collectées quotidiennement à Paris, or 70 % d?entre eux pourraient être évités.

Face au succès de l?expérience de la rue de Paradis dans le 10e et convaincu de l?importance de cette démarche, le 20e, comme neuf autres arrondissements, s?est associé à cette démarche et a lancé l?expérimentation en septembre 2021 dans le quartier Réunion-Saint-Blaise, un territoire fort de 4.500 habitants, qui est l?un des plus denses de Paris. Résidentiel, dynamique sur le plan associatif et scolaire, intégrant de nombreux commerces alimentaires, restaurants et le marché de la place de la Réunion, ce territoire est idéal pour mettre en place des actions coordonnées de réduction de nos déchets.

Dans ce cadre, plusieurs types d?action sont prévus : des actions qui visent à modifier durablement les comportements grâce à la prévention et d?autres qui visent à s?assurer que les déchets produits sont correctement valorisés ou réemployés.

Pour cela, le 20e arrondissement a la chance de pouvoir s?appuyer sur un acteur central, la ressourcerie "Emmaüs Coup de main" de la porte de Montreuil qui fait un formidable travail en qualité de recyclerie, ressourcerie et réemploi. Elle a quatre missions : la collecte et la récupération d?objets abandonnés, leur réparation ou leur valorisation, la revente d?objet remis en état et évidemment la sensibilisation des habitants et des jeunes publics dans les écoles de l?arrondissement au développement durable. En 2020, cette recyclerie a capté 430 tonnes d?objets et c?était 745 tonnes en 2019 qui est une année plus parlante que 2020.

Ainsi, les recycleries et ressourceries contribuent pleinement à l?objectif de réduction des déchets grâce au réemploi, à la réutilisation, à la réparation et à la prolongation de la durée de vie des objets ou des matériaux. Ces lieux de réemploi sont également vecteurs de sensibilisation pour une consommation plus responsable. Ils participent au développement économique des territoires où ils sont implantés en embauchant des personnes éloignées de l?emploi. Toutes ces raisons font que cette recyclerie comme les autres sont des acteurs désormais incontournables de la réduction des déchets.

Alors, mes chers collègues, réjouissons-nous de ces nouvelles initiatives, de ces dispositifs construits main dans la main avec le tissu associatif, les élus, les services, les Parisiennes et les Parisiens. Il nous faut sensibiliser, éduquer, transmettre les bons gestes et les bonnes pratiques pour que ce chiffre de 70 % baisse durablement.

Pour conclure, j?aimerais souligner que réduire nos déchets, c?est aussi améliorer la propreté de nos rues et ainsi mieux respecter le travail des agents de la DPA - coup de chapeau à Colombe BROSSEL - et je profite donc de cette intervention pour remercier les agents et agentes de la Propreté et de l?Eau qui travaillent sans relâche depuis deux ans pour transformer notre ville, améliorer son entretien et faire évoluer nos pratiques. Merci.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire du 20e arrondissement, cher Éric PLIEZ.

Je donne évidemment la parole à Colombe BROSSEL, pour vous répondre.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe. - Merci beaucoup, chers collègues, pour vos interventions qui finalement englobaient l?ensemble du champ de la réduction des déchets. Et merci d?avoir, les uns et les autres, salué l?engagement de ceux qui, au quotidien, contribuent en effet à la réduction des déchets d?une part, mais également à la propreté et à l?entretien de nos rues.

Merci d?avoir rappelé un contexte dans lequel - je le redis parce que ce chiffre est vraiment marquant et, tant qu?il n?aura pas baissé, je continuerai à le marteler à chaque fois que j?en aurais l?occasion - nous collectons tous les jours à Paris 3.000 tonnes de déchets. C?est absolument stupéfiant tellement c?est important. Donc oui, réduire la production de déchets est un impératif écologique, si nous souhaitons continuer à transformer cette ville pour que nous puissions vivre et respirer le plus agréablement possible.

C?est un objectif absolument incontournable de ce mandat et nous nous saisirons - je remercie sincèrement chacun des maires d?arrondissement et des élus d?arrondissement en charge parce que nous le ferons ensemble et nous ne pourrons que le faire ensemble - de toutes les occasions qui nous sont données de pouvoir travailler localement sur la question de la réduction des déchets.

Alors ce projet de délibération vient acter, et merci, chers collègues, de nouveaux territoires qui s?implantent à Paris Centre, dans le 14e arrondissement et le 15e arrondissement, avec des localisations qui ont été travaillées avec les maires d?arrondissement, avec des initiatives qui sont en train d?être imaginées et conçues et des plans d?action qui sont proposés.

Vous avez cité quelques exemples. En effet, au-delà de ce qui est fait de façon structurelle, notamment par les services de la propreté, il y a aussi tout un volet de sensibilisation, de prévention et d?animation. Ce sont bien ces projets, aujourd?hui portés par les associations, que nous accompagnons et qui peuvent être des actions de sensibilisation des écoliers et collégiens, de la formation des équipes éducatives, des sensibilisations autour du compost et de la valorisation des déchets alimentaires, des visites de centres de tri et de déchetteries que nous souhaitons de nouveau mettre en place lorsque les conditions sanitaires le permettront, et l?accompagnement de commerçants et restaurateurs volontaires vers la réduction des déchets et emballages, évidemment en lien avec mon collègue Florentin LETISSIER. Bref, c?est dans cette multiplication d?actions de sensibilisation et de prévention que nous allons continuer à avancer avec les Parisiens.

Et permettez-moi, Monsieur le Maire, comme je suis à 2 minutes 52, je prends du coup 1 minute pour évoquer le sujet auquel faisait allusion Léa VASA, et elle a eu raison de le faire, sur cette étude menée par "Toxicowatch" sur la présence de dioxine à proximité d?un incinérateur qui se trouve entre Ivry et Paris 13e.

En effet, un certain nombre d?élus a demandé que soit organisée en urgence une réunion sur ce sujet - cette réunion est organisée par le Président du SYCTOM et c?est une bonne chose - pour que soient présentées en toute transparence les mesures actuelles et les méthodologies auxquelles il a été fait allusion, et pour que "Toxicowatch" soit évidemment rencontrée, autant que de besoin, pour venir présenter cette étude, afin que nous puissions avancer. Nous avons besoin, en effet, de rassurer les riverains qui nous ont interpellés et nous avons évidemment cosigné un courrier avec le maire du 13e, mais c?est aussi pour avancer ensemble sur ces sujets importants.

Je reviens au projet de délibération. Merci de votre soutien dans tous les arrondissements, avec une très belle coopération entre les services de la Propreté et de l?Eau, les mairies d?arrondissement, que ce soient les maires ou leurs adjoints, et ce tissu associatif qui permet de coordonner un certain nombre d?actions. Merci à vous.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Colombe BROSSEL.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DPE 2.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de délibération est adopté à l'unanimité. (2022, DPE 2).

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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