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2022 DTEC 3 - Convention spécifique entre la Ville de Paris, "Bloomberg Philanthropies" et Airparif relative au partenariat pour l’amélioration des connaissances sur la qualité de l’air et la sensibilisation à Paris.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DTEC 3 : convention spécifique entre la Ville de Paris, "Bloomberg Philanthropies" et Airparif relative au partenariat pour l?amélioration des connaissances sur la qualité de l?air et la sensibilisation à Paris.

La parole est à Véronique BALDINI.

Mme Véronique BALDINI. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, depuis 2018, Paris et la Fondation "Bloomberg" ont entamé un partenariat, vite rejoint d?ailleurs par Airparif. L?objectif de ce premier partenariat était de mettre en place un réseau dense de microcapteurs à Paris et d?évaluer les coûts et bénéfices d?un tel dispositif. La deuxième phase de ce partenariat souhaite lancer une campagne d?étude des mesures en concentration de particules ultrafines, les PUF.

Si "Bloomberg Philanthropies" prend intégralement à sa charge le financement de la campagne, c?est une bonne nouvelle. Cette initiative aurait pu largement être prise avant. En effet, la situation de Paris est réellement calamiteuse. Elle souffre de la comparaison avec les autres grandes capitales européennes, comme Londres ou Madrid par exemple.

La chasse à la voiture, volonté sans précédent et sans autre égal d?ailleurs, fait perdre à Paris une partie de son attractivité économique, voire résidentielle. Les écoles se vident, les classes ferment, la population décroît. Ce constat vous est fait Conseil après Conseil par les 55 élus du groupe Changer Paris.

Du coup, que m?évoquent les belles intentions de ce partenariat avec "Bloomberg Philanthropies". Tout ça pour rien ! Votre "greenwashing" continue, les études et autres expérimentations s?empilent, les belles projections et autres schémas prédictifs de projets verdoyants peuplent nos boîtes mails et le site Internet de la Ville, mais pendant ce temps vous continuez à bétonner et à ne tirer aucune leçon de ces études. Prendre des mesures est une bonne chose, mais il faut agir intelligemment et pas par idéologie.

Le constat est important. Oui, il y a une vraie question sur la qualité de l?air à Paris et je doute que l?action à mener par la Ville de Paris doive se limiter à l?action de l?association "Les Petits Débrouillards", aussi motivés soient-ils. On ne repeint pas un mur avec un petit pinceau, il faut passer à la vitesse supérieure.

C?est aussi le sens de la question écrite que j?ai déposée ces dernières semaines : pourquoi la Ville de Paris a toujours de mauvais résultats en matière de qualité de l?air sur la météo de nos smartphones, plus mauvais que ceux d?autres capitales européennes ?

Je peux donner un exemple. Dans mon arrondissement, nous avons une école située près des berges de Seine, où il y a une déchetterie pour déchets de chantiers. Aucune décision n?a été prise par la Ville de Paris pour régler ce problème. L?arrondissement s?est retrouvé seul pour gérer avec ses petits moyens cette situation. Vous êtes totalement responsables de cette situation et vous faites des riverains d?autres petits débrouillards qui doivent se "dépatouiller" au quotidien pour gérer les conséquences de votre inaction et de votre seule volonté de faire un "greenwashing" sur Twitter. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Véronique BALDINI. La parole est à Chloé SAGASPE.

Mme Chloé SAGASPE. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, je ne vous apprendrai rien, et je suis heureuse de savoir que nous partageons toutes et tous ici le même constat, en vous disant que la pollution de l?air est un véritable fléau de santé publique. En effet, elle ne connaît pas de frontières, elle est la première cause de mortalité prématurée dans l?Union européenne et c?est devenu aujourd?hui le principal risque environnemental pour la santé dans le monde.

Sans vouloir plomber l?ambiance, vu l?heure tardive, c?est une réalité que nous ne pouvons occulter et dont nous devons prendre toute la mesure : la pollution de l?air aujourd?hui tue bien plus dans notre pays que le tabac et l?alcool. En effet, en France, près de 100.000 décès chaque année sont attribués aux particules fines. A Paris, nous ne sommes pas épargnés, puisque j?ai déjà eu l?occasion de le rappeler dans cet hémicycle, cela représente pas moins de 5.400 morts chaque année, soit 125 fois plus que le nombre de morts d?accidents de la route dans la Capitale.

Les chiffres font froid dans le dos, et pourtant les pouvoirs régaliens négligent cet enjeu majeur de santé, à tel point que l?absence de mesures de réduction de la pollution de l?air par l?Etat a été condamnée en juillet 2020 par son Conseil à une astreinte de 10 millions d?euros.

Alors, mes chers collègues, vous avez dû certainement entendre parler à de nombreuses reprises de ces fameuses particules fines appelées les PM10 ou les PM2,5 qui servent actuellement pour mesurer la qualité de l?air. Mais avez-vous entendu parler des particules dites ultrafines que l?on appelle PUF, des polluants à l?heure actuelle bien moins connus mais qui sont tout aussi dangereux pour notre santé ? Ces particules sont les plus petites à mesurer, leur taille est à peu près inférieure à 100 nanomètres, soit l?équivalent d?un virus, et elles pénètrent bien plus en profondeur dans l?organisme et directement dans le système respiratoire.

Malgré les inquiétudes grandissantes et leur nocivité qui est avérée par l?A.N.S.E.S., elles ne font pourtant l?objet d?aucune réglementation à l?heure actuelle. Airparif a donc décidé de se saisir de cette préoccupation majeure de santé, en menant une étude pendant plusieurs mois pour mesurer ces particules ultrafines en Ile-de-France qui sont émises, on le sait, principalement par le trafic routier et qui n?étaient jusqu?alors pas prises en compte. C?est une première que nous, écologistes, tenons vivement à saluer.

Les résultats de cette première campagne de surveillance inédite sont sans surprise puisque l?air est trois fois plus pollué en ville qu?à la campagne. Pour réduire l?exposition de la population aux particules ultrafines et fines, l?A.N.S.E.S. en appelle donc à une réduction du trafic routier et au développement des mobilités douces, n?en déplaise à la prétendue chasse à la voiture dénoncée caricaturalement par la droite.

C?est pourquoi la Ville de Paris a fait, depuis de nombreuses années maintenant, de la lutte contre les pollutions d?origine routière une de ses priorités. Et ce projet de délibération va donc nous permettre d?aller encore plus loin et de poursuivre des campagnes de mesures pour renforcer le suivi à Paris, mais aussi pour comparer très prochainement avec d?autres villes, comme Londres et Bruxelles.

Nous, écologistes, ne pouvons que nous réjouir du partenariat entre la Ville de Paris, "Bloomberg Philanthropies" et Airparif qui s?inscrit donc dans la poursuite de la politique très volontariste et ambitieuse qui est menée par notre Ville pour améliorer la qualité de l?air et protéger la santé des habitantes et habitants de cette ville. Nous nous réjouissons également de la mise en place, au travers de cette convention, d?ateliers de sensibilisation du grand public, notamment dans les écoles, à l?Académie du Climat et dans toutes nos mairies d?arrondissement pour améliorer la connaissance de la science qui est liée à la qualité de l?air des Parisiennes et des Parisiens, l?utilisation d?outils de mesure de ces pollutions, comme les microcapteurs, et pour donner à chacune et chacun les clés pour mieux comprendre les effets de la pollution sur la santé et sur l?environnement. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Chloé SAGASPE. La parole est à Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Je voterai pour ce projet de délibération.

Comme cela a été rappelé par les intervenants précédents, la lutte contre la pollution de l?air est essentielle et ce projet de délibération met particulièrement le focus sur les particules ultrafines et la nécessité de développer la captation d?informations de l?évolution de ces particules ultrafines sur le territoire.

Je déplore néanmoins qu?il n?y ait pas une volonté au niveau de la Ville de déployer des capteurs pas simplement sur certains endroits mais partout. Je ne comprends toujours pas, après l?expérimentation qui a pu être menée par Airparif sur 44 cours de crèches, d?écoles et de collèges, pourquoi il n?y a pas eu la volonté de déployer ces capteurs sur l?intégralité des crèches et des écoles, tant nous savons que les problématiques de pollution de l?air auprès des enfants peuvent laisser des séquelles et développer toutes les problématiques d?asthme, d?allergies de manière irréversible. Je ne suis pas une spécialiste du sujet, mais les conséquences ne sont pas les mêmes selon les âges de la vie et nous savons que nous devons tout particulièrement faire attention aux plus petits, ainsi qu?à nos aînés les plus fragiles. Donc je ne comprends pas pourquoi il n?y a pas eu cette volonté de créer un déploiement de ces capteurs partout.

Par ailleurs, je souhaiterais redire qu?il serait bien que l?on soit préoccupé par la pollution de l?air mais pas "à géométrie variable". Je le redis, c?est quand même une honte que Paris, emportant la question des Jeux olympiques de 2024, se moque à ce point de la pollution engendrée par le réaménagement de l?autoroute au niveau du quartier Pleyel et que l?on se moque complètement de cette école qui sera coincée dans l?échangeur autoroutier développé dans le cadre des travaux liés aux Jeux olympiques. Je suis extrêmement choquée, cela donne un peu le sentiment que c?est de l?autre côté du périphérique et donc que cela ne nous intéresse plus. C?est une honte, la Ville devrait au contraire s?y opposer fermement. Au lieu de cela, elle est totalement complice.

Je souhaiterais, dans le cadre de cette réflexion sur la pollution de l?air, qu?il y ait vraiment la volonté de soutenir l?installation de capteurs pour objectiver ces problèmes de pollution sur l?ensemble des écoles et des crèches. J?aimerais aussi que l?Exécutif nous donne plus de détails sur l?expérimentation, qui sera faite avec les capteurs mobiles et la plateforme accessible en ligne, pour partager les données. Comment les citoyens seront-ils associés pour avoir accès à ces capteurs ? Comment auto-organiser une plateforme qui informe en temps réel, dans tous les quartiers de Paris, sur la situation de la pollution de l?air ? Merci.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole à Dan LERT, pour répondre aux oratrices.

M. Dan LERT, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chères collègues, je vous remercie pour vos interventions qui marquent votre intérêt pour les questions liées à la qualité de l?air à Paris.

Le 17 septembre dernier, à l?occasion de sa visite à Paris, Michael BLOOMBERG et la Maire de Paris ont annoncé le renouvellement du partenariat de long terme entre la Fondation "Bloomberg" et la Ville de Paris et Airparif. Comme cela a été rappelé, il s?agit d?un partenariat fondé sur deux axes : l?amélioration des connaissances sur la qualité de l?air à travers la mesure et la sensibilisation des publics aux problématiques liées à la pollution de l?air. Ce projet prend la suite de celui qui avait été mené, et cela a été rappelé également, en 2019-2020 et qui avait consisté à étudier la qualité de l?air aux abords et à l?intérieur d?une cinquantaine d?écoles parisiennes représentatives.

Madame BALDINI, nous n?avons pas attendu évidemment ce partenariat pour agir et fortement pour réduire la pollution de l?air à Paris. Les résultats sont là : en quinze ans, moins 50 % de pollution aux particules fines, moins 50 % de NOx. Ce sont des résultats qui sont attestés par Airparif et donc des résultats qui soulignent l?action de la Ville en ce domaine.

Et vous auriez pu souligner, par contre, la décision de la présidente de Région que vous soutenez de ne pas rétablir la gratuité en cas de pics de pollution. Ce sont sûrement des mesures qui vont faire l?objet de vos critiques acérées et j?espère que vous la convaincrez de revenir sur cette décision.

La nouvelle convention est articulée autour de deux projets.

Une étude sur les particules ultrafines, ces polluants dits émergents que ma collègue Chloé SAGASPE a parfaitement décrits.

Ils ne sont pas réglementés à ce jour, mais ils font l?objet d?inquiétudes sanitaires croissantes et de recommandations de renforcement de surveillance de la part de l?A.N.S.E.S. en France et de l?O.M.S. à l?échelle internationale. A Paris, une récente étude d?Airparif a montré que les PUF émises par le trafic routier ont été mesurées dans l?air, même à distance des zones de circulation, et on sait que la pollution de l?air expose particulièrement les habitants des quartiers populaires - je confirme ce qui a été dit par Danielle SIMONNET - qui habitent à proximité de ces axes de circulation.

L?étude, qui sera réalisée dans le cadre du partenariat, contribuera à la mise en place d?une surveillance pérenne de ces polluants émergents, notamment pour mieux documenter leurs sources : transports, qu?ils soient routiers, aériens ou fluviaux, bois et agriculture. C?est Airparif qui réalisera cette mission et Paris échangera avec d?autres villes européennes sur la base de ces travaux.

Sur la question de la généralisation des microcapteurs, l?étude, qui a été menée justement par Airparif, "Bloomberg" et la Ville de Paris, montre qu?il n?y a pas de fiabilité totale de ces microcapteurs. C?est donc une impossibilité de les déployer et de les généraliser. En tout cas, l?action d?Airparif est très déterminée, avec la Ville évidemment, pour continuer à améliorer nos connaissances à partir des mesures systématiques qui sont faites avec les appareils d?Airparif. Ensuite, le projet de sensibilisation à la qualité de l?air "Paris prend l?air", en partenariat avec "Les Petits Débrouillards", afin de sensibiliser les élèves, professeurs et familles aux problématiques de la pollution atmosphérique. C?est très important de travailler sur cette sensibilisation et une centaine d?écoles seront impliquées dans le projet. Cela ne répond pas tout à fait à la question de Danielle SIMONNET, en tout cas c?est un progrès notable dans le sens de cette sensibilisation. Les premiers ateliers seront organisés au mois d?avril et se dérouleront tout au long de l?année prochaine. Je vous remercie de votre attention.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Dan LERT.

Je mets donc aux voix, à main levée, le projet de délibération DTEC 3.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de délibération est adopté à l?unanimité. (2022, DTEC 3).

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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