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VIII - Question d'actualité posée par Mme SIMONNET à Mme la Maire de Paris relative à la bientraitance de nos aînés à Paris.


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La dernière question d'actualité est posée par Mme SIMONNET. Vous avez la parole.

Mme Danielle SIMONNET. - Merci, Madame la Maire. Cette question d?actualité aurait pu être recoupée avec celle précédemment présentée puisqu?il s?agit des E.H.P.A.D.

Dans les E.H.P.A.D. "Orpea", on peut payer 7.000 euros par mois pour mourir d?une escarre non soignée en seulement deux mois et demi. C?est le témoignage d?un soignant qui est issu du livre de Victor CASTANET, "Les fossoyeurs", et qui avait été lu à l?Assemblée nationale par la députée France insoumise Caroline FIAT. C?est sordide. Ils n?ont pas hésité à rogner sur la nourriture, à rogner sur les couches urinaires pour dégager plus de profit. C?est tout le scandale de l?or gris à "Orpea" et la parole se libère aussi à "Korian" et dans d?autres structures.

Cela amène à deux sujets : est-ce qu?on peut accepter l?existence d?E.H.P.A.D. lucratifs privés ? Et deuxièmement, quels contrôles ?

A la France insoumise, on est très clair sur ce sujet : s?occuper de nos aînés doit cesser d?être une source de profit et doit donc être exclu de toute la logique du marché. Il ne faut que des E.H.P.A.D. publics ou privés non lucratifs, associatifs, coopératifs ou mutualistes.

Madame la Maire, sur les E.H.P.A.D., vous avez de fait accepté les lucratifs comme le Gouvernement. Je vous cite : "Je pense qu?il est possible de faire coexister public et privé. Le privé ne sert pas juste à rémunérer des actionnaires des E.H.P.A.D. et à oublier le confort de nos aînés, mais il faut du contrôle public comme celui du Défenseur des droits." Franchement, la logique du privé lucratif est justement la recherche des profits. Alors, vous êtes soit d?une immense naïveté ou bien d?une confondante hypocrisie.

Mme Hélène JACQUEMONT, vous avez posé une question d?actualité sur le même sujet et vous avez raison de dire que le bilan du PS ne fut guère mieux que celui de la droite, parce que sous HOLLANDE, finalement le grand plan promis de la dépendance n?a pas eu lieu. Et reconnaissez-le, quand vous dites que vous refusez de vous laisser enfermer dans le débat public/privé, c?est que vous adhérez de fait à la logique libérale privée même pour s?occuper de nos aînés. Vous faites un certain brouhaha dans cette salle, mais sur le sujet entre PS et LR, vous ne vous différenciez guère.

A Paris, il y a 8 E.H.P.A.D. "Orpea", mais aussi des "Korian", des E.H.P.A.D. associatifs et des E.H.P.A.D. du C.A.S.-V.P. Quels contrôles ? J?ai bien entendu la réponse de Mme LEVIEUX qui annonce que M. DELARUE sera missionné, qu?il y aura une enquête de l?Inspection générale des services conduite dans tous les E.H.P.A.D. Donc le v?u que vous m?avez empêché de déposer va de fait être exaucé.

J?aimerais vous croire, mais quand Mme HIDALGO en tant que candidate est interviewée sur les contrôles, elle parle uniquement de la Défenseure des droits, alors même que cette dernière dans ses recommandations demande plus de contrôles conjoints A.R.S. et Département. Alors ma question est : combien de contrôles conjoints A.R.S. et Département ont-ils eu lieu ces années passées ? Sur l?Ile-de-France, on sait qu?il n?y en a eu que 17 sur 700 établissements contrôlés par l?A.R.S. A Paris, Madame la Maire, combien de contrôles conjoints avez-vous demandé ?

En 2018, j?intervenais sur un v?u pour demander un audit de tous les E.H.P.A.D., y compris ceux du C.A.S.-V.P., parce qu?il y avait eu des alertes de familles de résidents qui n?arrivaient même pas à citer leurs E.H.P.A.D. de crainte qu?il y ait des représailles sur leurs propres aînés. Et vous êtes restée dans le déni, ce v?u a été rejeté et j?ai même été traitée de menteuse.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il faudrait conclure.

Mme Danielle SIMONNET. - Alors vous dites lutter contre la maltraitance, mais qu?est-ce vous avez jusqu?à présent ici réellement engagé ? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Madame LEVIEUX, à vous la parole.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Chère collègue, merci Danielle SIMONNET, cela va me permettre de développer les éléments de réponse que j?ai essayé d?apporter tout à l?heure. Je voudrais juste préciser que je ne vous ai pas empêchée de déposer un v?u, mais vous souhaitiez l?inscrire sur la niche qui va avoir lieu tout à l?heure grâce au groupe MoDem sur la médiation animale dans les l?E.H.P.A.D., cela nous permettra de parler de manière différente, et ce n?était pas le fond de ce sujet. Je vous ai d?ailleurs appelée spécialement pour vous en informer.

Je voudrais rappeler que l?Inspection générale, qui est saisie par la Maire de Paris, aura pour mission de mener ses inspections sur l?ensemble des établissements présents sur le territoire parisien. Cela va nous aider à expertiser les modalités existantes mises en ?uvre pour faire remonter les différents signalements. J?ai cité tout à l?heure les O.I.J.

Il y a aussi tout ce qui relève de la vie interne des établissements et qui peuvent être des signaux faibles sur certaines difficultés qui existent dans tous les établissements. Notre vigilance doit s?exercer de la même manière au titre de nos responsabilités, quelles que soient les modalités de gestion, privée, associative ou publique. Ces signaux doivent donc être pris en considération.

Il y a aussi une culture qui doit être développée sans doute dans l?ensemble des établissements. Nous devons donc travailler sur la formation, l?accompagnement, les mesures évidemment de bien-être des résidents, cela va de soi, et des personnels.

Nous devons travailler sur les taux d?encadrement. Il faut souligner en la matière, auprès de la Défenseure des droits, que les taux d?encadrement dans les établissements gérés par les Centres d?action sociale sont au rendez-vous. Peut-être pouvons-nous aller plus loin, mais ils le sont et je souligne que nous avons un public souvent en très grande précarité et qui nécessite des besoins d?accompagnement renforcé. Je parle aussi de l?encadrement en termes de nuit.

Il y a donc toute une série de signalements qui doivent être pris en compte. C?est le travail que nous faisons avec des associations de représentants des familles avec lesquelles nous sommes souvent sollicités, interpellés et nous répondons avec les services. Moi, je le suis également.

Nous travaillons avec l?association "Alma Paris", qui est gestionnaire du 39 77, et vous votez tous collectivement une subvention chaque année. J?ai été récemment en contact avec les gestionnaires de cette ligne qui nous font remonter que depuis quelques semaines, s?il y a des signalements en augmentation dans le reste de la France sur des faits dans des E.H.P.A.D., cela ne se passe pas en tous les cas pour le moment sur le territoire parisien.

Par contre, ils nous ont alertés sur les signalements à domicile et c?est un des points sur lesquels la Maire de Paris nous a demandé de travailler. Il y a là un enjeu majeur puisque nous devons travailler sur le maintien des personnes âgées, en particulier en perte d?autonomie, à domicile. Il y a un certain nombre de services et cet enjeu est devant nous. Encore une fois, des sujets seront précisés dans le v?u de l?Exécutif.

Et puisque vous évoquez à juste titre la Défenseure des droits, Claire HÉDON, qui a fait plusieurs rapports, j?ai sollicité un rendez-vous avec elle que j?ai eu. C?est George PAU-LANGEVIN qui nous a reçus avec la DASES et le C.A.S.-V.P. pour lui exposer l?ensemble des dispositifs mis en ?uvre, les modalités de contrôle et avoir un échange. Nous continuons à travailler avec eux. C?est effectivement un sujet important. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Véronique LEVIEUX.

Madame SIMONNET...

Mme Danielle SIMONNET. - Vous prétendez lutter contre la maltraitance et entendre les signalements, mais sur la petite enfance, quand une lanceuse d?alerte, une directrice de crèche du 15e arrondissement, a eu le courage de dénoncer la maltraitance sur enfants, il lui a fallu recourir à un Tribunal administratif pour défendre ses droits. Elle a gagné et la Ville a été condamnée. Et qu?est-ce qui lui arrive à cette directrice ? En ce moment, elle fait l?objet d?une enquête administrative, Madame la Maire. C?est une honte, une honte absolue ! Alors j?espère qu?enfin ça va cesser, que cet acharnement sur les lanceurs d?alerte va cesser à la Ville parce que c?est un véritable scandale !

Pour terminer, pendant le confinement et je le réitère aujourd?hui, j?avais défendu l?idée que l?on crée un Conseil des aînés avec les syndicalistes des personnels des E.H.P.A.D. et les syndicalistes représentant des aides à domicile et l?ensemble des représentants des familles des résidents des différents E.H.P.A.D. parisiens publics, privés et associatifs. Pourquoi ne le faites-vous pas ?

Il faut absolument que la parole se libère. Vous le voyez bien, vous êtes en lien avec l?administration mais vous n?écoutez pas toutes les paroles. Il suffit que des dirigeants d?une administration vous tiennent un discours et vous n?entendez pas le reste. C?est ce qui s?est passé pour la petite enfance. Comment voulez-vous que je vous croie qu?il en sera autrement sur la question des personnes âgées, sur la question des aînés ?

Alors vraiment le sujet est d?importance. Des mobilisations et des grèves, il y en a eu pas plus tard qu?en octobre dernier dans l?E.H.P.A.D. associatif Alice Guy du 19e arrondissement, parce qu?il y avait un problème de sous-effectif, de mépris des professionnels sous-payés et ils alertaient d?une situation de maltraitance institutionnelle potentielle quand ils ne sont pas assez nombreux. Traitez-les bien ! Alors faites en sorte qu?il y ait ce Conseil, que la parole entre ceux qui travaillent et les familles des résidents puisse s?échanger et acceptez d?écouter cette parole pour agir. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, nous en avons terminé avec les questions d?actualité.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
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