retour Retour

Conseil des Générations Futures : rapport de la Commission Emplois et Métiers. - Rapport de la Commission Ville verte.


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous entrons dans le vif de notre Conseil de Paris, avec l?organisation d?un débat du Conseil des Générations futures. La conférence d?organisation a convenu de l?organisation de ce débat. Je vais sans plus tarder donner la parole aux différents représentants du Conseil des générations futures, qui sont à distance.

Delphine GOATER, qui est rapporteur de la Commission Emploi et Métiers de demain de ce Conseil des Générations futures. Puis, Jacqueline PENEZ, qui est aussi rapporteur de la Commission Ville verte et ouverte du Conseil. Ensuite, Valérie CATHELY et Nicolas GRENIER.

Je vais donc, avant de leur donner la parole, introduire le débat de la façon suivante.

Mesdames et Messieurs, je suis heureuse d?inviter ce matin les représentants du Conseil des Générations futures à nous rejoindre pour nous présenter le fruit de leurs travaux autour de deux enjeux essentiels pour l?avenir de Paris : la ville verte et ouverte, d?une part, et l?emploi et les métiers, d?autre part. Deux sujets qui, évidemment, nous tiennent à c?ur et sont essentiels dans l?évolution de Paris.

Au nom de l?ensemble des Conseillères et des Conseillers de Paris, et de tout l?Exécutif, j?aimerais avant tout saluer votre mobilisation, la mobilisation de ce Conseil des générations futures parce que, depuis plus de deux ans, malgré un contexte de pandémie qui a contraint à repenser vos manières de travailler ensemble, vous avez continué à réfléchir, à échanger, à débattre pour éclairer notre action publique, puisque c?est l?objet de ce Conseil des générations futures. Votre force, c?est de penser le temps long, ce qui n?est pas toujours possible pour les politiques qui doivent, et penser le temps long, et agir dans du temps court. Depuis sa création en 2016, ce Conseil des générations futures a montré sa capacité à prendre du recul, à s?extirper de l?actualité et de l?agenda quotidien pour penser la vie des Parisiennes et des Parisiens et de leurs enfants, dans ce monde qui se construit sous nos yeux et dans le monde qui vient.

Vous avez d?ailleurs choisi de vous projeter en 2030 pour la rédaction de vos rapports. En fait, vous avez raison. La communauté scientifique ne cesse de le rappeler : la décennie 2020-2030 est cruciale pour le climat et l?avenir des générations futures. Or, nous sommes déjà en 2022. Il nous reste donc 8 ans pour redoubler d?efforts.

En lisant vos travaux, je me réjouis de voir que nous partageons la même conviction sur le chemin à prendre d?ici 2030. Les questions sociales et les questions écologiques devront être traitées ensemble. C?est la philosophie de l?action menée à Paris. Oui, nous nous adaptons et nous transformons nos modes de consommer, de travailler, de produire, mais sans laisser personne au bord du chemin. C?est ce que nous faisons en menant différents chantiers en parallèle : la plantation de 170.000 arbres d?ici 2026, la multiplication des cours Oasis et des rues aux écoles, la rénovation énergétique de 5.000 logements par an, le développement des énergies renouvelables, la gratuité des transports publics et du Vélib? pour les plus jeunes et pour les anciens, ou encore l?accès à une alimentation de qualité et peu chère. Les propositions que vous formulez de votre côté pour une ville verte et ouverte s?inscrivent donc pleinement dans la stratégie que nous adoptons. D?abord, pour adapter notre ville aux effets du réchauffement climatique, nous continuerons, comme vous le proposez, à lutter contre les îlots de chaleur et à transformer la gestion des eaux pluviales. Avec la révision du Plan Local d?Urbanisme bioclimatique, la question climatique sera au c?ur de toutes les règles de construction et d?organisation de notre territoire parisien. Ensuite, comme vous, nous pensons qu?il convient de déployer nos actions à l?échelle métropolitaine et de coopérer avec les territoires voisins, notamment pour lutter contre la pollution de l?air qui, elle, ne connaît pas de frontières. C?est ce que nous faisons, notamment dans le cadre de la zone à faibles émissions, qui est devenue métropolitaine. Enfin, vous nous invitez à mieux protéger la biodiversité, notamment ce que l?on appelle "les corridors de biodiversité". Là encore, nous allons dans ce sens, avec de nouveaux efforts au c?ur de la petite ceinture, mais aussi avec l?enrichissement des trames vertes, bleues - je pense bien sûr à la Seine, à nos canaux - l?enrichissement de la trame nocturne, avec un nouveau marché de l?éclairage public très ambitieux en la matière. Ensuite, j?aimerais revenir sur votre deuxième rapport, celui de l?emploi. Là encore, nous partageons le constat. N?oublier personne au bord du chemin, c?est repenser la place de celles et ceux qui exercent des professions, que vous appelez "à haute valeur sociétale", "à haute utilité sociale", ce que la crise du Covid a mis en lumière. C?est aussi penser les métiers de demain. C?est pourquoi nous avons mis l?innovation au c?ur de nos politiques en matière d?emploi. Nous avons ainsi fait le choix d?investir massivement dans des secteurs d?avenir, de renforcer les services publics liés à l?emploi grâce au numérique, et d?accompagner les secteurs de la transition écologique et de l?économie circulaire, en promouvant notamment le "Fabriqué à Paris" pour répondre aux aspirations des Parisiennes et des Parisiens. L?Académie du Climat, qui a ouvert ses portes en septembre dernier dans les anciens locaux de la mairie du 4e arrondissement, participe également à cette révolution des emplois auprès des jeunes notamment. D?abord, en leur apportant l?information, celle dont ils ont besoin, mais aussi en assurant la promotion d?emplois clés de la transition écologique. Je pense, par exemple, à tout ce secteur que nous soutenons de l?écorénovation et dont nous aurons de plus en plus besoin. Les propositions que vous formulez en tant que Conseil des générations futures s?inscrivent pleinement dans la transition sociale et écologique engagée par notre Ville depuis plus de 10 ans. C?est pourquoi je demanderai à deux de mes adjoints d?assurer leur suivi. Pour aller plus loin dans nos échanges, j?ai demandé à mon adjointe, Anouch TORANIAN, chargée des questions de démocratie locale et de participation citoyenne, d?assurer le suivi des propositions issues des travaux de votre Conseil. C?est le sens, par exemple, du cycle de travail qui va être engagé entre la Commission civisme et mes adjoints. S?agissant plus précisément des rapports que vous présentez aujourd?hui, je souhaite aussi que vos réflexions puissent pleinement nourrir la révision du "Plan Climat", piloté par mon adjoint Dan LERT, révision qui va prochainement s?ouvrir. Ce "Plan Climat Air Energie", nous l?avons bâti après la COP21. D?ailleurs, sous l?influence bienveillante de Jean JOUZEL, dont nous avons vu hier, cher Dan LERT, le très beau documentaire qui nous inspirera. Nous allons bien sûr assurer, avec ce "Plan Climat Air Energie", la mise en ?uvre concrète et locale de l?Accord de Paris, comme nous le faisons notamment depuis 2015. Ce plan dessine notre trajectoire vers la neutralité carbone, avec une feuille de route à 2030 dans tous les domaines, parce que nous sommes convaincus que pour assurer la bonne mise en ?uvre des politiques publiques, les premiers concernés - les habitants - doivent être pris en compte dans leur élaboration. Je veux que cette révision du "Plan Climat" puisse s?accompagner d?une très large mobilisation de la part des habitants et de l?ensemble des forces vives. C?est la raison pour laquelle je souhaite que vous contribuiez à cette réflexion afin d?apporter vos expertises et vos connaissances. Mesdames et Messieurs, je crois profondément aux besoins de penser et de construire ensemble les politiques publiques pour toujours partir des réalités de la vie. Nous continuerons avec cette méthode consistant à faire dialoguer les citoyens, les corps intermédiaires, les experts, l?administration parisienne et les élus, à prendre en compte toutes ces expressions citoyennes, parce que nous ne convoquons pas les expressions citoyennes pour les laisser de côté ou ranger leurs rapports sur une étagère. Pour nous, c?est une condition essentielle pour mieux préparer la capitale face aux défis du siècle et placer, bien sûr, le bien-être de ses habitantes et de ses habitants au c?ur de notre action publique. Je vous remercie pour votre attention et donne tout de suite la parole à Delphine GOATER.

Je rappelle que Mme Delphine GOATER est rapporteure de la Commission Emploi et Métiers de demain de notre Conseil des Générations Futures. Vous avez la parole et vous êtes à distance.

Je crois que votre micro n?est pas branché, Madame GOATER.

Peut-être en attendant que le problème technique soit résolu, est-ce que Jacqueline PENEZ est présente ? Etes-vous en ligne avec nous ? Pouvez-vous brancher votre micro ? Le micro n?est pas branché, Madame PENEZ. Nous avons un problème. Je demande aux équipes techniques de la Ville de bien vouloir le régler. Ce serait mieux que je ne le fasse pas en direct.

Est-ce que Valérie CATHELY, pour la Commission ville verte et ouverte, est en lien, ou est-ce le même problème technique ? Qu?elle soit là, c?est très bien, mais qu?on l?entende, c?est mieux.

Nous allons essayer de résoudre ce problème technique.

En attendant, je vais donner la parole à Mme Nathalie MAQUOI, la première oratrice, pour le groupe "Génération.s". Madame la Présidente, vous avez la parole. Nous allons essayer de résoudre rapidement ce problème technique, s?il vous plaît. Merci.

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, je précise que nous avons eu les documents avant, donc je les ai lus.

Comment faire de Paris une ville verte et ouverte ? Un immense merci aux 36 membres de votre Conseil des générations futures qui ont travaillé pendant deux ans sur cette question majeure et nous offrent ce matin la possibilité d?en débattre.

2030, c?est demain. Si nous voulons être à la hauteur de cet enjeu, nos politiques publiques doivent être réinterrogées et converger vers ce but commun. Les cinq enjeux que vous avez identifiés pour une ville verte et ouverte ont été confirmés par la crise sanitaire que nous traversons depuis deux ans. Chaque année est plus chaude que la précédente, et nous savons que la canicule est l?un des risques majeurs pour Paris auquel nous devons nous adapter.

Parmi les propositions, les élus de "Génération.s" souhaitent appuyer la préservation de la petite ceinture comme corridor écologique, lieu de promenade gratuite, avec des espaces laissés en friche, ainsi que la transition écologique et énergétique des bâtiments, pour laquelle nous déposons régulièrement des v?ux et des amendements budgétaires. Nous relevons avec intérêt votre suggestion de quartier Oasis expérimental et aimerions avoir un peu plus de détails sur son contenu.

La crise sanitaire nous a montré l?importance des liens qui permettent de "faire ville ensemble", c?est-à-dire ne pas simplement vivre côte à côte en se croisant à peine dans l?espace public, mais exercer une part de notre citoyenneté qui fonde l?urbanité. C?est pourquoi nous portons aussi un soutien aux associations indispensables au tissage de liens. Nous aimerions aller vers un modèle de conventionnement plutôt que d?appel à projets. Parmi les formes d?habitat, nous avons aimé la référence au béguinage, qui nous semble être effectivement une façon d?habiter à remettre au goût du jour.

Nous partageons l?enjeu que vous pointez : associer les jeunes à la gouvernance de la transition écologique par la proposition de 17 jeunes vigies de la transition écologique. 17 jeunes issus de chaque arrondissement de Paris, rémunérés dans le cadre d?une année de césure pour analyser les projets de la Ville au regard du "Plan Climat", en lien avec l?Académie du Climat. Nous aimerions que l?Exécutif s?empare de cette question et nous propose au prochain Conseil un projet de délibération dans ce sens. Une ville verte et ouverte suppose aussi d?aller vers un modèle économique compatible avec le défi climatique. Mélody TONOLLI reviendra sur vos propositions concernant l?emploi un peu plus tard dans le débat. En dehors de ce rendez-vous annuel en Conseil de Paris, nous sommes - nous, les élus de "Génération.s" - à votre disposition pour tout échange que vous jugerez nécessaire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

(La séance est suspendue le temps de prendre connaissance des interventions de quatre citoyens : Mmes Delphine GOATER, Jacqueline PENEZ, M. Nicolas GRENIER et Mme Valérie CATHELY. Interventions qui figurent en annexe n° 1).

(La séance est reprise).

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous allons maintenant reprendre nos discussions.

Je remercie Nathalie MAQUOI d?avoir accepté de parler tout à l?heure, mais elle avait lu vos propositions, bien sûr.

Je donne maintenant la parole à Mme Béatrice LECOUTURIER, pour le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes.

Mme Béatrice LECOUTURIER. - Merci, Madame la Maire.

Madame la Maire, mes chers collègues, chers amis du Conseil des Générations futures, tout d?abord, je tenais à vous remercier de la qualité de ce rapport et de ses conclusions. Vous abordez deux préoccupations prioritaires et encore plus essentielles pour les jeunes générations, avec beaucoup de responsabilité, de sérieux et de pragmatisme.

J?aborderai, pour ma part, le chapitre "Repenser l?emploi et les métiers à Paris à l?horizon 2030" et laisserai à ma collègue, Maud GATEL, le soin d?intervenir sur la ville durable. Oui, il faut repenser l?emploi, il faut le dépoussiérer, le réinventer, car un jeune qui entre aujourd?hui sur le marché du travail changera entre 5 et 13 fois d?emploi - je dis bien "d?emploi" - au cours de sa carrière, et il restera à un même poste environ 5 ans. Mais on ne peut pas parler emploi sans parler formation. Formation initiale, bien évidemment, mais formation tout au long de la vie, car nous voyons bien qu?aujourd?hui, il faut beaucoup d?agilité et d?adaptation pour réussir sur le marché du travail. C?est accepter d?aller vers des formations qui préparent aux métiers de demain "ultratech", mais c?est aussi aller vers des emplois qui demandent beaucoup d?humain, qui est irremplaçable. Je pense en particulier aux métiers d?aide à la personne. Repenser l?emploi des jeunes à l?horizon 2030, c?est également accepter de se dire que l?on n?aura pas forcément un emploi linéaire, mais que l?on passera nécessairement par la case entrepreneur, C.D.I., sans emploi, pour revenir après vers un C.D.I. ou un C.D.D. Bref, il faudra beaucoup de disponibilités physiques et intellectuelles dans un monde qui s?ouvre et bouge chaque jour. Penser l?emploi de demain pour un jeune, c?est mettre du sens dans sa vie et dans ce qu?il veut faire. C?est revenir à des métiers plus manuels, plus altruistes, plus au service de la planète dans un monde hyperconnecté. Bref, c?est avoir le sentiment de savoir que l?on sert vraiment à quelque chose. Vos propositions vont totalement dans ce sens. Métiers du recyclage, de réparation, d?aide à la personne, du circuit court, et les métiers d?art. J?aimerais m?arrêter en particulier sur les métiers d?art, car la spécificité de Paris est assurément un savoir-faire artisanal et artistique exceptionnel. Je pense aux écoles Boulle, Estienne, E.N.S.B.A., et bien d?autres encore. Toutes ces écoles qui transmettent une excellence parisienne, qui rayonnent dans le monde entier. De la plumasserie à l?orfèvrerie, à la joaillerie, aux métiers de la mode et du design, c?est tout un univers d?exigence qui s?ouvre à ceux qui le souhaitent. Notre Ville porte la responsabilité de faire connaître ces écoles, de les aider en organisant par exemple des salons internationaux, de transmettre cet héritage auprès des plus jeunes. La Région Ile-de-France l?a bien compris puisqu?elle a créé le Campus des métiers d?art et du design. Car, au-delà de cette spécificité très française et très parisienne, dont nous devons être fiers, c?est une économie culturelle extrêmement riche qui crée des emplois et est une source de retombées financières importantes pour notre ville. Oui, la Ville de Paris doit encourager tous ces métiers d?art en amont comme en aval. Alors, bravo pour votre travail, pour ces thématiques qui vont très certainement provoquer des vocations dans les emplois de demain. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

Madame Nathalie LAVILLE, pour le groupe Paris en commun, vous êtes à distance. Allez-y, je vous en prie.

Mme Nathalie LAVILLE. - Merci.

Le Conseil des Générations futures est un lieu de débat qui est assez inédit, qui permet de penser le Paris de demain sur la base d?un travail de réflexion et d?enquête au long cours. Avec ce Conseil, la Maire a voulu faire émerger une culture commune de la participation des habitantes et des habitants, ainsi que des mécanismes qui permettent leur collaboration toujours plus étroite à la prise des décisions. Tous les collèges qui le composent, avec des entrepreneurs, des salariés, des personnes issues du mouvement associatif, des représentants des services publics ou encore de la démocratie locale, se sont pleinement engagés pour nourrir notre réflexion sur les questions des mutations économiques, sociales et environnementales à Paris. Les rapports que vous venez de nous présenter en témoignent.

Le Conseil des Générations futures n?est pas une instance supplémentaire, mais vraiment un outil de réflexion collective dont les avis ont vocation à éclairer nos décisions publiques et à simplifier leur mise en ?uvre. Depuis des mois, ce Conseil auditionne, enquête, réfléchit, synthétise pour parvenir à des conclusions qui mettent en avant des propositions audacieuses, pertinentes.

Je voudrais saluer la qualité de leur travail, et puis, soulever l?indépendance de leur réflexion. Nous, élus de terrain, nous savons à quel point il est parfois difficile de mettre en ?uvre ce que nous pensons être bon pour nos concitoyennes et nos concitoyens. Je ne donnerai qu?un exemple, celui de l?arrondissement où je suis élue, le 13e arrondissement, où cela fait des mois voire des années que l?on travaille sur un projet "Parisculteurs" d?agriculture urbaine sur le toit d?une école. Le projet est passionnant. Il va dans le sens d?une ville verte et solidaire, mais les contraintes techniques et administratives compliquent et ralentissent sa mise en ?uvre.

Travailler à lever les contraintes, cela peut parfois nous faire perdre de vue les objectifs à atteindre. C?est pourquoi il est essentiel d?avoir une instance indépendante et compétente sur laquelle nous, qui avons les mains dans le cambouis - en l?occurrence, les mains dans la terre - nous pouvons nous adosser et sur laquelle nous pouvons compter pour continuer à avoir une vision sur le long terme.

Les questions d?emploi, de vieillissement de la population, de résilience et d?adaptation au changement climatique, sont, vous le savez, au c?ur de nos priorités et absolument essentielles pour porter la ville de demain. Je suis certaine que votre travail d?analyse sera très utile à notre Assemblée dans l?élaboration des futures politiques publiques.

J?en profite pour souligner que certaines des propositions que vous avez formulées ces derniers mois sont aujourd?hui en cours d?étude par nos services, à l?image de la création du Code de la rue que vous aviez suggéré à la Ville.

A quoi va ressembler notre ville dans 10 ans ? Comment faire en sorte que chacune et chacun s?y sentent bien, y vivent heureux et en bonne santé ? Ce sont des questions qui ne peuvent pas faire l?économie d?une expertise, et auxquelles chaque Parisienne et chaque Parisien peut à son niveau contribuer. Ces questions stratégiques nécessitent des solutions ingénieuses et originales, à l?image des propositions que vous nous avez faites à nouveau aujourd?hui. Je vous en remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

La parole est à M. VÉRON, pour le groupe Changer Paris.

M. Aurélien VÉRON. - Madame la Maire, chères Générations futures, chers collègues, je vais vous parler des difficultés d?accès à l?emploi, des jeunes sans diplôme 4 fois plus victimes du chômage que les jeunes diplômés. Malgré les milliards d?euros déversés chaque année dans une multitude de dispositifs, la France reste clairement un mauvais élève, avec ses 120.000 jeunes qui décrochent chaque année. Un million de jeunes entre 16 ans et 25 ans n?ont aucun emploi et ne sont ni en train d?étudier, ni en train de se former. Ce sont les N.E.E.T. Ce sont presque 30 % des jeunes ayant terminé leurs études. La moitié d?entre eux le sont depuis plus d?un an. Leur insertion professionnelle sera très difficile. Cette précarité et l?absence de perspectives débouchent sur des parcours de rupture identitaire et sociale, dramatiques pour tous. L?Institut Montaigne et Fipeco ont comparé notre politique avec celle des pays qui obtiennent de bien meilleurs résultats dans la lutte pour la réinsertion des jeunes décrocheurs.

Dans la note de décembre 2021, la Cour des comptes aboutit aux mêmes conclusions. Elle y dénonce l?éparpillement des dispositifs mal ciblés et redondants : D.G.E.F.P., les DREETS avec Pôle Emploi, les parcours PACEA des missions locales, et j?en passe. Elle juge cette complexité coûteuse et inefficace. Elle rappelle que nombre de décrocheurs restent hors d?atteinte de l?ensemble de ces dispositifs.

Première recommandation : faire sauter les cloisons entre l?école et l?entreprise. Le succès croissant de l?alternance confirme l?importance de ce point. Les enseignants devraient être incités à faire des stages en entreprise, par exemple. Les professeurs associés à temps partiel pourraient offrir aux élèves une connaissance précoce de l?entreprise et des réalités du marché du travail.

La Cour des comptes préconise de simplifier les parcours des jeunes. Voilà pourquoi nous reprenons sa proposition d?instaurer un guichet unique placé sous l?autorité de la collectivité territoriale la plus proche de l?écosystème local : la Ville de Paris. Des référents formés aux problématiques du premier emploi auraient ainsi la compétence et l?autorité pour travailler avec les établissements scolaires auprès des jeunes encore scolarisés. Ils pourraient coordonner tous les dispositifs d?aide aux décrocheurs afin de les mener à un emploi stable, qui est l?objectif premier. Ils pourraient les accompagner judicieusement vers des associations d?insertion, qui devront être évaluées régulièrement, vers des formations, pilotées par le secteur privé qui connaît mieux ses propres besoins, vers les offres d?emploi, vers les événements de "job dating". Ces référents spécialisés sans discontinuité auraient alors la capacité d?intensifier aussi leur soutien au moment le plus judicieux, en vue d?apporter une aide décisive aux jeunes les plus éloignés de l?emploi.

C?est en proposant un parcours bien coordonné, sans coutures, continu, que nous atteindrons les performances des Pays-Bas, de l?Allemagne et du Danemark, dans la lutte contre l?exclusion du marché de l?emploi des moins qualifiés. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est à Mme Fatoumata KONÉ, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Fatoumata KONÉ. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, il est rassurant et enthousiasmant de voir combien le Conseil des Générations futures, instance créée par la Mairie de Paris en 2019, s?inscrit dans la droite ligne des combats portés par le groupe Ecologiste de Paris et plus largement par les écologistes, alors même qu?il en est tout à fait indépendant, bien sûr. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir à quel point les citoyennes et les citoyens ont à c?ur et annoncent dans leurs priorités les sujets essentiels pour la ville verte de demain. A leurs côtés, nous sommes engagés pour répondre aux aspirations de la génération climat, pour mettre en ?uvre des politiques publiques de la transition écologique et solidaire, et sommes soucieux de garantir à toutes et à tous des conditions d?existence favorables au développement de la vie bonne.

Cette semaine encore, 1.400 scientifiques exhortaient les candidates et les candidats à l?élection présidentielle à l?action, pour faire face aux bouleversements en cours et à venir qui concernent le climat, l?océan, la biodiversité ou les pollutions. Dans cette Assemblée aussi, nous devons être vigilants pour garder en permanence ces urgences comme boussole.

Ainsi, les cinq axes identifiés par le Conseil des Générations futures couvrent les principaux enjeux d?une transition écologique et solidaire réussie. En premier lieu, face à l?urgence climatique, apparaît la nécessité d?adapter la ville à l?inéluctable augmentation des températures. En effet, dans le rapport sur la ville verte, les citoyennes et citoyens du Conseil des générations futures ont d?ores et déjà identifié les effets délétères d?une augmentation des températures, déjà bien perceptibles sur la vie en ville, et ils ont mis ce sujet au premier rang de leurs préoccupations.

Tous les rapports l?indiquent : le dérèglement du climat est déjà là, et nous devons nous préparer et préparer notre ville à des épisodes climatiques extrêmes. Les canicules, bien sûr, qui devraient se multiplier, mais pas seulement. Le groupe Ecologiste de Paris, bien évidemment engagé sur cette question, porte d?ailleurs à ce Conseil un v?u pour que toutes les sociétés d?économie mixte de la Ville se dotent d?un plan d?action pour faire face aux fortes chaleurs que nous allons connaître.

Puis, les citoyennes et les citoyens ont mis en lumière des aspects structurels de la transition écologique, dont l?emploi, la rénovation énergétique des bâtiments ou encore la mobilité, démontrant une fois de plus que l?écologie ne saurait se limiter à des "mesurettes" superficielles de personnes bien nourries, mais s?attachent au contraire à repenser les fondements de ce qui fait notre société.

Enfin, le rapport fait la part belle à la nécessaire coalition des intérêts d?une ville à la fois écologique et inclusive. Il est dit ici, une fois pour toutes, que la transition écologique ne peut se faire aux dépens des catégories sociales les moins favorisées. Quand je parle d?inclusion, c?est au sens générique. Construire une ville inclusive, c?est construire une ville en pensant d?abord aux besoins des classes populaires, mais aussi des jeunes, des personnes atteintes de handicap, des personnes âgées et des femmes, soit un très grand nombre de Parisiennes et de Parisiens pour lesquels la création d?espaces verts, de lieux de rencontre et d?entraide, d?habitats adaptés, représente un bond qualitatif de taille dans la vie quotidienne.

Parmi ces combats, je prendrai quelques exemples qui tiennent particulièrement à c?ur aux élus du groupe Ecologiste de Paris. La réappropriation de la Petite ceinture en tant que véritable trame verte, corridor de biodiversité, valorisée pour ses fonctions écologiques comme pour le rôle d?agrément qu?elle remplit dans un espace minéral saturé. A ce titre, le groupe Ecologiste de Paris ne peut aller que dans le sens des initiatives visant à en découvrir les tronçons, à plus forte raison dans les quartiers populaires comme autour de "La Ferme du Rail", dans le 19e arrondissement, où cela apporte de véritables espaces de promenade et de respiration.

J?en profite pour saluer toutes les associations, collectifs d?habitants, mobilisés pour que notre Petite ceinture tant enviée soit rapidement et entièrement rouverte, et rendue accessible à toutes et à tous.

De la même façon, la conservation et la création d?espaces végétalisés de pleine terre permettant de contenir les pics de chaleur et d?aller à l?encontre de l?imperméabilisation, sont l?un de nos terrains privilégiés. Depuis leur entrée au Conseil de Paris, les écologistes se positionnent dans chaque projet d?aménagement pour le maintien de la moindre parcelle d?espace vert de pleine terre. J?ai donc été particulièrement sensible à vos recommandations en matière de préservation de pleine terre sur chaque parcelle. J?espère que notre Conseil suivra vos demandes de 30 % à 50 % de pleine terre sur toutes les parcelles sur lesquelles la Ville a des projets, et le traduira dans le Plan Local d?Urbanisme révisé qui se veut bioclimatique, sur lequel nous travaillons actuellement, et que cela sera pris en compte dans l?ensemble des projets portés par notre Municipalité.

Comme le Conseil des Générations futures, nous pensons que la ville verte ne pourra passer que par une compréhension profonde de l?évolution des modes d?exister et de pratiquer la ville. Ainsi, face aux aspirations des jeunes générations mais aussi des évolutions de l?emploi, une réflexion sur la place des bureaux dans le parc bâti s?impose. Tant de mètres carrés sont encore aujourd?hui dévolus à des formes classiques et inamovibles de bureaux, souvent pour des raisons techniques. Ce sont autant de mètres carrés perdus pour d?autres usages, plus souples ou plus inclusifs : lieux d?hébergement, tiers lieux flexibles ou espaces d?habitation.

Enfin, d?autres sujets, comme la rénovation thermique des bâtiments ou la commande publique, traduisent la nécessité d?un véritable changement d?échelle dans la manière d?appréhender la ville de demain. Nous sommes à l??uvre sur les deux terrains. En décembre, les écologistes ont obtenu une augmentation budgétaire sur le projet "Eco-rénovons Paris", un programme de la Ville de Paris qui vise à encourager et accompagner la rénovation énergétique des copropriétés, afin de réduire leur impact environnemental et lutter contre la précarité énergétique.

Ce n?est qu?une étape, car nous devons avoir toujours plus d?ambition en la matière. L?accent mis dans le rapport sur la responsabilité et la marge de man?uvre des bailleurs sociaux dans ces rénovations ou des fournisseurs dans la commande publique - que nous appelons de nos v?ux - permet de voir les choses en grand. Nous devons effectivement utiliser tous les leviers qui permettent d?engager et d?accélérer les transitions. J?ai également lu attentivement votre rapport sur l?emploi. Je l?ai trouvé très complémentaire des préconisations pour une ville verte. On y trouve, en effet, une réflexion sur la ville de demain, et ce futur-là du Paris devra être?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il faudrait conclure, Madame Fatoumata KONÉ.

Mme Fatoumata KONÉ. - Pour finir, je veux exprimer ma volonté?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Là, il faut conclure.

Mme Fatoumata KONÉ. - Oui, je conclus. Je veux exprimer la volonté de mon groupe que les propositions exposées dans vos deux rapports puissent enrichir les travaux de l?ensemble des élus du Conseil et assurer notre politique municipale. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous.

La parole est à Mme Barbara GOMES, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Barbara GOMES. - Madame la Maire, mes chers collègues, je tiens, tout d?abord, moi aussi, au nom du groupe Communiste et Citoyen, à vous saluer ainsi que tous les membres du Conseil des Générations futures et vous féliciter pour la richesse du travail qui nous est présenté. Les rapports rendus par les deux commissions ont été travaillés pendant la crise sanitaire et questionnent l?après, en intégrant les conséquences de cette crise, comme la baisse du pouvoir d?achat ou encore les changements d?usage de consommation liés au confinement. Les évolutions que nous connaissons, tant du point de vue social qu?environnemental, montrent que les plus précaires sont les premiers à souffrir des changements qui s?opèrent. Si l?on ne fait rien, il est à craindre que le creusement des inégalités ne s?accentue encore davantage. La crise, qu?elle soit sociale ou environnementale, touche les plus précaires plus durement et en premier.

Par ailleurs, pendant le confinement, nous avons vu la sédentarité imposée pour certains, avec des conditions de travail à distance qui étaient différentes selon les foyers, et l?obligation du présentiel pour d?autres, dans de nombreux métiers qui étaient jusque-là assez déconsidérés et se sont avérés essentiels, les fameux "premiers de corvée". Et puis, les plateformes numériques de travail se sont multipliées, en affichant la volonté de subvenir toujours plus, toujours plus vite à des besoins de consommation que l?on devrait très sérieusement questionner, ne serait-ce qu?en raison du fait qu?ils s?opèrent au détriment de la santé et de la sécurité des livreurs qui travaillent pour des revenus indécents, sans protection sociale, sans droit du travail, des soi-disant entrepreneurs réellement exploités par ces plateformes.

Vous faites plusieurs constats. D?abord, celui du dérèglement climatique, qui doit nous amener à changer nos modes de consommation et de production. Puis, celui qu?il est de plus en plus difficile de vivre à Paris et que l?emploi est la clef. Le rapport souligne ainsi le manque de formation, alors que le taux de chômage à Paris reste élevé et que les besoins d?insertion ne cessent d?augmenter. Bien que les thématiques travaillées soient différentes, finalement, les problématiques abordées se regroupent de cette façon. Je peux prendre l?exemple de l?obsolescence programmée. On sait tous que c?est une aberration pour l?environnement, qui, en plus, renforce le poids de la grande distribution et crée une dépendance des foyers parisiens. Alors, et vous le soulignez, dans l?optique d?une production plus raisonnée favorisant les usages de consommation dans le temps long, il faut favoriser la création de ces nouveaux métiers liés à la réparation, qui contribuent ainsi à renforcer la logique du réemploi et celle du recyclage.

Votre travail questionne les élus que nous sommes pour définir quelle politique publique, et d?ailleurs, plus largement, quelles mesures il serait judicieux de prendre pour que Paris reste une ville verte et ouverte, une ville active, capitale de la mode et des métiers de l?art, riche de son histoire, qui favorise l?artisanat et développe les commerces de proximité. Une ville, finalement, accessible à toutes et à tous.

Pour ce faire, comme je l?ai dit plus tôt, il est clair qu?avoir un travail, c?est essentiel pour disposer des moyens de vivre à Paris. D?où l?importance de mettre en place des politiques d?insertion pour permettre aux personnes éloignées de l?emploi de retrouver un emploi, mais aussi de la sociabilité et un niveau de vie décent. Vous savez comme notre groupe est attaché au fait que le travail doit permettre de vivre décemment.

Vous préconisez aussi de donner plus de visibilité aux métiers de service, et vous avez plus que raison. Les besoins en accompagnement face à la perte d?autonomie sont criants. Le scandale Orpéa le démontre très bien : développer l?accompagnement est absolument primordial, surtout quand on sait qu?à Paris, une personne sur 5 a plus de 65 ans. Et puisque les systèmes de labellisation s?avèrent incitatifs et constituent un levier pour la généralisation des pratiques vertueuses, pourquoi ne pas labelliser, comme vous le proposez, les métiers qui contribuent à la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens ?

Vous le rappelez par ailleurs : ces métiers méconnus sont très importants et vont recueillir des compétences relationnelles, opérationnelles et techniques. Je pense à des métiers du soin, du maintien à domicile, mais aussi à celui de réparateur d?électroménager. Là encore, nous partageons votre avis. Ces métiers ont du sens. Ils sont indispensables à la cohésion sociale.

Vous attirez aussi notre attention sur le manque de visibilité de l?artisanat et du savoir-faire parisien, qui profite autant aux habitantes et aux habitants qu?aux touristes. Notre groupe, justement, est à l?initiative du label "Fabriqué à Paris", comme l?a rappelé Mme la Maire. Il se soucie de pouvoir donner aux Parisiens les moyens de consommer localement, tout en valorisant le travail des artisans. C?est dans cette même logique que nous avons porté le projet de création d?une plateforme "Acheté à Paris" pour permettre de répondre à celles et ceux qui souhaiteraient acheter localement, rapidement, mais de manière éthique et responsable, en privilégiant les petits commerces plutôt que les gros hangars d?Amazon.

Au regard de ce que vivent les Parisiennes et les Parisiens en matière de dégradation de la qualité de l?air, vous avez eu raison de nous alerter sur la nécessité de créer des îlots de fraîcheur et de préserver la biodiversité. Vous proposez, en ce sens - on en a parlé beaucoup jusqu?ici - de faire de la petite ceinture un véritable corridor écologique. Pourquoi pas, mais veillons à ce que l?utilité logistique et la vocation ferroviaire de la petite ceinture soient impérativement conservées. Quand on sait que 90 % des marchandises qui arrivent à Paris arrivent par les routes et que seulement 3 % arrivent par le rail, il semble impératif de ne pas nous couper de ce type d?infrastructure. L?activité de fret sur cet espace doit permettre de répondre aux enjeux des Parisiens, qui sont, par exemple, la saturation des transports et la pollution.

Votre préconisation qui consiste à valoriser les circuits courts, notamment dans l?approvisionnement de marchandises, va précisément dans le sens de mes propos. La petite ceinture est l?une des réponses, à notre sens, et il faut maintenir la réversibilité de son usage.

Pour terminer sur cette dimension environnementale, vous soulignez l?effort de la Ville qui accompagne les acteurs de l?agriculture urbaine. C?est une très bonne chose quand on connaît les freins que rencontrent les structures qui développent le maraîchage en ville. S?agissant de la commande publique, vous le mentionnez : elle est l?un des leviers essentiels que possède la Ville pour relocaliser la production. Dans le nouveau schéma parisien de la commande publique responsable, que l?on a voté au dernier Conseil, les objectifs de la Ville de Paris sur l?axe environnemental étaient clairement définis. Nous avons porté des amendements relatifs aux clauses sociales, d?ailleurs dans une conception très large de ces dernières. Désormais, dans le cadre de la livraison, la Ville ne pourra plus contracter qu?avec des entreprises qui ont exclusivement recours à des contrats de travail. C?est une très belle avancée pour la lutte contre la précarité et l?"ubérisation" de notre société. Enfin, je souhaiterais vous dire que votre proposition de créer un comité de jeunes vigies de la transition écologique à Paris est très intéressante. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à s?engager, mais il faut leur donner les moyens de s?exprimer et surtout, de les entendre. On veillera à ce que ce collectif soit représentatif de la diversité des jeunes Parisiennes et Parisiens. Mesdames et Messieurs les membres?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame GOMES.

Mme Barbara GOMES. - ? du Conseil des Générations futures, merci beaucoup pour tout ce travail.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous, Madame GOMES. Danielle SIMONNET n?est pas là.

La parole est donc à Mme Mélody TONOLLI, pour le groupe "Génération.s".

Mme Mélody TONOLLI. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, dans la continuité du rapport "Comment faire de Paris une ville verte et ouverte à horizon 2030", sur lequel a réagi Nathalie MAQUOI pour le groupe des élus de "Génération.s", vous, membres du Conseil des Générations futures, nous livrez ici un second rapport particulièrement riche d?analyses et de propositions sur ce que nous pourrions mettre en place à Paris pour répondre en matière d?emploi aux enjeux écologiques et économiques auxquels nous sommes confrontés.

Le monde du travail est en constante évolution. La Commission emploi, qui s?est créée au sein du Conseil des Générations futures en décembre 2019, l?a expérimenté en démarrant ses travaux en vue de ce rapport avant la crise sanitaire. Le Covid 19 et le confinement ont accéléré un certain nombre de mutations du travail, notamment la transition vers le télétravail, mais ils ont aussi mis en lumière les précarités avec les "premiers de corvée". Ce rapport, "Repenser l?emploi et les métiers à Paris à l?horizon 2030", nous offre l?opportunité de prévenir ou d?accompagner les changements qui toucheront les emplois à Paris d?ici quelques années, dans un contexte d?automatisation du travail et de vieillissement des populations, en partant de façon très pertinente de données, tel que l?analyse des modes de consommation ou des critères de choix des consommateurs et consommatrices.

Ce rapport nous offre également l?opportunité d?impulser la direction que nous souhaitons prendre pour accompagner la création de nouveaux emplois à Paris. Ils doivent s?inscrire dans un modèle économique incluant conditions de travail dignes, justice sociale et transition énergétique. Ce sont des objectifs que nous pouvons atteindre en nous appuyant sur l?évolution des comportements pour une consommation plus vertueuse. Nombre de personnes, notamment à Paris, souhaitent aujourd?hui avoir recours à des offres plus individualisées et plus orientées vers l?accès à des services, plutôt que d?être dans la possession de biens. Il y a aussi une aspiration croissante pour un mode de consommation plus éthique, en particulier de produits fabriqués localement et/ou de façon durable. Réparer ou reconditionner pour ainsi refuser l?obsolescence programmée et contribuer à la protection de l?environnement.

Ce changement de paradigme, s?il doit se mesurer à un niveau global, peut favoriser le territoire parisien, nous permettant, comme le souligne le rapport, de donner naissance à d?autres formes de production, à un développement de l?artisanat, du "Fabriqué à Paris", mais aussi à des services, comme les métiers de la réparation de l?électroménager, de l?informatique et de la connectique, les métiers de la conception et de la réparation d?objets pour les fabricants et le grand public, et enfin, les métiers de l?aide à la personne.

La Ville de Paris soutient l?activité productive pour favoriser le maintien de l?artisanat et de l?industrie sur son territoire, et pour développer de nouvelles filières innovantes, tout particulièrement au service de la transition écologique et sociale. Ainsi, l?association "Ensemble Paris Emploi Compétences", l?EPEC, soutenue par la Ville de Paris dans sa politique en direction des publics les plus éloignés de l?emploi et des petites et moyennes entreprises, a créé l?Ecole des métiers du vélo de Paris, pour rendre accessible ces nouveaux emplois au plus grand nombre de Parisiennes et de Parisiens.

Cette question de l?emploi lié aux activités de réparation et de fabrication est pleinement d?actualité. Des actions visant à favoriser leur ancrage local et à renforcer l?ouverture d?espaces permettant leur déploiement dans nos quartiers, pourraient être encore davantage favorisées et développées. Faire une place dans la ville aux activités de fabrication et de réparation peut contribuer à la construction d?une ville plus mixte, animée et économe d?espaces et de ressources. Certains points du règlement du Plan Local d?Urbanisme parisien pourraient ainsi évoluer en ce sens.

Parmi les propositions présentées dans ce rapport, trois nous ont particulièrement intéressés et ont attiré notre attention : la création d?une maison parisienne des métiers de demain ; l?extension de la labellisation "Fabriqué à Paris" avec trois autres labels, "Réparé à Paris", "Recyclé à Paris" et "Surcyclé à Paris" ; l?enrichissement du catalogue de formations pour adultes, qui est indispensable pour aller dans cette direction. Qu?il s?agisse de la transition écologique, liée à la nécessaire adaptation à la dégradation des conditions climatiques, ou de l?évolution de l?emploi liée à la crise sanitaire et aux confinements successifs, mais aussi de l?acquisition de pratiques respectueuses des personnes comme de notre environnement, nous voyons bien que c?est en profondeur que nous devons repenser notre mode de vivre et de travailler à Paris à l?horizon 2030. Toutes les propositions émises par le Conseil des Générations futures vont dans le bon sens et rejoignent la trajectoire qui est celle de notre majorité, sur la base du projet pour lequel nous avons été élus en 2020. Nous souhaitons que la Ville de Paris s?en empare pleinement pour construire ses politiques durables qui permettent au mieux de préparer l?avenir et d?accompagner celles des mutations les plus vertueuses et désirables. Merci beaucoup.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous.

Je donne la parole à Mme Maud GATEL, pour le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes, pour 3 minutes 40.

Mme Maud GATEL. - Pour le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes.

Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, je voudrais m?associer aux immenses remerciements adressés au Conseil des Générations futures pour son travail absolument remarquable, qui illustre combien il reste à faire pour faire de Paris une ville durable, tant en matière de transition écologique et énergétique, de rafraîchissement de la ville, ou encore de rénovation du bâti.

Car, comme l?écrit le Conseil des Générations futures, les efforts réalisés en la matière restent insuffisants, notamment en ce qui concerne la végétalisation de pleine terre. Le Conseil des générations futures fait également part de ses critiques, que nous partageons entièrement, sur la politique de la ville en matière de densification, et demande que la Ville arrête de détruire les espaces verts et de respiration existants, tout en insistant sur la nécessité de les entretenir.

Pour faire de Paris une ville verte et ouverte d?ici 2030, le Conseil des Générations futures propose de répondre à cinq enjeux : adapter la ville à l?augmentation des températures, faire de Paris une ville mixte et accueillante, concilier les objectifs écologiques et l?emploi, associer la jeunesse à la gouvernance de la transition écologique, et faciliter les mobilités de tous dans le respect des exigences écologiques. Pour répondre à la nécessité d?accélérer l?adaptation de la ville, le Conseil des Générations Futures fait un certain nombre de propositions. Il en est ainsi de la sanctuarisation de la petite ceinture, de l?imposition de quotas d?espaces verts dans les nouveaux projets d?urbanisme, de renforcement de l?accès aux points d?eau, ou encore de la multiplication des cours Oasis. Autant de propositions auxquelles nous nous associons. Sur le plan énergétique, le Conseil des générations futures invite à une accélération de la rénovation énergétique des logements sociaux. Rappelons qu?en 12 ans, seul un cinquième des logements sociaux de la Ville a été rénové. Quant aux sujets liés à la mobilité, le Conseil des générations futures alerte sur la situation des plus fragiles, les grands oubliés des politiques de déplacement à Paris, en mettant l?accent sur les incohérences des aménagements, le manque de continuité entre les voies cyclables, et en demandant la mise en place d?un schéma de circulation globale, le renforcement de la verbalisation pour lutter contre les comportements dangereux, et l?amélioration de l?accessibilité pour tous. Nous saluons aussi l?accent mis sur la dimension inclusive des propositions : la proposition de bancs dans l?espace public et sur la Petite ceinture, par exemple, ou encore l?accroissement de nouveaux modes d?habitat, notamment en saisissant les opportunités offertes par la loi de financement de la Sécurité Sociale de 2021 à travers l?aide à la vie partagée. Un travail de qualité qui pointe l?insuffisance de la politique telle qu?elle est actuellement menée afin de faire face aux défis climatiques. Il nous faut accélérer. C?est indispensable pour faire de Paris une ville durable et relever les défis qui sont devant nous. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

Je vois que Mme SIMONNET est revenue.

Madame SIMONNET, vous avez droit à une minute. Vous souhaitez la prendre ?

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers collègues, je voudrais d?abord saluer le travail qui a été fourni. N?ayant qu?une minute, je voudrais surtout m?attacher à la question des métiers du lien.

Vous souhaitez mettre en place un label des métiers du lien par lequel la Ville s?engagerait dans ses financements, qu?il s?agisse, par exemple, pour les aides à domicile, d?associations ou d?entreprises privées, de bien garantir aussi du bon traitement des femmes, parce que ce sont des métiers majoritairement exercés par des femmes. Or, on sait aujourd?hui que ce sont des métiers aux emplois du temps hachés, sous-payés, et pour certaines d?entre elles, "ubérisées".

Je trouve que vous avez amplement raison d?interpeller la Ville sur cet engagement à prendre. Le problème, c?est qu?en retour, je n?ai plus aucune confiance dans la Ville. Pourquoi ? Parce que cette majorité municipale dirige depuis 20 ans. Si l?on prend un autre métier extrêmement important, celui des cantinières : 20 ans après, les cantinières, qui nourrissent et servent nos enfants à la cantine, n?ont pas de quoi nourrir les leurs. Parce qu?elles sont payées 530 euros ou 700 euros par mois.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Il est temps, et je vous invite à regarder le film "Debout les femmes" de François RUFFIN pour qu?enfin les choses changent.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Vous avez épuisé votre temps de parole. Merci.

Monsieur Boris JAMET-FOURNIER, vous avez la parole, pour le groupe Paris en commun.

M. Boris JAMET-FOURNIER. - Merci beaucoup.

Madame la Maire, en installant le Conseil des Générations futures il y a tout juste 6 ans, vous parliez du Conseil des Générations futures comme d?une "chambre des inventions des Parisiennes et des Parisiens". Effectivement, une chambre, un espace où l?on peut dormir, où l?on peut rêver aussi, donner libre cours à ses envies, à ses inventions, à ses désirs. On a besoin de cela en politique. Chers membres du Conseil des Générations futures, c?est ce que vous nous apportez. Pour cela, vous devez être remerciés.

Avec votre responsabilité et votre représentativité, chers membres, votre représentativité vient en complément de la nôtre - elle n?est pas la même - notre représentativité d?élus. On a souvent parlé dans ce Conseil de démocratie continue. Je crois que vous incarnez cette démocratie continue dans notre enceinte parisienne. Avec les citoyennes et les citoyens de vos commissions, de toutes les générations, on a des habitantes et des habitants. On a aussi des représentantes et des représentants des corps intermédiaires, qui sont si souvent méprisés et parfois maltraités au plan national. Je pense qu?au plan local, on a l?occasion, notamment avec ce Conseil des générations futures, de travailler de manière concrète avec les corps intermédiaires, de les respecter, d?avoir un dialogue et de voir quelles propositions concrètes ils sont en capacité d?apporter. Je pense qu?avec ces cinquième et sixième rapports du Conseil des générations futures, c?est ce que l?on voit.

C?est donc avec notre vision, pour le groupe Paris en commun et la majorité, singulièrement participative. C?est ce qu?a voulu la Maire en créant cet espace de concertation qui fournit un travail d?expertise, avec des propositions vraiment construites. Je crois qu?on l?a vu dans ce qui a été exposé, non seulement sur une expertise forte, mais également une dimension véritablement locale - j?y reviendrai dans un instant - sur tous ces sujets urbains structurants pour l?avenir de la capitale.

Vous avez déjà eu l?occasion de nous faire part de vos constats, de vos propositions sur un certain nombre de thèmes. On a eu la jeunesse, l?économie du partage, le civisme. Sur ce dernier thème, le civisme, vous proposiez notamment de lancer une campagne de communication positive sur Paris et ceux qui y vivent ou y travaillent. On voit combien c?est éloigné des campagnes que l?on voit parfois sur les réseaux sociaux, avec le soutien de certaines et de certains d?entre nous sur nos bancs. Mais je reviens à nos sujets du jour, puisqu?il s?agit de l?emploi et de la transition écologique. Ces sujets sont un paradoxe, parce qu?il faut à la fois agir tout de suite et penser le long terme. C?est la raison pour laquelle vos réflexions nous sont très précieuses. J?ai notamment été très intéressé par le rapport sur l?emploi. Dans votre présentation, je retiens les deux labels parisiens qui viennent en complément de ce qui existe déjà sur "Fabriqué à Paris". Vous parlez du service à la personne, de la réparation et du recyclage. Ce sont des thèmes sur lesquels les labels parisiens pourraient être complétés. Vous avez également fait cette proposition de "coworking" artisanaux, qui vient en complément de ce label réparation et recyclage. Il y a un véritable lien entre les deux. C?est cette vision locale, cette dimension des propositions qui sont certes intéressantes, mais surtout qui font sens à l?échelle parisienne.

Vous pouvez compter sur notre groupe Paris en commun?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il a 4 minutes. Il est à 3 minutes 20 et on l?a interrompu.

M. Boris JAMET-FOURNIER. - Je vais terminer en disant - sans interruption, en plus à mauvais escient - que vous pouvez compter, chers membres du Conseil des Générations futures, sur notre soutien, sur notre implication et sur ma contribution pour porter les propositions que vous avez formulées dans cette enceinte. Je n?ai pas commencé par-là, mais je terminerai par-là : avec tous mes remerciements et toute ma gratitude pour votre travail. J?en ai terminé. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Et en avance sur votre temps de parole. Je suis très soucieuse des temps de parole, cher Monsieur.

Dernière oratrice, Mme Élisabeth STIBBE, pour le groupe Changer Paris. 4 minutes 10.

Mme Élisabeth STIBBE. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, je voudrais avant tout féliciter les Conseillères et les Conseillers ayant participé aux travaux de la Commission ville verte. Cet engagement reflète leur intérêt pour la vie de la cité et leur implication dans les mutations urbaines en matière d?écologie. Qu?ils en soient vivement remerciés.

Madame la Maire, les auteurs de ce rapport avaient l?espoir d?apporter des évolutions durables, voire d?infléchir la politique de la Ville. Or, la touche de l?encadrement par vos équipes ressort en filigrane. Comme trop souvent dans ce type d?instance, je ne vais pas aller jusqu?à dire "vous influencez" - ce serait une offense au libre arbitre des Conseillers - mais vous instillez un certain état d?esprit, si je puis dire. C?est regrettable.

Ce rapport présente des solutions pour la plupart déjà vues, alors que leur concrétisation est encore attendue. D?un conseil citoyen à un autre, selon ce mode de démocratie participative dénaturée qui caractérise votre gouvernance, les mêmes propositions reviennent. Deux exemples pour étayer ce constat.

Le premier : proposition sur l?augmentation des surfaces d?espaces verts. Elle représente fidèlement la distorsion dont l?Exécutif est coutumier, à savoir annoncer du vert partout, tout en bétonnant à tout va. Au final, les seuls qui soient vert de rage sont les Parisiens trompés par vos promesses.

Entre 2005 et 2020, 3 millions de mètres carrés supplémentaires ont été construits à Paris grâce à 160.000 autorisations délivrées par la Direction de l?urbanisme. Et la densification de la capitale se poursuit : Bercy-Charenton dans le 12e arrondissement, la Tour Triangle dans le 15e arrondissement, Erlanger dans le 16e arrondissement, ou encore Bruneseau dans ce 13e arrondissement qui m?est cher.

Les Parisiens ne disposent que d?un peu plus de 3 mètres carrés d?espace vert public par habitant hors bois, soit bien en deçà des 10 mètres carrés préconisés par l?O.M.S. et bien moins que dans d?autres mégapoles européennes. Les coûteux arbres en pot, qui sont une aberration horticole, symbolisent la gabegie écolo-démagogique que vous cultivez. La végétalisation du bâti reste peu convaincante et souvent mal conçue ou entretenue. C?est l?APUR qui le dit. En résumé, 100 % communication, 0 concrétisation, toujours plus de densification.

Second exemple : l?amélioration du plan de circulation de Paris. Comme s?il en existait un. Notre groupe le réclame depuis des années. Aurait-il le défaut de mettre en lumière le dogmatisme de votre politique antivoiture ? Le tracé anarchique des "coronapistes" a scarifié Paris. La fermeture des voies sur berges sans renforcement des transports en commun déporte le trafic en périphérie. Tout cela se traduit par des concerts de klaxons et d?invectives, là où vous annonciez en octobre dernier un grand plan pour lutter contre le bruit. Belle conception d?une ville apaisée. Mais foin des ratages. Je voudrais maintenant insister sur un point important, abordé dans la proposition 6 sur les métiers de la transition écologique. Il s?agit de la formation. En effet, une fois ces métiers identifiés, il faudra définir les compétences requises afin de mettre en place les formations nécessaires. La commission demande avec justesse d?associer les organismes de formation à la création de la bourse de l?emploi. Espérons que cette proposition sera adoptée et mise en ?uvre. Pour conclure, Madame la Maire, vous avez beau souffler vos idées aux Conseillers, leur bon sens ressort heureusement dans ce rapport. Alors, s?il vous plaît, n?écoutez pas que ce que vous voulez entendre dans ce type de consultation, mais bien ce que vous disent les citoyens et ce qu?expriment les élus de l?opposition qui ont vraiment, eux, Paris très à c?ur. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Très bien. Nous en avons terminé avec ce débat et les présentations des positions des groupes. Je donne la parole à Mme Anouch TORANIAN, puis à M. Dan LERT, pour répondre. Merci.

Mme Anouch TORANIAN, adjointe. - Madame la Maire, mes chers collègues, chers membres du Conseil des Générations futures, merci, tout d?abord, au coprésident du Conseil des Générations futures, aux rapporteurs et, à travers vous, merci à l?ensemble des membres du Conseil des Générations futures pour la qualité de vos travaux et votre engagement sans faille. Comme vos rapports le démontrent, la crise sanitaire n?a pas eu raison de votre motivation, ce qui démontre l?engagement des Parisiens pour leur ville.

Le fruit de vos travaux est une preuve supplémentaire de la pertinence de renforcer la démocratie continue à Paris, et l?importance de nous appuyer sur votre expertise du quotidien et sur votre créativité. Le Conseil des Générations futures, singulier par sa composition et son objectif, nous inspire, nous pousse à réfléchir au long terme et nourrit notre action municipale.

Avant de céder la parole à Dan LERT pour évoquer le rapport sur "Paris ville verte", quelques mots sur celui portant sur l?emploi. Merci à Afaf GABELOTAUD, adjointe chargée notamment de l?emploi, qui a d?ores et déjà prévu de vous recevoir. Votre rapport insiste sur l?importance de faire connaître et valoriser les métiers de demain. C?est un enjeu majeur de transition écologique et sociale sur lequel nous nous rejoignons. C?est ce à quoi nous nous attelons, notamment par l?Académie du Climat ou par l?appel à projets "Paris fabrique" en soutien à l?économie circulaire. Vous mentionnez aussi l?importance des métiers à domicile, notamment du fait de l?allongement de l?espérance de vie. Là encore, et c?est très positif, votre proposition fait écho à certaines de nos actions, tel que "Paris Emploi à domicile" qui développe des formations sur les métiers des services à la personne et l?autonomie. Nos ambitions sont communes. A n?en pas douter, votre rapport va enrichir la réflexion de la Ville de Paris en la matière. Le rendez-vous avec Afaf GABELOTAUD sera particulièrement éclairant en ce sens. Pour conclure, je tenais à vous rappeler notre engagement à vos côtés afin que le Conseil des Générations futures soit apprécié à sa juste valeur. C?est le sens des premières actions mises en ?uvre depuis le début du mandat pour renforcer le lien entre le Conseil des générations futures et les élus parisiens, pour renforcer le lien avec les autres instances, comme l?Assemblée citoyenne de Paris qui vient d?être créée, et enfin, pour promouvoir et valoriser constamment la qualité de vos travaux. Je vous remercie à nouveau pour l?ensemble du travail produit et laisse à présent la parole à mon collègue, Dan LERT. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Monsieur Dan LERT, vous avez la parole.

M. Dan LERT, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Chers membres du Conseil des Générations futures, chers collègues, je souhaiterais d?abord m?associer aux félicitations et aux remerciements exprimés par la Maire de Paris, les Conseillers de Paris et par ma collègue, Anouch TORANIAN, pour le travail de qualité du Conseil.

Le rapport que vous avez présenté est remarquable. Les 11 propositions exprimées nous seront précieuses dans la mise en ?uvre de nos politiques de lutte contre le changement climatique et dans l?accélération de nos politiques de transition écologique à Paris. Je souhaite d?abord saluer le choix que vous avez fait de mettre au c?ur du rapport l?enjeu de l?adaptation au changement climatique. C?est un enjeu fondamental. En septembre dernier, la Ville de Paris a publié les conclusions d?une grande étude sur les conséquences futures du changement climatique à Paris. Grâce à cette étude, nous savons précisément et clairement ce qui nous attend à Paris : des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, des nuits tropicales multipliées par 3 d?ici 2030, des pluies torrentielles, des crues, des vagues de sécheresse. Un pic de chaleur à plus de 50 degrés Celsius n?est plus exclu à Paris. Le dérèglement climatique s?accélère à Paris. Il est là. La mobilisation générale de la Ville sur la question de l?adaptation au changement climatique est essentielle pour transformer Paris, qui a été pensée comme une ville du Nord, afin de l?adapter au climat d?une ville du Sud. Le climat à Paris ressemblera, d?ici 2050, à celui d?une ville comme Séville. Face à ce constat, vous proposez d?augmenter fortement les surfaces d?espaces verts dans la ville. Vous avez raison, la nature en ville est notre meilleure arme pour la rafraîchir et diminuer l?effet d?îlot de chaleur urbain. C?est tout l?enjeu de la révision du P.L.U. bioclimatique porté par le premier adjoint, Emmanuel GRÉGOIRE, et du "Plan de végétalisation" et du "Plan Arbres" portés par mon collègue, Christophe NAJDOVSKI. C?est aussi le sens du "Plan Paris Frais", qui nous amènera à déployer plus de fontaines brumisantes dans l?espace public et de nouveaux dispositifs, tels que les ombrières dans les rues de Paris. Vous insistez aussi sur l?enjeu de transformation énergétique et écologique des bâtiments, en proposant d?accélérer fortement le rythme de rénovation des bâtiments. Là aussi, vous avez raison. C?est d?ailleurs l?objectif du "Plan Climat" adopté à l?unanimité par cette Assemblée en 2018, qui prévoit la rénovation de tous les bâtiments parisiens d?ici 2050. Pour atteindre cet objectif, le rythme des rénovations énergétiques dans le parc privé doit être accéléré d?ici 2030. C?est l?enjeu du programme "Eco-rénovons Paris 2" qui doit nous permettre de rester sur cette trajectoire et sera lancé dans les prochaines semaines. La rénovation énergétique, l?isolation des logements est un outil indispensable pour lutter contre la précarité énergétique dans un contexte de flambée des prix de l?énergie. Nous avançons à un bon rythme dans le parc social de la Ville de Paris, avec une exigence toujours plus forte en termes d?ambition environnementale. Je n?ai malheureusement pas le temps d?entrer dans les détails de chacune des 11 propositions. Comme l?a indiqué la Maire de Paris, sachez qu?avec Anouch TORANIAN, nous étudierons toutes ces propositions avec la plus grande attention, avec l?ensemble des services de la Ville concernés, l?ensemble de l?Exécutif parisien, et qu?elles nourriront la révision du "Plan Climat" qui va s?ouvrir dans les prochaines semaines. Je serai heureux de continuer à travailler avec vous dans ce cadre, notamment sur la proposition d?un comité de 17 jeunes vigies de la transition écologique à Paris. Au nom de la Ville de Paris, encore une fois merci, et bravo pour votre travail remarquable.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup pour vos réponses, chers Anouch TORANIAN et Dan LERT. Merci pour vos interventions. Et puis, merci au Conseil des Générations Futures.

Oui, ce Conseil nous éclaire, nous permet d?anticiper et de nous projeter sur du temps long. Ce temps long et cette projection, partant de citoyennes et de citoyens qui, par ailleurs, s?impliquent dans la vie parisienne, sont absolument indispensables. C?est aussi notre façon de faire vivre à Paris cette association permanente des Parisiennes et des Parisiens, avec tout ce qui existe, non seulement autour du budget participatif, mais aussi avec l?assemblée citoyenne que nous avons mise en place, qui sont autant de façons utiles de garder ce lien. Un lien dans le travail, un lien dans la proposition, avec les Parisiennes et les Parisiens qui sont très attachés à leur ville, comme nous le sommes. Nous qui sommes là, avec cette majorité que je remercie, pour conduire, justement, ces transformations qui doivent nous permettre de vivre mieux dès aujourd?hui, mais évidemment de penser le futur et 2030, cette date de 2030, qui est la date de l?irréversibilité, qui ne peut pas nous échapper. Pour nous qui sommes en responsabilité aujourd?hui, c?est un devoir absolu vis-à-vis des générations futures que d?agir aujourd?hui et de préparer demain.

Je vous remercie infiniment. On peut applaudir ce débat. Compte rendu de la 5e Commission.

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
retour Retour