retour Retour

Vœu déposé par le groupe Communiste et Citoyen relatif au remplacement de la garantie Jeunes par le Contrat d’engagement Jeune.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons donc le v?u n° 51 relatif au remplacement de la garantie Jeunes par le Contrat d'engagement Jeune.

La parole est à Nicolas BONNET-OULALDJ, pour le groupe Communiste et Citoyen.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Merci, Monsieur le Maire.

Après avoir proposé aux jeunes des garanties, voilà que le Gouvernement leur propose de passer des contrats qui signifieraient en gros : vous nous assurez que vous cherchez un emploi, on vous verse une allocation. Nous pensons que ces contrats devraient au contraire être passés avec les entreprises, afin qu?elles s?engagent véritablement dans l?insertion.

Ce changement de dispositif apparaît en vérité comme un durcissement des conditions d?attribution qui passent par la demande de preuves : est-ce que oui ou non le jeune est bien en train de rechercher un emploi ? C?est aberrant et cela ne fait que renforcer l?idée que les jeunes sont profiteurs et assistés.

Les éducatrices et éducateurs qui les accompagnent ont bien mieux à faire que de chercher à prouver qu?ils ne profitent pas d?un système qui ne leur est certainement pas favorable. Leur mission est au contraire de les aider dans leur recherche. Permettez-moi de rappeler que les jeunes ont particulièrement souffert de la crise. Les confinements successifs, la fermeture des universités ont provoqué un fort taux de décrochage scolaire. Depuis mars 2020, un jeune sur six a dû arrêter ses études. Le taux de chômage des jeunes, des 15-29 ans, qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études est de 13,4 %.

Le Gouvernement fait le choix de durcir les conditions d?attribution du dispositif, alors même que plus de 17 % des jeunes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le montant maximum de l?allocation est de 500 euros mensuels, cela ne permet pas de vivre dignement. Et la nouveauté est que ce montant peut être diminué ou supprimé si le jeune dispose d?une autre source de revenus.

Nous demandons donc que la Maire de Paris interpelle le Gouvernement afin que soit abandonné le projet de Contrat d'engagement Jeune qui vise à remplacer le dispositif de la garantie Jeunes et qui contribuerait à réduire largement le nombre de jeunes accompagnés. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Je donne évidemment la parole à Afaf GABELOTAUD, pour vous répondre.

Mme Afaf GABELOTAUD, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur BONNET-OULALDJ, mes chers collègues, dans le contexte actuel de la crise du Covid, nous connaissons tous le rôle essentiel de la Mission locale de Paris dans l?accompagnement des jeunes Parisiens. Nous avons pu constater la pertinence du dispositif de la garantie Jeunes, avancée du Gouvernement socialiste mise en place en 2013, pour favoriser l?insertion des jeunes dans l?emploi, en les accompagnant de manière intensive et collective, en leur permettant des mises en situation professionnelle tout en bénéficiant d?un revenu complémentaire.

La Ville de Paris accompagne les actions de la Mission locale en participant notamment au financement immobilier de ses sites dans un objectif d?ancrage et de proximité territoriale, spécialement pour les actions de la garantie Jeunes. Ainsi, 2.515 jeunes Parisiens ont intégré ce dispositif en 2021.

Le Gouvernement a fait le choix de transformer la garantie Jeunes en Contrat d'engagement Jeune (C.E.J.). Si tout n?est pas à jeter dans ce projet, votre v?u rappelle les principaux travers de ce nouveau dispositif qui peut être amélioré, et nettement amélioré.

Si le montant de l?allocation est le même que dans le cadre de la garantie Jeunes, un barème plus précis de sanctions apparaît en cas de manquement aux engagements pris par le ou la jeune, et on connaît toutes les difficultés auxquelles est confrontée aujourd?hui notre jeunesse : des difficultés scolaires, d?insertion professionnelle après deux ans de crise sanitaire, psychologique et sociale, comme vous l?avez indiqué.

Comme vous, il nous semble nécessaire que soit revu le projet de Contrat d'engagement Jeune, en raison du durcissement des critères d?éligibilité pour l?attribution d?aide pour les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études et qui contribuerait à réduire le nombre de jeunes accompagnés, tout en ne bénéficiant pas aux jeunes les plus précaires. Il nous semble indispensable que soient élargies les conditions d?accès au C.E.J., notamment aux jeunes travaillant à temps partiel au-delà des plus précaires et aux étudiants. Il faut également que soit organisée plus de simplicité dans le montant et le type des allocations versées aux jeunes en ne prévoyant qu?un seul et même montant, et que soient véritablement étudiées les pistes d?un revenu minimum pour la jeunesse. Je donne donc un avis favorable à votre v?u en l?ayant amendé, si vous acceptez ces amendements qui vont dans votre sens, pour compléter ses attendus.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Afaf GABELOTAUD.

Le groupe Communiste accepte les amendements et c?est donc le v?u n° 51 ainsi amendé sur lequel Raphaëlle RÉMY-LELEU va faire une explication de vote pour le GEP.

Attendez, il faut que tout cela soit enregistré. Nous parlons pour la postérité, comme vous le savez. Est-ce que cela fonctionne maintenant ? Il faut peut-être que le micro à côté soit fermé. Non, cela ne fonctionne toujours pas. On va vous donner un micro soigneusement nettoyé préalablement. Vous êtes masquée et toutes les précautions sont prises. C?est à vous, Raphaëlle RÉMY-LELEU.

Mme Raphaëlle RÉMY-LELEU. - Merci, Monsieur le Maire.

Cher.e.s collègues, 50 % des pauvres sont des jeunes. Il y a une urgence à mettre fin à ce mauvais réflexe politique qui conduit à faire de la jeunesse une période de bizutage social. Bien évidemment, le groupe Ecologiste votera pour ce v?u.

Je remercie d?ailleurs les élu.e.s du groupe Communiste et Citoyen, car ils rappellent un certain nombre d?attachements que nous avons en commun pour l?émancipation de la jeunesse. C?est d?abord la garantie du recours aux droits, ensuite la lutte contre la pauvreté avec des montants d?aides suffisants - ce n?est pas parce qu?on a moins de 25 ans que l?on devrait bénéficier d?aides inférieures au montant nécessaire pour garantir la dignité humaine - et également l?accès inconditionnel à l?aide, qu?importe l?âge ou encore la situation familiale.

Avec autant de points d?accord et une telle urgence à lutter contre la pauvreté de la jeunesse, vous me permettrez donc un seul regret : voir que ces principes et ces exigences que vous avez sur ce v?u ne sont pas les mêmes que ceux que vous portez pour une aide universelle pour l?ensemble des étudiants et des étudiantes, comme nous vous l?avions proposé hier.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Je mets aux voix, à main levée, le v?u n° 51 amendé.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u amendé est adopté. (2022, V. 21).

 

Février 2022
Débat
Conseil municipal
retour Retour