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2021 DASES 256 - Subventions (203.857 euros), conventions et avenants à 33 associations dans le cadre de la prévention des rixes inter-quartiers entre jeunes et des conduites à risques.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASES 256 relatif à l'attribution de subventions, de conventions et d'avenants à 33 associations dans le cadre de la prévention des rixes interquartiers entre jeunes et des conduites à risque.

La parole est à M. Florian SITBON.

M. Florian SITBON. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, la lutte contre les affrontements, souvent particulièrement violents entre jeunes, qui le sont d?ailleurs de plus en plus, est apparue sur le devant de la scène nationale il y a plusieurs mois, voire années maintenant, après la survenue de plusieurs décès lors de ces rixes. Face à ce phénomène, la Ville de Paris a initié une démarche commune avec l?ensemble des acteurs concernés.

En 2018, l?organisation des états généraux de la prévention des rixes par la Mairie, avec l?ensemble des acteurs concernés, a permis un travail en profondeur pour prévenir la tenue des rixes, pour intervenir quand la prévention n?a pas suffi et pour accompagner non seulement les acteurs, agresseurs ou victimes, mais aussi les familles, les associations de terrain, et toutes celles et ceux qui vivent dans les quartiers concernés.

La stratégie parisienne de prévention des rixes, présentée le 20 juin 2019 à l?Hôtel de Ville, a apporté des réponses fortes à travers une organisation partenariale territoriale structurée et dynamique, grâce à un dispositif local d?alerte et de veille partagée, et un renforcement des actions de prévention et de médiation. Le dispositif mis en place permet de prévenir et parfois d?empêcher des rixes, mais les rivalités interquartiers restent prégnantes. La Ville de Paris a souhaité renforcer la stratégie parisienne de la prévention des rixes en lançant, avec l?ensemble des partenaires, un acte II de cette stratégie au printemps 2021. Cet acte II prévoit également un appel à projets, qui a été lancé le 17 juillet et clôturé le 17 septembre. Au cours de cet appel à projets, 70 dossiers ont été déposés. 39 ont été retenus pour être financés. C?est l?objet de ce présent projet de délibération.

La Ville a fait le choix de retenir des associations qui interviendront sur plusieurs arrondissements pour la médiation et l?organisation de groupes de parole dans les établissements scolaires, et agissent également en matière de formation des professionnels sur la question des rixes. L?objectif est simple : il s?agit d?agir pour la diminution des rixes à travers des actions culturelles, sportives et d?accompagnement à la parentalité.

La Ville a également décidé de financer des associations qui agissent sur des sujets parfaitement identifiés, comme l?usage des réseaux sociaux, et la "rue numérique" qui joue un rôle important dans les rixes. Car on sait bien aujourd?hui que beaucoup de conflits naissent sur ce que l?on appelle la "rue numérique".

Dans mon arrondissement, le 15e arrondissement, il s?agit de 3 associations, de 3 projets qui permettent de développer les liens entre les jeunes du 15e arrondissement et des arrondissements, voire des communes limitrophes, afin d?arrêter les rixes et de permettre aux jeunes de rencontrer les jeunes des autres territoires. Pour vous donner un exemple concret, le projet proposé par l"EVS Necker-Falguière" comprend, d?une part, la création de "street art" en suscitant la participation interarrondissements des quartiers limitrophes à Montparnasse, parce que la création de "street art" est d?un accès aisé et permet un brassage des jeunes, quels que soient l?âge et le niveau culturel. D?autre part, elle prévoit la réalisation d?un film documentaire pour conserver une trace de ce travail collectif interarrondissements et une sensibilisation aux conduites à rixe : cyberharcèlement, cyberintimidation.

De façon impromptue et à l?initiative des référents jeunesse de territoire des 14e et 15e arrondissements, une première expérience avait été menée par l"EVS Necker-Falguière" associant étroitement 3 centres "Paris Anim?" du 15e arrondissement et l?EVS. Cela a eu lieu la dernière semaine de juin 2021. Les résultats de cette première expérience ont été particulièrement significatifs, tant l?impact visuel sur les habitants du quartier, avec 12 fresques colorées, fut prégnant. C?était un exemple parmi les 39 projets qui ont été retenus pour être financés dans ce projet de délibération, que je vous demande évidemment d?approuver, car il est important et concrétise le fait qu?en matière de lutte contre les rixes, la sécurité va de pair avec la prévention.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Florian SITBON.

La parole, en Webex, est à M. Hamidou SAMAKÉ.

M. Hamidou SAMAKÉ. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, avant de commencer mon intervention sur les rixes, je voudrais exprimer ma joie et ma fierté d?avoir bientôt à Paris une place des tirailleurs sénégalais.

Chers collègues du Conseil de Paris, moi, petit-fils de tirailleur, je vous dis : merci.

Maintenant, j?en viens aux rixes. Depuis de trop nombreuses années, le phénomène des rixes détruit la vie de trop de jeunes gens, de trop de familles. La Ville de Paris est investie depuis longtemps pour lutter contre ces affrontements entre bandes de jeunes, affrontements trop souvent particulièrement violents. Mon collègue Florian SITBON a bien expliqué la stratégie parisienne de prévention des rixes, a bien expliqué l?acte II qui a été lancé au printemps dernier. Aussi, je vais me limiter à ce qui concerne le 20e arrondissement par rapport à cet acte I.

Pour le 20e arrondissement, des projets ont été choisis et couvrent un large champ d?interventions sur le sujet et des acteurs très différents, tel que le centre social "Archipélia", une association de médiation, "Les médiateurs et les médiatrices du 20e", l?association "Benkadi", une association d?éducation populaire, l?"Association d?Education Populaire Charonne Réunion" - A.E.P.C.R. - ou une association spécialisée sur le ludique, "Strata?jm", qui portent ces projets.

Pour l?ensemble de ces projets, les familles sont particulièrement impliquées. Je voudrais aussi dire qu?un aspect de la prévention des rixes est l?utilisation des réseaux sociaux. C?est pourquoi des actions spécifiques sont menées pour que les jeunes aient une meilleure utilisation desdits réseaux sociaux, mais aussi pour que les adultes, experts de ces sujets, voient apparaître les signes avant-coureurs d?une rixe et permettent que les interventions aient lieu avant que les affrontements ne commencent.

Pour terminer, je voudrais dire que la mobilisation de plusieurs services de la Ville de Paris, de la police municipale, des équipes de développement local dans les quartiers populaires, de la DASES, des services de l?Etat, de la police nationale, des clubs de prévention et des associations parisiennes, doit permettre que les rixes disparaissent progressivement de notre ville.

C?est pourquoi je vous appelle à encourager l?ensemble de ces associations qui se battent au quotidien et méritent notre appui total à travers ce projet de délibération.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Hamidou SAMAKÉ.

La parole est à M. Franck MARGAIN, également en Webex.

M. Franck MARGAIN. - Vous m?entendez, Monsieur le Maire ?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - On vous entend.

M. Franck MARGAIN. - Je vous remercie.

Ce projet de délibération, c?est d?ailleurs le dernier de notre exercice, reprend à lui seul beaucoup des points que nous essayons d?énoncer depuis le début de la mandature.

Tout d?abord, lorsque ce projet de délibération est arrivé en Conseil d?arrondissement, dans le 12e arrondissement, on regarde, au travers de ce projet de délibération, que 33 associations, en fait, sont appelées à être subventionnées. Or, 3 ne concernaient que des associations qui étaient dans le 12e arrondissement. Je rappelle, et le rappellerai tout le temps et tout le temps encore, que les conseillers d?arrondissement sont bénévoles, qu?ils n?ont pas les mêmes moyens techniques, les mêmes moyens logistiques pour vérifier le travail que font ces associations. Je trouve que c?est, comment dirais-je, une sorte de mépris que nous avons envers les conseillers d?arrondissement de leur demander un avis pour consultation sur des associations qu?ils ne peuvent pas contrôler. Je vous le demande et ne cesserai de le demander pendant la mandature : il faut arrêter cette politique de paquet, arrêter de dire que l?on doit subventionner des associations par thèmes. Je rappelle que l?on doit les subventionner surtout par secteur géographique, si l?on veut donner un sens aux conseillers d?arrondissement, à leur travail et respecter leur travail. C?est le premier point.

Le deuxième point, là aussi, je le dénonce depuis le début de la mandature : c?est la culture du résultat. Vous nous demandez, dans ce projet de délibération, après l?acte I de votre politique contre les rixes, de passer à l?acte II. Qu?avons-nous de l?acte I ? Quel bilan avez-vous fait de l?acte I ? Quels ont été les succès de l?acte I ? Quels ont été les échecs de l?acte I ? Quel retour sur investissement avez-vous eu de l?acte I ? Avons-nous diminué un certain nombre de rixes et dans quel quartier ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ? Vous imaginez quel plaisir nous aurions, en tant qu?élus de l?opposition, à travailler sur les projets de délibération de l?acte II si nous avions eu, sur l?acte I, un certain nombre d?indications, une certaine méthodologie qui nous permettrait de travailler ensemble et dans la confiance.

Encore une fois, vous n?avez pas la culture du résultat et, encore une fois, je vous encourage à mettre en place cette culture du résultat, surtout pour des sujets aussi importants, parce qu?il y a là, bien sûr, de la matière humaine, des résultats qui peuvent être plus ou moins de type qualitatif et non pas quantitatif. Et donc, les outils de mesure, lorsqu?il s?agit du qualitatif, sont encore plus importants.

La troisième chose que je dénoncerai, c?est quand même une certaine idéologie qui vous a conduits autour de ce choix des associations. Moi, je suis très clair et mon groupe soutient le risque que vous prenez puisque j?ai vu qu?un certain nombre d?associations, comme "Les 12 Sourires" - il y en a pas mal - en fait, sont des associations qui n?ont aucune expérience dans la gestion des rixes, mais qui, par contre, ont des expériences dans l?implication des parents, dans un certain travail pour essayer de recréer un lien de voisinage. En cela, on va vous faire confiance pour prendre ce risque. Mais je veux dire, au sein de cette Assemblée, que vous prenez un risque énorme parce que vous faites confiance à des gens qui n?ont pas d?expérience dans la gestion de cette difficulté.

Et puis, surtout, là où vous avez une idéologie qui est très grande, très forte et, à mon avis, très déplacée, c?est que vous n?avez choisi aucune association de policiers, de pompiers ou d?éboueurs, c?est-à-dire des associations qui représentent des services publics. Surtout avec l?arrivée de la police municipale, on aurait pu organiser des rencontres, une après-midi, une série d?écoutes, quelque chose qui fasse que le dialogue puisse s?instaurer entre ces jeunes qui sont souvent très en retrait des services publics. Par exemple, on le voit souvent avec les tensions envers les pompiers, ou ils n?ont pas le même respect de la propreté. On aurait pu leur faire rencontrer des éboueurs.

Là encore, vous êtes uniquement dans un type d?idéologie. Je le dis bien, encore une fois, nous allons le soutenir, mais ce sont des associations qui n?ont pas d?expérience. Les associations qui pourraient apporter une vision de la qualité de vivre ensemble, pour reprendre un terme qui vous est cher, vous n?en faites pas action et ne montrez pas une volonté de faire rencontrer à ces jeunes l?ensemble des gens qui participent à la vie publique de notre cité. Je le regrette.

Nous voterons donc ce projet de délibération, mais sachez que nous serons très vigilants. Nous vous demandons et vous demanderons des comptes rendus pour mesurer l?efficacité de ces politiques publiques.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Franck MARGAIN.

La parole est à M. Nicolas NORDMAN, pour répondre aux intervenants.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

Je voudrais remercier les différents intervenants, Florian SITBON, Hamidou SAMAKÉ et également Franck MARGAIN, qui a utilisé la quasi-totalité de son intervention pour donner des arguments en défaveur de ce projet de délibération pour expliquer, "in fine", qu?il allait le voter. Je le remercie de cet effort parce qu?en effet, il s?agit d?un projet de délibération tout à fait important sur un sujet majeur qui nous préoccupe. La question des rixes est une question extrêmement inquiétante des phénomènes qui se multiplient, non seulement malheureusement à Paris, mais aussi, on le voit très souvent dans l?actualité, en Région Ile-de-France et même ailleurs en France. Bien évidemment, la mobilisation sur cette question est particulièrement indispensable.

Cela a été dit par les intervenants, la stratégie parisienne de prévention des rixes a été initiée - par Colombe BROSSEL, d?ailleurs - en 2019, pour pouvoir mobiliser l?ensemble des acteurs pour réagir, anticiper et prévenir la survenue de ces affrontements violents entre jeunes. Nous avons voulu lancer l?acte II de cette stratégie parisienne. Le 21 mai dernier, nous avons réuni 300 partenaires parisiens, les services de l?Etat, bien entendu, la Préfecture de police, mais aussi l?Education nationale, le Parquet, et toute une série d?acteurs qui interviennent quotidiennement et se mobilisent sur cette question.

Côté Ville, nous nous sommes engagés, comme nous l?avions dit au moment de la présentation de l?acte II de cette stratégie de prévention des rixes, d?abord, pour doubler notre équipe parisienne de médiation. Nous avons besoin de cette équipe pour aller, par exemple, à la sortie des collèges pour prévenir et faire baisser les tensions lorsqu?elles se produisent entre les jeunes. Nous avons également, avec l?Education nationale - je salue mon collègue Patrick BLOCHE, avec lequel nous avons également travaillé - mis en place une stratégie afin d?intervenir dans des collèges de manière extrêmement précise, en mutualisant les efforts et les moyens de la Ville avec les efforts de l?Education nationale, pour pouvoir, de manière spécifique dans 7 collèges parisiens, avoir cette stratégie de prévention et de mobilisation.

Enfin, et c?est l?objet de ce projet de délibération, nous avons lancé un appel à projets pour un montant de 203.000 euros consacrés aux actions de prévention des rixes, de prévention de rue. Prévention également sur les réseaux sociaux, cela a été dit. Aujourd?hui, nous le savons, beaucoup de rixes se nouent sur les réseaux sociaux. Il faut non seulement que nous puissions former les intervenants, notamment les adultes pour pouvoir être présent aussi et anticiper des mobilisations et de la prévention sur le sujet des rixes, mais aussi former les jeunes sur les risques des réseaux sociaux. Et puis, des initiatives éducatives de soutien à la parentalité.

Toute une série d?actions que nous allons soutenir avec les 39 projets qui sont présentés ici, portés par des associations dans des arrondissements. On a parlé du 15e arrondissement et du 20e arrondissement avec nos 2 collègues. Mais il y a évidemment des actions soutenues dans tous les arrondissements parisiens, là où se produisent des rixes. Mais aussi des actions interarrondissements puisqu?évidemment, les jeunes se jouent des frontières administratives de nos arrondissements. Evidemment, il faut que des projets interarrondissements, voire des projets entre Paris et la proche couronne, puissent également être soutenus afin d?intervenir et d?agir en prévention de ces phénomènes de rixe.

Je souhaite remercier, pour la participation à l?élaboration de cet appel à projets et de ce projet de délibération, bien sûr, les directions de la Ville, et puis, ma collègue Anne-Claire BOUX, puisqu?une partie des crédits de ce projet de délibération l?a été au titre de la "politique de la ville".

Je terminerai en disant que je me félicite que dans le budget que nous avons adopté mardi, le montant pour cet appel à projets a été inscrit et pérennisé. Nous aurons évidemment la possibilité de le relancer l?année prochaine. Nous ferons - je le dis pour M. MARGAIN - évidemment un bilan des actions qui auront été menées pour pouvoir à nouveau lancer cet appel à projets en 2022. C?est un sujet important, qui nous inquiète et pour lequel nous avons besoin d?une mobilisation collective très forte de tous les acteurs.

Chers collègues, comme cela a été le cas dans tous les Conseils d?arrondissement, où ce projet de délibération a été adopté, je vous invite à le voter bien évidemment à l?unanimité pour montrer l?engagement collectif de la Ville de Paris face à ce phénomène.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Nicolas NORDMAN.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 256.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté à l'unanimité. (2021, DASES 256).

Comme vous le souhaitiez, Nicolas NORDMAN !

V?u déposé par le groupe Changer Paris

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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