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Ouverture de la séance.


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, bonjour. Hommage à M. Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Délégué national de l?Ordre de la Libération, cher Général BAPTISTE, Mesdames et Messieurs, chers collègues, j?ai tenu à ce que ce dernier Conseil de Paris de l?année 2021 s?ouvre sur un moment d?une solennité particulière, avec dans un instant la lecture que je ferai d?un courrier adressé par Hubert Germain aux membres du Conseil d?administration de l?Ordre de la Libération, et donc à la Ville de Paris, quelques mois avant sa disparition le 12 octobre dernier. Par l?intermédiaire du délégué national que nous avions interrogé, Hubert Germain nous avait alors donné son accord pour que la lecture publique de ce que l?on pourrait appeler son testament moral puisse avoir lieu après son décès.

A la suite des cérémonies nationales, qui se sont tenues les 11 et 12 novembre derniers, c?est le moment pour que Paris rende un hommage solennel, digne et républicain à Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération et Parisien au parcours exceptionnel qui participa à sauver notre pays et son honneur.

Son injonction a toujours été de se battre pour la France et les valeurs de la Résistance, et cette injonction est profondément actuelle. Elle continue à nous interpeller dans nos responsabilités de femmes et d?hommes politiques, a fortiori au lendemain de l?ignoble dégradation dont a été l?objet le Mémorial de la France combattante au mont Valérien.

Dans le message qu?il nous adresse, Hubert Germain formule un v?u, celui de ne jamais oublier la grandeur d?âme des Compagnons de la Libération, la force de leur courage et de leur droiture. En effet, du jour au lendemain, ces 1.038 femmes et hommes ont tout quitté, leur famille, leurs projets, leur maison pour défendre des valeurs qu?ils jugeaient supérieures à tout.

Hubert Germain était le dernier d?entre eux. Le destin lui a accordé une place à part dans le cercle fermé, un des plus jeunes membres, il en a été aussi le dernier. En nous quittant à 101 ans, une page de notre Histoire s?est refermée. À nous désormais de porter le flambeau.

Dès 1946, le Général de Gaulle avait confié à 18 unités militaires et à 5 communes - Grenoble, Nantes, Vassieux-en-Vercors, l?île de Sein et Paris - le soin de poursuivre la mission des Compagnons dès lors que le dernier d?entre eux aurait disparu.

Très tôt, le Général avait compris que la pérennité de l?ordre dépendrait de l?engagement de collectifs de femmes et d?homme prêts à transmettre les valeurs. Si les individus sont destinés à disparaître, les collectivités Compagnons continueront à témoigner dans l?avenir de ce qu?a été l?Ordre de la Libération, disait-il, en grand visionnaire qu?il était au moment de la création de l?ordre. Ce même message a été porté ensuite par le colonel Fred Moore que nous avons si bien connu, dernier Chancelier de l?ordre. Ici, à l?Hôtel de Ville en 2012, il nous rappelait que les villes étaient des Compagnons à part entière.

Aujourd?hui, en 2021, soixante-quinze ans après cet appel du Général de Gaulle, Paris respecte cette volonté. Les 1.038 Compagnons de la Libération se sont engagés pour défendre une idée. Sans la liberté, l?égalité, la fraternité, la France ne peut exister. Quelles que soient leur origine sociale, leur couleur de peau, leurs opinions religieuses et politiques, qu?ils soient français ou non, ces femmes et ces hommes ont refusé de se soumettre, ils ont résisté.

Personne ne leur a demandé de s?engager. C?est cette flamme en eux, la flamme de la résistance et cette foi en l?existence d?une France éternelle qui les ont poussés à prendre les armes pour défendre le pays pour lequel ils étaient prêts à mourir. Défenseurs de cette France humaniste, ils ont uni leur force dans leurs différences, dans leur diversité pour protéger ce qui les rassemblait.

Paris, ville Compagnon de la Libération, respectera ce devoir de mémoire et de transmission. Jamais, elle ne l?oubliera. Jamais elle ne pliera ni ne cédera. Et sans cesse, Paris luttera pour défendre cette idée de la France qu?incarnait Hubert Germain.

Son message, j?aimerais désormais vous le transmettre avec cette lecture.

"Mesdames et Messieurs les Administrateurs, je me suis déjà adressé à certains d?entre vous en tant qu?administrateur. Aujourd?hui, je m?adresse à vous en tant que Chancelier d?honneur et dernier Compagnon. Je ressens désormais le poids de l?Histoire sur mes épaules, ainsi que celui de mes responsabilités envers mes 1.037 Compagnons. Je souhaite donc vous faire solennellement des recommandations.

Vous êtes maintenant dépositaires des braises ardentes que nous, les 1.038 Compagnons, avons rassemblées dans cette chancellerie. Ces braises ardentes sont la somme de nos engagements faits de déchirements, de sueur, d?angoisse, de larmes, de sang, de souffrance et de chagrin qui constituent la grandeur de la phalange magnifique qu?est l?Ordre de la Libération.

Vous avez désormais pour mission de conserver rougeoyantes ces braises, afin que les jeunes Français viennent y recevoir la flamme première, celle de l?amour de la France et du service de la patrie. C?est dans ces braises qu?ils trouveront le feu sacré pour suivre l?exemple de leurs grands anciens qui ont décidé de préserver l?honneur de la France plutôt que d?assumer dans la défaite une vie de soumission. Alors, vous devez impérieusement faire en sorte que les parcours des Compagnons et des médaillés de la Résistance française soient source d?inspiration pour nos jeunes compatriotes.

Nous avions des convictions philosophiques, politiques et religieuses différentes, voire opposées, mais nous avons su nous rassembler pour la cause sacrée de la liberté de notre patrie. Au sein du Conseil de l?Ordre, il n?y a jamais eu et il ne peut y avoir place pour des intérêts personnels, de basses man?uvres partisanes ou des mesquineries administratives.

Ici, vous devez uniquement parler France, intérêt supérieur de la nation et amour de la patrie. Vous devez vous montrer dignes de ceux qui ont siégé dans ce cénacle avant vous. N?oubliez jamais que c?est grâce au Général de Gaulle que nous avons pu être fidèles à notre destin.

Alors, avec le délégué national de l?Ordre, menez ardemment ce combat commun, celui de permettre aux enfants de France de s?élever en puisant en ces lieux grandeur, idéal et foi en la France.

Vous avez la confiance des Compagnons. Je vous remercie."

Je vous propose une minute de silence.

(L'Assemblée, debout, observe une minute de silence). Je vous remercie.

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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