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2021 DAC 60 - Avenants à conventions avec trois structures de spectacle vivant (Paris Centre, 12e, 14e) et subvention (51.000 euros) à l’association "La Place". - Centre culturel hip hop.


 

Mme Audrey PULVAR, adjointe, présidente. - Nous examinons le projet de délibération DAC 60, qui concerne des avenants à conventions avec 3 structures de spectacle vivant à Paris Centre, dans le 12e arrondissement et dans le 14e arrondissement, et une subvention de 51.000 euros à l?association "La Place - Centre culturel hip-hop".

La parole est à M. Aurélien VÉRON, pour le groupe Changer Paris, pour cinq minutes.

M. Aurélien VÉRON. - Madame la Maire, nous allons évidemment voter ce projet de délibération qui apporte des ressources supplémentaires modestes à "La place" notamment. Changer Paris a toujours soutenu ce centre de création, de pratique et de diffusion des cultures "hip-hop". Mais je veux soulever ici un sujet grave.

Depuis de nombreux mois, sa directrice, Rachel KHAN, fait l?objet d?attaques de plus en plus virulentes. Dernièrement, une pétition est allée jusqu?à demander son renvoi. Dans cette affaire inquiétante, ce n?est pas sa personne qui est visée, mais bien notre socle républicain. Pour commencer, le travail de Rachel KHAN doit être défendu sans aucune hésitation. Elle a activement contribué à faire entrer la culture "hip-hop" dans la politique culturelle de la Ville et même au-delà. Elle a levé des fonds depuis longtemps pour financer des films et des projets. Je pense que remettre en cause ses compétences est plutôt un prétexte pour s?attaquer à la femme et à ses convictions, aux yeux de cette idéologie qui ne tolère pas la liberté de pensée.

Car, en effet, Rachel KHAN n?a pas la langue dans sa poche, en tant que militante féministe et universaliste, antiraciste et républicaine. Elle a travaillé pour Jean-Paul HUCHON, preuve de mon ouverture d?esprit. Mais nous sommes nombreux, malgré son engagement à gauche, passé en tout cas, à suivre avec plaisir ses commentaires sur les réseaux sociaux comme dans les médias. Elle y défend ses convictions sur un ton politique, ironique, parfois plus lyrique. Et puis, elle a sorti un livre qui s?appelle "Racée". Pas racisée, racée. Racée pour le caractère noble de son assemblage ethnique, culturel, religieux. Car, Rachel KHAN est à la fois Française et Gambienne, juive et musulmane. Sous sa plume joyeuse et poétique, elle raconte la France à travers son parcours. Une France dont le socle républicain ne fait pas de différence entre les religions et les origines sociales, entre les sexes et les races. Rachel KHAN ne rentre dans aucune case, ou alors elle occupe toutes les cases à la fois, avec son énergie lumineuse.

Mais, avant tout, elle a le courage de refuser qu?on l?enferme dans des cases sans qu?elle puisse les choisir. Comment ne pas se retrouver dans son récit ? Comment ne pas voir, dans ses convictions universalistes, un combat vital pour notre pays plongé dans le doute aujourd?hui ? Pourtant, le 16 mars 2021, 6 membres sur 11 du conseil d?administration ont publié un communiqué commun au nom de "La Place" qui était abusif : "Les propos actuellement tenus par Melle Rachel KHAN dans les médias et dans le cadre de la promotion de son livre n?engagent qu?elle. Ils ne reflètent en aucun cas les opinions des membres du conseil d?administration de "La Place".

La Ville a apporté son soutien public, d?abord de la part de Karen TAÏEB, que je soutiens ici, puis dans un courrier d?Anne HIDALGO elle-même, qui a dénoncé les attaques nauséabondes qu?elle a condamnées fermement. J?ai applaudi. Aujourd?hui, la gauche "woke" demande son renvoi et estime qu?elle tient des propos inacceptables et clivants, validés par la France la plus réactionnaire des médias français et des politiciens d?extrême droite. En clair, cette nouvelle pensée totalitaire exige qu?elle se soumette ou se démette. Nous attendons le même soutien sans faille de la Mairie de Paris contre ce lynchage idéologique indigne. C?est la condition de notre soutien à cette belle institution du centre de Paris.

La gauche soulève régulièrement le péril identitaire de l?ultradroite. Elle a raison et je suis le premier à en dénoncer le danger pour la France. Mais je vous renvoie l?argument : que faites-vous contre l?ultragauche identitaire ? Ce matin, j?aimerais que nous soyons tous Français et Gambiens, juifs et musulmans, et avant tout, républicains. J?aimerais que nous soutenions unanimement Rachel KHAN et, à travers elle, notre socle universaliste menacé par une peste identitaire qui traverse nos camps respectifs. Retrouvons-nous dans cet universalisme républicain que Rachel KHAN a ainsi défini : "C?est lorsque les êtres humains sont capables de s?accorder entre eux pour une communion universelle". Je vous remercie.

Mme Audrey PULVAR, adjointe, présidente. - Merci beaucoup, cher collègue.

Pour vous répondre, je donne la parole à Mme Carine ROLLAND, pour cinq minutes.

Mme Carine ROLLAND, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Permettez-moi tout de même de signaler que ledit projet de délibération, DAC 60, ne concerne pas que "La Place". Il vous propose aussi un soutien à "circusnext", qui s?installera à la ferme Montsouris, dans le 14e arrondissement. Il s?agit d?un établissement de création autour du cirque, auquel nous tenons beaucoup, ainsi qu?au "Théâtre du Soleil". Le projet de délibération concerne aussi le "Théâtre du Soleil" d?Ariane MNOUCHKINE, à la Cartoucherie, qui bénéficiera, si ce projet de délibération est voté, d?un soutien en équipement.

Pour ce qui est de "La Place", je n?ignore rien de ce que vous évoquez. Il me semble, néanmoins, Monsieur VÉRON, que vous confondez dans cette instance ce qui est notre rôle - celui d?accompagner, de soutenir les établissements culturels liés à la Ville de Paris ; "La Place" en fait ô combien partie et je vais le détailler juste après - de ce qui relève de la situation de Rachel KHAN, de sa liberté d?expression, des difficultés, des diatribes auxquelles cela a pu donner lieu.

Concernant la pétition, le conseil d?administration, qui a été renouvelé récemment, a été extrêmement clair. Ce n?est pas une pétition qui décide de la situation du maintien du recrutement ou, à l?inverse, du départ d?une directrice d?établissement. A cela, il n?y a aucun doute.

Permettez-moi, en revanche, d?évoquer ce que fait "La Place". Ce lieu est le lieu public du "hip-hop" à Paris, culture ô combien diverse, ô combien spontanée, qui se déploie dans tous les quartiers de notre ville à travers des manifestations musicales, à travers la force du "street art". Je vous invite à aller découvrir - c?est ouvert depuis le 14 décembre - l?exposition autour de SCAF à "La Place". Je vous invite aussi à faire place à toutes les esthétiques que "La Place" soutient, non seulement au travers d?une danse liée au hip-hop, mais aussi en programmant des chorégraphes contemporains. "La Place", c?est cela.

Le projet de délibération qui vous est proposé aujourd?hui, c?est cela. C?est ce qu?il vise à soutenir : cette diversité, cette force, cette multiculturalité, qui s?inscrit, par ailleurs, dans de nombreux événements de la Ville de Paris. Je pense à la place prise par "La Place" dans "Paris Plages" cet été. Je pense à ce qu?ils ont fait, eux aussi, durant le confinement, en travaillant énormément sur le déploiement des moyens numériques.

Autant de raisons, mes chers collègues, qui me conduisent à vous inviter avec force et enthousiasme, vous l?aurez compris, à voter ce projet de délibération.

Je vous en remercie.

Mme Audrey PULVAR, adjointe, présidente. - Merci beaucoup, Madame la Maire. Souhaits de bienvenue.

Mme Audrey PULVAR, adjointe, présidente. - Avant de mettre aux voix ce projet de délibération, je voudrais saluer l?arrivée dans nos travées d?une classe du lycée Turgot, qui est avec nous jusqu?à la fin de la matinée.

Merci à eux.

A l?invitation du groupe Paris en commun. Merci à vous.

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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