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2021 DDCT 94 - Subvention de fonctionnement (15.000 euros) à l’association "Consentis" dans le cadre de la promotion des comportements respectueux dans les milieux festifs.


 

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Nous examinons le projet de délibération DDCT 94 relatif à l'attribution d'une subvention de fonctionnement à l?association "Consentis", dans le cadre de la promotion des comportements respectueux dans les milieux festifs.

Je donne la parole à Catherine IBLED, pour le groupe GIP.

Mme Catherine IBLED. - Merci, Madame la Maire.

Au nom de mon groupe "Indépendants et Progressistes", j?apporte bien entendu un soutien appuyé à ce projet de délibération qui vise à octroyer une subvention à l?association "Consentis", fondée en 2018 par Mathilde NEUVILLE et Domitille RAVEAU.

Cette association a pour objectif de lutter contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif. Selon une étude réalisée par l?association elle-même, 57 % des femmes se sentent en insécurité dans un contexte festif. Ce chiffre est éloquent et même inquiétant. Je rappelle que dans huit cas sur dix, la victime connaît son agresseur. Cela peut donc se produire lors d?une petite soirée entre amis, comme dans un cadre plus large et avec des personnes avec qui on se croit pourtant en sécurité. Même dans la situation sanitaire actuelle, la promotion des comportements respectueux dans les milieux festifs est un sujet essentiel pour contribuer à une société apaisée dans laquelle la fête et la convivialité ont toute leur place.

Les violences sexistes et sexuelles ont des conséquences psychologiques et sociales dévastatrices. L?exposé des motifs de ce projet de délibération tout à fait salutaire vise à sensibiliser à la culture du consentement. Il s?agit désormais d?envisager toutes les facettes de cette culture du consentement. Mais faire la promotion de comportements respectueux, à l?échelle individuelle pour toutes les personnes participant à la fête, est insuffisant si l?ensemble des acteurs du milieu festif et nocturne ne sont pas, eux aussi, pleinement sensibilisés.

Cette question est brûlante, compte tenu de l?activité et de l?actualité des dernières semaines. D?ailleurs, je rappelle à ce propos que notre groupe vous a alertés par une question écrite à laquelle nous n?avons toujours pas eu de réponse.

Depuis le début du mois de novembre sont publiés par la presse et sur les réseaux sociaux de nombreux témoignages de femmes racontant comment leurs soirées ont pu se transformer en cauchemar. Il suffit d?explorer #BalanceTonBar sur les réseaux sociaux pour comprendre ce dont il est question.

Plusieurs femmes à Paris et dans d?autres villes de France ont subi une agression chimique, alors qu?elles passaient la soirée dans un bar. Cette agression chimique se caractérise souvent par l?ingestion de drogues de synthèse, comme le GHB, un profond sédatif surnommé également la drogue du violeur. Résultat, nombreux sont les témoignages décrivant comment le début de soirée dans un bar se transforme en fin de soirée dans un lit à l?hôpital, sans capacité à se souvenir du déroulé de la soirée, et je vous épargne les récits les plus tragiques que l?on peut lire dans la presse.

Face à cette recrudescence du phénomène, je salue la mobilisation de la Préfecture de police, sur le sujet depuis le début du mois de novembre, qui a lancé une enquête et recueilli plusieurs plaintes. Je salue également la mobilisation de la Procureure de la République qui est également investie sur ces sujets.

Enfin, je rappelle l?action du Gouvernement qui, sur la question des drogues, a lancé des campagnes de sensibilisation visant à informer des dangers de la consommation de ces substances et qui a souhaité avoir une approche dédiée pour les victimes de violences sexuelles, accompagnée notamment de dispositifs d?alerte et d?écoute.

Je rappelle, à titre d?exemple, l?application App-Elles de l?association "Resonantes" qui permet d?alerter des personnes proches en cas de violence et au travers d?une cartographie qui présente sur l?application les associations les plus proches de là où est installée la victime.

En ce moment même, Gérald DARMANIN et ses équipes travaillent sur un plan d?action, afin de veiller à la sécurité de toutes et tous dans les bars. Le Ministère de l?Egalité entre les femmes et les hommes a également soutenu le tchat Commentonsaime.fr de l?association "En avant toutes", qui est dédié aux jeunes de 15 à 25 ans. Enfin, le 14 octobre dernier, la Ministre Élisabeth MORENO annonçait l?extension de l?expérimentation des lieux d?accueil et d?orientation, comme le L.A.O. de Bagnolet, sur dix autres territoires.

Il faut donc aller plus loin sur ce sujet, à la fois à l?échelle du pays et à l?échelle de Paris, et les élus de mon groupe sont disposés à y contribuer. Je sais l?engagement d?ailleurs de Jean-Luc ROMERO, ici présent, sur ces questions et je le salue ici. Si ce projet de délibération illustre en partie l?action de la Mairie sur ce sujet, nous souhaitons néanmoins davantage d?informations sur la totalité des actions entreprises et celles envisagées dans les prochains mois, afin de pouvoir donner une nouvelle impulsion à la promotion des comportements respectueux dans les milieux festifs.

Je vous remercie.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Je vous remercie.

La parole est à Mélody TONOLLI, pour le groupe "Génération.s".

Mme Mélody TONOLLI. - Merci.

Madame la Maire, chers collègues, depuis la rentrée 2021, de nombreux témoignages de victimes droguées et agressées sexuellement dans des bars et discothèques à leur insu se multiplient, notamment sur les réseaux sociaux, en France mais aussi à Paris, sous les hashtags #MeTooBar ou #BalanceTonBar. Ce sont souvent les mêmes faits qui sont rapportés, des faits d?agressions sexuelles ou de viols sur de jeunes femmes suite à l?administration de GHB entraînant malaises, vomissements et perte de connaissance. Je devrais d?ailleurs préciser de jeunes filles ou de jeunes hommes.

Le 17 novembre, Laure BECCUAU, nouvelle Procureure de police de Paris et première femme à occuper ce poste, a ouvert une enquête après avoir reçu plusieurs plaintes. Nous saluons cette décision et porterons une attention particulière à la suite qui y sera donnée. En effet, plus de 60 victimes se sont manifestées à Paris sur une trentaine de faits.

Nous nous sommes déjà exprimés à ce sujet lors du débat sur le vote du budget dans cet hémicycle pour réclamer davantage de moyens pour la médiation nocturne et la prévention des risques en milieux festifs. Nous nous félicitons des avancées obtenues à ce sujet qui permettront de déployer des actions de prévention avec les acteurs du milieu nocturne sous la coordination de mon collègue Frédéric HOCQUARD.

Mais parce que ce sujet mérite toute notre attention, nous devons poursuivre et renforcer notre engagement auprès des victimes pour les écouter, les soutenir, les protéger et les accompagner, et auprès des associations pour le déploiement de leurs actions.

L?association "Consentis", que le présent projet de délibération nous propose de soutenir, ?uvre depuis plusieurs années pour la lutte contre les violences sexuelles dans les milieux festifs. Son objectif est de promouvoir une culture du consentement. En novembre 2018, dans le cadre du Conseil de la Nuit piloté par mon collègue Frédéric HOCQUARD, "Consentis" avait d?ailleurs animé avec succès un atelier de formations croisées, rassemblant acteurs de la prévention, établissements de nuit, organisateurs de soirées et noctambules.

L?association souhaite poursuivre ses actions en cours avec une démarche complémentaire de labellisation des établissements de nuit, afin de promouvoir les comportements respectueux dans les milieux festifs. Aussi, au regard de l?intérêt de cette démarche et des besoins malheureusement encore très importants actuellement, chers collègues, nous vous demandons de soutenir à l?unanimité ce projet de délibération pour la création d?un label des soirées bienveillantes.

Merci.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Merci.

Pour répondre, je donne la parole à Frédéric HOCQUARD.

M. Frédéric HOCQUARD, adjoint. - Merci, Madame la Présidente.

Merci chères collègues, Madame TONOLLI et Madame IBLED, pour vos interventions.

Je me permets juste de vous faire remarquer, Madame IBLED, que je partage totalement votre intervention mais je n?ai pas eu connaissance de la question écrite qui a été envoyée au mois de novembre. Je ne sais pas où elle est passée, en tout cas elle n?est pas arrivée à destination et je ne peux donc pas répondre à cette question que vous avez posée.

Vous avez décrit la situation. Elle est effectivement préoccupante sur #MeTooBar - je l?appelle comme cela - et aussi sur le site Instagram avec #BalanceTonBar. Ils font état d?un certain nombre de témoignages d?agressions, de harcèlement, de comportements et ce sont aussi des témoignages de substance chimiques ingérées par détournement, je ne dirai pas de force mais en tout cas ingérées de cette manière.

A l?occasion du retour et de la reprise de la vie nocturne et de la vie festive en 2021, on a vu d?abord dans le reste de l?Europe, au Royaume-Uni, en Belgique ou en Suisse, et aussi à Paris, une recrudescence de témoignages faisant état d?agressions sexistes et sexuelles dans le milieu festif ou de comportements de harcèlement.

Face à cela, nous avons effectivement agi.

D?abord, et vous l?avez rappelé, en saisissant la Préfecture de police et un certain nombre d?enquêtes sont en cours. Je voudrais aussi saluer les élus du 18e arrondissement qui ont agi de cette manière et ont travaillé, puisque c?est dans le 18e arrondissement que deux enquêtes ont été ouvertes suite au travail qui a été fait de la Préfecture de police et à l?action que nous avons menée de ce point de vue. La Procureure de Paris a aussi été saisie d?un certain nombre de sujets là-dessus.

La deuxième chose est que nous avons réuni l?ensemble des professionnels et des associations qui travaillent et luttent contre le harcèlement et pour une nuit dite "safe", il y a trois semaines de cela, et il en a résulté deux choses.

Premièrement, nous avons saisi et la Préfecture de police s?est engagée à travailler pour avoir une facilitation pour les dépôts de plaintes. En effet, des témoignages faisaient état du fait que lorsque des femmes se présentaient, parce que ce sont en grande majorité des femmes, dans des commissariats par rapport à ce type de chose, elles avaient des difficultés pour porter plainte. Notamment, si elles avaient été droguées de force, on leur demandait de pouvoir le prouver, ce qui n?était pas toujours évident. Donc, la Préfecture s?est engagée à faciliter au niveau des commissariats les dépôts de plaintes et éventuellement les ouvertures d?enquêtes.

Deuxièmement, du côté des établissements, c?est avoir un travail plus important avec les syndicats et les professionnels pour travailler justement sur ces questions et repérer quand il y a éventuellement des faits délictueux.

Par ailleurs, à travers ce projet de délibération, nous voulons renforcer toutes les campagnes de prévention en direction de l?association "Consentis". Il y a ce projet de délibération et il y a aussi l?amendement budgétaire, porté par le groupe "Génération.s" et soutenu par le groupe Paris en commun, que nous avons passé lors de la lettre rectificative avant-hier dans le budget, pour renforcer tout le travail de prévention avec "Consentis" et un certain nombre d?autres associations de prévention sur les questions de harcèlement et de comportement.

L?idée à travers cela est de faire trois choses.

D?abord mobiliser l?ensemble des acteurs de la vie nocturne, que ce soient les organisations professionnelles, les associations qui travaillent dans ce domaine, les noctambules citoyens, l?ensemble des associations de réduction des risques en milieux festifs pour qu?ils soient mobilisés à travers des campagnes d?information, de repérage, afin d?accélérer et accentuer le travail à cet endroit.

La deuxième chose est la formation des professionnels et vous savez que c?est aussi une des clés. Quand il y a des faits de cette nature, bien souvent on ne sait pas à qui s?adresser et si vous regardez l?ensemble des témoignages sur les réseaux sociaux, ce sont aussi parfois des comportements sur le "dancefloor", dans les bars, où, quand on va voir le barman, le "physio" ou des professionnels, on a une fin de non-recevoir et il ne se passe rien. Là aussi, il faut de la formation du point de vue des professionnels et des établissements à ce sujet.

Evidemment, cela veut dire aussi que nous voulons lancer une campagne de labellisation par rapport à des établissements qui seraient dits "safe", dans lesquels il y aurait un cahier des charges respectueux, de manière à créer une spirale de bienveillance au niveau de Paris, de ces établissements et de la nuit. C?est un enjeu extrêmement important parce qu?une nuit "safe", une nuit inclusive, une nuit mixte, c?est une nuit plus sûre, plus respectueuse. Du point de vue de ce qui se passe, on a une garantie de faire en sorte que ce soit une nuit inclusive et bienveillante. C?est un des objectifs poursuivis à travers la politique sur la vie nocturne.

Je vous remercie.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Je vous remercie.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DDCT 94.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DDCT 94).

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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