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2021 DU 165 - Maine-Montparnasse (14e et 15e). - Convention de projet urbain partenarial avec la société "SAS Oasis Montparnasse".


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons maintenant le projet de délibération DU 165, Maine Montparnasse, 14e et 15e, convention de projet urbain partenarial avec la société "S.A.S. Oasis Montparnasse".

La parole est au maire du 15e arrondissement, Philippe GOUJON.

M. Philippe GOUJON, maire du 15e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, ce projet Oasis suscite de nombreuses questions et interrogations, à la fois de la part de nos collègues et des riverains, des associations autour de la gare Montparnasse, puisqu'il prend place dans l'ancien mémorial du général Leclerc et de la Libération, entre parenthèses scandaleusement transplanté dans le 14e, pour un coût quand même de près de 30 millions d?euros, je le rappelle.

A partir du moment où la Ville décidait à tort du transfert de ce musée créé par Jacques Chirac, les Compagnons de la Libération, les anciens de la deuxième DB libératrice de Paris, car situé à l'emplacement même de la signature par le général von Choltitz lui-même des actes de reddition des différents postes de combat de la garnison allemande de Paris, la logique était d'en faire autre chose, mais pas ce qui est prévu aujourd'hui par la Ville.

Nous souhaitions en faire un incubateur de "start-up" ou d'espaces de "coworking", car idéalement situé, reconnaissez-le, au-dessus de la gare de Montparnasse, sur un site parfaitement inhabitable.

Même si avec Claire de CLERMONT-TONNERRE notamment nous avons pu faire évoluer le projet d'une auberge de jeunesse en auberge familiale, appuyé par les riverains tous très hostiles, regroupés notamment dans l'association "Montparnasse Atlantique" qu'évoquera dans un instant ma collègue Marie-Caroline DOUCERÉ, la surélévation des deux étages se fera au détriment des immeubles voisins, là encore, par une densification dans un quartier qui l'est déjà trop.

Rajouter des étages et des habitants supplémentaires rendra ce quartier plus difficile à vivre, avec une augmentation des nuisances de jour comme de nuit. C'est ce que sont venus exprimer très fortement sur place les riverains.

Même la Commission du Vieux Paris s'en est émue, s'en est saisie d'ailleurs, s'inquiétant de la disparition de la façade, c'est un autre sujet aussi important, de la façade de plaques de pierres agrafée au prix d'une façade entièrement lisse à cause de la pose d'un isolant, du bardage de bois pour la surélévation de deux niveaux que rien ne justifie, de la perte de cohérence de l'?uvre de Jean Villerval, de la disparition de la présence mémorielle des musées Jean Moulin et Leclerc, de l'insertion du projet dans un site contraint, notamment en termes de circulation.

La Commission du Vieux Paris souhaite en débattre avec la SEMPariSeine. Nous n'avons toujours pas de réponse de la part de celle-ci.

Il y aura ainsi des flux de piétons dans un site qui n'est pas fait, je le répète, pour que l'on y habite.

Nous sommes aussi inquiets des travaux que suscitera ce projet, car ceux-ci auront lieu dans les mois prochains, alors que d'autres gigantesques travaux sont en cours ou à venir, je le rappelle, ce n'est pas rien : la déconstruction-reconstruction totale de la tour Montparnasse, de la tour du CIT, sans compter la forêt urbaine place de Catalogne, qui fera que tout l'arrière de la gare sera complètement inaccessible et sur laquelle, bien que frontaliers, nous ne disposons d'aucune information.

A côté de cela, il y a environ sept nouveaux chantiers de petite taille ou moyenne, boulevard Vaugirard, boulevard Pasteur et dans toute cette zone. Si l'on veut rendre cette zone totalement inaccessible, on est sur la bonne voie !

L'autre point qui nous préoccupe, c'est le jardin Atlantique, et que nulle part dans ce projet Oasis, il ne soit indiqué quelles seront ses conditions d'usage et son utilisation. Sera-t-il ouvert le jour, la nuit, à quelle heure, comment sera-t-il sécurisé ? Nous n'avons pas envie que ce jardin de belle facture, qui mérite aussi une plus belle végétalisation, se transforme en espace de non-droit comme il y en a tellement dans Paris, ouvert à tous vents, où les accès ne seront pas contrôlés.

Nous sommes évidemment opposés à toute circulation de véhicules sur ce site, ce qui ne manquera pas de poser des problèmes aux usagers du projet Oasis. Sur ce point, encore une fois, nous n'avons aucune précision.

Nous sommes donc totalement défavorables à ce projet, tant sur la méthode que sur les propositions. Et seul le groupe Paris en commun, je le rappelle, l'a voté en Conseil d'arrondissement. Les "Verts" ne l'ont pas voté.

Ce projet ne nous convient pas tel qu'il nous a été proposé. J'espère qu'avec les "Verts" de cet hémicycle, nous pourrons faire repousser ce projet.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci.

La parole est à Marie-Caroline DOUCERÉ.

Mme Marie-Caroline DOUCERÉ. - Mes chers collègues, ce projet Oasis, le mal nommé, est un projet qui cumule les reproches : absence d'écoute des riverains, multiplication des nuisances, densification, irrespect des réalités architecturales et historiques de ce site.

Tout d'abord, la dynamique participative, sans cesse vantée par la Mairie de Paris, est en l'espèce un concept sans réalité objective.

Nous pouvons vivement regretter une concertation de façade. Les demandes des riverains, notamment de l'importante association "Montparnasse Atlantique", n'ont pas du tout été prises en compte.

Le projet Oasis a évolué sans réelle écoute des habitants et des commerçants, malgré la tenue de plusieurs réunions dites de concertation, point maintes fois souligné par notre collègue adjoint au maire chargé de ce quartier, Jean-Philippe PIERRE.

Voici également ce qu'en disent les représentants de l'association "Maine Montparnasse", je les cite : "Les dispositions essentielles plaisamment nommées invariants ont toujours été brutalement assénées aux riverains, sans que ceux-ci n'aient jamais pu faire entendre leurs suggestions en retour. Tout juste les responsables ont-ils accepté un dialogue sur des sujets tout à fait mineurs, tels que certains aménagements intérieurs, ou le mobilier à prévoir dans ce centre". De fait, la Ville et les promoteurs ont totalement ignoré les demandes des riverains, qui visaient à limiter les nuisances du projet et à préserver les qualités environnementales du site. De même, la coordination de tous les travaux engagés dans ce secteur ne semble pas du tout anticipée. Comme vient de l'indiquer le maire du 15e, Philippe GOUJON, nous sommes inquiets, car les travaux interviendront alors que nous assistons à une démultiplication de projets gigantesques, dont la mise en chantier de la place de Catalogne, pour y implanter l'inénarrable forêt urbaine. Tout ceci est à l'image de ce que nous pouvons vivre au niveau de la voirie parisienne. Nous subissons un sérieux problème de méthode, qui conduit à une tension généralisée dans l'espace public. Ce projet n'est pas non plus en cohérence avec votre communication de la ville du quart d'heure, qui finalement se limite à de la rhétorique et à de belles images de synthèse plus qu'à une réelle dynamique de proximité. Le projet n'a pas été pensé avec les habitants, n'est pas équilibré, et n'a pas été conçu en lien avec le territoire. Nous aurions pu souhaiter une nouvelle dynamique, écologique, culturelle et économique. Un lieu d'activité pour les entreprises, par exemple, comme cela vient d'être indiqué, des projets d'utilisation du site conformes à l'esprit des lieux. Mais non, vous continuez la politique de densification des quartiers parisiens, déjà denses, au détriment de la nature, de la culture, et de la singularité de ce lieu. Ce projet Oasis n'est pas approprié sur ce site enclavé, ce qui amplifiera l'effet caisse de résonance. Comme le disait avec justesse notre collègue Claire de CLERMONT-TONNERRE, les habitants ne peuvent pas supporter des nuisances supplémentaires. Il faut ?uvrer pour plus de tranquillité, plus de qualité de vie. Finalement, ce site où nous aurions pu sanctuariser et développer la part d'espaces verts autour du jardin Atlantique, va devenir un espace d'accueil pour touristes et visiteurs, avec la création d'un hôtel-restaurant qui accueillera des événements festifs nocturnes. Même vos alliés écologistes n'ont pas approuvé ce projet en Conseil d'arrondissement. Vous l'aurez bien compris, le groupe Changer Paris ne pourra pas accepter ce projet de délibération. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Marie-Caroline DOUCERÉ.

La parole est à Aminata NIAKATÉ, en Webex.

Mme Aminata NIAKATÉ. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, est-ce que vous m'entendez ?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Parfaitement.

Mme Aminata NIAKATÉ. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, décidément, encore un projet de densification "réinventons Paris". Ce projet de délibération s'inscrit dans le cadre du plus vaste projet de réaménagement du quartier Montparnasse, que nous évoquons de manière morcelée depuis le début de cette mandature, ce que nous déplorons, car cela ne favorise pas une vision globale "écolo" et solidaire de l'aménagement de ce quartier.

Pour mémoire, le projet de la nouvelle gare Montparnasse a notamment permis l'implantation de près de 130 commerces, restaurants et services sur une superficie de 19.000 mètres carrés, contre 6.000 mètres carrés auparavant, sans parler de l'augmentation des surfaces commerciales prévue pour la tour Montparnasse et le centre commercial Gaîté, qui pénalise le commerce de proximité.

Le projet de construction visé par ce projet de délibération va dans cette même veine permettre l'installation d'un bâtiment surélevé de deux niveaux, dont près de 4.000 mètres carrés seront dédiés à l'hébergement hôtelier, pour seulement 188 mètres carrés de surface de plancher créée à destination d'habitation pour des publics en difficulté.

Je rappelle que le site accueille actuellement et temporairement jusqu'au début des travaux, un centre d'hébergement d'urgence pouvant accueillir 92 personnes, une ressourcerie gérée par l'Armée du Salut, ainsi qu?un "FabLab" géré par "Paris Anim'".

Délibération après délibération, nous assistons à une orientation tournée vers le quasi-tout commerce, à une surdensification du site, à une surreprésentation de bureaux, loin des besoins des habitants et des voyageurs, qui n'aspirent pas à trouver en gare de Montparnasse un hypercentre commercial, mais plutôt un lieu d'apaisement.

Certes, il est question plus précisément dans ce projet de délibération d'une convention de projet urbain partenarial pour une participation au financement des équipements publics rendus nécessaires par ce projet, à hauteur de 250.000 euros, soit 50 %. C'est dans l'absolu en soi plutôt une bonne chose de faire participer un opérateur privé à l'installation de ces équipements publics, recette dont nous ne souhaitons pas priver la Ville. Raison pour laquelle nous nous contenterons de nous abstenir sur ce projet de délibération.

Nous tenons toutefois à rappeler que nous ne soutenons absolument pas ce projet, et la décision sous-jacente de la Ville.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Aminata NIAKATÉ. Je donne la parole au premier adjoint, cher Emmanuel GRÉGOIRE.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire. C'est un projet dont nous avons déjà eu l'occasion de parler, notamment à l'occasion de v?ux, depuis décembre 2018 où il a été lancé.

Je rappelle, pour ceux qui ne le connaissent pas, que c'est au bout du jardin de l'Atlantique, un jardin en dalle au-dessus de la gare Montparnasse. En fait, c'est le toit de la gare Montparnasse. Ce n'est pas anodin dans le projet, c'est vrai, bordé d'immeubles qui sont importants, y compris sur le plan patrimonial, qui créent un effet de résonance sur lequel nous avons, je vais l'expliquer dans quelques instants, beaucoup travaillé.

Madame DOUCERÉ, je voudrais revenir sur quelques éléments que je ne comprends pas très bien de votre intervention.

D'abord, vous dites, "densification au détriment de la nature". Nullement, nullement, c'est une surélévation. Ce n'est pas au détriment de la nature, une surélévation sur un bâtiment qui existe déjà. On ne construit pas à côté, pardon d'être précis. Ce n'est pas au détriment de la nature. C'est une surélévation.

Deuxième élément, je ne comprends pas très bien votre vote négatif, et c'est également au maire du 15e que je m'adresse, puisque ce projet de délibération n'est pas le projet de délibération sur le projet, et donc en votant contre, vous ne faites nullement obstacle au projet. C'est un projet de délibération sur le P.U.P., qui est précisément la mobilisation des porteurs du projet pour améliorer qualitativement la proximité.

Si vous trouvez le projet pas bon, en ne votant pas ce projet de délibération, vous rajoutez une punition à la punition, Monsieur le Maire. C'est le projet de délibération de P.U.P. qui vise à aménager les abords.

Dernier point, là aussi Madame DOUCERÉ, peut-être n'avez-vous pas été informée des dernières évolutions, mais ce n'est pas un projet d'hôtel-restaurant, puisque précisément, grâce à l'action de la maire du 14e arrondissement, Carine PETIT, le projet a évolué pour tenir compte notamment d'une inquiétude que je considère légitime des riverains, qui était qu'un lieu qui vivra mieux ne soit pas un lieu qui soit moins bien en termes de nuisances pour eux.

On n'est donc plus du tout dans un projet d'hôtel-restaurant. On est dans un projet, je le rappelle, coporté par une S.E.M. de la Ville, la SEMPariSeine et REI Habitat, d'une offre d'hébergement mixte et solidaire dans laquelle il y a une auberge familiale, une résidence pour des occupations longues, et des logements passerelles partie prenante du projet de réinsertion dont les riverains - Monsieur le Maire, vous étiez à mes côtés lorsque nous sommes allés sur place -, nous ont dit qu'ils étaient aussi attachés à cette dimension, et que cela ne les dérangeait pas de la prolonger.

Si inquiétude il y avait sur les nuisances d'un hôtel-restaurant, et pardon de rappeler qu'ils sont utiles et qu'ils nous arrivent aussi de les défendre, y compris pour accueillir les touristes, ce n'est plus cela, précisément pour tenir compte des observations formulées par les riverains.

Ensuite, sur le plan écologique, c'est une étape indispensable le projet que peut-être certains d'entre vous ont découvert, puisqu'il accueillait avant le musée Jean Moulin - histoire de la Libération de Paris, qui a été implanté place Denfert-Rochereau, dans les anciens pavillons Ledoux. Je crois que c'est au grand bénéfice de notre collection muséographique et pour le bénéfice de l'histoire, extrêmement importante que ces lieux entendent et honorer, et prolonger.

Nous devons rénover ce bâtiment dans un très mauvais état, faire de la rénovation thermique, et les extensions seront en bois.

C'est un projet qui a trouvé son équilibre, qui, je le crois, sera bénéfique pour le quartier, parce que nous avons veillé à ce qu'il n'y ait pas de nuisances. Précisément, ce projet de délibération vise à mettre en ?uvre un P.U.P. qui permettra d'y travailler. Il y aura d'ailleurs des réunions pilotées par la mairie du 14e arrondissement, en février, avec les porteurs de projet, pour faire une charte de bon voisinage. Forts de toutes ces garanties, j'espère que vous apporterez un soutien unanime à ce projet de délibération.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Monsieur le premier adjoint, cher Emmanuel GRÉGOIRE.

Sincèrement, là où je suis, les élus du 15e arrondissement ont pu dire tout ce qu'ils voulaient dire, dans le silence le plus complet de ce côté de l'hémicycle. Je remarque, je fais une remarque? Le premier adjoint a répondu dans un brouhaha venant de cette autre partie de l'hémicycle.

Bref, sachez vous écouter. Le débat... C'est l'heure de l'"apéro", effectivement. Je comprends qu'il peut y avoir des préoccupations divergentes.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DU 165.

Qui est pour ?

Contre ? Abstentions ? Le projet de délibération est adopté. (2021, DU 165).

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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