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2021 DASCO 114 - Rapport sur la restauration scolaire pour l’année 2020. Vœu déposé par le groupe Ecologiste de Paris relatif à la fixation généralisée d’objectifs précis et chiffrés pour tous les Comités de caisses des écoles.


 

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASCO 114 et le v?u référencé n° 51 qui s'y rattache. Il s'agit du rapport sur la restauration scolaire pour l'année 2020. Pour commencer, la parole est à Alice TIMSIT.

Mme Alice TIMSIT. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, cet hémicycle va s'apprêter à voter pas moins de 17 projets de délibération, 17 projets de délibération dont l'objet est l'octroi de subventions et également la signature d'un avenant à la convention d'objectifs qui lie la Ville de Paris à chaque caisse des écoles. Nous avons déposé un v?u, le groupe Ecologiste de Paris, dont l'objectif est que tous les comités de gestion des caisses des écoles puissent fixer des objectifs précis et chiffrés pour l'année 2022. Pourquoi nous avons déposé un tel v?u ? Car nous nous sommes aperçus, en fait, à la lecture des différents avenants des 17 caisses des écoles, que certaines caisses des écoles n'avaient pu fixer des objectifs précis pour l'année à venir et que la définition des cibles à atteindre pour l'année 2022 demeurait encore beaucoup trop imprécise.

Je vais vous donner un exemple très concret. En ce qui concerne, par exemple, l'augmentation de la part d'alimentation durable au sein de ces caisses des écoles, plusieurs avenants se fixent pour objectif, pour l'année 2022, que la part soit supérieure à l'année N-1. Très simplement, l'objectif, c'est : faire mieux que l'année passée. Vous comprendrez aisément qu'il est possible de faire mieux en termes de méthodologie pour atteindre nos objectifs, tels que le 100 % d'alimentation durable en 2026. Autre exemple, il y a un avenant de l'une des caisses des écoles qui consacre comme objectif le déploiement des tables de tri pour poursuivre la réduction et la valorisation des déchets. Mais là encore, la feuille de route demeure encore trop imprécise. C?est-à-dire que nous aimerions que les objectifs soient chiffrés, soient davantage précis pour que l'on puisse mesurer l'évolution des objectifs à atteindre.

J'aimerais néanmoins préciser une chose pour être bien claire : notre volonté n'est absolument pas que cet hémicycle se substitue aux comités de gestion, en déterminant pour chaque caisse des écoles un chiffrage précis et des objectifs annuels. Ce n'est pas notre rôle et, d'ailleurs, je pense que nous en serions bien incapables. D'ailleurs, cela heurterait l'autonomie administrative et financière de ces établissements publics, qui poursuivent une mission d'intérêt général, celle de la restauration collective.

En revanche, ce que nous souhaitons à travers ce v?u, c'est que chaque caisse des écoles fixe par elle-même, au sein du comité de gestion, des objectifs les plus précis possible et chiffrés, lorsque cela est possible, pour l'année 2022, afin de pouvoir mesurer l'évolution, l'évolution de leur progrès également et tendre vers le 100 % d'alimentation durable, tendre vers également la réduction et la lutte contre le gaspillage alimentaire, etc.

Cette demande est, je pense, tout à fait légitime de la part de la Ville de Paris et ne contrevient pas juridiquement à l'autonomie de ces établissements publics. Surtout, c'est tout l'intérêt de notre v?u, je l'ai dit, ce souhait, notre souhait, c'est vraiment de permettre d'affiner leur feuille de route et les étapes nécessaires à la satisfaction de tous les objectifs que cette Majorité s'est fixés : le 100 % d'alimentation durable, la réduction de 50 % de la part carnée des repas d'ici 2030, la lutte contre le gaspillage alimentaire. Je ne m'étendrai pas à ce sujet. Vous connaissez tout aussi bien que moi les objectifs que nous nous fixons en matière de restauration collective.

J'aimerais juste dire une chose, c'est que ce v?u a véritablement pour objectif d'inciter ces comités de gestion à faire un travail quant à la définition de leurs objectifs. D'ailleurs, ils peuvent être accompagnés. Il y a des associations dont c'est l'objet, dont c'est le but, d'accompagner sur la durée les comités de gestion, en tout cas les caisses des écoles pour changer de modèle, tout simplement. C'est avant tout, et je conclurai sur ce point, c'est avant tout des enjeux majeurs en termes de santé publique, de justice sociale et, bien sûr, de protection de l'environnement. Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup. Et je vous souhaite une bonne fête, Alice. Jean-Noël AQUA, à vous.

M. Jean-Noël AQUA. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, sanitaire, écologie et social forment un tout indissociable. La restauration scolaire en est un exemple. L'Ecole républicaine, le service public de l'éducation, c'est l'accès de toutes et tous aux mêmes garanties, aux mêmes protections, indépendamment des situations individuelles, des classes sociales, si vous me permettez le jeu de mots, et le temps du midi en fait partie. Pour beaucoup trop d'enfants, la cantine est le seul moyen d'avoir accès à une alimentation de qualité. C'est là où le rôle de la puissance publique prend tout son sens, celui de garantir à chaque enfant, quelque part, on va dire, une bulle d'émancipation du temps scolaire, y compris, donc, en matière d'alimentation.

Des pays comme la Suède ont bien compris, d'ailleurs, l'importance de ce temps scolaire, en rendant gratuites les cantines, ce qui a rendu possible l'augmentation de la fréquentation des cantines, mais aussi le fait que les enfants prennent des habitudes en matière de qualité de l'alimentation. On voit qu'il peut y avoir comme cela un vrai couplage entre le social, les intérêts sociaux et les intérêts alimentaires, avec tous les aspects sanitaires qu'il peut y avoir.

Bref, l'assiette de nos enfants est hautement politique et révèle nos choix sociaux. Vous savez d'ailleurs que nous sommes sensibles sur le sujet. Je le rappelle, les communistes du 13e avaient mis en place les goûters gratuits, avec une réelle dimension sociale, sanitaire et écologique, avec le succès que l'on connaît et qui a diffusé sur le reste de la Ville. Nous apprécions aussi que notre Ville s'engage fortement pour atteindre 100 % de "bio" dans les assiettes d'ici 2026 et nous apprécions aussi quand nous favorisons la cuisine sur place. Bien sûr, sur ce sujet comme sur bien d'autres, nous militons pour le service public et la maîtrise publique qui en découle.

Je veux à ce titre évidemment parler de la caisse des écoles du 18e arrondissement, que notre Ville s'engage à reprendre en régie. Nous savons d'expérience que le fonctionnement avec un prestataire privé ne permet pas de répondre aux enjeux d'une alimentation de qualité, d'une réduction des usages du plastique et de la cellulose et, au final, c'est le service aux enfants qui n'était pas à la hauteur. C'est pourquoi nous tenons à nous féliciter de cette évolution. Dans le 18e, nous passerons donc d'une cuisine centrale, qui faisait 14.000 repas par jour, par la suite transportés, à 14 cuisines autonomes d'ici la fin de la mandature. Dès l'année prochaine, un travail sera engagé sur des livraisons de proximité et l'utilisation, d'ailleurs, des mobilités douces. Nous savons aussi que les conditions de travail dans les cantines sont, bien sûr, fonction du modèle économique. Là encore, le service public est éminemment plus vertueux. La réforme permettra à la Ville de reprendre plus de 300 employés à la Sogeres et nous savons que la restauration collective est une filière dans laquelle les temps partiels subis sont légion, où le travail est pénible et où la précarité est grande. Les conditions sociales sont notoirement dures, alors même que la responsabilité est immense : fournir à nos enfants des repas de qualité.

C'est pourquoi nous resterons attentifs à la conduite d'un travail de "déprécarisation" de ces personnels, qui constitue un véritable chantier qui est encore devant nous. Nous savons qu'il est déjà bien engagé et espérons qu'il portera l'ambition aussi loin que possible. Nous y veillerons. Avec des conditions plus favorables pour les travailleurs, avec un meilleur contrôle de la qualité, avec de meilleurs repas, la régie publique démontrera, si vous me permettez encore une fois, tout l'intérêt d'une gestion publique. Au final, tout le monde y gagne, les travailleurs comme les enfants. La recette d'une politique de gauche de l'alimentation.

Laissez-moi conclure par un petit aparté. Nous entendons certains dans la classe politique aujourd'hui, comme il y a plus de 40 ans, vilipender la gestion publique. "L'Etat n'était pas la solution", disait Reagan. Mme Thatcher s'est elle aussi employée à détruire systématiquement les services publics, pour le plus grand malheur des habitants qui galèrent dans les transports en commun ou avec leur système de santé. L'heure serait donc, et nous l'avons entendu la semaine dernière, pour les "Thatcher versaillaises", de faire des "comités de la hache" pour supprimer les services publics. Aux "comités de la hache", nous répondons par le programme du Conseil national de la Résistance et par la création de nouveaux services publics, de nouvelles gestions publiques sur Paris. Sur Paris et ailleurs, ils font la démonstration de leur utilité pour les usagers, de leurs garanties pour les travailleurs, comme je le disais, et de leur intérêt pour la décision démocratique. La maxime de Jean Jaurès "Le service public est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas" est définitivement toujours d'actualité. Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est à Douchka MARKOVIC, qui doit être en ligne avec nous. Vous nous entendez ? Allez-y.

Mme Douchka MARKOVIC. - Merci, Monsieur le Maire.

Mon intervention concerne le rapport annuel de la restauration scolaire.

Rappelons que ce rapport fournit une vue d'ensemble à la fois qualitative et quantitative des aspects financiers, techniques, qualité, ainsi que les ressources humaines et le parcours des usagers. Nous pouvons y lire : "Dès novembre 2020, les caisses des écoles ont participé à des groupes de travail et de concertation pour préparer le contenu des futurs plans Alimentation durable 2021-2026, dont les axes sont les suivants". Effectivement, la caisse des écoles est intimement liée avec le Plan Alimentation durable de la Ville de Paris. Pour 2021, voici les ambitions : favoriser l'alternative végétarienne quotidienne et les menus bas-carbone, intégrer le bien-être animal et limiter les substances controversées via les marchés publics alimentaires, comment mutualiser les achats pour garantir un approvisionnement en produits de qualité issus des circuits courts ou de proximité, lutter contre le gaspillage alimentaire et valoriser les biodéchets, alimentation 100 % durable, dont 50 % locale, alternative végétarienne quotidienne de qualité, respect du bien-être animal, privilégier le "fait maison", réduire la part des aliments ultra-transformés. Voilà pour le Plan Alimentation durable 2021-2026.

Donc, je me suis dit : avec ce rapport 2020, je vais faire un état des lieux des repas éthiques et bas-carbone que sont les repas végétariens. En effet, d'après notamment les études de l'organisation internationale "Foodwatch" et de l'Institut de recherche environnementale de Suède, si l'on favorise la consommation de produits locaux, on peut réduire nos émissions de gaz à effet de serre dues à l'alimentation d'au moins 9 %. Si l'on consomme exclusivement des produits de saison, on réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 16 %. En revanche, si l'on passe à un modèle alimentaire végétarien, on réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 46 %, d'où l'importance des repas végétariens dans les cantines scolaires végétariennes.

Qu'en est-il des repas végétariens dans les écoles parisiennes en 2020 ? Je le rappelle. J'ai décidé de décerner des palmes, les palmes des repas éthiques et bas-carbone. Alors, je vais décerner les palmes de bronze au 1er arrondissement, aux 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 12e, 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 20e. Pourquoi ? Parce qu?ils ont mis un repas végétarien au menu par semaine. Donc, félicitations ! Palmes d'argent aux 2e, 9e, 10e, 11e et 19e, parce qu?ils ont mis deux repas végétariens par semaine. Bravo à ces arrondissements-là ! Et aussi, pareil, palmes d'argent pour l'alternative végétarienne qui a été mise en place dans le 2e arrondissement et le 18e arrondissement. Donc, bravo à tous ces arrondissements ! Tout le monde a fait des efforts, plus ou moins. Par contre, vous pouvez constater qu'il n'y a pas de palme d'or. Pourquoi ? Parce que la palme d'or, ce serait d'arriver à avoir deux repas végétariens plus l'alternative végétarienne. Personne ne l'a fait encore pour l'instant. Je vais aussi décerner la palme des curiosités au 8e arrondissement, au 13e arrondissement et au 15e arrondissement. Effectivement, visiblement, dans ces arrondissements-là, on préfère manger des ?ufs élevés de poules en cage, donc une curiosité, plutôt que d'avoir les fameux ?ufs de poules élevées 100 % plein-air. Donc, une curiosité. J'espère qu'elle va disparaître. Alors, je vous donne rendez-vous pour le rapport 2021. J'espère que je vais décerner cette fois-ci plus de palmes d'or et que l'on pourra cette fois-ci être heureux d'avoir des repas éthiques et bas-carbone dans l'intégralité des arrondissements de Paris. Merci à vous.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup. L'intervenante suivante étant absente, nous allons passer à la réponse de l'Exécutif. C'est Patrick BLOCHE qui vous répond.

M. Patrick BLOCHE, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire, de me donner la parole.

Merci, chers collègues, pour vos interventions. C'est la période de l'année qui le veut, puisque chaque année nous avons un débat sur la restauration scolaire. Je vous remercie d'avoir pris le temps de plonger dans ce quatrième rapport sur la restauration scolaire à Paris pour l'année 2020. C'est un document récent, mais un document de référence, qui a été élaboré par le Service de la Restauration Scolaire de la DASCO, que je salue chaleureusement, et bien sûr les caisses des écoles. Cela permet d'avoir une visibilité globale sur la restauration scolaire à Paris.

Je ne vais pas vous répondre individuellement. Vous avez dit des choses dans lesquelles je me retrouve spontanément. Inutile de dire que, pour beaucoup d'enfants encore à Paris, le repas de midi pris à la cantine est le seul repas équilibré dans la journée, avec un effort dans le domaine du végétarien qui vient d'être très justement rappelé. Je pense que l'on a tous conscience que nous sommes aujourd'hui à 53 % d'alimentation durable, avec un objectif, vous le savez, de 100 % en 2026. Donc, prendre en compte le fait que, en seulement 5 ans, cette part d'alimentation durable a augmenté de 20 %. Donc, incontestablement, dans les 17 caisses des écoles, le mouvement est là, des efforts sont faits. Chacun ne partait pas forcément au même niveau, mais je ne trouve évidemment aucune caisse des écoles qui refuserait de s'inscrire dans la transition écologique. C'est d'autant plus important que, vous savez, en primaire, 87 % des enfants déjeunent à la cantine. Il y a une dimension très sociale, puisque la Maire de Paris, Anne HIDALGO, a souhaité que l'on maintienne la tarification des repas, 10 tarifs, dont le premier est à 13 centimes d'euro. Aucune augmentation depuis plusieurs années.

De fait, je souhaiterais également rendre hommage aux femmes et aux hommes, surtout des femmes, d'ailleurs, qui travaillent dans les caisses des écoles, qui préparent les repas, qui les servent aux élèves à l'heure du déjeuner, car la crise sanitaire, depuis plus d'un an et demi, a rendu leur tâche d'autant plus difficile et rude. Ce sont plus de 3.000 agents qui sont employés par les caisses des écoles. Je voudrais qu'on les salue, parce que s'il n'y avait pas eu le maintien de la restauration scolaire durant cette année et demie, il aurait été très difficile de maintenir les écoles ouvertes. J'aimerais parfois que le Ministre de l'Education nationale s'en souvienne et ne ramène pas tout à lui. De fait, je souhaiterais également rappeler, mais Jean-Noël AQUA l'a fait, que la remunicipalisation de la caisse des écoles dans le 18e arrondissement est en bon chemin.

Pour rester dans un esprit de transition écologique, avec Colombe BROSSEL, nous avons écrit à tous les maires d'arrondissement, à toutes les présidentes et présidents des caisses des écoles pour leur demander de rejoindre le marché de la Ville sur la récupération et la valorisation des déchets. Je vous le dis, à l'heure d'aujourd'hui, je n'ai pas comptabilisé, mais je suis quasiment sûr que la quasi-totalité des caisses des écoles a fait le choix de rentrer dans le marché de la Ville. Reste que tout cela se fait dans le cadre d'un principe dont je me veux vigilant, c?est-à-dire le maintien de l'autonomie des caisses des écoles. Cette autonomie est relative à partir du moment où les élus ne sont pas exclus de la gestion des caisses des écoles, puisque les maires d'arrondissement les président et que, dans le comité de gestion, on retrouve justement des élus. Je dis tout cela, parce que je ne pourrais pas donner un avis favorable au v?u du groupe Ecologiste de Paris, parce qu'on remettrait en cause ce principe. Il serait paradoxal de donner une injonction à des élus à travers un vote émis par ces mêmes élus. C'est la raison pour laquelle je vous demanderai de retirer ce v?u, sinon j'émettrai un avis défavorable. Pour finir, un peu d'histoire, rappelons que c'est en décembre 1961, il y a juste 60 ans, que la Ville de Paris délégua la responsabilité de la restauration scolaire aux caisses des écoles. Et petit clin d'?il à Jean-Noël AQUA, c'est le Front Populaire en 1936 qui décida de créer et d'aménager des réfectoires dans les écoles.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup.

Je vais d'abord demander au groupe Ecologiste de Paris si le v?u n° 51 est maintenu ? Il l'est. Très bien.

Je mets donc aux voix, à main levée, cette proposition de v?u déposée par le groupe Ecologiste de Paris, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ? Contre ? Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASCO 114.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DASCO 114).

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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