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2021 DASES 191 - Subvention (235.000 euros) et avenant à la convention avec l’association "Aides" (93).


 

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASES 191 : subvention de 235.000 euros et avenant à la convention avec l?association "Aides".

La parole est à Mme GARRIGOS.

Mme Geneviève GARRIGOS. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, le V.I.H. n?empêche pas de vivre. Les préjugés, oui. C?est avec ce rappel qu?à l?occasion du 1er décembre, l?association "Aides", plus importante association de lutte contre le sida en France, créée en 1984, a souhaité mesurer l?ampleur des méconnaissances et préjugés de la société française vis-à-vis du sida et des personnes vivants avec le V.I.H. Et les résultats ont de quoi nous alarmer. 84 % des Françaises et des Français pensent pouvoir contracter le V.I.H. en ayant une relation sexuelle non protégée avec une personne porteuse du V.I.H. sous traitement. Un quart d?entre eux seraient gênés à l?idée de travailler avec une personne qui vit avec le V.I.H. et 81 % pensent qu?une personne enceinte vivant avec le V.I.H. risque de le transmettre à son futur enfant.

Cette méconnaissance des progrès de la science, cette indifférence à la vie des personnes vivant avec le V.I.H. a des conséquences réelles, même au niveau des professionnels de la santé, puisque 33,6 % des dentistes et 6 % des gynécologues refusent des soins aux personnes séropositives au V.I.H. Le cumul de l?exclusion et de la peur pèse lourdement sur la vie et les perspectives des personnes vivant avec le V.I.H., qui sont 79 %, passé l?âge de 50 ans, à connaître des problèmes financiers.

En 2021, la pandémie de Covid-19 ne doit pas nous faire oublier que celle du sida est elle aussi toujours là et qu?elle peut reprendre si nous baissons la garde. Elle reste une réalité préoccupante, notamment parmi les publics H.S.H., les populations afro-caribéennes, les consommateurs de drogue, les personnes détenues, qui sont les publics auprès desquels "Aides" a développé le plus d?actions, ainsi que chez les travailleurs et travailleuses du sexe, public prioritaire que l?association souhaite toucher davantage.

En plus de faire perdre de vue le V.I.H./sida et les hépatites, la crise sanitaire a également apporté son lot de difficultés concrètes pour les actions de prévention. Comment faire de l?"aller vers" quand les lieux de socialisation sont fermés ? Comment rendre disponibles les outils de dépistage et de prévention sans la possibilité d?aller à la rencontre des gens ? "Aides" a développé, en réponse, l?utilisation des outils 2.0 pour faire connaître tous les outils, du préservatif à la PrEP en passant par le T.H.P, le traitement comme prévention, qui permet d?endiguer la transmission et d?améliorer le quotidien des personnes vivant avec le V.I.H. Et dans l?optique de la sortie de confinement, "Aides" a mis en place, dans le cadre de "Vers Paris sans sida" et avec des médecins spécialisés volontaires, le dispositif "Teste-toi avant le sexe".

L?aide qu?il nous est proposé d?accorder à l?association représente moins du quart de son budget pour les 4 actions à subventionner. Renforcer la construction collective, évaluer et repenser quand c?est nécessaire les modes d?action, proposer des actions de dépistage et une offre de santé sexuelle au plus près des besoins, tout cela correspond au combat crucial que nous devons renforcer dans le but ambitieux de remplir l?objectif fixé par l?ONUSIDA des 3 fois 95 %.

Je vous remercie de voter à l?unanimité, je l?espère, ce projet de délibération.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, président. - Merci.

Je donne la parole à Mme Chloé SAGASPE.

Mme Chloé SAGASPE. - Oui, merci, Monsieur le Maire.

Sans surprise, je vais aller dans le sens des propos de ma collègue Geneviève GARRIGOS, dont je partage pleinement les combats.

En 2020, 6.200 personnes ont découvert leur séropositivité V.I.H. en France. Chaque année, en Ile-de-France, ce sont 2.500 nouvelles découvertes de séropositivité pour le V.I.H. qui sont diagnostiquées, et 24.000 personnes ignorent encore qu?elles sont séropositives, dont plus de 40 % résident en Ile-de-France. Ces chiffres, mes chers collègues, nous rappellent, s?il est utile de le rappeler, l?urgente nécessité à se faire dépister.

Et ce message, nous n?aurons de cesse de le marteler d?année en année. L?année dernière, j?étais justement intervenue dans ce même hémicycle sur l?impact de la pandémie et notamment du confinement sur l?épidémie de V.I.H., car nous avions constaté non seulement une baisse très inquiétante du nombre de tests de dépistage mais aussi un recul de la PrEP. En effet, au moment où nous nous battons contre une pandémie mondiale, nous ne devons pas oublier, mes chers collègues, le combat contre cette autre épidémie qui sévit depuis 40 ans maintenant. Et je salue à cet égard le projet innovant "Teste-toi avant le sexe" qui a été mis en place dès la mi-mai 2020, associant les équipes d?"Aides", de "Vers Paris sans sida" et des médecins spécialisés volontaires, pour favoriser un dépistage massif du V.I.H. et des I.S.T. en sortie de confinement.

Nous saluons donc, bien sûr, l?attribution de cette subvention à "Aides" qui joue, on le sait, un rôle majeur et essentiel dans la lutte contre le V.I.H. à Paris, qui a une implantation partout sur notre territoire, au plus près des populations particulièrement exposées, pour ouvrir la parole autour du V.I.H., de la prévention, de la réduction des risques et du statut sérologique.

Depuis juin 2021, les médecins généralistes sont désormais autorisés à initier la PrEP, mais nous avons un enjeu majeur d?élargissement de l?offre et nous devons continuer nos efforts pour promouvoir et faciliter son accès auprès des publics prioritaires qui sont les plus éloignés de cet outil, en particulier le public migrant. Près du tiers des H.S.H. non séropositifs sont en effet potentiellement éligibles à la PrEP. Or, parmi eux, seul 1 sur 5 utilise actuellement la PrEP et je ne parle même pas des freins d?accès à la population migrante.

Nous le savons, la crise sanitaire n?a fait qu?exacerber et renforcer les inégalités, touchant de plein fouet les populations les plus fragiles et rendant l?accès aux soins encore plus difficile pour les publics précaires, et ce sont les personnes nées à l?étranger, contaminées sur le territoire français, les LGBTQI+, les victimes de la traite, les prostituées, les travailleurs et les travailleuses du sexe et les personnes transgenres qui sont les populations les plus exposées, et particulièrement dans le contexte Covid. Nous devons donc relancer prioritairement l?offre de dépistage et l?offre en santé sexuelle sur les actions hors les murs pour ces publics.

Je salue donc à ce titre les actions de prévention et de soutien menées par "Aides" en partenariat avec notre Ville, notamment auprès des populations migrantes et, comme l?a souligné ma collègue Geneviève GARRIGOS, auprès des populations originaires d?Afrique subsaharienne et des Caraïbes qui font partie, on le sait, des populations les plus touchées.

Alors, mes chers collègues, comment évoquer ce sujet sans vous faire part de ma colère ? Lutter contre le sida, c?est ouvrir les mêmes droits à toutes et tous, et ce, sans discrimination. Paris s?est battue pour que chacune et chacun puisse avoir accès aux tests gratuits, sans rendez-vous, sans ordonnance, dans tous les laboratoires d?analyses médicales de notre ville. Paris a été pionnière et un précurseur en la matière, et je me réjouis d?ailleurs que cette expérimentation locale qui est menée à la fois à Paris et dans les Alpes-Maritimes soit désormais généralisée dans toute la France dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022.

Cette extension, en effet, est une véritable révolution dans le dépistage, qui va nous permettre une meilleure prise en charge, plus rapide des personnes touchées en contribuant notamment à casser la chaîne de transmission du virus. Néanmoins, ce Gouvernement a décidé tout bonnement d?exclure du dispositif les personnes sans couverture sociale. C?est purement et simplement une aberration et une honte ! Alors oui, mes chers collègues, en 2021, la discrimination tue toujours. A Paris, chère Anne SOUYRIS, vous avez tenu à ce que les personnes sans droits aient accès à ce test et je tiens ici à saluer votre ténacité et votre courage.

Nous, écologistes, appelons donc à une généralisation de l?expérimentation V.I.H.-TEST dans tous les laboratoires de la Ville, y compris pour les personnes étrangères. Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, président. - Merci.

Pour répondre aux deux oratrices, Mme Anne SOUYRIS.

Mme Anne SOUYRIS, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Dans le cadre de ce projet de délibération concernant la subvention pour "Aides", je dirai un petit mot sur cette association. D?abord, elle est la première association qui s?est vraiment montée de manière à défendre la santé communautaire, et cette santé communautaire, qui permet encore aujourd?hui de penser qu?on va pouvoir en finir avec cette épidémie de V.I.H., a été essentielle aussi en termes de soutien et de révolution culturelle sur la question de la santé en France, de manière plus universelle, par exemple en permettant à tous de devenir pleinement acteurs du soin.

Je dirai un autre petit mot concernant "Aides". Ce sont eux qui, pour beaucoup, ont travaillé sur la question de la PrEP et de l?accès à la PrEP auprès des publics prioritaires et qui font un travail de fourmi auprès des travailleurs et des travailleuses du sexe pour que ceux-ci ne se retrouvent pas totalement en dehors du soin et, surtout, dans des situations de discrimination parfois mortelles.

Je répondrai à ma collègue Chloé SAGASPE concernant A.L.S.O. C?est vrai que nous avons mis en place à Paris, pour une grande première en France avec Nice, le fait de donner un accès à chaque Parisien et chaque Parisienne aux laboratoires de proximité pour pouvoir faire un test gratuitement, quels que soient son statut et sa couverture sociale. Cela a été un vrai succès, même en période de Covid, ce qui a amené, dans le P.L.F.S.S. qui vient d?être voté, le fait de pérenniser ce dispositif dans la France entière, excepté, comme l?a dit ma collègue très justement, pour les personnes étrangères, avec toute l?aberration à la fois humaine et sanitaire que cela implique, puisqu?on sait qu?une partie d?entre elles sont des personnes issues d?Afrique subsaharienne particulièrement touchées par cette question. C?est effectivement complètement absurde.

A.L.S.O., dans notre expérience parisienne, c?était 6 % des personnes qui étaient sans droits, et ces 6 %, au niveau français, cela veut dire qu?on va les laisser pour compte, les laisser tomber. Ce n?est pas possible. J?ai envoyé une lettre à M. VÉRAN sur ce sujet pour lui demander de revoir cette position, car c?est au niveau du Ministère que la proposition avait été enlevée, que cette correction avait été enlevée. J?espère donc que nous aurons une réponse positive ou, en tout cas, que par nos parlementaires à venir, nous puissions avoir un amendement à cette situation qui est insupportable.

Merci beaucoup, en tout cas, pour vos interventions, et, évidemment, je vous enjoins de voter cette subvention à "Aides".

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, président. - Merci.

Je vais donc mettre aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 191.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DASES 191).

 

Décembre 2021
Débat
Conseil municipal
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