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2021 DEVE 100 - Appel à projets "Paris Sème". - Subventions en investissement aux acteurs économiques parisiens de l’agriculture durable de proximité (suite).


 

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Vous pouvez reprendre la parole, Monsieur le Président du groupe Communiste et Citoyen.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Ce projet de délibération nous renvoie à cette question fondamentale de la relocalisation de la production, des circuits courts et de l'alimentation. Nous sommes confrontés à un réel danger d'avenir, qui est la souveraineté alimentaire, et qui est également lié aux questions de pollution et des matières premières, mais aussi de l'alimentation qui voyage, circule dans le monde entier et génère énormément de pollution.

La conception que le groupe Communiste a et qui renvoie à ce projet de délibération, c'est évidemment de renforcer les circuits courts, mais ce n'est pas simplement du producteur au consommateur, c'est aussi dans la proximité. C'est la nécessité de relocaliser. Nous avons, la semaine dernière, avec Olivia POLSKI, présidé le jury des labels "Fabriqué à Paris", et lundi prochain nous remettrons, une nouvelle fois, quatre ans après cette initiative, le label "Fabriqué à Paris".

Ce qui émerge énormément dans ces labels "Fabriqué à Paris", ce sont les produits alimentaires qui sont liés à l'agriculture urbaine. Cela peut être du miel, des fruits et des légumes. Ce projet de délibération en est l'exemple parfait.

Le deuxième aspect, au-delà de la relocalisation, c'est la capacité pour les Parisiens d'acheter ces fruits et légumes. Pour cela, le groupe Communiste avait proposé une délibération, qui était une délibération sur la création des halles alimentaires. C'est l'idée aussi que nous puissions vendre à des tarifs abordables l'ensemble de ces fruits et légumes. Plus nous relocalisons, moins cela coûtera cher, et plus nous accompagnerons cela, plus nous serons dans un système vertueux.

Troisième pilier de notre vision, qui est complètement lié, c'est le lien avec nos cantines scolaires et la restauration collective. Pour cela, nous avions débattu avec Audrey PULVAR de la possibilité d'accompagner notre restauration collective et de permettre notamment de créer de nouvelles filières. Je pense notamment à la possibilité de traiter ces fruits et légumes, tout ce qui est notamment la conserverie, la transformation alimentaire. Je pense que c'est en cela que nous devons nous engager.

Dans ce projet de délibération, nous pensons qu'il faut combiner l'ensemble de ces outils, c'est-à-dire aider les agriculteurs à se former et à s'installer, retrouver des parcelles dans Paris pour faire l'agriculture urbaine, retrouver du réseau avec les cantines scolaires, et donc d'aller de la fourchette à la fourche et à l'assiette.

C'est toute cette conception que la Ville est en train de mettre en place et prochainement avec "AgriParis", la possibilité de créer une coopérative qui ira plus loin et pourra trouver ce maillage à l'échelle de l'Ile-de-France, voire plus loin en installant les agriculteurs.

Je me félicite de cette avancée qui est récente, puisque tout ce dont on parle, ce sont des choses dont nous avons débattu dans le précédent mandat il y a trois ou quatre ans. Aujourd'hui, nous sommes dans le concret, dans le dur, et cela s'accompagne par ces projets de délibération de subventions en investissement. Bravo ! Nous soutiendrons bien évidemment l'ensemble de ces projets.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Je vous remercie.

Barbara GOMES pour le groupe Communiste et Citoyen?

D'accord, merci.

La parole est à Fatoumata KONÉ, pour le groupe GEP. Merci aux groupes de nous tenir au courant des désinscriptions. Cela nous évitera de perdre un peu de temps. Je donne la parole à Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Sur l'agriculture urbaine, il faut être lucide et ne pas se payer de mots, ne soyons pas naïfs. Même si nous devons redoubler nos efforts, en aucun cas l'agriculture urbaine ne va permettre de nourrir Paris. Promettre cela serait une grave erreur.

L'agriculture urbaine à Paris peut nous permettre de découvrir que l'on peut faire des petits projets agricoles dans la Capitale, que l'on peut se nourrir par nous-mêmes, mais très partiellement. Cela permet surtout d'être un point d'appui, une radicalité concrète à un travail d'éducation populaire, pour modifier les consciences.

C'est un levier d'éducation populaire, à la fois pour permettre de reconnecter les urbains à la terre, en avoir conscience, et pourquoi pas susciter des vocations pour certains qui souhaiteraient faire un retour à la terre.

En tous les cas, pour la grande majorité, leur permettre d'avoir un autre apport à la terre et de la fourche à la fourchette et pas de la fourchette à la fourche, permettre un changement dans le rapport de chacune et chacun à la consommation de ce qu'il mange, qu'il ait conscience que ce qu'il mange, ce qu'il choisit de manger est déterminant pour la préservation de nos terres, de nos écosystèmes, et aussi la préservation ou la construction des emplois de ceux qui y travaillent, qu'ils puissent y travailler aussi en bonne santé.

On est vraiment dans un rapport d'éducation populaire plus que sur un leurre d'une autosuffisance.

En revanche, il y a donc deux leviers de la Ville. Les projets de délibération antérieurs étaient importants. Quand 90 % des terres agricoles Ile-de-France sont réservés à la surexploitation monoculture céréalière, c'est catastrophique. Par ailleurs, que même ces terres céréalières soient menacées par 36.000 projets de bétonisation, c'est catastrophique.

Je rappelle, hélas, que dans cette Assemblée, nous n'étions pas majoritaires pour dénoncer "Europacity". Pendant longtemps, on a été bien seul pour préserver les terres agricoles franciliennes contre ce projet aberrant de centre commercial. Ce n'est qu'une fois que le mouvement associatif avec des élus politiques qui le soutenaient par ailleurs, que ce soit la France insoumise, Europe Ecologie les Verts et je ne sais plus où vous en étiez sur le sujet, excusez-moi, ce n'est qu'après que la bataille a partiellement été gagnée que le reste de l'Exécutif parisien s'est préoccupé du sujet.

Le plus gros de la bataille, c'est de voir comment Paris peut aider à la préservation des terres agricoles sur la Région Ile-de-France et aider à des retours à la terre.

C'est pourquoi j'encourage vraiment tout ce qui est la coopérative agricole, qui est essentielle, que l'on puisse vraiment aider à l'installation par la coopérative agricole. Maintenant, on peut donc défendre des projets dans la ville qui permettent de faire ce travail d'éducation populaire, mais en préservant les enjeux de biodiversité, en préservant également les enjeux de lutte contre les îlots de chaleur. Non, tout projet d'agriculture urbaine n'apporte pas toujours un plus écologique, un plus environnemental. Non. Je vais vous donner deux exemples. D'autres sont intervenus sur la question des réservoirs de Grenelle et je les soutiens amplement. Je me suis toujours prononcée contre les réservoirs de Grenelle, car concernant le projet d'aquaculture dessus, la problématique, c'est que vous mettez par ailleurs des serres, des bâches, donc tout le bienfait des réservoirs de Grenelle est totalement annulé par le projet d'agriculture. Par exemple, dans le 20e, rue Stendhal, il y a un problème équivalent. Vous aviez une grande pelouse au-dessus des réservoirs, qui avait sa fonction : beaucoup d'insectes y butinaient, cela jouait aussi un rôle de captation de CO2. Ce n'est pas une pelouse, justement, cette pelouse libre, le projet d'agriculture urbaine dessus fait que l'on se retrouve avec des serres, avec du plastique qui recouvre.

Dans l'Hémicycle. - C'est faux.

Mme Danielle SIMONNET. - Regardez les photos sur le site à certains endroits, venez sur place et vous verrez.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Il vous faut conclure.

Mme Danielle SIMONNET. - Cela ne veut pas dire que tout est négatif, mais il y a un problème, donc pas de "greenwashing" non plus.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Très bien, merci à vous. Tout à l'heure, s'agissant des désinscriptions des groupes, elles avaient bien été transmises à la séance, mais la séance ne me les avait pas communiquées, dont acte, désolée. Je donne la parole pour vous répondre à Audrey PULVAR. J'espère la fin des diverses discussions, afin que l'on puisse bien entendre les réponses qui seront apportées. Je vous remercie.

Mme Audrey PULVAR, adjointe. - Merci à toutes et tous pour ces interventions variées et pas toujours très exactes.

Chers collègues, je vous invite à vous rendre sur les lieux dont vous parlez, cela vous évitera de dire un certain nombre de contrevérités.

Par exemple, sur le réservoir de Charonne dont vous parliez à l'instant, Danielle SIMONNET, il y a une magnifique installation d'agriculture urbaine plébiscitée par les riverains, et qui est un grand lieu de préservation de la biodiversité.

Concernant l'appel à projets "Paris Sème", depuis 2014, Paris soutient le retour de l'agriculture au plus près des citadines et des citadins, notamment au travers de son appel à projets "Parisculteurs", dont nous avons annoncé les lauréats de la saison 4 il y a quelques semaines.

L'installation des Paricultrices et Pariculteurs sur l'ensemble de notre territoire répond à plusieurs enjeux de la transition écologique. Leurs projets permettent de lutter contre les îlots de chaleur, contribuent à la rétention des eaux pluviales, à la préservation et au renforcement de la biodiversité urbaine, au développement de circuits courts et de proximité pour l'alimentation. Ils permettent également la création d'emplois durables et non délocalisables pour produire, transformer et commercialiser.

Nos Pariculteurs et leurs sites participent au développement du lien social, à l'accès de tous et toutes à une alimentation de qualité et durable, à la sensibilisation et à la formation notamment des plus jeunes à ces enjeux. Personne n'a jamais dit et surtout pas moi que l'agriculture urbaine avait la possibilité de remplacer l'agriculture de plein champ ou de nourrir tout Paris.

En revanche, elle peut contribuer à lutter contre la précarité alimentaire et à mettre à proximité des populations les plus démunies - il me semble qu'elles vous intéressent un peu, Madame SIMONNET - à mettre à leur disposition une alimentation de qualité. C'est en tout cas ce à quoi je m'emploie.

Quant à vous, Madame EVREN, je vous rappelle simplement qu'au bout de vos railleries, au bout de vos moqueries à l'égard de l'agriculture urbaine, il y a des hommes et des femmes qui se lèvent chaque matin pour mener à bien ces projets.

Quand vous attaquez ces projets, ce n'est pas moi que vous attaquez, ce n'est pas cette majorité que vous attaquez, ce sont ces femmes et ces hommes qui sont debout chaque matin pour aller travailler et rendre cette ville plus résiliente.

Pour soutenir les agricultrices et agriculteurs urbains professionnels, nous avons lancé, en juillet 2021, la première édition de cet appel à projets "Paris Sème". Son objet est le soutien, au travers de subventions en investissement, de projets relevant des secteurs de la production agricole primaire, de la transformation et de la commercialisation de produits agricoles et de l'aquaculture.

L'une des lauréates, semble-t-il, a particulièrement retenu l'attention de ce Conseil. Je voudrais signaler à l'Assemblée que les lauréats et les lauréates de cet appel à projets ont été désignés par un jury au sein duquel figuraient mon collègue de l'Exécutif Florentin LETISSIER, des représentants de la Ville, des partenaires externes comme l'ADEME, et que cette subvention a été votée à l'unanimité par ce jury.

Il y a eu également unanimité ici, dans cette Assemblée, lors du vote du schéma directeur de l'eau non potable en 2015, et cette Assemblée a adopté à l'unanimité un amendement relatif à ces réservoirs, indiquant qu'ils devaient désormais être valorisés par un projet d'agriculture urbaine en étudiant notamment la possibilité d'y installer de l'aquaponie.

Qu'il me soit permis de me répéter partiellement, puisque nous avions déjà eu cette discussion il y a quelques mois, les réservoirs de Grenelle, jadis réservoirs d'eau non potable, sont vides. Ils sont inutiles pour le réseau de la Ville de Paris depuis la fermeture des usines de Javel dans les années 1970. Ce n'était pas un îlot de fraîcheur, tout simplement parce que l'eau y était stagnante. C'est scientifique et démontré. Deux bassins vides ! Le projet présenté par la porteuse de projet a été amendé et amélioré au fil du temps, afin de répondre aux inquiétudes soulevées par une association de riverains. Je laisse la droite à ses caricatures et parfois à sa bêtise. Chère Aminata NIAKATÉ, je ne comprends pas votre position. Nous avons longuement échangé sur ce sujet. Nous avions d'ailleurs voté ensemble, votre groupe politique et le mien, un v?u en mars dernier que nous mettons en ?uvre depuis, avec la porteuse de projet. Je n'ai eu de cesse de chercher à apaiser vos inquiétudes et à tenir compte de vos recommandations. Je finis par me demander quelles sont les réelles motivations de votre opposition systématique à ce projet, puisqu'il semble que chaque fois qu'un obstacle est franchi ou désamorcé, vous en plantiez immédiatement un autre sur le chemin de la porteuse de ce projet, qui est un projet écologique.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Il faut conclure, Madame PULVAR.

Mme Audrey PULVAR, adjointe. - A Bordeaux, à Lyon, des villes écologiques, ces villes se sont engagées pour l'aquaponie, et Paris sera la ville où les élus écologistes s'opposent à de l'aquaponie ? C'est cela le résultat que vous souhaitez ?

Je vous invite, chers collègues, à voter ce projet de délibération?

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe, présidente. - Il faut conclure.

Mme Audrey PULVAR, adjointe. - Je tiens à dire ici haut et fort toute mon admiration pour Cécile ROUX, la porteuse de projet, qui continue à défendre ce projet.

Merci de votre attention.

Rappel au règlement.

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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