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Vœu déposé par le groupe Paris en commun relatif à une dénomination en hommage à René Maran.


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous allons examiner le v?u n° 113 relatif à une dénomination en hommage à René Maran. C'est Hamidou SAMAKÉ qui présentera le v?u.

M. Hamidou SAMAKÉ. - Madame la Maire, mes chers collègues, le 15 décembre 1921, le prix Goncourt, prix littéraire de prestige mondial, était remis pour la première fois à un jeune écrivain noir, René Maran, pour son roman "Batouala". C'était il y a 100 ans. Ce prix s'est joué à une voix près, celle qui compte double, celle du président du jury. Quand "Batouala" remporte le prix Goncourt en 1921, la nouvelle fait l'effet d'une bombe. A Paris, ce Goncourt inattendu déchaîne les passions, dont je vous épargne les excès. René Maran en était surpris et meurtri.

Qui était donc ce jeune homme jusque-là inconnu des cercles littéraires parisiens ? Né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à Fort-de-France, René Maran est un pur produit de l'école républicaine. Dans sa vie de fonctionnaire colonial en poste en Afrique subsaharienne, l'écriture va vite devenir pour lui une thérapie, une passion dévorante qui prend même le pas sur sa vie sociale et sentimentale. C'est dans cette situation qu'il commence l'écriture de "Batouala", dont la rédaction va durer près de 5 ans. Très vite après le prix Goncourt, le roman "Batouala" est interdit en Afrique. René Maran reçoit de nombreuses lettres de menaces et d'injures. Il est donc finalement poussé à la démission de l'administration en 1924. Ainsi, il va rentrer définitivement en France et épouse le 9 août 1927 à Paris Camille Berthelot. Ils ont adopté en 1943 une fille, Paulette Cernard, qui épousera à son tour en 1946 Paul Michel, père de ses deux enfants, Françoise et Bernard. Ce dernier est aujourd'hui citoyen du 20e, où il réside et travaille. René Maran a été un pionnier, un humaniste qui a éclairé la France sur ses colonies. Les lumières qu'il a projetées ont été un bon témoignage de la réalité. Il mérite une belle célébration du centenaire de son prix Goncourt et d'avoir un équipement de la Ville de Paris qui le rappelle à notre mémoire collective. Pour finir, je vous rappelle que ce v?u a été adopté à l'unanimité par le conseil du 20e arrondissement. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous. Pour vous répondre, je donne la parole à Jacques MARTIAL.

M. Jacques MARTIAL. - Merci, Madame la Maire.

Merci, cher collègue Hamidou SAMAKÉ, pour la présentation de ce v?u.

Oui, il y a un siècle, l'académie Goncourt décernait son prestigieux prix à René Maran pour son roman "Batouala, véritable roman nègre". Il s'agit du titre original de l'oeuvre. Il se sera passé d'ailleurs un siècle avant qu'un autre afro-descendant soit distingué par l'académie Goncourt, puisque Mohamed MBOUGAR SARR vient d'en être récompensé pour son roman "La plus secrète mémoire des hommes", que je vous encourage et invite à lire de toute urgence. C'est absolument magnifique. Espérons qu'il ne faudra pas attendre autant de temps pour qu'une autre femme afro-descendante succède dans ce même prix à Marie NDIAYE. La parution de "Batouala", comme le disait Hamidou SAMAKÉ, a fait à l'époque un véritable scandale. Le journal, par exemple, "Le Petit Parisien", parce qu'il faut savoir d'où l'on partait, écrira : "M. Maran, domicilié à Fort-Archambault en Oubangui-Chari", aujourd'hui la Centrafrique, "au milieu de Noirs qui lui ressemblent comme des frères, a reçu hier le prix Goncourt. Sa qualité de nègre a séduit les dix de l'académie Goncourt épris de couleur et d'étrangeté." La décolonisation des esprits en France restait à faire. Sept ans avant André Gide et son livre "Voyage au Congo", René Maran, avec "Batouala", commençait le travail et jetait ce premier pavé dans le marigot.

Prié par l'administration coloniale, pour laquelle il travaillait alors, de démissionner, René Maran s'installera à Paris et bientôt dans cet immeuble de la rue Bonaparte, où notre Conseil avait formulé le v?u que la Ville de Paris puisse y apposer une plaque signalant qu'il y avait vécu. Malheureusement, malgré les efforts répétés de Laurence PATRICE, appuyée par la médiation du maire du 6e arrondissement Jean-Pierre LECOQ, que je remercie tous deux, notre v?u n'a pas pu être exaucé. Dont acte. Aussi, en accord avec Karen TAÏEB et Laurence PATRICE, nous envisageons désormais la pose, devant le 26 rue Bonaparte ou à proximité, d'un élément du mobilier urbain culturel que la Ville est en train de finaliser, en remplacement des anciennes pales Decaux. Afin de célébrer dignement le centenaire de cette ?uvre précurseur et de son prix, je donne un avis favorable à votre v?u pour qu'un lieu culturel parisien, comme une bibliothèque, puisse porter le nom de René Maran. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je mets aux voix, à main levée, le v?u n° 113 du groupe Paris en commun, avec un avis favorable de l'Exécutif, cela a été dit.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le v?u est adopté. (2021, V. 360).

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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