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2021 SG 85 - Communication "Paris, territoire éducatif". Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à des mesures contre le harcèlement et le cyberharcèlement en milieu périscolaire et scolaire. Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à la mise en place d’un plan parisien de lutte contre le harcèlement scolaire. Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire, grande cause municipale 2022. Voeu déposé par l'Exécutif. Vœu déposé par le groupe "Indépendants et Progressistes" relatif au transfert de la restauration des collèges Queneau et Alviset à la caisse des écoles du 5e.


 

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Nous examinons désormais le projet de délibération SG 85 et les v?ux n° 76, n° 77, n° 78, n° 78 bis et n° 79. Il s?agit d?une communication sur "Paris, territoire éducatif".

Nous commençons nos échanges avec Raphaëlle RÉMY-LELEU pour cinq minutes maximum.

Mme Raphaëlle RÉMY-LELEU. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, le Ministre de l?Education nationale parle de lutte contre le "wokisme", d?un grand plan pour sauver le latin et le grec, d?un combat pour empêcher l?entrée de "iel" dans "Le Petit Robert".

A travers cette communication, mais surtout à travers notre action quotidienne, nous souhaitons répondre : accueil digne de l?ensemble des enfants, adaptation de l?école aux défis écologiques, sauvetage des précaires de l?Education nationale, personnel enseignant comme celles et ceux qui accompagnent les élèves, et nous rappelons notre soutien à la mobilisation des A.E.S.H. Il est important de rappeler ce schisme entre les débats nauséabonds, dont souffre l?école publique, versus la réalité vécue par les communautés éducatives.

Cette rentrée scolaire a été marquée, en effet, par deux difficultés : la crise sanitaire qui perdure et le mal-être grandissant des personnels qui a été rappelé par l?ensemble des organisations syndicales et des parents d?élèves à l?occasion du C.D.E.N. Ce contexte sensible ne facilite pas le dialogue que nous aurons à mener dans les prochains mois autour de la sectorisation.

J?espère, ainsi que l?ensemble du groupe Ecologiste, que la Ville de Paris pourra jouer un rôle d?apaisement, notamment en assurant la transparence autour de l?ensemble des informations qui relèvent de sa compétence.

Nous aurons l?occasion d?en reparler concernant le bâti scolaire. Je pense en effet que donner accès à toutes et à tous à l?ensemble des informations nécessaires sur la situation des écoles permettra d?entamer un dialogue plus riche et plus fructueux, avec les parents d?élèves comme avec les communautés enseignantes. Je sais que nous reparlerons plus tard de la Journée nationale contre le harcèlement scolaire.

Je tenais simplement à souligner également dans cette communication le fait que notre exigence environnementale continue dans l?adaptation de l?école parisienne aux défis climatiques, avec à la fois la lutte contre la présence des perturbateurs endocriniens et les pollutions, des efforts constants sur l?alimentation, qu?il s?agisse d?alternatives végétariennes ou de solutions bio ou de circuits courts, ou encore des nouvelles modalités d?apprentissage, suite notamment au v?u déposé par le groupe Ecologiste sur l?apprentissage dehors.

Cette communication comporte également un pan entier dédié aux jeunes, aux étudiants et aux étudiantes. C?est l?occasion de rappeler notre engagement contre la précarité étudiante et les efforts qui ont été faits en la matière, qu?il s?agisse de l?aide à l?installation au logement étudiant, des distributions alimentaires ou de la lutte contre la précarité menstruelle.

Enfin, nous espérons que, dans les prochains mois, nous aurons des engagements plus fermes de la part du Rectorat concernant la création de postes, qu?il s?agisse de postes titulaires ou des brigades de remplacement, qui pour l?ensemble des postes qui les concernent sont largement insuffisants, ce qui crée des situations difficiles sur l?ensemble du territoire parisien.

Je vous remercie.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci à vous.

La parole est à Emmanuelle DAUVERGNE, pour le groupe Changer Paris.

Mme Emmanuelle DAUVERGNE. - Madame la Maire, mes chers collègues, à vous lire et à vous entendre, à Paris rien de nouveau. Chez vous, tout irait bien dans le meilleur des mondes. C?est à croire, Madame le Maire, que nous n?habitons pas la même ville.

Dans le Paris dans lequel nous vivons, on ne peut oublier, comme vous le faites dans cette communication, que notre ville connaît une baisse continue et inquiétante des effectifs scolaires : c?est encore 5 % de diminution supplémentaire sur la seule dernière année, soit 5.000 écoliers en moins.

On ne peut oublier que les familles fuient massivement notre Capitale et que cette bérézina, vous ne pouvez l?imputer à la seule crise sanitaire. C?est un mouvement de fond que nous observons depuis dix ans et sur lequel nous n?avons eu de cesse de vous alerter. Il est symptomatique de la perte d?attractivité de notre ville. Les familles, comme les personnes âgées ou handicapées, sont les premières victimes de la dégradation des services publics de proximité : propreté, entretien de la voirie, sécurité, maintenance du mobilier urbain, circulation.

Toutes les carences de votre gestion font de Paris une ville non plus inclusive, mais au contraire une ville qui exclut progressivement toute une partie des Parisiens. Cette rentrée et la chute toujours plus brutale du nombre d?enfants inscrits dans nos écoles en sont une preuve supplémentaire, s?il en était encore besoin.

Comme un symbole, la réforme du financement du forfait éducatif, que vous avez entreprise l?année dernière, a d?ailleurs conduit à diminuer drastiquement les dotations d?écoles privées sous contrat spécialisées dans l?accueil des enfants handicapés. Est-ce cela l?école inclusive que vous appelez de vos v?ux ?

Votre communication passe aussi très succinctement sur le sort des 750 professeurs de la Ville de Paris. Sur ce point, une nouvelle fois, circulez, il n?y a rien à voir ! Non, rien n?évoque la transformation que vous préparez pour les professeurs contractuels du service de cours d?adultes de Paris. Ils ont pourtant appris le 8 octobre 2021, sans consultation au préalable, qu?il était question de supprimer leurs heures d?ingénierie pédagogique à partir de septembre 2022 et de les remplacer par des heures de cours en face à face ; les heures d?ingénierie pédagogique seraient donc bientôt assurées par des intervenants extérieurs à recruter sur de nouveaux contrats.

Rien n?évoque non plus le projet, dont nous avons eu écho, d?aligner le statut de ces agents sur celui des formateurs du GRETA, invalidant de fait leur contrat actuel et prenant le risque de dévaluer le niveau de recrutement en abaissant le diplôme exigé de Bac+4 à Bac+2.

Madame la Maire, nous regrettons que vous ne considériez pas ce sujet comme étant suffisamment grave pour être évoqué dans votre communication. Nos échanges fréquents avec les services de la Ville et la représentation syndicale nous conduisent à vous faire part de toutes leurs inquiétudes. Sur ce sujet sensible, une communication claire aurait été la bienvenue.

Enfin, vous vous félicitez de votre gestion de la crise sanitaire dans nos écoles. Vous savez pourtant que, dans bien des situations, il a fallu la réactivité et l?engagement fort des mairies d?arrondissement pour pallier vos échecs et vos lenteurs. Dans le 7e arrondissement avec Rachida DATI, mais comme l?ont fait d?autres maires, ce fut notamment le cas pour organiser des campagnes de dépistage et de vaccination dans nos écoles : vaccination des professeurs, tests salivaires réalisés en 8 jours pour tous les élèves de notre arrondissement.

Nous regrettons sincèrement que dans bien des situations, à la consultation, à l?expérimentation et au retour d?expérience, vous préfériez ce que vous avez d?abord jugé bon sur le seul critère, pardonnez-moi mais peu scientifique de vos préférences et idéologies. Nous attendions de cette communication de rentrée scolaire qu?elle évoque peut-être enfin un retour d?expérience sur ces premières années de réforme des rythmes scolaires. Il n?en est rien. Ce n?est pourtant pas ce qu?ont fait vos collègues socialistes de Cherbourg, qui viennent de soumettre au vote de ses habitants, le retour aux anciens rythmes. Résultat : 70 % des habitants ont préféré le retour de la semaine de quatre jours.

Dans nos arrondissements, nous savons combien les rythmes scolaires n?ont jamais fait pleinement l?unanimité et pèsent toujours sur les familles. Ils n?ont jamais fait l?unanimité ni dans l?organisation ni dans le fonctionnement?

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci.

Mme Emmanuelle DAUVERGNE. - Il serait grand temps que vous proposiez un bilan objectif de ce dispositif.

Je vous remercie.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci à vous.

La parole est à Samia BADAT-KARAM, pour le groupe Changer Paris et je crois que vous présentez aussi un des v?ux rattachés, le v?u n° 77.

Mme Samia BADAT-KARAM. - Exactement.

Madame la Maire, mes chers collègues, il ne se passe pas une semaine sans que l?actualité ne traite de faits plus ou moins graves, plus ou moins poignants de phénomènes liés au harcèlement scolaire. Le suicide récent de la jeune adolescente Dinah, à Mulhouse, le 4 octobre dernier, ou encore celui de Chanel, 12 ans, quelques semaines auparavant ne peuvent nous laisser indifférents.

Vous nous parlez aujourd?hui de réussite éducative, mais comment un enfant peut-il réussir à l?école s?il est harcelé et malheureux au point de vouloir mettre fin à ses jours ? Nous regrettons fortement que votre communication de onze pages sur la réussite éducative ne traite pas de ce phénomène de société grandissant, qui mérite non seulement d?être reconnu mais surtout traité avec sérieux et responsabilité.

Comment pouvez-vous passer sous silence ce sujet et occulter ainsi la détresse de nombreuses familles désemparées face à ces phénomènes de plus en plus présents à l?école et en dehors, alors même que le rapport de la mission gouvernementale "Comprendre et combattre le harcèlement scolaire", publié le 13 octobre 2020, estime que près de 700.000 enfants sont victimes de harcèlement scolaire chaque année en France, soit 10 % des élèves au total et en moyenne 2 à 3 enfants par classe.

Vous savez pourtant que le harcèlement a des conséquences directes sur l?absentéisme à l?école. Vous savez également qu?enseignants et parents se déclarent démunis et non formés à ces phénomènes qui prennent de l?ampleur dans notre société, à mesure que les réseaux sociaux sont de plus en plus accessibles aux plus jeunes.

Pourtant, rien de concret n?est proposé dans cette communication qui décidément porte bien son nom. Vous pourriez, par exemple, sur le temps périscolaire, qui découle de votre réforme des rythmes scolaires et qui est souvent, hélas, meublé par des ateliers de piètre qualité, proposer, en lien avec des experts, des ateliers de sensibilisation au harcèlement scolaire.

Nous pourrions, par exemple, nous inspirer de la méthode du psychiatre Philippe AÏM, auteur de l?ouvrage "Harcèlement scolaire : le guide pratique pour aider nos enfants à s?en sortir", qui préconise une approche préventive de renforcement de l?enfant, afin de lui fournir des outils pour mieux appréhender ce type de situation.

Vous pourriez aussi, comme le demandera tout à l?heure ma collègue Anne-Claire TYSSANDIER, former tous les personnels de la Ville en contact avec les enfants à la détection et au traitement du harcèlement scolaire.

Vous pourriez en 6e Commission nous faire un bilan de l?étendue à Paris du dispositif "Phare". Vous pourriez, toujours en 6e Commission, organiser une audition des professionnels et associations concernés par le harcèlement scolaire : pédopsychiatres, associations spécialisées, parents et victimes.

En substance, vous pourriez, avec sérieux et responsabilité, comme le demande également ma collègue Delphine MALACHARD DES REYSSIERS, faire de la lutte contre le harcèlement scolaire votre priorité et mettre en place un plan parisien ambitieux de lutte contre le harcèlement scolaire.

Vous pourriez même, en ce 18 novembre, Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, annoncer des mesures concrètes et efficaces, au lieu de ce v?u bis vide de contenu et de sens. Vous le devez, nous le devons collectivement à l?ensemble des petites Parisiennes et des petits Parisiens.

Je vous remercie.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci.

La parole est à Florence BERTHOUT.

Mme Florence BERTHOUT, maire du 5e arrondissement. - Madame la Maire, le Conseil de Paris de juillet 2021 a proposé de confier aux caisses des écoles la restauration scolaire dans l?ensemble des collèges, dont la Ville de Paris a la charge, et j?ai dès le début donné mon accord de principe.

Je l?ai donné à deux réserves qui sont bien légitimes.

D?une part que la Ville garantisse que les cuisines des collèges, en l?espèce Alviset et Queneau de mon arrondissement, soient transférées en parfait état et conformément aux dispositions légales et réglementaires en matière d?hygiène pour la production, avec les meilleures conditions d?emploi pour les agents. Cette demande était d?autant plus justifiée qu?un certain nombre de rapports émanant de la Préfecture de police avaient mis en demeure à plusieurs reprises les cuisines d?Alviset et de Queneau de respecter un certain nombre de prescriptions.

Puis ma deuxième attente est que la Ville inscrive, dans le plan d?investissement de la mandature, les investissements que justifiait ce transfert. Je vous remercie d?ailleurs, Monsieur le premier adjoint, d?avoir bien voulu d?ores et déjà indiquer que c?était le cas.

Alors des études ont été menées en toute transparence avec la DASCO, durant toute une partie de l?été par la caisse des écoles que je préside, afin que les deux cuisines dont je parlais, Alviset et Queneau, puissent se rapprocher des standards de production de la caisse des écoles, concernant en particulier l?emploi des personnels, le niveau de sécurité sanitaire que nous attendons et la qualité nutritionnelle des repas que nous servons traditionnellement dans nos écoles.

Aussi, je souhaiterais par ce v?u que la Ville, et plus particulièrement la DASCO, puissent engager - j?avais mis "agrée" mais je comprends que vous êtes plutôt sur l?idée de "travaille", ce qui me va très bien - un plan d?action, que nous avons déjà proposé et évoqué avec la DASCO, pour permettre le transfert effectif des cuisines des collèges, en 2022 pour Queneau, en 2024 pour Alviset. Cela comprend notamment l?élaboration des menus par une diététicienne, l?approvisionnement "bio" qui est très important, c?est 75 % dans nos cuisines - je rappelle que dans le 5e arrondissement, nous cuisinons sur place et que 75 % est du "bio" d?origine filière courte -, s?engager également sur la formation des agents et travailler à la délégation de la maîtrise d?ouvrage des travaux de modernisation et de remplacement des équipements usagers.

C?est pour nous très important, les enjeux sont considérables. Je rappelle qu?il s?agirait à travers ce transfert de produire 140.000 repas supplémentaires, c?est-à-dire d?augmenter la production de notre caisse des écoles de 23 %, voire de 27 % avec la production le mercredi, ce qui correspond au volume que produit un groupe scolaire important, comme celui de Buffon.

Derrière ce transfert, vous l?aurez compris, Monsieur l?adjoint, il s?agit que nous puissions ensemble relever quatre enjeux qui nous tiennent à c?ur.

Celui du développement durable et nous sommes très investis dans la réduction des déchets et la réduction de l?empreinte carbone à travers la production de nos repas dans les écoles. C?est le respect aussi de la cause animale, le soutien à l?agriculture biologique, agro-écologique et raisonnée, avec le soutien aux territoires qui va de pair puisque nous aidons au développement d?entreprises et à la création d?emplois à travers le soutien assumé à des filières courtes.

Puis aussi et surtout, c?est évidemment un engagement sur le plan éducatif : apprentissage au goût, équité alimentaire, découverte des saveurs et santé. On ne dira jamais à quel point, derrière ce sujet de santé, il y a une question de justice sociale, chaque enfant ayant droit, quel que soit le revenu de ses parents, à la sécurité et la traçabilité alimentaire de ce qu?on lui sert quotidiennement, ainsi qu?à un équilibre alimentaire propre à son développement.

Je vous remercie.

(M. Paul SIMONDON, adjoint, remplace Mme Léa FILOCHE au fauteuil de la présidence).

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est à Maya AKKARI, pour le groupe Paris en commun.

Mme Maya AKKARI. - Mes chers collègues, à Paris, c?est 215.000 enfants de 0 à 16 ans qui sont accueillis tous les jours dans 1.213 structures publiques, que ce soit des établissements de la petite enfance ou encore des écoles primaires et des collèges. Ce sont plus de 34.000 professionnels qui sont en charge de ces enfants au quotidien, entre 8 heures du matin et 18 heures, parfois même en horaires décalés et je pense là aux structures innovantes qui tentent de s?adapter au rythme décalé de certaines familles.

Cet accueil large des enfants à Paris sur leurs différents temps scolaires, périscolaires, extrascolaires, vacances scolaires est d?autant plus important, parfois même vital pour certains enfants, que beaucoup de familles vivent dans de très petites surfaces, n?ont pas d?espaces verts privatifs et n?ont pas de proches à proximité pour garder les enfants en dehors de l?école et pendant les vacances.

L?éducation des enfants est certes de la responsabilité des parents, mais elle est aussi l?affaire de toutes et de tous : collectivités, associations d?éducation populaire, Etat, Ville. Et la cohérence de nos actions est fondamentale, car le risque avec l?empilement et l?enchevêtrement des actions peut être la dispersion et même d?obtenir in fine des effets contraires aux effets attendus.

C?est pourquoi la Ville travaille main dans la main avec les autorités académiques, les familles, les structures de santé et les associations d?éducation populaire pour le bien-être des élèves et leur réussite scolaire. Ce travail partenarial se fait à diverses occasions : schéma parisien des services aux familles, P.E.D.T., conventions territoriales globales, et depuis peu les cités éducatives.

Ce nouveau dispositif mobilise, autour d?un territoire donné en quartier prioritaire, la Ville, la Préfecture de région et le Rectorat. Après les cités éducatives des 19e et 20e arrondissements, de nouveaux territoires - un dans le 18e qui regroupe trois réseaux d?éducation prioritaire et un autre dans le 14e autour du collège Villon - candidatent pour ce label et nous espérons qu?ils seront retenus lors de la vague de janvier 2022. C?est pour moi l?occasion de saluer la mobilisation de tous les partenaires sur cette candidature, notamment le directeur de l?Académie et les adjoints à la maire, Patrick BLOCHE et Anne-Claire BOUX.

Nous avons eu déjà l?occasion d?évoquer dans notre Assemblée les enjeux relatifs au P.E.D.T. et je me permets de revenir sur son deuxième axe stratégique qui vise à favoriser l?égalité et la réussite éducative de tous les enfants et adolescents.

C?est à travers cet axe que nous développons le principe de mixité, que ce soit dans les structures d?accueil de la petite enfance ou dans les écoles et les collèges, ou encore à l?occasion des T.A.P., dans les centres de loisirs ou pendant les vacances scolaires. Mixité garçon filles bien sûr, mais aussi mixité scolaire et sociale à tous les niveaux : crèches, écoles, collèges, groupes et classes au sein des structures mêmes.

La mixité est un enjeu, un principe qui nous tient à c?ur car elle est non seulement la condition du bien vivre ensemble, dans une ville aussi mixte que la nôtre socialement et culturellement, mais elle est aussi - toutes les études, qu?elles soient nationales ou internationales, nous le disent année après année - la condition nécessaire de l?amélioration des performances scolaires de nos enfants et de leur bien-être. Les collègues à ma gauche évoquaient la question du harcèlement et elles sont fortement liées aux enjeux de mixité. C?est la condition nécessaire de l?amélioration des performances scolaires et du bien-être des enfants, ce qui n?est pas toujours évident à faire entendre dans une ville de tradition élitiste comme la nôtre.

Les expériences des secteurs multi-collèges dans le 19e et le 18e nous ont montré qu?il est possible de faire bouger les lignes. Le travail des services de la Ville, au moment de dessiner les périmètres des secteurs scolaires au niveau du collège et du primaire, celui de l?Etat avec le nouvel Affelnet dans le cadre de l?affectation des collégiens en lycée prouvent que nous avançons également à ce niveau.

Un autre axe de ce P.E.D.T. est relatif à l?amélioration de la santé et du bien-être de tous les enfants qui prend tout son sens avec la pandémie. S?il n?y avait qu?un point à retenir après la crise, tous les acteurs s?accordent à dire que c?est bien celui-là. La Ville agit à ce niveau également par le soutien des associations d?écoute, d?accompagnement et de soutien psychologique, comme "Oedipe" dans le 18e ou encore l?association "Olga Spitzer" au niveau parisien qui soutient les enfants et les familles en difficulté. Elle crée du lien avec les structures de santé et participe au financement des points écoute dans les collèges.

Mais elle agit aussi par la rénovation qualitative du bâti, dont l?impact sur le bien-être et la réussite des élèves n?est plus à prouver. Moi qui suis une élue du 18e, je vous invite à visiter le collège Utrillo, récemment rénové à la porte de Clignancourt, pour comprendre l?importance de l?impact de l?architecture sur l?environnement?

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

Mme Maya AKKARI. - Et je peux vous dire que, contrairement à ce que disait ma collègue, il faut voir toutes les demandes de dérogation que l?on a de banlieue pour Paris?

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci de conclure.

Mme Maya AKKARI. - Il y a une vraie attractivité éducative à Paris.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est à Mme Delphine BÜRKLI pour le groupe "Indépendants et Progressistes".

Mme Delphine BÜRKLI, maire du 9e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire.

Remettre les familles au c?ur de notre ville, au c?ur de notre cité est d?une actualité criante. Les derniers chiffres sur la baisse des effectifs dans les écoles publiques après cette rentrée scolaire l?attestent et doivent nous inquiéter et nous faire réagir. Car chacun en conviendra, sans familles, sans enfants, une ville est vouée au déclin, incontestablement.

Au-delà de la question du logement à Paris, qui est bien sûr première, la fuite des familles en dehors de Paris doit nous interroger sur la qualité d?accueil des enfants dans les structures municipales, notamment les crèches, les écoles et les collèges. On sait à quel point le sujet de l?éducation, de la qualité de l?enseignement, de la qualité des établissements revêt pour les parents une grande importance. Alors nous devons être irréprochables sur trois axes forts, trois piliers qui doivent être les nôtres en tant que municipalité : la qualité des locaux bien sûr, l?alimentation des enfants et le périscolaire.

Sur l?entretien des locaux d?abord, cela peut paraître prosaïque, voire banal, mais c?est pourtant fondamental. Chacun qui siège dans les conseils d?école ou participe à des visites d?architecture pourra le confirmer, la qualité d?entretien des locaux scolaires est au c?ur de la perception que les parents ont de l?univers dans lequel évoluent leurs enfants jusqu?à parfois 10 heures par jour.

Ce souci de l?image de l?école, d?un cadre de travail digne de nos enfants m?a d?ailleurs toujours amenée à refuser que soient soumis au budget participatif des projets de réfection de toilettes qui donnait finalement le sentiment de mettre des écoles en concurrence avec d?autres projets, et ce sentiment très négatif d?un désengagement de la Municipalité.

Sur les travaux justement, je propose d?aller plus loin et de mettre en place à titre expérimental des budgets d?autonomie pour les écoles qui leur permettraient de conduire, en lien avec les maires d?arrondissement, des travaux de peinture et autres réparations. Nous avons la grande chance à Paris d?avoir des directeurs d?école en général déchargés de cours, très investis, très engagés, et nous devrions nous appuyer sur leur expertise et leur réactivité pour assurer un niveau toujours constant de qualité d?accueil.

Puis vous le savez, je suis attachée à la qualité de l?air dans les crèches et les écoles. Nous avons équipé 150 classes des écoles du 9e de capteurs, de purificateurs d?air intérieur, mais aussi des crèches. Il reste tant à faire, dans les gymnases, les conservatoires et les bibliothèques. Sans plus attendre, il faut aussi que ce sujet soit au c?ur de nos préoccupations pour sortir de la crise sanitaire et préparer l?avenir.

Les cours dites Oasis, selon un modèle dont nous sommes allés chercher l?inspiration chez nos amis belges, ont également fait leurs preuves et doivent être multipliées dans tout Paris. Mais à raison d?une poignée par an, comme c?est le cas actuellement, il nous faut vraiment là aussi passer à la vitesse supérieure, et pourquoi pas en mobilisant l?équivalent des fonds jusqu?à présent consacrés au budget participatif dans les écoles pour les consacrer aux seuls cours des écoles.

Deuxième pilier, l?alimentation. C?est un sujet essentiel, un sujet de santé publique pour nos enfants, un sujet d?avenir pour la préservation de notre environnement, de nos ressources. C?est aussi un sujet d?éducation car ce temps de repas est essentiel dans la journée des enfants pour leur permettre d?être réceptifs à tous les apprentissages, sans compter les vertus pédagogiques indéniables d?une éducation nutritionnelle.

Ce sujet nécessite d?être traité au plus près des réalités de terrain - Florence BERTHOUT, dans son intervention, a beaucoup insisté sur ce sujet -, ne serait-ce aussi que par le biais de commissions menu, que nous organisons pour en permanence expliquer, sensibiliser les parents, les enfants, mais aussi recevoir leurs critiques et leurs encouragements.

C?est bien sûr continuer à développer les repas végétariens dans les écoles, avoir recours à des produits vraiment végétariens, c?est-à-dire non transformés. Cela demande une formation de tous les agents des cantines à cette nouvelle technique de cuisine. Cela demande aussi d?accroître les filières locales d?approvisionnement en féculents, en protéines végétales, en légumes. Nous attendons ainsi beaucoup du projet de création de coopérative agricole "écolo", qui doit se faire aussi en lien avec la Région Ile-de-France qui a toute la ressource et l?assise territoriale pour nous aider dans cette belle tâche.

Troisième et dernier pilier, l?offre périscolaire. C?est la nécessité d?une offre périscolaire pour les collèges, qui sont aujourd?hui le parent un peu pauvre, un peu délaissé par le Département de Paris. La demande est là et nous devons pouvoir créer cette offre périscolaire dans les collèges, avec la mise en place d?un R.E.V. par collège, et confier aux C.A.S.P.E. d?arrondissement la compétence directe sur les collèges.

Dans le même temps, il nous faut renforcer les moyens existants dans les écoles. Je ne reviendrai pas sur le sujet de la médecine scolaire, nous l?avons fait en 4e Commission hier. Il faut rendre plus attractifs ces postes pour ces personnels médicaux, comme pour les A.T.S.E.M. Il nous faut réellement rendre ces métiers plus attractifs en revoyant la valorisation salariale, en leur payant des heures supplémentaires plutôt qu?en leur proposant des récupérations, en leur offrant réellement un accès direct au parc locatif parisien. Et pour les A.T.S.E.M., c?est en se fixant l?objectif d?une A.T.S.E.M. par classe et non plus le nombre de classes moins une. Car entre les R.T.T. et les formations, il n?y a jamais un jour où toutes les A.T.S.E.M. sont présentes dans une école maternelle.

Sur le thème du périscolaire, il me reste très peu de temps, mais c?est un sujet aussi qui est en friche et où nous pourrions travailler conjointement à l?échelle de tout Paris sur l?usage des classes libérées à la suite de nombreuses fermetures.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci de conclure.

Mme Delphine BÜRKLI, maire du 9e arrondissement. - J?entendais parler des classes thérapeutiques pour enfants souffrant de troubles autistiques, on peut utiliser ces locaux pour de vraies salles de musique, les places dans les conservatoires font défaut.

Voilà quelques propositions et j?en avais d?autres que je souhaitais vous soumettre dans le cadre de cette communication.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est à Mme Nathalie MAQUOI, présidente du groupe "Génération.s".

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, les élus "Génération.s" s?expriment régulièrement sur les politiques éducatives car dans le projet que nous portons pour Paris, elles répondent aux deux principaux défis que nous avons identifiés : améliorer le quotidien des Parisiennes et des Parisiens et préparer l?avenir.

Le quotidien de toutes celles et ceux qui ont l?éducation en partage est bouleversé et incertain depuis mars 2020. Nous voulons saluer l?incroyable capacité d?adaptation des personnels des crèches et des établissements scolaires pour continuer à mener un projet éducatif cohérent, tout en affrontant une crise sanitaire d?ampleur et de durée inédite.

Nous espérons que la reprise de l?épidémie ne viendra pas remettre en cause la réouverture progressive de toutes les places d?accueil en crèche, permettant à nouveau d?accueillir un maximum d?enfants en modes de garde collectifs.

Nous espérons aussi que la reprise de l?épidémie n?empêchera pas le maintien de l?activité physique. Nous avons déjà eu l?occasion de le dire, le premier effet de la pandémie et des différentes mesures de confinement s?est ressenti très vite sur les corps. La sédentarité plus importante a occasionné des prises de poids, des essoufflements plus rapides, une moins bonne régulation des émotions chez les élèves, alors que celle de la peur est toujours plus importante ces derniers temps.

Mais les enfants du primaire à Paris sont quand même chanceux car ils et elles ont une pratique dispensée par des professeurs de la Ville de Paris en sport. Nous formulons un premier v?u : que le dispositif 30 minutes d?activité par jour annoncé par le Gouvernement se déploie rapidement, au-delà des 2.000 premières écoles à l?échelle nationale annoncées.

Il y a urgence pour toute une génération, et notamment les enfants des quartiers populaires qui sont restés à Paris pendant les confinements dans des appartements plus petits, avec des parcs et des jardins fermés pour le premier, avec un moindre équipement pour suivre un enseignement à distance, avec parfois un manque de nourriture.

Les corps et les imaginaires sont profondément liés. Cette génération a dû faire avec le manque d?informations et parfois avec des informations contradictoires. Elle a dû faire aussi avec la peur de contaminer ses proches, la peur de les voir malades, et parfois ils ont dû aussi subir la mort de l?un d?entre eux.

Pour pouvoir se projeter dans l?avenir, il faut avoir quelques repères. Or, il en manque cruellement dans la période, pas seulement des repères mais les mots aussi, les mots pour raconter, pour expliquer, pour partager. La pratique culturelle, la rencontre avec des artistes, la fréquentation des ?uvres sont plus que jamais essentielles pour nourrir et soutenir les imaginaires, pour faire du commun dans cette période qui nous sépare les uns des autres. Nous souhaitons mettre en lumière les actions de la Ville permettant qu?éducation et culture s?imbriquent : "L?Art pour grandir", le plan de sensibilisation des conservatoires, les professeurs de la Ville de Paris en arts plastiques et en musique, les Ateliers bleus, les T.A.P., de nombreux acteurs culturels parisiens.

Aujourd?hui, nous souhaitons particulièrement nous exprimer au sujet des étudiants et des étudiantes. Le diagnostic de l?APUR, présenté lors du débat sur le P.A.D.D. mardi, montre bien la spécificité de la présence étudiante à Paris. Alors nous voudrions alerter et je sais que l?Exécutif, notamment par la voix de Marie-Christine LEMARDELEY, y est très attentif.

Alerter sur la vie étudiante car les prix des matières premières augmentent, se chauffer coûte cher, se nourrir coûte plus cher et se loger coûte toujours aussi cher. Nous proposerons prochainement une interpellation pour que la solidarité nationale le prenne en compte. Le montant des bourses était déjà insuffisant pour endiguer la précarité étudiante. Sans augmentation, il le sera encore plus.

Alerter sur la santé mentale des étudiants et des étudiantes. La génération en deuxième année aujourd?hui d?enseignement supérieur est la génération Bac Covid, la génération première année de fac à distance, la génération aussi victime de "Parcoursup" et en réalité victime du manque de places dans l?enseignement supérieur, du manque de places en première année, du manque de places en master. Il y a eu un défaut d?anticipation car le boom démographique était prévisible, cette génération étant passée par nos écoles, collèges et lycées, nous n'avons su la décompter.

Comme on sait parfaitement que dans les années à venir, si nous allons avoir une petite pause de deux ans, il y aura aussi de nouveaux une génération plus nombreuse dans l?enseignement supérieur. Il n?est pas raisonnable de compter sur la Belgique qui accueille cette année 20.000 étudiants, soit l?équivalent d?une fac française, pour assurer l?éducation et l?avenir des jeunes Français.

Alors, nous ne sommes pas dans une visée pessimiste. Notre réflexion politique a débuté à "Génération.s" par un projet nommé "Futur désirable". Nous proposons par cette communication quelques pistes de travail pour être à la hauteur de nos ambitions et pour améliorer le quotidien des jeunes et préparer leur avenir.

Tout d?abord nous attendons avec impatience la présentation de l?étude de l?APUR sur le vécu des familles pendant la première partie de la crise Covid, et un grand merci à Emmanuel COBLENCE, président de la 6e Commission pour son organisation?

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci de conclure.

Mme Nathalie MAQUOI. - Nous aimerions qu?elle permette un échange.

Ensuite, nous aimerions déployer une stratégie sur le sport.

Enfin, nous soutiendrons les projets de délibération pour la vie étudiante et nous proposerons dans le cadre de nos débats budgétaires le mois prochain d?amplifier ces choix.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

La parole est à M. Jean-Noël AQUA pour le groupe Communiste et Citoyen.

M. Jean-Noël AQUA. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, "L?éducation est l?arme la plus puissante que l?on puisse utiliser pour changer le monde". Cette citation de Nelson Mandela est toujours d?actualité. Dans une société de plus en plus complexe, où le pouvoir se concentre, l?éducation est un rouage central. Comment lutter contre le réchauffement climatique sans culture scientifique ? Comment analyser l?évolution du travail sans culture sociale ? Comment s?émanciper sans accès à la culture ? Bref, vous l?aurez compris, l?éducation est pour moi une pièce maîtresse de l?émancipation individuelle et collective.

La communication qui nous est donnée brosse un panorama des diverses actions de la Ville. Nous en saluons l?essentiel, même si nous pouvons avoir des bémols parfois, voire des oppositions.

Mais parlons tout d?abord du contexte. Après le mouvement de démocratisation du savoir de l?après-guerre, un mouvement contraire de dé-démocratisation s?engage, notamment avec les dégradations du service public d?éducation. L?austérité, infligée par MM. MACRON, BLANQUER et Mme VIDAL depuis près de cinq ans, s?insère dans ce mouvement : diminution du budget d?éducation, suppression de 7.500 postes d?enseignants, exclusion d?étudiants des universités via "Parcoursup" et l?insuffisance des places, casse du dispositif REFS, etc. L?austérité coûte cher à notre jeunesse.

A l?inverse, l?action de notre Ville détonne. Paris investit, et investit sur l?avenir de ses jeunes de la crèche aux écoles, collèges, lycées et universités. Les budgets sont conséquents. Ils démontrent toute la différence entre une politique de gauche, attentive à la jeunesse, et une politique de droite qui mégote sur l?avenir des jeunes, en particulier ceux des classes populaires bien sûr car la ségrégation sociale reste le marqueur, l?identité de la droite.

La Ville investit donc massivement pour ses crèches tout d?abord. Désormais 62 % des enfants peuvent bénéficier d?un accueil collectif. Après trois mandats de gauche, Paris est le premier département en France pour cet accueil. Quel contraste avec le bilan laissé par la droite, où Paris après l?ère Chirac et TIBERI était le dernier département en France.

Je pense à l?accompagnement des classes avec la présence de 2.000 A.S.E.M. ou aux 750 professeurs de la Ville de Paris. Je pense à tous ces dispositifs de soutien : "Action Collégiens", séjours de découverte, etc. Je pense à tous les dispositifs en faveur des étudiants et des étudiantes : Maison des initiatives étudiantes, distribution alimentaire, etc. La liste est longue et ce sont autant d?actions en faveur de tous les jeunes.

Laissez-moi désormais en venir à quelques points de différence.

Vous le savez, nous sommes attachés à une éducation nationale et pas municipale. Nous faisons le distinguo très net entre ce qui relève du scolaire d?un côté, et le périscolaire et l?extrascolaire de l?autre.

Permettez-moi de revenir sur les rythmes scolaires. Les chronobiologistes, contrairement à ce qui est écrit, divergent sur le sujet. Ils font la différence notamment entre la maternelle et l?élémentaire, ce que nous ne faisons nullement, et les enseignants en font une évaluation pour le moins critique. Après plus de six ans d?expérience concrète, le constat est que les enfants sont désormais épuisés dès le jeudi. Pourquoi ne pas organiser une consultation sur le sujet ? Nous continuons à le demander.

Ensuite, vous le savez, nous sommes sensibles à la ségrégation sociale très forte à Paris, la pire de toute la France. Elle est causée largement par l?évitement, la ségrégation par les établissements privés. Nous voulons prendre le problème à la hauteur de l?enjeu. Nous avions fait adopter le principe d?une modulation des dotations éducatives en 2019 et le dispositif s?est concrétisé lors du dernier Conseil. Mais nous avons aussi voté en décembre 2020 une augmentation des dotations de fonctionnement du privé, annulant en partie les effets de la première mesure. Nous voudrons revenir à l?avenir sur ce point.

Enfin, sur les capteurs de CO2 visant à lutter contre le Covid, la communication se félicite de la commande enfin de 2.400 capteurs, mais alors que nous alertions en septembre de l?an dernier déjà sur l?urgence de les commander pour septembre 2021, nous constatons que ces capteurs ne sont toujours pas là, alors que la cinquième vague arrive. Nous n?avons pas été assez prévoyants, nous redemandons un déploiement rapide concernant toutes les classes.

Laissez-moi conclure sur deux ambitions pour l?avenir.

La première concerne les séjours scolaires et, par exemple, les séjours de découverte. Ce sont des moments souvent structurants pour les jeunes de découverte du monde, particulièrement utiles pour les jeunes des classes populaires. Nous pourrions nous fixer l?ambition que tout jeune Parisien scolarisé dans le public puisse partir une fois dans sa scolarité en séjour scolaire.

Deuxième ambition : développer l?accueil de tous les collégiens hors du temps scolaire. Sur le modèle du périscolaire des écoles, nous pourrions développer un péri-collège qui permettrait aux jeunes d?être accompagnés tout au long de leur journée par des adultes, pour les aider ou leur faire découvrir de nouveaux savoirs ou de nouvelles activités.

Nous saluons donc les actions de notre Ville et continuons à militer pour aller plus loin, car une éducation de qualité pour tous les enfants est essentielle pour une société du partage et du vivre ensemble.

Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

La parole est à Mme Béatrice LECOUTURIER pour le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes.

Mme Béatrice LECOUTURIER. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, à Paris, la promesse d?un avenir meilleur porté par notre jeunesse est plus que jamais une nécessité absolue.

Monsieur le Maire, il était temps de nous présenter au mois de novembre une communication sur l?éducation à Paris, alors qu?a disparu la traditionnelle communication de rentrée. Bref, c?est septembre en novembre.

Dès la première ligne de votre communication, vous nous annoncez que Paris est la ville de la jeunesse et des familles. C?était osé de l?annoncer dès la première ligne. En effet, lors du précédent Conseil de Paris, j?avais interpellé la Maire sur l?inquiétante baisse des 6.000 élèves en primaire à la rentrée 2021, confirmant une fuite historique des familles à Paris. Or, il est regrettable que ce chiffre, pourtant si alarmant, n?apparaisse nulle part dans cette communication.

Cette amnésie en dit long sur les familles à Paris. Elle prouve bien qu?elles ne sont malheureusement pas votre priorité et que 6.000 élèves en moins à Paris se résume à des classes moins surchargées, comme nous l?a répondu l?Exécutif parisien. Un désamour s?est bien installé entre Paris et les familles, donc les élèves, un désamour que vous avez amorcé et qui ne fait que s?accentuer.

Car au-delà de l?effet Covid, les conditions de vie à Paris n?encouragent guère les familles à rester, et encore moins à les attirer. Logement, transports et mobilités, sécurité, propreté : des indicateurs qui sont au rouge et pourtant essentiels au bien-être des familles et de leurs enfants.

Lorsqu?on lit votre communication, tout semble parfait. Même s?il est vrai qu?un certain nombre de mesures fonctionne bien, et c?est tant mieux pour nos jeunes Parisiens, dans la réalité tout n?est pas aussi parfait.

Pointer malgré tout des faiblesses dans certains domaines, c?est aussi se grandir, c?est reconnaître que tout ne marche pas aussi bien qu?on le souhaiterait. C?est aussi se laisser une marge de man?uvre et de progrès. C?est accepter que l?on peut se tromper en politique, que l?on est à l?écoute des Parisiens et de fait rectifier le tir.

Alors je ne reviendrai pas sur le choix qu?a fait la Ville de Paris sur la semaine des quatre jours et demi. En revanche, nous nous interrogeons sur les horaires d?ouverture des classes à 8 heures et demie. En effet, vous rappelez que 71 % des familles sont actives, voire biactives. Et vous le savez, à Paris plus qu?ailleurs, déposer ses enfants à l?école avant d?aller travailler est un véritable parcours du combattant, plus encore lorsqu?il y a plusieurs enfants à déposer entre la crèche, l?école, voire le collège.

Monsieur le Maire, notre groupe demande qu?une véritable réflexion soit menée au niveau de la Ville et des élus, afin qu?un accueil soit proposé dès 8 heures le matin. En effet, cela va dans le sens d?une demande des familles pour le bien-être des enfants, comme celui de leurs parents, afin que la journée ne commence pas dans la précipitation ni le stress.

Ma collègue Samia BADAT-KARAM l?a très bien dit, aujourd?hui c?est la Journée contre le harcèlement scolaire et malheureusement rien n?apparaît ou tellement peu dans la communication. Et pourtant, la Ville de Paris s?honorerait à présenter un véritable plan contre ce harcèlement scolaire qui empoisonne nos enfants dès le primaire et évidemment les collégiens également.

La Ville de Paris possède malgré tout de véritables atouts pour la réussite de tous les jeunes Parisiens. Je pense aux professeurs de la Ville de Paris, aux écoles d?ingénieurs de la Ville de Paris, l?E.I.V.P., l?E.P.S.I. Je pense à l?école Boulle, Duperré, Du Breuil. Je pense à tout cet écosystème culturel dont peuvent bénéficier nos écoliers, nos collégiens, nos lycéens.

Paris, c?est toute cette histoire qui s?est construite autour du savoir et dont nous sommes les héritiers. Il vous revient de faire renaître cette envie en ayant de l?ambition pour nos jeunes. Je ne retrouve malheureusement ni vision ni ambition dans cette communication, qui est davantage une gestion quotidienne qu?un véritable souffle éducatif pour notre ville.

Un territoire éducatif, c?est avant tout un espace qui rassemble, qui apaise et qui sécurise ceux qui y apprennent. Or, force est de constater que les conditions ne sont plus réunies. En témoignent encore une fois les 6.000 élèves qui se sont évaporés de Paris à la rentrée 2021.

Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

La parole est à Emmanuel COBLENCE pour le groupe Paris en commun.

M. Emmanuel COBLENCE. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, cette communication "Paris, territoire éducatif", alors que la rentrée scolaire et universitaire s?est déroulée récemment, est effectivement une bonne opportunité de faire un point d?étape. Mais avant mon intervention, je ferai une remarque préalable, en réaction à l?intervention de nos collègues Samia BADAT-KARAM, et Béatrice LECOUTURIER à l?instant.

Chères collègues, vous regrettiez tout à l?heure que, je cite, "la problématique du harcèlement scolaire ne soit jamais abordée en 6e Commission". Mais venez en 6e Commission, chères collègues. Venez en 6e Commission avant d?asséner des contrevérités pareilles ! Vous verrez, Madame BADAT-KARAM, qu?il n?y a pas eu une séance de la 6e Commission depuis cet été, pas une seule sans que Dominique VERSINI ou Patrick BLOCHE n?évoque les dispositifs de lutte contre le harcèlement scolaire. Pas une seule ! Pour ce Conseil encore, c?est le projet de délibération sur la Maison de Marion sur lequel nous reviendrons tout à l?heure. Votre groupe Changer Paris cherche à allumer des contre-feux plutôt que de parler du fond et c?est vraiment très dommage.

Dans cette intervention, je me centrerai sur le premier degré : les écoles maternelles et élémentaires.

Cette année, ce sont donc 112.875 élèves qui sont scolarisés dans les 645 écoles publiques parisiennes. Des effectifs qui sont en forte baisse, c?est indéniable, mais dans un contexte très particulier, reconnaissons-le : un contexte de diminution tendancielle de la natalité, un contexte bien sûr fortement marqué par la crise sanitaire qui a conduit certaines familles à choisir un nouveau mode de vie, à quitter nos grandes villes pour pouvoir profiter d?un jardin, aidées en cela par l?évolution des pratiques d?entreprises favorisant le télétravail.

Au-delà des chiffres, je voudrais détailler les avancées de cette rentrée autour de deux thématiques. D?abord, un périscolaire de qualité dans nos écoles.

Paris, vous le savez, a choisi de maintenir l?organisation du temps scolaire comprenant cinq matinées d?apprentissage, cette organisation étant jugée de l?avis unanime - j?insiste, unanime des chronobiologistes - la plus favorable aux apprentissages. Dans ce cadre, les activités périscolaires revêtent une importance cruciale.

Un nouveau marché relatif aux Ateliers bleus et aux temps d?activités périscolaires, notifié en mai 2021, a permis pour cette rentrée scolaire 2021-2022 de proposer aux élèves du premier degré de nouveaux ateliers autour de la santé et du bien-être, un axe développé dans le cadre du projet éducatif de territoire et dont l?acuité a été renforcée par les conséquences de la crise sur les enfants. Chaque semaine, plus de 2.600 enfants de nos écoles élémentaires parisiennes bénéficient ainsi de cette nouvelle offre d?ateliers, leur permettant d?apprendre à s?alimenter sainement, à se relaxer, à réguler leurs émotions et à prendre confiance en eux.

Nous proposons aussi une offre plus équilibrée, plus diversifiée entre toutes les thématiques, arts du spectacle, image, cinéma, arts plastiques, loisirs créatifs, sciences et techniques, découverte des civilisations, des langues, du patrimoine, environnement, prévention, santé, bien-être, sur l?ensemble du territoire, permettant ainsi aux enfants parisiens d?avoir accès à une très grande diversité d?activités périscolaires. C?est cela, la réalité de cette rentrée.

Si, par le passé, une certaine instabilité des prestataires intervenant aux T.A.P. et Ateliers bleus avait pu être constatée, des conditions applicables au nouveau marché sont édictées désormais, en prévoyant des pénalités pour inciter à la stabilisation des acteurs intervenant auprès des enfants. Par ailleurs, des obligations de formation continue des intervenants ont été renforcées. Tout cela est évidemment très positif et il faut le souligner.

Deuxième thématique : une alimentation toujours plus saine, toujours plus durable.

Depuis 2009, nous nous sommes engagés dans une politique de développement durable de l?alimentation, confirmée en 2015 avec l?adoption du plan d?alimentation durable 2015-2020, qui fixait comme objectif de servir 50 % d?alimentation bio et durable dans l?ensemble des restaurants collectifs de la ville, dont ceux des crèches et des établissements scolaires. Cet objectif a été largement atteint, puisqu?en 2021 les taux d?alimentation "bio" et durable servie dans les assiettes sont de 73 % pour les crèches et de 54 % pour la restauration scolaire avec un niveau élevé de saisonnalité des produits.

Voilà, chers collègues, des avancées concrètes, des avancées tangibles pour la qualité des activités périscolaires et pour la qualité de la restauration scolaire.

Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est à Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers collègues, je partage ce qu?ont pu dire les différents intervenants pour dire que l?Education nationale, l?école, les affaires scolaires, toutes ces thématiques préparent l?avenir. Ce sont les conditions mêmes de l?émancipation et cela doit donc toujours être la priorité des priorités.

Moi, je souhaiterais intervenir sous un angle un peu différent, notamment de celui de M. AQUA qui estimait que, face à l?austérité des politiques gouvernementales, on pouvait être fiers de l?implication de la Ville.

Evidemment, nous sommes d?accord sur la critique de la politique gouvernementale en la matière, qu?il s?agisse du gel du point d?indice, de toutes les réformes ou plutôt contre-réformes de BLANQUER, des nombreuses suppressions de postes et, de la maternelle à l?enseignement supérieur, de la casse terrible contre l?école, contre l?Education nationale dans le bilan de cette politique gouvernementale.

Est-ce que pour autant tout se passe bien à Paris ? D?abord, nous subissons l?impact de toutes ces politiques qui - je pense que tout le monde en conviendra - sont terribles. Cela veut dire, pour ne donner que quelques exemples, que dans le premier degré on ne retrouve pas les équipes R.A.S.E.D. qui seraient si nécessaires pour la prévention des problématiques de décrochage scolaire et des difficultés d?adaptation.

Que ce soit dans le primaire ou dans le secondaire, les insuffisances de postes sont très problématiques, avec des difficultés fréquentes d?absence de remplacements et une dégradation des conditions de taux d?encadrement avec des augmentations d?absences vraiment problématiques. On le dit souvent, la situation pour les A.E.S.H., pour les enfants en situation de handicap, est vraiment une honte, quand on regarde la faible rémunération, le sous-effectif, et le manque de formation pour celles et ceux qui font ce travail si essentiel du lien et de l?accompagnement des enfants en situation de handicap. Et on pourrait continuer.

Mais dans ce qui relève des compétences de la Ville, prenons d?abord le bâti, les écoles. Eh bien, non ! Il y a beaucoup de difficultés encore au niveau des écoles et cela a beau faire maintenant vingt ans que vous dirigez la ville, sur vingt ans il faudrait un jour quand même faire l?état des lieux des travaux et des retards de travaux sur les écoles.

Alors, certes heureusement il y a les programmes de réhabilitation climat sur les écoles, qui permettent d?accélérer pour certaines, mais on sait que bien souvent la tendance est d?aller chercher dans les budgets participatifs pour pouvoir faire les travaux nécessaires des écoles. Certains élus racontent aussi dans leurs arrondissements comment, y compris pour les toilettes, ils sont obligés d?aller chercher dans le budget participatif pour qu?elles soient au minimum correctes. C?est une situation tout de même gravissime, on ne devrait pas aller piocher dans le budget participatif pour faire ce qui est essentiel.

Concernant les salaires des personnels qui dépendent de l?Education nationale, tout le monde a en mémoire comment la Maire de Paris, candidate à la présidence de la République, a fait cette proposition d?augmenter par deux le salaire des enseignants. Et pourtant, sur la revalorisation des agents qui interviennent auprès des enfants et qui dépendent de la Ville de Paris, qu?il s?agisse des A.S.E.M., des A.T.E., des P.V.P., la situation est beaucoup plus problématique. Ce sont des effectifs qui sont insuffisants, ce sont des primes qui pourraient être allouées et qui ne le sont pas forcément. Je conçois que la Mairie de Paris ne peut pas évidemment à elle seule modifier l?indice, mais il y a de nombreux leviers sur lesquels elle pourrait agir et elle ne le fait pas.

On parlera d?ailleurs des professeurs des cours pour adultes, je pense en décembre, mais je vous invite à revoir complètement votre copie face à la colère légitime des professeurs des cours pour adultes sur la dégradation de leur salaire que vous vous apprêtez à faire avec votre contre-réforme.

Je n?ai pas assez de temps pour reparler de l?aménagement des rythmes éducatifs sur lesquels il y aurait bien à dire. On pourrait aborder aussi la cantine, où en vingt ans vous n?avez toujours pas réussi à créer les conditions d?une titularisation des cantinières, dont beaucoup restent toujours très précaires avec des salaires de misère. Et certains ont parlé des classes de découverte et des Ateliers bleus, mais combien allons-nous en avoir à l?arrivée ?

Il me reste quelques secondes pour vous poser la question : dans quel axe du P.E.D.T. figure l?action qui vous a amenés à donner 35.000 euros pour promouvoir le porte-avions Charles-de-Gaulle dans les écoles ?

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci de conclure.

Mme Danielle SIMONNET. - Dans toutes les classes de CM2, un kit a été donné dans les classes pour vanter, avec un petit livre ludique, le porte-avions et les entreprises "Naval Group" et "TechnicAtome" qui sont les fabricants du Charles-de-Gaulle. Franchement, revenez sur le harcèlement scolaire, ce serait plus intéressant que ce porte-avions.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci, Madame SIMONNET.

La parole est à Mme Anne-Claire TYSSANDIER, pour le groupe Changer Paris et pour présenter le v?u n° 76, pour trois minutes.

Mme Anne-Claire TYSSANDIER. - Madame la Maire, mes chers collègues, juste quelques petits mots.

A l?occasion de cette Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, il me semble que ce sujet mérite mieux que des anathèmes que l?on se lance les uns les autres. Je pense que du côté du groupe Changer Paris, de mes collègues, Samia BADAT-KARAM qui est intervenue et Mme MALACHARD DES REYSSIERS, l?objectif est vraiment de travailler avec vous main dans la main pour poursuivre, pour pouvoir proposer un véritable plan parisien de lutte contre le harcèlement scolaire.

C?est une cause qui m?est chère et c?est dans ce cadre que j?ai souhaité déposer un v?u avec mes collègues Philippe GOUJON et Agnès EVREN.

Selon le baromètre national "Marion La main tendue", réalisé avec l?IFOP et le soutien de la Région Ile-de-France, plus d?un Français sur deux indique ainsi avoir subi, de façon répétée et continue, au moins une forme de violence. Cela veut donc dire que nous devons agir sur tous les fronts : le scolaire, le périscolaire, le parascolaire.

Nora FRAISSE, présidente de l?association "Marion La main tendue", pour laquelle j?ai une profonde admiration, appelle cela les "6 C", c?est-à-dire les six lieux où le harcèlement se fait majoritairement : chemin de l?école et des activités péri-éducatives, classe, cantine, couloir, cours de récréation et bien entendu les commodités, c?est-à-dire les vestiaires et les toilettes.

Le harcèlement revêt des formes très multiples et peut conduire malheureusement de jeunes enfants et de jeunes adolescents à mettre fin à leurs jours. Permettez-moi d?avoir ici, en notre nom à tous, une pensée pour ces familles brisées par la perte de leur enfant. Nous ne pouvons nous y résoudre et, face à la recrudescence de tels actes, nous devons tout mettre en ?uvre pour informer, agir, soutenir et sanctionner.

Alors, parce que l?on sait que les risques de harcèlement sont plus grands en fin d?école primaire et de collège, nous souhaitons que tous les personnels éducatifs des caisses des écoles mais aussi les animateurs de la Ville puissent bénéficier d?une formation spécifique quant à la prévention, à la détection des cas de harcèlement et de cyber-harcèlement.

Nous proposons aussi qu?une Charte parisienne de lutte contre les violences scolaires et le harcèlement soit élaborée et que toutes les associations subventionnées par la Ville, en lien avec les enfants et les jeunes adolescents parisiens, puissent signer cette charte, et que les subventions que la Ville de Paris octroie soient conditionnées à la signature de cette charte.

Paris se doit d?être exemplaire en matière de lutte contre le harcèlement et je salue les avancées, et notamment le soutien que vous avez apporté à l?association "Marion La main tendue" qui va permettre l?ouverture d?une antenne, dont l?inauguration a eu lieu ce matin dans le 13e arrondissement, dédiée aux parents et aux professionnels.

Mais le compte n?y est pas, il manque encore tant de choses à faire pour qu?enfin les parents et les enfants puissent être tranquilles et que l?on évite autant de drames possibles. C?est vraiment un sujet qui me touche personnellement et j?espère que vous aurez à c?ur de nous entendre sur cette cause. Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci, Madame TYSSANDIER.

La parole est à Mme Delphine MALACHARD DES REYSSIERS pour le groupe Changer Paris et la présentation du v?u n° 78 en trois minutes.

Mme Delphine MALACHARD DES REYSSIERS. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, le harcèlement scolaire est un fléau qui touche 1,2 million d?élèves en France. Rumeurs, souffrances, insultes, humiliations, coups, discriminations, suicides sont des mots qu?il ne faut pas prendre l?habitude de lire ni d?entendre. Le harcèlement, si on n?en parle pas, cela ne s?arrête pas. Il peut détruire un individu et ruiner une scolarité en quelques heures.

Dans le 8e arrondissement, nous organisons plusieurs fois par an des réunions d?information et de prévention sur la sécurité au sein des établissements scolaires, avec l?aide des policiers de la Mission de prévention, de contact et d?écoute. Parmi les thèmes habituellement abordés figurent les vols et agressions, la prévention des addictions, le racket, les discriminations, les dangers d?Internet, mais pas assez le harcèlement. Or, un enfant sur dix est harcelé à l?école et 20 % des élèves seraient victimes de cyber-harcèlement.

Les chefs d?établissement nous alertent sans cesse sur la vulnérabilité des élèves face à ce fléau. En effet, l?évolution des formes et des motifs de harcèlement est très rapide, comme on a pu le voir avec les élèves de 6e nés en 2010 qui ont souffert en cette rentrée au collège de cette campagne #anti2010. Ce développement inquiétant des phénomènes de harcèlement en ligne et l?influence grandissante des réseaux sociaux, avec la diffusion de photos y compris intimes, perturbe gravement la scolarité des élèves victimes.

Dinah, 15 ans, en a été la preuve en mettant fin à ses jours, après deux ans de harcèlement scolaire. Et comme bien souvent dans ces situations dramatiques, personne n?a su détecter les signaux pour lancer l?alerte. Comment, en France, un élève peut-il subir plusieurs années de harcèlement sans qu?aucun camarade, aucun enseignant, aucun proche ne s?en rende compte ?

Nous ne pouvons pas accepter qu?à chaque suicide d?un élève, passé l?indignation, la vie scolaire reprenne son cours dans l?indifférence. C?est la raison pour laquelle, à travers ce v?u, nous souhaitons mettre en alerte l?ensemble des acteurs au contact des jeunes, afin de déceler les situations difficiles.

Alors, oui, il existe la Journée internationale des droits de l?enfant, le 20 novembre, il y a eu aussi l?ouverture de la Maison de Marion en 2020, mais ce n?est pas assez pour stopper ce phénomène destructeur. C?est pour cette raison que nous vous proposons ce v?u, afin que la Maire de Paris consacre la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire comme grande cause municipale en 2022.

Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci à toutes et à tous pour vos interventions.

Pour vous répondre, je donne la parole d?abord à Patrick BLOCHE, qui sera suivi par Dominique VERSINI.

M. Patrick BLOCHE, adjoint. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

Merci, chers collègues, de vos interventions, avec les nuances qui existent évidemment suivant que l?on appartient à la majorité municipale ou à l?opposition. Mais merci vraiment de votre engagement sur ces sujets qui nous mobilisent, puisqu?il s?agit évidemment de l?avenir de notre ville et de l?avenir du pays, à travers les politiques publiques que nous mettons en place à l?égard des plus jeunes de nos concitoyennes et de nos concitoyens.

Et c?est vrai, Paris en ce domaine se veut un territoire éducatif de qualité, avec des politiques très volontaires et l?idée, c?est important, d?un continuum éducatif. Entre la crèche et l?école maternelle, puis l?école élémentaire, le collège jusqu?au lycée, il s?agit que nous travaillions collectivement sur des passerelles qui permettent aux enfants de franchir dans les meilleures conditions ces différentes étapes.

Cette communication annuelle de rentrée scolaire et universitaire, de rentrée des familles, fait référence à deux documents, dont nous avons déjà parlé en cette enceinte : le Schéma parisien des services aux familles et le projet éducatif de territoire, que nous venons de signer pour les cinq ans qui viennent et qui, comme vous le savez mais je me permets de le rappeler, est désormais ouvert aux tout-petits.

Alors, partageons ce qui fait de Paris une collectivité particulièrement engagée sur ces enjeux.

Paris - cela a été rappelé par plusieurs intervenantes et intervenants - reste et de loin le premier département de France pour l?accueil des tout-petits, puisque 62,5 % des enfants de moins de 3 ans peuvent bénéficier d?une place dans une structure d?accueil collectif. Et nous espérons effectivement que l?atténuation progressive de la crise sanitaire, même si on nous annonce le contraire, permettra de libérer toutes les places disponibles.

Et parce que j?ai rencontré récemment des adjoints de grandes métropoles françaises en charge des affaires scolaires, comme c?est mon cas, ayons à l?esprit qu?à Paris nous avons dans les écoles un adulte pour 6 enfants, quand le ratio dans d?autres grandes métropoles, que je ne citerai pas, est en général d?un adulte pour 20 enfants.

Donc je voudrais que nous prenions en compte les efforts qui sont faits, y compris sur un sujet souvent évoqué, qui est celui des A.S.E.M., compte tenu des problèmes d?absences le plus souvent légitimes qui font que tous les personnels, qui prennent en charge les élèves des écoles maternelles, ne sont pas forcément présents. C?est presque un A.S.E.M. par classe, c?est un A.S.E.M. pour 21,8 élèves quand la moyenne par classe est de 21,2 en maternelle.

Ce sont évidemment les.. (Inaudible) à cinq classes, ce sont les 750 P.V.P., ce sont les cours d?adultes et nous avons même le seul lycée d?adultes à Paris, ce sont les responsables lecture dans les E.P.L. et les B.C.D., ce sont les équipes d?animation pilotées par la responsable éducative Ville, ce sont des gardiennes et des gardiens dans chaque école. Ayons, chers collègues, cette fierté d?être une ville qui fait bénéficier les plus jeunes d?entre nous de moyens tout à fait exceptionnels, et je remercie d?ailleurs les 17 maires d?arrondissement pour leur engagement.

Vous avez évoqué, mais nous avons aussi souvent évoqué ces questions notamment à travers le plan d?alimentation durable que porte Audrey PULVAR, les enjeux de l?alimentation durable et bio.

Comme j?ai peu de temps pour vous répondre et compte tenu de la richesse de vos interventions, je souhaiterais terminer sur les enjeux du harcèlement scolaire. Le hasard du calendrier fait que c?est effectivement aujourd?hui la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Je voudrais vous remercier, Anne-Claire TYSSANDIER et Delphine MALACHARD DES REYSSIERS, de la tonalité de vos interventions qui traduisent le fait tout simplement que nous devons aborder, je l?espère du moins, ce sujet de la manière la plus consensuelle qui soit. Et je remercie le président de la 6e Commission, Emmanuel COBLENCE, de rappeler que nous ne parlons pas qu?un seul jour par an, c?est-à-dire aujourd?hui, du harcèlement scolaire. En l?occurrence, j?associe à mes propos, mais elle interviendra dans un instant, Dominique VERSINI qui est très mobilisée en ce domaine.

De ce fait, le groupe Changer Paris ayant déposé trois v?ux sur le harcèlement scolaire, j?ai souhaité que notre Assemblée se retrouve sur un v?u que je vous propose. Il amènera à ce que nous puissions collectivement nous mobiliser, au-delà de ce qui est déjà fait parce que des choses sont faites, notamment sur la formation et dans le domaine de la formation des agents municipaux.

Mais Mme Béatrice LECOUTURIER, je vous rassure, je serai le dernier à dire ici que tout est parfait. Nous devons chaque jour aller plus loin et progresser, et dans le domaine du harcèlement scolaire, même si l?Education nationale joue un rôle évidemment essentiel, nous devons collectivement aller plus loin et j?espère que les trois v?ux seront retirés au bénéfice de ce v?u qui vise à nous rassembler sur ce sujet essentiel. Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

La parole est à Dominique VERSINI.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Merci, cher Patrick BLOCHE, de me donner la parole pour répondre, en ce jour de la Journée nationale du harcèlement, à mes collègues qui ont porté des v?ux, mais dont certains m?ont quand même pour le moins surprise.

Madame BADAT-KARAM, vous dites que nous ne faisons rien sur le harcèlement scolaire, mais nous avons voté à l?unanimité, vous avez voté à l?unanimité un Plan parisien de lutte contre les violences faites aux enfants en juin, ce n?est pas vieux. Je sais bien que l?on est tous sur nos sillons et que l?on s?intéresse à nos sujets, mais quand même. Et j?ai inauguré aujourd?hui, avec Emmanuel COBLENCE et la Ministre en charge du sujet, la vice-présidente de la Région, une "Maison de Marion" qui est basée dans le 13e arrondissement pour tout Paris.

J?avoue que je suis un peu "scotchée", comme disent les jeunes. Je suis vraiment "scotchée" parce que je considère que de dire que l?on ne fait rien sur le harcèlement et que rien n?est prévu, ce n?est pas vrai. Avec Patrick BLOCHE, nous avons travaillé et nous sommes quinze adjoints à avoir produit le Plan parisien de lutte contre les violences faites aux enfants.

Vraiment, je suis surprise et surtout en ce jour très sérieux où vous avez parlé du décès de Dinah. Ce matin, nous étions avec Nora FRAISSE, qui a perdu sa fille Marion, il y a neuf ans. Quand même, comment pouvez-vous dire cela ? Mais demandez à Nora FRAISSE si Paris n?est pas à ses côtés pour ouvrir un lieu pour les enfants. Demandez à l?Education nationale si on ne travaille pas ensemble. Demandez aux directeurs du 119, du 3020, du 3018. Lisez les tweets, les LinkedIn et compagnie.

Paris est vraiment là pour accompagner les parents. C?est la Mission des droits de l?enfant qui va dans tous les établissements scolaires et les centres de loisirs, qui parle depuis un an et demi aux enfants de leurs droits fondamentaux, dont le droit à ne pas subir de violences et de harcèlement. C?est tout cela.

Je suis désolée, je vous le dis avec beaucoup de respect, mais je suis assez choquée.

Effectivement, le v?u que l?on présente avec Patrick BLOCHE fait la synthèse et vous rappelle tout ce qui est fait par Paris. Même s?il y a toujours des choses à améliorer, je vous invite quand même à le voter. Vous ne pouvez pas maintenir des v?ux qui disent que Paris ne fait rien.

Je vous le dis, je suis ancienne Défenseure des enfants, autorité indépendante de l?Etat, et d?ailleurs il y aurait encore un défenseur des enfants indépendant si Nicolas SARKOZY ne l?avait pas fait supprimer pour le faire inclure dans une autorité globale qui fait, certes, son travail. Donc vraiment, sur ce, je trouve indignes vos propos et je ne les accepte pas.

Ah ! Oui, je suis parfaitement passée à gauche si c?est votre demande, absolument ! Absolument parce que cela correspond aux valeurs humanistes que je porte et que portait Jacques Chirac en son temps.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci beaucoup.

En réponse aux v?ux n° 76, n° 77 et n° 78, l?Exécutif a déposé le v?u n° 78 bis.

Est-ce que le groupe Changer Paris retire les v?ux n° 76, n° 77 et n° 78 ou l?un d?entre eux ?

Je comprends que les trois v?ux sont maintenus. C?est bien cela ?

Les trois v?ux sont donc maintenus et ils reçoivent tous les trois un avis défavorable.

Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 76 du groupe Changer Paris avec un avis défavorable de l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ? Qui s?abstient ? Le v?u n° 76 est rejeté.

Je mets aux voix, à main levée, le v?u n° 77 avec un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ? Qui s?abstient ? Le v?u n° 77 est rejeté.

Je mets aux voix, à main levée, le v?u n° 78 avec un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u n° 78 est rejeté.

Le v?u n° 78 bis de l?Exécutif.

Pardon, je crois qu?il y a une explication de vote de Mme Raphaëlle RÉMY-LELEU du groupe Ecologiste de Paris sur le v?u n° 78 bis de l?Exécutif.

Mme Raphaëlle RÉMY-LELEU. - Absolument, Monsieur le Maire, je vous remercie.

En cette Journée nationale contre le harcèlement scolaire, merci, chers collègues, pour vos différents v?ux. Le groupe Ecologiste se félicite que les élus de Paris s?emparent du sujet de manière, on l?espère, plus efficace que ce qui est proposé par l?Education nationale.

Pour reprendre une analyse proposée aujourd?hui par la journaliste et essayiste Fiona SCHMIDT, il n?est pas possible de lutter contre le harcèlement scolaire et en même temps contre l?islamo-gauchisme. La mort de Dinah en a été un terrible rappel.

Libérer la parole raciste, sexiste, lesbophobe et homophobe dans ce pays n?est pas sans conséquences. Je suis donc étonnée de la manière un peu déconnectée dont nous débattons du harcèlement scolaire. La haine génère de la violence, ce constat doit être assumé. Car la protection des enfants dans les cadres scolaire et périscolaire, mais aussi dans les cadres privés est une de nos priorités.

J?espère donc que ce v?u pourra donc être adopté à l?unanimité, marquant ainsi l?unité et la résolution de notre Conseil.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Merci.

Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 78 bis déposé par l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ? Qui s?abstient ?

Le v?u est adopté. (2021, V. 346).

Je vous remercie.

Le v?u n° 79 du groupe "Indépendants et Progressistes" a reçu une demande d?amendement. Est-ce que l?amendement est accepté ?

Il me semble qu?il y a eu une proposition d?amendement à votre v?u n° 79.

Mme Florence BERTHOUT, maire du 5e arrondissement. - Est-ce que ce n?est pas "gère" mais "travaille" ? Est-ce cela ? Pardon ? Je suis désolée, je n?ai pas l?amendement. Est-ce "travaille" ? Oui, je suis d?accord avec l?amendement.

M. Paul SIMONDON, adjoint, président. - Bien. Il me semble que l?amendement a été maintenant clarifié et qu?il est accepté.

Je mets aux voix, à main levée, le v?u n° 79 ainsi amendé, avec un avis favorable de l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ? Qui s?abstient ?

Le v?u amendé est adopté. (2021, V. 347).

Je vous remercie.

Comme il s?agit d?une communication, il n?y a bien sûr pas de vote sur le projet de délibération SG 85.

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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