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2021 DASES 265 - Avenant à la convention avec la Société coopérative d’intérêt collectif Richerand pour la réhabilitation des locaux et la réorganisation des services et offres de santé du CNS Richerand.


 

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASES 265 concernant un avenant avec la société coopérative d'intérêt collectif Richerand, pour la réhabilitation de locaux. Je donne la parole pour commencer au président du groupe Communiste et Citoyen, Nicolas BONNET-OULALDJ.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Merci, Monsieur le Maire, un chiffre à retenir : 38.000 consultations annuelles en secteur 1.

Je dis bien en secteur 1, parce que c'est l'offre de santé essentielle assurée par le centre de santé Richerand dans le 10e, qui sans l'intervention de la Ville et du groupe communiste aurait à ce jour mis la clef sous la porte. Et donc, nous n'aurions pas cette offre en secteur 1.

Ce que je veux dire à travers cette intervention, c'est surtout notre rôle d'une vraie politique de santé municipale par l'investissement de la Ville dans les équipements de santé publics ou associatifs en l'occurrence. Il s'agit en l'occurrence d'une association et d'une coopérative dont la logique n'est pas la rentabilité, mais le soin des patients, et ce sont des structures qui répondent à un besoin de santé en particulier dans les quartiers populaires.

Alors oui, il existe des solutions pour maintenir à Paris l'offre de santé en secteur 1, à condition qu'il y ait une intervention publique qui fait le choix d'investir dans la santé et dans les quartiers populaires.

C'est d'ailleurs pour cela qu'à travers le débat d'orientation budgétaire, hier encore ma collègue Barbara GOMES a insisté sur la nécessité d'investir dans les centres de santé publics, qu'ils soient municipaux ou coopératifs, comme c'est le cas de Richerand.

Je rappelle aussi qu'un tiers des Parisiens aujourd'hui renoncent à se soigner par peur des dépassements d'honoraires et que l'offre de soins en secteur 1 se raréfie dans notre ville. Le sujet est mathématique, plus l'investissement public est présent, plus on maintient et on développe l'accessibilité aux soins et on répond aux besoins de la population.

Le centre Richerand est un exemple parfait, il a su trouver des solutions pour restaurer ce centre en difficulté financière, pour fonder un projet encore plus ambitieux pour l'offre de soins dans le 10e arrondissement.

Je voudrais aussi dire l'efficacité de cet équipement public associatif qui ne se mesure pas à la différence entre les recettes et les charges, et ce n'est pas le déficit qu'il faut voir, mais le reflet d'un service financé par la commune au service des habitants.

La première vocation de ces centres est de répondre donc à la carence de l'offre de secteur 1 de proximité, notamment en médecine générale, mais surtout en médecine spécialisée, voire dans le domaine paramédical.

Richerand en est la preuve, c'est un centre qui connaît de graves difficultés financières, qui ont failli le faire fermer et qui rendrait déjà un service inestimable aux habitants. Je vous rappelle aussi qu'en 2016, j'avais déposé, au nom du groupe communiste, des amendements budgétaires qui demandaient à la Ville de participer aux travaux du Centre et c'est ainsi qu'un amendement de l'Exécutif avait été adopté, actant le soutien de la Ville, et notamment l'implantation du centre de victimologie de Paris en son sein. Cet amendement prévoyait également une subvention d'investissement qui a été attribuée à cet effet. En juillet 2019, après étude du projet de la DASES, le Conseil de Paris a voté l'attribution d'une subvention de 1 million d'euros pour la restructuration et la réorganisation du centre Richerand, conformément au projet porté par le groupe Communiste et les praticiens du Centre. Le programme des travaux a débuté. Un acompte de 500.000 euros a été versé, et aujourd'hui le projet de délibération propose le versement du paiement du solde restant, soit 500.000 euros. A ce jour, les travaux du sous-sol, du rez-de-chaussée et du 2e étage sont achevés, mais pour autant, le Centre est toujours à la recherche de 800.000 euros pour réaliser les travaux du 1er étage pour des soins dentaires, des soins OPH et de prévention, et pour l'administration. Le Centre a sollicité les services de la Ville à ce sujet, mais aujourd'hui n'a pas eu de réponse. C'est pourquoi je me permets, à travers ce projet de délibération, de relancer cette demande et de vraiment assumer pleinement cette logique de l'investissement public pour des centres de santé de ce type, qu'ils soient coopératifs ou municipaux. C'est ainsi que l'on pourra développer une vraie politique de santé publique à l'échelle de Paris et dans l'ensemble des quartiers prioritaires. Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup.

La parole est maintenant à M. Sylvain RAIFAUD.

M. Sylvain RAIFAUD. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, le centre de santé Richerand était un grand sujet d'inquiétude au début du dernier mandat, dans la situation dans laquelle il se trouvait. Ce n'est plus un sujet d'inquiétude et je voulais saluer cette implication de la Municipalité, notamment Anne SOUYRIS, les maires successifs du 10e, Rémi FÉRAUD et Alexandra CORDEBARD, ainsi que les élus communistes et écologistes du 10e arrondissement. Le centre de santé est sans but lucratif, administré par les salariés, des collèges de sociétaires de la filière de santé, partenaires et responsables d'un projet partagé dans l'intérêt des patients, et on voit là tout l'intérêt de l'économie sociale et solidaire portée dans notre ville par Florentin LETISSIER.

Ce projet de délibération est important, parce que c'est important de maintenir une offre de santé accessible, avec des centres de santé pluridisciplinaires, c'est tout le sens de notre projet pour la santé à Paris. La préservation et le développement de l'offre de santé de proximité sont une priorité de notre municipalité en complément de la médecine hospitalière, et je voulais le souligner.

C'est une coopérative, on propose une subvention et donc, j'ai une question que je voulais poser à Anne SOUYRIS : est-ce que l'option d'une entrée au capital de la Ville a été étudiée comme alternative au subventionnement, ce qui permettrait à la Ville d'être intégrée à la gouvernance de l'établissement et d'assurer ainsi la cohérence de l'action du centre de santé avec les orientations de la mairie dans ce domaine ?

Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci.

La parole est à la maire du 10e arrondissement, Alexandra CORDEBARD.

Mme Alexandra CORDEBARD, maire du 10e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire, merci, mes chers collègues, pour vos interventions. Notamment cher Nicolas BONNET-OULALDJ, il est vrai que votre groupe a ?uvré depuis de nombreuses années, y compris en étant au conseil d'administration pour certains de nos collègues aujourd'hui, du centre de santé.

Ce projet de délibération vous a donné et me donne l'occasion de redire la fierté de l'équipe municipale du 10e d'avoir sur son territoire ce projet coopératif de santé, assez unique en son genre. Projet de santé associatif, sans but lucratif, et vous l'avez rappelé, Nicolas, qui permet 36.000 consultations de secteur 1, c'est énorme !

On voit à quel point cela complète le dispositif médical sur le territoire.

Dans ce contexte marqué évidemment par la crise sanitaire, ce projet a su montrer, depuis maintenant trois ans, évidemment son efficacité, sa pertinence, son adéquation avec les besoins à la fois du quartier mais aussi de notre ville, du 10e en particulier, et je tiens à l'occasion de ce projet de délibération tout particulièrement à remercier évidemment son président, le docteur Alain BEAUPIN, sa directrice médicale, le docteur Jeanne VILLENEUVE, et sa directrice administrative, Julie BOITARD, parce qu'ils ont, en plus de leur travail, également accepté avec enthousiasme d'ailleurs, de porter depuis le mois de mars dernier, le centre de vaccination qui est installé au sein du 10e arrondissement.

Grâce à leur mobilisation sans faille depuis neuf mois, ce sont près de 150.000 personnes, habitants ou non du 10e arrondissement, qui ont reçu la protection vaccinale indispensable et nécessaire contre l'épidémie du Covid-19.

A travers eux, je veux aussi remercier les médecins, infirmiers, infirmières, les agents de la Ville qui ?uvrent chaque jour dans ce centre de vaccination, parfois le week-end et les jours fériés compris, pour nous permettre de maintenir une vie à peu près normale malgré la crise, et ils y ont grandement réussi.

Je tiens également à souligner le rôle prépondérant que joue le centre Richerand dans la mise en place, et c'est très important dans cette période, d'une communauté professionnelle territoriale de santé soudée dans le 10e. Depuis sa création en 2019, la C.P.T.S. du 10e a ainsi permis de renforcer les liens entre la médecine de ville et deux des hôpitaux de l'arrondissement que sont Lariboisière et Saint-Louis, et de muscler l'offre de santé ambulatoire sur le territoire.

Cela contribue dans une très large mesure et je crois qu'il faudrait que l'on s'en rende compte, à soulager la pression sur nos hôpitaux, qui manquent toujours cruellement de lits et ils en témoignent : de lits, de moyens, de personnels et ce déficit structurel a été évidemment beaucoup vu, particulièrement saillant dans le contexte de tension extrême liée à la prise en charge des patients atteints du Covid.

La crise sanitaire ayant entraîné une très grande quantité de déprogrammations d'opérations, retardant les dépistages, les irrégularités dans le suivi de maladies chroniques, le défi post-Covid, en termes de santé, celui qui est à relever est immense. Et, dans le cadre de la désertification médicale qui est celui de nos quartiers, je sais que l'on peut compter, dans le 10e, et c'est une richesse très importante, sur cette hyperstructure de santé qui permet de coordonner les interventions des acteurs.

Le centre Richerand est le fer de lance de cette communauté. C'est un des rares bénéficiaires des postes de médecins partagés avec l'hôpital Lariboisière, qui permettent un suivi des patients en ville dans un certain nombre de cas, une prise de relais sur le suivi des traitements et qui permettent aux patients qui sortent d'hospitalisation d'être mieux accompagnés.

Je veux aussi vous rappeler que ce centre Richerand accueille, outre le centre de santé, deux structures très importantes pour le 10e et pour Paris, l'Institut de victimologie qui avait été créé après 1995 et les attentats qui avaient touché Paris, à deux pas du Petit Cambodge, à deux pas du Carillon. Evidemment, cette structure prend tout son sens aujourd'hui, je ne rappelle pas la date à laquelle nous sommes.

Je veux aussi évoquer rapidement l'association "Parcours d'exil" qui, dans le centre Richerand, permet d'accompagner les exilés qui souffrent de psychotraumatismes liés soit à la torture ou aux violations graves des droits de l'Homme dans leur pays d'origine, soit simplement à ce qu'ils ont subi sur leur parcours d'exil. Association qui pour le 10e, pour Paris, est un outil indispensable d'accompagnement de ces personnes, qu'elles soient primo-arrivantes ou depuis longtemps sur notre territoire. Plus de 550 personnes fréquentent ce centre.

Mes chers collègues, vous avez entendu, par nos interventions, combien nous tenons à cette structure et nous voulons la soutenir, donc je vous invite à voter ce projet de délibération.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup.

Pour vous répondre, la parole est à Anne SOUYRIS.

Mme Anne SOUYRIS, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Vous savez à quel point notre équipe municipale est attachée à nos centres de santé, qui sont municipaux et que nous avons souhaité rénover depuis le dernier mandat. Nous avons souhaité aussi complètement les moderniser, pour celui-ci et même en agrandir les capacités, puisque par exemple, dans le 13e, nous souhaitons avoir vraiment une plateforme de radiologie tout à fait performante, ce qui pour l'instant n'est pas le cas, mais qui permettrait de mieux travailler avec l'hôpital.

Nous avons aussi, vous le savez, mis en place, Monsieur BONNET-OULALDJ, tout ce qui était Paris Med', c'est-à-dire de l'aide à l'installation en secteur 1, ce qui était évidemment essentiel pour que les inégalités de soins soient de mieux en mieux contrevenues.

Là, concernant Richerand, j'ai envie de vous dire que, oui, nous souhaitons continuer à les aider, puisque c'est un centre très important, c'est la première fois qu'il y a un centre de structure coopérative. J'espère pour ma part que nous continuerons, je le souhaite et je le dis aussi à Sylvain RAIFAUD, sa proposition est tout à fait bienvenue. Je souhaite tout à fait que la Ville soit partenaire et membre de cette société coopérative, parce que ce serait une grande première et que nous pourrions aussi envisager de voir comment, dans des circonstances compliquées, on verra tout à l'heure la question du v?u sur la Croix-Rouge qui pour l'instant va céder ses centres de santé, on peut aussi interroger de savoir si ces structures coopératives pourraient être une solution dans des cas de ce genre, c'est-à-dire où des structures associatives souhaitent céder parfois au secteur lucratif malheureusement, leurs centres de santé. Donc, oui, nous allons continuer à les soutenir. Oui, le montant total de l'accompagnement de la Ville aura été de 1,5 million d'euros, soit près de 30 % du coût total actualisé des travaux qui se monte à 7,7 millions d'euros. Et nous allons, avec cette subvention, faire monter à 500.000 euros de complément de subvention. J'espère que ce sera suffisant. Nous verrons s'il y a besoin de plus par la suite, mais en tout cas, nous continuerons et je vous l'assure, Monsieur RAIFAUD, de poursuivre l'instruction de l'entrée de la Ville dans cette S.C.I.C. et ce sujet sera travaillé avec mon collègue Florentin LETISSIER. Merci.

(Mme la Maire de Paris reprend place au fauteuil de la présidence).

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Très bien.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 265.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DASES 265).

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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