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2021 DAC 407 - Apposition d'une plaque commémorative en hommage à Anna Karina et Dennis Berry 156, boulevard Saint-Germain (6e).


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous examinons le projet de délibération DAC 407. C'est l'apposition d'une plaque commémorative en hommage à Anna Karina et Dennis Berry, boulevard Saint-Germain. La parole est à Raphaëlle PRIMET.

Mme Raphaëlle PRIMET. - Mes chers collègues, ce projet de délibération est l'occasion pour la Ville de Paris d'inscrire dans l'espace public le nom d'Anna Karina et de l'homme avec qui elle partagea sa vie depuis le début des années 1980, le regretté Dennis Berry.

Ce dernier l'avait mise en scène dans "Last song" en 1986, et "Chloé" en 1996 pour lui rendre un hommage vibrant ; dans un film documentaire en 2017 intitulé "Anna Karina, souviens-toi", véritable déclaration d'amour au travers d'un portrait intime et émouvant de cette superbe héroïne de la nouvelle vague.

Anna Karina fut la figure emblématique du renouveau du cinéma français des années 1960. Elle, Hanne Karin Blarke Bayer âgée de 17 ans, quitte la capitale danoise à l'occasion d'une dernière fugue pour vivre la vie de bohème à Paris. Lui, Dennis Berry, fils du réalisateur américain John Berry, arrive en France à l'âge de 7 ans à la suite de l'exil de son père, dénoncé comme communiste pendant les sombres heures du Maccarthisme. C'est le début d'un mariage qui dura toute une vie, celui d'une artiste avec le quartier Saint-Germain.

Outre le fait d'avoir partagé leur vie, ces deux artistes ont ceci en commun d'avoir tous deux été adoptés par Paris, et d'avoir adopté Paris. De la France, elle connaît peu de choses, si ce ne sont les chansons de Piaf et de Trenet. Repérée pour son regard hypnotique et intense par l'imprésario de mannequins Catherine Harlé, elle est baptisée Anna Karina par Coco Chanel.

Quand on évoque Anna Karina, on ne peut s'empêcher de penser au souvenir de ses films avec Jean-Luc Godard, dont elle fut la muse et aussi la compagne, et avec qui elle tourna sept films.

Comment ne pas penser ici à sa rencontre avec Jean-Paul Belmondo, autre monstre sacré, dans "Pierrot le fou", et son fameux "qu'est-ce que je peux faire, j'sais pas quoi faire ?", phrase signature qui sera au c?ur de l'album "une histoire d'amour", que lui consacrera 35 ans plus tard le poète et compositeur Philippe Catherine ?

Anna Karina, l'interprète, traverse les époques à l'instar de Jeanne Moreau. En 1967, Serge Gainsbourg, avec qui elle entretient une grande complicité, composera pour elle "Sous le soleil exactement".

Celle qui représente encore à ce jour un modèle de nouvelle féminité pour de nombreuses générations de femmes, tant sa personnalité, son allure et son phrasé rompent avec les codes dans lesquels ses contemporaines puisaient alors.

Anna Karina incarne la liberté dans la modernité. Elle définit elle-même les normes de son existence, et c'est cela qui la rend inattendue. Jamais dans la provocation, mais bien plutôt dans la capacité à saisir le décalage et à entretenir le mystère, telle Greta Garbo comme aimait à le dire son ami Jean-Claude Brialy. Anna Karina a mené une carrière internationale au cinéma. Des réalisateurs renommés, à l'instar des représentants du nouveau cinéma allemand, Rainer Werner Fassbinder ou Volker Schlöndorff, l'ont réclamée dans leurs films tout comme Georges Cukor, le réalisateur de "My Fair Lady", maître incontesté de la comédie de m?urs et de la comédie romantique, dont elle devient proche. D'autres grands noms suivront et pas des moindres comme ceux de Luchino Visconti ou Tony Richardson. Mes chers collègues, ces deux artistes à qui nous rendons hommage dans notre Assemblée ont trouvé dans notre ville les conditions nécessaires à l'expression de leur art. Cela n'a rien d'anodin. C'est bien parce que nous sommes reconnaissants de leur ?uvre, que nous leur rendons hommage.

Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci.

Pour vous répondre, la parole est à Laurence PATRICE.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Madame la Maire, merci, Raphaëlle PRIMET.

Oui, c'est un bel hommage. Ce projet fait suite à un v?u de notre collègue Céline HERVIEU pour un hommage public à Anna Karina, au printemps dernier, porté aussi très largement par le maire du 6e arrondissement.

Notre Assemblée a bien évidemment voté à l'unanimité cet hommage, ce v?u, à la belle personnalité que fut Anna Karina, née au Danemark, parisienne de vie et de c?ur, dont toute la carrière a eu cours à Paris, plus des tournages internationaux.

L'icône de la nouvelle vague est devenue au fil des années une figure de son quartier de Saint-Germain-des-Prés. Emblématique de la vie germanopratine, elle était connue de tous les commerçants de ce quartier.

J'avais reçu Dennis Berry pour évoquer avec lui ce projet d'hommage, qui l'enthousiasmait. Il était tout à fait ravi que l'on ait envie de rendre hommage de la sorte à Anna. Malheureusement, il nous a quittés cet été. D'un commun accord avec Jean-Pierre LECOQ, nous vous proposons d'associer Dennis Berry, qui lui-même a été comédien, cinéaste. Ces deux artistes ont vécu ensemble pendant 40 ans. Ils ont constitué un couple, et ils étaient sur le boulevard Saint-Germain. Lui aussi faisait partie des personnalités de ce quartier. Je vous propose donc de voter pour ce projet de délibération qui réunira encore, et pour longtemps, j'espère, Anna Karina et Dennis Berry boulevard Saint-Germain.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DAC 407.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DAC 407).

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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