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2021 DLH 406 - Présentation de l'activité de soutien à la rénovation du parc de logements sociaux. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à des permanences de défense des droits des locataires.


 

Mme Carine ROLLAND, adjointe, présidente. - Nous en venons à l?examen du projet de délibération DLH 406 et du v?u référencé n° 55 qui y est rattaché.

Concernant le DLH 406, il s?agit de la présentation de l?activité de soutien à la rénovation du parc de logements sociaux.

La parole est tout d?abord à Mme Léa VASA, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Léa VASA. - Merci, Madame la Maire.

Cette intervention au nom du groupe Ecologiste pour soutenir cette pratique, d?abord pour le confort et le porte-monnaie aussi des habitants, et aussi parce que la première brique de la transition écologique est d?abord la sobriété énergétique - éviter tout simplement de gaspiller de l?énergie. Le tertiaire, mais aussi l?habitat sont l?un des plus gros postes d?émission de gaz à effet de serre et de consommation d?énergie. A Paris, le résidentiel représente presque 10 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Il est vrai que cela reste loin derrière les émissions liées à l?aviation - aujourd?hui, nous avons beaucoup parlé de l?attractivité de Paris. L?aviation représente un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre.

En tout cas, pour revenir à notre sujet, nous voudrions déjà saluer les gros efforts financiers de la Ville de Paris pour faire ces rénovations car celles-ci ont quand même un impact intéressant puisque l?on arrive à faire 50 % d?économie d?énergie, de gaz à effet de serre. Ce sont donc vraiment des projets intéressants. Saluer également les efforts du plan de relance de l?Etat, il faut le dire, en matière de rénovation thermique.

Dans ces projets, il ne s?agit évidemment pas que de rénovation thermique : on travaille aussi sur les locaux communs, les locaux poubelles et vélo, et l?intérieur du logement pour permettre aussi aux personnes de mieux y vivre, d?y être plus confortables et de se l?approprier un peu mieux. On travaille sur la toiture, le cycle de l?eau, la ventilation, l?adaptation aux handicaps. Ce sont donc des rénovations complètes et vraiment des approches intéressantes intégrant l?ensemble des enjeux liés à la transition écologique au sens large et qui améliorent au final la dignité des habitants.

Simplement, quelques questions.

D?abord, il ne vous aura pas échappé qu?il y avait à midi une mobilisation des habitants locataires des H.B.M. de Paris. Ils soulèvent à mon sens des questions intéressantes sur la qualité de certains travaux ou notamment sur le choix de remplacer des ventilations naturelles, ce qui peut poser question sur certaines résidences en particulier. Nous aimerions savoir s?il était possible d?avoir un détail sur les résidences dont il est question autour de cette mobilisation, avoir un ordre d?idée des gains attendus, des travaux programmés.

Plus largement, sur cette question de la rénovation thermique du logement social, nous aimerions connaître aussi l?enveloppe qui y sera dédiée jusqu?à la fin du mandat, quels seront les financements et peut-être quelles autres lignes nous pourrions aller chercher. Nous avons aussi longuement parlé de ce million d?euros "Grand Hôtel" que nous aidons à se rénover. Nous pourrions peut-être aussi accélérer nos ambitions de ce côté.

Savoir enfin ce que nous pourrons faire dans le privé puisque c?est là que cela patine au niveau national, là où les enjeux sont extrêmement forts.

J?ai conscience que ce gros enjeu dépasse le cadre de ce projet de délibération, mais il nécessite toute notre attention. Je vous remercie.

Mme Carine ROLLAND, adjointe, présidente. - Merci, Madame VASA.

La parole est à Mme Anne BIRABEN, pour le groupe Changer Paris.

Mme Anne BIRABEN. - Merci, Madame la Maire.

Je profite de cette prise de parole pour vous parler du 5, rue Rataud. Je ne sais pas s?il s?agit d?une aberration des programmes ou si c?est un défaut de mise en ?uvre, mais ces travaux mettent en péril la vie des habitants depuis des mois, voire des années.

Cet ensemble de logements est constitué de solides habitations à bon marché, H.B.M., de briques qui sont là pour durer. Les H.B.M. ont été construits dans un souci hygiénique. Cette préoccupation est apparue à la fin du XIXe siècle et elle se concrétise dans l?architecture dans l?entre-deux-guerres. Comme ils sont très bien conçus, les appartements sont traversants et bénéficient de véritables fenêtres, même dans les pièces humides. Or le projet d?une partie des travaux est de remplacer la ventilation naturelle par une V.M.C. dans les pièces humides où existe une fenêtre, ce qui est un non-sens !

Qu?est-ce qu?une ventilation naturelle ? C?est le geste d?ouvrir la fenêtre. La ventilation naturelle est l?aération la plus écologique qui soit car, comme son nom l?indique, elle est naturelle : elle ne coûte rien, elle est facile à mettre en ?uvre et tout le monde sait faire. De plus, elle permet de créer des courants d?air en cas de grosses chaleurs, ce qui est très utile pour éviter l?installation de climatiseur. C?est un point très important, je sais que vous en avez pleinement conscience.

Chez les locataires de la rue Rataud, la V.M.C. est installée dans les pièces humides alors même qu?il existe une fenêtre. Il a fallu créer une trémie dans les sols et les plafonds pour faire passer les tuyaux, mais les trous n?ont pas été rebouchés dans la foulée. Certains locataires sont restés plusieurs jours avec un trou dans leur salle de bains et un accès direct avec leurs voisins du dessus ou du dessous. Si l?installation des V.M.C. est louable dans une pièce humide aveugle, elle est sans utilité lorsqu?il y a une fenêtre - si bien sûr on ne la condamne pas ! Vous allez arguer que c?est écologique car, pour vous, ouvrir une fenêtre est une perte d?énergie. En fait, il n?en est rien : un H.B.M. est une construction qui ne pourra jamais devenir un bâtiment à énergie positive, même en condamnant toutes les fenêtres de toutes les pièces. Nous sortons à peine d?une pandémie où l?aération des pièces, de toutes les pièces, est non seulement recommandée mais essentielle. Laissez respirer les Parisiens !

Chez d?autres, la V.M.C. passe par les placards et, par voie de conséquence, les condamne. Ce sont donc des rangements entiers condamnés et inutilisables. D?autres ont vu leur baignoire remplacée par une douche ; le passage pour accéder à la douche étant trop étroit pour passer, ces locataires sont donc privés de douche. Les portes palières ont été remplacées, mais les nouvelles n?ont pas été commandées dans la bonne dimension : il manque cinq centimètres en haut, il y a donc un vide entre la porte et le linteau. Alors, pour combler ce vide, on a ajouté une barrette en bois, une rustine en quelque sorte. Ces travaux ne semblent pas maîtrisés du tout et durent depuis trop longtemps.

Avez-vous pensé aux habitants ? Quelle qualité de vie pour eux, suite aux travaux et aussi si on leur supprime les fenêtres des pièces humides ?

Je veux exprimer ici la souffrance des locataires qui pâtissent depuis trop longtemps de ces travaux. Cette souffrance est palpable et s?exprime quotidiennement.

Rénover, oui. Avec bon sens et suivi, c?est mieux.

Je vous remercie.

(M. Antoine GUILLOU, adjoint, remplace Mme Carine ROLLAND au fauteuil de la présidence).

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci, Madame BIRABEN.

Je vais donner la parole à Éric PLIEZ, maire du 20e arrondissement, pour cinq minutes.

M. Éric PLIEZ, maire du 20e arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, vous le savez, la Ville de Paris est engagée dans la transition écologique et mobilise d?importants moyens pour lutter contre l?accélération du changement climatique.

Le Plan Climat de la Ville traduit ses objectifs ambitieux et la politique du logement y prend toute sa place avec près de 250.000 logements sociaux, soit 22 % des résidences principales.

Grâce à cette politique, nous espérons atteindre une réduction de 35 % des consommations d?énergie sur l?ensemble du parc social à l?horizon de 2030 et 50 % à l?horizon de 2050 par rapport à 2004.

Les travaux de rénovation dans le parc social parisien répondent à un double objectif : adapter les logements sociaux à l?urgence climatique pour qu?ils soient moins polluants est en soi un acte écologique, mais aussi un acte social. Nous le savons, les dépenses énergétiques des ménages parisiens sont en pleine explosion et la montée du prix de l?énergie risque de peser de plus en plus lourd sur les ménages déjà précarisés par la crise sanitaire.

Notre collectivité finance aux côtés des bailleurs sociaux ces rénovations : 10 % des logements sociaux parisiens ont déjà fait l?objet de Plan Climat et 21 % d?entre eux ont été financés avec l?aide de la Ville de Paris.

Les gains d?énergie réalisés à la suite de ces travaux sont particulièrement significatifs : une réduction des émissions de gaz à effet de serre d?environ 65 % et un gain moyen aux consommations d?énergie primaire de 54 %.

Je vous le disais, si ces travaux de rénovation ont un objectif environnemental, ils ont aussi une visée sociale. Ainsi, les économies moyennes de charges pour les locataires du parc social seront et sont de 400 euros par logement et par an.

Car l?adaptation au bouleversement climatique doit être inclusive. Les ménages populaires ne doivent pas subir ces changements dans leur logement. Leurs conditions d?habitation doivent être dignes. Leurs logements ne doivent pas leur coûter plus cher au prétexte que les logements en question sont énergivores car mal isolés. Oui, nous pouvons désormais concentrer nos efforts sur la rénovation thermique du parc social de la Ville, puisque la Ville a éliminé l?habitat indigne à Paris.

A celles et ceux qui parlent encore d?habitat indigne à Paris, qui en font leur fonds de commerce, je tiens au passage à rappeler ce qu?est l?habitat indigne car nous ne devons manifestement pas tous en avoir la même définition. Cela désigne toutes les situations dans lesquelles l?état des locaux, installation ou logement, expose leurs occupants à des risques pour leur santé ou leur sécurité. Ainsi, entre 2002 et 2018, la Ville a déployé des moyens très importants, conjugués à ceux de l?Etat d?ailleurs, pour résorber l?insalubrité à Paris. Un travail dans la dentelle a été mené.

Au total, ce sont plus de 2.000 immeubles et 56.000 logements qui ont bénéficié du dispositif de lutte contre l?habitat indigne entre 2002 et 2018. J?ajoute que les 450 immeubles les plus dégradés ont fait l?objet d?une acquisition publique pour être démolis et reconstruits ou lourdement réhabilités afin de construire plus de 5.300 logements sociaux. Je salue au passage le travail de la SOREQA et sa présidente, Nathalie MAQUOI.

Il est donc dans l?ordre des choses que, une fois l?habitat indigne endigué, nous nous consacrions aux rénovations énergétiques du parc social. Les Parisiens doivent aussi savoir que les bailleurs sociaux investissent sans relâche pour effectuer les travaux d?ordre plus général, notamment lorsque les installations se dégradent dans leur parc, mais aussi de manière préventive.

Je vous remercie.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

La parole est à présent à Mme Mélody TONOLLI, pour le groupe "Génération.s".

Mme Mélody TONOLLI. - Merci.

Monsieur le Maire, chers collègues, la rénovation thermique des bâtiments est l?un des principaux leviers pour rester dans la trajectoire volontariste du Plan Climat afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

En premier lieu figure celle de nos bâtiments publics et de notre parc de logements sociaux. Les élus du groupe "Génération.s" sont très attachés à ce sujet fondamental. La loi Climat et Résilience adoptée en août dernier interdit, à partir de 2025, la location des logements les plus énergivores. De plus, la trajectoire du Plan Climat de Paris vise une réduction de 35 % des consommations d?énergie entre 2004 et 2030 dans notre parc social et près de 5.000 logements sociaux rénovés par an jusqu?en 2030 cofinancés par la Ville de Paris. Cet engagement figurera désormais dans une communication annuelle détaillant le bilan des délibérations votées concernant le cofinancement des travaux de rénovation climat par la Ville de Paris, une démarche à saluer qui met en exergue les efforts de la Ville sur ce sujet.

Compte tenu des différents enjeux qui touchent au parc social et à la transformation de la Ville, il apparaît particulièrement intéressant de souligner la complétude des programmes de travaux articulés avec la rénovation Plan Climat. Pour les bailleurs, c?est l?opportunité d?intervenir en même temps sur le bâti et sur le projet paysager, sur la rénovation énergétique et sur la mise en accessibilité, sur la revalorisation patrimoniale et le confort d?usage des logements. Pour suivre les objectifs du Plan Climat, ces opérations peuvent également être l?occasion de retravailler les c?urs d?îlot pour les désimperméabiliser et en faire des espaces de fraîcheur.

Enfin, la rénovation thermique des logements couple à la fois des enjeux de performance énergétique, et donc de lutte contre le dérèglement climatique, mais aussi des enjeux de pouvoir d?achat des ménages, et donc des enjeux sociaux. Un logement mieux isolé peut représenter des économies de charge de 400 euros par an pour les locataires, comme vient de le rappeler mon collègue Éric PLIEZ, et 54 % d?émission de chaleur en moins dans l?atmosphère.

Nous rangeons ainsi les investissements en la matière au c?ur de ce qui fait la vie résiliente, répondant tant à la crise environnementale qu?à la crise sociale. Lorsque l?INSEE dénombre près de 70.000 Parisiennes et Parisiens en situation de précarité énergétique et alors que le coût des énergies flambe, notre ambition ne doit pas faillir.

De ce double enjeu vient l?intérêt d?accélérer sur le parc social et de ne pas oublier d?accompagner une montée en charge sur le parc privé avec le programme "Eco-rénovons Paris" pour également venir en aide aux petits propriétaires. Merci.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup, Mélody TONOLLI.

La parole est à présent à Camille NAGET, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Camille NAGET. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, avec ce projet de délibération, nous abordons un investissement très important en faveur de la rénovation des logements sociaux, un investissement très attendu par les locataires, un investissement essentiel pour la planète.

Je tiens à saluer le travail effectué sur ces opérations qui sont bien souvent menées en site occupé et, par ailleurs, très compliqués à mettre en ?uvre en cette période particulière de crise du Covid. L?exigence des protocoles crée effectivement encore plus de complexité.

Notons par ailleurs que nous entamons maintenant des travaux sur des sites et opérations plus contraignantes et vastes. C?est entre autres le cas sur les sites des H.B.M. qui revêtent une dimension patrimoniale et imposent des règles difficiles. Je pense par exemple à toute la rénovation qui va avoir lieu dans les H.B.M. Alphonse-Karr, un très gros ensemble d?habitats du 19e. Tout un travail a été fait en concertation avec les habitants pour qu?ils soient bien informés des travaux qui allaient être menés. Je sais qu?ils ont eu un accompagnement de leur bailleur pour aussi anticiper les contraintes, notamment chez les personnes âgées. Ces opérations dans les H.B.M. sont donc des travaux qui n?engagent pas que des travaux de rénovation énergétique, mais aussi des aménagements des espaces extérieurs incluant des opérations de végétalisation et/ou désimperméabilisation des sols, d?amélioration intérieure des logements et des parties communes.

Nous sommes là face à des travaux plus longs, plus lourds, qui nécessitent une vigilance accrue avec les locataires, en termes de concertation et de discussion, tout au long de l?opération : de la conception du projet au suivi des chantiers, comme je viens de l?illustrer avec l?exemple du 19e. Sans oublier que, pour respecter les engagements qui sont les nôtres en matière d?exigences environnementales, maintenant très poussées, nous privilégions l?usage de matériaux écologiques.

Ce sont en tout état de cause des opérations plus complexes à mener en termes d?organisation, parfois plus coûteuses, mais tellement plus vertueuses à la fois pour la facture des locataires - on sait combien c?est important, surtout en ce moment, dans ce contexte de hausse du prix de l?énergie - et pour le cadre de vie, mais aussi environnemental, pour la planète.

Le choix d?investir massivement dans le logement social, y compris dans sa rénovation, doit être défendu et rappelé. Dans la mesure où le logement social représente à Paris plus de 22 % des résidences principales, le rôle de notre collectivité est essentiel tant il est moteur pour l?ensemble des bailleurs puisqu?il représente près d?un quart de la participation globale. Il est tellement essentiel que les objectifs que nous nous sommes fixés en début de mandature sont déjà très hauts avec près de 5.000 logements sociaux financés par an. Nous continuerons de nous battre pour aller plus loin et plus vite.

Il est néanmoins important d?accélérer les investissements pour la rénovation thermique des bâtiments publics et l?Etat doit voir plus grand et revoir sa part de financement, en l?augmentant de manière à la fois pérenne et notable. Aujourd?hui, nous sommes encore trop loin du compte. Nous le demandons régulièrement via une dotation spécifique affectée aux collectivités locales. Il nous paraît aujourd?hui indispensable que cette dotation soit engagée dans le cadre de la nouvelle phase du plan de relance.

La rénovation énergétique des bâtiments publics et des logements sociaux est essentielle. Gageons que tous les acteurs du secteur participent à la hauteur des enjeux et qu?ils le fassent au plus vite.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup, Camille NAGET.

La parole est à présent à Danielle SIMONNET, pour intervenir sur le projet de délibération et présenter le v?u n° 55.

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers collègues, il est bien évidemment essentiel de contribuer à la rénovation énergétique des bâtiments, des immeubles, des logements sociaux. C?est un impératif quand on voit toutes les passoires énergétiques que l?on peut avoir dans le monde des logements sociaux.

Mais là, je voudrais faire un coup de gueule : vous êtes majoritaires à la Ville de Paris depuis 2001 et vous êtes majoritaires dans les bailleurs sociaux. Qu?avez-vous fait en 20 ans ? L?entretien des logements sociaux est une catastrophe. C?est une catastrophe !

Franchement, je peux vous donner des tonnes d?exemples !

Pas plus tard qu?hier, rue de Tlemcen, un bâtiment de "Paris Habitat" : cela fuit de partout ! Qu?est-ce qui se passe ? Il pleut de l?eau à la fois dans le hall, dans le parking, dans les appartements. Il suffit de faire un "tweet" et, là, "Paris Habitat" se réveille. Cela fait cinq ans que les locataires se plaignent auprès de "Paris Habitat" de ne même pas avoir de chauffage l?hiver ! L?hiver dernier, il a commencé en février ! La réponse de "Paris Habitat" est de dire : "Il y a eu un problème de dégât des eaux parce qu?un locataire a fait une fausse manipulation sur le radiateur." Or, qu?ont entendu les locataires présents sur place de la part du directeur territorial ? Qu?il y avait un problème avec la chaudière centrale. Dans l?appartement, le plombier disait qu?il y avait manifestement un problème de maintenance du radiateur. A chaque fois, on essaie de faire porter la responsabilité sur le locataire !

Prenez la rue Frédérick-Lemaître : là, ce sont toutes les eaux usées, y compris les toilettes, qui ont reflué des toilettes d?une locataire. Qu?a-t-on dit ? Comme elle était assistante maternelle, on a dit qu?elle avait jeté des couches, sauf que les ouvriers qui sont intervenus avaient bien vu qu?il n?y avait eu aucun entretien pendant des années et que de gros cailloux de calcaire obstruaient les canalisations !

Ecoutez les locataires ! Arrêtez de mentir ! Vous présidez les bailleurs sociaux depuis des années et des années : exigez d?Elogie-SIEMP, de "Paris Habitat" et de la R.I.V.P. qu?ils écoutent les locataires, qu?ils les respectent et qu?ils arrêtent de mentir. Ils ont encaissé les loyers, les appartements ont été remboursés. Ils doivent assumer leur obligation de garantir un logement digne.

Maintenant, sur la question des réhabilitations Plan Climat, il faut aussi écouter les locataires. Ce midi, il y avait une manifestation extrêmement importante des locataires du 20e, du 12e et du 5e - des immeubles en brique rouge des années 1930.

Que disent-ils ? Dans leurs bâtiments, les fenêtres ont été refaites il y a dix ans. A ce moment-là, on ne leur a pas mis la V.M.C. On a refait toutes les fenêtres, il n?y a pas eu de problème, il n?y a pas eu plus d?humidité. On leur impose de mettre en place une V.M.C. Ils disent qu?il n?y a pas d?humidité, que l?aération naturelle fonctionne très bien. Dans ces bâtiments, vous avez des fenêtres dans toutes les salles d?eau. Pourquoi devrait-on y mettre une V.M.C. ? Par contre, ils rapportent d?autres problèmes liés à l?humidité : le problème des eaux pluviales parce que les travaux n?ont pas été faits depuis longtemps, notamment sur les gouttières. Ils aimeraient donc avoir le diagnostic Plan Climat et ils aimeraient comprendre pourquoi on leur impose ces travaux-là et pas ceux qui semblent répondre aux besoins.

Ce qu?ils découvrent, c?est que, pour avoir les crédits de financement dans le cadre du Plan Climat, cocher la case "V.M.C." permet d?enclencher beaucoup plus d?argent, de financements pour les travaux. J?aimerais bien que l?on creuse un peu cette question parce qu?il faut des Plans Climat. Pour cela, il faut donc de vrais diagnostics transmis aux locataires avec une véritable évaluation pour vérifier le gain en termes de réduction des consommations énergétiques. Les Plans Climat de la Ville ne sont simplement pas là pour alimenter un capitalisme vert du bâtiment. Là, nous sommes manifestement dans un biais problématique.

Nous devons faire les travaux qui correspondent aux plus grandes urgences et qui garantissent vraiment une utilité à la fois dans l?amélioration de la qualité de vie des logements et dans la réduction des dépenses énergétiques. Il faut ce travail et cette exigence de transparence !

Il n?est pas normal que les locataires du quartier Plaine du 20e, du boulevard Soult, n?aient pas eu accès au diagnostic environnemental au début des travaux. Il n?est pas normal que les concertations soient souvent "bidon" où, de toute façon, tout a déjà été décidé et où l?on se contente d?expliquer ce qui a été décidé sans eux et contre eux.

Je pourrais aussi donner d?autres exemples de bâtiments dans le 19e arrondissement. Bien que les réhabilitations thermiques, les applications du Plan Climat y étaient urgentes vu les situations de passoire énergétique. On a eu recours à une telle sous-traitance en cascade que la qualité des travaux est catastrophique à l?arrivée. Il faut absolument contrôler cela !

J?ai été trop longue, mais mon v?u est de vraiment travailler avec les associations de locataires pour qu?il y ait des permanences téléphoniques et en mairie, afin que la parole des locataires soit enfin écoutée et respectée à Paris.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci.

Je donne à présent la parole à Mme la députée Maud GATEL, pour le groupe MDE.

Mme Maud GATEL. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

Paris compte 250.000 logements sociaux. En moyenne, le parc est âgé de 55 ans. Oui, il y a un criant manque d?entretien et certains logements ne sont absolument pas au niveau de ce que la Ville doit aux locataires du parc social.

Il y a urgence à la rénovation d?abord d?un point de vue social. C?est une question de respect des locataires, de cadre de vie, de santé environnementale et nous avons malheureusement trop d?exemples - Danielle SIMONNET vient d?en citer un certain nombre - d?immeubles d?habitation qui ne sont pas entretenus à la hauteur de ce qui est nécessaire.

C?est également une exigence environnementale. Cela a été dit, nous avons besoin de rénovation thermique, notamment pour lutter contre la précarité énergétique, mais aussi pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre ainsi les objectifs du Plan Climat qui prévoient, je le rappelle, une réduction de 35 % de la consommation énergétique d?ici à 2030 et 50 % d?ici à 2050.

C?est là que le bât blesse. Evidemment, l?impulsion qui est traduite dans cette communication va dans le bon sens, mais elle doit être accélérée. Seulement, lorsque les loyers capitalisés obèrent les marges de man?uvre des bailleurs sociaux, on se heurte évidemment à un problème de financement. Il y a l?investissement de l?Etat, cela a été rappelé, ainsi que l?investissement de la Ville, mais nous savons d?ores et déjà que l?objectif que la Ville s?est elle-même fixé, c?est-à-dire rénover l?intégralité du parc social d?ici à 2050, ne sera pas atteint au regard du rythme actuel.

Alors oui, il faut augmenter le nombre de rénovations chaque année pour atteindre ces objectifs que nous nous sommes nous-mêmes fixés. Il faut aussi soutenir et impulser une filière de rénovation sur le territoire parisien pour ne plus avoir à faire appel à des sous-traitants.

Enfin, le rôle de la Ville reste finalement le pilotage des bailleurs sociaux. Nous avons une responsabilité - élus, Ville - à faire en sorte que les bailleurs sociaux écoutent leurs locataires et leur répondent, diminuent le temps de vacance entre deux locataires, accélèrent le nombre de mutations dont on sait qu?elles sont encore insuffisantes, et veillent au bon déroulement des travaux en insistant sur la nécessaire concertation avec les locataires.

C?est ce que nous devons aux locataires et cela passe par un bon pilotage de la Ville de ses opérateurs. Je vous remercie.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Pour répondre à l?ensemble des intervenantes et intervenants, je donne la parole à Jacques BAUDRIER.

M. Jacques BAUDRIER, adjoint. - Je remercie l?ensemble des intervenants pour leurs prises de parole et leur nombre important révèle bien que c?est un très grand chantier que la rénovation énergétique, au-delà de la rénovation des logements sociaux. Je pense que c?est un très grand chantier dont la Ville de Paris peut être fière.

Je remercie en particulier Éric PLIEZ, Mélody TONOLLI, Léa VASA, Camille NAGET pour leurs interventions. Comme l?a dit Éric PLIEZ, l?insalubrité a été vaincue à Paris et ce grand chantier est très important en termes de volume. Je pense que l?ensemble des 250.000 logements sociaux de Paris, en particulier ceux de nos bailleurs, constitue sans doute l?ensemble de logements à l?échelle du pays, et peut-être le seul ensemble de logements, dans lequel nous sommes engagés dans une dynamique d?investissements massifs à l?échelle de la Stratégie nationale bas carbone et de notre Plan Climat. Nous sommes donc tout à fait en ligne avec ces objectifs, mais c?est sans doute très malheureusement le seul ensemble de logements de France en ligne avec cet objectif.

Avec 60.000 euros investis par logement actuellement, dont 25.000 euros pour la rénovation énergétique au sens strict - il y a par ailleurs de nombreux autres investissements pour le confort des locataires, mais aussi pour la végétalisation et l?adaptation au changement climatique au sens large -, cela représente un investissement de maintenant 300 millions par an, dont un quart financé par la Ville de Paris pour l?investissement pour l?énergie. C?est un effort massif et d?ailleurs très peu accompagné puisque, pour la première fois cette année, la Région ayant arrêté de nous aider depuis maintenant six ans, nous avons eu un financement de l?Etat non négligeable, mais encore très minoritaire par rapport à d?autres secteurs, de 17 millions d?euros grâce au plan de relance. C?est la première fois que nous avons été aidés. Nous assumons donc vraiment l?essentiel de cet investissement.

Ce sont des chantiers très compliqués, très complexes, longs à mettre en ?uvre, qui diffèrent de fait d?immeuble à immeuble, avec des spécificités.

Je réponds maintenant aux intervenants, je dirais, plus critiques. Pour ce qui est de la rue Rataud, Madame BIRABEN, j?ai eu l?occasion de visiter longuement cet ensemble immobilier, d?ailleurs en compagnie de Mme BERTHOUT. Nous avons rencontré en commun de nombreux locataires. Comme dans tous les chantiers, l?analyse de chantier est complexe. C?est un chantier complexe à mettre en ?uvre. J?ai donc rencontré avec Mme BERTHOUT de nombreux locataires qui étaient tout à fait satisfaits une fois les travaux terminés et nous étions ensemble dans les mêmes logements avec les mêmes personnes. C?était "in vivo". De fait, la V.M.C. que vous mettez en cause, comme d?ailleurs un certain nombre de locataires?

Avec Éric PLIEZ et des dirigeants d?Elogie-SIEMP, nous avons en effet longuement échangé dans le cours de l?après-midi avec ces locataires. S?il y a remise en cause, celle-ci se fait sur la base d?arguments qui sont des "fake news" ! Dire, comme Mme SIMONNET, que la V.M.C. est mise en ?uvre pour obtenir plus de financements? C?est justement le gros problème : nous n?avons pas de co-financements et ils ne sont en rien liés à la V.M.C. Ce que vous colportez, ce que colportent ces représentants de locataires est tout simplement 100 % faux !

En réalité, si nous mettons en ?uvre de la V.M.C., c?est que, suite aux économies d?énergie importante et aux situations données, les diagnostics techniques faits par des cabinets d?étude - et, à chaque fois, ce sont des cabinets d?étude indépendants qui nous le disent?

Participez, comme de nombreux élus, aux réunions de concertation avec les locataires : ce n?est jamais nous qui décidons ni les bailleurs. Ce sont les cabinets d?étude spécialisés, qui nous disent : "Si vous ne mettez pas de V.M.C., les logements vont être pourris au bout de deux ou trois ans et ce sera une catastrophe !" C?est pour cela que nous le faisons car nous avons des exemples où nous ne l?avons pas fait et où nous sommes obligés, deux ou trois ans après, de réinvestir des millions d?euros pour réinstaller la V.M.C. parce que les logements sont pourris. Ces bureaux d?études sont uniquement indépendants et il s?agit d?expertises techniques.

On trouve d?ailleurs dans ces réunions de concertation un certain nombre de personnes qui en sont tout à fait conscientes : il y a 14.000 chantiers et la contestation ne concerne qu?une minorité de logements. Pour le reste, c?est très bien compris. D?ailleurs, ce ne sont pas des réunions d?information. Tous les éléments techniques sont abordés par ces spécialistes. Ce n?est en aucun cas un intérêt financier ; c?est uniquement pour assurer de bonnes conditions de vie aux locataires.

Je me permettrai par ailleurs de répondre à votre v?u en vous disant que, pour ce qui est des associations de locataires et des dispositifs d?accueil et d?aide, votre v?u est de fait déjà satisfait puisque la Ville de Paris les finance. Nous finançons cette année 521.000 euros l?ADIL qui a conseillé 40.000 Parisiens en 2020. Il y a aussi la C.N.L., la C.L.C.V. et la S.L.C.

Pour ce qui et des travaux, il y a des permanences sur site et des maisons de projet, ce qui nous semble tout à fait approprié. Il se trouve que nous sommes engagés dans un dispositif d?échanges sur le long terme avec toutes les amicales de locataires, y compris le collectif H.B.M. que j?ai rencontré cet après-midi. Nous nous étions déjà rencontrés il y a quinze jours et nous aurons encore une réunion technique dans dix jours pour approfondir ces cas techniques compliqués.

Permettez-moi également de remercier l?ensemble des élus d?arrondissements qui accompagnent ces projets : les maires, comme Éric PLIEZ et Emmanuelle PIERRE-MARIE, Florence BERTHOUT, Philippe GOUJON, avec lesquels j?ai organisé récemment des visites sur site et des réunions publiques?

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Il va falloir conclure.

M. Jacques BAUDRIER, adjoint. - ? et les nombreux élus d?arrondissement. Je citerai, pour ceux avec qui j?ai travaillé récemment, Éléonore SLAMA, Thomas CHEVANDIER, Antoine ALIBERT. En tout cas, de très nombreux élus accompagnent ces élus au quotidien.

Merci à eux pour ce beau travail !

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci, Jacques BAUDRIER.

Le v?u n° 55 déposé par Danielle SIMONNET est-il maintenu ?

Mme Danielle SIMONNET. - Bien sûr !

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Je mets donc aux voix, à main levée, la proposition de v?u déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

S?agissant d?une communication, il n?y a pas de vote sur le projet de délibération DLH 406.

V?u déposé par le groupe Changer Paris

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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