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2021 DDCT 72 - Subventions (90.000 euros) à 2 associations pour les permanences associatives dans les 3 structures spécialisées dans la prise en charge globale des femmes victimes de violence.


 

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Nous examinons donc le projet de délibération DDCT 72 : subventions à deux associations pour les permanences associatives dans les trois structures spécialisées dans la prise en charge globale des femmes victimes de violence.

Je donne la parole pour commencer à Ariel WEIL, pour cinq minutes maximum, Monsieur le Maire.

M. Ariel WEIL, maire de Paris Centre. - Merci beaucoup, Madame la Maire.

D?abord, puisqu?il est question d?un hôpital qui me touche particulièrement, celui de l?Hôtel-Dieu, l?hôpital du Centre de Paris, l?hôpital de Paris Centre, je voudrais dire que je suis toujours surpris de voir à quel point, à chaque séance du Conseil - je comprends que c?est depuis des années -, des orateurs venus de tous les rangs, et en particulier de l?opposition, trouvent toujours une nouvelle idée à assigner à l?Hôtel-Dieu. Il y a toujours une nouvelle idée, avec des idées les plus fantasmagoriques pour trouver des missions à l?Hôtel-Dieu, qui n?en a pourtant qu?une : celle d?être un hôpital de santé publique. Il s?appuie sur toutes ses grandes forces et évidemment nous le soutenons.

La différence, c?est que nous, nous travaillons avec l?Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Nous n?avons pas des idées qui nous viennent comme cela de ce qu?on pourrait mettre à l?Hôtel-Dieu. Non, nous travaillons avec Assistance publique sur des projets qui s?appuient sur les forces internes de nos structures, et en particulier ici de l?Hôtel-Dieu et des deux autres hôpitaux qui sont concernés, mais je parlerai surtout de celui-là.

En reconnaissant les spécificités de cet hôpital unique, renforcées d?ailleurs avec la psychiatrie, par exemple, la présence d?une unité médico-judiciaire qui est unique à Paris, la santé sexuelle qui combine des services municipaux et des services de l?A.P.-H.P. - je pourrais encore continuer avec d?autres spécialités -, il me semblait depuis longtemps qu?il y avait à l?Hôtel-Dieu toutes les raisons de créer un centre d?accueil des victimes, et j?espère d?ailleurs que c?est ce qui sera fait à terme.

Mais en attendant, nous avons ici une très belle étape avec ce projet de la "Maison des femmes" qui est un lieu d?accueil de toutes les femmes victimes de violences. Il va se faire avec une coordination assez inouïe de nombreux acteurs locaux, en particulier des acteurs extrêmement locaux - je pense à "Libres terres des femmes" que nous connaissons bien -, pour avoir un lieu, un lieu unique qui s?appuie sur toutes les compétences de l?hôpital en son sein.

Evidemment, nous sommes très heureux de le soutenir à travers ce projet de délibération par une subvention, par la coopération aussi opérationnelle que nous menons tous les jours avec l?A.P.-H.P. en général, et dans mon cas avec l?Hôtel-Dieu.

J?y vois la poursuite, une étape supplémentaire dans la reconquête d?un hôpital de proximité au Centre de Paris qui s?appuie sur des expertises renforcées très fortes. C?est néanmoins une étape et seulement une étape. On va continuer à spécialiser l?Hôtel-Dieu, à s?appuyer sur toutes ses forces pour avoir un centre d?accueil de toutes les victimes. Il y a également de la recherche. Même dans la partie non hospitalière du projet, qui est en cours d?élaboration, la recherche et l?innovation sont extrêmement cruciales.

Je voudrais simplement dire à quel point le projet de la "Maison des femmes" est important. Vous savez tous que les violences à l?égard des femmes, les violences intrafamiliales notamment, ont explosé pendant le confinement - je crois que c?est plus 40 % ou 50 %. Bien évidemment cette étape, qui n?est pour moi qu?une étape dans la reconstruction d?un très grand service public hospitalier à l?Hôtel-Dieu, est extraordinairement importante. Merci beaucoup.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je donne la parole à Camille NAGET, pour cinq minutes maximum.

Mme Camille NAGET. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, ce projet de délibération pose une pierre de plus à l?édifice des trois "Maisons des femmes" de l?A.P.-H.P., par une subvention aux associations "Aurore" et "Halte aide aux femmes battues".

A quelques jours de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, à la veille d?une grande manifestation féministe, à laquelle j?espère nous serons nombreuses et nombreux, nous sommes fiers de l?aboutissement de ce projet en partenariat étroit avec la Ville qui participe à l?installation et au financement d?associations spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales. D?autant qu?il fait aussi suite à un v?u porté par Hélène BIDARD et adopté en 2019 et à un amendement budgétaire des élus communistes adopté l?année dernière.

Nous parlons de trois structures, pleinement dédiées et spécialisées dans la prise en charge globale des femmes victimes de violence, assurant des permanences d?accueil, d?écoute et de suivi. Nous parlons aussi de la prise en compte de la diversité des parcours des femmes victimes de violence, avec notamment un accueil à la Pitié-Salpêtrière qui sera spécifiquement adapté aux femmes issues de parcours migratoires très compliqués.

Trois lieux donc dédiés à la prise en charge globale, adossés aux hôpitaux Bichat, Hôtel-Dieu et Pitié-Salpêtrière. Et c?est bien la proximité immédiate des hôpitaux, notamment Bichat et Hôtel-Dieu, qui permet cette prise en charge globale, avec l?intervention d?associations mais aussi de médecins et de personnels soignants. Et puisqu?on parle de femmes victimes de violences, l?accès immédiat à des services de maternité, et notamment au centre d?I.V.G. de Bichat, est indispensable.

Comme le rappelait ma collègue Barbara GOMES, nous avons besoin de conserver nos emprises hospitalières à Paris, à l?Hôtel-Dieu, à Bichat, et ces projets portés par l?A.P.-H.P. et la Ville montrent bien, s?il était encore nécessaire, que nous avons besoin dans le Centre et dans le 18e de ces hôpitaux et pas de centres commerciaux. Cher Ariel WEIL, cher Monsieur le Maire de Paris Centre, nous sommes bien d?accord avec vous : la seule et unique vocation de l?Hôtel-Dieu est d?être un hôpital, pas un lieu de commerce ou de restauration.

Donc, ces trois "Maisons des femmes", c?est une vraie grande avancée en termes de politique publique dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes qui se matérialise dans ces trois espaces, qui répond à un besoin pour des milliers de femmes du territoire parisien maintenant et pour les années à venir.

Je vous remercie.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Je vous remercie.

Pour vous répondre, je donne la parole à Hélène BIDARD.

Mme Hélène BIDARD, adjointe. - Merci beaucoup, cher Ariel WEIL, maire de Paris Centre, et chère Camille NAGET.

Chers collègues, c?est un plaisir de rapporter sur ce projet de délibération. La lutte contre toutes les formes de violence faites aux femmes est un enjeu d?ampleur, nécessitant des réponses urgentes et massives, d?autant que les effets découlant du Covid-19 ont aggravé l?isolement, la vulnérabilité et la précarité de nombre de femmes. Cela rend plus complexe encore leur accueil et leur accompagnement, pourtant absolument nécessaire pour garantir un parcours pérenne de sortie des violences.

Mardi dernier, le collectif "Féminicides par conjoint ou ex-conjoint" annonçait le recensement du 100e, puis du 101e féminicide sur le territoire français depuis le 1er janvier 2021, seuil qui avait d?ailleurs déjà été franchi l?année passée à la même semaine.

Bon nombre de ces féminicides sont intervenus après des alertes formulées par les victimes auprès des autorités compétentes n?ayant pas trouvé les réponses nécessaires et adaptées à garantir leur intégrité et leur sécurité. Il faut aussi considérer que le nombre de féminicides n?est bien sûr que la partie émergée de l?iceberg, les violences faites aux femmes revêtant un caractère systémique et nécessitant des moyens et des politiques publiques portées et ambitieuses.

Avec le concours de l?Observatoire parisien des violences faites aux femmes, la Ville de Paris s?investit à faire reculer ces actes délictueux et criminels sur son territoire, notamment par la mise en place de réseaux et de partenariats avec toutes les actrices et acteurs concernés.

Aussi, nous entendons renforcer nos efforts, notamment par le soutien au nouveau projet "Maison des femmes" de l?A.P.-H.P., en finançant ces permanences d?associations féministes qui permettront de proposer un accueil, un diagnostic et un suivi social des femmes victimes de violences, en complément d?une prise en charge médicale et de possibilités d?accompagnement judiciaire.

Ce projet prévoit trois dispositifs de prise en charge globale au sein de trois groupements hospitaliers participant à l?expérimentation, à savoir ceux de Bichat, ceux de l?Hôtel-Dieu dont vous avez parlé, et celui de la Pitié-Salpêtrière.

Pour les deux premiers sites, les permanences d?accueil de proximité, d?écoute, d?accès aux droits et d?accompagnement pour les femmes victimes de violences conjugales seront assurées conjointement par les associations "Halte aide aux femmes battues" et "Libres terres des femmes" qui se chargeront des premiers entretiens pour définir de manière experte les besoins des femmes et de leurs enfants accompagnés.

Pour le site de la Pitié-Salpêtrière, l?association "Aurore" propose une première évaluation psychosociale des situations pour établir les besoins de mettre en place un projet de soins et d?accompagnement, de mise à l?abri et de relogement à destination des femmes en situation de fragilité économique et même à la rue.

L?idée de ce dispositif est de sortir du fonctionnement en silo, de décloisonner les pratiques professionnelles pour travailler d?un même concours à proposer une prise en charge globale et sans interruption autour des victimes. Cela permet de lutter contre l?inacceptable morcellement du suivi des situations qui provoque un effet dissuasif chez les femmes qui abandonnent ou renoncent à leurs démarches de ce fait.

Cette expérimentation, souhaitée dès octobre 2019 par le v?u de l?Exécutif que j?avais présenté en Conseil de Paris - vous l?avez rappelé, Camille NAGET -, est permise par un amendement budgétaire du groupe Communiste et Citoyen qui avait été intégré à la lettre rectificative au budget 2021. Elle part donc du constat d?un véritable besoin souligné de longue date par les professionnels et les mouvements féministes.

Ces lieux de prise en charge globale permettront de simplifier les parcours de combattant des victimes de violences pour accéder à leurs droits et de limiter les graves dysfonctionnements qu?elles subissent dans leur prise en charge.

C?est pourquoi j?espère que nous pourrons voter unanimement ce projet de délibération assez historique, je dois le dire, et que j?ai l?honneur de co-rapporter avec ma collègue Anne SOUYRIS.

Je vous remercie.

Mme Léa FILOCHE, adjointe, présidente. - Merci beaucoup à vous.

Je mets donc aux voix, à main levée, le projet de délibération DDCT 72.

Qui est pour ?

Qui est contre ? Qui s?abstient ?

Le projet de délibération est adopté à l'unanimité. (2021, DDCT 72).

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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