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2021 SG 86 - Communication de la Maire de Paris : "L’économie parisienne, un dynamisme retrouvé à l’issue de la crise, une attractivité redéfinie au service de la transition écologique et sociale". Vœu déposé par le groupe Communiste et Citoyen relatif à un bilan des actions engagées avec les subventions versées par la Ville de Paris. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à la nécessité de réinterroger les politiques dites d’attractivité. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif aux alternatives à l’ubérisation. 2021 DAE 311 Subventions d’investissement (2.214.088 euros) et conventions avec 88 acteurs économiques parisiens dans le cadre de l’appel à projets "Relancer mon entreprise autrement". 2021 DAE 325 - Subvention de fonctionnement (25.000 euros) et convention avec l’association l’Incubateur au féminin - Willa (2e) pour le developpement du programme "Women in Fintech". 2021 DAE 194 - Subventions d’investissement (939.581,70 euros) et conventions avec 15 structures lauréates de l’appel à projets "Hébergement touristique durable et accessible". 2021 DAE 303 - Subvention (390.000 euros) et avenant avec l’association "Paris Initiative Entreprise" (P.I.E.). 2021 DAE 190 - AAP Immobilier d'entreprises pour une manufacture textile circulaire. 2021 DAE 97 - Conventions et subventions de fonctionnement (243.000 euros) en faveur de 14 structures d’insertion par l’activité économique parisienne pour leur transition écologique. 2021 DAE 134 - Appel à projets Paris Emplois à Domicile. - Subventions en fonctionnement (403.000 euros), subventions en investissement (236.800 euros) et conventions avec plusieurs organismes de formation. 2021 DAE 281 - Subvention (1.415.500 euros) et avenant n° 2 à la convention pluriannuelle d’objectifs 2021-2023 avec l'association "Ensemble Paris Emploi Compétences" (E.P.E.C.).


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous allons, mes chers collègues, aborder la communication sur l'attractivité de Paris. C'est le projet de délibération SG 86, auquel il convient d'adjoindre les projets de délibération DAE 311, 325, 194, 303, 190, 97, 134 et 281.

Nous avons bien sûr, comme pour tout débat, organisé une présentation des amendements et des v?ux dans le cadre de la discussion générale, pour laquelle la conférence d'organisation a statué préalablement, sous l'égide de Patrick BLOCHE.

Je vais introduire ce débat, très important.

En cette fin d'année 2021, un point sur la situation économique parisienne s'impose. Bien plus qu'ailleurs, les Parisiennes et les Parisiens ont payé un lourd tribut à la pandémie, dont les conséquences économiques ont été très lourdes sur les entreprises parisiennes, sur l'activité et sur l'emploi.

Aujourd'hui, et même si nous devons rester prudents, les résultats sont heureusement très encourageants, car le rebond est là, plus fort d'ailleurs sur le territoire parisien qu'ailleurs. Nous nous en doutions compte tenu de ce que sont la situation et l'écosystème parisiens.

L'attractivité à l'échelle parisienne mais aussi métropolitaine est à nouveau éclatante, et avant toute chose j'aimerais revenir sur les contours de cette notion d'attractivité, pour poser les termes de notre débat.

Si, à travers l'attractivité, nous allons bien sûr parler des flux d'investissements internationaux, des capitaux et des touristes, j'aimerais aussi bien sûr que l'on pense l'attractivité comme l'atout d'une ville qui attire des talents, qui attire aussi les idées, les créations, une ville où l'économie sociale et solidaire s'inscrit aussi pleinement dans notre économie à part entière, et où tout cela s'inscrit dans le contexte de l'urgence écologique qui ne doit jamais nous quitter.

En d'autres termes, nous ne cherchons pas, je ne cherche pas à tout prix l'attractivité pour l'attractivité, mais je l'intègre à un projet global de grande transformation de notre ville pour réduire bien sûr notre empreinte carbone sans jamais laisser de côté les classes moyennes et les catégories populaires.

Notre attractivité doit bénéficier à toutes et tous, et surtout bien sûr les plus vulnérables et celles et ceux qui sont venus chercher à Paris une forme de protection, de considération, et même d'espoir que nous devons leur offrir.

En premier lieu, même si la crise n'est pas complètement derrière nous, nous pouvons constater que la reprise est là, et je veux d'abord remercier les Parisiennes et Parisiens, les entrepreneurs, les commerçants, les travailleurs des premières lignes qui, par leur ténacité, ont permis à l'économie parisienne de tenir et de se redresser. C'est d'abord à eux que nous devons ces résultats.

Je veux aussi bien sûr saluer l'implication de tous les élus et de tous les services, les services de la Ville, qui ont participé à ce redressement rapide de l'économie parisienne. Au regard des spécificités de notre économie et de l'ampleur de la crise, la tâche était pourtant immense. La place centrale occupée par le tourisme et le commerce dans notre économie a en effet très vite conduit à une perte d'activité et d'emplois bien supérieure à la moyenne nationale. Et ce fut sans aucun doute le choc économique le plus important depuis l'après-guerre.

Et jusque début 2021, notre perte d'activité était supérieure à la moyenne nationale d'environ 1 à 2 points, le nombre des demandeurs d'emploi avait augmenté de 7,3 % en 2020 contre, par exemple, 4,8 % dans la France métropolitaine.

Même si l'activité et l'emploi ne sont pas complètement revenus à leur niveau d'avant crise, l'économie et les emplois parisiens reprennent fortement et désormais plus fortement que sur le reste du territoire national.

Les dernières projections de l'INSEE le prouvent aussi : l'économie parisienne se situera fin 2021 au-dessus de son niveau d'avant crise, avec une augmentation de 0,6 % à Paris contre 0,1 % pour la moyenne nationale.

L'emploi rebondit aussi plus rapidement, et à Paris le taux de chômage, qui reste sensiblement inférieur à la moyenne nationale, est désormais très proche de son niveau d'avant crise : 6,5 % contre 6,2.

D'ailleurs, avant la crise, nous avions organisé plusieurs rencontres où nous parlions d'une situation, qui était quasiment une situation de plein-emploi.

Réjouissons-nous de ce rebond qui montre que notre action, au-delà d'ailleurs de celle de l'Etat, qui partout, en France comme en Europe d'ailleurs est sous l'impulsion de l'Union européenne, a permis de financer le chômage partiel, et donc de maintenir des salaires pendant toute cette période de confinement.

C'est une situation et nous ne pouvons que nous réjouir du fait que l'Etat ait procédé de cette façon, il l'a fait comme l'ont fait tous les Etats à l'échelle européenne, et ils l'ont fait d'ailleurs sous l'impulsion de l'Union européenne.

Cela a été efficace et nous nous en réjouissons, puisque cela n'avait pas été le cas par exemple au moment de la crise de 2008. Cela avait été fait en Allemagne mais pas en France et on avait vu d'ailleurs la capacité de rebond de l'Allemagne par rapport à la France, qui était en grande partie liée à cette question de la prise en charge du chômage partiel, donc la leçon a été tirée et on ne peut que s'en réjouir.

L'innovation aussi repart comme la preuve de la vitalité de nos entreprises. Je pense, par exemple, à cette "start-up" WeFight incubée à Paris, pour développer des assistants virtuels destinés aux malades atteints de maladies chroniques et de cancers, qui par exemple vient de lever 10 millions d'euros.

Le tourisme aussi repart, et cette attractivité retrouvée, nous la devons notamment à la transformation du centre de Paris, et en l'espace de quelques mois, de très nombreux lieux emblématiques ont ouvert ou rouvert.

Ces lieux qui font cette renommée mondiale de Paris, je pense, bien sûr, à la bourse de commerce que nous avons accompagnée depuis son origine. Je pense au Musée Carnavalet que nous avons entièrement rénové et qui est aujourd'hui un point d'attractivité touristique et bien sûr pour le plaisir des Parisiennes et Parisiens, mais qui est extrêmement important. Un projet hôtel de la marine, que la Ville a aussi accompagné dès son origine et à l'époque, il était porté par l'ancien Président Valéry Giscard d'Estaing, ou encore à la Samaritaine qui présente aussi une rénovation extrêmement importante.

Dans ces éléments de patrimoine que nous avons su valoriser, porter et qui sont aujourd'hui des atouts considérables, je pense aussi au musée Victor Hugo. Je pense demain à Notre-Dame, réparée, qui trouvera aussi toute sa splendeur au c?ur de Paris. Je pense aussi à ce très, très grand projet, la piétonisation des voies sur berges, qui font la joie des Parisiens et des Parisiennes comme bien sûr des touristes. Je pense aussi à la rénovation de nos différentes portes qui sont des éléments très importants, au développement du tramway, toutes ces infrastructures, toutes ces transformations tangibles qui renforcent l'attrait de notre capitale et donnent l'envie de s'y rendre.

Nous devons ces résultats à deux atouts, d'abord, des bases économiques saines et une relance efficace. Nos bases sont solides, Paris est une ville attractive et tous les investisseurs le disent, attractive pour les investissements internationaux. C'est une des villes touristiques les plus attractives au monde, qui a la particularité d'être une ville patrimoniale mais pas une ville-musée, puisque c'est aussi une ville dans laquelle on vit, on travaille, et dans laquelle il y a cette créativité liée à cet écosystème particulièrement performant.

Nous sommes donc la ville où il y a le plus de commerces, d'artisans par habitant. Nous sommes la première place financière en Europe et la capitale européenne de l'innovation.

Paris est aussi une ville qui montre l'exemple en matière de transition écologique, et sur ce sujet nous sommes reconnus pour cette capacité à agir. Je reprends les propos du secrétaire d'Etat américain chargé notamment des transports et de la mobilité, récemment voyant les grandes transformations des infrastructures parisiennes, il a dit : "si Paris a pu le faire, alors partout, on peut le faire". C'est ce qui se dit à l'international sur la capacité que nous avons eue à affronter et à être vraiment proactifs et innovants dans cette transition écologique.

D'ailleurs, je ne reviens pas sur ce que nous avons dit hier sur la réception récente du prix des Nations unies.

A ces fondamentaux solides s'est ajoutée une relance dynamique en faveur de l'économie et de l'emploi, et cette action a été rapide et massive. Le plan de relance que nous avons porté, c'est déjà les 230 millions d'euros mobilisés, donc au-delà des 200 millions d'euros dont nous avions ici même pris acte au tout début du confinement, que j'avais annoncés, notamment 230 millions au lieu de 200, en raison de la prolongation bien sûr de la crise en 2021.

Malgré ces dépenses entièrement justifiées, nous avons continué à assurer des finances soutenables pour notre ville, comme le démontre, et nous en avons parlé hier, le relèvement très récent de la notation Standard & Poor's qui a attribué à Paris la meilleure note possible pour une collectivité territoriale en France.

Ce plan de relance parisien porté par les finances parisiennes était nécessaire pour soutenir le commerce, le tourisme, la culture, avec aussi des exonérations importantes couplées à des aides ciblées, mises en ?uvre avec la Région ou par exemple avec la B.P.I.

Il était nécessaire partout pour pallier les insuffisances du plan de relance du Gouvernement. Je me souviens ici même dans cette salle, nous avions organisé une réunion avec l'ensemble des entrepreneurs, mouvements économiques, organisations syndicales de la capitale pour essayer de plaider tous ensemble, mais vraiment tous ensemble à l'unisson avec les organisations patronales et syndicales pour un plan de relance territorial parisien, ce fut en vain, l'Etat ne nous aide pas, mais nous avons travaillé et apporté nos contributions.

L'Etat ne nous aide pas alors que d'autres collectivités, nous l'avons dit hier, ont été massivement soutenues. Les aides vis-à-vis de Paris n'ont pas été à la hauteur et ces injustices, je les ai dénoncées, je continuerai à le faire à maintes reprises parce que les faits sont têtus, et pourtant tout cela est resté sans réponse.

Parmi nos mesures de relance, j'aimerais revenir par exemple sur une action en faveur de l'emploi avec le plan "Paris boost emploi" pour lequel je veux saluer le travail très, très soutenu, déterminé d'Afaf GABELOTAUD, qui avec l'ensemble des partenaires parisiens, du monde économique, du monde syndical, mais aussi avec le service public de l'emploi, national et évidemment parisien, a travaillé.

A travers ce plan, nous renforçons la formation, l'accompagnement, l'insertion des personnes les plus vulnérables et souvent les plus éloignées de l'emploi et c'est en ciblant des formations les plus prometteuses, en lien avec le service public de l'emploi, que nous atteindrons nos deux objectifs d'ici la fin de la mandature.

Tout d'abord, doubler le nombre de formations annuelles et assurer plus de 50.000 formations professionnalisantes gratuites pour les plus éloignés de l'emploi, c'est un engagement que nous avons pris ici même, que nous portons et qui n'est, comme tous nos engagements, pas simplement une annonce mais quelque chose que nous suivons au quotidien.

Mais je veux aussi évoquer l'appel à projets "emplois à domicile", nous savons combien c'est important, qui vise à renforcer la formation dans des métiers dont la crise nous a aussi rappelé l'importance pour vivre ensemble.

A chaque fois nous adoptons la même méthode, nous agissons dans la proximité, au plus près des habitants, nous allons vers celles et ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi, les femmes d'abord, les habitants des quartiers prioritaires, je veux remercier Anne-Claire BOUX aussi pour son engagement, les personnes à la rue, ou encore les réfugiés.

Nous continuerons bien sûr sur ce chemin en augmentant cette année le budget des services publics de l'emploi de 20 %, ce qui est une augmentation considérable dans un budget contraint dont nous avons hier analysé et voté les orientations pour 2022. Cette augmentation du budget des services publics de l'emploi de 20 %, c'est pour ne laisser personne invisible, en dehors du monde du travail et dans l'extrême précarité.

J'aimerais saluer la mobilisation de Pôle emploi, d'Ensemble Paris emploi compétences, l'EPEC, de l'école aussi de la deuxième chance et de la mission locale. Nous avons souvent l'occasion d'accueillir dans nos tribunes les élèves de l'Ecole de la deuxième chance.

J'aimerais aussi évoquer l'insertion par l'activité économique pour laquelle nous avons mobilisé 7,7 millions d'euros en 2021, et je veux remercier Florentin LETISSIER aussi pour son engagement sur ce champ essentiel de notre action.

Le projet de délibération qui va être présenté dans le cadre de cette communication permettra non seulement de soutenir ce secteur, mais aussi de l'orienter totalement, ce qu'il est par définition déjà, vers la transition écologique dans sa dimension sociale qui est aujourd'hui l'élément fondamental et incontournable de toute transition écologique.

Au final, ces derniers mois nous n'avons jamais cherché seulement à relancer l'économie et l'emploi. Nous avons accéléré la transformation de notre modèle économique pour le mettre au service des personnes, et bien sûr de la préservation de notre environnement.

Le dynamisme, qui est celui aujourd'hui de l'économie parisienne, intègre la transformation profonde de notre modèle économique, qui est tout à la fois écologique, social et solidaire.

Les faits nous donnent raison, si certains ont parfois cru bon de critiquer nos ambitions en faveur des logements sociaux, nos pistes cyclables, notre défense du service public, notre volontarisme pour mettre fin au diesel, force est de constater qu'aujourd'hui, nous devons notre attractivité autant à l'amélioration de la qualité de l'air qu'aux places en crèche, qu'aux investissements de long terme pour l'énergie et les transports et aussi évidemment à nos bons résultats économiques, parce que c'est la bonne méthode et que nous continuerons à porter cette double ambition dans tous les secteurs qui sont les secteurs de nos compétences municipales.

Je pense bien sûr à l'emploi et à la formation, on en a parlé, c'est tout l'objectif, chère Afaf GABELOTAUD, de l'appel à projets "Relancer mon entreprise autrement", qui contribuera et continuera de se déployer avec 2,2 millions d'euros pour accompagner les entreprises et les aider à investir dans la transformation numérique, qui est aussi un point très important.

D'ailleurs, un point dont on ne parle pas souvent mais qui fait partie des deux leviers du plan de relance européen "Transition écologique et transition numérique" sur lesquels normalement un plan de relance aurait pu être fait en associant les territoires et les collectivités de notre pays, ce qui n'a pas été le cas, aurait pu être un vrai plan de relance s'appuyant sur ces deux leviers.

Nous n'attendons pas, nous le faisons, pour aider les entreprises à investir dans la transformation numérique et écologique de leurs infrastructures.

Je pense bien sûr aussi au tourisme et c'est tout le sens, cher Frédéric HOCQUARD, des Assises du tourisme durable que nous avons tenues et qui ont été organisées en juillet dernier, avec l'ensemble des acteurs du secteur, avec des recommandations qui ont été formulées, qui sont très utiles pour construire un tourisme plus respectueux, plus local et bien sûr moins polluant. Ces recommandations sont progressivement mises en ?uvre, notamment par le biais aussi de notre plan "vélo".

Je pense aussi à l'appel à projets que nous avons lancé "Hébergement touristique durable et accessible" qui permet, à hauteur de près de 1 million d'euros, d'aider les acteurs de l'hébergement à réduire leur consommation énergétique et à respecter notre ambition aussi d'accessibilité universelle, cher Jacques GALVANI.

Je pense à l'innovation, et là c'est le travail fait par Pénélope KOMITÈS, ce travail d'incubation, d'accompagnement de nos jeunes entreprises innovantes avec aussi une attention très particulière portée à l'entrepreneuriat féminin qui nous tient particulièrement à c?ur, et aussi à l'entrepreneuriat lié aux quartiers prioritaires.

Aujourd'hui, par exemple, c'est l'association "Willa", cet incubateur pour les entreprises innovantes portées par des femmes, qui va bénéficier des financements de la Ville. D'ailleurs, avant de s'appeler "Willa", c'était un incubateur et une pépinière au féminin que j'avais eu l'occasion d'accompagner dès 2001, dans mes fonctions de première adjointe en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes. Donc voyez, ce sont des politiques de long terme que nous soutenons.

Je pense aussi à l'économie sociale, solidaire et circulaire, j'en ai parlé, tout l'enjeu, cher Florentin LETISSIER, de la création d'un écosystème parisien qui fera de cette économie non pas simplement un secteur comme un autre, mais un modèle pour l'économie parisienne tout entière, et nous renforçons là aussi nos instruments financiers d'accompagnement. Ce Conseil de Paris nous permettra aussi de créer, en partenariat avec Paris Initiative Entreprise, un nouveau fonds d'investissement de l'E.S.S. pour les entreprises, afin qu?elles bénéficient d'un financement en fonds propres ou quasi-fonds propres pour se développer et changer d'échelle.

La Ville injecte donc à cette fin 890.000 euros avec un objectif de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, et la création de près de 500 emplois.

Je pense enfin à la relocalisation sans laquelle nous ne pourrons réduire notre empreinte carbone. Nos efforts pour relocaliser la production et la consommation à Paris vont se poursuivre via aussi notre politique immobilière et foncière, et je remercie Olivia POLSKI aussi de nous accompagner dans ce travail, qui va garantir à nos entreprises et à nos commerces des loyers abordables. Nous sommes d'ailleurs accompagnés par la Caisse des dépôts dans ce travail extrêmement important.

Chers collègues, notre avenir économique tient sur un équilibre subtil, l'idée n'est pas d'arrêter de produire ou de créer, ou d'arrêter d'attirer des entreprises ou d'arrêter d'attirer les touristes. Au contraire, nous devons les attirer toujours plus, mais en respectant à la lettre notre cap qui est celui de la neutralité carbone en 2050.

Ce modèle d'attractivité, nous le construisons aussi à l'échelle du Grand Paris avec Patrick OLLIER. C'est dans cette logique que nous avons pensé et que j'ai pensé la candidature des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, pour renforcer l'attractivité de toute la Métropole à laquelle sera légué cet héritage en termes d'infrastructures, d'emplois, d'adaptation aussi à l'urgence climatique.

Si nous pouvons nous réjouir de l'attractivité retrouvée de Paris, j'aimerais surtout vous dire à nouveau ma satisfaction que ce rebond soit avant tout écologique et social.

On ne peut pas construire une politique sans vision, notre vision est claire, je crois qu'elle est partagée par une grande majorité de Parisiens, et il me semble que c'est le seul chemin qui nous permettra à la fois de rester attractifs et de penser notre économie au service des Parisiennes et Parisiens, de tous les habitants de la Métropole, de celles et ceux qui y vivent déjà ou voudraient venir s'y établir, au service aussi et surtout des jeunes et des générations futures. Bref, quelque chose qui nous permette de rester ce que nous sommes : fidèles à nos valeurs, à une vision et à une lucidité sur la nécessité de transformer notre monde, mais de ne laisser personne sur le bord du chemin. Je vous remercie. Nous allons engager le débat avec un premier orateur, M. Jérôme GLEIZES, pour le groupe Ecologiste de Paris.

M. Jérôme GLEIZES. - Madame la Maire, chers collègues, je note votre enthousiasme vis-à-vis des dynamiques de relance et de reprise économique que connaît Paris, mais aussi votre réserve dans vos propos liminaires.

Mais au nom du groupe écologiste, j'ai le regret de vous faire part de notre sentiment que c'est un trompe-l??il. Il faut nuancer, car nous restons encore très éloignés de ce qu'il convient de faire pour un modèle économique résilient à Paris.

Cette communication illustre parfaitement ce qu'écrivait André Corz dans un texte fondateur en 1974, "Leur écologie et la nôtre". Concilier l'économie et l'écologie ne peut pas passer par un renforcement de l'attractivité. Le capitalisme comme mode d'accumulation infini du capital est en contradiction intrinsèque avec la protection de l'environnement.

C'est pour cette raison que l'attractivité n'est pas la solution mais bien le problème : changement climatique, érosion de la biodiversité, appauvrissement des ressources naturelles.

Par mon intervention, je vais préciser mon propos. Les écologistes sont attachés à la rigueur scientifique et mettent un point d'honneur à sérieusement écouter les adeptes et experts, en particulier sur le risque d'effondrement. En 2012, la très renommée revue "Nature" publiait un article décrivant les différents scénarios d'effondrement possible de la biosphère. Depuis, et notamment comme le conclut le dernier rapport du GIEC, la situation se dégrade. L'irréversibilité du changement climatique se confirme, les discours malheureusement ne sont pas performatifs.

Nous vivons, circulons, travaillons, nous organisons en société dans un monde où les ressources en matières et en énergies s'épuisent du fait de notre consommation plus vite qu'elles ne peuvent se renouveler. Ce sont bien nos activités humaines de surproduction et de surconsommation, dans un monde où chacune et chacun recherche en premier le profit, qui sont la cause de l'érosion des ressources et nous conduisent vers un effondrement comme le prévoient nombre de scientifiques et d'économistes.

Il est vain de penser que l'on peut continuer à faire croître une richesse, en poursuivant à l'aveugle dans un modèle productiviste. Il est vain de croire que l'on peut verdir la croissance de l'économie sans polluer et sans perturber les équilibres naturels. Le développement durable est un oxymore. L'attractivité économique n'est que l'illustration de nos contradictions mortifères.

Hier, le débat sur le plan d'aménagement et de développement durable a popularisé le concept d'externalité positive, mais seulement il y a une méprise, il s'agit d'un contresens. Ce concept d'externalité date de 1920 et a été développé par l'économiste anglais Arthur Cecil Pigou. Il prend notamment l'exemple des incendies causés à l'époque par les locomotives à charbon à proximité des voies de chemin de fer.

La société de chemin de fer ne prend pas en charge les dégâts qu'elle a engendrés du fait de son activité et n'a donc aucune raison incitative ou coercitive à limiter les préjudices causés à l'environnement. Ici, on parle bien d'externalité négative. Les externalités sont rarement positives, en particulier du fait de l'effet rebond de Jevons, qui énonce que plus on innove, plus la technologie progresse, plus on est compétitif, eh bien plus la consommation d'énergie augmente, malgré une amélioration de l'efficacité.

Mes chers collègues, cet effet rebond est aussi valable lorsqu'on augmente l'attractivité. Cela entraîne une augmentation de la consommation et donc, un épuisement des ressources au détriment de nos écosystèmes naturels.

Ce que nous disent aujourd'hui les scientifiques, c'est qu'il faut réduire notre empreinte écologique, nos consommations de matières premières en volume. Cela ne peut pas passer par une logique de compétitivité, car toute attractivité se fait forcément au détriment d'une autre métropole. Au contraire, il faut défendre une coopération des métropoles. La vision positive dans le domaine attractif bute sur la stratégie des communs développée par Garett Hardin en 1968.

La surexploitation de nos ressources - je parle du foncier - accélère l'imperméabilisation des sols et détruit la capacité des écosystèmes à créer des îlots de fraicheur. Une captation naturelle du CO2 à travers les arbres et la photosynthèse dégrade les conditions de vie à travers une surdensification d'un lieu d'habitation.

Il ne peut y avoir de réponse aux crises sociales, économiques, environnementales, que s'il y a une rupture avec le modèle productiviste induit par la compétition des métropoles et des entreprises.

Pour autant, cette communication est intéressante sur un point : la mise en lumière de l'importance de développer l'économie sociale et solidaire. Les écologistes préfèrent parler de tiers-secteur au-delà du secteur privé ou public. L'E.S.S. se construit davantage dans la coopération que dans la compétition et la concurrence, car l'E.S.S., c'est avant tout de l'activité territorialisée, c'est un mode d'organisation de l'activité, qui n'est pas nécessairement à vocation environnementale dans ses objectifs, mais qui induit des comportements qui peuvent permettre une action écologique.

Si nous voulons répondre à la crise écologique, nous devons rompre avec l'ancien modèle économique parisien basé sur le tourisme, l'immobilier et les services. Nous devons réduire notre dépendance au reste du monde, un des facteurs qui expliquent un impact économique plus important de la crise du Covid-19 à Paris que dans d'autres territoires. Tout doit être revisité à l'aune des enjeux environnementaux et sociaux. C'est à la lumière de ces constats que le groupe Ecologiste de Paris travaille à la co-construction des politiques publiques dans notre ville. Nous ne partageons pas cette vision de l'écologie dans nos territoires ni cette vision de l'économie dans nos territoires, mais vous pouvez compter sur notre détermination à transformer en profondeur pour plus d'emplois vertueux, relocalisés, créateurs de lien, qui mettent l'environnement et la solidarité au premier plan.

Je vous remercie de votre attention et Frédéric BADINA-SERPETTE et Alice TIMSIT iront plus en détail sur nos propositions par rapport à Paris. Merci de votre attention.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur GLEIZES.

La parole est à Mme Barbara GOMES, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Barbara GOMES. - Madame la Maire, mes chers collègues, la communication qui nous est présentée fait état de l'ambition de la Ville de devenir une capitale européenne de l'innovation écologique, sociale et solidaire, c'est une belle et saluable ambition, mais pour la réaliser, ayons bien à l'esprit que cela impliquera des mesures fortes et concrètes.

Nous le savons, si la densité commerciale à Paris est particulièrement forte, l'activité économique a été considérablement freinée par la crise sanitaire. De nombreuses Parisiennes et nombreux Parisiens ont perdu leur emploi, le pouvoir d'achat des habitantes et habitants a largement baissé, et beaucoup de commerces en subissent encore les conséquences. En parallèle, le nombre de commandes sur Internet explose, ce qui n'est évidemment pas sans conséquences sur les petits commerces.

D'ailleurs, en ce moment nous subissons le développement fulgurant, je pense qu'on peut le dire comme cela, du "quick commerce". Vous savez, ce "quick commerce", ce sont les offres de livraison ultrarapides et malsaines où l'on se contrefiche de la santé des livreurs au profit d'une logique du toujours plus vite pour des consommatrices et consommateurs que l'on habitue à devenir des enfants pourris gâtés, si vous me passez l'expression.

Avec ce type d'activité, nos commerces laissent petit à petit la place aux vitrines opaques des entrepôts logistiques promettant un avenir bien sombre à la vie de nos rues et nos quartiers. Comment rivaliser avec des commerces ouverts 24 heures sur 24 quand on est commerçante ou commerçant et que l'on entend respecter le droit du travail, respecter le droit social, ne pas faire de "dumping" social en se faisant de l'argent sur la surexploitation des plus précaires ? D'autant que l'augmentation des loyers par ailleurs n'arrange rien en la matière.

Pour maintenir la diversité de ces commerces en pied d'immeuble, sources de vie dans nos quartiers, la préemption des baux commerciaux peut être une solution efficace. C'est d'ailleurs pourquoi notre groupe avait voté un v?u dans ce Conseil en juillet dernier pour que la Ville développe ces préemptions sur le territoire et notamment ceux très enclins à la monoactivité. Où en sommes-nous de ce point de vue ? Avons-nous d'autres solutions pour régler ce problème ?

Par ailleurs, la crise a renforcé la précarité, surtout pour celles et ceux qui ont perdu leur emploi. En soutenant les dispositifs d'insertion par l'activité économique, la Ville de Paris prend ses responsabilités pour permettre aux personnes les plus éloignées de l'emploi de retrouver une activité, une stabilité, et ainsi aussi éviter la désocialisation, le basculement vers un emploi déguisé ou mal rémunéré.

En 2019, 66 % des Parisiennes et Parisiens sortis d'un parcours d'insertion par l'activité économique ont obtenu un emploi ou une formation. Ces chiffres sont vraiment prometteurs. Ils révèlent l'efficacité des dispositifs d'I.A.E.

A ce titre, l'économie sociale et solidaire peut être porteuse d?effets sociaux et environnementaux positifs pour la population, mon collègue Jérôme GLEIZES vient de le dire. D'ailleurs, l'E.S.S., c'est près de 10 % de l'emploi à Paris. C'est pas mal.

Si la Ville soutient et doit soutenir ces initiatives, attention à demeurer exigeantes et exigeants sur les attentes. Etre favorable à l'entrepreneuriat oui, mais le soutien de la Ville doit, à notre sens, obligatoirement avoir des finalités sociales et environnementales fortes.

Or, justement, la communication le mentionne, 7,7 millions de subventions sont alloués à l'insertion par l'activité économique, et 5 millions sont dédiés au secteur de l'E.S.S. Sur les 230 millions d'euros engagés à mi-2020 pour accompagner les acteurs économiques parisiens à faire face à la crise en accompagnant leur relance, nous pensons que la Ville doit essentiellement, sinon exclusivement, soutenir les acteurs qui s'engagent socialement et écologiquement. Or, notre groupe déplore que le social soit, comme trop souvent, relégué au second plan. Je vais vous donner un exemple concret en la matière. Comment accepter qu'encore une fois, la Ville de Paris subventionne à hauteur de 3 millions d'euros des entreprises qui ne dressent aucun bilan social, pour des actions engagées avec des financements publics ?

D'abord, on a le projet de délibération DAE 194, qui vise à soutenir certains hôtels parisiens dans leur transition écologique, à hauteur de 1 million d'euros.

Je veux bien que l'on soutienne la transition écologique, avec des subventions de travaux par exemple, c'est très bien de faire cela, mais avez-vous vu la liste des hôtels qui sont subventionnés ? On a affaire à des établissements qui appartiennent à de grands groupes et sont situés dans les beaux quartiers. Vous n'allez pas me dire qu'ils ont besoin de cette subvention ? Ce n'est pas possible. On manque d'argent pour développer de super projets, parfois votés en Conseil de Paris, soit dit en passant, et on va filer de l'argent aux grands groupes ? Il y a quelque chose qui ne va pas à ce sujet.

Et puis, il faudrait intégrer le fait que tous les touristes n'ont pas les moyens de louer une chambre dans les quartiers chics, après avoir visité Paris. Beaucoup s'installent au contraire dans les quartiers populaires. Pourquoi ne pas aider les hôtels de ces quartiers-là ?

Je veux bien entendre que le secteur de l'hôtellerie et de la restauration représente 15 % de l'emploi parisien, qu'il faut aider ce secteur après la crise, évidemment, mais si c'est l'emploi le motif, il faut des garanties aussi en matière d'emploi. Ce secteur est connu pour avoir beaucoup de travail précaire et dissimulé, donc on pourrait avoir des assurances en la matière quand on leur donne de l'argent public.

Et puis, il y a le projet de délibération DAE 311 à travers le dispositif "Relancer mon entreprise autrement". Il subventionne les entreprises parisiennes touchées par la crise pour accompagner la relance économique. Alors que plus de 2 millions d'euros vont être attribués à des structures privées, l'aspect social est encore une fois absent des critères d'attribution.

Je vous cite les conditions d'éligibilité : "Les acteurs économiques doivent s?inscrire dans une démarche de transition dans leur façon de travailler en prenant en compte les nouveaux enjeux sanitaires de transition écologique, de mise en accessibilité universelle ou de transition numérique". Quelle place est donnée à l'insertion dans leur stratégie de relance économique ? Face à la situation de l'emploi à Paris, nous ne pouvons pas soutenir des structures qui ne montrent pas de réelles ambitions en termes d'emplois pérennes. En conclusion, c'est la crise. L'argent que l?on distribue, il faut le prioriser vers l'emploi, vers le pouvoir d'achat, et pas l'offrir sans contrepartie sociale au privé. Nous voulons prioriser le financement sur les critères sociaux, en ciblant des publics et des territoires prioritaires, au lieu de financer des structures pour lesquelles il est difficile de mesurer les effets. C'est le sens de notre v?u, qui demande aussi que les structures subventionnées par la Ville présentent des bilans sociaux, des activités mises en ?uvre par des financements publics. Cela permettrait à la Ville de mieux évaluer les effets des activités subventionnées sur le territoire parisien en matière sociale et de tirer des conclusions sur ces actions menées. On a ces exigences envers les associations, je ne vois pas pourquoi on ne les aurait pas pour les entreprises. L?efficacité des acteurs de l'I.A.E. et de l'E.S.S. n'est plus à démontrer, mais soyons vraiment vigilants sur notre soutien envers des structures plutôt vertueuses tant en matière environnementale que sociale. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame GOMES.

La parole est à M. GOVCIYAN, pour le groupe "Indépendants et Progressistes".

M. Alexis GOVCIYAN. - Madame la Maire, mes chers collègues, ici, au Conseil de Paris, notre groupe se place dans une opposition constructive. Nous avons donc le souci d'accompagner les actions de votre majorité, lorsqu'elles vont dans le sens de l'intérêt de l'économie parisienne, de son maintien et de son développement.

C'était le cas notamment alors que Paris, comme notre pays, faisait face à l'épidémie mondiale, ce qui nécessitait une mobilisation générale, au-delà des logiques de majorité et d'opposition.

Votre communication aujourd'hui met l'accent sur le dynamisme retrouvé, et sur l'attractivité au service de la transition écologique et sociale. A vous entendre, nous avons l'impression que Paris, seul, a pu faire face à ce que nous avons vécu, et que tout aurait été fait grâce à votre seule politique en faveur de l'économie.

Permettez-moi de vous rappeler, nous le faisons sans cesse, que sans la politique de l'Etat, qui a su créer les conditions du maintien et de la relance de notre économie, le catalogue de mesures que vous énumérez dans votre communication n'aurait pas été suffisant.

Car, durant la crise, la politique volontariste de l'Etat a aussi et surtout permis à l'économie parisienne de retrouver son activité, et vous le savez bien, les Parisiens aussi d'ailleurs.

En effet, je le répète de jour en jour, l'engagement sans faille du Président de la République et de son Gouvernement, pendant toute cette période de crise sanitaire économique et sociale, nous a permis collectivement de tenir. Je souhaite vous rappeler une nouvelle fois l'aide massive apportée à l'économie parisienne, à travers trois exemples.

Plus de 55.000 prêts garantis par l'Etat ont été signés à Paris, pour un montant d'encours de 18,6 milliards d'euros, c'est-à-dire près de deux fois le budget annuel de la Ville de Paris.

Plus de 3,1 milliards ont été engagés par le Gouvernement, pour le chômage partiel à Paris depuis mars 2020, vous l'avez rappelé, mais vous avez minimisé le rôle de l'Etat alors qu?il était pionnier. C'était le premier Etat, le premier Gouvernement, à lancer une telle initiative sur le plan européen et sur le plan mondial.

1,4 milliard d'aide au titre du fonds de solidarité a été versé à plus de 140.000 acteurs économiques parisiens. C'est ce même fonds de solidarité qui a permis de sauver les bouquinistes des quais de Seine, qui étaient face à la baisse de fréquentation touristique liée à la crise sanitaire. Toutes ces aides massives et d'autres ont permis de préserver les emplois, de maintenir le pouvoir d'achat, et d'éviter que des dizaines de milliers d'entreprises ne disparaissent. Mais, au-delà de ces mesures économiques, l'Etat est aussi un acteur de l'attractivité de Paris. Ceci, par sa politique de lutte contre le réchauffement climatique, de sauvegarde du patrimoine et de rénovation énergétique, et l'Etat contribue tant au quotidien des Parisiens qu'au rayonnement de la ville. De la rénovation énergétique des logements sociaux à la rénovation du Musée du Louvre, en passant par les travaux concernant les divers bâtiments de la ville, ce sont plus de 238 millions d'euros investis par l'Etat, sur plus de 60 opérations de rénovation énergétique de bâtiments publics situés à Paris. A long terme, l'action de l'Etat sera également sensible et nous en bénéficierons, notamment d'ici 2030. En effet, le gouvernement prendra en charge les travaux de grande rénovation du Centre Pompidou, pour un coût de 200 millions d'euros. D'autres actions concernent la qualité de la vie, également en vue des Jeux olympiques et paralympiques 2024, comme le plan pour la qualité de l'eau et la baignade en Ile-de-France. Bien entendu, les mesures de relance que vous avez vous-mêmes prises, qu'il s'agisse des exonérations de charges locales, de "Paris boost emploi", du dispositif de terrasses éphémères ont pu accompagner notre économie, même si vous connaissez notre position, notamment sur les terrasses et la gestion anarchique que les Parisiens ont subies. Si vous donnez des chiffres pour les terrasses par exemple, 12.000, nous n'avons que peu d'éléments sur les mesures de relance, notamment sur ce que "Paris boost emploi" a d'ores et déjà comme conséquences sur la situation de l'emploi. L'objectif de 7.000 bénéficiaires de formations pendant la mandature, donc d'ici 2026, reste pour nous nettement insuffisant, alors que Paris et sa jeunesse ont besoin d'une véritable politique d'ensemble qui puisse les accompagner. Il y a 36.000 apprentis à Paris, et qui ne sont pas, pour l'instant, accompagnés, que je sache, par Paris. Aussi, il nous paraît plus qu'urgent que Paris s'engage dans une politique de relance globale, et que tous les leviers d'action soient engagés en concertation avec les acteurs économiques, politiques et sociaux. Dans ce cadre, nous souhaitons disposer d'informations sur la mise en place de l'observatoire de l'économie parisienne, qui est normalement conçu pour agir avec l'ensemble des acteurs, Etat, acteurs nationaux, organisations professionnelles consulaires, et que vous nous disiez comment vous comptez agir à cet effet. En effet, les problèmes demeurent, et ils transparaissent à travers les échanges que nous avons dans cette enceinte. Les problèmes de commerce de proximité comme les questions de propreté, de sécurité, demeurent, on le rappelle sans cesse. Si la Ville fait des efforts, sa gestion est parfois chaotique et sans véritable programmation d'ensemble. De même, l'accompagnement des entreprises de proximité, comme aussi de la jeunesse, des demandeurs d'emploi, pour ce qui concerne la politique d'information, de formation et d'apprentissage, reste encore insuffisant. Enfin, pour terminer, s'agissant du dynamisme de l'attractivité de Paris, si de nouvelles générations et de nombreux acteurs sont encore présents, Paris connaît néanmoins une situation inquiétante. Cette situation existait avant la crise sanitaire, mais celle-ci a exacerbé des envies d'ailleurs, des envies de meilleure qualité de vie. En 2018, un sondage du site de recrutement Cadre emploi annonçait que plus de 80 % des cadres souhaitaient quitter Paris à cause des embouteillages, du bruit, de la pollution. Depuis, rien n'a changé. De plus, la crise est passée par là. Tout ceci représente un nouveau signal d'alarme face à des enjeux fondamentaux au c?ur de l'avenir de l'attractivité parisienne. Car, il ne suffira pas de retrouver un niveau d'avant crise pour vivre mieux à Paris. Il faudra faire autrement, différemment, en ne négligeant pas les aspirations des habitants et le rôle des arrondissements municipaux. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur GOVCIYAN.

La parole est à Mme Nathalie MAQUOI, présidente du groupe "Génération.s".

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, quel modèle économique se déploie à Paris ? C'est la question qui nous est posée ce matin, alors que nous venons de traverser quelques années étranges, et notamment 2020, où pendant de longues semaines tout s'est arrêté.

Depuis un an et demi, on parle beaucoup de notre consommation, sa qualité, sa quantité, la production, son coût social et son coût environnemental. On s?est aussi beaucoup posé la question du sens, qu?est-ce qui est essentiel dans nos activités humaines, qu'est-ce qui ne pouvait pas s'arrêter pendant quelques jours, quelques semaines ? Qu'est-ce qui finalement pouvait se pratiquer à distance, voire tout simplement, qu?est-ce qui paraissait creux, vide de sens ?

Le véritable moteur des économies locales n'est pas tellement dans la richesse produite mesurée par un outil obsolète : le produit intérieur brut. La force de l'économie parisienne est l'incroyable diversité des modèles économiques qu'elle fait coexister. Qui dit diversité dit meilleure chance de résister en cas de choc, en cas de crise, et c'est cette résilience qu'il faut renforcer.

Pour déterminer comment accompagner l'économie locale, la Ville de Paris doit la passer au tamis de critères environnementaux et sociaux pour fertiliser les modèles les plus favorables au commun, et je partage ce qu'a développé Barbara GOMES. Pour le prolonger, parmi ces modèles, nous aimerions attirer l'attention sur quelques-uns, qui devraient focaliser l'accompagnement de notre collectivité.

Si Paris est attractive, c'est parce qu'elle est créative, créative quand elle est inclusive. Le charme envoûtant de Paris, c'est son patrimoine, ses monuments, ses rues bien sûr. Mais que serait-il s'il n'était pas sublimé par celles et ceux qui y déambulent, travaillent et vivent, les Parisiennes et Parisiens ? Ce sont elles et eux qui font aimer Paris. Leur mode, leur emballement, leur incomparable esprit créatif.

Que serait cet esprit sans le mélange des catégories sociales, sans l'inclusion des populations nouvelles, sans l'enrichissement mutuel entre nouveaux arrivants, personnes migrantes, résidentes et résidents de longue date, Parisiens ? Qu'est-ce qui impacte le plus l'image de Paris ? Le commentaire satisfait d'un Chinois très riche qui sort de la Samaritaine, ou les mobilisations des militants des droits humains qui constatent l'inhumanité des conditions de vie et d'accueil des personnes réfugiées sous leurs tentes ?

Si la richesse de l'économie parisienne réside dans sa diversité, c'est grâce aux femmes et aux hommes qui trouvent refuge à Paris et qui ont toujours contribué au développement de notre économie. J'ai en tête cet artisan de la mode chinois installé rue Ramponeau dans le 20e, précurseur dans la mode durable, qui a pris son élan grâce à un local "Paris Habitat". Ils et elles sont des milliers à Paris à contribuer, inventer, à nous permettre de vivre mieux par leur activité.

La raréfaction des ressources fait augmenter les prix des biens et de l'énergie, le dérèglement climatique nous obligera à limiter le déplacement des biens. Pourtant, nous sommes assis sur une mine d'or : nos propres déchets.

Aujourd'hui, une très faible partie est réemployée, c'est-à-dire remise en état pour être sur le marché. Notre ville fait beaucoup. Elle peut devenir "leader" dans l'approche circulaire concernant tous les biens, industriels, textiles, agricoles.

Deux modèles aujourd'hui s'affrontent pour l'organisation de l'économie circulaire : un capitalisme axé sur la rentabilité à court terme, dont les critères ne sont ni environnementaux ni sociaux. C'est le modèle du téléphone acheté aux Etats-Unis, conditionné en Roumanie, revendu en France, avec un bilan carbone désastreux, et parfois soutenu par des subventions publiques.

Et puis, il y a celui qui s'ouvre l'opportunité de réinventer la finalité de l'économie même, celui de l'économie sociale et solidaire, qui pense l'insertion des personnes éloignées de l'emploi, l'apprentissage de métiers d'avenir, et la propriété collective. Bref, une économie circulaire démocratique et sociale.

Dans le même esprit, jamais on n'a autant parlé de nourriture et d'alimentation, pas seulement sur les recettes de cuisine ou la redécouverte du fait maison, on a aussi parlé de celles et ceux qui n'ont plus assez pour manger correctement à tous les repas.

Confrontée à une maladie qui développe des symptômes plus graves quand on est en surpoids, quand on a du diabète, la question de l'alimentation a révélé toute sa dimension sanitaire et sociale.

C'est pourquoi une des priorités de transformation dans nos modèles économiques réside ici : nous devons sortir de l'agro-industriel, des produits transformés dont le prix baisse proportionnellement à la hausse de la quantité de sel et de sucre qui y sont contenus. Cela nécessite d'accompagner la construction d'une autre filière de production, d'approvisionnement et de distribution, pour que les aliments de qualité ne soient pas seulement accessibles à celles et ceux qui en ont les moyens.

Il faut aussi encourager les commerces qui construisent les filières de circuits courts localisés, les productions en agriculture durable en Ile-de-France, et surtout, leur développement par l'installation sur les terres agricoles que nous possédons. Autant de priorités pour construire un écosystème vertueux.

Ensuite, il y a l'économie cognitive, celle de la connaissance et du savoir. Nos dynamiques territoriales sont fortement corrélées au niveau de l'éducation d'un territoire, à la présence d'universités, de centres de recherche, ou liens entre les lieux de connaissance et les lieux d'activité économique. Cet axe stratégique, si on ne cède pas au dogme de la croissance économique à court terme, est essentiel pour Paris, pour être moteur en termes d'innovation sociale, pour accompagner les importantes mutations que nous traversons.

La jeunesse, très présente aujourd'hui à Paris, est un atout. Soutenir l'éducation, la connaissance, la recherche, est une façon de croire en elle. Paris compte de surcroît des atouts exceptionnels, les écoles d'art, l'E.I.V.P., les écoles d'architecture, l'Ecole du Breuil, et toutes sont à un tournant.

Une attention toute particulière doit être faite à l'économie créative, au-delà des ressources intellectuelles, les dynamiques territoriales dépendent de la capacité des acteurs de l'économie à les transformer par la création. L'essor de la ville créative doit être accompagné et favorisé par un climat d'ouverture, de tolérance. Autrefois réservée à un public choisi et cantonnée à des équipements dédiés, la culture s'ouvre pour investir l'espace public, nos rues, nos places, contribuer à créer du lien social et à faire du commun. Les quartiers de création, les réseaux d'ateliers d'artistes participent à favoriser l'accueil et à développer l'ouverture. Les formes souples, festivals, événements publics, concerts, y contribuent et rendent la création accessible au plus grand nombre. Il y a aussi l'économie mixte, la contribution et la vitalité de nos entreprises publiques locales. Elles participent pleinement à la mise en ?uvre de nos politiques publiques, à améliorer la vie des Parisiens et Parisiennes dans de nombreux domaines : logement, commerce de proximité, aménagement durable, logistique. Elles portent nos ambitions et nos valeurs. Ces modèles économiques vertueux, les élus "Génération.s" seront toujours présents pour les soutenir. Et cette communication nous a permis de faire le point sur notre positionnement et nous conditionnerons désormais nos votes au respect des critères exigeants sociaux, environnementaux, et de genre.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous.

La parole est à Mme Séverine de COMPREIGNAC, pour le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes.

Mme Séverine de COMPREIGNAC. - Chers collègues, débat fondamental que celui que vous nous proposez ce matin, tant l'économie de notre ville est un élément essentiel pour tous les Parisiens en termes d'emploi, de proximité des services, également des finances de la Ville, et de rayonnement de notre ville capitale.

Débat fondamental également au milieu d'une crise sanitaire qui a eu des répercussions économiques et sociales majeures à Paris, dans toute la France et bien au-delà.

Ainsi, nous nous devons de porter une grande attention à notre tissu économique dans son ensemble. En premier lieu, ce qu'il faut souligner ici, c'est la mobilisation de tous les acteurs publics pour atténuer les effets de la crise : l'Etat, la Région, la Collectivité parisienne.

Ce sera là mon principal reproche, à vous écouter pendant presque 30 minutes tout à l'heure, vous êtes vraiment formidable. Vous tirez la couverture à vous, en oubliant de dire le rôle qu'ont eu la Région et l'Etat, voire l'Europe, quant à la gestion de la crise, et pour la sortie de crise.

C'est un peu facile de dire que grâce aux 200 millions d'euros dépensés par la Ville, vous sortez à vous toute seule Paris de la crise. Vous dites même dans le document qui nous a été communiqué, je cite : "le territoire parisien a très peu bénéficié des financements de l'Etat dans le cadre du plan France Relance". C'est un peu mélanger les choux et les carottes, j'y reviendrai.

C'est aussi et surtout aller un peu vite en besogne, oubliant ce que l'Etat, tout au long de la crise, a mis sur la table, et dont Paris comme les autres territoires a pleinement et fort heureusement profité. C'est 560 millions d'euros d'exonération de cotisations sociales pour les entreprises, de report de paiement d'impôts, de remboursement anticipé, etc., du fonds de solidarité qui a permis d'aider en particulier les T.P.E., les microentreprises, les indépendants, à ne pas se retrouver sans rien pour vivre dans les pires mois de la crise, cela, c'est 1,4 milliard d'euros. Sans compter les 3 milliards pour le chômage partiel pour les salariés parisiens.

Entendons-nous bien, je ne veux en rien minimiser ce qu'a fait la Ville de Paris pour soutenir son économie. Mais de grâce, ne ramenez pas tout à vous.

Nous considérons, au groupe MoDem, que dès lors qu'il s'agit de défendre la structure économique de notre ville, la vie de nos quartiers, les demandeurs d'emploi, toutes les actions possibles des différents acteurs doivent se rejoindre pour agir au mieux de l'intérêt général.

Encore faut-il ne pas générer des actions en sens inverse. Ville sale, pistes cyclables en perpétuels travaux qui créent un enlaidissement réel, décisions et contre-décisions au gré des mois qui finissent par perdre tout le monde, bouchons perpétuels qui finissent par décourager plus d'un entrepreneur, artisan, commerçant, consommateur bien sûr.

Parce que quoi que démontre votre communication, les Parisiens ont des yeux pour voir. Des commerces fermés, nombreux, d'autres en grande difficulté, dans un environnement quasi désespérant de saleté, de désordre, de choix temporaires qui durent depuis des années. Chacun a bien compris que dès qu?un environnement de travaux apparaît, il y en a pour des années. Le moindre feu tricolore en travaux voit le bloc de béton autour de lui prendre racine pour longtemps. Autre point, si l'on parle du financement, j'aurai plusieurs éléments à souligner. D'une part, vous semblez confondre soutien pendant la crise et plan de relance. Pardon, mais ce n'est pas tout à fait la même chose, voire pas du tout. C'est le mélange de choux et carottes évoqué tout à l'heure. Si l'on fait consciencieusement l'addition des dépenses faites pour éviter le pire pendant la crise, on arrive vite à 220 millions d'euros. Or, vous annoncez 230. Il resterait 10 millions pour la relance ? Heureusement que l'Etat et l'Europe sont là pour vraiment faire la relance. Je ne vous reproche pas de ne pas avoir agi pendant la crise. Vous l'avez globalement fait, souvent dans le désordre. J'ai souvenir de quelques interventions ici, en particulier à l'égard de la jeunesse, pour laquelle cela partait dans tous les sens. Pas toujours suffisamment, là aussi les archives prouveront notre constance à cet égard. Simplement, je vous mets en garde contre la présentation que vous en faites, qui est franchement biaisée. Peut-être les circonstances politiques actuelles vous y contraignent et expliquent d'ailleurs la tenue de ce débat de ce matin. Enfin, si l'on continue à parler gros sous, je veux, rejoignant mon collègue Pierre CASANOVA hier sur le débat d'orientations budgétaires, m'inquiéter du décalage entre le financement de la crise et l'augmentation de la dette, presque 10 % d'augmentation. A ce train, nous finirons la mandature exsangues. Je veux conclure en rappelant notre attachement profond à la structure économique de notre ville, qui doit être capable, au-delà de la crise sanitaire actuelle, de se transformer, pour que les visions de grands axes tels que la rue de Rennes ou le boulevard Saint-Michel, dont on voit bien qu?ils sont en perdition, ne se multiplient pas, et peut-on espérer, reprennent vie. Pour que la jeunesse parisienne puisse rester à Paris, parce qu'il y aura de l'emploi, des logements abordables, pouvant ainsi profiter des richesses de notre ville. Enfin, pour que les touristes aient envie de revenir.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame de COMPREIGNAC.

Je donne la parole à Jean-François MARTINS, pour le groupe Paris en commun.

M. Jean-François MARTINS. - Madame la Maire, chers collègues, une crise est toujours un révélateur de forces et de faiblesses. Celle historique, sanitaire et économique que nous venons de traverser, a donc eu aussi, malheureusement, la vertu de nous permettre de mesurer justement la robustesse des fondations de l'économie parisienne, et la solidité des leviers publics municipaux pour la soutenir.

Cette crise, plutôt d'ailleurs cette sortie de crise, a révélé les fondations solides de l'économie parisienne. Car, en préservant depuis deux décennies les commerces de proximité, tout en faisant en même temps de Paris une place forte de l'économie de l'innovation, en développant dans le même temps le "Fabriqué à Paris", et la place financière verte pionnière en Europe, la Ville a construit à Paris une économie plurielle, mixte, robuste, qui a permis à celle-ci de faire face aussi bien au télétravail qu'à la nécessaire exigence de proximité imposée par la période.

Cette force du tissu économique parisien, c'est la principale raison qui nous permet de constater aujourd'hui le rebond plus rapide de Paris que du reste des villes en France, que du reste du pays, qui fait qu'à Paris plus qu'ailleurs, l'activité redémarre après ces 18 mois difficiles.

Plus 0,6 % d'activité par rapport à fin 2019, contre moins 0,1 % en France. Avec 26.900 emplois créés sur le deuxième trimestre, une croissance de plus 1,1 %, contre plus 1 au niveau national. Une baisse du chômage plus rapide au deuxième trimestre à Paris, avec un chômage qui s'établit à 6,5 %.

Cette résilience de l'économie parisienne, sa capacité de rebond, est celle qui nous permet de constater aujourd'hui cette dynamique et ce futur un peu plus optimiste, mais c'est aussi ce qui permet de garantir que cette économie parisienne aura, dans la décennie qui vient, les moyens de continuer à investir, condition de sa prospérité durable, mais aussi d?adapter ses modèles économiques aux nouveaux enjeux, en particulier à la lutte contre le dérèglement climatique.

Cette croissance retrouvée, c'est aussi la condition d'une économie capable d'inclure et de mieux partager la richesse avec toutes celles et tous ceux qui y concourent.

Pour maintenir la mixité sociale de cette ville, celle à laquelle nous sommes attachés, qui fait le c?ur de l'engagement de la majorité municipale, il faut une économie prospère, une économie qui crée de l'emploi, et qui crée tous les types d'emploi, des emplois qualifiés comme non qualifiés, pour ceux venus de loin, comme pour ceux qui ont grandi à Paris, car l'emploi et le travail à Paris, créés par une économie prospère, c'est la condition d'un emploi et d'un travail vecteurs d'émancipation et d'intégration à la vie de la cité.

La force intrinsèque de l'économie parisienne se révèle donc avec panache, sur cette fin d'année. Et à l'orée de ce que l'on peut espérer d'une fin de période de crise sanitaire, ce rebond révèle aussi l'efficacité de notre politique économique ambitieuse et raisonnablement interventionniste, depuis plus d'une décennie. Car effectivement, elle a révélé que la Ville avait des leviers de politique publique. C'est la capacité des entrepreneurs, des entreprises parisiennes, de relever les défis de la crise, mais aussi l'intervention de la Ville.

Il n'y a pas eu sur la période, et il n'y a pas dans le rebond que nous constatons, le fruit du hasard, la main invisible du marché, la pensée magique et encore moins l'argent magique. Il y a de l'intervention publique depuis 20 ans. C'est Vital'Quartier, le GIE Paris'Commerces, les ateliers de Paris, le programme "Fabriqué à Paris", qui nous permettent d'avoir du commerce et de l'artisanat. C'est la politique d'innovation, c'est Paris&Co, c'est l'Arc de l'innovation, qui nous permettent d'être en pointe sur l'attractivité.

C'est la politique de logement social, qui permet de maintenir des travailleurs à Paris, l'ouverture de crèches municipales, de services publics de proximité qui font une ville où désormais les cadres ont envie de s'installer et qui font notre attractivité internationale.

C'est enfin une politique budgétaire résolument keynésienne, Mesdames et Messieurs, qui nous permet d'assumer que l'investissement public a un rôle de carburant, carburant propre, chers collègues, mais de carburant de l'économie parisienne avec un plan d'investissement qui nous permet d'intervenir sur l'économie parisienne.

Enfin, avec une attention toute personnelle sur ce sujet, évidemment, une politique d'attractivité et de tourisme, qui fait de Paris la ville la plus visitée du monde. Cette légitimation très claire de l'intervention de la Ville valide d'autant plus notre volonté de continuer à intervenir pour que le rôle de la Ville soit non seulement de créer une économie qui crée de l'emploi et inclut, mais aussi d'être capable de s'adapter aux grands défis de ce monde et pour la décennie qui vient, évidemment celui du climat. La crise est un révélateur. C'est aussi, chers collègues, un révélateur de la tartuferie de l'opposition municipale, tartuferie de ceux qui en permanence affirment leur soutien aux restaurateurs mais s'opposent aux terrasses éphémères. De ceux qui disent vouloir soutenir le tourisme, mais dès qu'un micro leur est tendu, salissent l'image de notre ville. Tartuferie de la droite parisienne ! Tartuferie de la droite parisienne, qui fait semblant de vouloir aider les entrepreneurs en difficulté, et qui depuis hier nous demande de dépenser moins d'argent pour les aider ! Tartuferie ! Tartuferie de la droite parisienne, qui se gargarise de défendre le travail, mais ne veut pas de logement pour les travailleurs à Paris et s'oppose à tout le logement social. Tartuferie enfin de ceux qui s'appellent "changer Paris", mais qui au fond ne veulent rien changer et s'opposent aux modernisations, aux projets ambitieux de renouvellement urbain et à la transformation écologique de notre ville, qui sera pourtant notre moteur économique. Alors, chers collègues, la crise a révélé nos forces, a révélé la légitimité de la Ville à intervenir sur l'économie et l'inanité de ceux qui nous proposent une absence totale de contre-projets et de soutien à l'économie parisienne.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Bravo ! Merci beaucoup, cher Jean-François MARTINS.

Alors, maintenant, je donne la parole à M. Aurélien VÉRON, pour le groupe Changer Paris.

M. Aurélien VÉRON. - Cher Jean-François MARTINS, nous ne vivons pas dans la même ville ! Cela n'échappe à personne que notre ville est en pleine transformation, mais tout le monde s'interroge sur la direction choisie et ses conséquences pour l'économie de la capitale.

Quelle est votre vision de Paris ? Voulez-vous en faire une ville-monde qui rayonne par son bouillonnement culturel, son dynamisme économique et la recherche de l'excellence, ou une ville des mobilités, de la proximité dans la lenteur, de l'esprit participatif de ZAD, chacun décorant son pied d'arbre, son trottoir à sa guise ? Allez-vous privilégier la monoactivité bistrotière ou les commerces diversifiés ? Le tourisme de masse ou la vie des familles ? Les activités à faible valeur ajoutée, ou les entreprises innovantes et performantes ? La densification urbaine ou la préservation du Paris historique ?

Vous cherchez à tout concilier sans jamais trancher. Comment voulez-vous que les Parisiens aient la moindre visibilité sur l'avenir de leur ville ? La réalité, c'est que vous transformez Paris en ville fantôme, les rideaux fermés s'alignent rue de Rivoli, boulevard Saint-Michel ou rue de Rennes, des quartiers entiers sont sinistrés avec 1.097 boutiques d'équipement de la personne qui ont fermé, 283 commerces culturels depuis 2017, avant le Covid. Des cabinets de professions libérales quittent Paris. La seule activité qui prospère, ce sont les 660 de vos bars et bistrots ouverts en net depuis 2017, qui profitent aujourd'hui de la privatisation sauvage des rues.

Le résultat, c'est l'exode des familles qui n'en peuvent plus. 6.000 enfants en moins cette année. Je vous l'accorde, ce n'était que 3.500 par an avant. Autant de recettes fiscales en moins, et de familles qui paieront leurs impôts ailleurs. Sans parler de leurs consommations significatives qui faisaient vivre artisans et commerçants parisiens.

La vie parisienne s'étiole et les entreprises le ressentent. Cette année, il manquera 224 millions de droits de mutation dans la caisse, 50 millions de C.V.A.E., et la moitié des taxes de séjour habituelles.

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Ile-de-France, Didier KLING, alerte la Ville : nous avons dépassé le seuil d'alerte. Premier semestre en France, la croissance grimpe de 12,4 % ; en Ile-de-France plus 7 %; et à Paris plus 2,9 % de rattrapage après la crise massive de 2020.

Alors oui, il y a eu la pandémie, puis le télétravail, pourtant les villes de la petite couronne, à densité comparable, continuent à attirer des habitants. C'est bien Paris qui fait fuir. Posez-vous la question des raisons de cette tendance dramatique pour la capitale et rectifiez le tir avant qu?elle ne devienne irréversible !

Votre première erreur est de tirer l'économie de la capitale vers le bas. Au nom d'une prétendue écologie solidaire, masquant mal la pollution et la dégradation de nos rues, de nos bois, de nos jardins, vous mobilisez des ressources conséquentes en faveur d'activités à faible, voire à très faible valeur ajoutée.

Quel intérêt de développer tout un secteur d'activité non profitable qui ne serait pas viable sans vos lourdes subventions, qui se comptent par dizaines de millions d'euros ?

Quelle perspective pour l'activité urbaine dans la rue ou sur les plateaux d'immeubles, je ne parle pas de parkings mais de plateaux d'immeubles, l'élevage de truite et la culture du cresson d'eau dans une ferme aquaponique de 6.000 mètres carrés, quand on sait que 1 mètre carré à Paris permet d'acheter 2 à 3 hectares en France ?

Nous avons besoin de jardins, d'arbres, de fontaines pour respirer, de logements pour vivre, de bureaux modernes pour créer de la valeur et préserver la richesse et le rayonnement de Paris.

Votre transition ruineuse vers des activités "low-cost" aura un impact sur les habitants et les entreprises de la capitale. Alors, ayez l'honnêteté d'annoncer la couleur aux Parisiens : une production à faible valeur ajoutée, lourdement subventionnée, ce sont des revenus plus faibles et des taxes plus élevées pour eux et pour leurs enfants, à travers la dette.

Votre deuxième erreur, c'est votre coup de frein sur la mobilité. En dressant un autel au culte de la lenteur, de la proximité avec la ville du quart d'heure, votre ambition consiste à mettre fin à la course à la productivité, à l'innovation, au toujours plus, aux rythmes de vie effrénés, qui sont pourtant dans la nature d'une ville-monde comme Paris. Vous croyez manifestement que ralentir, se restreindre, se serrer la ceinture, moins circuler, c'est écologique et citoyen. C'est un contresens historique.

Paris a su attirer les talents du monde entier par son énergie, ses universités, sa richesse culturelle, son bouillonnement créatif, son artisanat reconnu dans le monde entier, dans les domaines de la mode, du luxe, de la joaillerie, son industrie touristique d'excellence, sans oublier le monde de la finance qui a permis de financer son développement.

Plus récemment, les "start-up" et le secteur des nouvelles technologies ont aussi fait leur nid dans leur ville. La réussite de ce modèle a reposé sur la densification urbaine. Alors oui, nous savons que Paris a refusé de grandir en hauteur, à l'inverse de tant de villes en Europe. Les Parisiens ont préféré préserver la ligne haussmannienne qui limite la hauteur des immeubles. À défaut de tours, Paris a dû grandir en s'étendant au-delà du périphérique, tant en matière de logements que de centres d'affaires. Mais Paris est devenue la locomotive de l'Ile-de-France, qui produit 31 % du P.I.B national et 40 % de la recherche.

Le facteur clé de ce succès a été jusqu'ici la mobilité. C'est la mobilité qui a rapproché les individus des entreprises sur le grand territoire du Grand Paris et bien au-delà. Nous sommes parvenus à étendre le périmètre de résidence de ce qui contribue à l'activité et à la prospérité de Paris, grâce à un réseau de métros, de RER, de transiliens, mais aussi grâce à la voiture.

Voilà la clé de la richesse et du dynamisme de Paris, car si deux tiers des Parisiens empruntent les transports en commun pour aller à leur travail, c'est le cas d'un Francilien seulement sur quatre. La banlieue est mal desservie et le restera malgré l'arrivée des nouvelles lignes du Grand Paris.

Les rames sont saturées aux heures de pointe, quand elles fonctionnent. Les deux-roues motorisés et la voiture restent la solution privilégiée pour une majorité, par nécessité. C'est également le cas pour les personnes fragiles, celles dont les parcours sont compliqués ou s'enchaînent : déposer les enfants, aller au travail, faire les courses. Pour cela, la souplesse de la voiture individuelle s'impose.

Or aujourd'hui, vous pratiquez une politique de découragement de la voiture en multipliant les coronapistes démesurées, désespérément vides, en inversant le sens de la circulation de rues importantes, en fermant des axes majeurs comme les 3 kilomètres de la rue de Rivoli, en multipliant des blocages ponctuels qui paralysent la ville des journées entières.

Quand vous roulez à Paris, vous savez à quelle heure vous partez, vous ne savez jamais à quelle heure vous arriverez. Le bilan, c'est du stress, du temps perdu, des activités compromises, une pollution supplémentaire due à la congestion que vous nourrissez.

Ajoutons à cela la suppression du stationnement en surface, après avoir refusé pendant des années de construire des parkings souterrains. Tout mène à la réduction brutale de la mobilité pour ceux qui ont besoin de voiture.

Les banlieusards sont aujourd'hui otages de votre idéologie, à l'instar des Parisiens, alors qu?ils ont contribué jusqu'ici à la vitalité de Paris. Vous avez rompu le contrat moral entre Paris et la banlieue. Vous mettez en péril l'activité économique de Paris. Vous avez mis à mal toute une vie économique fondée sur la mobilité, les théâtres, les salles de spectacle, les professionnels de santé qui se déplacent et reçoivent des patients fragiles, les artisans mobiles, les commerçants dont les clients viennent de loin. Même le tourisme d'affaires est menacé par la dégradation de Paris.

Je rappelle que de nombreux syndicats professionnels se sont plaints publiquement de votre politique de circulation. La FACAP, la C.P.L., le Comité Vendôme, le Comité Champs-Elysées, la Fédération du commerce des arts de la table, jusqu'au Comité professionnel des galeries d'art. C'est très rare que les professionnels prennent la parole ainsi pour critiquer la Mairie de Paris, ils le font parce qu'ils sont en mode de survie. Qui sait si de grands groupes ne réfléchissent pas à se délocaliser pour sortir de cette nasse infernale qu'est devenue Paris ?

A côté de la baisse du nombre d'emplois aux rémunérations élevées à Paris, vous commencez aussi, vous, à ressentir la baisse des recettes fiscales. Comment allez-vous combiner cette baisse d'activité et de revenus avec la hausse ininterrompue des dépenses courantes ? Vous avez vidé les caisses de la Ville de Paris. La dette atteindra 7,7 milliards en 2022, contre 3,7 en 2014. Vous avez caché une dette avec des mécanismes insincères, déloyaux, tels que les loyers capitalisés.

Rappelez-vous que cet argent ne vous appartient pas. Il y a neuf ans, vous étiez notés AAA par Standard & Poor's, aujourd'hui c'est AA. Fitch vous a dégradés à A- cet été. Vous profitez des liquidités anormalement abondantes pour surendetter la Ville de Paris, et lorsque les taux remonteront, ce qui ne saurait tarder avec le retour de l'inflation, la charge de la dette promet de devenir insoutenable pour la Ville de Paris. Enfin, le jour où l'attractivité de Paris sera sérieusement endommagée, entraînant une baisse de pouvoir d'achat des Parisiens, ni vous ni vos successeurs n'aurez plus aucune marge de man?uvre pour redresser la Ville et réparer vos erreurs. Ce jour-là, vous devrez rendre des comptes aux Parisiens pour avoir gâché le potentiel de Paris, et dilapidé ses richesses.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur VÉRON. Au moins, il y a des visions différentes qui s'opposent démocratiquement et qui sont arbitrées par le juge de paix : les Parisiens qui votent.

La parole est à Mme SIMONNET, pour deux minutes.

Allumez le micro de Mme DATI pour qu?on l'entende.

Mme Danielle SIMONNET. - J'attends que le compteur soit remis à zéro. Me voilà une fois de plus avec seulement deux minutes, pour huit projets de délibération et pour présenter deux v?ux. Je vous rappelle que c'est antidémocratique et contraire au CGCT.

Je voterai contre, pour commencer, le projet de délibération DAE 194, par lequel vous allez accorder 1 million d'euros à des hôtels, notamment de luxe, des beaux quartiers, pour financer 80 % de leurs travaux de rénovation...

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je vous redonne vos deux minutes entières, Madame SIMONNET, on repart de zéro sur votre intervention. Mais comme hier, j'avais proposé, sans prendre en traître, que l'on puisse entendre les propos de Mme DATI au micro, ce qui d'ailleurs a fait prendre conscience à un certain nombre de Parisiens et de commentateurs du niveau des interventions, je propose à nouveau aujourd'hui de procéder de la sorte, parce que je pense qu'effectivement, nos concitoyens, les Parisiennes et Parisiens, doivent pouvoir entendre les propos permanents de Mme DATI, qui essaie d'interrompre les orateurs et les oratrices, et moi en particulier mais pas toute seule. Donc, je demande que l'on remette le micro de Mme DATI pour que cela puisse être dit en transparence, à moins que Mme DATI n'accepte plus la transparence, ce qui est autre chose.

Madame SIMONNET ?

Non, vous ne pouvez pas faire appel au règlement, vous n'êtes pas présidente de groupe. Madame SIMONNET, vous avez la parole.

Mme Danielle SIMONNET. - Je ne peux pas !

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Madame SIMONNET, vous avez la parole et on repart de zéro sur vos deux minutes.

Mme Danielle SIMONNET. - Me voilà donc seulement avec deux minutes pour intervenir sur huit projets de délibération et présenter deux v?ux.

Je voterai contre le projet de délibération DAE 194 par lequel vous allez accorder 1 million d'euros à des hôtels, notamment de luxe, des beaux quartiers. Alors certes, pour des travaux de rénovation, notamment énergétique, mais dans le lot par exemple nous avons deux hôtels du groupe Accor, groupe très puissant, très bien coté en Bourse, qui a certes subi la crise sanitaire, mais qui s'en est plutôt bien sorti et tellement bien sorti les années précédentes que pour lui cela va. Ce groupe est par ailleurs connu pour abuser de la sous-traitance et notamment maltraiter les femmes de chambre.

Ce projet de délibération est révélateur de votre libéralisme aussi "hollandien" que "macroniste", et là j'avoue que le théâtre avec le groupe LR m'a un peu surpris, parce que sur ce sujet du soutien économique, vous êtes totalement dans la même cohérence idéologique.

Il faut cesser de financer les entreprises privées sans exigences, et sociales et écologiques, les deux à la fois. La Ville devrait prioriser le soutien à l'économie sociale et solidaire et non aux entreprises du modèle capitaliste, fût-il vert, car le problème, ce n'est pas la couleur. Penser l'écologie urbaine exige de rompre avec la notion d'attractivité, le modèle libéral du développement d'hier. L'attractivité, c'est la concurrence, la concurrence entre les territoires, la compétition entre les métropoles et en même temps, à l'intérieur de chaque métropole, la compétition entre le c?ur et les communes autres.

Donc, pour réduire les distances domicile-travail, notamment penser pour reprendre vos mots, la ville du quart d'heure, il faut au contraire se dire que Paris doit cesser d'être excédentaire en emploi, et relocaliser l'emploi dans les communes où il est déficitaire.

Il faudrait cesser de construire des bureaux, et plutôt s'inspirer de la démarche "Territoire zéro chômeur", en partant des besoins à satisfaire et non des logiques de l'offre.

Enfin, c'est à Paris que se développe le plus l'"ubérisation", qui n'est qu'un suicide social collectif, un modèle, qui en faisant miroiter des services "low-cost" se passe du Code du travail, brise la Sécurité sociale, appauvrit l'Etat par l'évasion fiscale.

À la Ville, je souhaite que l'Observatoire de l'économie parisienne étudie particulièrement l'évolution de l'ubérisation sur la capitale, que Paris exclue tout financement des plateformes, garantisse des financements pérennes par exemple pour CoopCycle, qu'on nous informe où en est l'application pour taxi promise.

Je me suis bien retrouvée d'ailleurs dans les interventions de Barbara GOMES et de Jérôme GLEIZES que je félicite, et j'ai bon espoir que mes v?ux, que j'ai rapidement présentés, qui sont si raccord, pourront être votés également par vos groupes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.

Je donne la parole à Mme Alice TIMSIT, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Alice TIMSIT. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, présentée comme un idéal à poursuivre, comme un horizon désirable, l'attractivité a aujourd'hui tellement imprégné les discours politiques depuis des décennies, que l'on en oublie qu'il s'agit avant tout d'une notion économique synonyme de compétition entre les acteurs économiques, entre les territoires, et entre les métropoles, avec comme indicateur emblématique, les fameux classements internationaux.

L'attractivité, c'est la capacité d'un territoire à attirer et à retenir les facteurs de production et la population. Le ripolinage de cette notion ne vient pas masquer aujourd'hui qu'elle agit comme un aimant dont l'objectif serait de capter toujours plus de richesses, toujours plus d'activités, et toujours plus de flux.

Les mots ont un sens, et le sens que nous voulons donner à l'économie parisienne n'est pas celui de la compétition. Intimement liée au productivisme et à un modèle consumériste prédateur de nos ressources, la notion d'attractivité est aujourd'hui présentée de façon positive pour gommer ses impacts négatifs. On parle d'attractivité inclusive, d'attractivité écologique, d'attractivité solidaire.

La communication use et abuse de ce vocabulaire pour exprimer l'idée qu'il est possible de concilier et de rendre complémentaires tout à la fois, les investissements internationaux d'une part, et le développement local durable et riche en emplois de l'autre.

Cette attractivité, qualifiée de nouvelle, doit allier développement économique, emploi et accélération de la transition écologique dans une logique de solidarité territoriale, c'est ce qui est écrit au sein de cette communication.

Dans la même veine, on peut lire à propos des Jeux Olympiques, la nécessité de développer un territoire attractif dans un sens écologique et inclusif. Or, on ne peut pas tout à la fois, ce n'est pas possible et il faut le dire, vouloir attirer de nouveaux capitaux au nom des Jeux Olympiques, faire venir sur notre territoire les cadres financiers de la cité, les nouveaux ingénieurs du numérique, et dans le même temps, affirmer que notre priorité est donnée au logement des "key workers", des infirmiers, des cuisiniers, des professeurs des écoles. Et ce, sans qu'ils ne soient contraints de quitter Paris.

Ce dogme de l'attractivité, il s'agit bien d'un dogme, permettrait tout à la fois, et ce dogme-là est un mythe dont nous avons déjà été bercés à de nombreuses reprises. C'est une illusion qui a déjà été entretenue des années durant, notamment à propos d'un autre concept : le développement durable. L'attractivité et le développement durable ont en commun la négation des limites planétaires. Il faut accepter très tranquillement que la course à l'attractivité heurte nos écosystèmes, nos ressources, et par ricochet les Parisiennes et les Parisiens.

En ce sens, quand j'entends de la part de la droite que le retour de la voiture serait synonyme d'attractivité, je bondis, on est très loin de cette vision passéiste et funeste que nous propose la droite parisienne. En effet, aussi vertueuse soit l'attractivité, au sens économique du terme, elle précipite toujours l'érosion des ressources et entretient une économie de la prédation, et mon collègue Jérôme GLEIZES l'a très bien rappelé.

C'est une nouvelle histoire que nous devons aujourd'hui écrire pour Paris, et nous devons tenir notre discours, et c'est ce que fait en partie, dans une certaine mesure, cette communication. Nous devons créer des emplois localisés et nous avons besoin de développer une économie territorialisée, qui bénéficie directement aux Parisiennes et aux Parisiens.

L'économie de demain ne peut plus reposer sur le tourisme de masse et la spéculation immobilière. La crise du Covid a mis en lumière que le tissu économique parisien était très dépendant de la mondialisation, et ce sont d'ailleurs les acteurs locaux qui pendant la crise ont pris le relais de cette économie classique pour fournir des masques, des gants, et pour organiser des distributions alimentaires.

Malgré les ambivalences et les contradictions de cette communication, nous sommes sur la bonne voie, mais beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Plusieurs éléments de cette communication l'attestent, tant sur le plan de l'emploi que sur la structuration de l'économie parisienne.

Sur le plan de l'emploi, nous nous félicitons notamment que la Ville de Paris ait été réactive et ambitieuse quant aux moyens à déployer pour faire face à la crise, à travers notamment le plan "Paris boost emploi", plan axé sur les métiers en tension, qui s'adresse prioritairement aux populations les plus éloignées de l'emploi, afin de leur permettre d'en retrouver le chemin.

S'agissant de la structuration de l'économie parisienne, nous nous réjouissons aussi que l'ambition affichée soit d'accorder toujours plus de place à l'économie sociale et solidaire et à l'économie circulaire, et mon collègue Frédéric BADINA-SERPETTE s'y attardera.

Toutefois, et nous devons également en avoir conscience, l'économie sociale et solidaire ne pourra pas à elle seule se substituer à l'entièreté de l'économie parisienne. En revanche, ces principes devront guider toute l'économie parisienne : solidarité et partage des richesses, gouvernance partagée, relocalisation de l'emploi, réemploi, c'est ce qui fait que notre économie sera demain résiliente.

Alors, nul besoin de s'entêter à vouloir donner davantage d'argent aujourd'hui à des espaces de "coworking", de "start-up" éphémères, qui vivent déjà très bien de fonds privés, nous devons donner les moyens aux entreprises qui resteront sur notre territoire, qui elles-mêmes donneront des moyens à leurs salariés pour consommer à Paris, et on l'espère aussi pour pouvoir vivre dignement dans notre capitale. Au nom du groupe Ecologiste de Paris, je réitère notre engagement à faire de Paris une ville qui soutient des emplois vertueux, à vocation sociale et environnementale, des emplois localisés, qui créent du lien et renforcent tout le tissu économique parisien. C'est cela notre vision de l'économie à Paris. Comme nous nous attachons à le faire depuis des années, nous resterons extrêmement vigilantes et vigilants à ce que notre ville investisse l'argent public, non pas auprès de secteurs en quête de toujours plus de profit, mais davantage dans les secteurs tournés vers l'économie locale et la solidarité. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous.

Nous allons poursuivre avec l'intervention de M. le Président du groupe Communiste et Citoyen. Monsieur Nicolas BONNET-OULALDJ, vous avez la parole.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Merci, Madame la Maire.

Je pense que ce dont nous avons besoin aujourd'hui, après la crise de la Covid, c'est d'une vraie révolution. Ce n'est pas simplement de retrouver l'attractivité de Paris. D'ailleurs, je partage ce qui a été dit précédemment, l'attractivité est un concept lié au capitalisme et lié à la compétitivité internationale. Et, tout ce qui a été fait dans ce sens montre ses limites et montre que nous allons dans le mur, et c'est ce qu'a relevé la crise de la Covid.

Juste avant la crise de la Covid, on nous vantait des projets à Paris, pour une meilleure attractivité, une meilleure compétitivité. Je pense au Charles de Gaulle Express, au projet pharaonique de la Gare du Nord, tous ces projets sont tombés à l'eau, et finalement les combats politique et populaire ont mis fin à ces projets.

Je m'en réjouis, parce que ces projets étaient la suite logique des propos du Premier ministre de l'époque, Edouard PHILIPPE, qui disait : "face au Brexit, il faut que Paris redevienne la place financière de l'Europe". On est vraiment dans une logique capitaliste, une logique qui fait de Paris d'abord une place financière, avec une multiplication des bureaux. Une logique qui amène la spéculation immobilière, et une logique qui amène Paris à être dépendant du tourisme. Tout cela, nous en avons parlé, Madame la Maire, au moment du débat d'orientations budgétaires.

Les conséquences sont simples, aujourd'hui, Paris dépend des D.M.T.O., et donc de la spéculation immobilière. Paris dépend beaucoup du tourisme et de la taxe de séjour, mais Paris dépend de moins en moins de la production et de moins en moins d'économies qui soient finalement fiables et résilientes.

Nous vous proposons une alternative. Cette alternative, c'est l'idée d'une révolution en profondeur, qui remet au c?ur la question de la production, en lien avec la relocalisation et les enjeux environnementaux. Vous savez, auparavant, quand on parlait de développement économique, on disait que les indicateurs les plus importants, ce sont les indicateurs de développement humains. Ces indicateurs de développement humains, c'est l'éducation, la recherche, le rôle très important des universités, la santé, le transport, l'alimentation.

Ces indicateurs, l'un des piliers fondamentaux, c'est le service public. Si on veut une économie qui soit résiliente, qui permette de développer la capitale, la première des choses est d'investir dans le service public.

Je pense notamment, quand je parle de services publics, à des enjeux importants, nous avons tout un débat à travers le réchauffement climatique sur les questions d'énergie. Je pense à Climespace, je pense à la question du chauffage urbain, je pense à la transition énergétique des bâtiments, je pense au transport et à la logistique urbaine, tout cela derrière, c'est une question de services publics et d'investir dans les services publics. J'avais bien sûr présidé une mission dans le précédent mandat, Madame la Maire, qui a donné des préconisations très importantes sur la relocalisation et sur la fabrication, qui est un enjeu fondamental dans cette idée de développement économique. Je voudrais rappeler quand même les préconisations de cette mission. Première préconisation : valoriser la fabrication, c'est le sens du label "Fabriqué à Paris", avec Olivia POLSKI, nous avons encore remis, à l'occasion du jury, plus de 400 labels cette année. C'est l'idée de la maîtrise du foncier, et pour relocaliser la production sur notre foncier. C'est l'idée d'une logistique urbaine qui permette justement une meilleure transition écologique, notamment par le fret, par le rail, et par le fleuve. Je l'ai dit tout à l'heure, c'est investir fondamentalement dans l'enseignement supérieur et la recherche, et enfin, utiliser la commande publique pour favoriser cette production. Voilà, Madame la Maire, je pense que nous pouvons porter cette révolution à deux conditions : une condition qui est le soutien au service public, et une deuxième condition, c'est la relocalisation de la production comme un enjeu fondamental de la réindustrialisation de Paris. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup à vous, Monsieur le Président.

Rappel au règlement.

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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